# 2 - Je ne vois pas de quoi vous voulez parler ...

Cesare n’aurait pas cru apprécier le spatioport d’Hope. Il représentait l’ensemble de ce qu’il détestait dans la société moderne : ordonnée, calme, dans les rangs, chiante quoi. Pourtant, il y avait découvert deux trois petites choses assez drôles. Il y avait quelques réseaux de hackers intéressants, notamment un dont le jeune homme aimait particulièrement le côté « brûlons tout-et-nous-verrons après ». Ils auraient pu être anarchistes comme lui si ce n’était pas de la simple folie destructrice. Il y avait également quelques petites organisations criminelles qui, à côté de l’officiel casino, organisaient des parties très intéressantes de jeux locaux très étranges.

Le jeune avait également rencontré un homme très sympathique. Très petit, il était toujours accompagné d’un gros malabar l’air menaçant, mais très bête. Ils avaient discuté pendant quelques minutes des restrictions portuaires de la ville notamment sur certaines denrées rares. Une fois lancé difficile de l’arrêter, Cesare avait trouvé le moment approprié pour une longue tirade sur l’imbécillité des systèmes d’organisation étatiques et de la bêtise de l’ordre face à la liberté absolue qu’offrait le chaos. Même si le petit homme l’avait écouté jusqu’au bout, il n’en était pas plus convaincu, mais, l’ayant à la bonne, il lui proposa de participer à un petit pari. Attirant son attention (facile sur ce genre de sujet), il lui parla d’une course de speedracers et qu’il avait un bon sentiment concernant l’un des coureurs. La mise devait être très grosse, mais les risques minimes. Peu engagé par quelque chose aussi plan-plan, Cesare proposa autre chose : miser le double sur la défaite dudit coureur.

Avec le recul, c’était certainement une mauvaise idée... Surtout quand on n’y connaît rien dans les speedracers. Le jeune homme avait tout de même sa petite idée de la manière dont il allait s’y prendre pour éviter de perdre trop d’argent.

Le soir même il se dirigea vers les circuits, ils étaient souvent bondés. Beaucoup de lumières, beaucoup de gens dans les estrades. La fameuse course n’était que pour le lendemain, ce n’était que là que des tours d’amateurs. Discrètement, il se dirigea vers les écuries dans lesquelles se trouvaient les machines bichonnées pour le lendemain. En se connectant à une console, il put rapidement identifier le box du favori et se dirigea rapidement vers celui-ci.

Il n’y avait que très peu de monde, quelques mécanos trop occupés sur leurs racers pour faire attention à Cesare. Il avait, il faut le dire, un physique assez passe-partout et sa capuche fermement coincée sur sa tête le rendait — presque — invisible dans les ombres de la nuit. Le jeune homme se rapprocha de la machine en question, rouge et blanche, et déposa ses quelques outils dessus. Il brancha quelques câbles à des endroits clé puis tenta de déchiffrer le charabia qu’il voyait directement devant lui grâce à ses prothèses. Il n’y connaissait vraiment rien en sport...

Vraiment, le sport n’était pas mon affaire. Il y avait des fils partout et très peu d’interface informatique de sorte que j’étais là en terrain inconnu. Comment pourrais-je me débrouiller pour rendre cette machine ... Disons « moins utilisable » ?

Perdu dans mes difficultés, je n’avais pas remarqué la présence proche d’une autre personne. Lorsque sa voix se fit entendre dans la zone, mon corps entier se redressa, mes muscles tendus, prêt à fuir ou à me battre. La tension baissa néanmoins lorsque mon interlocuteur s’adressa à moi comme à un technicien des plus banal.

Tournant les talons, j’observai celui qui m’avait adressé la parole. Il s’agissait d’un jeune homme de la même génération que moi au visage sévère bien que marqué par une forme de féminité. Jetant brusquement ma capuche du haut de ma tête, j’avais légèrement baissé la luminosité de mes yeux afin de ne pas attirer plus l’attention.

« Oh ... » Dis-je, un léger sourire en coin « ... Vous savez, je ne fais que ce que l’on me demande et rien d’autre ... ».

Je m’approchais doucement du jeune homme.

« Mais ... vous pensez pouvoir le battre ? Fils dans le cul ou non ? »

La question était bien sur intéressée. Si le jeune homme pouvait me prouver son avantage par rapport au favori, alors il me serait inutile de trafiquer son engin. Moins de travail, autant de bénéfice, cela ne pouvait être qu’un pari gagnant.