Home is where the heart is

Derrière lui, la silhouette du Liberty s'efface peu à peu, au fur et à mesure que les tournants et les toits cachent sa carlingue, pan par pan. Les voix devenues familières de son équipage se fondent dans la foule et se dissolvent en au-revoirs dont Sarrazin sait qu'ils sont très temporaires : la piraterie est un petit monde - ou un très grand équipage. Tôt ou tard, les visages familiers reviendront, portés par le hasard ou par la réputation du Runny.

En attendant, c'est vers ledit Runny qu'il se dirige, sac de voyage sur l'épaule. Le chemin se déroule sous ses pas avec un naturel que les mois de vadrouille n'ont pas altéré. Si les parfums d'un marché, après l'espace, lui semblent plus vifs et plus vivants, il lui faut apercevoir l'enseigne du bar pour tout à fait réaliser qu'il est de retour... et le panneau "fermé" pour réaliser qu'il a probablement raté quelques nouvelles.

À tous les coups, Cathwulf s'est surmené.

Décidé à l'enguirlander ou/ et à le forcer à un repos nécessaire, le borgne passe le seuil sans tenir compte de la pancarte et se fige dans l'encadrement, bouche bée.

"Cathwulf ? Audrey ?"

Etape 1 : s'assurer que tout son petit monde va bien.
Etape 2 : variable selon la réponse de l'étape 1...

Wulf est assit derrière le bar à poncer le sol pour enlever les tâches de sang sur le parquet dans les rainures du nouveau comptoir. Le Runny est en meilleur état qu'il n'a été, mais ça veut pas dire grand chose et les stigmates de l'affrontement sont encore très visibles. Tant pis. Il n'a pas crié sur son cadet - enfin pas TROP quoi, normal - ni contre Audrey - elle c'est pas du tout, la pauvre. Mais il a envie de crier contre le monde, contre la vie et contre l'injustice. Parce qu'EVIDEMMENT l'assurance fait chier comme quoi elle a rien dit sur les affrontement Trinitaires/Mo'at sur le sol. Non mais qu'on vire les bagarres d'ivrogne il veut bien, ça arrive ça, mais s'en servir avec une telle mauvaise foi... il en a MARRE de la rapacité de ces connards.

Et Sarrazin qui n'est toujours pas revenu.

Il frotte et frotte, sans prêter attention aux bruits de porte, de pas puis de bouche. Il grogne.

"L'est occupé Cathwulf."

Un grognement - le pas trop mauvais genre, celui qui dit que Cathwulf est de mauvaise humeur donc en vie. C'est toujours mieux que blessé. Rassuré par la pensée, le brun se déleste de son sac dans un coin pas trop dans le passage et s'accoude au comptoir - tout neuf, tout surprenant - côté client pour jeter un coup d'oeil vers l'origine de la voix.

"L'a besoin d'un coup de main, Cathwulf ?"

Il n'attend pas vraiment de réponse pour contourner l'obstacle, décidé à trouver quelque chose d'utile à faire pour aider.

"Z'avez pas honte de même pas m'attendre pour tout faire péter ?" taquine-t-il tout de même.

"L'a pas besoin de coup de main, l'Cathwulf. Par contre, l'est pas contre un peu d'compagnie. L'Cathwulf." Il grogne toujours mais s'y ajoute cette fois un élément de comédie. Petit à petit, la voix a traversé les brumes de colère du rouquin et il y a reconnu la voix de son ami. Par réflexe et sans rien dire, il se décale, rendant au brun la place qu'il avait toujours eu. Ils n'ont pas besoin de se voir pour travailler ensemble. Ils sont une seule et même machine.

Du moins, il espère que c'est ça parce que s'il s'est trompé, alors même Wynstann ne pourra plus rien pour lui.

C'est qu'il lui a manqué, ce con.

Hors de question, évidemment, de l'admettre, il n'est pas assez bourré pour ça. Il re-grogne (on ne change pas une équipe qui gagne).

"M'en parle pas. Z'ont tout fait pendant que j'avais le dos tourné. C'est les petits qui ont géré le massacre. L'gamin et Minipouce." Une hésitation "Et toi alors ?"

Le grognement de colère se nuance en grognement de colère-mais-pas-que et le brun se détend un rien. Contournant le comptoir parce qu'on n'enjambe pas les comptoirs tout neufs sous peine de probablement se péter la figure dans la manoeuvre, il s'installe dans la place libérée par le rouquin.

Puis parce qu'il a pas besoin d'un coup de main le Cathwulf mais que Sarr' n'est pas du genre à s'arrêter à ce genre de déclaration, il choppe le seau d'eau et de produit nettoyant pour commencer à le remplacer par un mélange propre.

"Han, y'a la moindre chance pour que ça les ait rapprochés assez pour qu'ils se marient ?" taquine-t-il immédiatement. "Et qui c'est qu'a tout pété si c'est pas eux ?"

Un pétillement danse dans son iris unique et plisse le coin de son oeil sous son sourire.

"J'ai cassé des trucs mais très professionnellement !" assure-t-il, rieur, avant de poursuivre plus sereinement : "C'était très cool... Mais ça fait du bien d'être de retour aussi."

Selon un paradoxe dont il a le secret, la terre ferme ne lui manque pas, mais le Runny et Cathwulf si.

"J'crois pas. Fallait les voir quand j'suis revenu, ils chiaient dans le froc mais séparément au lieu de montrer un front uni les cons. J'pense qu'ils sont irrécupérables. Sérieux, je sais pas quoi en faire. Wynn avait l'air de penser que j'allais me décomposer sur place et Minipouce que j'allais LA décomposer sur place. Comme si l'un ou l'autre aurait réparé les choses."

Il hausse les épaules. La présence chaude de son ami à ses côtés lui fait du bien. Il est revenu. Il n'y croyait pas vraiment. Après tout, le Liberty est un bon vaisseau et Stackborn malgré de bien trop nombreux défauts, un bon capitaine. C'était une belle place et, surtout, c'était la vie rêvée, la vie de pirate. Le Runny est bien beau -enfin en temps normal - mais il n'est pas vaisseau. Il ne se balade pas dans l'espace.

"De ce que j'ai pu réussir à comprendre, y a un chargement d'esclave qui s'est fait la malle à l'astroport et qui s'est carapaté direct ici. Ils ont commencé à mettre du bordel mais les choses se sont agravés quand les crétins qui lui servaient de geoliers se sont dit que c'était une bonne idée de monter à l'assaut. Du coup, les mo'at ont fait siège et y a eu du dégât. Le gérant est mort. Plusieurs des esclavagistes aussi. Quelques blessés côté mo'at. Par chance, y avait un combattant dans le bar lors de l'incident sinon, ça aurait été bien pire."

Le brun laissa échapper un rire bas, assez chaleureux pour lui réchauffer le coeur et remonter jusqu'à son iris unique.

"Amusant... J'aurais pensé qu'ils auraient eu des réactions inversées. Mais c'pas illogique pour Wynn qui est futur médecin de se soucier des autres avant lui."

Il adressa un sourire malicieux au rouquin.

"Pis c'est un peu de famille, aussi, ça."

Et sur ce, il plongea sans vergogne le nez dans un placard pour y chercher un chiffon et pouvoir faire semblant de ne pas entendre les éventuelles dénégations qui pourraient suivre sa pique. Trop efficace ou trop curieux, il ne tarda cependant pas à en ressortir pour jauger d'un coup d'oeil l'humeur de son ami et complice face au récit qui avait valu au Runny ces cicatrices du moment.

"C'est bien fait pour les esclavagistes. 'Méritaient pas mieux. Pour les autres, par contre..." Il soupira, secoua la tête sans un mot, navré des nouvelles moins heureuses. " 'Faudrait que j'apprenne à Mini-pouce à tirer par-dessus un comptoir avec un bon gros calibre sans toucher les cloisons. C'est toujours utile à savoir. Je proposerais bien à Wynn aussi mais je pense que c'est pas gagné..."

"Nia nia nia" répond de façon extrêmement mature le tavernier en chef, bien conscient que son sourdingue de compagnon a fait exprès de se retourner pour rien entendre de plus poussé. Leur relation a reprit immédiatement là où elle en était, les taquineries se succédant sans que les mois passés l'un loin de l'autre n'aient changé quoi que ce soit. Il aime cette stabilité entre eux, il en a besoin. Peu de choses dans sa vie sont restés les mêmes dans la durée. Rapidement, comme s'ils avaient du mal à être déjà séparés, le barman revint et lui envoya un regard inquisiteur qu'il prit soin de ne pas voir en essuyant un verre.

"Bonne idée, apprend lui des trucs pour se défendre. De ce que j'ai compris, elle en a éclaté un certain nombre sur le bar ce qui fait que Wynn m'a supplié de le changer. Au prix des bars... enfin, il avait mérité un cadeau pour la réussite de son année. J'espère qu'il lui plaira. Et toi alors ? Comment c'est sur le Liberty, raconte !

Les quelques intonations qui passent ses accouphènes suffisent à lui donner une vague idée de ce que grinchonne Cath et à lui accrocher en travers des lèvres un sourire heureux dont s'échappe un sifflement admiratif face aux exploits de leur mini-rouquine - non, pas celle de Wulf, enfin pas la même.

"Si c'est Mini-Pouce qui les a explosés sur le bar, j'en déduis que je suis censé mettre une arme dans les mains de ton frangin en espérant qu'il se la fasse pas tomber sur le pied sur un coup de stress ?" taquine-t-il.

La mention du Liberty lui tire un frisson d'adrénaline passée et pourtant vivace. Les souvenirs et l'appel de la Flamme brûlent au tout bout de ses doigts d'artilleur revenu à terre. Comme pour éteindre le brasier muet, il plonge chiffon et main dans le seau d'eau, essore vigoureusement. Après tout, l'espace, c'est chez lui - chez eux, il en est convaincu.

"Grandiose. Y'a un sacré équipage, à bord, et le Capitaine Stackborn sait gérer ses stratégies et ses gars, y'a pas à dire. On a eu de belles prises, ça a p'têtre fait assez de vagues pour arriver jusqu'ici ?"

"Je t'avoue, j'étais un peu occupé entre la mort de Marali, Noor qui pétait un câble et le Runny détruit, je me suis pas trop occupé de ce qu'il se passait dans le ciel. Mais raconte moi tout, c'était quoi ce super plan secret ? T'es riche  maintenant ?" S'il était riche, il pourrait s'acheter un vaisseau et partir sans lui. Pour de bon. Il n'a pas besoin de pouvoirs de Calypso pour sentir l'envie d'espace de son camarade, il a le même et il sait que tous les seaux d'eau du monde ne suffiront jamais à l'éteindre. Il secoue la tête, tente de se reprendre. Parler d'autre choses, n'importe quoi. "T'as vu leur mystique ? Tu sais la jolie petite aveugle aux cheveux blancs ? C'est une chouette nana, j'espère qu'elle s'en est sortie sans trop de mal."

"Aouch" résuma-t-il face à la liste s'allongeant à vue d'oeil des douleurs accumulées en son absence. "Noor a encaissé comment ? On peut l'aider ?"

Le super plan secret plus si secret maintenant qu'il était devenu le coup d'éclat de la moitié de Dorado lui tira un sourire de canaille tout à fait impénitent.

"Riche p'têtre pas... Mais ça paye bien, faire main basse sur du Duranium. Pas que ç'ait été simple, cela dit, mais on avait une belle brochette de pointures pour nous."

Quatre capitaines de taille, qu'il leur a fallu pour l'entreprise. Mais le ballet létal, aussi risqué soit-il, vallait bien tous les risques encourus si on le lui demande.

"Oui, je vois ! On lui doit une fière chandelle, à elle et Calypso pour nous avoir filé un beau coup de pouce - et elle s'en est bien tirée. C'est le capitaine Stackborn qui nous a fait une belle frayeur. Je savais pas que tu connaissais Ni'oh, cela dit..."

Dans un rattrapage de dernière minute, il s'empêche de demander d'où : après tout, nombre d'équipages passent au Runny, pas vrai ?

"Noor a encaissé comme Noor. Tu la connais. Elle a voulu aller de l'avant mais vite et dangereusement comme une course de speeder. Je l'ai confiée à Beth, qui est redevenue pirate. C'est une bonne fille et si elles s'entre-tuent pas, elles fonctionneront bien ensemble." Noor, elle a besoin d'une famille et c'est ce que donne Beth derrière ses airs de camionneurs. Elle a aussi besoin qu'on la secoue un peu parfois. Il le faisait quand ils étaient jeunes comme elle le secouait quand il faisait trop de conneries. L'affection du brun pour son amie d'enfance lui fait chaud au coeur puis le pince. Il craint que Sarrazin ne veuille partir aussi. Il s'assombrit un peu et hausse les épaules.

"Ouais, je l'ai vue une ou deux fois avec l'équipage puis on s'est croisés pour faire les courses un jour, un chouette après-midi et j'ai promis de l'emmener danser. C'est une chouette petite. Elle est marrante et drôlement mignonne."

Ouais, il connait, les gens qui vont de l'avant très très vite et sans regarder devant - y'en a une belle brochette chez les pirates et les artilleurs, notamment, chez les pirates en général. L'attitude réussit à certains, à certaines situations - pas à tous.

" 'Sont trop coriaces l'une comme l'autre pour se laisser abattre comme ça. Moi j'aurais plus peur pour les pauvres gars en face une fois qu'elles auront appris à fonctionner ensemble."

Il ne boude pas à entendre tout ces "chouette" dans le récit de Wulf. Pas du tout. Diffamation que tout cela. Ni'oh est quelqu'un de bien, après tout, alors il ne boude pas... mais il grogne un peu sur la conclusion. "Gna gna gna drôlement mignonne".

"Damn, je devrais essayer de danser si ça peut te faire sortir des livres de compte" fait-il mine de ronchonner, faussement offusqué.

"Ca, faudrait être con pour tenter de leur barrer la route" approuve-t-il chaleureusement avant de laisser tomber le sujet pour celui, intéressant également, de Nioh. Et là, il s'aperçoit que Sarrazin grogne. Mais pour de vrai, pas comme le faux ronchonnement qui vient derrière. Wulf s'y connait en bruits d'animaux mais ne comprend pas très bien ce qui fait réagir ainsi son ami. Rien, cependant, ne doit assombrir l'oeil d'océan du brun. Jamais. C'est très important pour Cath de voir son ami optimiste, heureux et léger. Pas grognant. C'est SA prérogative de grogner, d'abord.

"Ecoute, si tu m'emmènes danser, je te promets de pas toucher à mes livres de comptes pendant au moins deux heures !" Il ne fait pas attention à ce qu'il dit. N'importe quoi pourvu que son ami arrête de grogner, que le nuage s'en aille et qu'il soit heureux d'être là. Sinon, il serait fichu de repartir.

Et pour le coup, les sourcils du brun manquent de traverser tout son front en se haussant. Le pétillement revient dans son iris unique, joueur, rieur... mais pas au point de perdre de le nord. Il le connaît, le Cathwulf - un peu, beaucoup, probablement à la folie aussi. C'bien pour ça qu'il revient, qu'il reviendra toujours, malgré l'espace qui l'appelle.

"Au moins deux heures sans compter la danse, sinon ça compte pas !" négocie-t-il, pas fou, un quelque chose de chaleureux lové entre les côtes et dans une fossette.

"Mais en comptant le temps de trajet et de changement de vêtement" riposte le rouquin, rassuré de voir l'oeil unique de son ami retrouver son pétillement familier.

"Sans compter le changement de vêtement" riposte-t-il immédiatement, avant de rigoler en s'attaquant à une tâche sur le plancher. "Et le temps de trajet, tu peux emmener le livre de comptes... à tes risques et périls."

Que Wulf essaye de lire le pavé qu'il ose appeler un livre de compte en marchant, pour voir, hein...

"Ca c'est bas, j'en attendais pas moins d'un court sur patte comme toi !" Termine le rouquin dans un éclat de rire au moins aussi sonore que ses grognements. N'empêche, il aime marchander avec son ami, surtout quelque chose d'aussi stupide que du temps ensemble. C'est comme si leur complicité avait repris là où ils l'avaient laissée, quelques mois plus tôt, avant cette triste histoire du Liberty. "Ca marche mais vu que tu es riche et que je suis ruiné, c'est toi qui paye." Il n'a jamais interrompu son nettoyage, et le continue, bien évidemment, avec la même énergie.

Riant de bon coeur, le brun projette quelques gouttes d'eau - propre, parce qu'il n'est pas un sauvage à ce point - vers le rouquin, sans faire l'effort de viser correctement. D'abord, c'est plus drôle comme ça, même en l'absence de dommages collatéraux éclaboussables.

"J'ai même pas honte~" déclare-t-il, plus hilare que jamais. "Et bien sûr que c'est moi qui paye, si j'invite. J'te jure, toi..."

Il glapit, levant la main pour se protéger de l'attaque sournoise tandis que des gouttelettes d'eau s'écrasent sur sa chemise, le bar et des verres. Rien de grave, l'eau est propre et franchement, il en a vu d'autres. Cela fait partie du jeu. Il décide de pousser son avantage. Un marchandage n'est jamais fini tant qu'il n'y a pas eu un baiser serrage de main se force à penser le rouquin alors que ses pommettes se colorent d'un joli rouge. Stupide libido. Il n'a pas vu de fille depuis trop longtemps, c'est sûr. "Y compris le diner post-danse. Et je te préviens, le sport, ça creuse."

Un glapissement dans son angle mort lui indique avoir touché alors qu'il essore son chiffon, un grand sourire goguenard aux lèvres. Tout en chassant le surplus de mousse, le borgne fait mine de réfléchir à la négociation, son expression aussi peu crédible qu'il est possible de l'être au milieu de ses airs de rieur éternel.

"Hmm... Ok, mais seulement si tu m'aides à me remettre à jour sur les endroits sympas où manger, des fois que ça ait bougé depuis la dernière fois~"

Noooon, il ne grapille pas du temps et de nouvelles chicaneries couleur bonheur. Presque pas.

"J'ai l'air de connaître les endroits où on mange bien ? On demandera à Minipouce." Audrey, sempiternelle arbitre de leurs bêtises depuis qu'elle a fait l'erreur de venir travailler pour eux. Cathwulf ne sait pas ce qu'il aurait fait sans elle et bénit sans arrêt le moment où elle s'est pointée au RA. "Faut bien que ses études de cuisine lui servent à quelque chose ! Entrée, plat, dessert et digestif on est bien d'accord ?"

Le borgne roule des yeux - ou du moins de l'oeil-, faussement blasé de la réaction du rouquin aux études de cuisine de Minipouce. L'idée est bonne, cela dit, moins pour l'argument des études que pour celui du bon goût d'Audrey.

"Bah écoute, sous peu tu en connaîtras deux, des coins où bien manger : le Runny et un autre à déterminer" taquine-t-il. "Deux, ça fait un pluriel, ça compte !"

L'air presque sérieux, il se redresse de son nettoyage pour considérer l'avancement des négociations.

"Et absolument pas ! On parle de tout ce menu plus les boissons, non mais~"

"Comment ça, plus les boissons ? Absolument pas. Je te paye pas pour que tu gâches tout ton blé dans des bêtises pareilles. Le menu plus le digestif c'est déjà bien assez." Oui, il était en train de négocier pour faire raquer son compagnon. Oui, il inverse à présent les rôles. Non, cela ne le choque pas. Non il n'a pas honte et oui il est aussi sincère dans un cas que dans l'autre. Difficile pour lui de se retrouver en face de ses propres contradictions alors il a une méthodes radicale. Il ne les regarde pas. Allez hop, on saupoudre de mauvaise foi et c'est plié !

Un renifflement à l'élégance douteuse et à l'amusement audible échappe au borgne au changement de position. Taquin éhonté, il saisit au vol l'occasion de faire mine sans aucune crédibilité de s'indigner, une main sur le coeur comme si la réplique l'avait presque littéralement désarçonné :

"Comment ? Mais c'est quoi alors les bêtises acceptables si les boissons sont pas inclues ?"