Caractère
« J’suis pas exactement quelqu’un d’hyper chaleureux. En fait, j’dirais que j’suis aussi chaleureuse qu’un cactus, et encore, le cactus serait surement plus affectueux que moi... Bon, okay ! C'est pas totalement vrai ça, mais chut ! J'ai pas envie que mes hommes me prennent pour une douce... Comme vous l’aurez surement deviné, j’ne suis pas quelqu’un qui fait confiance facilement. Ça prend beaucoup de temps et d’effort avant que je ne laisse qui que ce soit entrer dans mon cercle d’amis, mais aussitôt que vous y êtes, vous devenez comme de la famille et je défendrais votre honneur, votre vie, jusqu’à mon dernier souffle.
J’ai du caractère et je ne me gêne pas pour le montrer. Je ne me laisse plus marcher dessus, y’en a assez qui ont profité de moi comme ça. Si je ne vous aime pas, vous allez le savoir très vite. Certains me qualifieraient d’irrévérencieuse, que j’ai du respect pour peu de choses. Moi j’dis que le respect, ça se mérite, surtout le miens. Quand on suit aveuglement, on embrasse une sorte de tyrannie et pour moi, il n’y a rien de plus précieux que ma liberté. Je ne laisse personne me contrôler, dans la mesure du raisonnable. J'ai quand même énormément de respect pour ma Capitaine, mais on se fait confiance, et on se laisse l'espace qu'on a besoin pour faire not' boulot et ça, je l'apprécie énormément pour ça...
Une solution simple et direct c’est la meilleure solution. Je ne prends pas cent chemins pour dire ou faire ce que je veux. Je fonce sans vraiment m’en faire pour les autres, et si y'a un truc que je déteste par dessus tout, c'est la paresse. Avec moi, pas d'procrastination. Tu travailles ou tu dégages, aussi simple que ça. Certains me qualifieront de sévère, moi j'dis que c'est les autres qui travaillent jamais assez. Ouais, j'suis un peu bourreau du travail, mais un travail devrait toujours être bien fait et vite fait... mais surtout bien fait.
J'peux avoir l'air du genre de personne qui prend beaucoup de place sur un vaisseau, mais j'reste au fond quelqu'un de discret. J'ai pas trop voulu devenir Maître de l'équipe d'artillerie, mais quand Jezabel décide qu'elle veut un truc, c'est dûr de l'en dissuader, haha ! À quelque part on est un peu pareil là dessus, ce qui explique pourquoi y'a eu autant de flamèches quand il est venu de choisir le nouveau Maître Artilleur... mais au fond, j'ai appris à aimer mon poste. J'm'assure que le travail est bien fait, qu'il y a un bon roulement et les gars sont pas terribles au final... mais ne va pas leur dire que j'ai dit ça.
La seule personne avec qui je me permet d'être plus ouvertement affectueuse, c'est mon fils, Flèche. Ce p'tit homme est ma vie, bien honnêtement. J'avais toujours voulu des enfants quand j'étais jeune, mais disons que les circonstances n'ont pas été favorables pour fonder une famille... jusqu'à ce que je trouve mon p'tit loup. J'sais pas c'que ma vie serait devenu sans lui et je chéris chaque moment qu'on a ensemble, car avec la vie qu'on vit, on sait jamais quand est-ce qu'on va finir au fond d'une prison ou exécuté. C'est surement pourquoi j'ai pas trop d'amis, ça plus le fait que j'suis une vraie brèle quand il s'agit d'interactions sociales. J'tiens pas ma langue et y'en a beaucoup que ça dérange. J'suis "trop honnête" selon certain, pfffft... Ça sert à quoi de faire semblant ? J'ai pas l'temps pour ce genre de charades ! »
Histoire
L’enregistrement débute avec des bruits de quelque qui est occupé à placer du matériel. Puis, un silence s’installe avant que quelqu’un ne vienne souffler un nuage de fumée dans la pièce.
« Compte tenu de tout ce qui s’est passé récemment, j’ai cru bon de faire ce petit enregistrement pour toi, mon p’tit loup… mais si t’es en train d’entendre ce message, Flèche… c’est que j’suis plus avec toi.
Je veux commencer par te dire à quel point tu m’as apporté de la joie dans ma vie, mon p’tit rayon de soleil. Je ne sais pas ce que ma vie serait devenue sans toi et tu m’as certainement rendue une meilleure personne par ta présence. On a partagé de merveilleux moments ensembles et je tiens à te rappeler à quel point je t’aime… et que je t’aimerai toujours, même si je ne suis plus parmi les vivants… »
Une petite pause dissimule à peine le sanglot que la femme tente d’étouffer.
« Désolé mon p’tit coeur… Tu sais que c’est pas mon fort, les trucs sentimentaux. Mais je voulais te laisser un p’tit truc après mon départ, un p’tit truc qui va répondre à certaines questions que tu t’es sûrement fait à mon sujet.
Xandra n’a pas toujours été le nom par lequel on m’a appelé. Quand je suis née, on m’a baptisée Alexandra Maeve Bassidien, et j’étais Trinitaire. Ouais ouais je sais, tu m’entendais souvent râler au sujet des Trinitaires, mais la vérité c’était que je suis née dans une famille de la Trinité. J’avais deux sœurs aussi, Cassandra et Abigail. Cass’ était plus vieille que moi et Aby était ma petite sœur. Mes parents, surtout ma mère, étaient convaincus que nous étions destinées à de grandes choses. Cass’ faisait toujours son possible pour honorer les souhaits de nos parents et elle partageait leurs croyances, tandis qu’Aby, était un peu plus terre-à-terre comme moi. Elle aussi s’efforçait d’honorer mes parents, mais elle n’était pas aussi intense et sévère que notre grande sœur.
Enfants, nous étions inséparables. Aby et moi. On faisait toujours des mauvais coups aux enfants de notre école, mais on savait se tenir sage quand Cass’ se pointait. Le nombre de fois qu’elle était venue nous voir pour nous réprimander… même s’il y avait quelques rares moments où elle participait à nos mauvais coups, lorsqu’ils étaient dirigés vers des gens qui nous avait fait du tort. Cass’ était très protectrice de moi et Aby, mais je suppose que c’est un peu le rôle d’une grande sœur, de toujours veiller sur ses petites sœurs et de s’assurer que rien de leur arrive…
Puis, tour à tour, on s’est fait envoyer au couvent par nos parents. Nous étions tous relativement jeunes lorsque nous sommes arrivées, mais j’étais assez vieille à l’époque pour commencer à voir que je n’étais pas comme les autres jeunes filles, et certainement pas comme mes deux sœurs. J’avais toujours un problème avec l’autorité, j’aimais pas qu’on me dise quoi faire et il y avait quelque chose de la religion qu’on m’imposait qui ne cliquait tout simplement pas avec moi. J’ai fini par comprendre, au début de mon adolescence, ce qui me différenciait des autres lorsque j’ai commencé à développer des sentiments pour quelqu’un… et que c’était une fille. Ouaiiis j’te vois venir mon p’tit loup! J’vais pas aller dans les détails, mais disons que l’autre fille, Jeannette qu’elle s’appelait, elle avait le béguin pour moi aussi. Enfin, elle avait un doute, elle doutait de nos apprentissages comme moi j’avais douté à l’époque. On a commencé par se lier d’amitié, puis… c’est devenu un peu plus sérieux. On se voyait en cachette, parce qu’on savait que c’était pas correct d’avoir ce genre de rapports entre deux filles (en tout cas, selon la doctrine Trinitaire…), mais éventuellement, on s’est fait prendre par l’une des sœurs du couvent… »
Nouvelle bouffée de cigarette…
« Tu te souviens des cicatrices que j’avais aux doigts, mon p’tit cœur? Tu te souviens que je t’avais dit que je les avais eus en faisant la cuisine? Eh bien… Elles datent de pas mal plus longtemps. Quand on nous a surpris, moi et Jeannette, au couvent, les sœurs ont voulu nous faire comprendre que ce qu’on faisait n’était "pas naturel". On a chacun eu une punition pour nos transgressions et pour moi, ça été de me brûler les doigts au fer. J’ai jamais su ce qui était arrivé à Jeannette, car on ne s’est plus jamais reparlé après…
Ma sœur Cass’ ne le prit pas bien lorsqu’elle apprit ce que j’avais été faire dans son dos. Aby était au courant, puisque je lui en avais parlé. Elle avait compris comment je me sentais et avait gardé le secret, mais Cass’… Je ne l’avais jamais vu aussi furax. On s’est disputé, beaucoup… puis, elle a dit que j’étais une honte à la famille. J’avais le cœur brisé, certes, mais plus encore, j’avais ce feu ardent en moi qui avait refusé de s’éteindre. Je ne pouvais pas croire que j’allais devoir vivre cette vie qui m’avait été imposé par mes parents, ma sœur, ma nation… L’idée que j’allais devoir me soumettre à des principes qui n’étaient pas du tout les miens me rendait malade et enragée. Allais-je vraiment devoir sacrifier qui j’étais pour faire dans le moule que la société m’imposait de conformer? Non… alors j’ai fui. J’ai pris le peu de choses que j’avais et je suis partie sans jamais regarder derrière moi… »
On entend le bruit d’un verre avec du liquide à l’intérieur, puis quelqu’un qui vient prendre une gorgée.
« Je devais avoir… 18 ans lorsque j’ai décidé de m’engager dans la piraterie. Ça faisait déjà un an que je vivais en vagabond, de station en station, avec rien d’autre que mon sac et la peau sur mon dos. C’était pas facile, j’ai dû faire beaucoup de jobs pas trop net, mais j’ai fini par trouver ma voie : le Némésis. Ça a commencé avec une rencontre avec l’un des artilleurs du vaisseau. On a échangé quelques mots et j’ai exprimé mon envie de rejoindre l’équipage. Je n’avais pas vraiment les compétences qu’il fallait pour les rejoindre, mais le mec, il a dû voir quelque chose en moi, alors il a parlé de moi à la Capitaine Erszébeth Alvarez et ça ne prit pas grand temps qu’elle m’accepta parmi les rangs de ce prestigieux vaisseau. C’est aussi à cette époque que j’ai délaissé mon nom pour prendre celui que tu as connu : Xandra Baas. Bon, tu me dirais, c’est juste un peu différent de ce que j’avais avant, mais j’avais pas une tonne d’imagination, okay !?
Bref, me voila rendue sur le Némésis. Si tu crois que tout s’est arrangé après que j’aille rejoint l’équipage, ohhh la la… Tu te trompes ! C’était pas facile de gagner ma place parmi les moussaillons du Némésis, d’autant plus que c’était plein de mecs bourrus qui ne me prenaient pas au sérieux. Fort heureusement, j’étais pas la seule jeune à bord du vaisseau. Il y avait la fille de la Capitaine qui était 10 ans mon aîné, Jezabel, et sa meilleure amie Nadya, qui avait à peine 3 ans de moins que moi. Il y en avais surement d’autres, mais ces deux là m’ont le plus marqué car plus tard, elles allaient devenir mon Capitaine et sa Seconde. Mais bon, quand je suis arrivée, j’ai dû faire tout plein de tâches crasses pour les autres membres de l’équipage, mais à force de toucher un peu à tout, j’ai commencé à m’adapter et à développer quelques compétences.
Cependant, tout au long de mon cheminement, j’avais cette étrange fascination avec l’artillerie. Je me retrouvais souvent à aller espionner sur les gars d’artillerie pour aller voir comment ils travaillaient. L’homme qui m’avait introduit à la Capitaine me prenait parfois appart pour me montrer quelques trucs. Éventuellement, j’ai commencé à sérieusement m’y intéresser et j’allais lire des livres à ce sujet quand j’avais du temps libre. Puis, à force de montrer mon intérêt et de faire mes preuves, j’ai intégré l’équipe des artilleurs. Mais mon calvaire était loin d’être terminé. Si tu dois retenir quoi que ce soit des artilleurs, Flèche, c’est qu’ils sont tous des durs à cuir ! Y’en a certains qui sont des gros nounours à l’intérieur, mais la plupart sont vraiment rudes et ils n’aiment pas se faire dépasser par une fille, encore moins une fille plus jeune. Si au début on m’avait taquiné un peu, éventuellement quand j’ai commencé à me montrer plus efficace qu’eux, ils l’ont trouvé moins drôle… mais j’ai su tenir ma position, et même me faire respecter ! C’était pas de tout repos, mais je pense que les artilleurs ont fini par bien m’aimer… malgré mes défauts…
On saute à l’an 97 ADD. Le Némésis avait engagé un vaisseau de l’Union Corporatiste nommé l’Evergreen. Comme prévu, j’avais assisté l’équipe d’artillerie à affaiblir le vaisseau avant d’être demandé à faire partie de l’équipe d’abordage. Je t’avoue, mon garçon, que l’abordage a été particulièrement violent sur celui-là… C’était un véritable bain de sang. On avait décimé l’équipage de l’Evergreen lorsque je suis tombée, complètement par hasard, sur un petit garçon enfermé dans sa chambre. Il s’était présenté sous le nom de Flèche… Et moi, c’était toi, mon p’tit loup. J’ai fait signe aux autres gars de continuer leur tournée du vaisseau et je t’ai emmené avec moi sur le Némésis. La Capitaine n’était pas trop d’accord sur le coup, mais je pense qu’elle a fini par se plier vu que j’allais te prendre sous mon aile. Et puis j’ai fait attention que nous ne la dérangions pas. Tu te souviens quant ont jouait à la cachette avec elle et qu’elle ne s’en rendait pas compte? Tu étais un champion mon cœur! Elle n’a jamais su une fois que tu étais dans les parages quant elle venait me visiter.
À peine un an après ton arrivé, mon trésor… on a subi une terrible perte. Eszébeth, la femme qui m’avait permis d’avoir la vie que j’ai eu, a été exécutée. J’ai eu tellement de mal à accepter sa mort que je me suis absenté de mes tâches pendant plusieurs jours. Il s’agissait d’une des seules personnes en qui j’avais de l’admiration. Je suis sûre que malgré ton jeune âge, tu te souviens de cette époque sombre dans ma vie… et ce n’était que le début d’une série de pertes que subirait le Némésis…
La prochaine décennie fut sans doute les plus belles années de ma vie. J’avais toujours voulu avoir des enfants, depuis que j’étais jeune, mais… quand tu es pirate, c’est un peu compliqué de réaliser ça. Surtout que j’ai toujours eu une préférence pour les femmes du coup… ça complique encore plus les choses ! Haha ! Mais passer toutes ces années à te voir grandir et à t’avoir avec moi, c’était un rêve devenu réalité. Je sais que ça n’a surement pas dû être toujours facile pour toi, mon p’tit loup, de grandir dans un environnement comme le Némésis, mais j’ai toujours fait mon possible pour que tu ne manques de rien et que tu sois heureux, même si des fois j’ai dû me montrer plus dure avec toi. Mais c’était toujours par amour… J’espère que tu le sais ça. »
Elle soupira doucement, ses doigts passant dans ses cheveux alors qu’elle prend une petite pause. Une dernière bouffée de cigarette et elle vient écraser le magot dans un cendrier.
« En 108 ADD, c’est là que ç’à commencé à vraiment mal tourner. Jack Beadle avait été l’homme qui m’avait permis de rejoindre le Némésis ainsi que l’homme qui m’avait tout appris à l’artillerie et aux armes lourdes. Si je connais aussi bien la bête qu’est le Némésis, c’est à lui que je dois ça. C’est pourquoi quand il est mort, ça m’a vraiment fait quelque chose et je suis sûre que tu t’en es rendu compte, mon trésor. Tu étais si bon pour voir quand j’allais mal, même quand je faisais semblant que tout allait bien. Tu me connaissais trop bien… La mort de Jack, il semblerait, n’annoncerait que plus de morts au sein du Némésis. Bien que beaucoup de gens m’avaient nommé pour prendre sa place, c’est à Eugène de Chateaubriand que le poste de Maître Artilleur revint, car je ne voulais rien savoir à l’époque de prendre la place à mon mentor. Si Eugène était un artilleur brillant, il était hautement instable et je l’avais souvent repris sur certains de ses comportements. Éventuellement, son insouciance eu le meilleur de lui, et c’est à ce moment-là qu’on me remis sur la liste de gens pour prendre sa place…
L’attaque des mutants avait frappé le Némésis particulièrement fort. Beaucoup de bonnes personnes sont tombées, notamment Eugène et la Seconde du vaisseau, Nadya. J’ai cru comprendre qu’elle et la Capitaine devaient se marier… La nouvelle m’avait fendu le cœur. Elle beaucoup a subi, notre grande Capitaine, déjà avec la naissance de son troisième gosse, la mort d’Eugène et la mort de son aimée, des fois j’me demande comment elle fait pour rester debout… mais ça reste une Alvarez après tout, et les Alvarez ils sont fait d’acier.
La vie que l’on vit n’est pas facile, mon p’tit loup, ça tu le sais. Je n’ai cessé de te le rappeler, non pas pour te décourager, mais pour garder tes idées réalistes. Néanmoins, pour ma part en tout cas, tu as rendu mon chemin beaucoup plus facile, par tes sourires et ta présence. Tu resteras dans mon cœur à jamais, même après ma mort, et j’espère garder une place dans le tient, peu importe ce qui adviendrait de nous…
Je t’aime, mon p’tit loup d’amour… Prends soin de toi, ma petite Flèche. »