After Midnight

Tout en continuant de l'embrasser, enivrée et incapable de lâcher ses lèvres que je goûte enfin, je ris doucement à sa réplique et le laisse faire.

"J'ai effectivement b'soin d'rien d'autre que mes mains."

Le dernier bouton de sa chemise vaincu, je passe enfin mes mains sous le tissu, inspirant brusquement en sentant la chaleur vive de sa peau sous mes doigts. Alors qu'il s'occupe de mes propres vêtements, je glisse mes mains sur ses épaules, rejetant sa chemise vers l'arrière, puis l'aide à retirer les manches. Autant j'étais heureuse plus tôt que l'on se retrouve dans la pénombre et qu'il ne puisse ainsi pas voir mon sourire un peu trop heureux et révélateur, autant je regrette le peu de luminosité maintenant. Ichabod torse nu, c'est plus qu'un plaisir pour les yeux. Et quand il est là uniquement pour les miens...

Mes mains redescendent plus bas, suivant les contours de son corps comme pour me les dessiner mentalement, puis mes doigts viennent s'accrocher à sa ceinture. Le guidant avec celles-ci, j'inverse alors nos positions, le mettant dos au lit. Je parviens ensuite enfin à me défaire de ses lèvres pour reculer la tête et le regarder dans les yeux. Il faudrait être aveugle ou complètement débile pour ne pas remarquer le désir qui doit brûler dans mes yeux, là maintenant.

"T'es plus tendu dans les épaules? Le bas du dos?"

Les mains chaudes de ma jeune femme se posent sur son torse libéré de l'emprise de sa chemise qui tombe. Il ignore où et c'est bien le cadet de ses soucis pour le moment. La chemise ne sera pas seule. Il y a quelque part le t-shirt de la demoiselle dans ses bras qui traîne également.

La chaleur de ses mains manque de lui couper la respiration pendant une seconde. Les siennes l'imitent. Mais là où la peau de la mo'at est - presque - exempte de cicatrices et reste douce au toucher, le torse du quartier maître à vécu plus de bataille qu'il n'aurait dû et certains creux sont presque inquiétants lorsqu'on ignore ce qui lui est arrivé. Mais Aey' les connaît déjà par cœur, ces vallées et ces cratères qui peuplent son paysage dorsal et frontal.

" Mmh... " C'est un grognement pensif qui lui répond. Alors qu'il finit par quitter ses lèvres à contre cœur pour former quelques mots. Ou un seul. " Épaules "

Il va me rendre folle.

Chacune de ses réactions à mon toucher m’envoie une décharge électrique le long des bras. Que je sois celle qui le fasse frissonner, inspirer vivement, grogner de plaisir, moi et pas quelqu'un d'autre... c'est une sensation incroyable. Un bon sang de délice et je veux le faire durer. Et le rendre aussi fou de moi que moi de lui, aussi. À sa réponse, je me mord donc la lèvre inférieure et prend sa main pour le guider avec moi sur le lit.

"Étend toi sur le ventre alors, et laisse moi m'occuper du reste."

Je ne m'écarte pas, ne rompt pas le contacte non plus, ne lui laissant que l'espace pour se coucher sur le lit. Pas question que je détache mes doigts de sa peau, déjà que j'ai du me faire violence pour renoncer temporairement à ses lèvres. Ouai... je ne bluff plus personne. Je ne vois que lui et il me ferait faire n'importe quoi. Me fait déjà faire tout un tas de folies. Est-ce qu'il le voit?

Mmmh...

Elle est autoritaire, la petite, quand elle le veut. C'est à contre coeur qu'il la relâche et la laisse lui prendre la main pour le guider dans le lit et lui indiquer la position qu'elle veut qu'il prenne. Il n'a pas loin à aller. La cabine n'est pas grande malgré son statut de quartier-maître.

" Bien mad'moiselle " Qu'il viendra murmurer avec son accent corporatiste qui ressort très légèrement lorsqu'il est fatigué... ou distrait par quelque chose.

Il s'allonge donc, parmi les draps déjà dérangés par ses premiers essais pour trouver le sommeil ce soir. Une main reste dans la main d'Aëy, en attendant qu'elle le libère, et il ramène un oreiller pour se poser plus confortablement et pouvoir tourner la tête pour l'observer du coin de l'oeil, avec un mince sourire aux lèvres, presque impatient.

Il me laisse le guide jusqu'au lit même s'il est tout à fait en mesure de physiquement m'en empêcher. J'ai alors un frisson d'excitation, aimant l'idée qu'il me cède temporairement le pouvoir sur la situation. Il y a... plein de choses que j'aimerais faire pour profiter de l'occasion, principalement des choses qui, je l'espère, lui donneraient envie de me laisser les rênes plus souvent.

Lorsqu'Icha' vient murmurer à mon oreille, je me mords de nouveau la lèvre - Calypso que son accent est sexy dans ces moments-là... - et me retiens pour ne pas recommencer directement à l'embrasser. C'est plus facile à vouloir qu'à faire, mais je me contente de le dévorer des yeux alors qu'il prend place sur les oreillers. J'aime qu'il mette un soin particulier à pouvoir toujours me regarder malgré sa position et je ne peux espérer qu'il apprécie autant ce qu'il voit que moi ce que j'ai sous les yeux. Puis je grimpe à mon tour sur le lit, gardant sa main dans la mienne jusqu'à ce que je le surplombe, mes genoux de chaque côté de ses hanches.

"Dis-moi ce qui t'fais l'plus de bien."

Je murmure ces mots dans le ceux de son cou, à la base de sa nuque, avant d'y poser doucement mes lèvres. Je prends alors le temps d'embrasser le haut de son dos et ses épaules avant que mes mains ne viennent commencer à masser ses muscles avec lenteur et application.

La petite prend place au dessus de ses hanches comme on prendrait place sur le dos d'une monture. Il sent ses jambes se glisser autour de ses hanches et doit lutter contre l'idée de se retourner tout de suite pour mieux pouvoir admirer et profite de ces formes qu'il ne peut qu'imaginer pour le moment, ne les devinant qu'à travers le toucher de leurs pantalons respectifs.

Il aurait dû le lui enlever avant. La voir en sous-vêtement lui chevaucher le dos des jambes aurait été beaucoup plus intéressant... Mais l'impatience est aussi une forme d'excitation.

Elle se penche au dessus de lui et il la regarde toujours, du coin de l'oeil. Elle semble apprécier l'idée qu'il l'observe pendant qu'elle prend l'initiative. Et son regard se plisse de curiosité alors qu'elle approche ses lèvres de son oreille. Il frémit un peu à son murmure d'ailleurs, juste sous ses doigts à elle. Oh, le plus de bien, elle le saura vite...

D'ailleurs, il a un second frémissement quand ce sont ses lèvres qui ouvrent le bal du massage.

Et lorsque ses mains commenceront à masser ses muscles tendus, elle pourra sentir un soupir relâcher profondément ses poumons. Mais elle peut se rendre compte alors qu'elle vient de se lancer dans une tâche qui lui demandera du temps, ou du talent en massage, parce que ce dos, sous ses aspects attirants, est un foutu sac de noeuds.

Difficile de dire si le soupir suivant dénote du plaisir ou de la douleur d'ailleurs.

Le soupire qu'Icha pousse lorsque je commence mon massage est encourageant. Je souris alors dans son dos, puis continue à déposer doucement mes lèvres sur la peau que je viens ensuite masser de mes mains. Je suis loin d'être une professionnelle ou d'avoir un talent particulier pour ça, mais je m'applique, faisant attention à ses réactions et m'attardant plus longtemps aux endroits les plus tendus. C'est... presque inquiétant à quel point, ses muscles sont raides. Raison de plus pour m'appliquer et prendre mon temps, même si sentir sa peau contre la mienne me monte rapidement à la tête.

Je dois me retenir de lui demander si tout va bien, si je lui fais mal ou si quelque chose cloche lorsque certains de ses soupirs tiennent plus de la douleur que du soulagement, aussi je me mords la lèvre. Je sais qu'il n'apprécierait pas que je m'en fasse pour lui et qu'il me dira si vraiment je fais un travail de merde. Mais je suis comme ça, je m'inquiète et j'en fais trop.

Descendant de ses épaules à son dos, j'arrive finalement au creux de ses reins et regrette aussi de ne lui avoir retiré que son haut. J'ai envie de continuer à le masser, pour toucher chaque parcelle de son corps et le faire se sentir bien. Aussi, après une dernière pression des pouces dans le creux de son dos, je me redresse juste assez pour lui laisser un peu d'espace et lui demande :

"Tourne-toi sur le dos."

La douceur de ses lèvres contraste avec la fermeté de ses mains. La jeune femme n'a guère de talent particulier en massage, peut-être, mais il y a des gestes qui font simplement du bien sans avoir besoin de connaître par cœur l'anatomie musculaire humaine. Et les doigts habiles et habitués aux tâches manuelles d'Aey sont juste parfaits pour exécuter les plus importants.

Les frémissements de plaisir mêlés de douleur viennent picoter le dos du pirate dans la lignée des mouvements de la petite métisse. De quoi devenir masochiste tellement la douleur est agréable en réalité. En même temps monte l'impatience de la tenir de nouveau dans ses bras, mais il reste sage et docile, en appréciant la situation.

Il ne se le fait cependant pas demander deux fois lorsqu'elle lui demande, comme si c'était un ordre, de se tourner pour lui faire face. Il se retourne agilement en venant poser ses mains sur ses hanches alors qu'elle peut s'asseoir plus confortablement sur le haut de ses cuisses. Et comprendre à quel point son massage l'a échauffé tandis que lui ne manque pas d'admirer sa silhouette qui le surplombe, déjà magnifique et encore plus mise en valeur par les effets d'ombres et de lumière de la petite pièce plongée dans une légère pénombre.

" A vos ordres " Qu'il répondra simplement, un sourire taquin au coin des lèvres.

Je me mords la lèvre en le sentant poser les mains sur mes hanches. Il est juste là, sous moi, et je peux tendre les mains pour le toucher. Il est tout ce que je veux et me laisse le prendre, ce qui me donne un frisson d'excitation et d'adrénaline. Pendant un bref instant, cela me donne le courage vouloir lui souffler que ce n'est pas que son corps ou sa présence ponctuelle dont j'ai envie. Je veux plus que ça, je le veux entier, et je veux être entièrement à lui aussi. J'ai heureusement la présence d'esprit de me rappeler qu'aborder la question alors qu'on se trouve dans cette position n'est potentiellement pas très judicieux.

J'ai espoir qu'il partage mes sentiments, peut-être, mais le doute est assez présent pour que l'idée d'un refus, alors que je suis à moitié nue assise sur lui, soit quelque chose que je n'ai absolument pas envie de vivre. Peut-être plus tard alors. Demain ou après demain, si le courage y est encore. Merde, je n'en sais rien... je devrais surement en parler à Loukian, il sait toujours m'aider à prendre les bonnes décisions.

Pour l'instant néanmoins, je me penche plutôt sur lui pour venir chercher ses lèvres, l'embrassant profondément avant de laisser glisser mes baisers sur sa gorge, puis son torse et son ventre. Mes mains s'accrochent alors à sa ceinture pour commencer à la défaire et laisser place à la suite de cette nuit et de nos caresses volées.