Un mojito, dos mojitos

Ce qu'ils allaient faire dans le futur, incluant de tuer des trinitaires ?... Elle ne montre rien de son interrogation silencieuse, mais elle prend une gorgée de son verre, hochant simplement la tête alors. Se demandant quoi dire ensuite ? Voilà, elles ont été présentées... ?

" De même, mais ça ne me dit pas trop pourquoi vous teniez tant à nous présenter ? ... Je veux dire, je suis toujours contente de rencontrer une mo'at, bien sûr " ... surtout une qui lui parle malgré son absence de nom.

Elle sourit quand même doucement. Et elle ne dit rien de plus finalement. Même si ça sous-entend un peu un " mais c'est pas pour ça qu'on va s'échanger nos expériences de vie aux mains des trinitaires non plus ". Elle se demande juste ce qu'elles ont d'autre en commun.

Conrad hausse les épaules. Il ne sais pas pourquoi il voulait les présenter. Son instinct sans doute. Après tout si les membres de son équipage s'entendent bien avec ceux de l'Iceberg c'est un plus non. Après ce n'est pas obligatoire non plus. Les capitaines c'est ce qui importe le reste.

- J'aime rencontrer des gens qui viennent de mon pays natal. Et qui ont des expériences similaires aux miennes. Pas que je sois nostalgique mais j'aime ça. explique simplement Conrad. Après vous n'avez peut-être pas grand chose à vous raconter en effet.

Il ne sait pas, il a sans doute bu un poil trop et son esprit est un peu embrumé. Il regarde la petite et sourit doucement. Si seulement on lui avait pas brûlé les yeux. Il soupire un peu.

Elle se sent de moins en moins bien. Vraiment. La métisse comprend de moins en moins ce qui se passe autour d'elle, concentrée qu'elle est sur son malaise grandissant, sa cervelle qui a l'air de vouloir tourner à l'intérieur de son crâne et son estomac qui essaie de ressortir par la sortie la plus proche. Ca va pas passer tout seul. Ca va ptet pas passer tout court. Oh là là. En une minute elle a blêmi comme jamais.

"Excusez-moi." elle murmure en reculant prudemment sa chaise, grisâtre.

Elle veut se lever, conserver sa dignité et celle de l'Iceberg autant que faire se peut, avec un peu de chance elle arrivera à sortir avant de...

...

...non. En fait dès qu'elle a essayé de se lever son estomac a pris ça comme le signal du départ et elle a rendu tripes, boyaux, et surtout rhum et bile entre sa chaise et celle de Ni'oh. Et là tout de suite, elle a vraiment pas envie de se relever, déjà parce que ça brûle dans sa gorge, c'est dégueulasse dans sa bouche et ça tourne encore plus fort dans sa tête, ensuite parce que... merde quoi, c'était bien le moment d'être malade avec deux pauvres verres de rhum ! Et demi ! Honte et déshonneur sur elle pour les sept générations à venir ! Qui viendront jamais de toute façon, mais tout de même !

Pendant un instant, elle aura cru l'avoir vexée. Le Capitaine, lui, a déjà emmagasiné trop d'alcool pour être vexé par quoi que ce soit - quoi qu'il ne fallait jamais s'y fier. Il est alcoolique mais pas idiot... Mais Seik'el, elle ne la connait pas. Elle allait ouvrir la bouche pour s'excuser lorsque la jeune femme recula sa chaise, mais fut interrompue par ... un bruit très caractéristique. Un odeur désagréable. Et une étrange impression que ses bottes et une partie de son pantalon n'avait pas été épargné.

" Seik'el ! Ca va ? Vous lui avez fait boire combien de verres, Cap'taine ? " Le ton du reproche pourrait être digne d'Aliénor si la petite avait un dixième de ses cordes vocales. Mais là c'est juste... un reproche.

Elle se lève se sa chaise... essaye d'éviter la plupart de la bile et du rhum qui recouvrent le sol (mais franchement, elle n'est plus à ça près), et vient poser une main sur l'épaule de la jeune femme.

" Besoin de prendre l'air ? "

Conrad regarde la petite mystique qui lui fait encore des reproche. Décidément il ne sait pas ce qu'il a fait mais ça s'ajoute au fur et à mesure que le temps passe.

- 2 verres... Et demi. dit Conrad. Et j'ai pas besoin de deux Aliénor dans mon équipage. Une est déjà assez fatiguante.

Il bougonne en regardant d'un air distrait le carnage. Il fait signe pour que des gens se dépêche de venir nettoyer.

- Prend en soin puisque manifestement je suis un bon à rien. râle le capitaine en croisant les bras.

Caly vient se coller à lui pour le câliner. Toujours assez indifférent à ce qui se passe aux alentours.

Seik'el attend. Un peu pour être sûre qu'un nouveau spasme va pas venir achever sa dignité, beaucoup parce qu'elle aimerait bien disparaître sous la table et croiser le regard de personne - encore que Ni'oh... y a pas de regard à croiser, mais c'est ses bottes à elle qu'elle vient de dégueulasser - et surtout, surtout parce que des trois c'est sans doute elle qui comprend le moins ce qui se passe. C'est vrai quoi, deux minutes avant elle allait très bien...

"Je vais... sortir. Oui. Deux minutes." elle murmure à Ni'oh après le grognement du capitaine. Le mojat vient tout seul, sans qu'elle y ait vraiment réfléchi, alors qu'elle s'essuie les lèvres d'une manche incertaine.

Elle se redresse prudemment, tombe nez-à-nez avec le caly'uaykai revenu câliner "son" humain. Elle se demande si tout ça constitue un message de la Dame. Tellement plus crédible que d'autres explications, si bassement terre-à-terre.

"Je suis désolée." Elle en pense clairement chaque lettre, et clairement aussi elle est encore bien barbouillée. Difficile en revanche de savoir si elle parle à Stackborn, à Ni'oh ou aux deux... ou au caly'uaykai. "C'est inqualifiable." elle ajoute plus fermement en se mettant lentement debout. "Si vous voulez bien m'excuser un instant capitaine Stackborn... et mettre tout ça sur ma note ?"

Il a dit qu'il payait au début de la rencontre, oui. Mais c'était avant qu'elle dégobille sur sa mystique en pleine discussion, et en cet instant elle voit pas d'autre moyen de rattraper le coup.

Ni'oh a les bottes dégueulasses. Elles étaient couvertes de boues, maintenant, il y a une couche de vomi supplémentaire. Mais elle n'a pas l'air affectée... Si ce n'est par l'odeur. Quand on traîne avec l'équipage du Liberty il y a souvent de la casse. Ou du vomi. Ou les deux parce qu'un gars a vomi sur le mauvais gars. Bref, rien de catastrophique.

Elle a une main posée sur l'épaule de Seik'el, et reste en soutien disponible pour la demoiselle si besoin mais elle se fige un peu tout à coup alors qu'elle tourne l'oreille vers le Capitaine. Elle n'en paraît pas étonnée, cela dit. Elle écoute juste, un peu tendue sa façon de lui dire de partir avant de l'énerver encore plus. Depuis leur dernier soir sur Hope, c'est un peu la discorde entre eux...

" Bien. Sortons alors. "

Elle attendra tranquillement qu'elle ait terminé de s'excuser, sifflant doucement pour attirer l'attention de Srätx et faire en sorte que le petit singe remonte sur son épaule. Il fait mine de l'ignorer pendant deux secondes ... tête de mule, avant de finir par lui sauter dessus avec énergie.

Elle commencera à s'éloigner avec l'intendante de l'Iceberg en direction de la sortie.

" Ne vous en faites pas. Il est bougon... mais ce n'est pas contre vous. "

Conrad regarde les deux mo'at sortir. Il ne sait pas ce qui tourne dans la tête de Ni'aoh en ce moment mais diantre qu'elle peut l'énerver. Il rumine et finit par caresser doucement Caly sans vraiment faire attention comme un geste réflexe. L'animal est refait et se love contre Conrad.

Ce dernier regarde les deux femmes qui s'éloignent et se dit qu'en ce moment les belles femmes le boudent. Ou alors c'est lui qui ne les attire plus par un changement d'attitude ? Difficile à dire mais ça l'amuse pas en tout cas. Alors il fronce les sourcils et regarde les boissons sur la table d'un air dubitatif. Elle a rien bu l'intendante pourtant. Il comprend pas.

S'il y avait que lui qui comprend pas. Seik’el non plus elle comprend pas. Elle est assez mortifiée pour être devenue transparente, elle fait un crochet par le bar pour demander de l'eau et un chiffon - pas pour la salle dont quelqu'un s'occupe déjà, pour se rincer la bouche et en chasser le goût infâme et surtout pour essayer de sauver les bottes et le pantalon de Ni'oh qui n'a rien demandé à personne. Payer, aussi, quitte à être au comptoir, et dire de mettre le reste des consos de Stackborn pour la soirée sur sa note, elle repassera à l'ouverture demain.

"Je m'inquiète pas... je reviendrai m'excuser." elle murmure. Elle fait confiance aux oreilles de l'aveugle pour l'entendre.

"Bon sang..." elle soupire une fois dehors. Ca fait du bien de respirer autre chose que l'air confiné de la taverne. "Désolée pour tout ça Ni'oh. Tout le monde dit ça je sais, mais c'est la première fois que ça m'arrive et j'ai rien compris. Deux verres et demi..." Eĺle regarde sa carafe, son chiffon, les bottes. "Je vais essayer de limiter la casse sur tes habits, je peux ?"

Elle a bien envie de lui dire que ça n'a pas d'importance. Que le Capitaine est saoul, bien plus qu'elle, et que ce genre de chose arrive souvent quand on essaye de le suivre à l'alcool. Deux verres et demi ? Elle en doute un peu, à l'odeur. Mais peut importe.

" T'en fait pas pour ça, ça arrive. Pas qu'à toi. " ça a bien failli lui arriver aussi, y a pas si longtemps... Mais la proposition de la mo'at la sort de ses sombres pensées, alors qu'elle aussi profitait de l'air frais extérieur, qui n'avait cependant pas eu le temps de lui manquer.

" La casse ?... Oh. Euh. C'est pas grave, tu sais... J'en changerai. "

L'air est jamais vraiment frais et sain sous une bulle, mais au moins il est plus respirable que dans une taverne. Seik'el inspire longuement, lentement, prudemment aussi. Ca passe. Ca va mieux. Elle essuie la sueur à ses tempes. Deux verres et demi. Ca arrive pas qu'à elle, mais ça lui était jamais arrivé à ce point, aussi vite, aussi brusquement, et en aussi mauvaise occasion. En plus quelle image ça donne d'elle et de l'Iceberg, merde. Passer pour une vieille peau acariâtre, malgré tout, ça fait partie du boulot... passer pour une poivrote incapable de se tenir c'est une autre histoire.

"C'est pas une raison pour que tu te tapes tout le décrottage." elle répond fermement - autant que possible, elle est encore barbouillée et pas totalement sûre de pas avoir un nouveau spasme dévastateur.

Son estomac, sa responsabilité. Au moins pour le plus gros.

"T'as juste eu le temps de t'asseoir en plus." elle commente en imbibant son chiffon. Maintenant, trouver quelque chose à dire, faire la conversation pour faire oublier qu'il y a deux femmes devant une taverne, l'une décrottant les bottes de l'autre, ou en tout cas faire comme si c'était parfaitement banal et ne méritait aucun commentaire. "Ca fait longtemps que tu es sur le Liberty ?"

Ni'oh reste un peu bête un instant, sans rien trouver à redire quand la jeune femme insiste pour la décrotter de quelques traces de vomis sur ses bottes. Elle n'a aucune idée de ce qu'elles doivent avoir l'air, au milieu de Tortuga, l'une accroupie devant elle à la nettoyer... Mais... Bon... D'accord. Elle baisse les bras, mais son visage dit clairement qu'elle est gênée.

" C'est pas... " Elle allait dire que c'était pas forcément la joie avec le Capitaine, en ce moment. Mais la dernière chose à dire à des pirates d'un autre vaisseau, c'est sans doute qu'il y a des petites tensions entre un Capitaine et sa Mystique. " J'avais pas spécialement la tête à boire, de toute façon. Tu m'as sauvée d'une soirée que j'aurais préféré éviter. " Voilà, il peut y avoir tout un tas de raisons pour ça.

" Ca fait 6 ans. Et toi ? "

L'affaire avance vite. Seik'el a lavé suffisamment de bottes pour savoir comment expédier l'affaire rapidement, faut bien que ça serve à quelque chose. Elle repense avec un sourire en coin amer et distrait aux paroles du capitaine de Nieves, quelques années plus tôt. Pas de savoirs sales hm. Être rapide et efficace c'est toujours bon à prendre, c'est sûr...

"Tant mieux alors." elle répond à la soirée évitée, un peu rassurée. "Drôle de sauvetage quand même, la prochaine fois j'y mettrai les formes et je t'emmènerai sur mon ikaneegh blanc." elle sourit pour dédramatiser un peu l'affaire et chasser l'air gêné du visage de la blonde.

Elle en est déjà à attaquer l'autre botte quand Ni'oh répond à sa question, la réciproquant au passage. C'est légitime.

"Six ans aussi. Déjà. J'étais sur une corvette sans Code que le capitaine de Nieves a abordée." qu'elle ajoute en se redressant.

Une histoire banale sans doute, celle de pas mal de Mo'ats de leur noble profession. Il faut au moins ça pour que des êtres qui rechignent à tuer même leurs pires criminels se transforment en assassins ne tuant qu'occasionnellement des Trinitaires, non ?

"C'est grâce à lui que je suis là aujourd'hui." Et comme si elle avait peur qu'on ait entendu l'adoration dans sa voix : "Sinon pour les bottes faudra peut-être affiner dans les coins une fois sur le Liberty mais en attendant tu pourras te balader sans qu'on te demande où tu as marché."

Ikaneegh blanc... Ni'oh hésite une seconde entre rire et un éclair de mélancolie au rappel d'une vie passée qu'elle ne retrouvera plus jamais. Mais c'est un joli rire qui gagne le petit combat pour le moment à l'idée de se faire emmener par une inconnue venue d'un autre navire pour la sauver d'une soirée avec son Cap'taine. Un rire qui met quelques tâches jaunes sur la scène, faut avouer.

Le rire se tait vite. A la mention du sauvetage de la métis qui lui nettoie ses bottes... Elle reprend un visage plus sérieux.

" Merci. Ce n'était pas nécessaire mais... Merci. " Elle ne va pas continuer à faire la difficile, maintenant que c'est fait, c'est fait.

" C'est aussi grâce au Capitaine Stackborn... et à Calypso, que je suis ici aujourd'hui. Un transport trinitaire... Avant ça, je vivais sur Mo'tanui. "

La métisse se redresse, chiffon et pichet à la main, et s'adosse au mur. Son estomac va mieux, à ce qu'il semble. Tant mieux.

Un transport. Elle vivait sur Mo'tanui. Elle était libre sûrement. Bannie, pour pas donner de nom de clan, et bannie à tort sans doute pour que la Dame lui ait gardé sa faveur, mais libre. Elle a connu sa famille, elle avait peut-être des frères, des sœurs, deux parents qui l'aimaient. Ni'oh peut pas voir le regard soudain à la fois triste et envieux de Seik'el, et au fond tant mieux, mais sa voix s'est éteinte un instant.

"J'ai grandi sur une plantation. C'est... une autre Mo'tanui." Et puis comme pour chasser les mauvais souvenirs, elle reprend : "Je suis sûre que c'est la Dame qui a guidé le capitaine de Nieves contre cette corvette. Elle me l'a jamais dit, j'ai jamais entendu sa voix. Mais..." Mais je le sais, c'est forcément elle. "...je la remercie souvent pour ça. Pour veiller sur nous."

Seik'el jette un nouveau regard songeur à la petite femme blonde, mais n'ajoute rien. Définitivement pas le soir ni les circonstances pour discuter théologie, libre-arbitre et autres interventions divines...

Elle hoche doucement la tête. Elle ne peut pas voir l'état émotionnelle de la jeune femme à côté d'elle, mais elle est triste pour elle. Pour ce qu'elle a dû endurer. Ce que leur peuple a dû endurer...

" Il n'est pas nécessaire d'entendre sa voix pour savoir qu'elle veille sur nous et qu'elle arrange parfois le hasard pour nous venir en aide et nous faire croiser la route de personnes justement capables de nous aider " Qu'elle répondra doucement.

" Tu retournes sur l'Iceberg ? Tu veux que je te raccompagne ? "

C'est l'aveugle qui propose de la raccompagner... Oui...

"Le hasard, la chance... c'est jamais que le nom qu'on donne à ses interventions quand elle veut pas qu'on sache que c'est elle." confirme la métisse sur le même ton.

Quant à savoir pourquoi elle intervient pas plus souvent, plus tôt, pour éviter les souffrances avant qu'elles viennent... La question de Ni'oh l'arrache au vide où ses pensées commençaient à vagabonder. La Dame a ses raisons, sans doute...

"Non, pas tout de suite, c'est gentil. Je préfère sortir un peu la tête de mes comptes." Car oui, être à bord de l'Iceberg égale boulot. Elle a jamais vraiment envisagé d'y faire autre chose que bosser et dormir et là elle a envie ni de l'un ni de l'autre. "Tu veux aller quelque part toi ? Un coin tranquille ? Le Liberty ?"

Un endroit tranquille ? Ni'oh penche un peu la tête vers la jeune femme, sans savoir trop ce qu'elle cherche dans un endroit tranquille. Sur Tortuga, qui plus est. Elle est d'ailleurs étonnée qu'aucun pirate un peu couillu n'ait pas encore décidé de les aborder. A moins que sa vis à vis ait un visage ou un corps horrible ?

" Je doute que le Capitaine apprécie une visite improvisée du Liberty quand il n'est pas à bord, mais tout dépend de ce que tu cherches comme endroit tranquille. Je n'en connais pas beaucoup sur Tortuga, et l'une des rares tavernes où on ne serait pas embêtées est juste derrière nous. " Qu'elle dira, un peu ennuyée, en faisant un signe vers la porte qu'ils viennent de passer. " A moins que tu en connaisses une autre ? "

Oh, rien d'aussi grave non. Certains connaissent probablement l'intendante de l'Iceberg et son absence de scrupules à se défendre violemment contre tout ce qui l'approche d'un peu trop près, mais c'est pas le gros de ceux qui se rincent l’œil en passant depuis tout à l'heure. Non, y a juste quelques gars qui surveillent les environs l'air de rien et qu'elle suppose faire partie de l'équipage du Liberty. Après tout, c'est un peu leur territoire cette taverne, non ?

"Oh, je me permettrais pas d'entrer sans son autorisation. C'était pour toi, si tu voulais te poser."

Un autre endroit tranquille. Oui, y a ça. Elle aime bien les endroits tranquilles, presque autant que le capitaine de Nieves, alors elle connaît.

"Sinon y a une petite taverne un peu plus loin. C'est surtout les locaux qui la fréquentent, parce que s'ils se mettent minables ils se font jeter dehors à coups de trique. On a des chances d'être à peu près tranquilles. Si ça te dit ?"

Le Capitaine y a déjà eu affaire plusieurs fois, c'est pas une garantie de tranquillité évidemment - les garanties sont un luxe dans leur noble profession - mais c'est quand même un bon indice.

" Oh, désolée pour la confusion "

Elle ne voulait pas sous entendre qu'elle proposait consciemment de visiter le Liberty alors qu'elle ne fait pas partie de l'équipage.

" Oui, pourquoi pas. Maintenant que mon pantalon est nettoyé, je n'ai pas vraiment de raison de rentrer. Et c'est pas tous les jours, même sur le Liberty, que j'ai l'occasion de discuter dans notre langue maternelle. "

Elle lui fait confiance sur le lieu tranquille. De toute façon, à moins qu'Arthur ou que Conrad soient complètement saoul tous les deux, y a au moins un des hommes du Liberty qui sera jamais loin de ses fesses. C'est un peu usant à la longue, elle aimerait un peu de vie privée, parfois... Mais c'est rassurant en même temps.

"C'est rien." qu'elle répond avec un mouvement de main. C'est pas son jour pour la compréhension instantanée chez ses interlocuteurs hein, elle devrait vraiment faire plus attention à ses formulations. "Moi non plus, c'est pas si courant. Ca fait tellement de bien pourtant." La langue de sa mère est si différente du standard...

Seik'el se détache du mur, ramène rapidement pichet et chiffon au comptoir et rejoint la petite blonde.

"Comment ça se passe alors, je te guide, je te tiens, je te laisse faire ?" demande la métisse, sans prévenance excessive, presque comme si elle lui demandait son parfum de glace préféré.

Elle avait l'air de bien se débrouiller jusqu'à présent, mais là elle connaîtra pas le chemin... comment elle fait ?

Srätx a retrouvé le chemin de son épaule, et elle attend tranquillement que Seik'el ait terminé de ranger le nécessaire qu'elle avait emprunté pour nettoyer ses bottes. Elle retrouvera Ni'oh exactement au même endroit, en train de donner quelques graines à son petit singe qui semble toujours affamé.

Elle sourit à la question posée. Mais réfléchit une seconde.

" Reste à côté de moi et parle moi, et ça devrait aller, à moins qu'il y ait un obstacle sur la route, je veux bien être prévenue. Genre un gros caillou. "

Elle fera d'ailleurs un pas pour se rapprocher de la métisse, sans se rapprocher excessivement de sa zone de confort non plus.

"Ca marche."

Elle laisse Ni'oh se rapprocher d'elle, se rapproche un peu également. Autant la proximité des hommes la met mal à l'aise, autant celle des femmes lui pose moins de problèmes. Elles sont garces entre elles les femmes, mais tellement moins concupiscentes.

La métisse se met en marche lentement, avec un regard aux alentours pour voir si quelqu'un fait mine de les suivre, un des probables gars du Liberty ou d'une autre provenance.

Quant à savoir de quoi parler pendant ce temps... son regard tombe sur le petit singe cramponné à l'épaule de la non moins petite femme noire et blanche, visiblement affamé.

"Il est mignon ce petit. Il est avec toi depuis longtemps ?" qu'elle demande, badine, prête à émettre de petits bruits d'approbation pour se situer si jamais la réponse devait être longue. Elle est pas forcément heureuse qu'un singe soit élevé par des humains, mais c'est toujours moins pire qu'un Caly'uaykai...

La petite femme aux cheveux blancs marche doucement à côté de la métisse. Vu qu'elle met un temps à entamer la conversation, elle prend son temps pour analyser le terrain sous ses pieds et se guider. Srätx l'aide un peu, à sa façon. Il a les yeux rivés vers la demoiselle, et donc son corps tend vers sa position.

" Quelques mois. Il était tout bébé quand je l'ai trouvé dans une boite sur un navire qu'on a abordé. Je suppose qu'il était destiné à un de ces colons collectionneurs ou ... comment ils appellent ça ? Cirque ? "

Il penche la tête de côté le petit. Il a sans doute compris qu'elles parlent de lui et fait un de ses grands sourires à la demoiselle inconnue.

" Il s'appelle Srätx "

Oui, évidemment. Difficile de le rendre à sa mère, et une vie parmi les humains vaut sans doute mieux que pas de vie du tout. Elle rend son sourire à la petite bête.

"Un cirque sûrement oui. Qu'est-ce qu'ils ont tous à vouloir posséder la nature et exhiber ce qu'ils trouvent beau..." Ou moins beau parce que les atikayas naturalisés, ça s'exhibe mais qu'est-ce que ça peut être moche. "Il a eu de la chance de tomber sur toi on dirait." elle commente. "Ca se passe bien avec les autres animaux qui vivent à bord ?"

Elle pense surtout au caly'uaykai qui aurait décidé spontanément de coller aux basques du capitaine Stackborn - et de le papouiller ainsi que d'essayer de nicher sur sa tête - mais il y en a peut-être d'autres.

Il a l'air tout content le petit singe noir à tête blanche, et sourit de plus belle en faisant quelques bruits. Et en sautillant presque sur l'épaule de sa petite maîtresse qui vient poser une main sur sa queue pour empêcher à cet idiot de tomber, au cas où.

" Il a l'air de t'apprécier on ditait. "

Ca donne le sourire à Ni'oh aussi. Qui réfléchit à la question de Seik'el tranquillement. Les animaux du Liberty... Elle n'a pas fait attention mais elle se demande si Caly était dans la taverne qu'ils viennent de quitter.

" J'ai entendu dire qu'on en avait pas mal. Des kihituis surtout. Ils sont assez indépendants et ne posent pas trop de problèmes. Même avec Srätx qui est un véritable chenapan et adore les embêter. Il y a un caly'uaykai aussi... Mais le Liberty porte bien son nom et ça comprend les animaux également. J'étais là quand le caly'uaykai a décidé de suivre le Capitaine Stackborn de son plein gré... Il l'avait libéré. Et il est revenu... "

Il y a encore des jours où elle se dit qu'elle a rêvé ce moment. Mais alors elle entend Caly, qui est toujours bien présent sur le navire. Alors elle se dit que les voix de la déesse sont parfois impénétrables.