Fat Faulcon

Tout est moins dangereux que la Légion surtout du point de vue d'un légionnaire alors je me fais pas de soucis, je m'attends pas à être contredite là dessus. Et pourtant, il grogne et me parle de mon âme. Je ris. Martin c'est un nom de trinitaire non ? J'aurais du m'attendre à ce que ce genre de truc ressorte un jour.

"Mon âme va bien. Ma vertu aussi au cas où vous vous poseriez des questions." J'ai limite envie de lui faire un clin d'oeil mais je me retiens. S'il en parle à mon père, après, je vais avoir des ennuis et j'ai pas plus envie que ça qu'il me fasse la morale. C'est qu'il espère toujours me marier le vieux.

Sa vertu ? Qu'est-ce que sa vertu vient faire dans l'affaire. Autant il peut s'inquiéter de savoir si elle va pas terminée pirate. Autant il s'en fout royalement des amants divers et variés qu'elle a pu avoir. Ca c'est le problème du Vieux et pas le sien.

- Ta vertu m'indiffère. précise Enguerrand de sa voix froide. Je m'inquiète plus de la nature profonde de l'Albatros est du fait que tu sembles y être ... épanouie ?

Être bien au sein d'un navire réputé toujours pirate dans l'âme est un signe. Après ça ne veut peut-être rien dire. Il va falloir trouver un Exalté. il soupire intérieurement. Ca courre pas les rues.

J'éclate à nouveau d'un rire joyeux. Oui, j'aime l'Albatros, c'est agréable de pouvoir vivre de ma passion sans me faire engueuler sous prétexte qu'on voit le col de mon t-shirt blanc sous le col de ma chemise. J'aime à me balader en sandales au lieu des escarpins pourri de l'uniforme de cérémonie. J'aime dire ce que je pense, à qui je veux, comme je veux. Après, épanouie c'est beaucoup dire. Je suis corsaire. Et pour les corsaires je reste militaire. L'ombre du vieux éblouit mes camarades qui, pour beaucoup, se méfient toujours de moi. Chaque preuve de loyauté que je donne n'est qu'un engrais pour leurs suspicions. Mais surtout je suis contente partout.

« C'est parce que je m'entends bien avec moi-même ça. Du coup je suis bien partout. J'étais pareil dans l'armée régulière et je me sens aussi à l'aise en salon à écouter les gens jouer aux marionnettes. » Je pourrais d'ailleurs mal prendre sa petite inquisition à Martin mais même pas, ça m'amuse de le voir s'inquiéter de moi pour mon père. Le pauvre. « Vous n'aimez pas les corsaires je suppose ? »

De pire en pire.... elle s'entend bien avec elle-même et s'adapte donc à tous les environnements pour y trouver son compte d'une façon ou d'une autre. Il soupire.

- Je m'entends bien avec moi même et il n'y a que les imbécile que je déteste. Certains sont corsaires, d'autres membres des Faction, on en trouve chez les pirates et encore plus chez les criminels... je n'aime pas les criminels. explique le guerrier.

Les criminels rassemblent suffisamment de personne sans fois ni lois qu'il peut se permettre de généraliser. Il n'aime pas cette engeance qui ne respecte rien d'autre que la force. Etrange pour un homme qui est au pinacle de son art meurtrier. Mais il a toujours vu ses compétences comme une outil pour une cause. Les criminels n'ont pas de cause.

Je sais pas ce qui le déprime autant, le vieux qui boude. Il préfèrerait que je lui dise que je suis malheureuse, que je regrette, que je pleure tous les soirs dans mon lit en maudissant les affectations pourries ? Moi ? Genre il m'a regardée ? Quand bien même ce serait vrai – et ça l'est pas faut pas croire – ben jamais je n'avouerais mes faiblesses à un type que tout ce que je sais de lui c'est qu'il dit connaître mon père. J'suis ptet un brin insouciante mais j'suis pas folle pour autant.

« Ouais les criminels y a pas beaucoup de militaires qui les aime bien hein. » Moi y compris. Ouais ouais je bosse pour des corsaires mais c'est des CORSAIRES, pas des saloperies de meurtriers à la con qui visent ce qui bouge sans réfléchir plus loin que le prochain massacre.

« T'as l'air triste tu sais. Y a un truc que je peux faire pour réduire tes rides ou c'est aussi irréversible que les cheveux blancs du vieux ? Des criminels qui t'ont fait des misères récemment ? »

La petite ne sait pas qui il est visiblement. Genre vraiment pas. C'est parfois amusant de croiser ce genre de personne. Toujours est-il qu'elle semble contente de son sort ce qui n'est pas une chose positive pour le Vieux.

- les criminels m'évitent généralement. dit-il simplement. Je ne suis pas triste. Juste soucieux de savoir la fille du Vieux sur un navire Corsaire brûlant encore de la Flamme pirate.

Ah bah voilà, il a peur que je m'enfuie, devienne pirate et fasse honte à ma famille. Ouais dit comme ça, j'comprends qu'il se fasse des cheveux blancs le pauvre. Les gens pensent souvent que je sais pas ce que je fais, genre, sous prétexte que je suis plutôt spontanée.

"C'est comme ça, c'est la vie, faut faire avec. On verra bien hein, ça sert à rien de s'inquiéter à l'avance. Moi je sais qui je suis, pourquoi je le fais et comment."

Enguerrand reconnaît que la vie est pleine de surprise. Mais c'est pas le genre de surprise qu'il souhaite que le Vieux subisse. D'un autre côté il n'a pas vraiment le droit à la parole dans ce domaine.

- En effet. dit-il sobrement.

Son cigare a déjà pas mal avancé alors il tire dessus tranquillement. Il a encore un peu de marge mais pas non plus terriblement. La fumée l'entoure en volutes grises qui perdurent un peu. Comme si elle était si souvent autour de lui qu'elle en devenait un manteau.

Et je suis sensée répondre quoi maintenant ? Surtout qu'en plus de pas relancer la conversation, il a presque fini son cigare et moi ma bière. Je pourrais en profiter pour me tirer et profiter de la fin de ma perm', seulement le M'sieur Martin là, avec son air aimable et sa gouaille, il m'intrigue un peu. Je penche la tête pour le regarder, me demandant comment aborder la chose avec diplomatie quand je me souviens que je suis en PERM – bordel – et que donc je peux bien mettre les deux pieds dans le plat ce que je me décide de faire avec assurance.

« Envie de me raconter comment vous en savez autant sur l'Albatros, les Pirates, la Flamme et tout le toutim autour d'une autre bière ou vous avez épuisé votre stock de mot pour la journée ? »

Mon sourire souligne que dans tous les cas je ne prendrais rien de mal. Je ne suis susceptible que lorsque j'en ai envie, pas quand je tends moi-même le bâton pour me faire battre.

Diantre qu'elle est impertinente. Mais ce n'est pas le genre de chose qui le traumatise tant qu'on en abuse pas. S'il pouvait sourire il le ferait mais ce n'est pas dans sa nature. Par contre parler avec la fille du Vieux c'est reposant. Donc pas de raison d'écourter la conversation.

- J'ai un stock aussi inépuisable que ton impertinence. dit-il neutre. Je l'utilise qu'à bon escient cependant

Il regarde son cigare qui s'approche de la fin et lève un bras pour commander deux bières.

- après la Légion je suis devenue une épée à vendre. Ca permet de se balader un peu partout. Il est possible que certains de mes employeurs n'est pas toujours été des gens recommandables. explique le Pirate.

Marchera ? Marchera pas ? Vous savez quoi, c'est encore mieux que la loterie cette connerie, je me demande vraiment s'il va prendre la mouche, juste partir ou bien sourire et rester. Qui sait, on peut être optimiste dans la vie aussi. Et là... il ne sourit pas, raté. Mais il parle et il a l'air de vaguement plaisanter en plus donc on va dire que c'est gagné. Je ne cache pas ma joie, lumineuse comme toujours quand je suis contente ce qui est souvent, certes.

« La vertu de l'expérience » que je réponds sans réfléchir, toujours amusée par la remarque. Ouais je sais, j'ai du mal avec l'autorité. Enfin disons, j'ai du mal avec les formalités de l'autorité parce qu'en vrai, je ne suis pas indisciplinée, juste, j'aime bien ne pas filtrer toujours ce que je dois dire ; Je fais juste attention pour ne pas dépasser les limites. C'est marrant les limites. C'est fin et ça bouge tout le temps. Ca évite de s'ennuyer dans la vie. Ca bouscule les militaires et leurs habitude. Lui, là, il est plus amusé que bousculé. J'en déduis pas grand chose. La légion c'est des militaires spéciaux.

« Je vois. » Possible, pas toujours, j'aime ses euphémismes. J'en ai les yeux qui pétillent. « On va pas rentrer dans le jeu de ce que le Vieux en aurait pensé alors. Et c'était sympa de travailler pour eux ? » je suis curieuse ce soir. Et j'ai soif. Je redemande des bières.

Le Vieux déteste les criminels, mais à un avis parfois étrangement partagé sur les pirates. Même s'il les a toujours chassé avec vigueur et sans faire de différence. Enguerrand n'est pas dans la tête du Vieux et ne tient pas à s'y trouver. Trop de chose complexe à traiter.

- on travaille pas pour, mais avec. premier point qu'il lâche de manière neutre. Et c'est toujours un plaisir de libérer des mo'at d'un navire esclavagiste et un déplaisir de massacrer une équipe de sécurité pour piller une cargaison.

La vie de pirate n'est pas faite pour tout le monde. La petite pourrait trouver ça romantique, et en plus c'est pas une combattante donc elle vivra pas les massacres et tout ce qui va avec. Elle comprendrait si elle était plongé au cœur même d'un abordage à voir les hommes et femmes s'entretués pour une cargaison de bien. Tant de mort pour de l'argent. En poussant le raisonnement plus loin il n'y a pas que l'argent. Mais de manière pragmatique c'est la première chose qui vient à l'esprit.

Pour, avec, c'était des questions de sémantique. Il allait pas me faire croire le Martin Malin qu'il avait jamais accepté d'être embauché par des pirates hein, pas alors qu'il avait à moitié avoué avoir été ou être à vendre. Mais je lui laisse le terrain, cette bataille ne m'intéresse pas, j'suis pas là pour me prendre la tête, jamais. La vie est trop courte pour ça. Il parle de massacre et de liberté avec une voix neutre. Je suis pour la seconde, j'apprécie pas plus que ça la première même si c'est une idée à laquelle tu te fais dans l'armée. Puis c'est toujours plus facile de voir un navire exploser en oubliant qu'il y a des gens dedans que de découper les-dits gens en morceaux. Je ne suis pas la poupée fragile que je semble être. Je ne baisse pas les yeux. Sauf qu'après ça, ben je sais pas non plus trop quoi dire. A part qu'un trinitaire te dirait que libérer n lot d'esclave c'est pareil que piller une cargaison. Sémantique, encore.

« Je suis Lieutenant dans l'armée Corporatrice. Quelque soit mon affectation, je peux très bien un jour me retrouver à devoir libérer des mo'at d'un navire esclavagiste ou massacrer une équipe de sécurité pour récupérer une cargaison. L'Union n'est pas vraiment en guerre mais soyons francs deux minutes et reconnaissons que ce n'est pas vraiment la paix non plus. La vie pirate est-elle si différente de la Légion ? »

Il hausse les épaules.

Aucune idée je ne suis pas un pirate. dit-il froid comme toujours. Je pense cependant que c'est très différent. Les pirates sont libres.

Autant donner son opinion. Mais pas moyen qu'elle l'entende dire officiellement qu'il est pirate. Il veut pas terminer dans des geôles de l'UC.

Ah, la liberté. J'aime bien la liberté moi. Mais je ne suis pas pirate et je ne le serais jamais, c'est pas possible. Il a l'air..je sais pas s'il a l'air triste ou pas de pas être pirate, il a haussé les épaules mais ça veut tout dire. J'attrape ma bière et la lève vers lui pour trinquer.

"Aux différences."

Il lève son verre et trinque. La fille du Vieux est intéressante.

Aux différences c'est un toast qu'il respecte.

Elle lui plait bien la petite. Elle fait les bons choix, même si elle semble libre comme l'air et susceptible de se laisser entrainer dans une aventure.

Je bois une gorgée de bière et je me dis que ça commence à en faire beaucoup pour mon petit corps. Va falloir que je m'arrête si je veux rentrer chez moi sans me péter la gueule. Tant mieux. Tant pis. Je souris. J'sais pas trop quoi dire pour re-re-relancer la conversation.

"Et revenir dans la Légion c'est pas une option pour vous je suppose ? Malgré le côté famille tout ça ? A la rigueur j'peux glisser un mot sur les différences au Vieux. On ne sait jamais. Il m'écoute rarement mais parfois, il a un éclair de génie."

Enguerrand comme toujours analyse la question et prend son temps avant de répondre. Il regarde un peu la petite qui sourit sans trop savoir pourquoi. Il a du mal à comprendre les gens qui sourit facilement.

- Je suis une pie. dit-il tranquillement.

Okay. J'suis pas plus conne qu'un autre, en tout cas de ce que disent les tests de l'UC et j'ai en général une assez bonne imagination, qu'il s'agisse de trouver des analogies à la con, des comparaisons foireuses ou encore des surnoms pas toujours aussi innocents qu'on pourrait le souhaiter vu mon lignage. Mais alors la Porte de Prison en Pie, je l'avais pas vu venir. On reste dans les P et les I mais à part ça, je vois rien de logique.

« Tu dis ça à cause de ta splendide capacité à dire tout ce qu'il te passe par la tête, parce que tu es petit, léger et habile ou bien c'est pour me prévenir que tu viens de me voler mon holo-cube ? »

Un dragueur aurait renchérit un truc du genre nan chérie, j'ai volé ton cœur ou alors c'est pour reprendre les étoiles du cosmos que ton père a mit dans tes yeux mais Martin, je le vois pas dragueur. Pas que je serais contre mais il a l'air...correct. Et en plus il connait le Vieux ce qui, curieusement, semble toujours calmer mes interlocuteurs. Pfeu. Un jour je rencontrerais un type qui saura passer outre. Mais pas ce soir, il a space-poney.

Elle a de l'humour. C'est rafraichissant au moins elle doit avoir du succès avec les hommes. Ce qui doit rendre le Vieux fou. Un truc qu'il peut pas contrôler. Genre vraiment pas.

- Non. Simplement j'aime ce qui brille. dit-il amusé intérieurement.

Il aime les capitaines flamboyants, les trésors et tout ce qui animent le cœur d'un équipage pirate. Même s'il reste très sobre dans ses réactions de son côté.

Et la légion, ouais, on peut pas dire que ça brille. c'est plutôt terne comme endroit. Fonctionnel. Pure corporation. Moi j'aime bien mais bon. J'hésite à lui sortir un truc à la con à base de paillettes, parce qu'il se prend vraiment trop au sérieux mais je sais pas pourquoi, j'ai envie de lui répondre pour de vrai pour changer.

"Le truc avec le brillant, c'est que quand on les regarde trop longtemps, on s'aveugle et quand on reste trop proche d'eux, on se brûle les ailes."

Je suis lumineuse, je le sais mais je ne suis pas de celles qui brillent. Je ne veux pas l'être. J'avais voulu être major de promo mais par le travail, rien d'autre. Je ne dois pas être une pie. Peut-être que je suis un albatros, qui sait. Ou un de ses cousins ?

"Et donc tu veux une lumière. Un phare. Et t'as pas peur de te prendre la falaise ?"

Elle s'inquiète de ce genre de chose ? Curieux.

- Non. j'aime ce qui brille mais je ne suis pas obnubilé. explique Enguerrand. Pas trop mon genre.

Il va certainement pas se prendre une falaise parce que son capitaine brille trop à son coté. C'est sa grande force. Les capitaines savent qu'il garde la tête froide et le sens de son analyse dans toutes les situations. Ce qui serait très utile s'il avait la moindre capacité à user de cette analyse pour autre chose que trouver comment découper son adversaire direct à lui.

Il est mignon. Et il n'a pas l'air du genre à se prendre la falaise. Plus oiseau de pêche que papillon de nuit. Ou pie, je ne sais pas ce que sont des pies. Des genre de corbeaux je crois ? Je ne devais pas écouter ce jour là. Bref. J'prends encore une gorgée. Je devrais être saoule mais non, je ne ressens rien. C'est dommage, j'aime bien la légèreté de l'alcool. Peut-être que c'est moi le papillon de nuit. J'aimerais pas être brûlée. Je préfère les chaleurs douces mais constantes aux trucs qui brillent au fond.

« C'est quoi ton genre alors ? » je demande presque plus pour dire quelque chose que par vraie curiosité. Je pense pas qu'il me répondra. C'est trop personnel et j'ai bien compris qu'il n'aimait pas parler de lui.

Elle n'a pas encore saisi le personnage ou pense qu'il y a plus derrière son apparence. Il y a plus mais c'est enfoui trop loin pour le moment.

- Analyse froide, action immédiate et économie de mot comme de mouvement. dit simplement le pirate.

Il a plus du légionnaire qu'autre chose quand il se décrit ainsi. Il finit son cigare et en sort un autre mais ne l'allume pas pour le moment.

Je ris. Il a peur en fait. Dès qu'il a l'impression de se montrer n peu, hop, il se referme. C'est pas une pie ce type, c'est une huître. Et le voilà qui s'amuse à me décrire l'idéal du Légionnaire comme si je savais pas ce que c'était. Marrant.

« Analyse froide, action immédiate, économie de mot comme de mouvement mais qui aime ce qui brille trop pour retourner dans le trou noir de la Légion. » je reprends. Qu'il me prenne pas pour une buse le vieux, ce n'est pas parce que j'ai les cheveux longs que j'ai les idées courtes. En plus je les ai coupés. Mes cheveux.

« Du coup, les corsaires ça pourrait être un bon compromis pour toi, non ? Tu cherches de ce côté là ? Y a des phares sympa. Et va pas me dire que le fait que les corsaires soient aimés par personne sont un frein pour toi, t'es pas du genre à chercher l'approbation.»

C'est une belle théorie. Mais la vie, la vraie, et la théorie ne font pas souvent bon ménage.

- Non... ce n'est pas briller ça. Il faudrait que je te présente à quelqu'un dans le genre dont je parle. Et tu verrais alors ce que je veux dire. dit-il avec un air mystérieux.

Il allume finalement son cigare en prenant son temps. Un rituel peaufiner avec le temps et semblable à une cérémonie personnelle. Chaque geste est mesuré et précis. Aucune hésitation, aucun travail montrant de la concentration pourtant tout est fait de manière fluide.