Ce qu'il y a dans l'ombre... [Zélio & Raedhun]

Je le regarde sans trop réagir, mais je souffle ma fumée en l'air et prend le temps de recommander un second scotch. Ce gars-là, il est pas commun. Personne n'aurait osé dire quoi que ce soit devant un refus de dévoiler son identité. J'hausse les épaules.

- C'pas une question de savoir ou pas qui je suis vraiment. De toutes façons, Waalan est toujours avec moi, et j'crois bien que tu croiseras pas souvent des dames avec un serpent accroché au cou ou collé aux basques. En me montrant ici, je me mets déjà à nu. J'pourrais bien te donner mon nom complet, mon adresse, mon boulot, ça changerait pas grand chose. Tu peux m'appeler Rae, si ça te chante.

Je prends encore le temps de savourer mon pétard - putain, je l'ai chargé celui-là.

- J'ai fait peut-être mille de ces soirées, et t'es le premier à demander un prénom. C'est pas un truc qu'on fait ici, et d'habitude, tout le monde s'en fout. Mais t'es pas comme tout le monde, hein ?

Voilà c'est bien elle commence à le cerner. Ce qui n'est pas forcement bien compliqué. Alors il sourit à nouveau.

- Rae... c'est parfait. Simple et je devrais m'en souvenir. dit-il avec à nouveau de l'énergie dans sa voix plus que de la sauvagerie. Et les conventions sociales, les habitudes et les normes... ça me fatigue souvent et je préfère généralement passer outre.

il réfléchit à sa dernière question.

- Non. Il semblerait que je ne sois pas comme tout le monde. J'ai une fâcheuse tendance à me démarquer naturellement de la foule. Et quand c'est pas naturel... et bien je mets un point d'honneur à le faire exprès.

Il y a longtemps qu'il a abandonné l'idée même de se fondre dans la société. Il n'est pas vraiment à sa place où que ce soit même si les gens l'apprécient généralement. C'est une situation un peu étrange. Mais il la vit plutôt bien. De toute façon maintenant que sa fille est morte ce n'est plus très important.

- Et puis je crois une personne intéressante pour une fois. Autant que j'ai un prénom, c'est moins impersonnel. ajoute le combattant.

Elle fume de la drogue par contre et l'odeur l'incommode un peu au point qu'il finit par froncer le nez.

Je lève un sourcil en le regardant.

- Tu passes outre les conventions, mais tu parades au milieu des plus grands notables de la ville ? Remarque, je suis un peu comme toi, sauf quand c'est bon pour mes affaires de s'y coller.

Je secoue légèrement mon haut a décolleté plongeant, faisant tinter quelques pièces.

- Ca vaut bien quelques sacrifices.

En fait, c'même pas l'argent qui vaut ces sacrifices. C'est de pouvoir pomper tous ces riches totalement déconnectés de la réalité, les asséchés un peu plus à chaque fois, jusqu'à un jour les retrouver dans la rue avec les autres. J'en jouirais presque.

- J'aime bien parfois, me fondre dans le décor, mais j'pourrais presque t'envier cette capacité-là. T'as l'air de te faire plaisir, et tu rends de compte à personne pour ça. Après, toi comme moi, on a choisi au moins en partie la vie qu'on mène, même si j'imagine qu'il y a eu un moment où on n'a pas vraiment eu le choix.

Je crache ma fumée par le nez, cette fois.

- Qu'est-ce qu'il y a de mal, selon toi, à pas se démarquer ? Mise à part que c'est souvent terriblement chiant, bien sûr.

J'hausse à nouveau les épaules, et je croise mes jambes, en balançant mes pieds nus devant moi. D'une main, je tripote mon collier.

- J'aurais pu mourir d'ennui ce soir, avant que tu débarques sur scène. Tu fais une drôle de tête, y a un truc qui va pas ?

Il regarde le joint avec un air très clair sur le visage.

- ton truc sent vraiment pas bon. dit simplement le combattant.

Il sourit par contre à son autre question.

- il y a aucun mal... au contraire presque. Juste que je suis pas né pour ça. Me fondre dans le moule et baisser la tête. Résultat j'ai parfois tendance à en faire trop dans l'autre sens. dit simplement le combattant. Et accessoirement j'aime bien me battre.

Je regarde ma clope fixement. De la fumée s'en échappe. J'en arrive déjà à plus de la moitié. Putain, c'que ça se descend vite ce truc.

- Ca ? Ouais, je l'ai trop chargé. On approche de la fin de soirée, je fais plus trop gaffe aux proportions. Mais celui-là, c'est le basique de chez basique. T'en sens à tous les coins, ici.

Déjà il veut savoir mon prénom, après il me dit qu'il aime pas la drogue... Si jamais c'était pas un combattant, je me demanderai sincèrement ce qu'il fout ici.

- Si t'aimais pas te battre, t'aurais vraiment raté ta vocation en étant un putain de combattant. Je serais curieuse de te voir combattre à nouveau, tiens. J'aime ça, regarder les autres se battre, surtout quand ils le font pour moi. (Je lâche un espèce de petit rire bref et sec) Mais moi, ça fait des années que j'ai plus mis mon poing dans la gueule de quelqu'un.

De ma main libre, je continue à tripoter mon collier. Waalan s'est calmée, et elle a sa tête posée sur une de mes épaules.

- T'es un nerveux, toi. Tu te feras vite remarquer par ici, si c'est pas déjà le cas. J'imagine que t'acceptes plutôt bien d'avoir les lumières sur toi. Faut s'attendre à ça, quand on aime pas se fondre dans le décor.

Il hausse les épaules. Le monde est ainsi fait qu'il s'attire souvent des ennuis à cause de sa grande gueule. D'un autre côté il est malin et dispose de quelques cartes subtiles dans sa main.... enfin il disposait avant. Il va être nécessaire d'en trouver de nouvelle.

- je suis pas nerveux. Je déteste juste qu'on me dise quoi faire ou qu'on se prenne pour quelqu'un de supérieur à moi. dit tranquillement le combattant. Et je suis l'homme le plus rancunier du monde.

Je l'écoute d'une oreille, je l'avoue, peu attentive. J'écrase la fin de mon joint - il reste pas grand chose à écraser, j'suis allée loin là.

- Mmh-mmh. C'est sûrement ce côté rancunier qui t'a poussé à changer d'univers pour régler une affaire. Tu ferais certainement un bon camarade de travail.

Je me lève, j'ai la tête qui tourne un peu. Waalan roule sur moi en sifflant, mécontente d'être secouée comme ça.

- Ouais bon, ça va hein, que je lui fais.

Puis je me reconcentre sur le type.

- Zélio, c'est ça ? Ca te dirait d'aller prendre l'air ? On étouffe dans ce putain d'fumoir.

Il sourit tranquillement à l'évocation de lui en camarade de travail. C'est pas ce que disent ses camarades qui ne rêvent que d'une chose, ne plus travailler avec lui. Mais il ne leur en veut pas. Dans l'ensemble il les comprend.

- les gens que je connais seraient de désaccord avec ça. Il parait que je suis trop imprévisible pour être un camarade de travail agréable. dit Zélio en haussant les épaules. Mais ouais la rancune peut me faire traverser la galaxie histoire de mettre les poings sur les i.

Il montre ses poings en l'occurrence pour faire comprendre le jeu de mot. C'est pas terrible mais ça l'amuse quand même.

En route pour un endroit moins enfumé alors. dit-il simplement.

Il n'est pas difficile pour ça et de toute façon la fumée l'incommode grandement en général.

Je passe une main précautionneuse dans mes longs cheveux blonds attachés en un chignon serré. J'ai quelque chose qui ressemble à un vague sourire à l'entente de sa blague. J'le trouve sympa et drôle, ce gars. C'est rare de croiser ce genre de type dans ce genre de soirées.

- J'aime ce qui est imprévisible. C'est peut-être mon petit côté tête brûlée, qui sait. Mais j'comprends que ça fasse chier tes camarades. Entre nous, y a toujours un truc dans le comportement qu'on peut avoir qui fait chier les autres. T'sais, on est jamais assez bien ou on est toujours trop, blablabla.

Je lève les yeux au ciel et soupire.

- C'que les gens peuvent être barbants.

Et puis, lui et moi, on se dirige vers la sortie. Mes pieds nus claquent un peu sur le sol froid, et Waalan est calme. Je vais vers la porte, je l'ouvre et puis j'ouvre grand mes bras en poussant un soupire de satisfaction quand je sens la fraîcheur de la nuit sur ma peau presque nue.

- Ah putain, ça fait du bien. Mais j'y pense, t'avais prévu un truc, après ton combat ?

Elle a raison, souvent les gens sont barbants. Mais bon elle se balade avec un serpent en écharpe dont rien que pour ça c'est compliqué de la mettre dans cette catégorie. Il la suit donc à l'extérieur et profite de l'air frais lui aussi. Il aime bien l'extérieur, d'ailleurs ses entraineurs successifs en ont tous fait les frais. Il préfère s'entrainer en extérieur loin de toutes les machines ultra technologiques.

- Je reconnais que c'est mieux que l'intérieur et surtout qu'ici il n'y a pas de bulle. C'est vraiment bien. dit-il alors qu'une fois de plus il se surprend a apprécier cette planète.

- je prévois rarement des choses après mes combats. Je suis pas toujours en état pour faire quoique ce soit.

J'suis bien d'accord avec lui.

- J'ai passé toute ma vie ou presque sur des planètes avec un vrai atmosphère. Les planètes à bulle, je m'y fais toujours pas. Rien que pour l'odeur et le vent. Ca, c'est des trucs qu'on peut pas remplacer sous une putain de bulle.

Et comme je pense pas retourner à l'intérieur, je me permets de me détendre un peu, de faire rouler mes épaules, de prendre une grande bouffée d'air frais. Et puis, je détache mes longs cheveux blonds ondulés, et je les secoue. Waalan tire la gueule. Elle aime pas se faire secouer comme ça.

- Ben ton adversaire de ce soir devait être sacrément nul, alors. T'as l'air en pleine forme. Presque trop facile pour toi, hein ?

Trop facile... les amateurs ne se rendent pas compte.

- loin de là. Mais c'est le genre d'adversaire quitte ou double. Si tu te rates il te détruit en quelques coups. Donc tu dois rester concentré sur chacun de tes gestes et sur ta stratégie de combat. C'est très usant nerveusement. Et c'est pas passé loin qu'il me rétame. Mais j'ai été plus intelligent que lui. explique Zélio.

Il en profite aussi pour humer l'air et sentir le vent sur son visage. Ici c'est l'odeur de Renaissance qu'on peut sentir. Trop haut pour que la petite pollution de la ville vienne déranger. L'UC semble faire attention pour limiter cette dernière d'ailleurs. Mais c'est peut-être une idée qu'il se fait.

Je l'écoute attentivement parler de son combat. On voit direct qu'il aime ça, se battre.

- J'te l'ai dit, j'y connais que dalle en combat comme ça. Je constate juste que tu t'en es assez bien sorti pour soutenir une conversation avec moi, et c'est déjà un exploit en soi, il parait.

J'ai envie de ressortir de quoi rouler une autre clope, mais je le fais pas, par respect pour l'air pur qu'on respire. Ca fait du bien aussi, de sentir autre chose que cette merde roulée.

- Ca fait longtemps que tu te bats comme ça ? Et puis d'ailleurs, c'est quand ton prochain combat ? Si j'peux me libérer, je viendrai sûrement te voir. C'était divertissant, quoi qu'un peu court. Enfin, j'imagine que de ton côté, ça paraît toujours long. Le temps, il passe différemment quand on est au coeur de l'action, les veines remplies par l'adrénaline. C'est ça que ça doit te faire, nan ? Tu sens ton coeur battre plus vite, tu sens que tout ton corps est boosté, t'as l'impression que t'es plus fort et tu sais pas comment ça peut finir.

Bon pour le coup elle est pas trop loin du compte là. Et il acquiesce de la tête au fur et à mesure.

- tu es pas loin du tout du compte. Même si je suis plus discipliné que ça. Je cherche à bannir toutes formes d'émotions pour devenir une machine humaine. L'instinct de l'homme et la précision de la machine. C'est ce qui fait un bon combattant. Toutes les autres recettes c'est du cinéma. explique Zélio.

Il ne sait pas quand et où sera son prochain combat. Il fait attention de limiter les combats à un par mois en général. Plus c'est prendre des risques inconsidérés. Déjà qu'un par mois c'est trop.

- aucune idée pour mon prochain combat. dit-il simplement.

Je le regarde à travers l'obscurité, en caressant à nouveau la tête de Waalan. Il fait frais, mais ça me fait du bien. Le jour va pas tarder à pointer, mais je me sens pas fatiguée du tout. Il y a une autre soirée comme ça dans quelques jours, alors je suis en vacances jusque là. Ca me laisse pas le temps de faire un aller-retour jusqu'au Crust, et la prochaine soirée est trop importante pour que je la rate.

- L'homme machine. Ouais, ça sonne pas trop mal. Mais si t'es pas à la recherche de sensation, c'est quoi que t'attends de ces combats-là ?

Et puis à nouveau, je hausse les épaules.

- C'est pas bien grave. T'as fait suffisamment sensation ce soir pour qu'on parle un peu de toi. Je suis certaine que je serai mise au courant de la suite de ton parcours.

Il sourit tranquillement. Les sensations...c 'est vrai qu'il en a pas parlé.

- avant d'entrée dans l'arène... la peur te prend au ventre alors que l'adrénaline t'excite. C'est un moment que j'apprécie. Sinon il y a aussi l'instant où l'autre est mis hors combat. Tout ce que tu as retenu en émotion jailli soudainement et déborde violemment. Les sensations sont là. Puissantes. dit-il tranquillement.

- et toi ? tu es restée vague sur tes activités. demande Zélio.

Je me contente de regarder dans le vague, aussi loin que mon regard puisse porter, tandis qu'il m'explique ce qu'il ressent. Et je dois avouer que c'est très similaire à ce que moi je ressens pendant ces soirées-là. D'abord, la peur légère, rapidement étouffée par l'adrénaline. Puis, dans le vif de l'action, rien d'autres que les gestes, le professionnalisme. Ce côté machine que je trouve aussi chez moi. Et quand les ventes sont faites, quand j'ai séduit le ou la cliente, quand j'ai aspiré les biens de ma proie, l'euphorie, accompagnée de toutes les autres émotions.

- Je suis vendeuse, que je dis simplement. Je comprends bien ce que tu me décris. Je ressens la même chose, en sommes, quand je rentre dans ces soirées-là. Dans l'arène, comme tu dis, même si c'est plus figuré pour moi. Tu vas peut-être trouver ça bizarre, mais ça m'aide à me sentir vivante, d'une certaine façon. J'suis pas le genre de nana à apprécier une petite vie tranquille, bien rangée, sans danger, sans action et d'un plat mortel. J'aime l'aventure, l'inconnu, l'imprévu. J'aime l'adrénaline, la nouveauté, j'aime l'insécurité. C'est ça aussi que ton combat m'a fait éprouver, je crois. Jusqu'au dernier moment, on savait pas trop si t'allait perdre ou gagner. J'ai misé tout ce que j'ai gagné dans ma soirée sur toi, sans savoir l'issue du combat, sans même y connaître quoi que ce soit. Et t'as été bon pour faire durer ce suspens-là jusqu'au bout.

Elle vit des trucs étranges en vendant... de la drogue certainement. Sinon quoi d'autre, vu que ses charmes correspondent pas vraiment à la description de son activité. Marchand de mort. D'un autre coté elle vend ça à des riches membres de la hautes sociétés. Et ça sa moralité à géométrie variable est prête à passer l'éponge. Presque il encouragerait. Presque.

- tu vends que dans ce genre de soirée ? demande Zélio. Et c'est mon travail que de donner des sensations à ceux qui regarde. Je le fais bien généralement. Encore que là je suis resté sobre. Parfois je deviens une bête féroce, les clients aiment ça.

C'est pas vraiment un jeu d'acteur quand il passe en mode sauvage. C'est toujours quand quelque chose le contrarie au plus au point. Bien sur il ne perd jamais le contrôle. Les conneries de berserk c'est bon pour les films ou les mecs camés jusqu'à la moelle. Et encore ça change juste la stratégie à adopter. Tenter de les mettre KO par des moyens standard fonctionne pas. Mais une fois les deux jambes brisées les camés avec beaucoup de muscle font comme la physique les y oblige. Ils rampent.

En tant normal, j'aime pas trop parler de mon activité, mais j'dois bien avouer que je suis plus très claire et que parler avec lui, c'est d'une simplicité étonnante.

- Ouaip'. Que dans ce genre de soirées, où t'as tout le gratin de la société qui dépense son pognon sans compter pour des activités plus que douteuses. Et même parfois, t'as des notables qui me reconnaissent dans la vraie vie, et j'suis obligée de leur expliquer gentiment qu'ils auront rien de moi ailleurs qu'ici. Faudrait que tu vois la gueule qu'ils tirent. Quelque chose me dit que t'adorerais ça.

A nouveau, je le regarde lui.

- T'es bien le seul ce soir qui devait être sobre, je dis ironiquement. Qu'est-ce qui fait que ce soir, t'étais pas une bête féroce ?

- personne ne m'a énervé. C'est pas du chiqué quand je m'énerve, une part de moi désire vraiment écharper l'autre. Heureusement la machine en moi garde les commandes, sauf que tout est fait de manière plus sauvage. explique Zélio.

C'est ce qui fait qu'il n'est pas resté dans un monde de noble. C'est en lui depuis tout petit et seule sa fille est parvenu à calmer ça. Mais elle n'est plus là.

- J'imagine que les blessures, ça doit arriver souvent. T'as déjà tué ?

Je demande d'une voix sobre, détachée. La mort, je connais bien ça. Ca arrive pas souvent, mais on a des règlements de compte parfois. C'est souvent Rob' qui s'en occupe, ou les autres.

- Eh, tu me montres comment tu fais ?

Je lève les poings devant moi et je sautille sur place face à lui, comme une combattante prête à frapper.

Ah... une question commune, étrange venant de sa part à elle. D'un autre côté ça ne le surprend pas.

- pas sur un ring ni dans l'arène. dit-il simplement. C'est pas des combats à mort, ça poserait trop de problème si les spectateurs se faisaient attraper. Et personne ne gagne systématiquement alors je serais pas là pour en parler si c'était des combats à mort. Pour le reste je contrôle plutôt bien ma force et j'ai tué personne par accident non plus.

Par contre en dehors du ring... il est sans doute la créature la plus rancunière au monde. Et il ne lâche jamais l'affaire. Jusque-boutiste violent et impitoyable. Mais ça c'est une autre facette de sa personnalité, une qu'il n'étale pas au grand jour.

Il la regarde sautiller en garde devant lui et se dit soudainement qu'elle doit être quand même pas mal intoxiquée.

- non. dit-il simplement. Il n'y a rien a montré.

Sa réponse me parait logique. Il l'a pas tué, le type qui se battait contre lui.

- Ca veut dire qu'en dehors oui ? Enfin, tu me diras, je m'en fous. On peut pas venir ici et avoir les mains propres. Tant que tu viens pas foutre ton nez dans mes affaires, tu peux bien buter qui tu veux.

Puis, je baisse les poings et je hausse les épaules, ni déçue ni surprise par sa réponse. Il a pas l'air d'être de ceux qui se battent sans bonne raison derrière, quelle qu'elle soit. J'suis pas une combattante, alors ça doit pas être intéressant pour lui.

- Dommage. J'étais chaude pour que tu m'éclates, je dis sobrement.

Un peu plus loin, y a un carré d'herbe qui me fait de l'oeil depuis tout à l'heure. Elle doit être fraîche et douce sous les pieds. Oubliant presque qu'on était en pleine conversation, je m'avance vers l'endroit.

Zélio a l'impression qu'on me prend pour ce qu'il n'est pas ... d'un autre côté il a tué des gens. Il hausse donc les épaules.

- je suis pas un tueur... mais je me défends et je cogne dur. Je garantis pas que les gens qui m'agressent survivent lorsque je les cogne. dit-il simplement.

En fait il contrôle bien ce qu'il fait et n'a que très rarement tué sans le vouloir. Il comme il n'a pas souvent voulu. Il a pas tué grand monde au final. Soudainement elle se barre et le laisse en plan pour ce diriger vers un coin d'herbe. Elle est perchée quand même la donzelle. Il suit parce que de toute façon il n'a rien de mieux à faire. A part dormir peut-être.

Et alors que je me dirige dans l'herbe, il m'arrache un autre rire sec et bref.

- Y en a beaucoup, des gens qui t'agressent ? je fais, un brin moqueuse. Avec le physique que t'as, faut être complètement con.

Je me stoppe dans ma progression, et je le regarde.

- J'ai pas dit que t'étais un tueur, l'homme machine. T'as pas la gueule d'un tueur. J'ai simplement dit que tu fais bien ce que tu veux, moi je m'en bats les ovaires avec une paire de sandales dépareillées.

Et puis j'arrive dans l'herbe et je profite de la sensation que ça fait sur mes pieds. J'ai même pas pris la peine de mettre mes chaussures de bourge, pour cette soirée-là. Personne m'en a tenu rigueur, remarque.

- Tu sens ça ? Les odeurs, et puis la sensation de la terre sous tes pieds... Y a rien de mieux que la sensation de la terre sous ses pieds.

Il se pose à côté d'elle et l'écoute parler. Il a tort.. la violence attire a violence. Donc il se fait agresser assez souvent. Généralement pas des gars à qui il explique gentiment d'arrêter leur connerie.

- J'aime pas les cons, alors j'ai tendance à leur dire quand ils font de la merde. A pas détourner le regard. Des grands costauds qui tombent de haut j'en connais plein. Il y a pas écris sur mon front que je peux gérer 4 ou 5 gars pas entrainés en même temps. Certes avec des bleus et des bosses pour moi. Mais ça passe.

Elle ne le prend pas pour un tueur et c'est tant mieux. Parce qu'il en est pas un.

Il regarde ses chaussures et définitivement ne sens rien au travers.

- Mm... les odeurs oui. La terre sous mes pieds n'arrivent pas à communiquer avec moi. J'ai des chaussures. annonce-t-il pragmatique. Mais plus sérieusement je vois ce que tu veux dire. J'aime ça aussi la nature.