Rendez-vous au Café Hibiscus de Port Salem.

Le Café l'Hibiscus était une chaîne de commerces dans lesquels les voyageurs et résidents de grandes villes, pouvaient avoir le luxe d'avoir non loin d'eux. Ils pouvaient ainsi siroter un thé, un café ou d'autres boissons, chaudes comme froides, tout en attendant d'embarquer ou pour simplement faire passer le temps. Située dans l'une des galeries commerciale et annexée à l'astroport de Port Salem, le personnel du Café de l'Hibiscus profitait d'un temps de flottement pour mettre de l'ordre dans les locaux. Il n'y avait pas une âme lorsque Tempérance passa les portes automatiques et vitrées du café. Vêtue d'un manteau cape, d'une robe tailleur et d'escarpin, tous d'un bleu canard, la jeune femme s'approcha d'une borne électronique pour commander sa boisson et un petit en-cas. Si le choix de sa boisson fut rapide, un latte d'Hibiscus épicés rehaussé d'une cuillère de miel, la fille du Père Sage se mit à hésiter pour la gourmandise qu'elle avait envisagé de commander. Elle aurait aimé prendre un muffin de saison, car elle appréciait la gastronomie de la franchise, mais surtout parce que la fête - et son anniversaire - de Rosalie approchait. Elle était curieuse de goûter la préparation festive et estivale que l'Hibiscus avait pu mettre à l'honneur pour l'occasion. Hélas, elle craignait de paraître aux yeux de son futur époux pour une vulgaire pécheresse gourmande et égoïste. Elle se mit alors à songer à en prendre un deuxième pour partager avec l'homme, qui prochainement viendrait à partager bien plus qu'un muffin à l'avenir avec elle. Là encore, le doute la saisit. Si elle lui offrait cette douceur, comment allait, il réagir ? Est-il plus sucré que salé ? Si elle lui prenait un gâteau, devait-elle également lui prendre une boisson ? Laquelle ? Pire que tout cela... Ne verrait-il pas en elle une femme trop entreprenante si elle commençait déjà à lui offrir le repas ?

Tempérance déglutit face à l'écran qui finit par afficher que sa cession venait d'expirer. Par peur de l'inconnu, elle fit le choix de ne prendre qu'une boisson, celle qu'elle appréciait le plus, puis de clôturer sa commande. Au comptoir, elle se plaça, droite, le regard rivé sur les écrans qui affichaient les arrivés et les départs des vaisseaux qui entrait et sortait de astroport. Comme d'ordinaire, ses lèvres tiraient vers le bas. Elles étaient légèrement peintes d'un orange corail. Un peu de blush recouvrait ses joues pour lui donner à son visage un peu de couleur et de gaieté. Elle n'attendit pas longtemps, quelques secondes probablement avant qu'une femme lui tende sa boisson en lui souhaitant une bonne journée. Elle acquiesça, répliqua une formule de politesse et alla s'installer dans l'un des confortables fauteuils du Café. C'est alors qu'elle remarqua que pour leur premier rendez-vous Charles la verrait avec sa coiffure pour le mariage, sans les petits accessoires, mais tout de même. D'une main nerveuse, elle essaya de casser les ondulations et le brushing qu'elle avait essayé plutôt dans la matinée.

L'homme attendu arriva et sa promise le vit arriver de loin. Les yeux grands ouverts, elle cessait immédiatement de toucher à ses cheveux et tel un animal à l'affût, regardait approcher l'ombrageux personnage. Lorsqu'il se posta devant elle, indiquant sans détour ce qu'il venait cueillir, stoïque et sans fard, Tempérance se sentit ridiculement petite. Tel une enfant, les jambes jointes, elle pivota sur le côté pour se lever et le saluer. Les mains jointes reposant sur son intimité, elle inclina la tête respectueusement.

- Bonjour Monsieur D'Ombrétoile, loué soit Il de nous offrir cette première rencontre avant la Révélation.

Lorsqu'elle s'adressa à lui, de sa voix claire et douce, elle se refusa de croiser son regard. Fixant le nez de son interlocuteur pour accrocher son regard. La bonne à marier attendit que son futur époux prenne place pour se réinstaller à son tour. Jambes liées, mains posées sur la table, ouvertes, les index se touchant du bout de ses ongles courts et entretenus. L'éducation rigoureuse de la fille du Père Sage montrait son caractère docile et appliqué. Tempérance jeta un coup d'œil à sa boisson, puis au manteau qu'elle portait encore et se sentit confuse d'être aussi frileuse face à son époux à en devenir. Lui, qui portait uniquement son uniforme immaculé et qui lui allait si bien. La Fidèle ne connaissait point cet homme et pourtant elle se satisfaisait déjà de ce qu'il représentait.

- Pardonnez mon inconvenance, je souhaite préserver ma santé avant mon départ pour Espoir.