Stuck in the Middle with You [Théo]

C'était peut-être sa taille, la largeur de ses épaules, ou bien le fait que Reilin ait dû à la fois se baisser et passer de profil pour franchir la porte du caveau, mais il y eût cette brève seconde où tous les regards se tournèrent vers elle. A sa décharge, elle couvrait de son envergure la lumière qui venait de la porte et semblait bien dépasser l'intégralité de l'assemblée d'au moins une tête et demi. Avec son long manteau en cuir à épaulettes, elle tenait presque de l'officière impériale, sans la casquette.

Elle lâcha un sourire et un petit signe de tête entendu, avant d'enlever son manteau. Dessous, c'était une robe sans manches sympathique un brin vintage noire et assez proche du corps, avec de subtils reflets de motifs floraux argentés ondoyant comme animés d'une vie propre, apparaissant et disparaissant comme pour répondre à la lumière diffuse des lampes du caveau autant qu'aux motifs de ses bras. La plupart des yeux retournèrent à leurs affaires, mais ils y en avaient qui restaient et l'auscultaient. C'était probablement son décolleté. Ou bien l'apparence volontairement paradoxale d'une géante à la carrure de colosse pomponnée comme une diva.

Il fallait toujours un petit laps de temps à Reilin pour s'y habituer. Le temps d'une grande respiration, et d'un coup d’œil expert pour s'assurer qu'il n'y avait pas de menace dans l'assemblée.

C'était un jazz-bar en soirée "Filles uniquement". Elle ne mit pas longtemps avant d'évaluer que les risques étaient contrôlables. Elle posa donc son manteau en attrapant son Hcom et se dirigea de sa démarche chaloupée vers le bar. Intérieurement, elle était passablement agacée par la hauteur sous plafond qui n'était certainement pas étudiée pour les filles de sa stature qui appréciaient les talons hauts : elle devait se baisser pour passer chaque poutrelle de soubassement métallique, le haut de corps nécessitant assez souvent de frôler dangereusement le visage d'autres clientes, sans qu'elle ne prenne la peine de s'excuser. Elle se contentait de penser qu'au moins, le bar avait majoritairement des chaises hautes. Elle n'aurait pas à se plier en quatre.

Reilin arriva finalement au bar pour commander deux jus. Derrière elle, quelques commentaires à voix basses agacés de certaines filles qu'elle avait franchi, surtout des insultes ou des commentaires sur sa sexualité probablement frivole.

Reilin s'en foutait royalement. Elle était accoudée au bar et observait le groupe en train de jouer sur scène.

Des soirées comme ça, y en a des tas, tellement des tas qu'c'est d'fficile d'savoir dans quelle bouzasse on s'fout encore. Celle qu'j'ai trouvé pue pas trop la merde, même si c'pas encore ça. C'la soirée cent pour cent gonz' qu'm'a décidé à v'nir m'fout' là-d'dans parc'qu'les mecs, j'en ai ma putain d'claque, et y parait qu'j'dois pas faire d'conn'ries alors l'émasculation c'tait pas terrible t'sais.

J'me suis habillée tranquille. Un pantalon sombre, un haut pas trop sale, mes bottes d'boulot et mon poing dans la gueule du premier qui m'critique ma t'nue. J'ai bu trois ou six bières, j'sais plus. J'compte plus après la huitième général'ment. Et là mon gars, t'as une d'ses gigasses qu'rent', j'ai l'impression qu'elle va s'cogner cont' l'plafond mais en fait nan ça va. Elle va s'fout' au bar et j'la r'garde juste parce qu'elle a c'putain d'truc d'géante qu'sait s'battre. Ca s'voit, ça s'voit trop pour qu'j'le vois pas moi, t'vois.

Mais là, y a des poufs d'merde qu'y cause sur tout d'puis l'début et elle commence à m'briser les ovaires. J'choppe l'verre d'la meuf qu'est à côté d'moi (un cocktail ben plein, ben sucré, ben coloré à dégueuler), j'fais mine d'pas entend' quand elle m'râle d'ssus, et j'marche jusqu'aux poufs avant d'faire genre qu'j'trébuche et d'renverser l'verre d'l'aut' sur les pétasses d'merde - l'cont'nu et l'cont'nant. Ca crie, ça m'fait marrer, et j'm'assois à côté d'la géante sans les r'garder ces sous-merdes.

Quelques éclats de voix. Pas grand chose à même d'inquiéter Reilin. Elle avait fréquenté des rades plus terribles sur Tyrion, ou même sur Tortuga. Ici, on était encore dans la frange civilisée de Dorado. Une femme alcoolisée qui en faisait tourner d'autres en bourrique ? Rien de terrible.

Aucune formalisation lorsqu'elle vint se poser à côté d'elle. Certes, elle empeste l'alcool et la sueur plus que le parfum, mais elle avait une prothèse de qualité militaire et des bottes qui rentraient dans la même catégorie. C'était probablement la femme la plus dangereuse du bar. Elle était trop vieille pour être l'une de ces gamines attirées par les tenues martiales, et sa balafre en disait suffisamment.

Quand on entra dans son champ de vision pour lui tapoter la poitrine, elle se formalisa cette fois immédiatement. Espace personnel, tout ça.

Elle détourna le regard, une jeune loubarde à la coupe garçonne qui venait lui demander des comptes sur sa "salope de copine".

" Na, la connaît pas. Pas mon problème. "

Ce à quoi la vindicative répond en attrapant son deuxième jus et en lui balançant à la figure. "Maintenant c'est ton problème" entendit-elle.

Le sourire s'effaça. Reilin se leva. Elle attrapa le verre vide et le fracassa sur le crâne de l'assaillante. Elle l'agrippa ensuite par le col et vint lui faire percuter le comptoir avec les dents. Ça avait pris deux secondes.

Et Reilin se rassit, subitement moins avenante. Elle venait encore de se faire des amis.

Y a plein d'trucs qui s'passent en que'ques s'condes. L'aut' pute m'traite d'salope, j'ai envie d'lui éclater l'nez mais j'ai pas l'temps qu'elle balance son verre sur la robe d'la gigasse. Et ça, ça passe pas. L'aut' elle lui éclate l'verre sur la gueule et la gueule sur l'comtpoir. La musique s'arrête et y a l'silence dans l'lieu. Et moi, j'me marre.

- Rooooh p'tain c'que t'lui as mis ! T'es p'tain d'rapide pour une gigasse roooooh !

La gosse sur l'sol a pas l'air super bien, j'lui piss'rai bien d'ssus pour la forme. Si j'avais été un gars, j'aurais sorti ma bite c'clair, mais là c'plus chiant faut qu'me désape et j'ai la flemme. Alors j'lui crache juste d'ssus et ses potes sont pas super contentes mais j'crois ben qu'elles s'méfient d'la gigasse. J'me fous d'vant elles en leur f'sant des doigts.

- Bah alors les gonz, y a du monde pour s'fout' d'la gueule d'aut' gonz mais on a plus d'ovaires quand elle est plus forte qu'nous ?! Des meufs comme vous, j'en bouffe trente-six au p'tit déj pa'c'qu'vous faites honte aux femmes, ouais ! Pas vrai gigasse ?!

J'donne une p'tite tape sur l'bras d'la gigasse.

- On est censés s'entraider ent' meufs, pas s'pisser d'ssus, merde ! C'les enculés d'dehors qu'on doit buter, pas nos soeurs ! Z'êtes des pétasses d'merde, ça m'fait chier !

Reilin avait ses préoccupations propres, et elle en profita pour attraper de quoi se sécher en passant le bras derrière le comptoir.

Elle avait eu de la chance, elle avait éclaboussée sur le visage et le haut de la poitrine. La robe avait miraculeusement réchappé.

" C'est une Tomasz Fordham faite sur-mesure, felowta. " lâcha la géante avec son accentuation tout à la fois posée, grave, rauque et étonnamment mélodique. Le tout en n'oubliant pas de souligner ses origines lointaines par ses travers de langage.

Aspirée par ses problèmes, elle ne considéra même pas la gamine qu'elle avait placé en situation critique ou la population choquée du bar. Pas même le fait que le groupe se soit arrêté de jouer ou que la barmaid soit tétanisée en ne sachant pas véritablement quoi faire.

Elle ne revint à la situation qu'avec la tape qu'elle sentit par le retour de son bras.

" Ma... Ya, je pense. J'aimerais profiter surtout. So la prochaine qui me fait ça, mi va la tuer, sasa ke ? "

Elle ne l'avait pas dit sur le ton de la menace, mais sur un ton de discussion normal. Un ton qui aurait pu être monocorde si son accent n'imprimait pas des reliefs sonores de lui-même.

" Tu pourrais éviter de me toucher le bras, par contre ? J'aime pas trop le contact. " dit-elle à l'alcoolique, cette fois comme presque désolée d'avoir à la déranger dans ses frasques.

La gigasse cause et j'pige qu'dalle à c'qu'elle moufte.

- He ? Ah, tu causes d'ta robe.

On s'en branle d'sa putain d'robe merde, y a des trucs plus grave dans la vie, c'pas vrai ça. Mais heureus'ment e'm'laisse pas l'temps d'faire une r'marque qu'elle cause d'butter la prochaine qui l'emmerde. Ca ça m'fout d'putain d'bonne humeur !

- Voilà, c'est c't'état d'esprit là qu'j'veux voir p'tain ! Merci Gigasse, t'es une bonne toi, ça s'voit tout d'suite ! J'le sens c'genre d'trucs, c'dans l'coeur là.

Et j'touche l'emplac'ment d'son coeur, juste avant qu'j'capte qu'l'aut là elle aime pas qu'on la tâte.

- Ah ouais s'cuses.

J'retire mes mains bien l'vées d'vant moi pour lui montrer qu'j'vais pas r'commencer, et les aut' meufs elles commencent qu'e'm'cherchent. J'le sens là dans leur r'gard mais si elles approchent j'les aligne, j'les aligne j'te dis ces connasses d'merde.

Et là t'as la sécu qu'arrive parce qu'y sont pas cons, y savent qu'j'les aligne toutes ces pétasses, ouais j'les aligne et j'leur r'fais tellement l'portrait qu'même leur putain d'daronne elle va pas les r'connaître.

- Eh gigasse, j'prends les trois là-bas, t'prends les trois aut' ? Tu t'chauffes là ? On va pas les laisser faire et nous imposer leur patriarcat d'merde pas vrai ?! T'pas c'genre d'meuf toi, j'le sens qu't'es pas c'genre d'putain d'meuf !

Elle avait l'air remontée, cette dame. Ou bien c'était sa diction et l'alcool. Et son temps de réaction éventuellement. Reilin ne se laissa donc pas aller à la précipitation. Le fait qu'elle soit la seule personne de ce bar qui ait pris son parti jouait également.

" J'aimerais profiter ... " répéta-t-elle en guise de réponse, un peu simplette.

La sécurité se ramenait à son tour. On les pointait du doigt. Pour Reilin, il n'était pas vraiment question de patriarcat ou d'oppression. Juste de soirée. Elle avait voulu essayer de se constituer un petit microcosme différent en dehors de sa nouvelle vie de pirate. Rencontrer des gens, avoir un groupe. Un truc du genre.

" Écoutez, " fit-elle en s’avançant vers la sécurité, " On peut s'arranger na ? Je... "

On lui intime de se taire violemment, "ma puce" et on l'agrippe. Elle se dégage, fusille du regard, choquée. Tentative de clé de bras.

Bon.

Elle tourna son regard vers sa coéquipière alcoolique, alors qu'elle sentait que l'on forçait sur son bras. Elle hocha la tête.

" Da gut da we de secours. " lui dit-elle, en pointant la porte marquée "staff".

On put ensuite voir la coque extérieure de ses biceps gagner en volume, laissant apparaître les pulsations des tissus synthétiques qu'ils abritaient. Le vigile qui tentait de la maîtriser eût un réflexe intelligent et frappa Reilin au visage. Elle répondit avec une expression de pure haine et un direct inhumain qui le propulsa à travers les airs sur ses collègues...

L'autre gonz' a pas l'air chaude pour qu'on pète la gueule d'ces mecs d'merde là. Ca m'fait chier, si e'm'aide pas, j'vais l'faire toute seule j'm'en branle la chatte. Mais les aut' connards y z'ont a bonne idée d's'en prendre à elle comme à moi et là j'peux t'dire qu'ça chôme pas d'la réac'. La gigasse d'm'r'garde, dis un truc qu'j'pige pas alors j'tire la gueule.

- Hein ? Articule quand t'parles p'tain d'merde, j'pige qu'dalle à...

J'pas l'temps d'finir ma p'tain d'phrase qu'ça chauffe et qu'j'vois qu'tout l'monde est ben prêt à s'enculer. Alors moi j'hésite pas, ni une ni deux, j'fonce dans l'tas et j'commence à frapper, j'sais même pas où mais j'frappe pour qu'ça fait mal, ça c'moi qui t'le dis. Ca gicle du sang d'partout, et c'dégueulasse, ça m'fout un peu la gerbe mais j'm'éclate et j'les éclate eux surtout, ça c'clair. J'r'garde comme qu'elle s'en sort la gigasse, et ça m'fait marrer.

- Eh, tu t'bats bien la gigasse.

Ca m'fout encore plus en confiance et j'continue d'frapper, mais là j'vois un des types qu'appelle des renforts. L'connard d'merde.

- Y a d'aut' types qui s'ramènent, on va p't'êt' d'voir filer si on veut pas finir la soirée en tôle. Ces connards sont fâchés qu'on soit plus fortes qu'eux. EH OUAIS LES MECS, PAS B'SOIN D'QUEUE POUR SAVOIR S'BATTRE.

Toujours pas d'issue pour s'en tirer ? Felowta, mais qu'est-ce qu'y fout, le poivrot ? Toujours à se battre. Évidemment.

Et évidemment, elle le remarque avec deux convoyeuses de retard. Évidemment qu'il va y avoir des renforts. Je lui avais dit !

" Da gut da ... " que j'y répète, mais bon, j'ai peu d'espoir, " Rah ! RADESHANG SABAKA FELOWTA ! "

Oui, c'est extrêmement grossier, mais à ce stade, elle l'aura cherché quand même. Et puis ce n'était pas personnel. C'était général. Putain de merde radioactive. Y'en a un nouveau qui arrive, je frappe par réflexe dans le bas ventre. Ça craque j'esquive le sang et la bile. Ces bras sont définitivement trop lents. Passé l'étape de rodage, taper sur des cibles aussi pathétiques n'était même plus satisfaisant. Au moins, avec les organiques, on devait ajouter un peu de style pour pas se faire mal. Là, je devais compenser avec de la force brute. C'était trop facile.

Bon, l'issue de secours.

J'en attrape un qui est occupé à essayer de souffler accoudé au bar. Un bras sur le col et l'autre sur la couture du pantalon.

Il se débat. Je m'en fous, je cours. Et je viens l'utiliser comme bélier sur la porte de service.

La porte s'ouvre et j'avoue que je me contrefous de l'état du gars par terre. Il était prévenu.

" Milowda go tufash ! " que j'y hurle à la bourrine en lui faisant un grand signe, avant de monter encore d'un ton pour être sûre d'être comprise : " BOUGE TON PASHANG DE CUL ! "

Ouais, ça va ouais, j'me ramène p'tain. J'comprends vraiment qu'dalle à c'qu'elle pipe l'aut' conne. Ce s'rait pratique ça, si j'pigeais qu'dalle à c'qu'me dise mes gars. Nan mais merde, elle pourrait faire un effort, ch'ai pas. J'tabasse les gars, mais j'suis pas aussi énorme qu'la gigasse moi, j'peux pas prendre un type et m'forcer un p'tain d'passage avec sa tête d'connard. J'voudrais bien l'faire hein, mais là mon ch'min j'le fraie avec mes poings et mes pieds t'sais. Ca gicle d'partout, c'dégueulasse et j'm'éclate en même temps, au milieu d'ces enfoirés d'merde qu'mérite qu'dalle d'aut'.

- CA VA J'ARRIVE, qu'j'cris à l'aut' pétasse - p'tain c'vrai qu's'la pète c'rrément. MAIS T'PEUX PAS CAUSER BIEN, J'TE PIGE QU'DALLE !

Et j'passe la porte d'merde et j'me r'tourne en m'frotant la chatte.

- J'VOUS PISSE A LA RAIE BANDE D'NAZES.

J'piss'rai bien pour d'vrai mais pas l'temps, alors j'la tire par l'bras pour qu'on s'barre en courant, mais quand j'te dis qu'j'cours, c'est qu'là mon gars on court.

Il était dur de savoir combien de temps dura la folle course qui emmena les deux bagarreuses loin de l'établissement dans lequel elles avaient semé le chaos. Reilin, par déformation professionnelle, se contenta de compter les pâtés de maison. Quand elle jugea que la distance était suffisante, elle mit un terme à leur course folle en tirant sur le bras.

"  C'est bon. " dit-elle avec confidence, " On est en sûreté pour le moment. "

Elle s'accoude à un mur pour retirer ses talons, peu pratiques pour la course, en en profitant pour demander :

" C'est toujours comme ça, les soirées à Esperanza ? "

J'suis même pas essoufflée quand on s'tasse sur l'côté. Presque pas. J'lève un peu les épaules quand elle m'dit qu'on est en sûr'té.

- On est j'mais en sécu' nul part dans c'foutu monde. Y a qu'd'la merde, d'la pisse, du sang et du foutre partout sur ces putains d'murs. T'es nouvelle dans l'coin ?

J'm'en branle un peu d'savoir si elle est nouvelle, mais elle a pas l'air d'êt' du coin, et moi, les gonzesses pas nette dans l'coin, j'm'en méfie comme d'l'eau sur l'huile sur... Du feu sur... Oh on s'en branle.

- Et nan, c'pas t'jours comme ça. Souvent, c'pire. On va s'boire une bière ?

" Si, je suis arrivée il y a peu. " confirma-t-elle en vérifiant l'état de ses chaussures, avant de se reporter sur ses bras, " J'étais dans la sécurité privée, dans les systèmes intérieurs impériaux. "

Sous ses yeux, son avant-bras droit s'ouvrit comme une gracieuse chrysalide, dévoilant des matériaux et des liaisons non moins exotiques, parcourues de signaux lumineux. Il en profita également pour lâcher un jet de vapeur qui vint laisser une marque de givre sur le mur auquel la géante était adossée.

" Les ... rixes sont plus violentes là-bas, demo c'est ma première fois à me battre sur un cocktail... "

Elle remballa son bras, et vint retrouver le regard de sa vis-à-vis, recevant au passage la confirmation que non, ce n'était pas la routine. Tant mieux, elle n'aurait pas eu de raison de quitter son vaisseau pirate sinon.

" Rassurant. On se bats souvent là d'où je viens, mais au moins, on a des raisons ... Et oui. Je prendrais la bière. J'ai bien besoin d'une bière, là. Je te suis. "

- T'étais, hein ? T'es dans quoi maint'nant ?

C'pas comme si j'en avais queq'chose à foutre, hein. C'même pas par politesse qu'j'd'mande ça. J'me méfie juste des nanas qu'ont l'air d'savoir s'batt'. C'dang'reux c'machins là quand t'sais pas comment l'surveiller ben comme y faut. Et j'pas franch'ment envie d'avoir des connasses qui m'foutent la merde parce qu'é savent s'tenir avec une lame. J'renifle.

- T'inquiètes qu'ici, c'pire qu'tout c'qu't'as connu. Les gens s'battraient pour tout et n'imp', si on fait pas gaffe. Fait ? F'sait ? Oh, on s'en branle. Pas b'soin d'raison pour s'taper d'ssus. Juste d'un p'tit coup dans l'sang ou l'impression qu't'sais t'nir une arme mieux qu'ton connard d'voisin. Allez suis moi, j'connais un endroit où c'plus tranquille d'habitude.

D'habitude ouais, parce qu'j'me suis d'jà battue contre des enfoirés d'fils de putes dans c'bar aussi, mais j'me bats pratiquement n'importe où où j'fous les pieds. A croire qu'j'attire les salopards qu'on pas d'queues et les salopes sans ovaires qu'veulent m'péter les miens.