Caractère
Sunny est un paradoxe, un mélange assez touchant de bonne humeur, d'optimisme accompagné d'un caractère de tête de mule bien trempé, comme tout Searuweard qui se doit.
Elle n'est pas la même selon la personne qui se trouve en face d'elle, pas forcément par un quelconque désir de manipuler son interlocteur ou de ne pas être authentique mais parce qu'il lui faut un certain temps pour accorder pleinement sa confiance à quelqu'un. Elle devient donc beaucoup plus locace au contact de personnes qu'elle apprécie particulièrement, mais se montre aussi beaucoup plus vulnérable et parfois, naïve. Malgré tout, Sunny est quelqu'un de très sociable et a un contact assez facile. Elle adore rencontrer de nouvelles personnes, découvrir leurs histoires, particulièrement lorsque ces dernières ont comme sujet des aventures excitantes, la mécanique ou la piraterie.
La piraterie a toujours été un sujet intéressant pour elle, même si un peu idéalisé. Bien entendu, c'était difficile de se faire un avis objectif avec ce qui était arrivé à son père, mais elle a toujours été plus proche du point vue de Wulf sur la question: l'UC n'a pas été tendre avec eux, et les pirates ont juste été le déclencheur d'un évènement catastrophique. Et en grandissant, sa fascination pour les pirates n'a fait que grandir également, recherchant les ragots et aventures qu'elle pouvait entendre autour d'elle avec avidité, admirant et enviant leur soif de liberté.
Elle s'est forgée en contraste avec sa famille et particulièrement au contact de ses frères, adoptant ou rejetant les traits des uns et des autres: un caractère joueur, une volonté bien trempée, une passion vive et prenante pour ses sujets de prédilections comme la mécanique, par exemple. De son caractère propre et encore un peu enfantin, elle garde une certaine innocence et une douceur perçue surtout par ses proches, une certaine capacité à rendre les gens autour d'elle plus souriants, plus tranquilles. Très loyale et tout aussi protectrice que ses frères, elle serait prête à tout si jamais ils étaient en danger, même de faire des choix que certains considéreraient comme irréfléchis.
Bien qu'elle n'ait jamais été très studieuse, ce n'est pas par défaut d'intelligence mais plutôt par défaut d'attention: Sunny est une pile éléctrique et rester assise pendant de longues heures pour écouter les mots monotones de ses professeurs n'a jamais été à son goût. Elle préfère de loin être en action, ou bien avoir quelque chose de tangible sous les mains sur lequel elle peut travailler, qu'elle peut voir évoluer et qu'elle peut mener à bout, peu importe alors l'effort à fournir.
Avant tout, elle attends des autres qu'ils soient justes et elle apprécie assez peu de se retrouver blâmée pour quelque chose qu'elle n'aurait pas fait. Elle peut rapidement pester et s'énerver pour de petites choses, elle n'apprécie pas le fait d'être ignorée ou mise de côté par exemple, mais ses petites colères n'ont assez souvent pas de grandes conséquences. Elle peut pardonner assez vite, surtout si elle vous apprécie. Paradoxellement, c'est quand Sunny est silencieuse qu'il faut réellement s'inquiéter, car sa colère peut alors rapidement la rendre sourde à tout argument. Il faudrait vraiment l'avoir déçu pour en arriver là, avoir montré un clair manque de loyauté à son égard - ou s'en être pris à sa famille.
Enfin, Sunny a surtout peur de décevoir ses proches. Elle a peur de ne pas réussir à trouver sa place face à trois grands frères qui sont chacun partis de leur côté, qui ont aux yeux de Sunny 'trouvé leurs voies'. Elle n'est pas vraiment à l'aise dans les espaces clos et trop étriquée, même si sa carure fait qu'elle arrive à en sortir plutôt facilement. Elle se sent bien petite parfois face au monde qui l'entoure, même si elle fait semblant d'avoir confiance en ses capacités. Elle a encore besoin d'être guidée, mais souhaite voler de ses propres ailes, tout ça en même temps.
Histoire
Tu es sûr que tu veux que je te raconte? Parce qu’après, tu te sentiras obligé de me prendre dans tes bras, tu sais. Vérité-vraie.
Toujours partant?
D’accord. Tiens, pousse toi un peu, j’ai pas assez de place, les lits de vos chambres sont beaucoup plus petits que les nôtres. Alors…
Il était une fois une petite fille qui s’appelait Sunny. Mais ça, tu le sais déjà. Sunngify Searuweard, ou ‘Mademoiselle Searuweard’ comme je l’entends souvent ici d’un ton plutôt désapprobateur et avec une prononciation plus ou moins correcte, mais mes amis et ma famille m’appellent Sunny. Et si je dois commencer quelque part pour essayer de décrire à quelqu’un qui je suis et d’où je viens, je pense que ma famille aura définitivement une partie importante dans cette histoire.
Mon papa a eu un accident quand j’avais six ans, et plus rien n’a été pareil après.
Ah oui, tout de suite, ça fait moins conte de fées pour s’endormir… Je t’ai prévenu.
Je ne me souviens pas beaucoup de la vie avant l’accident. J’ai quelques souvenirs de maman et papa qui agissaient comme des amoureux, de papa qui revenait à la maison en chantonnant ou le soir, quand maman s’occupait de mettre les garçons au lit et que papa venait spécialement me voir pour me lire une histoire, parce que j’étais la plus petite. Parfois, je m’en veux d’avoir autant oublié comme c’était, avant.
Maman n’a plus beaucoup parlé après ça. Papa n’a plus parlé du tout, n’a plus bougé. Je continuais à monter sur ses genoux pour avoir des câlins, je continuais à vouloir que maman me brosse les cheveux et joue avec moi, à faire comme si de rien n’était. Comme Papa ne chantait plus, alors je chantais pour lui. Pour moi, c’était toujours mes parents, mais faire comme si de rien n’était n’empêche pas vraiment les choses d’arriver.
(...) Non, non, ça va. Désolée. C’est juste que… Je ne crois pas avoir dit tout ça à quelqu’un, avant.
Tu veux que je continue?
J’ai trois frères, tous les trois plus grands que moi. Tous les trois bien trop protecteurs à mon goût, mais je les adore. Quand j’étais petite, je m’amusais à leur piquer toutes les affaires que je pouvais car je savais que ça les forcerait à venir les récupérer dans ma chambre, et que je pouvais alors essayer de les convaincre de jouer avec moi. Cette méthode était plus ou moins efficace selon le frère visé.
Notre aîné, Wulf, pouvait éventuellement y concéder s’il n’était pas trop occupé à aider maman à gérer la maison ou à gronder l’un des deux autre. Je savais qu’il valait mieux ne pas le déranger quand il cuisinait aussi, mais surtout parce que j’avais hâte de manger et que je me plantais dans la cuisine jusqu’à ce qu’il veuille bien me laisser lécher la cuillère. Wulf m’aidait souvent à construire des jouets en mécanos ou à réparer ceux des autres, quand il n'était pas trop occupé.
Je suppose que mon envie d’apprendre à réparer des jouets beaucoup plus grand est venue de là.
Avec Niaw, c’était souvent facile. Il est toujours celui vers qui je suis allée quand j’avais besoin d’affection, il a toujours essayé de remonter le moral de tout le monde. Il était aussi celui avec lequel je faisais le plus l’idiote, parce que Wulf était souvent trop concentré sur autre chose et Wynn… était Wynn. Quand je faisais des bêtises, je savais que Niaw ne me gronderait pas forcément.
Et puis il y a Wynn. Wynn n’a qu’un an de plus que moi. J’aimerais dire que nous étions de ce fait proches, mais… Nous avons toujours été très différent. Il était studieux, il pouvait passer des heures enfermé dans sa chambre à apprendre ses leçons. J’étais une élève beaucoup plus dissipée, j’avais du mal à tenir en place ou à me concentrer sur un projet pendant plusieurs heures. Quand je sentais qu’il était de bonne humeur, je pouvais éventuellement frapper à sa porte et lui demander de l’aide pour les choses que je ne comprenais pas. Mais au fil des années, il s’est enfermé dans ses bouquins de plus en plus, et c’est devenu plus… Compliqué.
Oui, je sais, je me rends bien compte que je parle plus de mes frères que moi. Je suppose que ça en dit long quant à la réponse au ‘qui je pense être’. Pendant une grande partie de ma vie, j’ai surtout été une petite soeur. Une petite soeur qui a appris à trifouiller ici et là parce qu’elle avait vu son papa et son grand-frère faire des choses extraordinaires avec des outils et leurs dix doigts, et qu’elle aimait bien faire pareil.
Puis, petit à petit, je suis devenue une petite soeur sans grand frères. Oh, non, rassure-toi, ils ne sont pas morts. Je pense qu’ils aiment bien trop m’embêter pour ça. Ils ont intérêts à rester en vie, en tous cas, ou je risque de me fâcher. Mais chacun d’eux est parti dans une direction différente.
D’abord Wulf, mais Wulf était déjà parti depuis longtemps, en quelques sortes. Depuis l’accident de Papa, il s’est occupé de nous. Ça ne m’a pas fait si bizarre que ça. Niaw… Le départ de Niaw a été un peu plus compliqué. Il est devenu soldat. Ça n’aurait pas été aussi grave s’il n’était pas devenu soldat pour les mêmes gens qui n’ont pas beaucoup aidé mon père quand il a eu son accident. Ça n’a pas fait plaisir à Wulf, et moi… Je me suis juste dit que c’était dommage, mais que si c’était ce qu’il voulait faire, alors il devait au moins essayer. Et puis ensuite, plus tôt que je ne le pensais, Wynn est parti aussi. Il a obtenu plein de bourses pour pouvoir devenir un grand médecin.
Tu crois qu’on peut être content pour quelqu’un et triste en même temps?
(...) Et il s’est passé quoi ensuite?
Et bien ensuite, je suis arrivée ici. Après avoir eu mon diplôme d’études secondaires avec plus ou moins de succès et avoir trouvé un nombre incalculable de méthodes pour éviter que Maman ou Wulf ne sachent que je passais beaucoup plus de temps avec mes amis qu’à étudier. Enfin, surtout Wulf. Je continuais à parler à Maman de tout et de rien, mais je ne sais pas si elle réalisait vraiment où j’étais quand je n’étais pas à la maison. Et oui, mes amis étaient surtout des garçons, mais ça, tu l'auras déjà deviné.
Les seules choses pour lesquelles j'étais vraiment assidue, c'était mettre mes mains dans tous les appareils que je pouvais trouver pour les améliorer et la course, chose à laquelle j'avais toujours été plutôt bonne. Avec trois frères, savoir courir vite pour éviter de se faire attraper après avoir fait une bétise, c'est toujours plutôt utile.
En rassemblant le peu qu'on avait, on a réussi à trouver assez pour me permettre de m’inscrire dans ce cursus et d’étudier à partir de 108 ADD. La première année a été difficile, pas à cause des cours pratiques ou des exercices techniques que je réussissais plutôt bien mais surtout parce que la théorie ne rentrait pas et j’étais toujours aussi dissipée et difficile à canaliser. Je pensais que j'aurais plus de mal à m'adapter au fait de ne plus être sur Esperanza, de ne plus être à la maison, mais je me suis rendue compte que j'avais l'habitude d'être en communauté et d'avoir pas mal de monde autour de moi. La vie avec d'autres étudiants n'étaient pas si éloignée de ma réalité habituelle. La maison me manquait, bien sûr, mais ce n'était plus la même chose.
Tout le monde était déjà plus ou moins parti, tu vois? Tout le monde sauf maman, bien sûr.
Je pense que le pire, c'était de ne pas pouvoir rentrer aussi souvent que je le voulais. De ne pas pouvoir leur parler tous les jours, de ne pas pouvoir vérifier qu'ils n'étaient pas en train de se hurler dessus et de s'éloigner, de ne pas pouvoir m'assurer que maman allait bien - même si je savais que Wulf et Wynn s'en occuperaient, c'était aussi un peu mon travail à moi de veiller sur elle et...
(...) Bref.
Quand j’ai reçu mes résultats indiquant que je ne passerais pas en deuxième année, je crois que c’est la première fois que j’ai eu vraiment peur d’avoir déçu tout le monde. J’ai failli arrêter, j’ai tempêté auprès de Wulf comme quoi continuer serait jeter de l’argent pas les fenêtres, et on en avait déjà pas beaucoup à ce moment là, mais il a refusé de me laisser rentrer.
Je suis restée et j’ai retapé une année en travaillant des petits jobs par-ci par-là à côté pour éviter de devoir en demander encore plus à la maison.
La suite, tu la connais. Même si j’ai encore été assez distraite, j’ai réussi à continuer jusqu’à maintenant. Les professeurs ne sont toujours pas satisfaits de moi, mais ils ne peuvent pas non plus dire que je n’essaie pas. Je me demande jusqu'à quand ça tiendra. Et j'aime ce que je fais, vraiment, mais j'ai toujours l'impression que... Que ce n'est pas vraiment ma place. Que ce n'est pas vraiment là où je devrais être.
Il y a bien eu cette fois où… Quand je suis partie pendant quelques semaines, tu sais? Je n’ai rien dit à personne, mais je suis rentré pour l’enterrement de papa. Je ne sais même plus si j’ai prévenu que je partais, je crois qu’ils ont contacté la maison pour signifier que je n’étais plus présente et Wulf a du leur expliquer la situation. Ils ont été plus cléments avec moi, losqu'ils sont su pourquoi.
Donc voilà. C’est tout ce qu’il y a à savoir.
(...)
Tu vois, je t’avais dit que tu voudrais me prendre dans tes bras, après.