Pourparler ? Non, Pourmanger. [Wulf, Sarrazin & Azel]

Le Némésis vient de se poser, j'ai envie de me dégourdir les jambes. Je commence à devenir folle là-dedans. Notre antre est le seul endroit où je me sens réellement chez moi, ce vaisseau commence à me rendre folle. Et j'ai de plus en plus cette envie qui coule dans mes veines, celle de me ruer vers cette femme détestable pour qui je dois travailler.
Encore un peu de patience, Az. Bientôt. J'espère...
Alors, je me suis enfuie du vaisseau pour les quelques prochaines heures, pour respirer. Kate voulait me suivre, les deux garçons ont essayé aussi. Mais je sais que ce n'est de loin pas leur truc, de sortir. Aux garçons. Katy me suivra peut-être, qui sait. Elle est aussi têtue que moi.

Alors, pour éviter qu'elle ait cette tentation, je me suis éclipsée en secret. Je me suis glissée au-dehors du vaisseau, à travers les rues de la ville. Et elle sait ce qui m'attire... Je marche, mains dans les poches de ma veste militaire trop grande pour moi, me dirige vers la ville basse de l'astroport. Je repère le casino, je suis tentée... vraiment tentée. Trop facile. Si elle me cherche, elle me retrouvera trop facilement. Elle connait ma dépendance au jeu. Et ce soir, je veux rester seule. Définitivement.

Et je me souviens d'un endroit dont on m'avait parlé, entre deux couloirs. Un établissement dans cette zone, à la cuisine plutôt exceptionnelle. La cuisine... J'en salive rien que d'y penser. Alors, j'essaye de le trouver. Et je repère difficilement la plaque de bois, en dessous des néons orange indiquant un hôtel.
Le Runny Amber.
Je passe les portes coulissantes automatiques sans autre cérémonie.

Le Runny est de bonne humeur et l'Ambre y coule à flot. Malgré l'heure curieuse, une espèce de demi-après-midi qui ne dit pas son nom, il y a du monde qui chahute, discute dans une ambiance relevée. Un homme s'est mis au piano et joue médiocrement les trois mêmes chansons depuis une bonne heure, espérant se faire offrir un rhum. Une fille danse, pour elle-même, avec des pas hypnotiques. Elle en a déjà reçu trois, des verres. Elle ne les voit pas. Elle danse. Pour Wulf, c'est un moment un peu tranquille. Il y a Sarrazin au bar, lui-même à côté, ils discutent carte, courses de nourriture et courses de speeders. Dans le coin des mécanos, trois coureurs discutent. Il y a la table de Wynn qui est prête, au cas où.

Les deux barmans chahutent un peu dans l'indifférence générale. L'ainé des Searuweard cherchant des noms marrants pour de nouvelles spécialités. Il est important de se renouveler régulièrement, ils commencent à avoir des habitués. A ce propos, les portes automatiques s'ouvrent soudain sur une jolie jeune femme à la chevelure rose. Jamais venue. Une chevelure comme ça, il s'en serait souvenu. D'un coup de coude, il attire l'attention de son acolyte et offre un joli sourire à la nouvelle arrivée.

« Bienvenue au Runny Amber. Je suis Cathwulf, le propriétaire. Vous venez boire ou manger. Seule ou attendez-vous du monde ? »

Lorsque je perçois une voix dans le brouillard de ma contemplation, je me retourne. Pas certaine que l'on s'adresse à moi, j'ai à peine eu le temps de comprendre les mots. Et je trouve le regard appartenant à cette voix chaleureuse. Un homme, pas loin de mon âge, me regarde, sourire aux lèvres. Je m'avance, large sourire aux lèvres. Je ne sais pourquoi, je me sens de bonne humeur. Hors du vaisseau, seule, je me sens mieux à mesure que les minutes s'écoulent.

- Merci, très joli établissement.

Mon oeil se perd à nouveau dans la salle, distrait.

- Je suis seule, Cathwulf.

Un petit bonbon seul au milieu d'un tableau dans lequel je ne semble pas faire partie. J'ai l'habitude, de ne jamais correspondre au cliché du pirate. J'ai l'habitude que l'on ne me prenne jamais pour qui je suis, ça ne me dérange pas outre mesure.
Et je me retourne à nouveau vers les deux hommes, plante mon oeil vert éclatant dans celui de mon interlocuteur. Je m'apprête à parler lorsque mon ventre grogne. Et je rougis, souris.

- Je crois que mon estomac a comme qui dirait un petit creux, donc je mangerai bien volontiers. Il parait que vous avez un excellent chef.

Le coup de coude dans ses côtes en vaut un renvoyé de rechef avec malice avant que le brun ne saisisse du coin de l'oeil - le bon - la crinière d'un rose qui rivalise avec tous les sirops à la barbe à papa et à la guimauve de la galaxie. Nouvelle cliente... ou nouvelle teinture. Il penche pour la première solution.

Le pétillement perpétuellement amusé de ses iris s'accentue encore au grondement de l'estomac de la donzelle qui répond avant elle. La faute aux odeurs alléchantes en provenance de la cuisine, probablement.

"Il paraît, oui" taquine-t-il son complice d'un bref regard avant de revenir à la jeune fille. "Vous voulez la carte ou vous êtes du genre à vous en remettre aux conseils dudit chef ou des serveurs ?"

Il n'y a pas de mauvaise réponse dans ses questions, juste une curiosité à fleur de peau pour les gens qui se pressent au Runny - et étrangement, on apprend rien qu'à la façon dont ils se délassent une multitude de détails de tempérament fascinants.

Aha ! Seule. Très bon point. Seule et rose avec de magnifiques yeux verts dont il rend le regard de son vert à lui, plus bleuté, plus grisâtre, plus boueux mais tout aussi intense. La lumière d'amusement qui joue dedans et qui est autant due à la présence de son ami qu'à la nouvelle arrivante éclaire un regard que l'on devine pouvoir devenir sombre, parfois, mais qui est pour l'instant d'une gaieté tranquille et satisfaite. Le sourire se transforme en rire gai à l'écoute du grondement d'estomac, parfaitement audible lors d'une pause dans la (mauvaise) musique. Sarrazin prend tout de suite le relais, laissant au rouquin le temps de se calmer un peu. Il est vrai que les odeurs de ragoût venant de la cuisine sont bonnes. Mais ce qu'il préfère faire, ce sont les burgers.

« Tu n'as pas demandé à la demoiselle à quel point elle avait faim, petite tête. C'est un vrai repas qui vous fait envie ou une planche de bêtises à grignoter ? »

On sent la camaraderie dans la légère insulte et le sourire du duo. Wulf se penche, posant ses deux avant bras, le réel et le bionique sur le bois ciré de son bar. Ainsi, il est plus à la hauteur de leur petite gemme de l'après-midi.

« Je te parie mon prochain pourboire que Mamzelle Rose aime les bonbons et les trucs épicés, qu'est ce que t'en pense Sarr ? »

Ces deux gars, je les aime bien. Ils ont cette petite étincelle d'amusement dans leur regard, de celle qui m'attire. J'en oublie même que je suis à Esperanza. Que je pourrais tomber sur celle qui a été ma soeur... Elle ne traine jamais dans ce genre de quartiers, alors je ne m'inquiète pas plus. Et je me concentre à nouveau sur les deux hommes, toujours affublés de ce sourire qui leur va décidément bien.
Je laisse échapper un sourire, hausse un sourcil d'amusement lorsque le-dit Cathwulf se penche vers moi. Je plante mon regard dans le sien, d'un vert différent du mien.

- Et je parie que le cuisinier a une excellente spécialité épicée à s'en faire exploser les papilles ? Pour un estomac qui crie famine ?

Je me tourne alors vers l'autre homme, me glisse vers lui, pose mes coudes sur le bar. Et je le regarde.

- Ai-je plus de chance que les autres clients pour avoir deux charmants hommes à ma rescousse ?

Je leur offre un sourire provocateur.

- Croyez bien que je ne m'en plains pas ! N'importe quelle Rose rêverait d'avoir deux princes venant au secours de son pauvre estomac affamé !

Il a du flair, Cath, puisque comme souvent, son idée tombe juste.

"Bien vu~"

Un sourire chaleureux répond à celui de la demoiselle.

"C'est un peu la vocation du Runny, voler au secours des estomac affamés et des gosiers asséchés... mais je vous avoue que vous arrivez pile au bon moment pour profiter des conseils de Cath."

Comme pour appuyer son argument, le brun lève les mains dans un faux geste de reddition dramatique, un rire tapi au fond d'une fossette quand il avoue d'un accent chantant :

"Et heureusement qu'il est là parce que la cuisine et moi... "

Les épices, il sait les doser... dans les cocktails. Les transformations que la cuisson font subir aux goûts et aux équilibres, en revanche, lui sont plus obscures et, de toute façon, il ne s'aventure dans les cuisines que pour y trouver des objets improbables avec lesquels jongler et des camarades avec lesquels papoter.

Et hop, un pourboire de gagné. On aurait pu penser qu'il n'y avait pas de petit profit mais tout pingre qu'il était, le Tavernier perdait de bon cœur face à Sarrazin à peu près autant qu'il gagnait et les deux amis oubliaient régulièrement de se réclamer leurs gains. Il fit un clin d'oeil visible à son ami, sans fausse modestie.

« Le cuisinier a tout ce qu'une bourse bien remplie et un joli sourire peuvent désirer ! Si t'aimes les surprises, Princesse, laisse toi faire et tu ne seras pas déçue. Et n'écoute pas les fanfaronnades de Sarrazin. Il fait des cocktails qui sont à peine moins bon que les miens. Tu voudras boire quelque chose en mangeant ?»

Tout en parlant, il s'était redressé et avait commencé à mettre couverts et serviette sur le bar devant la jeune femme. Il sortit également un petit panier de pains maison à la mode mo'at légèrement miellés ce qui leur donnait un goût sucré et exotique qui plaisait souvent.

Des beaux-parleurs, ces deux-là. En même temps, je n'en suis pas surprise, lorsque je pose mes yeux sur leur joli minois. Ils en jouent et ont raison. Et même si je ne suis pas la parfaite victime de deux beaux garçons, étant donné mes phobies, je me laisse prendre au jeu. Gardant toujours cette distance de sécurité entre eux et moi, le bar entre nous aidant énormément à me rassurer.

- Je vous fais confiance, chef. Je suis la plus grande amatrice de surprises !

Je le vois poser la table devant moi, alors, je prend un siège et m'assoit dessus, jambe droite recourbée sous mes fesses. Et d'une main distraite, je m'empare d'un petit pain pour le couper en deux avant de prendre la mie et la gober miette par miette.
Je relève ma tête vers les garçons et sourit.

- Si la surprise est aussi bonne que ce pain, je veux bien vous donner le secret de mes cheveux soyeux !

Ce pain est merveilleux...

- Oh et j'ai la gorge un peu sèche, oui. Une proposition ?

La pique le fait rouler des yeux d'un air exagérément tragique, comme touché au coeur. De fait, cependant, seule la complicité l'affecte réellement alors qu'il se redresse pour laisser à la demoiselle de l'espace et à Cathwulf la place de poser couverts et compagnie.

"Est-ce que ça fait des cheveux soyeux forcément roses ?" qu'il s'informe avant de décocher une oeillade amusée au rouquin. "Je suis sûr que du rose ferait sensation, sur toi."

Rendu rieur par l'improbable vision, il recule juste assez pour s'offrir un panorama rogné par son angle mort du bar et des stocks à portée.

"Hm... Si c'est pour accompagner une surprise épicée, quelque chose de plus doux, histoire que vous puissiez profiter jusqu'au bout des saveurs du plat. Si on rajoute du piquant dans la boisson par-dessus les épices, c'est un coup à finir en dragon cracheur de feu."

Par une jolie journée comme celle-ci, ce serait dommage, pas vrai ? Tout en poursuivant, il pioche la carte des boissons à la demoiselle et la lui tend tout en déroulant ses idées du moment - du sucré, un peu fruité mais équilibré.

"J'aurais dit plutôt un Tropics ou pourquoi pas un Santa Maria. Et si vous êtes plutôt cocktails sans alcool, un Redragon."

Cathwulf lève sa main gauche, celle qui est toujours à lui mais là où Wynstann aurait reçu une taloche pour lui apprendre le respect, Sarrazin voit uniquement sa tignasse noire désordonnée d'une bourrade amicale. Et puis, presque dans le même mouvement, les deux hommes échangèrent de place, le barman présentant la carte pendant que le rouquin se lavait sa main de chair. L'hygiène, le maître coq du Lionroar avait toujours été très strict là dessus, c'était hyper important.

« Je croyais que c'était le bleu qui m'allait au teint ? Tu m'aurais donc menti depuis toutes ces années ? Mais si je ne peux pas te croire, qui dois-je croire ? Le soleil se lève-t-il le matin ? Renaissance tourne-t-elle autour de son soleil ? Es-tu seulement qui tu dis être ? »

Sa voix grave et bourrue contrastait avec les mots un peu recherchés qu'il utilisait. Clairement, ce n'était pas son langage habituel mais, parfois, pour raconter des bêtises, il se laissait aller à utiliser des mots de gens cultivés. Mais pas longtemps. L'ours reprenant le dessus, il grogna.

« Allez, fini les bêtises, j'ai une surprise à faire à la Princesse et toi t'as un Tropics a corser un peu. Le Santa Maria a trop d'amertume pour le plat que j'ai en tête. » il fit un clin d'oeil à la jeune femme. « Je vous le confie. Ne le laissez pas trop partir dans tous les sens, j'en aurais besoin au retour. » Et il s'éclipsa dans la cuisine préparer le plat.

[hj : sautez mon tour une fois pendant que Wulf cuisine et je reviendrais!]

Ils m'amusent et j'en oublie que ce sont des hommes. Je m'amuse bien. Ils semblent tellement complices et me font tendrement penser à James. A cette amitié indescriptible, sur laquelle les mots sont impossibles. Ils me font rire.

- Je suis sûre que le rose irait parfaitement bien, mais rassurez-vous, ce soin soyeux ne colore pas les cheveux, bien malheureusement.

Et ils continuent leur pièce de théâtre improvisée, m'amusant et me faisant oublier la planète sur laquelle je suis. Et les souvenirs douloureux s'y raccrochant.
J'aime bien quand les gens se lâchent et racontent des bêtises. Je bats des pieds dans le vide, attendant la fin de leur débat qui vient, coupée par le cuisinier qui s'éclipse dans la cuisine après m'avoir confié la lourde tâche de surveiller le barman.

Et alors je me penche en avant, appuyée sur mes avant-bras, pour regarder par-dessus le plateau du bar.

- Alors, comment on fait le Tropics ? J'ai toujours été admirative de ces préparations, moi qui ne suis douée de mes dix doigts en rien. Sauf en catastrophes, peut-être. Oui, ça c'est moi. Tu dois être habile, toi, non ? Tu fais voler les verres ? Et les shakers ? Tu me montre ?

J'admire ces personnes qui savent cuisiner, qui savent faire des cocktails. C'est tellement joli et tellement bon ! J'ai bien envie d'apprendre... Mais j'ai peur d'être trop maladroite pour ça.

Les mots recherchés sur la voix familière font pétiller l'iris azur du brun et creusent le pli d'une fossette. Rieur, il ne s'en concentre pas moins sur sa mission du moment, sortant les bouteilles nécessaires à sa préparation et décochant un sourire face à la mitrailleuse à questions roses qui lui fait face.

"Le Tropics, ici, on le fait bien" taquine-t-il sans vergogne tout en versant dans un verre à mélanges glaçons et jus aux densités différentes. "En vrai, ce n'est pas très compliqué une fois qu'on a le coup de main... Le plus dur, c'est d'improviser un cocktail nouveau pour un client, mais c'est un chouette défi !"

Il clipse la timballe pour finir d'assembler son shaker et, sous les yeux de la demoiselle, combine les premiers éléments dans un déploiement de couleurs fruitées. Le verre destiné à recueillir la préparation voit ensuite sa bordure enduite d'une once de sirop et de vermicelles multicolores acidulées, avant que le brun n'y mette le mélange de jus et le rhum. Puis il garnit de baies et d'une tranche de fruit du dragon.

"Mademoiselle est servie !"

Dessous de verre et cocktail rejoignent les couverts.

"Et pour répondre à la question de si je fais voler les verres... non, mais les shakers, je ne désespère pas d'y arriver."

En guise d'explication, il en lance trois en l'air dans un jonglage approximatif mais enthousiaste.

Je l'observe sortir les bouteilles, mon regard concentré sur ses mains. C'est joli, des mains. Les muscles, les tendons, je trouve ça joli, des mains. Et il me taquine alors qu'il mélange les glaçons et des jus. Il parle et moi je l'observe, muette et attentive. Ce qui reste étonnant pour moi, de ne rien dire et d'écouter. Faut dire que ce n'est pas mon fort, d'habitude. Mais ce qu'il fait me fascine, alors je me tais.
Hypnotisée, je ne me rend pas même compte qu'il a terminé. Et lorsqu'il dépose le verre devant moi, j'ai ce sourire bête sur les lèvres que je chasse vite. Je me réveille enfin de ma transe observatrice, relève la tête et lance mon regard dans le sien.

- Waw ! J'suis tellement maladroite que si j'fais pareil, je me reçois les trois shakers sur la tête.

Et je contemple le cocktail devant moi, les yeux pétillant avant de le prendre dans les mains et de regarder au travers. Non, je n'y vois rien, le cocktail est complètement opaque. J'ai pas envie de le boire, il est tellement joli. Pourtant, je sens ma salive insister dans ma gorge. J'approche le verre de mes lèvres et goûte. Et lorsque je retire le verre, j'explose, sourire étiré jusqu'aux oreilles.

- BON SANG !

Et je rougis de ce cri.

- Félicitations, monsieur le barman, ce Tropics est parfait !

Se prendre des shakers sur la tête, le brun ne peut nier l'avoir déjà fait... ni récidiver à l'occasion. À croire que les bosses ne lui mettent pas de plomb dans le crâne, pas plus que le dernier fruit qui lui a peint toute l'aile du nez au jus d'orange.

"J'ai la tête dure" avoue-t-il en riant.

Les meilleures choses ayant une fin, il rattrape cependant ses ustensiles avant de prendre le risque d'interrompre la dégustation de la demoiselle aux cheveux roses ou de renverser les bols pré-remplis de graines de tournesol à grignoter qui traînent dans le coin. Le matériel sale pour sa part finit sous le robinet ouvert histoire d'être lavé.

"Merci~ Et attendez de voir les merveilles que Wulf vous aura concoté en cuisine !"

La viande cuit doucement dans la poêle, passant d'une teinte sanguinolente à un joli châtain au milieu tiède, la cuisson la plus goûteuse. Il toast les buns, choisissant avec soin le toping, sésame blond et pavot, puis ajoute quelques feuilles de mâches, douce, une mimolette vieille et puissante, une sauce au vin, un peu acide. Tomates et oignons, ceux-ci doucement cuits avec un peu d'huile d'olive. Le fumet du plats, accompagnées de patates douces épicées se diffuse au delà de la cuisine jusqu'au deux adulescents qui plaisantent dans un coin.

Il ne s'écoule que quelques minutes avant que Cathwulf ne se pointe, tenant dans un bout de tissu l'assiette chaude.

« Attention, chaud devant » fait-il avec amusement. Il pose son sandwich devant la visiteuse, et lui lance un clin d'oeil. «Ca va ? Il s'est bien tenu ? Il vous a fait le coup du jonglage déjà ? »

Oh, ça, j'attend que le meilleur, ils m'ont promis un extase culinaire, ils ont intérêt à assurer leur promesse, maintenant. En plus, j'ai une faim de loup. Je salive déjà à l'idée et à l'odeur qui s'échappe des cuisines. Et, avant que je ne puisse enchainer avec ma réponse toute trouvée, le cuisinier se repointe avec une assiette chaude en mains. Et mon regard s'élargit, mon sourire s'étire fort sur mon visage. Qu'est-ce que ça a l'air bon...
Je ne quitte pas l'assiette des yeux alors que l'homme me parle. Bien sûr, je l'entend. Je ne l'ignore tout de même pas, mon ventre a simplement pris le contrôle de mes yeux.

- Oh, oui, un vrai petit ange !

J'arrive à m'extirper à ma contemplation, redresse mon regard pour observer les deux hommes.

- Ah ça, s'il a fait le coup du jonglage ? Bien évidemment, comment ne pas le faire ? Faut avouer que c'est plutôt impressionnant, enfaite... Pour une maladroite comme moi.

Un rire s'échappe de mes lèvres.

- Bon, alors, qu'avons-nous là ?

"Je me tiens toujours bien" fait mine de s'outrager le brun, l'oeil éternellement rieur.

Les shakers juste à portée de main, cependant, disent une toute autre histoire. Vaguement sage sous ses airs de canaille, cependant, il rince et range soigneusement les contenants sales à sa portée, laissant à la demoiselle aux cheveux gruimauve la marge pour manger en paix si elle le souhaite. Il ne peut s'empêcher cependant de nuancer le compliment d'auto-dérision :

"C'est parce que je n'ai pas jonglé assez longtemps pour faire tomber quoi que ce soit. Sinon ça fait moins sérieux."