The Call

Assise sur un banc de plexi, enfermée derrière des barreaux de plastacier, sans dague ni rien, Lawrence attendait. Elle avait perdu une sandale de cuir rouge, et abîmé sa tunique et son pantalon mais surtout, un cocard commençait à orner son oeil droit, celui qui ne voulait pas s'ouvrir. Elle avait une lèvre fendue, et d'autres contusions que la police n'avait aucune envie de soigner. Elle n'avait pas prévu ça. Elle était juste venue boire un verre dans une taverne qui, en plus, n'était même pas pirate. Et il avait fallu qu'un groupe d'imbéciles cherche à voler la caisse. Ca, elle aurait laissé faire, les crédits, après tout, c'était pas sa chope de bière à elle. Mais quand ils avaient commencé à vouloir menacer des civils et à chercher à embrasser des filles pas consentantes, là, elle avait réagit. Elle était Lawrence Dawind, merde. Elle pouvait pas laisser faire ça, civile ou pas. Alors elle leur avait réglé leur comptes aux crétins. C'était de sa faute à elle s'il s'agissait de protégés du gouverneurs alors qu'elle était en disgrâce ? Ailleurs elle se serait probablement - au pire - pris un avertissement si ce n'est rien du tout mais là, ils avaient menti en bloc aux agents, les civils avaient eu peur des conséquences et avec son pedigree...

Elle avait eu le droit à un coup de fil. Ils avaient voulu qu'elle appelle son père. Ils pouvaient bien crever. Jamais elle ne l’appellerait. Pas plus qu'elle ne se mouillerait en appelant le Capitaine, non Monsieur, elle avait appelé la Porte de Prison. Ou plutôt, elle avait laissé un message sur son Holo en espérant qu'il soit dans le coin. Et depuis elle attendait, Joshua roucoulant sur ses genoux, sage pour une fois.

Enguerrand regarde son message holo et se demande parfois si Calypso lui en veut. D'abord son gamin et ensuite la petite du Vieux qui est dans les ennuis. Décidément parfois la chance n'est pas avec lui. C'est une escale courte en plus, elle a vraiment eu du bol la petite.

Il s'est mis en route avec ses plus beaux papiers falsifiés. Le pire c'est que la base est vraie ce qui les rend d'autant plus crédible partout où il se rend. Merci la Légion une fois de plus. Donc quand la Légion, ou le Vieux par extension à besoin de lui… il se déplace.

Le voilà qui pousse donc la porte du poste de police. Posé, calme et armé jusqu'au dent… les détecteurs de l'UC bip de partout. Il ne s'inquiète pas il a un permis pour chacun des jouets. Les formalités d'accueil sont allongés au vu des dispositifs de limitation cybernétique que les flics lui posent, histoire d'être sûr qu'il fera pas de connerie. On lui prend ses armes aussi bien sur.

Mais bon il finit par être mené devant la cellule de la gamine. Pas jolie à voir en plus, elle a pris des coups. La vie est pas facile, c'est pas ce qui va le faire réagir pour le coup.

- salut petite. dit-il de sa voix neutre et posée.

Il n'a pas changé, surtout ses vêtements usés et ses prothèses noires mais éraflées au possible sur les mains.

"Hey." Non, pas yo, je suis pas d'humeur, j'ai même l'air un peu éteinte par rapport à d'habitude. Je me lève, Josh se rattrape de justesse en ouvrant les ailes et pépie de contrariété en se posant sur mon épaule. Mais là encore, je ne dis rien alors il se roule juste en boule, tête contre mon cou. Je l'aime cette sale bête. J'ai envie de pleurer. Envie de me saouler la gueule. Envie de me battre. Mais faut que je demande un service et j'ai horreur de ça. "Merci d'être venu, je savais pas trop qui d'autre appeler, ils veulent pas que je paye ma propre caution les cochons."

Il ne connait pas la loi dans ce domaine. La Légion le sortait toujours de taule quand il y finissait invariablement pour des bagarres de bar qu'il n'avait pas commencé mais généralement terminé. La petite semble pas en forme moralement. S'il peut le voir c'est que c'est grave en fait.

- coup de chance. il n'est pas là pour longtemps. donc il faut que je paie ? qu'il demande alors.

Si c'est ça les choses font se corser suivant la somme. Il n'a pas de liquidité, il va devoir demander des faveurs. Il soupire intérieurement.

"Ce serait cool sinon je risque de rester là un bon moment. J'ai les sous, je te rembourse dès que je sors, je demande pas l'aumône mais ces... gens" j'ai réussi à faire sonner le mot comme une insulte tellement je suis vénère "semblent me considérer comme non-autonome et insistent pour qu'un adulte vienne me chercher." J'ai horreur qu'on me traite en gamine, en irresponsable. Oui je suis mignonne. Oui j'ai des sandales (qu'une seule ce soir) mais merde. Et puis je sais bien ce qu'ils se passe. Ils voulaient que j'appelle le Colonel et son bien emmerdés que je ne l'aie pas fait. Je ne suis pas aussi fille à papa qu'ils le croyaient. Bien fait pour eux. Politique de merde.

ll analyse les paroles de la petite et même s'il n'est pas féru de loi cela lui parait bizarre. Puis il regarde a nouveau ses blessures toujours neutre. Elle est en colère donc en bonne santé, rien qui ne se soignera avec un peu de temps. Enfin pour la partie douleur physique, le reste… il ne connait pas bien mais sait que ça peut aussi laisser des traces.

- tu as fait quoi ? demande Enguerrand

Il délaisse la question monétaire pour le moment. Parce qu'il n'a pas de liquidité, enfin si dans un coffre auquel il doit accéder physiquement. Pour éviter de dépenser de l'argent sur un coup de tête. Le coffre est sur Tech12. Il peut faire des dépôts partout dans le système mais ne peut retirer que là bas. C'est l'accord étrange qu'il a passé avec la banque. Un accord fait pour éviter ce genre de situation. Son argent doit aller dans son cyberware nulle part ailleurs. Même si présentement ça en devient galère.

"Je me suis battue." Sans blague, Porte de Prison il l'a probablement remarqué hein. Mais je n'aime pas parler de moi surtout quand je joue les vengeurs malgré mon poids plume. Je hausse les épaules. J'ai besoin de lui, il va bien falloir que je m'exécute. Puis je le connais le légionnaire, il est capable de se taire jusqu'à ce que je crache. Autant gagner du temps. "J'étais en train de boire des verres dans une taverne loin de l'astroport quand un groupe de pouilleux des beaux quartiers ont trouvé intelligent de braquer la caisse. Bon, j'ai rien dit moi, c'était pas mes oignons après tout pis j'avais autre chose à faire seulement ils se sont mis à croire qu'ils pouvaient braquer les filles aussi. Des civiles tu vois. Ca, c'était autre chose, je pouvais pas laisser faire. Alors je leur ai cassé la gueule. Sauf que quand les forces de l'ordre sont arrivées et ont commencé à faire des courbettes au groupe de crétins, d'un coup, ça s'est retrouvé être de ma faute."

Et plus personne ne m'avait écouté. Je crois que ce qui faisait le plus mal c'est que même les gens que j'ai aidé m'ont pas soutenue.

Enguerrand écoute et si son visage ne réagit pas il demeure sceptique. L'UC qu'il connait tend à une certaine justice sociale. Sauf pour les vraiment très riches. Mais ici c'est Dorado et il suffit sans doute d'être influent à la manière Impérial pour retourner des situations de ce genre.

- Je vois. dit-il simplement. J'ai pas de liquidité. annonce-t-il ensuite.

La petite n'avait pas de chance pour le coup en faisant appel au seul gars des environs qui a la volonté de l'aider mais pas les moyens. Enfin… il a bien une solution en fait en y réfléchissant bien. Ca devrait le faire en plus il connait des gens prêt à lui rendre ce petit service. Sauf qu'il va devoir expliquer et que ça remontera au Vieux.

- j'ai bien une solution mais tôt ou tard le Vieux l'apprendra. propose-t-il finalement. Il va comment l'ancien ?

"Pas fort." En règle générale, je dis pas trop comment va mon père mais là, je veux dire, ça aurait été étonnant qu'il aille bien quoi. Je cherche quoi dire d'autre -le monosyllabique c'est pas ma marque de fabrique à moi - mais y a trop de choses qui me viennent en tête en même temps, c'est le bordel et du coup, j'arrive pas à choisir. La loose totale. Je hausse les épaules. "Ils veulent le foutre à la retraite pour des raisons politiques d'influence à la con. Il veut pas. Du coup, ça attaque en dessous de la ceinture." Et je SAIS que ce soir c'est encore un truc du genre. Les policiers sont pas SI cons, d'habitude, à moins qu'on les ai payés pour fermer les yeux. "Fait ta solution, je m'en fiche qu'il l'apprenne. J'assume."

Il n'est pas surpris que les magouilles d'officiers supérieurs en viennent à attaquer le Vieux. Par contre s'il n'arrive pas à se défendre c'est que les choses sont corsées. Etrange, il doit vraiment commencer à accuser son âge. Puis elle lui donne le feu vert et il acquiesce.

- ca va prendre un peu de temps. précise le légionnaire.

Mais dans la journée ça devrait être réglé si la somme de la caution n'est pas trop grande. Normalement au vi des faits reprochés ça ne devrait pas poser trop de problème. Enfin il espère.

"C'est pas grave, j'ai tout mon temps, personne ne m'attend nulle part." J'suis blasée, amère et je crois que ça s'entend mais bon. Qu'est ce que vous voulez faire, c'est la stricte vérité. Pas de vaisseau, pas d'ordre, pas de carrière, même pas de métier.

Il fronce les sourcils. C'est vrai que l'Albatros n'est plus Corsaire et que visiblement elle a réussi à s'en extirper. Sans doute avec l'accord de la capitaine. C'est une Alvarez différente. Mais il lui reste sa carrière.

- l'armée ne va apprécier "ton écart". dit le bretteur pour tâter le terrain.

"L'armée n'a plus rien à apprécier du tout. M'ont foutue à la porte quand l'Albatros a reprit sa liberté sous prétexte que j'étais sensée l'empêcher. Seule, mais bien sûr. Ils ont même cherché de quoi m'inculper pour trahison mais comme je suis loyale, ils n'ont rien trouvé et pas eu le temps de forger des trucs. Ils se sont contenté de dire que ma loyauté était compromise et que je n'étais plus apte au service." Ca fait mal. Ca fait toujours aussi mal alors je le dis très vite pour que ça fasse mal le moins de temps possible. Je m'attends presque à ce qu'il me tourne le dos après cet aveu. Après tout, c'est un ancien de la légion et il ne faudrait pas que ma trahison soit contagieuse.

Il n'est pas étonné par l'annonce que vient de lui faire la petite. Le père qui a des ennuis politiques et la fille qui sert de moyen de pression. Typique de ce qu'il déteste au sein des factions qui se veulent toutes vertueuses. Au moins les pirates ne te mentent pas. Ils annoncent un univers impitoyable et quelques règles de vie en communauté que tous ne suivent même pas. Les choses sont chaotiques mais pas hypocrites.

- logique. commente Enguerrand. qu'a dit le Vieux ? enchaine l'ancien légionnaire.

"Pas grand chose. Il accuse le coup. Il s'en veut un peu. Il pense à me marier mais il ne veut pas non plus me forcer à quoi que ce soit du coup il peut attendre longtemps. Il réfléchit, il sonde ses alliés et ses ennemis, des trucs de vieux." La politique, ça me saoule. La diplomatie, plus encore. Tous ces métiers chelous à base de grands discours qu'on en pense pas le quart de la moitié, ça me fait partir dans les nuages. J'aime les maths, la physique, les trajectoires, l'adrénaline d'une courbe bien réussie, jouer avec les gravités et les champs de force. J'aime voler, rire, tester, parier, jouer. Je ne suis pas celles qu'on enchaîne et me voilà au sol depuis une éternité, derrière des bareaux. Je ne lui avais pourtant pas menti à la Porte de Prison quand je l'ai rencontré. Je suis bien avec moi-même. Encore faut-il qu'on me laisse être moi-même. Depuis quelques temps, j'ai l'impression qu'on tente de m'enfoncer dans la peau d'une autre.

"Ca me gonfle toutes ces conneries. Ils sont en train de briser le vieux, et pour quoi ? Parce que l'autre camp paie plus. N'importe quoi. Et ils espèrent que je vais rester bien sagement dans le rang à comprendre leurs motivations et être disponible quand ils en auront besoin. Ben ils peuvent se la mettre dans l'oeil jusqu'aux couilles. S'ils me foutent civile, je suis civile et je n'ai pas de comptes à leur rendre."

Elle est énervée ce qui peut se comprendre mais ce genre de discours n'est pas pour le rassurer. C'est le genre de discours que les gens tiennent avant de monter à bord d'un vaisseau pirate. Et ça c'est pas bon. La petite serait capable de faire une connerie si on la pousse.

- je comprends. Mais pense à ton vieux père avant de faire une bêtise. commente Enguerrand.

Il a envie d'un cigare maintenant. Il est rarement stressé mais ce qui touche au vieux peu parfois l'agiter un brin. Rien de bien dangereux mais c'est inconfortable malgré tout pour lui qui a l'habitude de rester de marbre.

Penser au vieux, c'est bien tout ce que je fais de mes fichues journées. C'est pour lui que je ne suis pas déjà partie. Pour lui que je traîne mes sandales dans des bouges à la con. Parfois, je me dis que j'aurais préféré qu'il soit mort comme ça je pourrais m'envoler à nouveau, sans avoir cette crainte de le blesser. Je suis sa faiblesse, au vieux, et le problème, c'est que les autres s'en sont aperçu. Je hausse les épaules et baisse la tête.

"T'en fait pas. J'suis pas conne à ce point. J'ai été bien dressée, j'pourrais pas faire de mal à ma faction. Pas pour de vrai. La preuve, j'suis toujours là. Mais sérieux...les transports civils c'est tellement barbant. Un drône pourrait les piloter ! J'ai pas envie de faire ça de ma vie, ça va me détruire. Ca va éteindre toutes les couleurs en moi..."

Je sais pas quoi faire de ma peau, c'est ça le vrai problème. C'est ça qui me rend folle, en colère et malheureuse. J'avais un but, c'était clair, tout allait bien et d'un coup, on m'a tout enlevé et maintenant, c'est à peine si je sais qui je suis.

Enguerrand se renfrogne intérieurement. Elle a tous les symptômes et il ne suffira d'un rien pour faire d'elle un pirate. L'autre solution n'est pas non plus engageante, elle ne brillera plus à moins de trouver une occupation qui lui plait et ça ce n'est pas gagné. Mercenaire… c'est à peine mieux que pirate aux yeux de son père et ça n'a aucun panache et aucun sens. La Milicia… et un jour se retrouver à se battre contre l'UC, non. Il soupire.

- je vois… il est temps d'avoir une conversation avec ton père petite. commente Enguerrand.

Il n'y a que lui qui puisse libérer la petite de son carcan. Enfin la libérer sans qu'elle se sente coupable vis-à-vis de lui. Car il suffit qu'elle croise un recruteur à la flamme exaltée et les choses pourraient mal tourner rapidement.

- en attendant que tu réfléchissent à quoi lui dire je vais chercher l'argent de la caution. On ira manger après ajoute le pirate.

"Si tu veux écoute." J'ai pas envie de causer au vieux. Je ne sais pas quoi lui dire qui ne le blesse pas et je ne veux pas le blesser. On s'entend pas forcément très bien lui et moi mais c'est mon vieux et quoi qu'on puisse en penser, je l'aime. C'est même la seule personne que j'aime, Joshua excepté. C'est compliqué au fond. J'ai passé l'âge de faire les choses pour lui faire plaisir, c'est sûr. Mais ça reste mon vieux. Et de toute façon je ne vois pas quoi faire. Hors de question que je me marie, à moins que ce soit d'un type que je respecte et que j'admire. Malheureusement, les types comme ça, ça court pas les rues. Et encore moins les salons huppés. Je me rassied en l'attendant, retenant un soupir, ignorant les autres qui rigolent à voir mon unique appel partir sans rien payer. Enguerrand reviendra. J'ai confiance en lui. Il est venu. Il m'a écouté. Il n'a même pas eu l'air dégouté. Alors qu'il avait certainement mieux à faire de sa soirée. J'lui dois une fière chandelle. Je ne sais as encore comment je pourrais le rembourser. Enfin, question blé je sais, c'est pas compliqué, je veux dire, le rembourser pour de vrai. C'est tellement le bordel dans ma tête. J'arrive à rien. Ca m'énerve. Je me déteste et du coup, je déteste le monde entier.

Ca prend du temps de contacter l'association des anciens Légionnaires mais il y a de nombreux contacts et une excellente réputation. Il n'est pas le meilleur des camarades mais il est celui qui sauve dans vie sur le champ de bataille. Il est le Passeur qui emmène les ennemis de l'autre côté là où le vide et l'oublie les attends. Alors quand il promet un remboursement rapide de la somme personne ne pose de question.

Il revient donc plusieurs heures après avec de quoi payer la caution. Les officiels prennent leur temps comme s'ils cherchaient une raison de faire trainer… mais le virement provient de la Légion. Enfin l'association des anciens… sauf qu'il y en a qu'une dans toute la galaxie, et qu'elle est dirigé par un ancien général de la Légion à la retraite. On rigole pas avec lui. Alors les formalités trainent un peu mais elles avancent et une fois encore on ne pose pas trop de question.

Finalement Enguerrand se pose dans un fauteuil en attendant que la petite débarque.

Ca dure. Le sommeil m'emporte, une sorte de lassitudes née de larmes que je ne voulais pas laisser couler. Quand on a les yeux qui piquent tellement qu'on les ferme pour se soulager et que le néant finit par vous prendre. Je me suis assoupis assise. Je suis vaguement couchée quand je me réveille, sans couverture ni oreiller, dans l'odeur d'urine et de vomi. Super. Glamour Dawind. Un type est là, me secoue avec sa chaussure comme si je n'étais qu'une moins que rien. Il m'annonce que je vais sortir. Fait des tas de remarques désobligeantes sur ma vertu et sur Enguerrand. Je me doute qu'il n'est pas à portée d'oreille. Il n'oserait pas les faire en face, c'est sûr. J'ai l'impression qu'ils veulent me pousser à la faute. Les crétins. Alors j'arrête d'écouter. Ca les énerve. Je me rentre dans mon monde, je suis par automatisme. On me pousse vers le Passeur, je trébuche un peu, sans lui tomber dessus. Ouf. Et puis on me rend mon sac. Joshua est ravi, il y a ses friandises dessus. Il en rate pas une et me fait tout un cirque pour que je le récompense. J'ai pas trop la tête à ça. Je regarde mon "libérateur" du soir.

"Merci. Trouvons une banque ouverte, je te rembourse de suite comme ça c'est fait."

Enguerrand regarde un peu les gardes et ensuite la petite. Il sent bien que les relations ne sont pas au beau fixe et il trouve que tout à pris trop de temps.

- j'en toucherais deux mots à la Légion. dit-il simplement en fixant le responsable.

Ses papiers même faux indiquent clairement son identité dans la Légion Enguerrand Martin. Les Martins sont profusion mais Enguerrand est un prénom trinitaire très ancien qui n'est en usage que dans des familles issues d'une noblesse déchues par le Clergé il y a des années et des années de ça.

Il se tourne ensuite vers Law.

- je te suis. dit-il simplement.

C'est pas dur de trouver une banque ouverte. Avec les drônes, même pas besoin de payer des heures supp et vous pensez bien que les Corporations allaient pas cracher sur une occasion de piquer de l'argent à d'honnêtes citoyens pour une simple histoire d'horaires. C'est tellement normal pour moi que tout soit toujours à disposition que j'y pense à peine. Je fais le virement, ça me vide toutes mes économies, moi qui voulait me payer un gadget... et puis je regarde mon compte bien vide soudain. J'hausse les épaules. Tant pis. Tant mieux. Ca me forcera à faire quelque chose de ma vie. Peut-être. En tout cas, il me reste assez pour un diner pour deux, tant que c'est pas genre au Crust quoi.

"Qu'est ce que tu veux bouffer ?" La dernière fois on s'était pris des brochettes ambulantes et on avait rien dit ensemble pendant quelques temps. C'était bien. Porte de Prison parle peu mais, contrairement à certaines, ça m'a jamais dérangé. On peut se dire des tas de choses sans ouvrir la bouche quand on est avec la bonne personne. Et puis là, j'ai pas trop envie de causer non plus. J'ai peur d'en dire trop. De me mettre trop en colère. De faire un truc irréparable.

Les gars ont blanchi un peu. Dans la Légion il est des extrémistes qui ont rien contre faire un petit séjour en taule pour coups et blessures si ça en vaut la peine. Enguerrand suit ensuite la petite et récupère son argent. Enfin même pas le sien techniquement parlant. Il a fait en sorte que l'association fasse le virement directement. Exprès pour influencer.

- de la viande. dit-il en lui laissant libre le lieu.

Il aime ça la viande et pourrait en manger en permanence. Sauf qu'il doit se limiter un peu dans son régime pour rester au top de sa forme physique.

Va pour la viande. C'est cher mais il le vaut bien. Je hoche la tête, me maintient à son niveau et avance tranquillement. Je sais où je vais. J'ai passé tellement de temps à terre que je connais le lieu comme ma poche, endroits détruits par les trinitaires compris. Saloperie d'esclavagistes à la con. Dire que j'ai des potes qui ont le droit de venger l'affront et que je suis coincée à terre. C'est tellement injuste. Passant devant un immeuble en ruine, je sers les dents et les poings. Même pas parce que je déteste nos "ennemis" ou que je pleure les blessés, non, je suis trop égoïste pour ça (et j'assume !!). Parce que je suis pas là-haut à voler. Libre. Ca me fait mal dans la gorge, mal dans la mâchoire, mal dans le ventre. Ca m'énerve. J'ai envie de me bourrer la gueule. J'pense pas que PdP me laissera faire. Il est loyal au vieux et les vieux, ça aime pas que leurs filles soient bourrés. Je tourne à droite. La garrotte est genre romantique à la con avec des bougies sur les tables et des napperons et tout. Je hausse les épaules. "La déco est à chier mais ce sont les meilleures grillades de la ville. J'me trompe peut-être mais je te crois pas du genre ragoût...non ?"