Issu d’une famille bourgeoise, sa mère est une trinitaire naturalisée et son père un important notable de Vasco. Fils unique, Dio grandit sur cette planète et se tourne vers une carrière d’acrobate, fuyant les activités pompeuses et rentables que le paternel veut lui imposer et profitant de l’admiration sans borne que lui voue sa mère. Sa jeunesse est donc celle d’un artiste, dès 14 ans il est membre actif de la troupe des Delicado y Voraz et sillonne les cités de son monde natal.

A 17 ans il fait partie d’une troupe interplanétaire, les Cuernos Rojos, qui a fait des acrobaties sanguinaires avec des bêtes à cornes sa marque de fabrique. Il est alors l’acteur majeur de la troupe d’acrobatador, armé de sa griffe mortelle et star du chapiteau. Jamais Alvaro Corto, le meneur de la compagnie, n’a accumulé autant d’argent. C’est lors de sa tournée sur Tyrion que la mafia va infléchir la trajectoire de son existence.

Lorsqu’il est vendu à la Telaraña, Dio comprend qu’il est peine perdue de s’y dérober. Alvaro a joué avec la Pieuvre et n’a pas de quoi payer l’intégralité de ce qu’il lui doit. Il abat donc sa dernière carte en proposant d’offrir son meilleur tueur et acrobate en guise de compensation, sachant que le boss local est un admirateur inconditionnel de Dio le Magnifique. A 23 ans, Dio ne s’incline pas par loyauté envers Alvaro, il le fait par curiosité et goût du risque, et le grand banditisme va le révéler.

Protégé du grand chef, on lui laisse les coudées franches et Dio jouit de privilèges tout à fait confortables. Habitué à verser le sang des animaux, il s’habitue très vite à verser celui des hommes pour les intérêts de la Familia. Le plaisir qu’il en tire la toute première fois est pour lui indéfinissable. Au sein de la pègre, il se sent au-dessus de toute limite et connait une allégresse dont il ne soupçonnait pas l’existence. C’est à cette époque que son esprit sombre dans l’obsession du beau. Le train de vie qu’il mène le place très au-dessus du commun et il commence à voir le monde sous une perspective différente, à distance, s’éloignant encore de son humanité.

Il devient un élément exemplaire, très efficace dans la gestion des « associés » qui tardent à verser leurs crédits ou pour extraire des informations de la tête d’un homme. Froid et psychologue, Dio Valdo s’impose comme un terrible agent de la mafia. Deux ans après son intégration, il se délecte de l’épisode qui le conduit à prendre la vie d’Alvaro, qui a voulu jouer de nouveau avec la Pieuvre. A 27 ans, il est l’Ángel de la Muerte de la Familia. Le réseau criminel lui passe ses extravagances et s’en sert même pour mystifier sa cause. Dio devient un démon dont le nom est susurré aux oreilles des fortes têtes pour les soumettre au clan. C’est à cette époque qu’il est sélectionné par les Pères pour embarquer vers le système Dorado et soutenir une nouvelle tentative d’implantation de la Telaraña, qui semble vouloir se concrétiser. Sur Esperanza, une organisation criminelle a fait sa place et la Pieuvre a fait en sorte de la noyauter. En injectant des éléments opérationnels tels que Dio, il s’agit de parachever l’opération et d’étendre ses ramifications.

Malgré tous les efforts de Dio Valdo et ses partenaires pour se faire discrets, ils sont fatalement reniflés par Valmor l’Immortel. Il doit alors confesser la peur qui investit tout son être lors de sa rencontre avec la section de combat de la Soledad. C’est un massacre, la descente au QG est conduite par une certaine Ximena Valverde avec une telle violence que la Telaraña perd toutes ses jeunes racines en moins de 24h. Saisissant immédiatement qu’il est vain de se battre, Dio en réchappe en s’esquivant par les égouts de la cité sous cloche. Un épisode d’une amertume dont il se souviendra toute sa vie.

Il trouve refuge sur Renaissance et choisit Paradis plutôt qu’Allegria. L’immensité de la ville est un atout pour qui veut se faire oublier et il tient suffisamment de sa mère pour épouser la culture trinitaire sans faire de vagues. Les semaines passent et il fait un choix, tourner la page avec la Familia. Pour elle, il est mort. En ouvrant sa malle, il porte un regard mélancolique sur son ancienne tenue d’acrobatator et son arme de scène. Il fait face à son masque pendant de longues secondes et finit par l’enfiler.

Quelques mois plus tard, un homme masqué doté d’une terrible griffe monofilament évolue dans le milieu des marchands d’esclaves. On le surnomme Le Nāga chez les natifs, une créature de leur mythologie qui enlève et dévore les braves en frappant toujours dans le dos.