Danse avec moi cette envie d’être libre, ... dis, qu’en restera t-il ?

Ca faisait longtemps, qu'elle n'avait plus déambulé dans les rues de Hope. La dernière fois, elle y avait rencontré un tavernier, puis un fixer... Elle était montée dans un speeder, avait acheté des fruits, et des cordes à violon. Elle avait négocié avec un mo'at sur le prix de revente de leur marchandise. Elle avait promis une danse au patron du Runny Amber... Et elle n'avait pas pu tenir sa promesse parce que le Liberty repartait pour les étoiles, et une aventure à couper le souffle. Puis elle était sortie avec le Capitaine. Puis elle avait rompu avec ce même Capitaine... Tant de choses - trop de choses, s'était passées depuis la dernière fois qu'elle était venue sur Hope... Elle reconnaissait à peine la ville, alors que ses pensées étaient ballottées dans tous les sens.

Srätx était, comme presque toujours, posé sur son épaule, et observait les rues qu'elle parcourait un peu à l'aveuglette - c'est le cas de le dire... - avec ses grands yeux noirs curieux. Lui aussi avait grandi depuis la dernière fois. Mais il reconnaissait l'endroit. Et semblait indiquer, de temps à autre, une direction à Ni'oh, avec un petit cri et un mouvement du bras. Sans trop savoir où il l'emmenait, elle suivait.

Alors que ses pensées l'emmenaient justement de nouveau vers Cathwulf et leur étrange après midi ensemble, elle reconnut ... l'odeur ? La configuration ? A l'approche de la célèbre taverne, elle tiqua. Tournant la tête vers Srätx, le visage insondable, elle écoutait le petit singe tout content sur son épaule, qui lui montrait avec fierté la porte de l'établissement.

Trop maline bestiole.
Mais elle était là, alors pourquoi pas ?
Même si elle n'avait pas l'occasion de revoir le tavernier, les cocktails étaient bon, et Srätx voulait apparemment sa part de fruits frais en avance.

Faisant attention à ne bousculer personne dans la rue, en cette douce fin d'après-midi, elle se dirigea vers la porte pour rentrer dans le bar. Il y avait quelque chose de changé ici... Ou bien c'était son imagination. Ca sentait plus fort la peinture... Ou les travaux... Un peu comme si ça sentait le neuf. Diantre ! Elle espérait que le patron n'avait pas démissionné... Ou pire ? Tournant un peu la tête pour capter les bruits environnants, elle se dirigea directement vers le bar.

Elle n'a pas changé, avec son bandeau noir sur le visage, ses cheveux légèrement plus longs que la dernière fois, et une tunique blanche, lacée sur le devant, par dessus un pantalon de cuir noir, qui ne dévoilent pas trop ses formes, sans être totalement sage non plus vu qu'une ceinture noire cintre joliment le tout. Cachant surtout une lame courte sous le tissu, en cas de pépin.

Tout en se demandant si le barman que le Capitaine avait temporairement recruté à l'artillerie pour aider à leur assaut mémorable était rentré à bon port, elle s'arrêta à côté du bar, et laissa Srätx sauter dessus agilement, en attendant d'attirer l'attention de quelqu'un.

Le RA était reparti, et c'était bien. Malgré la fermeture les habitués étaient revenus en masse, attirés peut-être par la promotion de ré-ouverture qui avait proposé des cocktails sans alcool gratuits et des boissons alcoolisées à moindre coût pendant deux jours. Le bouche à oreille avait fait le reste et la population du bar, bien qu'un peu moins dense qu'avant, restait raisonnable.

Cathwulf était dans la cuisine. Il discutait avec Audrey de l'état des stocks, des courses à faire et d'éventuels changements sur les menus. C'était quelque chose qu'ils faisaient toujours ensemble, le Corporatiste partant du principe que la rouquine avait des choses à lui apporter par son expérience et ses "études". Ca le tuait toujours de se rappeler qu'il y avait des écoles pour éplucher les patates.

La discussion terminée, il repassait dans la salle commune lorsqu'un singe attira son attention. Srätx. En tout cas c'était pas Dodu. Et la maîtresse derrière était bien plus jolie que Billy.

"Tiens, bonjour Ni'oh. Tu vas bien ?"

" Bonjour Wulf "

Sa voix est toujours aussi mignonne. Toujours aussi chargée de son accent mojat. Et son sourire semble sincèrement content d'entendre la voix du patron du Runny Amber la saluer. Elle ne connait personne d'autre dans la salle alors elle vient s'installer au bar. C'est plus facile pour surveiller Srätx, et papoter avec Wulf s'il a le temps.

Elle ne sait pas trop ce qu'elle espère tout à coup. Rien de particulier. Elle est juste entrée parce qu'elle était là, même si elle comptait visiter le bar ce soir sans doute.

" Moi ça va. Et toi comment tu vas ? " Elle aura une seconde d'arrêt, se rappelant de l'odeur différente qui emplissait le bar. " Y a quelque chose de différent ici, non ? "

Quelque chose de différent ? Il retient une envie de rire. Il est plus difficile de trouver quelque chose d'identique tu veux dire. Et puis il se souvient qu'elle est aveugle. Il sait pas pourquoi, il l'oublie tout le temps. Malgré le gros bandeau noir, ouais. Il sait pas, c'est comme ça. Elle semble ne pas y prêter d'attention et du coup, lui non plus. "T'imagines même pas." Il sourit et lui prépare dans un verre son cocktail préféré. Comme ça, d'office. Pendant que ses mains travaillent, il continue. "Figure toi qu'un groupe d'esclave a choisi le seul jour off que je me suis octroyé de l'année pour s'évader et se réfugier ici. Ca a fait du grabuge quand l'équipage a voulu tenter de reprendre sa pseudo-marchandise mais le Runny s'est bien défendu. Du coup, il a bien fallu reconstruire. Le bar est neuf, les tables ont été réparées pour la plupart mais j'ai du en remplacer quelques unes. J'ai refait la peinture et changé les portes. En gros."

Elle a une légère moue à sa réponse. Sans le prendre mal, elle ne sait pas quoi dire face à ça. Forcément, qu'elle n'imagine pas. Vu qu'elle n'a jamais vu à quoi ressemblait le Runny Amber. A vrai dire, elle n'a jamais vu à quoi ressemblait une taverne. Et tout ce qu'elle peut imaginer est flou et trouble, basé sur ses souvenirs de ce qu'elle a pu voir pendant son temps d'esclave... Des souvenirs qu'elle préfère oublier, donc forcément, elle préfère ne pas essayer d'imaginer quelque chose qui de toute façon, sera sans doute loin de ressembler à la réalité.

Mais elle garde la tête tournée vers lui, à l'écoute de ses explications. Elle aurait eu les yeux tout ronds si elle avait encore eu des yeux à arrondir. Mais sa bouche est légèrement entrouverte dans un ' o ' tout mignon alors qu'elle entend l'histoire du Runny Amber. Ben ça alors...

" Oh... Personne de blessé ? " Qu'elle demandera, soucieuse, et désolée pour lui que ce soit tombé sur son établissement... Et en même temps, elle est paradoxalement contente d'apprendre que le bar a protégé des mo'ats esclaves.

Il termine le cocktail qu'il pose sur un sous verre sur le bar. S'il sait bien qu'elle a parfaitement localisé le verre grâce au tintement des glaçons contre le récipient, il décide de faire l'idiot et de prendre sa main pour la poser sur la boisson. C'est l'occasion de sentir ses doigts tous fins contre sa paume. Et de lâcher dans une caresse. Il n'a pas oublié leur après-midi ensemble, même si cela fait longtemps déjà. Et elle est toujours aussi mignonne.

"On a eu un mort, le gérant de l'hôtel au dessus. Des filles effrayées et quelques blessés parmi les mo'at à cause des mouvements de foule. Et évidemment, les attaquants ont eu leur lots de morts et de blessés avant que les autorités ne débarquent mais du côté du Runny, je trouve qu'on a eu de la chance. Il y avait mon petit frère et je ne sais pas ce que j'aurais fait si on me l'avait abîmé."

Elle ne manque pas le petit jeu du tavernier avec sa main, mais elle se laisse faire, curieuse de savoir pourquoi il veut la prendre. L'effet de ce petit manège, dans le but de lâcher une discrète caresse sur le dos de sa main, et le long de ses doigts, fins mais habitués au combat malgré tout, arrachera un sourire à Ni'oh. Ainsi qu'un frémissement... Et un léger rosissement de ses joues habituellement toutes blanches. C'est qu'il y a pas beaucoup d'occasion de bronzer, dans l'espace, et que du coup, dès qu'elle prend des couleurs pour l'une ou l'autre raison, ça se voit encore plus que son nez au milieu de sa figure. Et ça se repère d'autant plus vite.

Cela dit, le sourire ne dure pas. Vu la nouvelle qu'il lui annonce juste après.

" Oh... Je suis désolée pour le gérant... " Non pas qu'elle le connaissait. Elle ne l'a jamais vu. Mais s'il est mort en protégeant des esclaves... " Mais soulagée que ton frère n'ait rien et que le Runny ait survécu. "

Srätx, lui, fixe Cathwulf avec les yeux du petit adolescent rebelle qu'il est à présent, et vient malicieusement prendre la rondelle de fruit qui décore le verre de Ni'oh, qu'elle n'a pas encore touché, fixant le tavernier pour voir s'il compte en remettre une autre ... ou bien lui donner d'autres fruits. Qui sait.

Elle rosit. Il se demande si elle sait à quel point son visage est expressif. Personne n'a jamais du lui dire de cacher ses émotions et elle est tellement mignonne en livre ouvert qu'il ne sera pas celui qui la mettra mal à l'aise. Malgré tout, la vie continue et les nouvelles aussi. Il hausse les épaules.

"On a été fermés quelques mois, le temps de tout rénover mais j'ai eu la chance d'avoir des amis sympa qui m'ont aidés à financer tout ça. Et puis les mo'at libérés sont venus donner des coups de mains. La solidarité a sauvé le Runny. Et toi ? Sarr m'a dit que vous aviez réussi votre coup et que tu avais été formidable."

Bon, il n'a pas dit formidable mais hein, s'il fallait dire toujours la vérité, on ne pourrait plus jamais draguer. Amusé par le manège du singe, le tavernier attrapa quelques fruits abîmés réservés aux purées et jus et composa rapidement une assiette pour l'animal. "Tiens toi, régale toi."

Elle aura un doux sourire en écoutant les aventures du Runny et de son tavernier. Elle est contente qu'ils s'en soient sortis. Vraiment. Elle est contente que les mo'ats aient été sauvés aussi. Et si elle est triste pour les pertes, elle est contente que le Runny soit toujours ouvert et que Wulf et sa famille n'aient rien.

Mais la surprise viendra effacer le sourire un peu subitement alors qu'elle s'apprêtait à prendre une gorgée de son cocktail. Sarr ?... Ah. Sarrazin. C'est vrai qu'il était... ou qu'il est le barman du Runny. S'il a entendu leur histoire, elle suppose que le pirate est revenu reprendre son travail ici ? Elle penche un peu la tête quand même.

" Formidable ? " Ses joues sont de nouveau un peu roses et... elle a l'air de ne pas trop savoir quoi dire en vérité. " La Dame a été clémente, et je ne suis qu'une messagère... " Qu'elle notera finalement, l'air gênée de se voir attribuer les mérites revenant à sa Déesse. Même si obtenir son affection est plus dur qu'on ne le croit.

Le petit singe, bien loin des considérations humaines, remercie à grand coups de cris joyeux le tavernier avant de sauter sur son assiette de fruit.

Oui, bon, il exagérait un peu. Même tout l'enthousiasme de Sarrazin n'avait pas dit formidable. Ou bien l'avait-il dit ? Il ne savait plus vraiment, il se souvenait surtout que l'idée générale était positive, ce qui était bien tout ce qui importait. L'ancien artilleur avait manifestement adoré sa virée dans l'espace. Il s'en voulait de le retenir à terre. Et en même temps, il lui avait atrocement manqué. Bah. Il regarda son interlocutrice rougir, ce qui suffit à lui changer les idées. Mignonne ! Il hoche la tête.

"Parfois, j'aimerais apprendre à prier la Dame, et le mojat aussi. Ma mère a tellement voulu s'intégrer à tout prix que j'ai un peu l'impression d'avoir été spolié d'une partie de mes origines. Elle en changeait même son nom devant les étrangers. J'ai quelques très vagues souvenirs de mes grands parents mais... ils sont morts assez vite. Mes cadets ne les ont pas connus, c'est dire." Il hausse les épaules. "Mais bon, j'ai pas le temps et puis je ne suis pas vraiment un intellectuel. Quel bon vent t'amène parmi nous ? Plaisir ou boulot ? Tu es sans ton équipage ?" Comprenez "Capitaine".

La petite mo'at viendra enfin prendre une ou deux gorgées de son cocktail préparé par le tavernier alors qu'elle l'écoute converser de ses envies et de ses regrets par rapport à ses origines. Si elle n'avait pas eu ce masque sur son visage, on l'aurait vu lever des sourcils surpris. Alors, quand elle repose le verre, plus lentement que d'habitude, elle penche un peu la tête de côté, l'air surpris descendant jusqu'au bas de son visage, mais moins visible que si elle n'avait pas eu la moitié de celui-ci brûlé par un trinitaire dans son passé.

Elle passe une seconde sa langue sur sa lèvre supérieure, l'air de réfléchir, récupérant l'humidité laissée par le cocktail. Plaisir ou boulot ? Hasard en réalité, mais ça pourrait être vexant comme réponse... Sans son équipage ? Elle n'en est jamais sûre. Alors elle hausse un peu les épaules.

" Je ne suis pas accompagnée et je n'ai aucun travail à faire pour le moment dans le coin. " Qu'elle répondra simplement donc avec un sourire doux et gentil à la fois. " Il n'y a pas besoin d'être un génie, comme vous dites, pour prier la dame. Il est vrai qu'elle n'aime pas beaucoup le standard mais elle le comprend. Si tu trouves le temps un jour... Je pourrais t'aider. Enfin, si tu veux. "

Cette réponse, c'est celle qu'il attendait. Parce qu'il sait que pour elle, il pourra trouver le temps. Il jette un coup d'oeil sur le côté, sans y voir Sarrazin et s'avachit donc un peu sur le comptoir pour s'approcher de la jeune femme. Il sourit. Elle ne le voit pas. Il le sait. Il sourit quand même. T'es con Wulf, dirait Wynn. Con mais content.

"Je veux bien. Un jour. On avait qu'on se ferait une danse aussi. Un jour."

Il n'oublie jamais ce qu'on lui doit. Jamais.

Elle l'entend approcher et, probablement inconsciemment, elle se penche un peu plus vers lui, comme pour rétrécir l'espace entre eux et réduite la petite bulle qui les entoure, la rendre plus intime dans un environnement qui ne l'est pas du tout. Elle a bien conscience du bruit autour d'elle. Ils n'en sont pas à un point où elle pourrait oublier le monde pour lui. Elle aurait pu - elle avait, très souvent - oublié le monde pour Conrad. Mais maintenant... Elle doit oublier Conrad.

" On est un jour " Qu'elle notera tranquillement, un sourire un peu mutin aux lèvres. Ce n'est pas vraiment une proposition ou une invitation. C'est comme une constatation. Elle est bien consciente qu'il travaille et n'a peut-être pas le temps ce jour. Mais voilà, elle est à terre. Et pas forcément pour très longtemps.

C'est vrai. On est un jour. Il regarde autour de lui, Sarrazin qui est revenu et travaille aux cocktails. Et Audrey, dans sa cuisine. Les stocks supporteraient de ne pas être discutés un jour de plus. Les comptes aussi. Et elle était vraiment mignonne, la petite. Toute proche. Tentante.

"Il est un peu tôt pour danser, la boite ouvre plus tard mais si tu veux qu'on se fasse un jour aujourd'hui, tu peux commencer à m'apprendre des prières et puis on ira danser après diner. On peut manger ici, je te ferais ton burger moi-même." Ou comment inviter sans payer trop cher.

Elle sourit tout doucement, sous ses mèches blanches un peu volages. Ses joues rosissent un tout petit peu aussi d'ailleurs. Il est proche, et elle est troublée. Elle ne devrait pas... mais elle se souvient de leur journée, y a pas si longtemps, et c'était bien. C'était pas Conrad, mais c'était bien. Et elle n'a plus Conrad vu qu'il ne l'aime pas... Alors oui, elle est un peu gênée par la situation, mais pas au point de faire demi tour alors qu'elle a lancé la perche elle-même.

" Pourquoi pas. Mais je n'ai pas de robe. "

La danse n'était pas au programme de sa journée d'aujourd'hui, sinon elle aurait demandé à Jude des conseils pour s'habiller.

"Moi non plus" grogne un peu le tavernier après une seconde de réflexion. Ce n'est pas un vêtement qu'il porte tous les jours. Plus sérieusement, il ne pense pas que Sunny ait laissé trainer une de ses tenues de danse et même si ça avait été le cas, les deux filles ne se ressemblent pas du tout. C'est dommage quand même. Il aurait bien voulu la voir, les épaules dénudées, la taille mise en valeur par une robe dont le satin serait tombé par la suite sur le sol. Il sourit un peu à cette idée. Il s'était presque dit qu'il ne la reverrait pas et il se retrouvait à grogner pour une robe.

"On peut danser sans robe. Mais faudra me promettre d'en mettre une la prochaine fois qu'on se croisera. En échange. Pour récompenser mon sacrifice, tout ça."

Et puis ainsi, il serait sur de la revoir encore, ce qui était tout bénef. Comptez sur un Searuweard pour négocier.

La surprise se notera sur le visage de Ni'oh, qui jouait un peu avec son verre, toujours à la fois gênée, mal à l'aise, impatiente. Lui non plus n'a pas de robe ? Elle se demande un instant si elle a mal compris. Si ça peut vouloir dire autre chose dans cette langue bizarre qu'est le standard. Mais elle ne trouve pas. Elle a l'habitude de passer pour une idiote parfois avec ses questions. Ca fait longtemps qu'elle est passée outre le sentiment de stupidité qu'elle ressentait au début, lorsqu'elle ne connaissait rien de ce monde là et qu'elle ne pouvait plus rien voir, de surcroît.

" Les hommes aussi mettent des robes ? " Qu'elle demandera donc, l'air curieuse et perdue un peu. En six ans, elle n'a jamais entendu parlé de ça. Mais c'est peut-être une coutume d'une autre faction ?

Enfin, si on peut danser sans robes... Elle aura un sourire à nouveau, passant outre sa surprise. Que lui danse dans ce qu'il souhaite, elle s'en fiche bien. Elle ne peut pas le voir. Même si c'est mieux quand c'est plus facile à enlever.

" D'accord, pour la prochaine fois. "

"Euh...non." Mais sa surprise est tellement chou sur son visage expressif qu'il ne regrette en rien sa blague incomprise. Tant pis si elle ne saisit pas son humour, elle est aussi mignonne quand elle ne comprend pas que quand elle sourit. Comme si elle n'avait jamais appris à cacher ses émotions. Il a envie d'embrasser la moue perplexe qui joue sur ses lèvres. Le bar entre eux l'en empêche. Il aurait du le prendre moins large. Il passe par dessus, d'un mouvement souple de son grand corps de rouquin.

"Je peux t'embrasser ?"

On ne sait jamais, elle s'est ptet trouvé un copain depuis, ou peut-être qu'elle n'a plus envie. Lui, ça commence à le chatouiller franchement.

Ah. Les hommes ne mettent pas de robe. Il lui semblait bien. Mais du coup, l'incompréhension se peint sur la moitié visible de son visage, dans une interrogation silencieuse qu'elle n'approfondit pas par d'autres questions, parce qu'il faut avouer que le sujet n'est pas vraiment des plus passionnants, surtout lorsque l'homme en question se met tout à coup à passer par dessus le bar pour la rejoindre de son côté, la surprenant d'autant plus.

L'embrasser ? Euh ? Ici, maintenant ? Elle a l'air d'avoir du mal à passer par dessus la surprise, quelques secondes. Srätx lui, les observe avec attention, un morceau de fruit en main, l'air trop curieux pour réussir à faire les deux choses en même temps.

" Pourquoi tu ne pourrais pas ? " Qu'elle demande finalement, avec un sourire, se reprenant. Et cachant très bien le fait que la question s'adresse à elle-même aussi, un peu.

Il sourit, oubliant ses réserves, oubliant aussi de répondre à la question posées et à toutes celles que sa moitié de visage posaient juste avant. Il pose une main sur sa joue, puis ses lèvres sur les siennes dans un baiser tout doux, juste content de les retrouver.

"En effet. Pourquoi pas. Tu dois être de retour sur ton vaisseau à quelle heure ?"

Et quel jour ?

Pourquoi il ne pourrait pas ? ... Elle ne le repousse pas lorsqu'il s'approche. Ni quand ses lèvres se posent sur les siennes. C'est agréable. C'est pas comme Conr... Le Capitaine. Mais c'est agréable. Elle se rend compte alors qu'elle a un peu froid, et que ça réchauffe. Qu'elle se sent seule et perdue, abandonnée, mal aimée, et que ça fait un peu de bien... C'est pas trop court. C'est juste une retrouvaille. Et son sourire se fait un peu plus détendu.

Pourquoi pas, en effet...

" J'ai pas vraiment de quart... Avant son départ, au moins. "

"C'est mieux oui" note-t-il avec un rire dans la voix qui ne sort pas cependant tout à fait. Le baiser était agréable, elle avait semblé y prendre plaisir aussi. Sa main de chair s'attarde sur le bas découvert de la joue. Vraiment, il l'aime bien cette petite. C'est un pot de crème pour le grand chat qu'il est. Une friandise sucrée, douce, délicieuse, sans arrière pensée ni remords, ni regret, ni questions sans fin. Ce n'est pas la passion piquante qu'il a avec Nabé non plus.

"Si tu veux, si tu as le temps et envie, on peut même faire les magasins et tenter de te trouver une robe." C'est ridicule mais il a envie de la voir tournoyer. Et puis, s'ils ne le font pas...il risque d'avoir du mal à se retenir à après la danse.

" Les magasins ? "

Elle penche un peu la tête à la question, un peu perdue. Pirate. Mystique. Musicienne. Les seuls "magasins" qu'elle fait, ce sont ceux pour son violon et sa guitare. Ses vêtements, même ceux qu'elle porte maintenant, ne proviennent pas... D'un magasin.

" J'ai... Je fais jamais ce genre de magasin... Mais si tu m'aide, ça peut être drôle ? Enfin tu crois ? "

C'est sensé être amusant, d'après ses connaissances sur le Liberty. Mais Jude confectionne ses propres vêtements (et les siens, du coup). Alienor a pas vraiment la patience pour ça. Et Modestie... C'est Modestie. Pas une grande amie. Quant aux hommes... Elle n'en parle même pas.

" Mais toi, t'as le temps ? "

Ben oui, les magasins, les endroits où on achète des choses ? Peut-être qu'elle ne connait pas le mot en standard ? Cela lui fait bizarre quand même alors qu'elle le parle parfaitement derrière son accent trop mignon. Et puis, elle explique. Bon. En même temps elle est aveugle alors elle perd pas mal de choses mais quand même.

"Va falloir que je parle au Capitaine Stackborn. C'est pas possible de jamais t'emmener faire du shopping. Je sais que tu ne vois pas mais y a d'autres sens. Par exemple, tu peux faire la différence entre un bon et un mauvais tissu au toucher. Pis y a la sensation du vêtement sur toi. Comment tu fais pour t'habiller ? T'as quelqu'un qui va acheter pour toi ?"

Il en oublie de répondre à la question sur le temps. Evidemment qu'il l'a. Il aurait pas proposé sinon. A tous les coups, elle est juste polie. Il pose ses lèvres à la commissure des siennes et propose son bras.

Son visage... Elle essaye de ne rien montrer et elle espère que ça marche. Parce que l'idée de partir faire du shopping avec le Capitaine... Ca lui donne presque autant l'envie de rire que de pleurer. Elle pourrait pleurer de rire. Enfin, si elle arrivait encore à pleurer. Mais, du coup, elle se contente de sourire, la tête haute, face à Wulf, avec Srätx qui observe toujours la scène d'un oeil curieux et un peu étrange. Il finit d'ailleurs par délaisser une partie de ses fruits pour sauter sur l'épaule de la petite mo'at, sa queue s'enroulant autour de son cou, en mode un peu possessif.

" C'est Jude, la cuisinière du Liberty, qui me fait ou me trouve des vêtements. Je suis son... Comment elle dit ? Mannequin ? "

Srätx émet un petit bruit lorsque Wulf revient poser ses lèvres à côté de celle de sa maîtresse, mais Ni'oh n'a pas l'air de s'en plaindre elle. Elle prendra son bras, avant de marmonner quelques mots à son singe, et écarter un peu la queue de son cou, qui est un peu trop serrée.