Hit me if you can [Anna & Jezabel]

Les escales sur Tortuga sont toujours particulièrement pénibles. Il s'agit là d'un monde de brutes qui ne sied définitivement pas à mon teint. Néanmoins, je m'efforce de faire bonne figure, et j'attire les regards avec une satisfaction certaine. Mes pas sont légers, presque aériens, et moi, je suis parfaite, comme à mon habitude. En revanche, pour une raison que je ne saisis guère, je n'ai pas l'envie de jeter mon dévolu sur les mêmes lieux à peu près tranquilles que je convoite usuellement.

J'entre néanmoins dans la taverne qui semble la moins chahuteuse au centre de Tortuga. Il ne s'agira sans nul doute pas d'un moment tranquille, cependant, cela pourrait être pire. Il faut dire que je suis d'une humeur particulièrement exécrable, ce matin. Il se pourrait que j'implose au moindre mot, au moindre geste, à la moindre tentative d'un autre pour m'aborder. Lorsque je pénètre dans le lieu, je balaie l'assemblée d'un regard glacial et mauvais, un sourire hautain toujours aux lèvres. Je ne vois que des têtes pouilleuses et des âmes vides et lamentables. Pathétique. Je lâche un rire sec, désabusé, et me dirige ainsi vers le bar.

Anna était tranquillement installer au bar d'une taverne de Tortuga, celle-ci était assez calme, ce qui était appréciable, enfin, Anna n'en était qu'à son premier verre, elle n'était donc pas là depuis bien longtemps et de toute façon, les choses peuvent très vite dégénéré à Tortuga.

Une femme entre, Anna tournant le dos à l'entrée, elle ne la voit pas, mais elle aperçoit qu'autour d'elle, on regarde la personne qui vient d'entrer, Anna jette alors un regard derrière elle. Certains se seraient attardés sur la beauté de la femme, pas Anna, pas maintenant, son regard et son sourire, le tout suivit de se rire... Anna se retourna pour regarder son verre, elle ne l'appréciait pas celle-là, elle se sentait supérieure aux autres et ça se voyait, enfin, elle n'allait pas s'en préoccuper, sinon ça allait lui gâché la soirée.

Malheureusement, la femme vient se mettre au niveau du bar, avec toujours le même air... Anna soupire légèrement et lui lance un regard lourd de sens "Tu ne peux pas aller ailleurs ?", mais ne dis rien.

Les regards demeurent tournés vers moi, et bien évidemment, je m'en délecte. On ne se perd nullement dans ce genre de lieu dans l'unique but de passer inaperçu ; pas lorsque l'on porte un nom comme le mien. Et, même ceux qui ignorerait qui je suis ne peuvent décemment pas fermer les yeux devant une apparition telle que moi. Je m'assieds avec élégance, et je commande un thé aux agrumes. Je préfère lorsqu'ils sont faits maisons, cependant, on ne peut guère en demander autant dans ce genre de lieux sans âmes. Tout juste à mes côtés, une jeune femme au regard légèrement moins éteint que les autres me lance un regard que je n'ai guère l'habitude de voir diriger contre moi ; pas lorsque je suis aux côtés de la personne, en tous les cas. Cela a pour effet de m'agacer, et de me rappeler à l'humeur maussade qui m'envahissait déjà jusqu'à lors.

- Il n'est que peu raisonnable de regarder ainsi une femme telle que moi, Mademoiselle. Il me semble que vous prenez des risques fort peu utiles. Mais peut-être êtes-vous coutumière de l'inutilité.

Et non, elle décide de rester là et en plus, elle continue. Elle était vraiment agaçante avec ses grands airs. Et elle la traite d'inutile, parce qu'elle l'est plus ? Le visage toujours impassible, Anna finie par soupirer et dire

-Un risque, c'est l'association d'un enjeu et d'un aléa, l'enjeu actuel étant mon humeur et l'aléa, une femme qui m'exaspère à force de se sentir supérieure aux autres, car elle ne semble pas capable de se rendre compte que sa petite personne n'a pas plus d'importance que celle des autres.

Qui elle était ? Anna en avait cure, sa façon de faire était exaspérante, si ça se trouve son comportement était en partis légitime, peut-être. Si elle était réellement supérieure aux autres, si elle avait réellement quoi que ce soit qui justifie son air, qu'elle le montre.

Mon sourire se change en agacement ; qui diable songe-t-elle être pour se permettre de me parler ainsi ? Comment ose-t-elle tenir de tels propos à mon égard.

- Si ma présence vous dérange tant que cela, rien ni personne ne vous retiens ici. Si votre seule fierté vous obliger à demeurer en ces lieux, je vous prierai de garder pour vous votre humeur maussade, vos paroles irraisonnées et vos regards dignes des sous-espèces les moins intelligentes de notre galaxie.

Anna est de plus en plus agacé, certaines personnes ne comprennent pas qu'elles ont un comportement des plus exécrable, à moins qu'elles ne souhaite pas le comprendre.

-Je ne vois pas pourquoi ce serait à moi de m'en aller, surtout que j'ai déjà mon verre. J'étais de bonne humeur jusqu'à votre arrivée et vos grands airs. Dit alors Anna,

-Si vous me prouvez que vous valez quelque chose et pas uniquement que vous savez manier les mots et insulté les gens alors je consentirai à partir, peut-être même à m'excuser et vous payer votre consommation de la soirée. Ajouta-t-elle

Autant tenter d'en finir vite avec ça, Anna n'avait pas envie de passer sa soirée à parler avec elle.

J'ignore si je suis davantage surprise ou agacée par cette jeune femme au regard de braise, néanmoins, un rire léger et sincère perce à nouveau mes lèvres.

- Et bien quant à moi, il s'agit tout à fait de l'inverse ; je me sentais d'une humeur particulièrement exécrable avant d'entrer ici. Néanmoins, votre attitude puérile et votre verve chancelante me divertissent suffisamment pour que vous ayez la chance de toujours pouvoir utiliser votre langue. Pour le moment.

Je prends le temps afin de commander un thé aux agrumes, sans davantage l'observer.

- Je ne m'abaisserai en aucun cas à quelques passes d'armes futiles à votre destination. J'ose espérer que vous pardonnerez cela ; cependant, je ne sors mes armes que lorsque cela en vaut la peine. Et vous, Madame, n'en valez, hélas, pas la peine.

Et elle ne mort pas à l’hameçon, bon, c'est reparti pour un tour de paroles désagréables, non mais bon sang pour qui se prend telle à la fin ? Anna laisse passer sa menace à peine voilée, pour le moment elle ne fait que parler, brasser de l'air et surtout emmerder le monde.

Qu'elle n'en vaut pas la peine ? Elle pourrait être surprise, enfin bref, pour le moment à part parler elle n'a rien fait, à se demander si elle sait se servir de ses armes, à moins que ce soit pour faire jolie. Anna regarda la femme, avec un air des plus neutre et son regard sondant son interlocutrice.

-La bataille est la plus magnifique compétition dans laquelle un être humain peut s'adonner. Elle fait ressortir tout ce qui est meilleur en lui ; il supprime tout ce qui est plat. Si vous refusez, contrairement à ce que certains diraient à ma place, je ne pense pas que ce soit par peur, non, moi je pense que soit vous ne savez pas jauger les gens, soit vous avec un surplus de confiance en vous. Dit alors Anna, avant de se retourner vers son verre et d'ajouter avant de le boire,

-Aucun combat n'est inutile et surtout, il faut accepter les défis afin de pouvoir sentir l'euphorie de la victoire.


Comment elle réagira ? Aucune idée, mais Anna comptait bien apprendre de sa réaction.

Je ne saurais dire si l'indésirable m'agace ou me divertit. Il me semble que je serais bien idiote de songer un instant que cette femme n'a guère les capacités de manier une lame ; néanmoins, si sa langue pauvre et sans relief est aiguisée à l'image de son épée, je ne crains certainement pas grand chose.

- Voilà plusieurs années que je ne ressens plus le besoin puéril et incongru de prouver à quiconque ma valeur ; l'euphorie de la victoire est une vision sommes-toutes fort étriquée. L'euphorie du combat me semble être une expression davantage pourvue de sens. A la lumière de mes derniers mots, vous comprendrez sans nul doute qu'un combat doit posséder du sens. Sortir mes lames contre vous n'en a aucun.

Mon thé parvient jusqu'à moi, et j'appose délicatement mes mains autour de la tasse.

- Allons ; avez-vous une estime si diablement faible de vous que vous ressentez la nécessité d'éprouver votre valeur aussitôt que l'occasion se présente ? Ou, à l'inverse, êtes-vous si férocement persuadée par votre supériorité qu'il vous incombe sans honte d'importuner chacun de ceux qui laissent apparaître une lame ?

De ces paroles, Anna peut déduire que le combat ne lui est pas inconnue, ses armes ne doivent donc pas être là pour décorer, néanmoins, Anna sent toujours de l’arrogance dans ces paroles, mais ça ne l'empêche pas de répondre avec calme malgré son exaspération.

-Après réflexion, je vous le concède, l'euphorie du combat est plus forte. C'est en combat que l'on se sent le plus vivant. Pour moi, un combat n'a pas forcément besoin d'avoir un sens, parfois, il a en un et c'est un plus.

Anna prend encore une gorgée de son verre, si seulement elle n'avait pas une attitude aussi exécrable, Anna pourrait peut-être l'apprécier, elle ajoute alors,

-Je n'ai pas une haute estime de moi-même, je cherche constamment à m’améliorer, néanmoins, si vous m'aviez écouté, ce n'est pas pour vous importuner que j'ai proposé un combat, mais pour un terme à notre discutions et ne plus avoir à supporter votre attitude.

A nouveau, je m'octroie le luxe de laisser un léger rire secouer ma poitrine.

- Quel âge avez-vous, mademoiselle ? Une vingtaine d'années ? Guère au-delà de la trentaine. Je vous concède tout à fait que l'âge ne fait guère l'expérience ; vous pouvez tout à fait être parfaitement douée ; peut-être bien que vous l'êtes davantage que ce que je ne pourrais jamais être. Soit.

Je lui adresse un regard désintéressé, avant de boire une nouvelle gorgée de thé.

- Les combats ne peuvent guère mettre un terme à tous les différends ; fort heureusement, par ailleurs. Nos terres sont bien assez teintées de sang comme cela. Quoi que je ne tienne nullement le sang en horreur.

Bien à l'inverse ; le sang provoque en moi de merveilleuses sensations. Cependant, je n'ai pas la moindre envie de commencer à faire couler celui de cette odieuse effrontée ; il serait fâcheux que je ne puisse guère plus m'arrêter.

- Ce combat, s'il semble vous tenir à coeur, ne saura mettre un terme à ce qui vous insupporte. Si vous souhaitez mettre un terme à cette conversation, vous n'avez plus qu'à ignorer ma présence. Rien ici ne justifie que je sorte ma lame. Laissez-moi en paix, désormais.

-C'est bien vrai, les combats ne peuvent mettre un terme à tous les différends, mais bon, n'est-ce pas l'arme à la main que l'on se sent le plus vivant ?

Anna ignore son regard, comme elle a ignoré son rire, elle pourrait en effet se contenter de l'ignorer, mais ce n'est pas la discussion qui l'importune, mais bien sa présence et son attitude, même si plus le temps passe et plus Anna s'en moque un peu, enfin, ça l'insupporte toujours, mais elle est... blasé ?

-Ce combat ne me tient pas spécialement à cœur, c'était juste une proposition, néanmoins, vous ignorer va être bien difficile avec la façon dont vous vous pavanez. Lâche finalement Anna.

La jeune capricieuse ne comprend-elle donc guère que ses élégies sont vaines ? Sans songer au temps qu'elle se fait perdre à elle-même, elle m'ennuie fortement.

- Ecoutez. Vivante ou non, morte ou presque, cela n'a guère la moindre importance. Je ne me bats jamais pour le simple plaisir de me battre ; si l'on sort sa lame pour la première occasion venue, cela n'a plus aucun sens. Cessez d'insister, vous n'obtiendrez que mon mépris.

Je redresse à nouveau la tête, et boit une nouvelle gorgée de mon thé.

- Et bien essayez davantage. Si mon aura et ma prestance dérange votre personne, je ne puis, hélas, point y remédier. Si vous faisiez l'effort de vous tenir droite et de redresser votre tête, vous auriez très certainement davantage d'allure. Quant à la beauté... Eh bien, si elle est suggestive, j'imagine que tous ne peuvent en être dotés.

Bon, soit elle n'écoutait que ce qu'elle voulait, soit elle était idiote, dans tous les cas, c'était désespérant, en effet, elle disait qu'Anna insistait alors qu'elle ne faisait que répondre aux paroles de la femme.

Anna commença à boire une gorgée quand la femme enchaîna, Anna faillit s’étouffer, elle reposa alors son verre et ne put s'empêcher de rire. Anna mit quelques secondes à se calmer et arriver à regarder la femme.

-Je connais des gens avec autant voir plus de prestance que vous et désoler de vous décevoir, mais votre aura n'est rien, je connais quelqu'un qui en a une véritable. Non, pour moi vous êtes juste une garce arrogante qui se cache derrière ses airs et son apparence de poupée, parce que je suis désolé, en effet la beauté n'est pas donné à tout le monde, mais les seules qui s'en préoccupent sont ceux qui ont quelque chose à compenser, de plus, avant de faire une remarque sur la beauté, assurez-vous de ne pas en avoir une assez commune. Dit alors Anna, avec un sourire en coin.

Non, belle, elle l'était, mais Anna connaissait des gens qui l'étaient autant... Non pas autant... Plus qu'elle et bien plus attirants, donc elle pouvait faire le paon à la saison des amours, cela ne sera que de la poudre aux yeux pour Anna.

J'aimerais pouvoir dire que ses mots ne m'atteignent guère ; néanmoins, quelque chose en eux me touchent profondément. Il ne s'agit certainement que d'un tas d'immondices, sans fondement ni vérité. Une série de provocations destinées à me faire perdre patience, et une moue agacée et méprisante s'affiche sur mon visage.

- Comment osez-vous me parler ainsi. Vous n'avez pas la moindre idée de ce que vous êtes en train de faire.

Je termine ma tasse de thé et la repose sur le comptoir en un geste vif.

- Fort bien. Finissons-en, puisque vous y tenez tellement. Je ne me laisserais pas insulter par une gamine tout juste sortie de l'oeuf.

Je me lève et je lui fais face, mes épées en vue. Elle désire se battre ? Je n'en avais pas la moindre envie, mais je ne puis permettre que l'on bafoue mon honneur et ma dignité ainsi.

Anna pensait réellement ce qu'elle a dit. Elle ne peut pas s'empêcher de sourire quand elle aperçoit du coin de l’œil que ses paroles ont touchés leur cible en plein cœur. Elle savait parfaitement ce qu'elle faisait, elle tentait de ramener sur la terre ferme quelqu'un qui était arrogant et exécrable. Anna n'avait donc aucune gène à lui parler ainsi.

En finir ? Enfin ! Anna finit donc son verre cul-sec avant de se lever à son tour et de faire face à la femme.

-Très bien. Allons dehors, nous n'allons tout de même pas dévaster cet endroit. Dit alors Anna. Elle attendait maintenant la réaction de la femme.

Cette fois-ci, je ne dis mot. J'ouvre la marche, fière et droite. Cette gamine ne doit guère avoir plus d'une vingtaine d'années. Personne ne lui a donc appris le respect ? Cela ne me sied guère de devoir le lui apprendre. Si elle était ma fille, j'aurais profondément honte d'un comportement tel que le sien. Remontée, sans pour autant perdre quoi que ce soit de mon professionnalisme, je dégaine mes épées, et les fait tournoyer devant moi.

Anna suit la femme qui ouvre la marche. On a bien appris le respect à Anna, mais ça, elle l'a oublié, malgré tout elle est assez respectueuse d'habitude, néanmoins, Anna considère que la femme ne le mérite pas pour le moment.

Anna se positionne en face de la femme et dégaine également son sabre, puis elle se met en garde. Elle était dans une posture très offensive, en effet, elle comptait attaquer en première et surtout aller dans l'idée que se faisait peut-être la femme sur Anna, qui serait une gamine sans expérience qui fonce tête baissée. Elle observa quelques secondes son adversaire avant de passer à l'attaque.

Anna commença son attaque par une feinte, faisant comme si elle allait faire un coup latéral pour presque au dernier moment ramener son sabre vers elle et tenter de donner un coup d'estoc. Anna tentait de prendre l'initiative, si elle arrivait à dicter ses mouvements à son adversaire elle aurait gagné, néanmoins, tout était encore possible, après tout, le combat ne faisait que commencer.

Je me mets en garde, parée à me battre contre cette enfant irrespectueuse. Elle initie le combat, passant à l'attaque au moyen d'un coup agressif et vif. Je note d'ores et déjà la puissance de ses mouvements ; avec un sourire assuré, j'entame ma danse mortelle. Mes épées parviennent à contrer son coup, et je puis me dégager suffisamment vivement pour ne pas la laisser me dicter mes actes.

Aussitôt, je passe à l'offensive. Je tournois avec grâce et volupté, une épée dans chaque main ; ma lame droite virevolte à hauteur de son visage, tandis que la gauche tente de percer ses défenses et ainsi d'atteindre son buste.

Loupée, elle a réussi à parer et à se dégager, dommage. Elle repasse alors à l'offensive, pouvoir viser deux endroits différends, c'est l'avantage lorsque l'on a deux sabres ! L'attaque est rapide, Anna ne parvient pas à parfaitement parer le coup à temps, même si au final elle ne s'en tire qu'avec une légère entaille au visage et une un peu plus profonde sur le flanc de son buste, rien de grave pour le moment, merci aux réflexes câblés.

Anna tente alors de légèrement se dégager avant de repartir à l'assaut. Ce n'est pas ces blessures qui vont la décourager.

Mes lames entaillent légèrement la peau de l'impertinente, et cela m'enorgueillit d'avantage. Voilà qui pourra sans nul doute calmer l'insolente. Cependant, le combat n'est guère terminé, et je dois bien avouer qu'elle n'est nullement mauvaise combattante. Il me faut demeurer sur mes gardes. Je parviens à esquiver le nouvel assaut de la demoiselle, et je profite de la force qu'elle dégage pour la tourner à mon avantage, tentant de l'entraîner dans ma danse. A nouveau, mes lames volent en sa direction, et je tournoie.

La calmer ? Non, au contraire, même si pour le moment Anna n'a pas l'avantage, elle apprécie ce combat, elle en souris même. Son attaque est esquivée et à nouveau les lames de son adversaire volent dans sa direction, mais cette fois si, Anna ferraille quelques secondes avec son adversaire avant que celle-ci reprenne finalement l'avantage et lui fasse une entaille sur le bras.

Ce n'est toujours pas bien grave, mais ça fait déjà trois coups pour son adversaire et aucun pour Anna, celle-ci toujours complétement concentré sur le duel, se met cette fois-ci dans une posture défensive, mais toujours avec le sourire. Elle compte attendre le coup de son adversaire pour riposter et surtout, peut-être lui faire penser qu'elle a le dessus, ce qui, d'un certain point de vue est le cas.

Je demeure concentrée sur le combat. L'espace d'un instant, aussi court fut-il, je l'ai sentie entrer dans la danse que je mène. Mes deux lames fendent l'air, jamais à tort. Force est de constater qu'elle s'en sort plutôt bien, et ce, à bien des égards ; le combat semble égal, bien que mes deux lames puissent paraître supérieures à sa simple épée. Une nuance au creux de ses gestes me permet de songer que mes deux épées ne permettent que d'égaliser le combat ; bien que j'ai l'avantage pour l'instant, bien que nos lames hurlent les unes contre les autres, bien que quelques traînées sanglantes habillent déjà le métal froid de mes épées, je ne puis ignorer l'ardeur de ce combat. Je ne laisse pas le plaisir m'envahir pour autant ; laisser la main libre à la passion semble être le meilleur moyen de perdre le contrôle.

Le combat continu, les lames s’entrechocs, mais personne ne semble prendre l'avantage pour le moment. Anna redouble d'efforts, son adversaire à deux épées, alors qu'elle n'a qu'un sabre, néanmoins, elle possède un atout que son adversaire ne semble pas connaître, des réflexes câblés.

Anna tente de reprendre le dessus sur son adversaire, concentrant ses attaques de façon à viser ses bras et de temps en temps ses jambes, si elle gène son adversaire dans ses mouvements la suite du combat pour celle-ci n'en sera que plus difficile.

Alors même que le combat se déroule admirablement bien jusqu'à présent, je perds le contrôle un instant. Je n'ai le temps que de grimacer lorsque je sens la lame de mon adversaire entamer ma chaire. Je m'arrache du baiser froid de son épée, tournoyant sur moi-même en l'espoir d'avoir un instant pour apprécier la gravité de la blessure. Elle saigne abondamment. Néanmoins, la gêne demeure faible. Je puis tout à fait poursuivre le combat. La rage au coeur, mes épées virevoltantes, je me jette par surcroit à corps perdu dans ce combat.