Check-up de routine [Alexis & Aliénor]

Tous les ans Aliénor fait maintenir son interface. C'est son outil de travail, elle y fait très attention et en plus, c'est un cadeau. Elle a besoin de performance, de pouvoir être rapidement connectée à n'importe quel poste d'artillerie, d'afficher des informations, de tirer avec les canons. Tout ça doit être réglé au millimètre. Elle a aussi besoin de pouvoir se déconnecter rapidement en cas de problèmes.

Billy lui avait parlé d'une médecin sur Espoir qui était une petite génie des cybers. Donc, un rendez-vous plus tard, et une escale plus tard, elle était dans les rues d'Espoir. Ce n'était jamais la joie de faire escale à des endroits qui n'étaient pas pleinement pirates ou neutres. Heureusement qu'elle est de petite taille et qu'elle évite d'attirer les regards sur elle.

La femme se glisse dans le cabinet médical avant d'attendre quelques minutes à l'accueil. Elle scrute la décoration assez particulière de l'endroit. Ca ne fait pas du tout cabinet médical en tous cas. Il n'y a personne à vu de nez, sûrement que le medecin doit être avec un autre client. Peut-être qu'elle pourrait lui faire voir ses cyberpupilles aussi. Les upgrader pour une version qui changent de couleur ? Le rose ça reste quand même pas mal...

- B'jour... ? Y'a qu'qu'un ?

Elle était 12h15, soit une heure avant mon prochain rendez-vous, aussi je me lovais dans mon fauteuil de bureau, laissant là les derniers articles publiés par Fushi. Je m'autorisai une sieste, programmant la réactivation de mes implants oculaire 45 minutes plus tard.

Ce qui devait arriver arriva : Mes yeux se réactivèrent bien, mais pas moi et c'est donc sur mon alerte de rendez-vous que j'émergeais, qui étais dans 2 minutes ! Me rhabillant, je me considérais un instant avant de me diriger vers la porte :

Ma combi grise pailletée partait de mes chevilles remontait jusqu'au haut de mon cou, plutôt moulante, elle ne couvrait pas mes bras et un "décolleté" ovale laissait voir la naissance de mes seins. Je recoiffais mes cheveux avec un peu de gel pour leur donner du volume, passant une main sur l'arrière de mon crâne pour apprécié la douceur de la peau rasée. Mes bras chromés toujours aussi brillants et propres. Nu pied, je m'approchais de la porte, qui s'ouvrit dans un discret chuintement. Je découvrais ma première cliente de l'après-midi, avec seulement 3 minutes de retard :

- Salut, Docteure Calvin. Dis-je en me présentant, lui tendant la main. Aliénor, c'est ça ? Dis-je en lançant un scan depuis mon IV oculaire, faisant scintiller mes yeux. Pas de dysfonctionnement majeur, pas non plus fichée chez les Corpos.

- Installe-toi dans un des fauteuils. Dis-je en lui montrant les fauteuils en forme d'œufs.

- Café ? Proposais-je en m'en servant un.

La docteure venait d'arriver. Aliénor n'allait pas se plaindre de sa ponctualité, mal placée pour juger. Sa main de chair serra la main de métal avec un léger sourire.

- C'est ça ! Ouaip, j'veux bien un ptit café.

Les yeux qui scintillaient, il y avait pas a dire, ça avait la classe intersidéral. Mais en même temps, Aliénor resta un peu perplexe. Elle la scannait ? Normalement, c'était un endroit réputé pour sa discrétion, elle avait pas envie d'avoir toute l'UC sur le cul. Elle observa quelques instants la combi que portait la médecin avant de s'enfoncer au fond du fauteuil œuf.

- C'est Billy qui m'a parlé d'toi. J'suis v'nue pour jus'te savoir si tout s'passait bien avec l'interface.

Les doigts de la trinitaire passèrent sur la petite pierre incrustée dans son front avant qu'elle n'attache ses cheveux roses.

Je reviens alors avec un gobelet dans chaque mains, en tendant un à Aliénor avant de prendre place à mon tour.

- Billy ? Et tu n'as pas de singe, toi ? Ma théorie d'une sororité éleveuse de singe s'effondrait...

- C'est une chouette implantation, propre et stylisée. Tu as bien raison de faire contrôler ton système. Je me retenais de lui fondre tout de suite dessus pour contrôler les tissus cicatrisés et les systèmes internes.

- As-tu constaté des dysfonctionnements ? Ou des temps de réaction inhabituels ? Pesant le pour et le contre, je finis par me lancer. Ton interface, il sert à se connecter à un vaisseau, pas vrai ? Et comme ça me brûle les lèvres, j'ajoute Ce ne serait pas le même que Billy ? Je me mords les lèvres, j'ai peur d'en avoir trop dit, d'avoir montré que j'en savais trop.

- Oublie ça, c'est surtout savoir comment contrôler ton implant… Je dis ça, mais ne le pense pas une seconde, je veux savoir !

Le café se porte à ses lèvres et elle ferme les yeux en le savourant. Elle rouvre les yeux et offre un grand sourire quand elle parle de singe. Qu’est-ce que Billy a bien pu lui dire ? Elle ne peut que hocher la tête à la question du singe.

Là capitaine avait mit un paquet de thune dans son implant donc elle l’a chouchoutait. En plus elle avait pas l’impression d’avoir un crâne de métal et ça c’était le pied.

- Pas d’dysfonctionnements. J’dois mettre quelqu’secondes d’plus à m’connecter j’dirais. J’ai pas subis de déconnections cet’année donc pas d’problème de c’côté là.

Elle a l’air curieuse cette médecin, presque excitée de me poser des questions sur l’implant et ce que je fais avec.

- Correct. L’armement d’un vaisseau. C’pas parce que j’connais Billy que j’suis sur son vaisseau.

Autant brouiller un peu les pistes. Elle ne sait pas vraiment à qui elle parle, ami ou ennemie ? Plutôt amie pour l’instant.

- J’voulais aussi faire contrôler mes cyber pupilles. Même si c’est que d’l’esthétique. J’tiens pas à m’retrouver avec un œil t’noir. T’es plutôt branchée cyber non ? J’aime bien tes z’yeux.

Je notais mentalement ce qu'elle me disais, avant de lancer des simulations avec mon IV avec le modèle de son implant, que je pensais avoir reconnu.

- Ok, ok, merci d'avoir bien voulu me le dire. Je programmais alors le téléchargement de simulateur d'artillerie Fushi dans ma console de test, depuis mon interface rétinien.

- Pas de problème pour les pupilles, ce sera rapide. Elles se cassaient très rarement, en plus l'implantation n'était pas très complexe.

- J'ai longtemps vécu à Valénos, c'est là-bas que je me suis formée à la cyber. Difficile de ne pas finir complètement accro. Dis-je paisiblement, tachant de ne pas repenser à Jean. C'est aussi là-bas que je me suis augmentée, j'ai mes outils intégrés aux bras et mes solutions d'analyse dans les yeux. Je suis d'ailleurs bien incapable de m'imaginer travailler autrement aujourd'hui. Je pense pouvoir dire objectivement être la meilleur en Dorado. Après on adhère ou pas à mon style. Ajoutais-je, en repensant à l'espèce de cinglé qui voulait que je lui augmente les réflexes.

Je jetais négligemment mon gobelet vide dans l'incinérateur miniature, avant de reprendre :
- On passe à côté ? Dis-je en désignant la porte par laquelle j'étais entrée.

- Ouaip, allonzy ! Comment ça adhérer ou non à t'style ?

Suivant le mouvement, elle se leva et jeta aussi son gobelet. La jeune femme passa la porte avant de se laisser accompagner jusqu'au bureau. C'était... Vide. Elle s'assit dans l'un des fauteuils avant de regarder autour d'elle. C'était particulier comme endroit. Très.. Plastique.

- C'va prendre b'coup d'temps vot'e examen ? Que j'sache pour mon emploi d'temps v'voyez ?

La question est étrange, je n'y réponds pas tout de suite, voir si elle ajoute quelque chose, mais rien… du coup, bah, je réponds :
- Pas mal de monde s'attend à un cadre classique, une secrétaire, des murs blancs, une spécialiste en blouse blanche, un mur recouvert de diplômes… Ch'suis pas classique, j'aime pas les blouses, j'aime pas le blanc, les normes ça me fait chier, j'prends aussi bien les femmes d'affaire que des pirates comme clients… bref, tout le monde comprend pas ça. Comme points final, j'me laisse tomber dans mon fauteuil, de l'autre côté du bureau.

Sans même un claquement de doigts, un projection holo jaillit du bureau, montrant une silhouette féminine, puis met en évidence un implant d'interface, l'étendue de sa connexion au cerveau, à la moelle épinière. Le tout tourne lentement sur lui-même.

- J'ai des points de contrôle là, là, ici et là. Dis-je, en faisant apparaître des points lumineux sur la silhouette. J'ai aussi des vérifications internes à ces six endroits. Des points d'une autre couleur étaient dans l'implant, le long de la moelle épinière. Et enfin je dois checker 16 points de connexion neuronaux, intra crânien donc. Pas la peine d'illuminer la tête, elle savais très certainement où ça se situe.

- J'en ai pour deux heures, trois s'il y a beaucoup de calibrations ou réparations à faire. Je décale la projection, de façon à voir Aliénor. Comment comptes-tu payer ? Au fait ?

La question est répondue, Aliénor n'ajoute rien tandis qu'elle regarde la projection. Elle sait comment l'interface marche et que ça va prendre du temps. Normalement, il ne devrait pas y avoir grand chose à réparer. Normalement. Elle a les yeux rivés sur l'hologramme quand celui-ci se déplace et met un temps avant de regarder la chirurgienne.

- Avec d'Crédits. J'ai un compte à l'UC. Vestige de sa vie sur Renaissance et de son transport pour venir en Dorado. C'était toujours un bon moyen de pouvoir payer dans les structures conventionnelles. Même si la cyberdoc en face d'elle avait dis qu'elle prenait tout, valait quand même mieux de faire profil bas.

- J'dois t'régler avant ou après ? Comme t'veux. Tous les médecins qu'elle avait croisés avaient des méthodes différentes donc autant demander.

- J's'rais opérationnelle après le check-up ?

Pas de réaction de sa part quand je parle de pirates, j'en suis presque déçue, presque.

- Ça m'va. Après l'intervention, ce sera plus pratique. Ça me laissait l'occasion de lui proposer d'autres produits, des suppléments ou lui facturer des éléments hors contrat.

- A priori oui, peut-être un peu sonnée à cause des anesthésiants, mais rien qui ne dure plus d'une paire d'heures. Je te recommande fortement de ne pas tirer au canon immédiatement à sortir d'ici et pas une goutte d'alcool durant les 12 heures qui suivrons. Inutile de donner la longue liste de conséquences qui pourraient en découler, j'aime pas infantiliser mes patientes.

- Si ça te va, j'aurai besoin d'un peu de salive pour prélever un échantillon d'ADN, pour créer ton dossier. Je l'utilise tel un mot de passe, de façon sécuriser mes archives. Aujourd’hui la biométrie par empreintes digitales ou rétiniennes est obsolète. Il suffisait de voir mes yeux ou mes mains pour s'en convaincre. Je sors alors un petit tube à essai, destiné au prélèvement. Pour répondre à des questions que l'on m'avait posé par le passé, j'ajoute : Je ne conserve aucun échantillon et ne revend pas mes données. C'est pour ça que je peux traiter avec qui je veux. Fuck l'intel' UC et sa horde de hacker !

Ok, après l'intervention. Pas d'alcool, elle y survivra les 12 heures sans problèmes à moins qu'on la force. Ne pas tirer au canon immédiatement, ça pourrait le faire, a part s'ils doivent s'échapper d'Espoir en trombe.

- J'peux m'connecter q'même ou bien t'le déconseilles ?

Aliénor paraît surprise, de la salive ? C'est un peu bizarre quand même. Elle ne pouvait pas faire d'échantillon avec un poil ou quelque chose comme ça ? Elle tend quand même la main pour prendre un tube à essai et le faire un peu tourner entre ses doigts.

- C'un peu b'zarre.

Ses yeux regarde la cyberdoc avant de cracher un peu dans le tube et de lui rendre. Elle espère que c'était ça qu'il fallait faire parce que là, ce n'était pas clair. Ok, les autres cyberdocs n'étaient pas aussi regardant sur ce genre de chose et peut être pas aussi bon qu'elle. Son cyberware n'avait pas de gros dysfonctionnement, mais elle se demandait même si ceux d'avant l'avait bien réparé après quelques déconnections malencontreuses.

- Tiens. T'faut aut'chose ?

- Pas d'problème de connexion, on va tester tout ça avant que tu partes. Prends garde à te connecter à des terminaux bien entretenus, sinon ça risque de ruiner mon travaille. Ce ne serait pas la première, ni la dernière fois que ça arrive, un implant tout neuf qui se retrouve en court circuit à cause de terminaux trop vieux ou trop mal en points.

- J't'ai dit que tout le monde adhérait pas à mon style. Dis-je en souriant. Merci Dis-je en récupérant le récipient, avant de le placer dans un réceptacle du bureau. Quelques secondes plus tard, le dossier était créé et le bureau prit une douce teinte rose.

- Soit une date de rendez-vous pour la consultation, soit que tu retires tes vêtements si tu veux la débuter tout de suite. Dis-je en pianotant quelques trucs sur mon bureau.

Les terminaux étaient bien entretenus. Enfin, ce n'était pas vraiment à elle de s'en occuper, mais elle espérait qu'ils soient bien entretenus. Ils l'étaient, car sinon son interface serait sûrement toute dézinguée. Le bureau s'illumine en rose, c'est sympa. Est-ce que ça fait ça avec tout les patients ? Ou bien, c'était rose, car elle avait les cheveux roses ? Reprendre rendez-vous... Arg ça n'allait pas être possible.

Bon bah, quand il fallait y aller, il fallait y aller. Aliénor n'avait jamais vraiment eu de problèmes avec la nudité. Elle enleva d'abord son pull de confort avant de déboutonner sa chemise. Les vêtements furent posés par terre. Toujours en pantalon et en soutien-gorge. Elle a quelques cicatrices par-ci par-là. Traces d'une éducation à laquelle elle n'a pas voulu se plier. Des coups de ceinture surtout.

- J'lève tout ?