Tavernier, un autre ... - Arthur & Cathwulf

Lors de sa dernière discussion avec Conrad ce dernier lui confia une découverte qui valait le détour. Un petit bijou découvert récemment au gré de ses pérégrinations. C'était quelque chose qui ne risquait pas d'arriver à Arthur ce dernier n'ayant pas pour habitude de flâner. Cependant Conrad avait su lui vendre l'endroit. De bon cocktails, de bon repas et un patron qui connait son métier et le leur. Tout cela formait un tableau intéressant et le maître d'abordage décida de se laisser séduire, attirer par l’appât de souvenirs lointain des repas familiaux. Il décida alors de passer au Runny Amber lors de son prochain passage sur Hope.

Ce soir là arriva plus tôt qu'il ne pensait. Une pause négociée par le capitaine qui avait une affaire a régler et voila que le Quartier maître parti en vadrouille sur Hope en quête du Runny. En vadrouille c'était un bien grand mot. A son habitude l'homme traversait les rues d'un pas sur et décidé jusqu'à sa destination. Il n'était pas dans une rue passante, peu indiqué. Il ne s'étonna pas qu'on ne soit pas tombé dessus avant ça. Il observa la façade qui ne payait pas de mine avant de franchir la porte automatique découvrant les lieux. Une ambiance rétro et orangée régnait dans les lieux. Cela lui tira un fin sourire. Il se dit qu'on aurait pu se croire quelques siècles auparavant.

Une fois dedans, son pas se fit nettement plus lent, observant la salle et les gens qui s'y trouvait. Il salua d'un hochement de tête les gens qui le regardaient entrer tout comme ce qu'il identifia comme le personnel des lieux et attendit , seul en plein milieu qu'un de ces derniers viennent à sa rencontre un peu comme au restaurant.

Physiquement il ne payait pas de mine. Il faisait un peu plus d'un mètre quatre vingt la ou beaucoup de pirates s'approchaient ou dépassaient le mètre quatre vingt dix, n'arborait ni tatouage ni cicatrice ni signe ostensible de piraterie. Arthur, à son habitude, portait un pantalon épais glissé dans ses botes qui les laissait apparaître en totalité. De toute évidence elles avaient vécues. Des éraflures ça et là, des lacets usés, ce n'était pas un bureaucrate.  Son manteau trois quart laissait voir une chemise tout aussi épaisse et usé que son pantalon. Il ne cherchait pas non plus à dissimuler qu'il portait une arme et sans doute même deux, mais n'affiche aucune trace de provocation ou d'assurance mal placée. La seule chose qui dénotait de l'ordinaire homme brun qu'on croise tous les jours c'est sans doute sa queue de cheval sur une chevelure très courte mais surtout l'aura de calme et de charisme qui se dégageait de l'homme couplé à la Flamme qui animait son âme.

Il avait remonté le bras de sa chemise bleue pour libérer la prothèse métallique qui avait tendance à trouer les tissus de laine lrsqu'il pliait trop le coude. Un torchon propre tranchait au travers de son épaule et, sur son torse, l'on pouvait voir un tablier brun en tissu imitation cuir, façon tablier de forgeron dont dépassait des poches une spatule en métal, un fouet – en métal aussi et de cuisine, malheureusement  - et un tournevis de précision.

Le soir était toujours un moment de rush. Audrey et lui avaient fait la mise en place de la cuisine, puis il avait fait un tour des cocktails et des stocks avec Sarrazin et là, il venait d'apprendre qu'une des serveuses avait fait faux bond et ne serait ps là ce soir. Les autres couvriraient, c'est ce que font les gens d'une équipe sauf, évidemment, les dix minutes de battements qu'elle devait assurer seule. Ces dix minutes là. Heureusement que le bar n'était pas encore plein tiens !

Il revenait donc de nettoyer une table quand il repéra un pegu planté au milieu de l'entrée. De taille moyenne avec des cheveux châtains, plutôt sportif. Pas impressionné, le tavernier se rapprocha de lui.

« Bonjour Voisin. Je peux faire quelque chose pour toi ? »

Il avait un sourire dans sa barbe rousse et une bonhommie commerçante, sans aucune menace puisque l'autre n'était pas non plus menaçant.

Arthur regarda le tenancier approcher. Instinctivement il referma sa main droite en voyant la prothèse du rouquin. Cela faisait plus de dix ans qu'il avait la sienne mais il y a des choses qui vous marque à vie. Il redressa légèrement la tête pour regarder Cathwulf dans les yeux. Il avait pris l'habitude de ça. Il avait régulièrement l'impression qu'il était un nain dans un monde de géant. Cela lui arracha un léger sourire et il répondit de bon coeur.

"On m'a dit que vous aviez une bonne carte j'avais envie de me faire un petit plaisir. Ca fait longtemps que je n'ai pas fais un bon dîner."

D'un regard il balaya la salle pour voir la population présente avant de revenir à la grande badasse rousse, attendant qu'il le place. A moins que ça ne se fasse pas ici ? Il se demanda sur l'instant s'il avait mangé au restaurant depuis qu'il avait quitté l'UC. Ca faisait tellement longtemps qu'il avait fini par perdre le compte.

« Bah écoute t'es au bon endroit. T'es seul je suppose. Y a les tables du coin diner là, ou j'peux te trouver une chaise chez les mécano, y a une course de speeder en ce moment et ce ne sera le rush qu'après. Sinon, tu peux manger au bar, c'est comme tu veux. T'as les cartes sur les tables. Y a pas de chichi ici, c'est comme tu veux mais si tu occupes une grande table à toi seul faut pas venir gueuler que d'autres squattent à côté c'est tout. »

Si la nourriture avait un niveau étoilé, l'ambiance restait celle d'un bar pirate genre pub, avec de la musique – même si personne ne s'était installé au piano pour une fois – des jolies serveuses et un certain nombre de barmen musclés pour veiller qu'on ne fasse pas trop chier lesdites serveuses. Pour les gars trop en manque, y avait tout un étage de demoiselles un peu paumée qui ne demandaient que ça – moyennant finances. Pour les gars avec des gouts chelous, y avait la porte. Il montra le bras mécanique de son nouveau client d'un mouvement de menton.

« Si c'est pas indiscret, comment tu t'es fait ça voisin ? »

Arthur regarda la salle pour visualiser les différents endroits dont lui parlait le tenancier. Une table seul c'était déprimant. La table des mécano pouvait être un coin animé mais il avait peur que cela soit un peu trop bruyant pour lui. Les courses de speeder ne le branchait pas plus que cela. Il avisa du comptoir et des serveurs et serveuses qui s'activaient autour tout comme en salle. Il arrêta son choix. Il aurait la compagnie de l'activité du personnel et peut-être même quelques discussions. Cela lui conviendrait largement à défaut de mieux et de plus.

"Le comptoir sera très bien merci"

Sans gêne le rouquin lui demande ce qu'il est arrivé à son bras. Il n'avait pas l'habitude qu'on aborde ce sujet aussi frontalement. Un certain manque de tact accompagné d'une perception et une attention notable le bras recouvert haut de gamme de la manufacture de Fushi ... Il y a dix ans. Instinctivement sa main se resserrât à cette évocation de mauvais souvenirs lui revenant à l'esprit.

"Une mauvaise chute, je suis très maladroit parfois. Mais je me soigne, surtout à proximité de couteau. "

Il afficha un léger sourire plaisantin et lui renvoyait la balle.

"Et vous ?"

« J'étais mécano et le moteur sur lequel je bossais a décidé d'exploser avec mon bras dedans. »

Cela ne fait pas deux ans mais il parle de l'incident avec une grande simplicité. Il a l'habitude qu'on lui demande. L'habitude d'effacer les horreurs de la vie et de les enfermer bien au fond derrière tout un tas de miroirs et d'artifice. La fin du Lionroar avait été un abordage particulièrement violent. Presque tous ses camarades y avaient perdu la vie. Lui avait perdu un bras. Sarrazin, un œil. Mais il était toujours là et il avait toujours sa famille à charge alors il ne pouvait pas se permettre d'être traumatisé. C'était comme la fois où le père était revenu sur une chaise pour y mourir. Pas le choix, il fallait avancer. Inutile de dire que le coup de la chute au couteau, il n'y croit pas mais il s'en fiche.

« Venez, je vous accompagne au bar, j'ai des cocktails à faire. Vous buvez quoi ? »

L'homme dodelina de la tête à l'explication.

"Fâcheux ... Comment cela a t-il put arriver ? "

Arthur n'y connaissait rien en mécanique, rien de plus que la logique basique. Il avait du mal à comprendre comment un moteur pouvait exploser pendant qu'on le répare. Il fronça légèrement les sourcils sous la réflexion qui n'aboutissait pas. Host can not be reached.

Il emboîta le pas du barman pour rejoindre le comptoir son regard détaillant les gens présents au comptoir et derrière le comptoir. Il ne voulant pas s'asseoir à proximité de gens qu'il pouvait juger dangereux. La prudence était quelque chose qu'il mettait trop souvent en avant d'après son capitaine. Il ne pouvait pas lui donner tord. Ils étaient de nature assez ? Fondamentalement ? différentes. Au-delà de la Flamme de la liberté Conrad était un homme de panache. Arthur un homme de calcul. Et cela impliquait beaucoup d'autres choses.

"La spécialité de la maison, tant que cela ne me torpille pas ma solde j'aime goutter les spécialités locales."

Un sourire vient égayer le visage du barman. Clairement, il n'avait pas à faire à un mécano. Les moteurs étaient des choses volatiles qui, abîmés, n'aimaient rien tant qu'exploser à la figure des gens, surtout quand tout explosait autour. Inutile cependant de faire sentir mal son interlocuteur -on voulait qu'il revienne voyez-vous – simplement, il voyait bien qu'il n'avait pas besoin d'élaborer un mensonge poussé. L'inconnu n'y connaissant rien, il pouvait...comment ils disaient les snobs déjà ? Ah oui, vulgariser le processus.

« Oh c'est assez fréquent, c'est pour cela qu'en général, on débranche le moteur avant de faire des interventions dessus. Malheureusement, pour celui-ci, nous n'avions pas le temps. »

Il haussa les épaules. Il se remettait, de la perte de son bras. Quand Sarrazin avait perdu un œil et les trois-quart du vaisseau la vie, un bras, ce n'était rien. Il glissa derrière le comptoir, restant face au nouvel arrivant.

« La spécialité du coin, c'est d'abord le rhum » on est spécialisés en pirates ou on ne l'est pas « et ensuite les cocktails. Les notres sont excellents et notre carte change souvent. » Il lui fit passer la carte sur une tablette. « Sinon, si vous avez faim, on fait les meilleurs burgers du système. »

Arthur hocha légèrement la tête à l'explication. Cela éclairait sa lanterne. Bien assez pour ce dont il avait besoin. Il ne voulait pas non plus remuer plus que de raison le couteau dans la plaie. Il se contenta de hocher la tête brièvement.

"Je comprends mieux."

Il s'installa au comptoir, ouvrant sa veste pour ne pas être gêné. Il ne semblait pas se préoccuper de ses armes apparentes, tout juste un élément de sa tenue comme un autre. Rien d'agressif ou de provocateur. Il sourit amusé quand le tenancier annonça qu'avant tout il faisait du rhum. Une évidence. Il prit la tablette pour jeter un oeil à la carte. Son regard dégringolât jusqu'à la fin de la carte et sourit de nouveau. Il avait fait son choix. Il déposa la tablette sur le comptoir.

"Je vais commencer par un rhum alors et un burger corporatiste. J'aime goûter les spécialités maisons. Vous en avez d'autres ?"

Ah, des armes. Bon. Tant qu'il ne les utilisait pas partout, il pouvait bien faire ce qu'il voulait. Si un officiel lui tombait dessus et demandait un permis, ce n'était pas son problème à lui. Il lui rendit son sourire, attrapant ce qu'il fallait pour lancer le plat demandé. Pas de soucis. Par contre, fallait vraiment être naïf pour pour ne pas comprendre qu'un bar spécialisé en rhum en proposait de différentes formes. Clairement, ce n'était pas un puriste en la matière. Pas comme le Capitaine Stackborn par exemple.

« Bien sûr. Plutôt blanc, ambré ou brun votre rhum ? Vous cherchez l'alcool, des saveurs sucrés, boisées, épicées ? Quel est votre budget ? Vous le voulez au verre ou à la bouteille ? »

C'était ça, le vrai travail d'un barman et, pendant que cuisait la viande sur la plancha derrière eux, il leva un œil sur son interlocuteur, prêt à le conseiller le plus honnêtement du monde vers la boisson qui deviendrait bientôt sa préférée, foi de Cathwulf.

Le tavernier savait de quoi il parlait. En tout cas c'est l'impression qu'avait Arthur à l'entendre parler. Un vaste choix de brevage à des prix varié vu sa question sur le budget. Le souci pour lui c'est que Arthur n'avait pas l'habitude d'avoir un budget. Il dépensait peu souvent et profitait de ces moments pour se faire plaisir sans être déraisonnable. Cela faisait qu'il ne savait pas donner de budget. Tout tenait dans un effet psychologique assez indéfinissable.

"Vaste choix. Je vous dirais bien un shot de chaque mais ça pourrait faire un certain nombre de verre j'ai l'impression."

Il sourit un peu.

"Je suis ouvert aux saveurs, Conrad m'a dit que c'était un bon endroit alors je vous fais confiance. Surprenez moi, tant que je peux prendre un taxi pour rentrer."

Ah. Un ami de Conrad, peut-être un homme du Liberty alors. Cathwulf a du respect pour le Capitaine. C'est un homme libre, fier (peut-être un peu trop parfois), et un bon connaisseur d'alcool. Alors pourquoi n'a-t-il pas éduqué un tout petit peu son pote, hein ? Cela ne semble pas logique mais, bon commerçant, le tavernier sourit.

"Attendez un peu, je sors ma boule de cristal à goûts et je suis à vous." Conseiller c'est important, oui, mais quelques indices, ça aide quand même. N'empêche, il est bon joueur et sort quatre vert. Dans l'un il met une dose de Kraken, dans l'autre un Damoiseau, dans le troisième un Clément Canne Bleue et dans le dernier un Père Labat.

"Commencez par ceux-là et vous m'en direz des nouvelles. Votre burger arrive." Il pose les couverts, un petit panier de pains au miel, et tout le nécessaire à repas.

Arthur arque un sourire quand Cathwulf parle de boule de cristal. Voila un trait d'humour qu'il appréciait. Il aimait bien le gens avec de l'humour. Cela permettait d'avoir une ouverture sur une discussion pas trop sérieuse. Cela ne faisait pas de mal. Leur vie quotidienne avait bien assez de sérieux à rajouter à tout cela.

"Vous lisez dans le marc de café aussi ? Parce que vous risquez d'avoir de la matière vu la quantité que j'en consomme."

Il regarda les quatre verres se poser devant lui et étudie avec attention la couleur de chaque liquide qui les compose avant de se saisir du premier pour le renifler, réfléchit aux parfums qui s'en dégage et le repose. Il relève les yeux vers le rouquin pour demander, tout en désignant la ranger de verre.

"Je les bois dans cette ordre la ?"

Parce qu'après tout il y a des domaines ou il faut suivre un ordre si on veut pouvoir sentir les saveurs de la suite.

« Nan, le marc de café c'est la prérogative de mon associé. On varie, voyez. On a une cuisinière qui voit dans les entrailles de mouton aussi. »

Il sourit, imaginant la petite Minipouce dans des entrailles en train d'y deviner combien de tartelettes citron-basilic elle allait devoir préparer et Sarrazin, les joues pleines de marc de café façon F.I. Après un moment d'hésitation, il sort un petit sceau de table en métal, une carafe d'eau et un verre.

« Vous allez du plus clair au plus foncé en vous rinçant la bouche entre chaque. Ensuite vous classez les verres en fonction de vos préférences. C'est une nouvelle forme de divination, le tarot des Rhums. C'est très populaire en ce moment. »

S'il est sérieux pour la première partie des instructions, la seconde est évidemment une plaisanterie qu'il souligne par un léger sourire, mi sérieux, mi amusé.

L'écoutant, Arthur relevant un sourcil marque d'une légère surprise. Cette hypothèse n'était pas entrée jusque là dans son champs du possible. Un associé. Rien de surprenant. L'information intégrée il sourit légèrement quand il parle des entrailles de mouton.

"Elle vient d'une vieille famille écossaise peut être ?"

Il observa les verres et leur robe avant de prendre le premier.

"Jouons au tarot alors. "

Il porta le verre à ses lèvres pour en prendre une gorgée et le faire courir sur sa langue et son palais, en apprécier la saveur avant de l'avaler lentement. Sa langue flirta avec son palais quelques instants avant qu'il n'avale le reste du verre avec moins de mesure sans aller jusqu'au cul sec.

"C'est votre accident qui vous a fait ouvrir ce bar ?"

Elle vient d'une famille de bornés ça c'est certain pour l'avoir suivi jusque sur Hope alors qu'elle avait une famille mais une fois la surprise passée, il est heureux qu'elle ait fait cet effort car, à présent, il ne voit pas le Runny Amber sans elle. Peut-être même qu'il réussira à la faire vraiment entrer dans la famille.  Wynnstan allait bien finir par se découvrir une sexualité un jour, merde ! Reportant son attention sur son client il le vit boire le premier verre, le rhum blanc à la couleur transparente comme de l'eau mais au goût nettement plus corsé. Il savait déguster alors ? Pourquoi agissait-il comme s'il n'y connaissait rien ? Cet homme était un mystère. Wulf posa le burger sur la table et haussa les épaules, reposant son torchon sur celle en métal.

« J'ai eu l'accident et mon vieux est passé dans la foulée. Je ne voulais pas laisser ma mère seule alors j'ai ouvert ici avec ma part d'héritage. De toute façon, ce n'est pas avec cette prothèse que je peux reprendre les réparations poussées. Et vous ? Vous faites quoi dans la vie ? »

Arthur regretta d'avoir posé la question. Accident et décès. Voilà un mélange qui n'avait rien de bien joyeux. Difficile de mettre les gens à l'aise quand on remuait mauvais souvenir sur mauvaise expérience. Il pressa ses lèvres l'une contre l'autre avant de les ouvrir dans un discret claquement.

"Est-ce que je pourrais avoir un verre d'eau pour me rincer ?"

Son doigt se posa sur le rebord du verre maintenant vide et le repoussa doucement vers le barman rayant virtuellement ce premier rhum de sa carte du soir.

"Je veille à la sécurité des hommes d'équipage du navire sur lequel je travaille."

Voilà une manière de dire la vérité sans tout dire non plus. Il n'allait tout de même pas crier sur tous les toits qu'il descendait d'un navire pirate.

Avec un sourire poli, Cathwulf poussa devant son client le verre d'eau et le crachoir de table qu'il avait déjà préparé en prévision de la demande. Le Service, il l'avait très vite pigé, c'était beaucoup d'anticipation. Il attrapa le verre de rhum vide, le posa dans le rinceur puis dans un bac à plonge pour ce soir, hochant la tête.

« C'est un rôle important en effet. » Et souvent, celui soit d'un mercenaire soit d'un pirate. Hors il n'y avait pas des centaines de Conrad qui auraient pu recommander à ce point le Runny Amber. Cathwulf n'était peut-être pas très éduqué mais c'était loin d'être un imbécile. « Surtout sur le Liberty. Conrard et Ni'oh vont bien ? »

"Merci"

Il pris le verre d'eau et en pris une gorgée sans attendre la faisant rouler en bouche doucement pour ne pas être grossier et l'avala en silence. Il reposa doucement le verre, s'attardant sur sa surface qui s'immobilise doucement. Sans la quitter des yeux il répondit au barman.

"Ce n'est pas le rôle qui est important. Ce sont les Hommes."

Il prend le verre suivant et recommence sa petite tournée des parfums et de la vue, lui rappelant une conversation lointaine avec Ni'Oh. A l'évocation du navire et de son équipage de tête. Il releva les yeux vers le barman sans relever la tête le regardant par dessous.

"Aux dernières nouvelles oui. Je ne savais pas que Ni'Oh était déjà venue"

« Elle est venue plusieurs fois, elle a accompagné le Capitaine Stackborn au violon et elle aime bien passer de temps en temps, seule ou avec d'autres membres de l'équipage. C'est une chouette fille, je m'entends spécialement bien avec son singe. »

Qu'il achetait de façon parfaitement déloyale avec des fruits mais ça, ce n'était pas la peine de le dire. C'était devenu un petit jeu entre Sträx et lui. Il quémandait, Wulf refusait et, quand il ne demandait pas et que personne ne les regardait, il lui donnait un morceau trop gâté pour être vendu ou le reste d'une décoration de cocktail qu'un client avait laissé de côté. C'était leur petit secret.

« Vous pouvez vous détendre. Le Runny Amber est ouvert à tous. Si vous n'ennuyez pas vos concurrents ou les quelques terriens qui passent sans raison, personne ne vous cherchera de noise. Vous êtes en terrain neutre. Ce qui peut arriver de pire à vos hommes ici c'est une bonne gueule de bois ou une bagarre de taverne. »

Arthur hocha la tête en écoutant Cathwulf évoquer ces passages. Il comprit qu'il ne communiquait pas tant que ça avec les membres du navire pour ne pas connaitre ça. Il était aussi un peu étonné car à la façon dont Conrad lui avait parlé du bar, il avait eu l'impression qu'il avait découvert cela récement alors que le barman semblait dire que c'était au moins régulier.

"Oui c'est une chouette femme. Un peu réservé je dirais mais une chouette femme."

Il n'évoqua pas le capitaine car pour le coup cela n'avait rien de surprenant de son point de vue que Conrad fréquente des bars. Ce n'était pas un poivrot mais de ce coté là il était à l'image qu'on pouvait se faire d'un pirate. Il avala doucement son second verre après l'avoir fait tourner en bouche quelques secondes avant de le reposer tout comme le premier, le repoussant de son index.

"Je ne suis pas homme à chercher querelle, je n'ai pas de raison de m'inquiéter à part peut être pour la cuisson de mon burger"

Il se fendit d'un petit sourire et pris le verre d'eau pour se rincer avant de prendre le verre suivant.

« Ne vous inquiétez pas pour votre burger, il est parfait et sera délicieux si vous ne le laissez pas trop refroidir. »

Il indiqua du coude l'assiette qu'il avait posée sur la table quelques temps plus tôt déjà. Laisser reposer la viande n'était en général pas une mauvaise idée mais les gens semblaient persuadé que c'était une hérésie.

« Que pensez-vous des rhums pour le moment ? »

Après tout, il était là pour découvrir les goûts de l'officier avant tout.

Il porte son regard vers l'assiette détaillant le futur diner du regard brièvement avant de revenir au rouquin.

"C'est que je voulais tester ces breuvages avant ... Je crois que je vais devoir en garder pour le dessert si je ne veux pas que cela refroidisse."

Le pirate alterna son regard entre le burger et le verre et le prit en bouche d'une traite, ne l'avalant pourtant pas tout de suite pour laisser sa saveur emplir son palais et son nez avant de doucement le laisser filer dans sa gorge et déposer le verre le poussant pour le faire rejoindre les deux premiers.

"J'en pense que c'est bon , je me demande si j'aurai le palais assez fin pour apprécier le panel de ce qui existe."

Il attire l'assiette à lui et se saisit de son repas pour croquer doucement dedans....

"Beaucoup se ressemblent, il faut bien être honnête mais je vous ai apporté un assortiments assez différents pour que vous puissiez voir lesquels vous apprécieriez le plus. Ainsi, la prochaine fois que vous venez, vous pourrez commander directement ce qui vous fait envie ou au moins aiguiller le barman vers des saveurs qui vous plaisent." Il n'en dit pas plus, le laissant savourer le burger, lui resservant de l'eau. Avec la nourriture, on n'avait pas encore fait mieux.

Une nouvelle bouchée disparait dans la bouche du maître d'abordage écoutant le tenancier.

"Il faudra que je note les noms de ces rhums alors, histoire de ne pas être tributaire de votre présence."

Peu après le burger avait disparu pour faire place à une assiette et quelques miettes. Il chercha du regard une serviette pour s'essuyer les mains avant de prendre le dernier verre.

"Vous avez des animations parfois ?"

Il ne savait pas ce que le bar offrait en dehors d'une carte intéressante de repas et puis maintenant que le tenancier savait d'ou venait Arthur peut être serait il moins coincé sur la légalité , si tant est qu'il ne l'ait jamais été. L'ex policier n'avait aucune idée d'ou cela pouvait le mener, ni même s'il en avait envie, mais il se montrait un peu curieux pour le coup.