Paloma est une femme qui a traversé les années avec une aisance fondée sur la détermination. Née d'une riche famille de l'Imperium, elle a grandi dans une demeure somptueuse, éduquée par une nourrice puis un précepteur, une cuillère en argent dans la bouche. Le genre de famille où on fait ce qu'on nous demande pour devenir ce que la famille veut que l'on soit. Durant son enfance elle a été relativement préservée, peu consciente de ce qu'il se passait autour d'elle. Des implications et conséquences de ce qu'elle pouvait voir et entendre mais cela n'allait que peu durer.

Tout commença quand son oeil juvénile remarqua à une arme dans l'interstice de la veste d'un visiteur. Etonnée de voir en vrai une arme dont elle n'avait qu'entendu parler dans les livres elle se demanda pourquoi cet homme avait une telle chose dans leur maison. Elle se tourna vers sa gouvernante pour lui demander à voix basse la raison de cela. Après avoir demandé si elle était sûre elle glissa un mot à son père pour le lui signaler. Ce dernier lui demanda poliment d'aller conduire Paloma dans sa chambre pour qu'elle finisse ses devoirs, stratagème évident pour la mettre en sureté ce que la jeune femme fit.
Quelques heures plus tard les parents de la jeune fille se rendirent dans sa chambre pour avoir une conversation avec elle. Si elle n'en avait pas eu conscience, elle leur avait sauvé la vie d'une concurrent peu scrupuleux qui avait choisi une manière peu courtoise de se faire une place. Heureusement pour eux leur fille avait un oeil de Kaiji'Noorghn et ils avaient pu régler le problème avant qu'il ne dégénère. C'est à partir de la qu'ils considérèrent qu'ils devaient l'éduquer un peu plus que scolairement pour lui apprendre à survivre dans le monde des adultes, des affaires et des hautes sphères dont les coups bas sont bien plus dangereux que le reste.

C'est donc dès ses treize ans qu'elle commença à recevoir une éducation pour son futur. Ses parents qui avaient été très absent de sa vie jusque là devinrent très présent, très très présent. Cependant il n'y avait rien de bien affectueux là dedans. Tout cela n'était que calcule sur l'avenir. On se méfiait moins d'une enfant et qui plus est, si elle apprenait tôt, elle serait utile et efficace plus vite. Ils voyaient là l'opportunité de gérer un pan de leur société en toute sureté. Elle apprit donc les bases du commerce et de la gestion mais si cela était acquis elle n'y voyait pas de quoi s'épanouir. Cela l'ennuyait prodigieusement et cela peut se comprendre quand on a même pas l'âge de boire. Ses parents durent se rendre à l'évidence. Si elle saurait gérer un commerce, elle n'excellerait jamais dans le domaine. Cela les ennuya profondément et de dépit la délaissèrent de côté. Ce qu'ils n'avaient pas prévu c'est qu'ils avaient titillé son sens de la curiosité et éveillé son goût pour les intrigues ce qu'ils allaient découvrir quelques temps plus tard à leurs dépends.

Elle passa son adolescence à faire le mur pour aller se balader en ville et jouer à la petite souris, écoutant les conversations et se mêlant à la population de la ville de laquelle elle avait été tenue à l'écart durant des années. Elle découvrit combien il était facile d'espionner les conversations mais également qu'elle ne laissait pas indifférent les hommes et parfois les femmes ce qui lui servit pour en apprendre d'avantage. Il était facile de faire parler les gens quand ils étaient bien disposés et dans les bonnes circonstances, absolument fortuite bien évidemment, on en apprenait plus qu'ils n'auraient dû en dire. Elle s'amusa follement à user de ses charmes, laisser croire aux gens sans trop les frustrer pour ne pas les froisser non plus. C'est comme ça qu'elle fit la connaissance d'Alexandro.

Alexandro était un jeune homme à peine plus âgé qu'elle. Il avait été dans un premier temps attiré par la beauté de la belle brune mais bien vite l'alchimie qui dépassait le corps se créa entre eux. Nous tirerons un voile presque pudique sur ce qui se passa entre eux dans la pénombre d'une chambre, vous savez quand on met la main devant les yeux mais qu'on écarte les doigts, pour se concentrer sur la suite. Elle l'embrigada dans ses péripécies d'espionnages malicieux en faisant de lui son complice de jeu. Cependant les possibilités s'étoffant à deux elle devint plus retorse, cherchant des choses plus croustillante avant de se rendre compte lors d'une expérience hasardeuse, qu'en plus d'être amusant, cela pourrait bien être lucratif ce qu'elle mit en pratique bien rapidement après ça pour se faire un peu d'argent de poche. Elle ne manquait pourtant de rien, ses parents lui avaient ouvert un compte en banque bien garni mais c'était plus gratifiant de gagner de l'argent par elle même.  

Sa relation avec le jeune homme arriva aux oreilles de ses parents le jour où elle ne vint pas au diner prévu pour une transaction où il était de bon ton que la famille Velasco de Toledo soit vu comme une famille. Il avait des gens vieux jeux de partout et de tout temps. Comment une fille de son rang pouvait elle se fourvoyer avec un homme de la rue comme lui ? C'était à peu de chose prêt le début du discours auquel elle avait eu droit quand elle rentra à la maison plus tard. S'en suivi une bonne demie heure de ce qu'elle considéra comme du baratin de la part de ses parents qui ne voyaient que midi à leur porte et ne se souciaient pas de ce qu'elle aimait ou pouvait désirer. Tout le bonheur d'une prise de tête d'adolescence.

La lutte ne dura pas plus de quelques mois, ses parents se rendirent compte qu'elle avait un talent pour soutirer des informations, à leur dépend parfois. Et il serait dommage de ne pas en profiter. Elle retrouva alors grâce aux yeux de ses parents mais c'était à sens unique. Pour Paloma le cordon était coupé. L'oiseau allait quitter le nid. Ils la reprirent en main, du moins le croyaient ils. Pendant qu'ils essayaient de la modeler à leur convenance et de lui trouver un parti intéressant pour eux, elle préparait sa fugue.

Libérée du joug parentale, la fleur d'ébène allait continuer de grandir dans un environnement tout autre. Alexandro l'accueillit avec grand plaisir dans son squat. Si les premiers temps furent un peu chiche par rapport au fast qu'elle avait connue, elle se rattrapa quand elle compris comment se faire un nom et de préférence pas sur sa terre natale si elle voulait la paix. Après une longue discussion avec Alexandro qui ne pouvait tourner qu'à son avantage, ils décidèrent de quitter ce système pour rejoindre Dorado symbole d'un nouveau point de départ. Cela nécessita une longue préparation pour ne pas se retrouver dans les ennuis si tôt un pied posé sur le sol là bas. Puis quand tout fut fin près, elle retira tout l'argent que ses parents avait crédités sur son compte pour quitter sa ville natale.

Tout cela lui avait donné le temps de réfléchir à ce qu'elle allait faire sur sa nouvelle planète au nom prometteur, Esperanza. Mais surtout comment elle allait s'y prendre. Il avait plusieurs façons pour cela et elle se donna le luxe de choisir. Première étape, se faire repérer. C'était sans doute le plus facile. Une femme belle et qui se met en valeur était un argument choc pour beaucoup et elle avait d'autres cordes à son arc sur le sujet. Deuxième étape, qu'on se souvienne de vous. Pour cela, elle usa d'un artifice simple et complexe à la fois. Paloma Velasco de Toledo deviendrait Paloma Anabella Isabella María del Carmen Olivia Rosalía Velasco de Toledo y Maura del Mar. Personne ne serait capable de se souvenir de ça en entier mais on se souviendrait de la jeune femme au nom à coucher dehors. Troisième étape, qu'on ait besoin de vous. Pour ça, elle choisit ses travers de jeunesse, le renseignement. Tout le monde à besoin d'un renseignement. Que cela soit l'adresse d'un bon restaurant, qui couche avec qui, ou trouver une arme ou la trajectoire du prochain vaisseau cargo pour Renaissance. La quatrième étape, et pas des moindres, c'était de savoir rester en vie...

Une des façons de faire était de faire attention à qui on allait attirer des ennuis, d'être toujours plus agréable et utile que désagréable et agencer cela avec une dose de mystère bien senti. Il y a des années de ça un gars du nom de Smicky a essayé de la lui faire à l'envers. Tous ses contrats ont été annulés, des amis à lui ont commencé à avoir des problèmes, son vaisseau à tomber en panne étrangement. Il a fini par flipper et aller s'excuser et dédommager cette princesse d'opéra pour son comportement indélicat. Certains disent que c'est du flanc mais beaucoup pensent qu'elle a le bras long. On ne la jamais vu utiliser une arme et pourtant avec le métier quelle fait elle est toujours en vie. Il y a forcement un truc.

Oui il y avait un truc. Le truc c'était de prendre son temps, de ne pas être trop gourmand, de limiter les ennemis qu'on pouvait se faire. De bâtir un réseau, rendre des services pour gagner une liste de personnes qui vous doivent quelque chose de plus en plus importante. L'argent importait peu, surtout quand on avait déjà de quoi vivre. Bitch ! L'argent viendrait avec le temps. Le seul objectif qu'elle s'était fixée c'était que quand on se demandait ou avoir ceci ou cela, la première chose qui vous vienne à l'esprit c'était son nom. Son interminable nom. Elle en jouait. Elle faisait mine de ne pas aimer qu'on écorche son nom. Peu était dupe mais cela faisait parti du jeu pour traiter avec elle même si dans l'ombre on l'appelait plus simplement El Cuervo et elle le savait. Comment pourrait il en être autrement.

Au fil des années elle su forger sa réputation et le compte en banque qui allait avec. Une réputation de fiabilité qu'elle avait acquise par l'expérience et un don inné pour le renseignement ou elle étendait son domaine d'influence aussi loin qu'elle le pouvait. Une longévité basée sur le fait qu'elle n'était pas gourmande, utile, parfois amusante, toujours belle à regarder. Malgré celà, malgré sa prudence, sa vigilance, parfois les choses dérapent , mais non loin veillait sur elle son amour d'adolescence. Le soleil et la lune, la lumière et l'ombre. Ils avaient une relation symbiotique au-delà du simple amour. Ou peut être le jusqueboutisme de l'amour. Celui ou l'autre importe plus que tout.