Déséquilibre [Beo]

Tiens donc? C'est un pirate "récent", un peu comme moi. Contrairement à tous ces gens que j'ai rencontré au Nemesis, qui sont parfois carrément nés à bord du vaisseau. Comment a-t-il pu devenir pirate? Est-ce qu'il a été viré de là où il avait tenté de se faire une place, comme moi? Ou s'est-il barré volontairement, en plumant du monde au passage?

C'est naze, hein? Les sentiments. Ceux qu'on éprouve pour d'autres.
Je serre le poing gauche, celui qui n'a pas encore été remplacé. Mes ongles s'enfoncent dans ma paume, et ça m'aide à garder une voix presque égale.
Quand on n'en éprouve pas, on dépérit. Et quand on en éprouve ça fait mal...

Je me rends compte que je tiens son bras depuis un moment déjà. Je le lâche, et tente de marcher toute seule, comme une grande fille presque pas torchée.
Z'aviez une famille? Moi j'avais juste ma mère, et Tr...et c'est tout
Qu'est-ce qui me prend, de parler de Trev comme de ma famille? Trevor, c'était plus qu'un ami, c'est vrai. Mais on n'a jamais été mariés ni quoi que ce soit. Et je peux pas le considérer comme un frère, car étant donné ce qu'on a pu faire ça serait assez dégueulasse...

Naze? Il n'aurait pas dit ça. Cela pouvait être plus à double tranchant, il fallait apprendre à faire avec. Il supposa que Poppy essayait de se défendre en trouvant cela "naze". Sans être un expert, Beorhtric supposa que c'était en rapport avec ces expériences passées et sans doute à cause de ce Trevor. Elle arrivait à ne pas éprouvait de sentiments? Vraiment? Ou c'était juste qu'elle voulait tellement ne plus en ressentir qu'elle se mentait à elle-même? Toutes ses questions dépassés de très très loin l'intendant qui préféra garder une oreille attentive mais n'osa pas s'aventurer dans un domaine qu'il ne connaissait pas.

-Il est vrai que ça fait mal parfois, mais d'autres fois ça semble donner un sens à tout le reste.

Le tout était certainement de trouver un juste milieu à tout ça, et malheureusement, tout le monde ne pouvait pas choisir une vie sereine remplit de sentiments positifs.


-Dans l'UC on a pas de famille nombreuses, mais oui, j'avais une famille somme toute très classique. Avec un père une mère et même quelques frères et sœurs.

Puis il y eut un silence.

-mais c'est fini tout ça, je les reverrai sans doute jamais.

Poppy en profita pour essayer de marcher toute seule, il la laissa faire, il la rattraperait si elle tombait par terre.

Nan, mec. Ça fait pas mal parfois. Ça fait mal tout le temps. Les moments de joie en apesanteur sont toujours suivis d'une chute brutale vers le sol, à gravité multipliée. En tout cas, c'est ce que j'ai presque toujours connu. Et pour ce qui est de donner un sens à tout le reste...Ouais, c'est un peu ça. Depuis que je n'ai plus de Trev dans ma vie, j'ai du mal à lui trouver du sens. Je fais ce que j'ai toujours fait en cas de coup dur: je m'occupe l'esprit avec le boulot, et le sport. A ce rythme là, ma carto va vite rattraper celle des Doradiens de naissance. Et je vais pouvoir intégrer l'équipe d'abordage en prime...

C'est parce qu'ils sont pas à Dorado? Ou parce qu'ils aiment pas les pirates?

Je marche pas super droit. Mais au moins je marche. Les lumières de Tortuga sont entourées d'une sorte de halo. Je trouverais ça joli si je ne me sentais pas aussi mal...

Elle avait vraiment l'air curieuse des évènements de son passé à lui, étrange? Peut-être avait elle besoin de trouver quelqu'un qui ressentait à peu près ce qu'elle sentait. De toute façon ce n'était pas comme si ce qu'il racontait était hautement confidentiel non plus.

-Ils sont juste pas en Dorado, j'ai peut-être des tas de nièces, neveux. Allez savoir, je suis même peut-être grand père et personne ne le sait ici.

la dernière hypothèse était néanmoins hautement improbable, quoi que... On ne sait jamais.

-Malheureusement, ils n'avaient déjà pas l'air d'aimer la vie de mercenaire, alors, imaginer la vie de pirate... Je me souviens pas les avoir prévenus... Peut-être, je me souviens plus de notre dernier échange.

Il se souvenait plus depuis qu'il avait prit le large avec l'Albatros et qu'il avait décidé enfin de faire une croix sur son ancienne vie.

Ma mère, elle...wooo!
Tortuga vacille autour de moi. Mais je reste debout. J'ai juste avancé un pied pour me stabiliser, puis étendu mes bras comme Rov' avec ses ailes quand il plane entre les lits de la cabine commune où je crèche, dans le Nemesis. Lorsque les lueurs cessent de dessiner des vagues devant mes yeux, je reprends mon déballage où je l'avais laissé:
Ma mère, elle est capitaine dans l'armée. Elle a déjà arrêté de me parler quand j'ai été virée. Si ça se trouve, elle me recherche. Elle a envoyé mes connards de cousins me traquer dans Dorado, pour me foutre dans une cellule de prison.
J'ignore ce qui est plus douloureux: croire que ma mère me traque comme la criminelle que je suis, ou croire qu'elle m'a définitivement rayée de sa vie?
Mais vous, vous pouvez pas être grand père. Z'êtes pas assez vieux, ou alors toute la lignée est vachement préc...
Un spasme me fait onduler de bas en haut. Je couvre ma bouche de ma main artificielle. Vite, je cours sur le côté. Enfin, je crois que j'ai couru. J'ai plutôt l'impression d'avoir emprunté un trou de ver d'un point A à un point B de la même rue. J'y dépose une flaque de bière et de bile, vomie grâce à un nouveau spasme. Mes cheveux en ont pris un coup.
Sa mère la supernova! Qu'est-ce que ça brûle, ces conneries de fluides digestifs...

Pas le coup du vomi, pitié. Bon ben trop tard. Il n'eut le temps de rien faire, du reste, il n'aurait pu rien faire. Une seconde d'inattention et voilà que sa protégée courrait vers un endroit plus tranquille. Oh bon sang. Il fallait bien avouer cela mit l'intendant en chef de mauvaise humeur. Du reste ce que racontait Poppy était très intéressant sur comment la jeune femme en était arrivée là. Il restait néanmoins beaucoup de part d'ombre, avait elle toujours été en Dorado? Se cachait elle, ici? Etait-il vrai qu'il n'était pas grand père? Après hésiter quelques secondes entre se comporter en supérieur et engueuler Poppy pour son manque de professionnalisme flagrant et se comporter en gentleman, il finit par choisir la deuxième option. Non sans prendre un peu sur lui. Il sortit donc un mouchoir et le tendit à Poppy. ça puait, et le visage de l'intendant se déforma légèrement pour montrer son énervement. Il dit néanmoins d'un ton contenu.

-Je vous dépose ce mouchoir à côté de vous, ça vous aidera à vous nettoyez. En attendant, je surveille vos arrière.

Bon, si deux ou trois loubards débarquaient pour leur refaire le portrait ils étaient dans la panade, mais ça, elle n'avait pas besoin de le savoir. Après tout, cette pauvre femme avait le droit à un minimum de dignité et tout chamboulement, même minimum, semblait être à proscrire.

J'essuie mon visage avec le mouchoir que m'a tendu l'intendant de l'Albatros. Mes cheveux, par contre, ils sont bien imbibés. Que faire? Je les rassemble, les entortille et les cache dans ma capuche. Cela signifie qu'il faudra que je nettoie mon sweater. Ce qui me fait grimacer. C'est mon sweater préféré! Et j'ai tendance à m'en servir de haut de pyjama, en plus.

Etrangement, ça va un peu mieux. Je crois que mon organisme expulsait les indésirables. La bière, et sans doute les médocs avec. Je lance un nouveau scan interne de mon état: équilibre - à peu près OK, nausée - terminées, moral - toujours dans les chaussettes, mais c'est normal. Je viens encore d'emmerder quelqu'un qui était sympa avec moi. Et je m'en veux beaucoup pour ça. Pourvu qu'il n'ait pas été éclaboussé...

C'est bon, je dis d'une voix rauque. Je tiens debout. Et...ça va? Vous n'avez rien .... je veux dire, pas d'éclaboussures de....
Bon, j'ai peut-être retrouvé un semblant d'équilibre, mais pas mes mots. Au lieu du mot "vomi", je mime un tas de trucs sortant de ma bouche et giclant autour de moi, en agitant ma main. J'espère que mes saletés n'ont pas abîmé ma prothèse...

Elle avait l'air de prendre conscience de la situation. Il était pas content. Certes, il essayait de le caché, mais elle devait l'avoir remarquer... Ou c'était pas une situation où les gens étaient content en règle général.

-Je... Hum... Vous m'avez loupé de peu, mais je vous assure vous réussirez la prochaine fois.

Il essayait encore de faire de l'humour, aïe. Ces collègues pirates n'en reviendrait pas s'ils l'entendaient.

-Vous n'êtes donc pas de Dorado? Vos cousins, tout aussi abrutis qu'ils soient, ne viendront jamais en Dorado voyons.

Ils ne seront pas assez bêtes pour aller en Dorado voyons, se dit l'intendant. Il y a que les personnes en quêtes de fortunes ou désespérés qui y vont.

Mais qu'est-ce qu'il raconte? Il était sympa, bien plus sympa que je ne le mériterais. Et maintenant, le voilà qui se moque de moi. Mes poings se serrent, me rassurant au passage sur l'état de ma prothèse. J'aime pas les gens que j'arrive pas à suivre. Il a raison, je l'ai loupé de peu, et j'aurais dû mieux viser.

Et son attitude reprend sa forme première aussi vite qu'elle s'était métamorphosée. Mais j'arrive toujours pas à voir où il veut en venir. Ça m'agace. Mais je peux pas m'énerver sur lui. Pas avant d'avoir compris ce qu'il me raconte, l'intendant de chez les Flint.
Et pourquoi ils ne viendraient pas en Dorado, ces connards, hein? je lui crache presque. On m'y a bien envoyée, moi! A Valenos, ils croient que c'est un trou à rats ici. Ben ils ont oublié que les rats, c'est des animaux super futés et franchement pas sans défenses!
Je presse le pas pour passer devant l'intendant, et pivote pour me retrouver face à lui. Je sors mes lames, sans les diriger dans sa direction cette fois. J'adresse ma menace à la cloche de plastacier, en l'air.
Qu'ils viennent, ces connards. Qu'ils touchent à ma nouvelle famille. J'les attends
J'espère juste qu'ils ne viendront pas ce soir. Je suis trop malade pour me battre. Prestement, je rétracte mes lames et reprends ma marche incertaine. J'ai le coeur qui s'emballe. La colère, une émotion comme une autre. Je devrais m'en réjouir...

Que qu'est-ce que... Oh mince. Elle passa d'une femme perdue, certes énervante mais touchante à une petite furie surexcitée qui racontait tout et n'importe quoi à la vitesse de la lumière. Puis, elle ressort ses lames, pas de doute, soit elle a peur, soit elle est en colère. Peut-être les deux. Sa blague est pas passée? Pensait à ses cousins l'énerve tant que ça? Oh mince comment la calmée maintenant? On l'avait envoyé? Elle n'était pas là de son plein grès? Et si on jouait sur ça pour dire que ces cousins viendraient jamais ici? Mauvaise idée? Une solution vite. Restons zen, restons simple.

-Même s'ils arrivent à vous retrouver, il faudrait vraiment qu'ils vous en veuille pour s'attaquer à un vaisseau pirate en entier. Car je ne doute pas que vous défendrez votre nouvelle famille, mais votre nouvelle famille vous défendra aussi j'en suis sûr.

Surtout s'ils entendent parler de la réputation de Jezabel Albarez.

Ma nouvelle famille...Ont-ils seulement envie de me défendre? Moi, à leur place, je me laisserais crever. Sauf si le capitaine ordonne le contraire. Et c'est elle-même qui m'a ramassée, ici, à Tortuga. Mais elle pourrait réaliser l'erreur qu'elle a faite, et décider que je ne vaux pas le coup. Oh la, j'en ai presque la tête qui tourne. Et des larmes qui vont revenir si je ne fais pas quelque chose. Un pinçon de la peau qui relie mon pouce et mon index biologiques, à l'aide de mon pouce et mon index cybernétiques, me rappelle vite à l'ordre.

Ouais...ouais, ils vont les dépecer, ces connards, que j'réponds, sans conviction, le regard rivé sur mes chaussures. En fait, je détesterais qu'un combat entre Woodward et Nemesis ait lieu. Mais je n'en dirai rien.
Ils prennent soin de vous aussi, les F...l'Albatros? Ils vous...tirent du pétrin...quand c'est nécessaire?
Ouais, parce que c'est parfois nécessaire, tu me feras pas croire le contraire, l'Intendant! A te balader seul avec tes belles fringues dans des bars craignos de Tortuga, il va t'arriver des bricoles...

Poppy devait essayer de savoir, si son raisonnement s'appliquer à  lui même. Ou se rassurer. Il ne la cernait plus du tout et c'était troublant.

-La mère Flint m'a sortit de prison, et permis d'avoir le poste que j'ai aujourd'hui.

Puis il songea à toutes les autres aides qu'il avait reçu.

-J'ai aussi des pirates amis de l'Albatros ou même inconnus qui viennent m'aider des fois quand je me fais embrouiller à Tortuga.

Il pensait ainsi à Ati alias Josephine et Thaddeus. Même si Josephine c'était particulier. Puis il sourit :

-Il est souvent nécessaire de recevoir de l'aide, mais le plus important c'est de savoir le rendre le moment venu.

De la prison? Mais pourquoi a-t-on bien pu l'arrêter? Il est tellement inoffensif qu'il a peur des voyous de Tortuga, et il est tellement gentil qu'il ramène une foldingue éméchée couverte de vomi à son vaisseau. Il a dû commettre un crime financier. Après tout, s'il est intendant, il doit s'y connaître en histoires de gros sous. En tout cas, j'espère qu'on ne l'a pas fichu dans la même cellule qu'un pervers tout en muscle. Le pauvre aurait été sans défense...

Quoi? Z'insinuez que je vous dois une faveur?
Il se fiche encore de moi! Pour qui me prend-il, à la fin? Je ne suis pas une snobinarde qui envoie balader les gens qui lui rendent service! J'ai mes principes.
Je l'sais bien, vous savez. J'ai pas un vide intersidéral en guise de coeur
Surtout qu'il m'a rendu service après que je l'ai menacé avec mes lames. Ouais, il a bien le droit de se foutre de ma gueule, en fait. Et j'ai pas fini de m'en vouloir.
J'sais pas faire grand chose à part piloter et naviguer. J'peux me bagarrer moyennement bien, et écrire à l'envers comme dans un miroir. Mais c'est un peu tout.
Je ris jaune lorsque j'ajoute:
J'sais même pas prendre soin de moi, c'est dire...

Et voilà, elle semblait avoir comprit de travers de nouveau. Il devait s'expliquer plus clairement. Le soucis, si il faisait ça, elle risquait de lui rétorquait qu'il la prenait pour un attardée. Dans qu'elle galère c'était il encore mit. Ce que lui racontait Poppy était certainement dû au fait qu'elle doutait d'elle même.

-Vous ne me devez rien du tout, je vous dis juste que... Hum... Parfois, montrer que vous êtes contente de l'aide reçu et aider en retour si besoin est une bonne chose. ça permet notamment de souder des équipes. Surtout que chacun à sa spécialité. Toutefois, j'estime que vous ne me devez aucune faveur.

Il préférait insister là dessus.

-Évidement, si un jour vous me portez secours à Tortuga, j'en serai d'autant plus heureux que c'est vous. Et je ne doute pas une seule seconde que vous allez venir à ma rescousse.

Après si elle était dans cet état, elle risquait de se faire complètement rouler dessus la pauvre fille.

-Si un jour, vous avez des soucis que je peux résoudre, n'hésiter surtout pas à revenir me voir.

Il sourit, peut-être un peu en se disant qu'il faisait une bêtise.

Le Nemesis est en vue. Le temps qui me sépare de mon savon passé par la Doc n'est plus très long. Mais je n'aurai peut-être pas besoin d'aller la voir. J'ai retrouvé mon équilibre maintenant que j'ai vomi tout mon alcool. Et il me suffira de reprendre une pilule pour compenser. Après tout, qu'est-ce que ça peut foutre si j'en crève. J'suis pas la seule navigatrice du Nemesis. Mais, dans ce cas, Flint alias Landwine aura fait tout ça pour rien. Et capitaine Alvarez m'aura fait confiance pour des prunes également.
Nan, j'irai la voir. Elle me râlera dessus. Et elle aura raison.

Si si, j'vous en dois une. J'insiste. J'ai failli vous dégobiller dessus, après tout

Je déglutit douloureusement, et ajoute:
Pareil pour vous. J'vous assure que quand je suis sobre, je suis plus sympa.
Arrête ta mauvaise foi, Woodward. T'étais sobre quand t'as envoyé chier Trevor la dernière fois!
Enfin, en général. Pas quand j'ai les boules à cause de...
A cause de conneries. J'ai tout le temps les boules à cause de conneries. Et de connards aussi, mais surtout de conneries.
...bon, j'ai pas un caractère facile. Mais j'ai qu'une parole
Ca, par contre, c'est vrai. Et encore heureux...

Inutile d'insister d'avantage, même si elle ne semblait pas à deux doigts de péter une durite. Il était à deux doigts de lui dire que quand elle était sobre elle était sûrement sympas quand elle se ravisa elle même. Bon, elle était honnête au moins.

-Vous ne mâchez pas vos mots vous, au moins il n'est pas trop compliqué de savoir ce que vous pensez. Pour moi c'est presque reposant vous savez.

Toujours deviner ce que penser les autres c'était fatiguant, bien sûr, il avait mit en place des procédures qui faisaient que dans certaines situations il faisait tel choses mais voilà... Les pirates et les procédures... ça avait l'air d'être un peu des ennemis jurés par moments. Souvent, il était obligé de faire au cas par cas en espérant arranger les situations. Tout cela était très prise de tête par moment.

-C'est sincère.

Conclu un Beorhtric qui se demanda néanmoins ce que Poppy pouvait en déduire de cette phrase.

Woah. On ne m'avait encore jamais dit que j'étais reposante. Mais je vois ce qu'il veut dire. J'aime pas non plus les faux semblants. Les périphrases, les sous entendus, les chemins détournés pour en arriver au but. C'est crevant, et ça crée des malentendus, qui créent des engueulades.

C'est sympa de votre part
Il est un peu réservé, on dirait. J'ai dû lui foutre la trouille avec mes bêtises. Ou avec mon dégueulis. C'est du pareil au même de toute façon.
Je sais pas pourquoi je suis ... bizarre comme ça. J'espère qu'un jour ça ira mieux. J'ai pas envie de passer ma vie à me faire du mal et à faire du mal à mon entourage

Elle semblait s'ouvrir petit à petit. Beorhtric ne savait pas comme il s'y était prit, cependant, si ça lui faisait du bien même un tout petit peu... C'était bien. Une éducation en incohérence avec l'univers dans lequel elle vivait? Un évènement traumatisant? Un malheureux concours de circonstance? La génétique? Autre chose? Tout à la fois? Des articles devaient sortir tout les jours pour tenter d'expliquer ce qui était arrivé à des personnes comme Poppy.


-Je suis sûr que vous réussirez à dépasser tout ça un jour ou l'autre. Vous aimez votre métier et votre équipage non? Sans vouloir faire dans la psychologie à deux doublons c'est un bon début.

La psychologie à deux doublons. J'aime bien cette expression. D'habitude, je dis plutôt "psychiatrie du fond des chiottes", mais c'est plus élégant avec les doublons. Et plus expressif. J'envie ces gens qui trouvent toujours le mot juste. Mon cerveau a toujours tendance à s'empêtrer dans mon vocabulaire.

Ouais c'est déjà ça, c'est sûr
Je lève les yeux vers la cloche qui recouvre Tortuga. C'est un pur réflexe, car on ne voit pas le ciel d'ici. Comme je m'étais sentie oppressée, lorsque j'y vivais à plein temps! Comme si on m'avait fichue dans une cage à oiseaux, avec un tissu par dessus pour que je ferme ma gueule.
Voir les étoiles, c'est mon rêve de gamine. Et...
Et voilà que je perds encore mes mots. Qu'est-ce que je disais! Mon cerveau qui s'englue dans sa linguistique...
...et quand je suis pas dans les choux comme ce soir, j'arrive pas à fermer ma grande gueule à leur sujet. C'est pulsar-ceci, supernova-cela
J'ai un haut le coeur en repensant à tout ce que j'avais gâché. Si j'avais simplement enduré l'armée, j'en aurais certainement vu davantage, des étoiles. Peut-être même avec une jolie interface pour ressentir chacune des accélérations comme si c'était moi qui volais dans l'espace.
Vous venez de l'UC, vous aussi? Vous aviez pensé un jour voyager dans l'espace?

Elle commençait à lui raconter sa vie, peut-être que c'était pour se faire pardonner. Ou qu'elle était contente qu'il l'ait aidé. Les personnes avaient besoin de donner quelque chose en retour, du moins celle qui étaient "humaine". Elle voyait les étoiles tout les jours maintenant.

- Pour aimer les étoiles vous avez choisit la bonne faction, certains pirates comme Thaddeus sont même nés sur un navire. Vous pouvez lui en parler des étoiles je suis sûr qu'il adorera vous racontez pleins d’anecdotes.

Puis il répondit poliment à la question de Poppy.

-Oui, je viens de l'UC, comme vous pas vrai? Non, j'ai jamais voulu voyagé dans les étoiles. Jamais j'aurai cru atterrir ici et pourtant... Est-ce que je regrette? Non pas vraiment. Est-ce là carrière que je rêvais? Non plus. Peut-être que c'est ça qui me plaît.

Puis il se mit à sourire, en ce disant que le destin lui avait fait découvrir bien des choses.

Thaddeus?
J'ai jamais vu de Thaddeus. Est-ce encore un Flint? Thaddeus Flint...Non, cela ne me dit rien. Mais je l'ai sans doute déjà vu. Après tout, je ne suis même pas fichue de retenir les noms des gens de mon propre vaisseau.
Connais pas. C'est un pilote?

Je l'écoute me raconter qu'il est devenu pirate presque par accident. Un heureux accident, sans doute. Il était certainement entre les griffes d'une corporation qui le transformait en clone d'un clone d'une copie standardisée d'employé modèle, le poussant à sacrifier ses idéaux contre des crédits. L'armée, c'était un peu ça pour moi. Ils se fichaient de Poppy Woodward, seul le soldat Woodward comptait. Et si j'en crois mes rencontres avec des Fushi, les autres corporations ne valent pas mieux qu'Oni...

Z'êtes un drôle de gars!, que je lui souffle en souriant. J'suis contente que vous ayiez échappé aux corporations. C'est des marchands de poudre aux yeux étoilée. Ils valent pas mieux que les dealers de ... de machins au nari, merde, comment ça s'appelle déjà?
Pour une fois que je devenais philosophe, voilà que mon cerveau me trahit à nouveau. Je crois que Sad Pops est aussi "phobosophe" que l'autre...

-Thaddeus Scherrer, c'est le quartier maître du Liberty. Précisa Beorhtric, qui se demanda si elle pensait que c'était encore un Flint. Il eut toutefois la décence de ne pas demander si c'était belle et bien le cas.

-Vous savez, j'ai plus le sentiment que c'est les corporations qui se sont désintéressées de moi. Puis à quoi bon rester continuer à les servir alors que j'ai déjà trop donné pour eux. Devoir faire d'autres sacrifice en abonnant encore une fois, mes amis. Pour les suivre? A mon âge? ça suffit.

Le ton de la voix de Beorhtric commençait a monté et son regard devint plus sévère. Avant de se rendre compte qu'il parlait à quelqu'un qui ne connaissait pas sa situation et était totalement étrangère à l'histoire. De plus Poppy était malade et il eut peur que son énervement la fasse basculer encore une fois. Il se ressaisit donc. En prenant un ton qui se voulait calme et mesuré.

-Excusez moi, je me suis emporté. Oui, vous avez raison. Ce sont des marchands de poudres étoilés, et j'ai su voir au delà des choses qui brillaient. Oui, le Nari peut donner des hallucinations, si c'est ça que vous cherchez.

Liberty...j'ai entendu parler d'eux. Ils ont donc un Thaddeus. Il faudra que je retienne ce nom.

En voyant l'intendant s'énerver en parlant des corporations, j'ai un mouvement de recul. Mais je le comprends. J'ai vécu la même avec les connards d'Oni. Ils étaient bien contents de m'envoyer dans le système où personne ne voulait foutre un orteil, tout ça pour m'envoyer paître dès le premier signe de maladie du ciboulot. L'armée, une grande famille? Chez moi, on n'abandonne pas la famille quand elle demande de l'aide.

Les corpos nous traitent comme des consommables, mais on est loin d'eux maintenant. Les choses qui brillent, y'en a qui valent le coup. Elles sont là...
Je fouille un peu longtemps, en grimaçant, dans ma poche à la recherche de mon HCom, ruinant mon effet dramatique.
...attendez, je les ai...
Je souris, parce que je retrouve un peu d'autodérision. On dirait que je décuve. Mon estomac semble moyennement d'accord avec cette impression.
Enfin, je retrouve ma carte étendue du système. Pas celle avec les données du Némésis, mais celle que j'utilise pour tester des paramétrages. Il y a juste la grande étoile, les comètes, les astres, le firmament au loin. Je l'affiche devant nous.
Les voilà! Les seuls véritables bidules brillants qui valent la peine qu'on les serve

Il était en effet probable qu'ils n'aient rien proposé pour la suite quand l'Albatros est devenu pirate et qu'il soit de nouveau en train de faire l'intendant dans du speed racer en attendant de trouver mieux. Il était mieux ici.

-Peut-être que je ferai les poubelles à l'heure qu'il est si j'avais décidé de suivre l'UC.

Clairement, la vie de pirate couplé à son énervement ça l'aider pas à contenir ses propos. Puis Poppy eut l'air d'être passionné, et  il cru voir même un sourire. Nul doute, elle allait mieux la crise était passée, et étrangement, peut-être même que de dire du mal de l'UC l'aider. Il était possible qu'elle est ressentit un fort sentiment de trahison de la part de la faction corporatiste. Pour lui montrer la carte de Dorado. Beorhtric fit un petit sourire en retour pour l'encourager. Bien qu'il du admettre qu'il se sentait tout petit devant la carte, il voyait clairement un indicateur "vous êtes ici". Il espérait qu'elle voudrait pas lui montrer la carte de l'univers après, il risquait d'avoir des vertiges.


-Et ces grâces à ces cartes qu'on peut encore mieux les servir. et donc à des personnes comme vous.

Dit un Beorhtric pensif.

Il sourit. C'est que je ne le gonfle pas tant que ça avec mes étoiles. C'est bête, mais quand je suis dans cet état, j'ai peur d'ennuyer mon monde juste en existant. Quand c'est l'état opposé, je m'en fiche et j'en deviens super chiante.

C'est grâce à des gens comme vous qu'on peut avoir le bon matos pour cartographier tranquille!

C'est vrai, après tout. Même si je ne comprends pas l'attrait des bilans comptables et des paperasses, je connais leur but. Et ceux qui gèrent tout ce bazar ont ma gratitude.
Je pose mon doigt sur le Com et la carte holographique retourne à l'état de données savamment rangées dans sa mémoire. Le Nemesis est tout proche. Il est temps de remercier celui qui m'a ramassée alors que j'étais en pleine gestion de crise. Cette pensée fait ressurgir la boule dans mon estomac. La honte ressurgit, comme une marée noire visqueuse sous mon épiderme.

Je crois qu'on est arrivés. Merci. Et...encore désolée pour tout à l'heure

Je sens que j'ai encore envie de pleurer. Alors je dis une connerie, pour brouiller les pistes des larmes.

Promis, la prochaine fois que je sors mes lames, c'est pour lacérer quelqu'un qui l'aura cherché! Même pour graver mon nom sur du bois, je les sortirai plus!

De toute façon, elles sont trop courtes pour ça. J'ai déjà essayé, et mon W ressemblait à des traces de griffes de kikitruc enragé...

Cela était vrai, sans son travail, pas de matériel pour la Poppy de l'Abatros. Pour autant, elle n'avait pas l'air de se dénigrer en donnant son avis. Elle parlait comme si ils faisaient déjà parti d'une équipe. Visiblement, il pouvait la déposer là sans risque pour elle ou pour les autres. Il ressentit, un mélange de peur et de soulagement. Qu'arriverait il à Poppy maintenant? Même si elle avait l'air temporairement d'aller mieux, rien ne disait qu'elle allait pas avoir une violente rechute un moment, ou a un autre. Il savait que ce n'était plus à lui de gérer tout ça maintenant.

-Ce n'est pas grave, il n'est rien arrivé c'est le principale.


Il rebondit, sur la bêtise que dit Poppy.

-Dommage, un P après que vous ayez accomplit vos exploits... ça aurait été classe.

Il redit ça avec le sourire pour rassurer la cartographe, car il sentait que Poppy n'était toujours pas au mieux de sa forme.