Of Mothers and Daughters [Jezabel]

Mains dans les poches de son blouson et verres fumés sur le nez, Sila mets pied à terre en jetant un dernier regard en direction du Guardian. La coque massive du vaisseau masque une partie du ciel qui s’ouvre au-dessus d’elle, par-delà la surface translucide qui protège l’astroport où ils ont fait escale. Dehors, la jeune femme aperçoit sans mal quelques nuages disputer le ciel à un soleil radieux. Ç’aurait sans doute été une belle journée, à Vanguard. Malheureusement, c’est sur Hope qu’ils ont atterri, et sur Hope qu’ils passeront leur permission, aujourd'hui, pour une raison que seuls les hauts placés connaissent. Les rumeurs au réfectoire faisaient état de négociations importantes avec l’Impérium. Alors qu’elle s’éloigne, pensive, Sila se demande si c’est pour cette raison qu’elle a vu sa mère et quelques officiers quitter le port en speeder quelques minutes après leur arrivée.

– Hey, Callaghan!

Un cri légèrement trop fort la tire de ses réflexions. Surprise, elle se retourne pour apercevoir quelques camarades d’escadron rassemblés non loin. Un jeune homme vient à sa rencontre.

– On allait prendre une bière au Peggy’s Pub avec Kayne et Miles, tu viens?
– T’as encore envie de te faire battre au billard Spencer? répond-elle avec un sourire amusé, tout en marchant avec lui vers la sortie du port.
– Dans tes rêves ma grande.

Il esquisse un ou deux pas de boxeur avant d’appuyer ses poings sur son épaule, faisant mine de la frapper. Sila le repousse un peu brusquement en riant.

– J’ai des courses à faire avant, je vous rejoins?
– Ça marche! Prends le temps que tu veux, ça me permettra de m’entraîner.
– Ouais, vas-y t’en auras besoin.

Elle le regarde filer après qu’il l’eu pointée du doigt d’un air faussement menaçant, puis disparaît de son côté dans les rues de la ville. D'une démarche fière et assurée, elle descend jusqu'au quartier impérial, ignorant royalement les regards curieux attirés par son blouson de cuir frappé des armoiries de l’armée de l’air de l’Union Corporatiste. Arrivée à destination, elle part en quête d’une boutique de thé dont lui a souvent parlé son père. Elle est coincée dans ce trou pendant les prochaines heures, autant profiter de la proximité des autres cultures pour en rapporter quelques souvenirs…

Les journées sont longues et éreintantes, ces temps-ci. Il n'est jamais de tout repos que d'être la Seconde de la Capitaine Erszébeth Alvarez. Je n'ai cependant point à rougir de mes performances, et je la sais fière de moi et du travail que j'accomplis. Je suis sa digne successeur, et je me sens prête à reprendre la tête de notre merveilleux vaisseau si jamais un drame venait à se produire. Je songe que maman me sent prête aussi depuis un moment déjà, et que cela a considérablement ôter un poids de ses épaules. Si le Némésis sombrait avec elle, ce serait une tragédie sans précédent. Mais ce ne sera point le cas, puisque je suis là.

La journée est morne, et je profite d'une courte escale que nous faisons à Hope afin de me changer les idées. Rien de tel pour cela qu'une visite des boutiques les plus réputées du lieu, tant pour renouveler mes stocks de tissus que ceux de thés. Je choisis d'ailleurs de commencer par ce dernier, avide de connaître les dernières nouveautés que mon marchand de thés favori aura à me proposer.

Je suis évidemment vêtue de sorte à ne point attirer l'attention ; une chemise blanche et un pantalon de cuir sombre qui mettent mes formes en valeur, ainsi qu'une paire de botte confortable qui dissimule l'unique lame que je porte. Mes cheveux sont lâchés mais tout à fait disciplinés. Je suis élégante et sublime sans être trop reconnaissable pour autant. Je suis sommes-toute parfaite.

Une agréable odeur d’épices, une douce musique d’ambiance et le tintement cristallin d’une petite cloche fixée à la porte accueillent Sila dans la boutique. Tel que le lui avait décrit son père, le lieu est calme et agréable, bien loin des hangars bruyants du Guardian ou de l’ambiance survoltée du pub où elle devra rejoindre ses compagnons plus tard. La jeune femme sent ses épaules se détendre lentement et un mince sourire étirer ses lèvres. Elle salue la vendeuse d’un bref signe de tête avant de disparaître dans une allée.

Les minutes s’écoulent dans le calme le plus serein. Les clients sont peu nombreux dans la boutique et Sila s’imprègne de cette tranquillité salutaire en lisant l’étiquette indiquant la provenance d’un odorant mélange de thé noir. C’est alors qu’un mouvement sur sa gauche attire son regard sur le dos d’une femme sans doute entrée après elle. La jeune pilote la détaille brièvement du regard en fronçant les sourcils. Grande – mais pas autant qu’elle –, silhouette athlétique, vêtements parfaits et longs cheveux blancs. Cette vision lui est étrangement familière sans qu'elle ne parviennent à déterminer pourquoi. Avec l'irritante impression qu'elle devrait savoir à qui elle a affaire, Sila dépose le bocal sur la tablette et s’avance discrètement de quelques pas vers une autre allée, espérant obtenir un angle de vue lui permettant de voir le visage de cette mystérieuse femme.

L'ambiance calme de la boutique m'apaise tout naturellement. Les clients sont peu nombreux, les discussions rares. Ne reste que la musique d'ambiance, légère et agréable, et le sourire aimable de la vendeuse, que je connais suffisamment bien pour pouvoir échanger quelques messes basses avec elle avant de m'engouffrer dans les allées familières, pourtant emplies de nouveautés venues d'ici et d'ailleurs. Je demeure vigilante à ce qui m'entoure, puisque je sais que le plus parfait des anonymats ne saurait me protéger entièrement de mes ennemis.

Aussi, je ne tarde guère à me sentir observée. Je tâche de ne point l'en avertir, poursuivant ma découverte des saveurs tantôt douces et fruitées, tantôt amères ou acidulées, des différents thés. Un léger mouvement me permet de sentir mon poignard rangé à sa place dans ma botte. Cela me rassure, quoi que je ne sois pas réellement inquiète. Plusieurs secondes passent avant que je ne relève la tête en la direction de la jeune femme afin de la détailler.

Son visage m'est familier, sans que je ne parvienne à me souvenir pourquoi. Je souris néanmoins, de ce même petit sourire que j'arbore si souvent - et que certains qualifient d'arrogant. Je me détourne ensuite d'elle, tout en tâchant de me concentrer sur ses faits et gestes. Il est hors de question que je laisse quiconque me surprendre. Où ai-je vu cette femme ?

Une fraction de seconde. C’est le temps durant lequel les yeux glacés de cette mystérieuse femme accrochent les siens. Elles échangent le sourire des inconnus dont le regard se croise par mégarde, puis retournent à leurs occupations. Du moins, en apparence. Alors qu’elle se retourne pour s’engouffrer dans une allée, Sila ne peut se défaire de l’étrange impression d’avoir déjà vu cette mystérieuse femme au sourire arrogant quelque part. Un pressentiment qui n’a rien de rassurant et qui lui fait discrètement sortir son H-Com.

Elle choisit au hasard un pot de thé qu’elle fait mine de prendre en photo pour camoufler la recherche qu’elle entame dans la base de données des criminels recherchés par l'UC. Les résultats ne tardent pas, et avec eux vient une douche froide pour le moins inattendue.

Alvarez.

Avec tout ce que sa mère lui a raconté, elle aurait dû reconnaître la pirate dès le premier regard. Et pourtant, elle a baissé sa vigilance comme la débutante qu'elle est.

– Fuck.

Un juron discret qui lui échappe et qu’elle regrette aussitôt. Elle dépose le pot de thé et s’enfonce plus loin dans l’allée, résistant à l’envie de sortir les armes et de se charger elle-même de l’arrestation de cette pourriture. Les règles, les ordres, la hiérarchie, tout ça. D’un doigt frénétique, elle parcourt la liste de ses contacts à la recherche de celui de sa mère.

Où ai-je donc vu cette femme ? Je suis incapable de mettre le doigt sur cette information qui pourrait pourtant être primordiale. Si ma mère apprenait cela, il est certain que ce qu'elle me ferait subir pour mon incompétence serait à la hauteur de sa réputation... Terrible et sans pitié. Je frissonne légèrement, heureusement d'une manière trop discrète pour que quiconque ne puisse le remarquer. Je jette un regard tout aussi discret - ou presque - en direction de la jeune femme que je connais mais ne reconnais pas. Peut-être est-ce simplement une femme qui ressemble à quelqu'un que je côtoie ? J'aurais pu me persuader cela si elle ne semblait pas si... Étrange ? Oui, son comportement me semble tout à fait suspect.

Je fais mine d'ignorer son petit manège, mais même moi, je parviens à remarquer qu'elle n'est pas tranquille, qu'elle se tend, qu'elle essaie de se dissimuler... Me surveille-t-elle ? M'a-t-elle reconnue ? Ma mère me l'a toujours dit ; il ne faut laisser à personne l'occasion de nous prendre pour cible. Jamais. Il faut agir avant que l'on agisse contre nous. Alors me voilà qui traverse la boutique pour ne point la perdre de vue, avant de me planter devant elle. Seigneur, où ai-je vu cette femme ?

- Excusez-moi, Madame. Est-ce que nous nous connaissons ?

Je sens le contact rassurant de ma lame dans ma botte, prête à être tirée en un mouvement.

Le message est bref : le nom de sa cible, suivi d’une demande de renforts et de l’adresse de la boutique, envoyé à sa mère et au capitaine de son unité. Lorsque Sila relève les yeux de l’appareil, Alvarez est plantée devant elle et elle doit se faire violence pour ne pas sursauter. Discrètement, son H-Com disparaît dans la poche de son blouson qui, lui, n’est pas discret du tout. Son appartenance aux FF.UC crève les yeux et Sila sait que ce n’est qu’une question de temps avant que la pirate ne comprenne ce qui se trame. Elle la suspecte probablement déjà, vu la façon dont elle l’aborde en lui demandant si elles se connaissent.

– Je ne crois pas, non, répond la pilote à travers sa mâchoire serrée.

Fuck. Rester calme. Ne pas tout faire foirer. Résister à l’envie de jouer les héros. Ce n’est pas comme ça qu’elle prouvera quoi que ce soit à ses supérieurs. Et ce n’est pas ce que ferait Valeria en de telles circonstances.

– Pardon, s’excuse-t-elle à son tour en contournant Alvarez.

Le sang pulse à ses oreilles. Elle doit s’éloigner avant de tout gâcher. S’éloigner et garder un œil sur la pirate. Rester calme et attendre. Fuck. Brièvement, sa main effleure la dague accrochée à sa ceinture. Elle aurait dû prendre son sabre avant de quitter le Guardian.

Mes yeux ne la quittent pas, et explorent tout son être, à la recherche d'indices pour me donner les réponses à mes nombreuses questions. Je sais que les risques sont moindres dans l'immédiat, au cœur de cette petite boutique de thé huppée. Néanmoins, je ne suis guère sur une terre propice à l'anonymat et à la tranquillité absolue des pirates. A l'inverse, tous les êtres autour de moi sont de potentiels ennemis, et peut-être même que je viens de me jeter directement dans la gueule du Toor'kran. Le peu d'assurance et l'attitude étrange de la jeune femme ne font que me mettre davantage la puce à l'oreille ; je ne remarque qu'alors ses vêtements aux couleurs des FF.UC. Il ne faut guère que quelques secondes supplémentaires pour que les connexions se fassent enfin dans mon esprit.

- Callaghan, je souffle.

Aussitôt, je fais volte face pour avoir mon adversaire en visuel. Je connais cette femme. Je connais sa mère - ma propre mère m'a montré des photos de ce même visage creusé par l'âge. La déduction aurait dû être aisée, et sûrement l'aurait-elle été si ma mémoire ne m'avait point fait défaut. Je me sens désormais prise au piège. Si je sors de la boutique, peut-être vais-je tomber face à face à des soldats armés jusqu'aux dents. Et je ne possède aucune arme, si ce n'est ma dague dans ma botte, ainsi que mon bouclier personnel caché sous mes vêtements. D'une voix plus forte, je répète.

- Callaghan.

Sila n’atteint pas la porte de la boutique. Évidemment, ce n’était qu’une question de temps avant que les pièces du puzzle se mettent en place. À peine a-t-elle fait quelques pas en direction de la sortie qu’elle entend l’ennemie l’interpeller. Grillée. Fuck. Inutile de jouer le jeu plus longtemps. Elle fait volte-face à son tour pour se planter, droite et fière, entre la pirate et la porte de la boutique.

– Alvarez.

Le temps semble se figer alors qu’un silence inquiet s’abat sur le commerce. Tout autour des deux blondes, plus personne n’ose bouger. Les yeux d’émeraude de Sila alternent entre les clients qui l’entourent et la pirate qui se tient devant elle. Une boutique… quel mauvais endroit pour une arrestation potentiellement dangereuse.

– Forces fédérales de l’UC! Sortez de la boutique, commande-t-elle d’une voix ferme aux clients et aux employés, qui s’empressent d’obéir. Vite!

Son regard lourd d’avertissements et de colère retenue ne lâche pas celui d’Alvarez. Qu’elle tente quoi que ce soit contre ces gens…

Malgré la gravité de la situation, je ne puis empêcher un rire empli d'ironie de sortir de mes lèvres entrouvertes.

- Quelle autorité, Callaghan !

Mon ton est moqueur, mais quand je reprends la parole, je le fais avec dédain.

- On dirait presque votre mère... En moins brillante.

La rivalité qui nous unit elle et moi est palpable. Nous sommes ennemies de nature, et nous n'y pouvons rien. Peut-être qu'un jour, l'une de nous deux tuerait l'autre, mettant ainsi fin à nos querelles personnelles - mais qui pourrait alors s'occuper des querelles de nos mères ? Nos deux familles s'haïssent, et nous nous devons de porter ce conflit. Au-delà même de nos statuts respectifs, je suis une pirate, destinée à me hisser parmi les plus grands ; Callaghan est destinée à demeurer dans l'ombre de sa mère - mais je ne pourrais lui retirer qu'être dans l'ombre de quelqu'un d'Immense, s'est déjà s'être hissé bien haut.

Dans ma botte, je sens ma lame qui ne demande qu'à être tirée. Je me tiens droite et fière, immobile pendant que toutes les petites gens sortent en panique de la boutique. Ils ne m'intéressent pas. Et cette maudite Callaghan qui se tient devant la porte... Je profite de la cohue générale pour glisser discrètement ma main dans ma poche, et appeler des renforts grâce à mon h-com.

L’ambiance inquiète qui régnait sur la boutique se change en vent de panique alors que clients et employés se ruent vers la sortie. Mais Sila refuse de se laisser distraire par l’affolement général. Tout en gardant un œil menaçant sur la pirate, elle jette quelques brefs regards derrière elle, à la fois pour vérifier que tous les civils sont sortis et pour s’assurer que personne ne l’attaquera par-derrière. Au fond de sa poche, la jeune femme sent les vibrations de son H-Com, mais résiste à l’envie d’en regarder l’écran. Elle ne doit pas lâcher Alvarez des yeux, au risque de se faire prendre pas surprise comme une débutante. Rester calme, garder son aplomb et ne pas tout faire foirer. Elle peut y arriver. Elle doit y arriver.

Malheureusement pour elle, sa cible ne compte pas lui faciliter la tâche. Les mots d’Alvarez savent où viser et son mépris s’insinue profondément sous le maigre mur de sang-froid et d’assurance que Sila tente d’ériger entre elle et la pirate. Une vague de colère déferle aussitôt au creux du ventre de la jeune pilote, piquée à vif.

– La ferme Alvarez, siffle-t-elle entre ses mâchoires serrées. Profitez donc votre droit de garder le silence.

Ne pas se laisser atteindre. Garder son sang-froid. Résister à l’envie de lui envoyer un direct en plein visage. Et surtout ne pas tout faire foirer.

Le temps semble ralentir autour de nous, comme si tout devenait à la fois plus lourd, plus sombre et plus opaque. Nous savons pertinemment que ni l'une ni l'autre ne plaisante. Nous savons aussi parfaitement laquelle de nous deux a le plus de chance d'avoir le dessus. Moi. Malgré cette évidence, Callaghan se permet encore des remarques piquantes - et si aucune réaction ne transparait sur mon visage méprisant, je sens tout de même son insolence me piquer sournoisement. Il était pourtant évident que la fille de la grande Capitaine Callaghan ne pourrait faire preuve que d'une attitude odieuse et provocante. Un rictus empli de haine déforme un instant mes traits.

- Il s'agit certainement de cette même témérité provocatrice qui vous mènera à la tombe, votre mère et vous. Peut-être même vous avant votre mère.

Je crache ses mots comme une promesse que je grave dans la pierre. Je ne la connais guère et pourtant, je ressens déjà à son encontre une haine puissante, certainement nourrie par les conflits entre nos génitrices. Oh, comme maman serait fière, si je ramenais la tête de Sila Callaghan ! Je me vois déjà remonter à bord du Némésis avec son chef encore dégoulinant de sang entre les mains, ses yeux vidés de vie et son visage figé à jamais en une expression de surprise, ou peut-être même de terreur. Qui sait ce que l'on peut ressentir lorsque la mort se présente finalement à notre porte...

Ne foire pas.

Trois mots qui tournent en boucle dans sa tête, accompagnés d’une once de panique. Sila est parfaitement consciente des enjeux que représente cette rencontre. Pour elle, pour sa carrière, pour l’UC et pour sa mère. Il en va très probablement de sa vie à elle, aussi, comme le laissent sous-entendre les menaces à peine voilées que profère son adversaire. La jeune Callaghan n’est pas dupe : son entraînement de pilote ne pourra jamais concurrencer celui d’une pirate aguerrie formée par Erszébeth Alvarez. En plus de lui glacer le sang, cette constatation nourrit l’orage de colère qui monte en elle. Elle serre les dents, se fait violence, tente de conserver un sang-froid bancal devant la pirate qui la provoque.

– Je pourrais dire la même chose de vous. On parie?

Sa main se pose sur la dague accrochée à sa ceinture, sans la dégainer, pour montrer à la pirate qu’elle est armée et qu’elle ne se laissera pas faire. Pour lui prouver qu’elle a une once de contrôle sur la situation. Après tout, elle bloque tout accès à la sortie, enfermant Jezabel Alvarez dans ce commerce.

– Rendez vous, Alvarez. Vous n’êtes pas en position de faire quoique ce soit.

Son affirmation est stupide et lui attirera sûrement une salve de moqueries. Mais il faut gagner du temps. Il est hors de question qu’elle laisse à Alvarez la chance de disparaître avant l'arrivée imminente des renforts.

Je lui offre un rire sec et dédaigneux. Voilà que la Callaghan souhaite parier avec moi ; je relève la tête avec fierté et un air de dégoût se peint sur mon visage - l'on me nomme fréquemment que ces airs me font encore davantage ressembler à maman.

- Parier ? Voyons, Callaghan, il faudrait que vous me proposiez un réel défi pour que l'envie de vous défier me vienne. Les victoires simplistes ne sont en rien gratifiantes.

Aussitôt ai-je prononcé ces mots que je vois mon adversaire porter une main à son côté, là où repose une arme. Aussi ridicule est-ce ce geste, je suis bien loin de la sous-estime ; il s'agirait-là d'une erreur de débutante. Une erreur qu'elle ferait certainement, mais qui n'est cependant nullement digne de moi. Il serait stupide de demeurer aveugle face à l'urgence de la situation. Si les forces de l'UC nous trouvent avant les renforts du Némésis, la situation pourrait devenir sérieuse. J'ai néanmoins une entière confiance envers notre équipage. Il me faut gagner du temps.

- Allons, Callaghan. Si vous maniez votre lame comme vos mots, je n'ai aucune inquiète à avoir.

Avec confiance, sans lui montrer la moindre faille, je m'approche davantage d'elle et de la sortie, prête à dégainer ma propre lame si elle fait mine de se servir de la sienne.