Longue soirée - Wulf & Conrad

Définitivement le grand rouquin est fan de la petite blonde. C'est mignon... Ou pas. Après elle fait ce qu'elle veut de ses petites fesses hein. Pas comme s'il avait posé une option dessus. Et puis il pose pas d'option. Plus depuis Émilie. Soit les filles le drague soit il se passe rien. Et la petite le drague pas.

- ouais elle est tout ça. dit doucement le grand bonhomme. Elle a du répondant paraît. Les gars de l'équipage le disent en tout cas. Avec moi c'est pas pareil je suis le capitaine.

C'est ça. Il est juste le capitaine. Rien d'autre. Il lève son verre.

- aux jolies rencontres. Et a ceux qui savent en profiter. trinque Conrad.

Sûr que le grand gaillard est parti pour en profiter ... Lui. C'est bien pour la petite hein... Non ? Il ne sait pas en fait. Il a aucune idée de ce qu'elle pense dans ce domaine. Ni de ce qu'elle fait de ses petites fesses quand elle a du temps libre.

« Ca vous fait réfléchir deux fois au poste de Capitaine » poursuit Wulf dans un sourire, inconscient du dilemme mental du quadragénaire. Et même s'il s'en rendait compte, en amour comme à la guerre. Lui non plus n'a pas posé d'option dessus mais ça va pas l'empêcher d'essayer de la connaître d'avantage. Il lève son verre, trinque et bois, rassuré de ne pas s'être fait renvoyer dans ses stalles comme le jeune étalon qu'il est. Si le vieux est d'accord alors tout va bien et il va pouvoir aller peut-être un peu plus loin, la prochaine fois qu'il a l'occasion. Pour le moment, il apprend à la connaître. C'est important aussi. Les filles juste pour les fesses, il en a plein à l'étage qui l'aiment bien. Rêveur, il ne sait pas trop quoi dire pour relancer la conversation et s'abîme dans les reflets de son rhum, laissant ses pensées s'égarer un peu.

- Je ne vois pas en quoi ça fait réfléchir lâche Conrad spontanément avec surprise. Je ne vois pas le rapport... des filles bien il y en a tellement partout autour de nous.

Genre pourquoi ne pas faire capitaine ? parce que les filles de l'équipage sont moins encline à venir flirter. Il hausse les épaules.

Je recherche pas la compagnie des femmes de mon équipage. Après certaines le savent, ma porte est ouverte. explique Conrad.

Après c'est certain que Ni'oh le sait et qu'elle ne franchit pas la porte pour autant.

Tu crois que ça en freine vraiment certaine ? questionne finalement le pirate.

Bah devoir s'interdire soi-même toutes les filles de l'équipage pour des raisons d'équité tout ça, ça fait réfléchir. La séduction était quelque chose qu'il aimait dans une équipe, ça resserrait les liens. Évidemment, ça faisait aussi des étincelles et des disputes et du drama. On avait rien sans rien et le trentenaire vibrait sur les conflits. Après...ouais, il comprenait que le chef prenne du recul, c'était son boulot de chef. Il ne faisait pas autrement avec les petits. Mais ce que disait Conrad, c'était pas ça. Il avait encore mal compris alors ?

« Du coup, si elles frappent vous ouvrez ? » Ca ne le regarde pas, il SAIT. Mais il est curieux, il veut comprendre. Le Capitaine Stackborn, il l'aime bien. Il a du charisme, de la force, c'est un homme, un vrai. Un pirate. Un vrai. Il réfléchit à sa question et hoche l'épaule. « Ca peut, elles peuvent se dire que si le Capitaine fait pas le premier pas, elles ne peuvent pas le faire, rapport aux risques de suspicion de euh...elles veulent pas qu'on dise qu'elles essaient de se le mettre dans la poche quoi. Alors que si c'est lui qui fait le premier pas, c'est pas la même démarche. Et puis les filles, en général, elles aiment bien nous voir galérer, surtout quand y a des sentiments. »

Conrad hausse un sourcils et boit un verre.

- des sentiments ? j'ai pas de sentiment. Elles le savent c'est le principe de base... enfin je crois il n'est plus très sûr de ce savent les filles.

Il soupire et lève les yeux aux ciel.

- dans l'ensemble si elle frappe et que je les trouve mignonne j'ouvre la porte et on prend du bon temps sans que ça implique quoi que ce soit d'autre. dit-il. Et ça par contre c'est très clair dans tous les esprits.

Il rit un peu, c'est bien les pirates ça. « J'parlais pas des vôtres de sentiments mais des leurs. Elles aiment bien croire qu'elles en ont. Après je fais des généralités, y a autant de filles différentes que de gars hein mais en général les filles, quand c'est pas juste du cul, elles veulent que le gars se donne du mal. Prouver qu'il les mérite quoi. Vous avez jamais dragué ? » Ca lui paraît étonnant qu'un homme qui a autant bourlingué pige pas ce principe pourtant basique.

Après, il s'était assez amusé pour savoir que pour le cul par contre, elles frappaient quand elles voulaient les demoiselles et ça, c'était juste génial. Du coup, Wulf boit son verre en entendant le Capitaine expliciter sa vision. Coucher okay mais sans sentiment, d'accord, bah voilà. Comme ça il voulait bien être capitaine. « Et ça arrive souvent qu'elles frappent d'elle-même ? »

- assez souvent quand elles sont nouvelles. Moins souvent pour les plus anciennes. dit Conrad sans avoir cherché à comprendre plus en avant.

- et non je drague plus depuis ... un bon moment. dit simplement le pirate en se renfrognant un peu.

Sans doute un mauvais souvenir. D'ailleurs il s'en jette un verre de plus, histoire de faire passer le souvenir. N'empêche qu'il est entrain de se fermer comme un huitre.

Bah voilà, comme quoi il a raison. Il aime bien, donc il vide son verre. Il a l'alcool joyeux ce soir, mais il n'a pas assez bu pour ne pas voir son interlocuteur se renfermer. Ca sent la blessure sentimentale à plein nez. Il va pas insister, ça se fait pas. Parait que ça fait mal ce genre de conneries. Lui, il a eu des ruptures, il s'est cru amoureux, puis non, mais rien qui ne le fasse se renfrogner. Bah. Il fait un signe à Sarrazin qui apporte deux verres d'un rhum qui n'est pas à la carte, un rhum brun de caractère. C'est des sous en moins mais merde, il a envie. Il doit trouver autre chose à dire, vite, avant que l'huitre soit totalement fermée.

« Ce rhum là est spécial, c'est des amis sur Renaissance qui le font. En commerce équitable. Pas de faction qui s'en mêlent. Ils rajoutent des trucs mais ils ne veulent pas me dire quoi. Vous vous sentez d'humeur à essayer ? »

Conrad regarde le verre de rhum. Cette fois il ne connait pas. Alors il le prend, il ne refuse que rarement un verre tendu par quelqu'un de confiance. Il a déjà du mal a refuser des verres tendus par des inconnus cela dit. Il vient sentir son parfum doucement, laissant les souvenirs se dissoudre dans les vapeurs de l'alcool comme il le fait souvent. Puis il goûte avec attention, une petite dose qu'il fait rouler dans sa bouche et sur son palais. Il en apprécie les parfums et son âme est heureuse de savoir qu'aucun mo'at n'a souffert pour le produire.

- parfait. J'en veux un tonneau pour mon navire si tu as de la réserve. dit simplement le capitaine. Je suis parfois à court de rhum de Providence. Et je n'aime pas trop boire la sang et la sueur des esclaves.

Il regarde son aîné examiner le rhum mais il est sûr de lui. Pour un type aussi farouchement libertaire et ayant un faible pour le Kraken, ça ne peut qu'être bon et difficile de rester fermer après une offrande comme celle-ci. Bon, ils ne pourront plus parler de Ni'oh ou de filles mais ce n'est pas grave, il a déjà plus de renseignements qu'il n'en espérait. Son sourire s'aggrandi même s'il secoue la tête doucement.

« Je ne peux pas. C'est un alcool équitable ce qui veut dire qu'il est très cher pour commencer et surtout qu'il est produit en petite quantité. Le groupe d'ami qui s'en occupe est nouveau dans le métier et si je vous en vends un tonneau, tout le monde en voudra un et alors je n'en aurais plus pour le Runny. Mais je peux vous promettre de vous mettre toujours une bouteille de côté pour quand vous venez chez moi. Et celle-là, vous pourrez en faire ce que vous voulez. »

A condition évidemment de la payer à son juste prix. Il voulait bien offrir un verre mais il ne fallait pas non plus pousser le Searuweard dans les algues.

Conrad fronce les sourcils. Encore une méthode de commerçant pour le forcer à venir dépenser son argent ici. Il soupire. Il se contentera du rhum de Porvidence sur son vaisseau et boira ici ce rhum artisanal amateur mais néanmoins très bon.

- J'imagine qu'il faut bien gagner sa pitance d'une façon où d'une autre. dit Conrad. Je vais faire attention avec mes réserves personnelles alors.

Il regarde un peu le grand bonhomme.

- Combien de bouche à charge ? demande-t-il finalement.

Il n'est pas content le Capitaine mais il n'y a pas que calcul dans le verre de rhum. Il ne le propose pas à tout le monde, seulement à ceux qui l'apprécient et qui peuvent apprécier l'alcool à sa juste valeur. Peut-être plus tard, si la production se répand, acceptera-t-il de céder son petit monopole. Il lève la tête, surpris de la question du quadragénaire. Pour se donner du courage, il vide son verre d'un coup.

"Cinq. Non, quatre, mon vieux est passé l'année dernière."

Conrad hausse un sourcils. Ca fait du monde ça.

- Cinq.... tu peux détailler ? Si je suis pas trop indiscret. demande avec indiscrétion Conrad.

Il est intéressé par cet homme qui sacrifie sa Flamme pour sa famille. Il a fait de même dans le passé. Au point de l'étouffer totalement d'ailleurs. Mais sa Flamme est immortelle. Il les ressert tous les deux avec du Kraken. A défaut d'avoir autre chose sous la main.

C'est indiscret mais pas trop. Cathwulf hausse les épaules. Il a raconté tant de fois son histoire qu'elle lui semble presque être arrivée à quelqu'un d'autre. Et pourtant il vide son verre pour se redonner du courage. "Mon père, ma mère et mes trois cadets." Il se rend soudain compte qu'il ne se compte pas dans les bouches à nourrir, comme s'il n'avait pas d'importance. Et comme il sait qu'on va lui poser la question, il développe.

"Mon père a eu un accident il y a des années. Une attaque surprise sur l'astroport où il était. Il s'est pris un éclat dans la colonne vertébrale qui a détruit tout son système nerveux, du moins c'est ce qu'ont dit les médecins. Lorsqu'il est sorti de l'hôpital, il ne pouvait bouger que l'oeil droit. En tant qu'homme de la famille, la responsabilité est retombée sur moi."

Il parle simplement. Il ne cherche pas à se faire plaindre, au contraire. Pour lui, c'était la seule issue possible. Avec leur père blessé, leur mère déprimée, et les petits en bas âge à l'époque, il avait été normal qu'il soit celui qui se dresse pour la survie de la famille.

Conrad écoute les malheurs de cet homme. Qui n'a pas eu son lot de difficultés pour le coup. Les siennes sont dures pour un homme qui a la Flamme parce que ce sont de vraies chaînes. La famille... c'est souvent plus fort que tout. Mais pas toujours.

- je vois. Courage alors parce que j'aimerais pas être à ta place. dit simplement le capitaine.

Je hausse les épaules. Ma place n'est pas si horrible. J'aime mes cadets – même l'autre traître là – et je sais que malgré tout ils m'aiment. On est tous ensemble dans le même vaisseau, soudés et j'ai mes amis, le Runny, je ne peux pas vraiment me plaindre. Pas plus que je ne peux me permettre de dépenser mon argent aux quatre vents. Hors de question. Quand ils auront fini leurs études, les enfants auront des frais d'emménagement et c'est pour cela que je me bats désormais. Sans parler des familles qu'ils vont bien finir par fonder.

« Et vous Capitaine ? De la famille? »

Bon cette fois il a vu la question venir car elle vient toujours dans ces circonstances. Il ne répond pas toujours de manière franche et parfois il ment. Les gens ont du mal en général à percer ses mensonges.

- orphelin, veuf, sans enfant. résume le capitaine en buvant un verre de plus.

Il reste silencieux derrière cette tirade.

Oh. Oui bon, comme ça, c'est pas la panacée mais vivre avec Sarrazin a apprit quelques trucs au barbu. Il rempli les deux verres, regardant son interlocuteur.

« Aux équipages. Aux gens qui les composent et remplissent nos journées. » Il est sincère, il y a trouvé une famille et même si beaucoup sont morts maintenant, il a gardé le plus important, celui qui est devenu plus que sa main droite avec le temps. Et Minipouce revenue, il a presque l'impression d'être à la maison, au Runny.

Conrad sourit doucement. Le rouquin est un bon tavernier.

- Aux équipages. dit-il en levant le verre pour boire.

Il n'a que ça... son équipage... plein de gens qui restent pour tout un tas de raisons variées qu'il ne comprend pas toujours. Mais ils sont là et se tiennent à carreaux. Sans doute parce qu'il débarque rapidement les fauteurs de troubles et les gens qui s’intègrent pas du tout.

- elle va me manquer votre taverne. dit-il sincère

Il boit, évidemment, se félicitant de sa constitution de brute qui lui permet de bien tenir l'alcool en général. Le compliment, sincère, lui fait vraiment plaisir et, pour une fois, c'est un vrai sourire qui éclaire son visage, pas juste la grimace commerçante habituelle.

« Elle sera toujours là à votre retour. » S'il revient. Cathwulf connaît les dangers de la vie pirate mais il préfère ne pas aborder le sujet. Ce n'est pas la peine d'attirer la malchance sur eux. « Mais votre absence va laisser un vide et pas seulement dans le chiffre d'affaire. » plaisante-t-il pour cacher la sincérité de sa réponse.

Conrad le sait... il laisse toujours un vide dans les endroits fréquentés par des pirates. La Flamme qui brûle en lui est rayonnante, et les pirates apprécient sa présence. Il n'y peut rien et aime ça. En l'absence d'une famille il a au moins les pirates.

- je reviendrais... on revient toujours dans les endroits qui nous plaisent. dit simplement Conrad. Demain on sera là pour la fête avant départ. Il y aura du monde et ça sera animé je te préviens.

« Tant mieux. J'aime les soirées animées. Je vais prévoir un supplément de personnel au cas où et tout ira bien. » Parmi les plus musclés de ses employés il y en aurait bien un ou deux ravis de faire des heures supplémentaires. Il ne les payait pas beaucoup plus, cependant c'était toujours des jours de congés gagnés pour plus tard ou un petit complément bienvenu pour la fin du mois.

« Vous voulez privatiser la salle ou plus on est de fous, plus on boit ? »

Conrad réfléchit a la proposition de privatisation. Mais non c'est pas le genre de l'équipage.

- non pas la peine. Enfin pas le bar. L'étage par contre c'est mieux. Ça évitera les bagarres avec des clients civils. Les bagarres autour des filles sont plus agressives que les bagarres de bar. explique le capitaine.

« Entendu, je préviendrais le gérant qui vous fera une proposition de prix. » C'est qu'il ne faut pas tourner à perte au cas où personne ne voudrait monter. Mais comme c'est le Capitaine Stackborn, il a peu de doute de ce côté là et il sait déjà qu'il dira au gérant de se montrer raisonnable. Celui-ci fera la tête mais comme il est au salaire et pas au revenu, il finira bien par se rendre à l'avis du propriétaire. Il resserre les deux verres.

« A vos projets, puissent-ils se réaliser. »

Voilà une bonne façon de repartir dans un bonne direction. Alors Conrad lève son verre et trinque.

A la liberté, à nos projets et à cette taverne en souhaitant qu'elle demeure à l'identique. trinque donc Conrad