T'aimes toujours ça, les plantes ? [Mia, Billy & Dodu]

J'suis vraiment pas bien du tout, ça non. Alors que j'étais bien bien heureuse de revoir madame Mia, j'ai plus qu'envie de prendre mes gambettes à mon cou et puis de retourner voir Monsieur le capitaine, et puis lui parler de ça, parce que je suis sacrément chamboulifiée, ça oui. Sapristouillette, comment qu'ça a pu dégénérer comme ça ? J'aurais dû me taire et puis pas lui dire que j'étais une pirate de l'espace ? Et puis je sais pas, je regrette presque de lui avoir dit et puis aussi, je me dis que si j'avais pas dit ça, et bah peut-être bien qu'on serait en train de parler joyeusement et puis de rigolouiller ensemble, et qu'elle me dirait pas tous ces vilains mots-là.

- ... Sauf si...?

Je reste un peu pendouillée à ses lèvres, même si j'me doute bien que ça va pas bien me plaire ce qu'elle va me dire, et puis Dodu, il est contre moi et il regarde pas gentiment la madame. Dodu, il aime bien tout le monde pourtant, mais là, la madame elle nous crie dessus alors il aime pas ça, ça non.

Là, j'me figeouille à nouveau et puis j'en crois pas mon oreille, ça non. Sapristouillette, est-ce que j'ai vraiment vraiment bien entendu ? Elle peut pas m'avoir proposé ça, c'pas possible. J'ouvre de grands yeux et puis la mâchoire m'en tombe. J'reste un peu silencieuse et puis totalement choquouillée pendant plusieurs très très longues secondes, et puis je finis par bedouillouder :

- P-Pardonnez ?

Je haussais les épaules, toujours enfermée dans une froideur qui, je l'espérais, aurait le don de déstabiliser Billy. Quelques secondes s'écoulèrent, sans réponse, comme pour appuyer sur ce qui surprenait la femme-enfant.

« Tu m'as très bien entendu. Je ne dis pas qu'il s'agit-là d'une solution parfaite, mais c'est l'unique à ta disposition si tu ne souhaites pas te retrouver avec, au choix, une sentence à vie dans une prison de haute sécurité ou une corde autour du cou. Et rien que je ne puisse faire ne pourra t'aider à y réchapper. »

Moi, j'arrive pas à le croire qu'elle me demande ça, et puis comme ça aussi. Je suis toute chamboulifiée, et puis du coup, je mets de longues secondes à répondre ou même à retrouver un peu mon esprit. Y a Dodu qui gronde à côté de moi.

- M-mais... Je...

Je trouve pas ça très très gentil de la part de madame Mia de me mettre dans une situation comme ça, et puis ça me fait beaucoup de mal et puis je sais pas quoi dire et puis comment sortir de là, parce que je veux sortir et puis partir loin loin loin, ça oui. Espionner ? Trahir pour faire plaisir ? Ou bien décevoir ? Olalalalala...

Je me contentais de la regarder droit dans les yeux, venant croiser les bras, comme pour attendre sa réponse. Tout avait été dit, il ne lui restait qu'à choisir.

Moi j'sais pas du tout quoi faire, et puis j'me mets à trembler un peu et là, j'suis toute pâle et puis pas bien, ça non. Dodu, il voit que j'suis pas bien et puis il pousse deux petits cris un peu plaintifs et moi je commence à avoir vraiment très très chaud. Sapristouillette, quelle chaleur étouffouillante...

Je restais de marbre, songeuse aux implications tant d'un refus que d'une capitulation. Je n'avais rien à perdre, tout à gagner, à l'inverse de Billy qui ne pouvait qu'opter pour une mauvaise décision ou une autre. La bonne aurait été d'abandonner la piraterie, ce qu'elle refusait purement et simplement.

Alors, moi, toute tremblouillante, je me lève et puis j'attrape ma canne.

- J'dois bien prendre l'air, ça oui...

Et puis je me dirige vers la sortie, pas très très bien et puis sûrement pâlotte.

Silencieusement, je décroisais les bras pour les faire se rejoindre derrière mon dos, dans une posture d'une droiture militaire, tout en la suivant. Si je ne comptais pas insister d'avantage, elle ne pourrait pas fuir la question avant d'avoir choisi. Cependant, j'étais agréablement surprise de constater qu'elle prenait le temps d'y réfléchir. Je l'accompagnais en dehors, ravie moi aussi de prendre un peu l'air, malgré les circonstances.

Je boitilloune avec Dodu jusqu'au dehors, et puis là, j'essaie de respirer un peu mais c'est pas facile facile avec l'air qui est même pas du vrai air. Je crois que moi, tout au fond de mon coeur, et bah je connais déjà bien la réponse à sa proposition, ça oui. Et puis Madame Mia est impressionnante. Dodu, il l'aime pas beaucoup beaucoup je crois, et ça aussi, ça me fait un peu de la peine.

- Il se passe quoi si j'accepte ? Et puis si je refuse ?

Prenant appui sur un muret à l'extérieur, je l'observais reprendre son souffle. Je l'admets : je ne m'étais pas attendue à ce qu'elle considère réellement l'option, mais maintenant qu'elle y réfléchissait sérieusement, de nombreuses options s'offraient au Cerberus.

« Si tu acceptes, cela signifie que tu devras rencontrer des agents du Cerberus tous les deux ou trois mois, et leur fournir des informations : plans de navires pirates, noms de pirates actuellement inconnus, ce genre de choses. Tout ce qui peut être utile. Il est aussi possible que j'accorde l'immunité à ton navire, en ce qui concerne mon vaisseau, à condition tu m'offres suffisamment d'informations sur d'autres navires, ce qui te permettrait de protéger les tiens, qu'ils le sachent ou non. »

Je marquais une pause, avant de me redresser doucement pour l'observer, calmement.

« Dans le cas contraire, je te laisserais une longueur d'avance de quelques mois, eut égard à l'affection que je te porte, avant de te dénoncer aux autorités. Ce qui signifie que tu seras listée comme criminelle, et probablement recherchée. Il est probable que tes proches soient interrogés à ton sujet. »

Je l'écoute, et puis moi, je dis plus rien du tout. J'ai juste envie de partir très très loin et puis d'aller pleurer dans un coin. Je suis toute chamboulifiée par tout ça, et puis j'ai bien du mal à pas totalement craquouiller. Je renifle bruyamment, et puis finalement, je la regarde.

- J'ai... J'ai besoin d'un peu de temps pour réfléchir à ça, ça oui. C'est que, c'est une bien dure décision.

« Je te laisse deux jours », lançais-je, l'amertume dans le ton. « Je serais au bar de la Reputación, en début de soirée, dans le quartier impérial. En cas d'absence de ta part, je prendrais cela comme un refus. »

Moi, j'hoche bien vite la tête et puis je demande pas mon reste, ça non. Et puis même, je dis rien du tout. Je vais récupérer toutes mes affaires, et puis je me carapatouille bien vite avec Dodu - enfin pas trop vite, parce que je boite et ma jambe me fait sapristouillement des douleurs, ça oui. J'm'arrête juste un petit instant devant Madame Mia, et puis je lui souris quand même.

- A bientôt, Madame Mia.

Même si je compte pas du tout la revoir bientôt, ça non. Qui sait, peut-être qu'elle va bien changer d'avis et puis se rendre compte qu'elle était pas très très gentille ? Et puis moi, avant qu'elle me tire dessus, et bah je retourne vers le Liberty, toute chamboulifiée. Faut bien que j'aille parler au capitaine, ça oui !