Étouffant. [Jez]

T'en es consciente, on peut pas invariablement se contenter de neutraliser un adversaire. Trop long, trop risqué alors que lui-même cherche pas à vous neutraliser, mais bien à vous tuer. Tu prends une autre cuillerée de crème avant que sa question ne te prenne au dépourvu. Tu te redresses un peu, réfléchis à la question, un peu perdue, avant de grimacer.

- Oui. J'veux pas mourir. J'veux pas qu'les autres meurent. Surtout ceux à qui j'tiens.

Tu repenses aux fois où tu as craint de les perdre et en frémis seulement aux souvenirs... Avant de grimacer.

- Est-ce que... Vous me permettez de vous renvoyer la question, madame ?

Tu aimerais entendre sa réponse, comment elle-même voit tout cela. T'es certaine qu'elle aura pas la même réponse que toi.

J'hoche la tête doucement lorsqu'elle répond à ma question. Elle semble sûre d'elle, et cela n'a rien de mauvais que de ne point souhaiter la mort de ses proches. J'irais même jusqu'à songer qu'il s'agit d'une certaine preuve de sanité mentale. Lorsqu'elle me retourne la question, je demeure silencieuse un instant, prenant une gorgée du liquide doux et réconfortant. Mon cœur se serre légèrement. Je tâche cependant de ne rien en laisser paraître.

-Eh bien. La question est délicate. Je suis née pirate, aussi, toute ma vie n'a été qu'une suite de pertes et de renouveau. J'ai, au cours de ma vie, connu beaucoup de pertes parmi ceux que j'ai pu aimé - et pour certains d'entre eux, cet amour était inconditionnel. J'en ai bien entendu souffert, et je crois que rien ne saura combler entièrement le vide laissé par leur départ prématuré. Nous voudrions tous que nos proches demeurent éternel, n'est-ce pas.

Je songe à Nadya, et détourne le regard un instant, afin de reprendre mes esprits.

- Quoi qu'il en soit, j'ai accepté depuis fort longtemps l'idée selon laquelle la Mort est une douce ennemie qui nous accompagne tout au long de notre route. Cela est d'autant plus vrai lorsque l'on est pirates. Nous semons la mort et la récoltons. Et je trouve, tout à fait personnellement, qu'il y a une beauté certaine en Elle. En la Mort, voulais-je dire. Je songe que la Mort est profondément belle. A mon sens, ce n'est point elle qu'il faut craindre.

Tu te doutais déjà que la réponse de la Capitaine du Némésis serait autre que la tienne. T'en oublie un peu ton chocolat chaud, concentré sur ses paroles, son témoignage des douleurs que semblent trop souvent apporter la vie de pirate malgré ses bons côtés.

Parfois, tu doutes un peu, tu te demandes si tu as vraiment ta place dans cet univers, s'il n'est pas trop rude pour toi. Peut-être. Peut-être l'est-il vraiment. Trop rude, trop violent, trop sanglant, parsemé de morts et de souffrances. Pourtant, tu te vois nul part ailleurs. Tu saurais pas quitter l'Albatros, quitter le hacking qui te passionne, tout illégal soit-il. Tu as appris a aimer ces voyages dans l'espace, aimer voir ces milliers d'étoiles au travers du plastacier. Tu saurais pas retourner sur Renaissance pour y mener une vie normale parmi les mo'ats, tu saurais pas t'installer dans un astroport quelconque. T'as pas envie de quitter cette vie, cette liberté qui y est associée, les belles âmes qui se trouvent dans ton entourage.

T'as juste l'impression que tu dois te faire à tout ça, apprendre à passer par-dessus pour mieux te concentrer sur le reste. Tu prends d'ailleurs le temps de réfléchir aux propos de Jezabel, le regard absorbé par ton mug.

- C'est des vies difficiles. J'ai... J'trouve pas vraiment que c'est beau, la mort, peut-être ce qu'il y a après. Mais c'est peut-être pas tant la mort que la souffrance et la perte qui me font la craindre.

- Vous êtes jeune et pleine de vie. Il est normal que pour vous, la Mort soit une épreuve complexe et douloureuse. Peut-être songez-vous que la violence est un élément tout à fait insurmontable dans une vie. Cependant, ça ne l'est jamais. Ainsi est fait le cycle de la vie ; nous naissons, vivons, mourrons. D'autres naissent avant et après nous, certains meurent plus tôt qu'un autre.

Pendant que je lui confie tout cela, je ne perds jamais mon sourire, alourdi par la gravité de mes propos, mais toujours profondément bienveillant. Cette jeune fille me rappelle Jillian et sa propre crainte de la mort.

- Je vous mentirai si je prétendais que la souffrance et la perte deviennent moins violentes avec le temps - et je ne suis nullement une menteuse. Perdre un être chair est toujours une épreuve pour ceux qui demeurent. Je vais cependant vous poser une question, Mademoiselle.

Une nouvelle fois, je me penche très légèrement en avant. Je prends tout à fait le temps de décroiser les jambes, et de m'incliner en gardant mes épaules droites et fières. Je la fixe avec une intensité nouvelle, plongeant mon regard de glace dans celui océan de la demoiselle qui me fait face.

- Lorsque la Mort décide de frapper, qui sommes-nous pour prétendre que sa main divine est injuste - ou pire, que notre jugement est meilleur que le sien? Et quand bien même! Pouvons-nous ramener les morts à la vie? u souhaitons-nous réellement que cela arrive ?

C'est une femme fascinante. Pleine de charisme qui absorbe sans peine ton attention. Heureusement, elle est pleine de bienveillance à ton égard et tu te demandes vaguement si elle est ainsi avec tout le monde, ou si ton âge et tes soucis viennent pas jouer sur une corde sensible.

Elle se penche vers toi et t'as toujours pas retouché à ton chocolat chaud... Et sa question te fait papillonner des yeux. Tu te redresses légèrement.

Personne. il n'y a même pas d'hésitation dans ton propos. On décide pas quand, où et comment on vient au monde. Ni comment on le quitte. On peut se battre pour essayer de repousser l'heure, avoir l'impression qu'on réussi, mais à ce moment, c'est peut-être simplement parce qu'on était pas supposé mourir à ce moment-là.

Tu hésites sur la suite, prends quelques secondes pour réfléchir.

- Non, on peut pas... Et si les morts pouvaient revenir à la vie... La mort et la vie aurait pas... Moins de sens ?

Ce qui rend la vie si précieuse, c'est qu'elle peut avoir une fin. Qu'il faut profiter de chaque instant parce qu'un jour, il peut ne plus rien y avoir. Si on pouvait mourir et revenir à la vie, ça n'aurait plus la même valeur.

Tu te mordilles la lèvre... Baisse enfin ton regard sur ton chocolat chaud avant de récupérer le mug pour en prendre une longue gorgée.

J'hoche la tête sans tenter de dissimuler mon sourire fier.

- Il s'agit précisément de cela. Lorsque l'on comprend que nous sommes impuissants, et que l'on parvient à l'accepter, beaucoup d'éléments se modifient. La douleur et la peine sont toujours présents, mais elles deviennent moins difficiles à affronter.

Je fronce très légèrement les sourcils, peu satisfaite par ma dernière phrase. D'un geste vif de la main, je balaie mes paroles précédentes.

- Je dirai cela différemment ; lorsque l'on parvient à être en paix avec notre impuissance face à la mort, il ne s'agit plus de se battre contre elle - mais à l'inverser de suivre ses caprices et d'accepter sa compagnie sur notre chemin.

Je souris encore, tandis que mes deux mains enserrent ma tasse.

-Je crois que l'important est de savoir profiter de l'instant qui nous est offert. Peut-être serai-je morte ce soir, ou peut-être le serez-vous. Personne n'est capable de prédire cela, à part peut-être la Déesse. Que vous soyez là ou non, que vous vous considériez comme un poids ou comme une adulte tout à fait capable de se défendre, si l'on considère ce que nous venons de dire, vous ne serez jamais la coupable. Les évènements se produisent tels qu'ils doivent se produire. Que nous soyons la main au travers de laquelle la Mort agit ou que nous soyons le réceptacle de sa volonté n'a jamais de réelle importance. Songer qu'il est possible d'avoir un impact sur tout cela n'est rien d'autre que de l'orgueil.

La fierté dans son sourire est agréable, attire un discret rouge sur tes joues alors que tu le caches derrière une gorgée de chocolat chaud. Tu prends le temps de réfléchir, as tout ce qu'elle dit.

- Mais... Si on part du principe que la mort est déjà destiné à survenir à un moment précis... Ça risque pas de rendre les gens... Comment dire. Si j'sais me battre. Et que j'prends pour acquis que la personne devant moi, sa survie dépend de son destin... Et que ça joue sur ce que j'fais ? Si j'l'aide pas comme j'aurais pu ? C'est pas risqué de se reposer sur ça ?

Tu grimaces un peu, largué. Le sujet... est on peut plus complexe.

Je prends le temps de déguster une bouchée de la délicieuse pâtisserie rouge sang. Cela me permet tout à fait de réfléchir aux mots qu'il me faut employer afin de lui répondre.

- Je ne crois pas que quiconque puisse se vanter de détenir la vérité à ce sujet ; tout à fait personnellement, je prends pour acquis que j'agis de la manière qui me semble juste. Je ne parle nullement d'une justice divine, ni même de celle des hommes ; le plus important, selon moi, est de toujours être capable de se regarder dans le miroir, qu'importe nos actes. Mes actes sont guidés par mes valeurs et je tâche de faire en sorte que ce soit toujours le cas.

Je bois une gorgée de chocolat chaud, savourant le liquide à parfaite température.

- Ainsi, si vous savez vous battre et qu'il vous semble juste d'aider l'individu qui se trouve devant vous, ou bien de la laisser se débrouiller par elle-même, l'issu de la situation n'aura aucune importance ; si elle décède et que vous savez que vous avez agi comme vous deviez agir, alors vous ne saurez avoir de regrets.

T'hésites un peu, fini par prendre une des pâtisseries pour croquer dedans... Et marquer un petit temps d'arrêt. Oh Calypso, que c'est bon. T'en prends une autre bouchée pendant qu'elle parle... Une autre pendant que tu réfléchis un peu à tout ça.

- L'idée, c'est de faire au mieux dans la mesure de nos capacités et de nos valeurs. Afin de pas avoir de regrets à la fin. Le moins possible.

T'as un petit temps d'arrêt, songeur, avant de grimacer légèrement.

- J'comprend la logique. Juste que ça me semble pas facile à faire non plus.

Peut-être parce que tu n'es pas satisfaite de tes capacités. Peut-être parce qu'il y a trop de gens forts auprès de toi et que ça te pousse invariablement à te comparer.

- Personne ne saurait prétendre qu'il est aisé de toujours agir selon ses principes. Il est vrai qu'énoncé de la sorte, tout cela semble bien beau ; je ne sais que trop qu'en réalité, tout est plus complexe. Cependant, cela s'apprend. Ceux qui ne font jamais d'erreurs n'existent pas. Il faut également apprendre à être indulgent avec soi-même. Accepter d'avoir le droit de se tromper est déjà une montagne gigantesque à franchir. Vous êtes néanmoins fort jeune ; vous poser ces questions-ci à votre âge vous offre déjà un avantage sur bien d'autres personnes qui ne réalisent l'essentiel que trop tardivement - ou parfois jamais.

Je suis heureuse de voir quel semble plus détendue, et qu'elle apprécie les saveurs qui lui sont offertes.

- J'insiste sur le fait qu'il n'existe point de réalité absolue. Je vous offre mon point de vue sur tout cela ; pour autant, il vous appartient de construire votre propre vision du monde. Aussi étonnant que cela puisse sembler, j'ai eu votre âge un jour. Je ne sais que trop bien à quel point cette période peut se montrer ingrate et délicate. Quoi que vous décidiez de faire, qui que vous deveniez, n'oubliez jamais que l'être le plus cher à vos yeux doit être vous-même. Il n'existe personne d'autre que vous qui mérite davantage de douceur, de bienveillance et d'indulgence de votre part.

T'hoches doucement la tête à ses paroles, même si la suite te prend au dépourvu. T'as presque l'impression de faire le contraire de ce qu'elle dit et ça te tire une petite grimace mal à l'aise.

- C'est difficile... De pas s'en demander beaucoup. De pas vouloir tout bien faire comme il faut.

Tu penses à tout le temps que tu passes sur tes écrans, autant par passion que pour atteindre les objectifs que tu te fixes. Comment t'as envie de réussir et de pas décevoir personne. Tu prends une gorgée de chocolat, le regard un instant dans le vague, avant de revenir à Jezabel.

- Vous m'emmenez beaucoup de sujets de réflexion, de points à travailler.

C'est bien. Et en même temps, un peu étourdissant.

Je ris sincèrement, sans pour autant qu'il y ait une once de méchanceté en cet acte.

- Soyez bien certaine qu'il n'y aurait pas le moindre intérêt dans l'existence si tout était aisé. Il serait bien ennuyeux de parvenir à être parfait, ou de n'éprouver aucune difficulté au quotidien. Toute la fierté réside dans le dépassement de soi. Vous êtes une jeune hackeuse en apprentissage, n'est-il pas ? Existe-t-il une sensation plus fabuleuse que celle que vous ressentez lorsqu'après avoir échoué dans vos codes des heures durant, vous parvenez enfin à résoudre le problème qui s'imposait à vous jusqu'à lors ? N'éprouvez-vous donc pas une satisfaction tout à fait jouissive dans le simple fait d'être parvenue à trouver une solution par vos propres moyens ?

Elle rit sans que ça t'embarrasse, faut dire qu'il n'y a rien de négatif dans ce rire. Elle n'a été que bienveillance depuis que son regard s'est posé sur toi dans la ruelle. Tu lui signifies que oui, lorsqu'elle te demande si tu es une hackeuse en apprentissage, avant de hausser légèrement les sourcils à la suite.

- Oui, bien sûr. C'est gratifiant quand on y arrive enfin. C'est là qu'on sent qu'on se dépasse et qu'on est un peu meilleur qu'avant.

Tu prends une autre gorgée de chocolat, longue.

- C'est un cas plus... évident que lorsque qu'on bosse sur soi-même. Les ordi, c'est rassurant de logique. Le reste l'est pas toujours. Loin de là.

- Peut-être les ordinateurs vous semblent-ils rassurants parce que vous tentez de les apprivoiser depuis des années entières. Mettez-moi face à l'une de ces machines, et je vous assure que je serai tout à fait incapable d'y trouver la moindre once de cohérence ou de logique. En revanche, mettez-moi face à un équipage ou au milieu d'un champ de bataille, et je trouverai une logique en cela.

Je termine ma pâtisserie en prenant tout mon temps afin de la savourer. Quel délice !

- Vous cohabitez avec vous-même depuis des années - une quinzaine, dirai-je si je souhaitais m'avancer. Vous ne fonctionnez heureusement nullement comme un ordinateur ; pour autant, vous posséder une logique qui vous est propre. Observez-vous ! Comment réagissez-vous face aux évènements que vous rencontrez ? Quelles personnes vous attirent ? Qu'aimez-vous, qu'haïssez-vous ? Quels sont les éléments réellement importants dans votre vie ? Lesquels de vos actes vous font vous sentir merveilleusement bien ? Et lesquels vous laissent un goût amer dans la bouche ?

Je n'attends nullement de réelles réponses à ces questions, quoi qu'il ne m'ennuierait nullement qu'elle m'en donne. Il s'agit davantage de pistes de réflexions qui peuvent aider à se connaître, et à apprendre des valeurs qui sont les nôtres.

Tu sirotes ton chocolat en l'écoutant. Tu peux comprendre qu'on soit pas confortable devant un ordinateur, mais tu trouves que l'humain est définitivement plus complexe et nuancé qu'une machine, même si tu cherches pas à répliquer, c'est aussi propre à chaque personne et Jezabel peut en effet trouver plus de confort et de facilité à naviguer au travers des champs de bataille et d'un équipage que de se retrouver devant un écran d'ordinateur.

- J'pense pas m'être déjà arrêté à me demander tout ça...

Songeuse, tu croques dans ta pâtisserie, prenant le temps de mastiquer pour te donner un peu de temps.

- Est-ce que c'est commun de chercher des réponses à tout ça ?

Tu es curieuse. Si Mod ou Law ont pu prendre le temps de s'asseoir pour se demander tout ça, si Beth l'a fait, si c'est un passage que tout le monde fait, ou le reflet de la sagesse introspective de la femme devant toi.

Je ris à nouveau. Si mon humeur était morose lorsque j'ai quitté le Némésis, je trouve cette jeune fille tout à fait attendrissante - et voilà qu'elle rend cette dégustation plus légère encore. Il est certain qu'elle est d'agréable compagnie.

- Pour être tout à fait honnête avec vous, j'ignore si cela est commun. J'imagine qu'il arrive fréquemment que l'esprit d'une personne chemine jusqu'à ces questions-ci, sans pour autant qu'il ne s'agisse d'un passage tout à fait obligatoire. Peut-être est-ce l'âge qui force quelqu'un à se questionner sur lui-même ; ou peut-être est-ce simplement dépend de nos chemins de vie. Il suffit certainement d'observer les agissements de tout un chacun pour réaliser que beaucoup se connaissent bien mal.

Ma dernière phrase est prononcée sur le ton de la confidence.

- Cependant, cela n'a rien d'étonnant. Tout n'est pas forcément agréable lorsque l'on tâche de se connaître. Il existe toujours des parts d'ombres que l'on voudrait méconnaître, ou des éléments qui peuvent être dérangeants. Et puis, comme vous l'avez souligné, l'introspection est loin d'être un acte aisé. Pour autant, il est devenu absolument nécessaire à mes yeux.

Son rire fait apparaître un sourire sur tes lèvres.

- Vous m'aidez à être précoce alors. L'idée te tire enfin un petit rire avant que tu continues. Même si c'est pas facile, j'pense que j'tenterai d'répondre à une partie d'ces questions.

Tu prends une nouvelle gorgée, listant mentalement toutes les choses que cette rencontre t'on donné envie de réaliser ou au moins de travailler. Ça fait... Une bonne liste.

- Ça me semble aussi important, après réflexion. Si on veut travailler sur soi, s'améliorer. Faut connaître ses failles pour ça, ses points faibles.

J'hoche la tête.

- Bien. Peut-être que vous connaître vous aidera à savoir quelle solution est la meilleure pour vous afin que vous puissiez vous défendre, ou en tous les cas, que vous puissiez vous tranquilliser. Vous êtes bien trop jeune pour perdre du temps à vous torturer l'esprit.

Je termine également mon chocolat chaud. Ces douceurs apportent un réel réconfort.

- Vous devez savoir que j'ai une fille qui a plus ou moins votre âge. Peut-être la connaissez-vous, par ailleurs. Elle aussi, a traversé une phase de remise en question. J'ai crains qu'elle ne s'en remette jamais ; à votre instar, elle s'est faite agressée, et a manqué d'y perdre la vie. Prendre du temps pour elle-même a été ce qui l'a sauvée.

Tu termines la pâtisserie avant d'acquiescer doucement.

- Oui, j'pense que j'vais tenter cette voie. J'doute pas que ça puisse m'aider.

Tu lui souris plus largement, t'as l'impression d'avoir tellement gagné dans cette rencontre, quand bien même elle t'as alourdie la tête d'un nombre conséquent de réflexions. Tu papillonnes des paupières quand elle te parle de sa fille. Jillian. Tu hoches à nouveau de la tête pour répondre à son interrogation.

- J'suis contente qu'elle s'en soit sortie et qu'elle ailles mieux.

Ta voix est remplie d'une sincérité qui n'a rien de feint.

- Moi aussi, j'en suis heureuse, dis-je. Je ne doute nullement que vous en êtes tout aussi capable, Mademoiselle.

Je regarde l'heure sur mon h-com. Nous sommes ici depuis déjà près d'une heure. Le temps semble passer à une vitesse folle lorsque l'on a quelques conversations intéressantes.

- Il me faut retourner à mes obligations ; me feriez-vous l'honneur de cheminer à mes côtés jusqu'au port ?

Tandis que je dis cela, je dépose de l'argent sur la table, afin de payer nos consommations, et de laisser un surplus à la propriétaire. Je me lève ensuite avec élégance et grâce, m'assurant que mes vêtements n'ont point été froissés.

Tu finis ta tasse de chocolat avant de la poser, toujours souriante.

- J'ferai de mon mieux. Merci pour vos conseils et vos pistes.

T’acquiesces à ses paroles avant de te lever, replaçant rapidement tes vêtements avant d'attendre qu'elle soit prête à quitter l'endroit. Ton regard épouse une dernière fois l'endroit, bien décidé à y revenir à l'occasion.

- Avec plaisir. Merci beaucoup pour le chocolat et la pâtisserie.

Tu sors de l'endroit auprès de Jezabel, retrouvant bientôt le brouhaha de Tortuga, songeuse. Tu te sens en sécurité avec elle.

- Je vous en prie, Ren'anwë. Je suis heureuse que notre conversation vous ai été bénéfique. J'ai passé un agréable moment en votre compagnie.

Je ne suis point habituée à ces moments privilégiés avec de jeunes pirates. Cependant, j'en tire une richesse certaine, et il serait mentir de prétendre que cela m'ennuie. A l'inverse, j'ai apprécié la conversation tenue, ainsi que la compagnie de la demoiselle. Nous cheminons dans les rues animées de Tortuga.

- Puis-je vous demander comment se porte ma jeune soeur ? Je n'ai guère eu l'occasion de la voir. Elle semble fort occupée, elle aussi.

Tu es contente de ne pas l'avoir ennuyé. De ne pas lui avoir fait passer une longue trop longue heure en ta compagnie. Tu penches légèrement la tête à sa question... Hésites...

- Bien. Mais j'sais qu'elle se tracasse beaucoup pour Croyance.

Tu marques un petit silence avant de froncer les sourcils.

- Croyance à des soucis de santé et personne veut me dire ce que c'est. Sauf que j'suis pas idiote. On me le dit pas carrément, mais j'vois bien, quoi. Que ça va pas.

Je suis légèrement surprise lorsque Ren'anwë parle de Croyance. Il est vrai que ma jeune sœur m'avait confié que la fillette ne souhaitait pas que ses problèmes de santé soient connus de tous. La dernière fois que j'ai conversé avec Hannabeth - avant que je ne décide de l'éviter temporairement -, elle me parlait d'une médecin qui avait le potentiel de pouvoir agir à l'encontre de la maladie de la petite fille. Cependant, j'ignore tout de l'impact qu'a pu avoir les évènements récents sur sa santé. Je demeure silencieuse un instant.

- Il est normal qu'Hannabeth soit inquiète à son sujet. Elle s'est énormément attachée à l'enfant. Êtes-vous proche de Croyance ?

- C'est mon amie.

Et t'es inquiète. Parce que si personne veut te dire ce qu'il se passe, c'est que c'est grave. Et que t'as pas envie de réfléchir à ce que ça peut vouloir dire. Ça fou une boule désagréable dans ta gorge, nourrit une inquiétude croissante. Tu sais pas exactement quoi faire, où trouver l'information que tu veux. Ça te tire un petit soupire.

La jeune fille semble sincèrement inquiète pour la petite Croyance.

- Je ne suis pas exactement à la meilleure place pour vous en dire davantage. Cependant, peut-être pourriez-vous demander à votre Capitaine, en lui faisant part de vos inquiétudes ? Ou directement à Croyance ? Je suis certaine que l'une ou l'autre vous répondra. Quoi qu'il en soit, tranquillisez-vous. Tout est fait pour que cela se passe au mieux.