[Le Flare] Ain't no easy way

Beurk.

Ils ont essayé de faire quoi avec le nutrisoja aujourd'hui? Déjà que ce truc donne pas trop envie en temps normal, là on dirait qu'ils l'ont laissé toute la nuit marinée et gonflée comme du gruau dans du lait d'Ataa'or. Ça pue un peu en plus. S'ils voulaient faire perdre du poids aux gens, fallait rendre les séances à la salle de sport du vaisseau obligatoire, hein, pas donner envie de sauter des repas en nous présentant un truc que même un chien hésiterait à manger. Oh, j'vais tout bouffer, c'est clair, parce qu'il y a aucune chance que j'me laisse crever de faim. Et j'ai décidément déjà eu pire. Mais... berk, quoi, merde.

Dépité, j'traire un peu les pieds, me disant qu'au moins ils nous ont donné quelques légumes frais avec ça - personne va pas crever du scorbut, qu'on daigne bouffer leur truc de nutrisoja ou pas, c'est Winchester qui va être content - tout en me cherchant une table où m’asseoir. J'ai jamais de difficultés à trouver un endroit sympa pour manger, comme j'connais tout le monde, mais là c'est plutôt l’embarras du chois qui... ouais bha qui m'embête. Puis je vois le tout nouveau membre d'équipage, un jeune blond plein de taches de rousseur, assis tout seul au bout d'une table. Bingo. Ni d'une ni deux, j'marche vers sa table puis m'assoie en face de lui. J'suis tout sourire en plus.

"Hey. Keli Lennox, c'est ça? Moi c'est Alexander Walsh. Mais tout l'monde m'appelle Xander."

On s'est déjà présenté formellement, lors de son arrivée officielle sur le Flare et en bonne qualité d'officier, mais j'l'ai pas recroisé depuis. C'est une occasion comme une autre de remédier à ça. Il a l'air sympa. Et c'est vraiment pas moche ses taches de rousseur sur son nez comme ça... J'tire une grimace. Elles m'ont fait oublier l'horreur dans mon assiette, ses taches, et j'en ai pris une bouchée sans faire attention. Urff.

Tu cesses de mâchonner la bouillie qui est supposée servir de repas au moment où la voix te sort de tes pensées. C’était bien, le silence. L’absence de personnes avec qui manger n’était pas un problème mais l’homme qui s’installe n’en es pas un non plus. Entre la voix rugueuse juste comme il faut et le sourire, il te faudrait être fait en marbre pour ne pas réagir positivement.
Tu n'es pas en roche, alors tu lui souris en coin toi aussi.

- C'est ça, je suis Keli. Enchanté…

Tu hésites un instant sur comment l'appeler. Il est ton supérieur hiérarchique. Il se présente aussi sous son surnom. Serait-il malpoli de l'utiliser ?
… Oui.

- … Alexander.

Voilà un juste milieu. Trop de familiarité aurait été une erreur, surtout lorsque tu commences à regarder un peu trop ses yeux.
Il sont beaux. Ils vont parfaitement avec le reste de sa colorimétrie, comme de l'or sur du bois et du bronze. Un ensemble satisfaisant sur lequel il serait très malvenu d'avoir un crush.
Oh.
Trop tard. Embêtant.

- Vous êtes à la Navigation, c'est ça ?

J'finis de grimacer contre ma bouchée de nutrisoja, fais passer le tout avec une grande gorgée d'eau puis lui offre un large sourire pour acquiescer à sa question.

"Yup. Chef navigateur, pour vous servir."

Oh et puis merde, j'ajoute un clin d'oeil. On me refera pas, hein. Et malgré toutes mes... mhe, refoulements... s'il y a bien un truc qui me gène pas avec les mecs, C'est la drague légère que je fais de toute avec tout le monde. Et j'ai un peu envie de voir si j'peux le faire rougir. Ça serait joli avec ces taches de rousseur. Ok, focus, Walsh.

"Le Flare est ta première assignation sur un vaisseau?"

J'essaie le tutoiement pour le mettre à l'aise. Le jeune blond a semblé hésiter sur comment m'appeler, - ces histoires de supérieurs hiérarchiques ont le don de compliquer les relations, j'vous jure... - et j'avoue être un poil déçu qu'il utilise mon prénom complet finalement. Si je lui ai offert mon surnom, c'est pas que pour faire joli, mais bon, j'comprends aussi. J'suis pas du genre à m’embarrasser de comment les membres de l'équipage m'appellent quand on est pas sur un quart de travail, loin de là, mais je suis un peu le seul officier dans mon genre, du moins à bord du Flare. Bha. Ça viendra surement avec le temps.

Le clin d’oeil.
Qu’est ce que c’est que… ? Un clin d’oeil. C’est tout sauf professionnel et tu le sais, tout comme tu sais que tu ne pourras jamais te permettre d’y répondre autrement qu’en inspirant un peu trop amplement une, deux fois, mais… Il faut être réaliste, tu n’y es pas indifférent. Tu rougis même légèrement. Damnés soient les yeux couleur d’automne de monsieur Walsh.
Tout déterminé que tu es à ne pas te laisser intimider par Alexander, tu refuses de ne pas le regarder bien en face même si tu as toujours ta frange pour te cacher et qu’il est noyé dans le halo blond de tes cheveux, comme le reste du monde.

- La première en Dorado. J’ai été quelques mois sur le Hound hors du système avant d’être transféré. Le Flare est beaucoup plus peuplé et grand.

Il te faut beaucoup de force de volonté pour ne pas détourner les yeux, plus encore pour ne pas sourire discrètement pour voir si ça ne provoque pas de nouveau clin d’oeil.

- Je ne m’attendais pas exactement à ça, j’imagine.

Ca quoi ? Ca… Cet équipage, ce vaisseau, ce système. Tout avait été décrit comme beaucoup plus dangereux.

- Mais je pense que je vais me plaire ici.

Et là, cette fois, tu souris en penchant un peu la tête.

Bingo! Oh merde, en plus j'm'étais pas trompé, il est encore plus mignon quand il rougit. Et il m'lâche pas des yeux alors ça m'fait un drôle d'effet au creux du ventre. Ça m'arrive souvent avec les filles, mais aussi avec certains mecs, mais si j'ai aucun problème à m'comprendre avec les premières, avec eux j'sais pas trop quoi en faire. Mais j'aime pas penser à ces questions-là alors j'les repousse et m'concentre sur le jeu, la conversation et l'horreur dans mon assiette.

"Heureux qu'on soit ton premier vaisseau lourd alors. J'espère que tu t'y plairas."

J'suis sincère en plus. Il à l'air sympa et malgré c'que certaines personnes peuvent en dire, j'manque pas d'intérêt ou d'compassion pour les autres même si j'drague tout c'qui bouge sans y penser. À sa réplique suivante, je penche la tête de côté et arque un sourcil, curieux.

"Tu pensais qu'ça ressemblerait à quoi? Si c'pas trop indiscret, bien sûr."

J'lui souris pour lui signifier que vraiment, c'est ok s'il a pas envie d'élaborer. On est en repos là, pas dans une conversation professionnelle, et j'veux pas quil se sente obligé d'me répondre juste parce que j'suis son supérieur. Moi étant moi, j'peux néanmoins pas m'empêcher d'ajouter avec un sourire joueur :

"Et hésite pas s'il y a quoi qu'ce soit que j'peux faire pour améliorer ton expérience à bord."

Ouais. Smooth, Walsh. Particulièrement smooth. Toi, ta grande gueule et tes conneries malgré tes putains d'problèmes...

A quoi aurais-tu bien pu penser que tu ne puisses avouer ? Que tu croyais le Flare plus aérodynamique, plus propre, son personnel plus compétent, plus beau, sa nourriture moins ignoble ? Tu n’aurais aucun mal à le dire si tu le pensais.
La preuve, c’est que tu ouvres la bouche avec ton air innocent parfaitement désarmant pour répondre à ce que tu hésites encore à qualifier de flirt.

- Vous pouvez continuer à sourire comme ça.

Tu seras fixé, comme ça. Soit il va se lever et faire mine d’avoir quelque chose à faire ailleurs, soit il va continuer. Aucune des deux réactions ne sera dramatique pour toi… Même s’il faut avouer que tu as une préférence pour la seconde.

- Je pensais que ce serait plus dangereux.

Que tu reprends en toute décontraction après avoir pris une bouchée du nutrisoja dégoûtant.

- Tout le monde m’avait dit que Dorado est une poudrière. A entendre mes amis à la maison, je vais croiser des pirates et des voleurs toutes les trois minutes, perdre mes reins dans une allée, revenir en morceaux… Si je reviens.

Drôle comme tu dis ça avec un espèce de rire dans la voix, les yeux pétillants derrière tes cils. Tu n’y crois pas. Pas un instant, tu te dis que tu mourras ici.

- Mais tout le monde est poli et le Flare est confortable.

Oh.

J'm'y attendais pas du tout. Genre vraiment pas. Pourtant j'aurais du, j'suis con, on lance pas un hameçon sans qu'ça finisse par mordre, quoi. Mais c'qu'il me sort est à la fois vraiment mignon et sincère - j'crois du moins? - alors ça désarçonne et... et merde j'rougis la, hein? Get a fucking grip, Walsh. J'me retranche rapidement dans mon jeu, continuant sur ma lancée de flirt que j'connais bien pour reprendre de l'assurance et j'penche la tête de coté en lui offrant mon plus beau sourire charmeur.

"Si ça prend qu'ça..."

Ok, c'jeu là, tu l'connais bien, Walsh. C'est qu'pour s'amuser un peu, et visiblement Lennox connait la chanson lui aussi. C'pas différent qu'd'habitude. Ouais, tu gères.

"C'est jamais comme dans l'imagination du reste d'la galaxie, ça, c'est clair, mais attend qu'on s'éloigne encore un peu des voies d'transport sécurisées et qu'on tombe sur un équipage pirate. On en reparlera ensuite."

Nouveau sourire, plus complice cette fois. J'veux pas lui faire peur, mais si on l'a eu tranquille ces derniers temps, c'est loin d'être toujours le cas. Vraiment loin en fait. Les abordages dans c'coin d'la galaxie, y a parfois rien d'moins violent.

"Ouai, l'Flare est un bon vaisseau, et c'est une fierté d'servir sous les ordres du Capitaine Charley. C'est pas un combo si répandu qu'ça, on a d'la chance."

J'hausse ensuite un sourcil, curieux.

"J'comprends qu't'es pas du système, alors? Ton affectation ici est temporaire, ou tu cherches quelque chose de permanent?"

Alors c’est un rougissement. C’est une bonne chose, enfin c’est ce que tu crois, que cette réaction. Ce n’est pas un non et ce n’est certainement pas un renvoi dans les cordes, alors tu penses que peut-être que monsieur Walsh n’est pas qu’un homme à femmes. Les mots de ton camarade de cabine, ce ne sont pas les tiens mais tu as retenu les informations qu’il a voulu te donner sur le reste de l’équipage et il y avait celle-là. Tu l’annotes tranquillement : homme à femmes et à… A au moins te sourire.
Quoi que ça veuille dire.

- Je suis un mécanicien, je ne pense pas que les équipages pirates viendront jusqu’à moi.

Tu as confiance en les droïdes, en les équipes d’abordage, en Charley. Il n’y a pas une once de doute en toi quand tu regardes Alexander dans les yeux.
Non, vraiment, tu ne mourras pas en Dorado.

- Ce ne sera pas permanent, malheureusement. Le système est… Charmant, hésites-tu, mais j’ai des obligations d’où je viens. Je serais obligé de repartir lorsque mon service se finira.

Tu offres au Navigateur un sourire un peu désolé comme si tu étais responsable de ta situation.

- J’imagine que vous êtes originaire de Dorado, de votre côté ?

Le sujet revenu en eaux calmes, j'me détends aussi vite que j'me suis tendu et lui offre un sourire lorsqu'il affirme qu'il ne verra rien des abordages. C'est pas tout à fait vrai, d'expérience, mais...

"Ouai, c'plus tranquille en salle des machines. J'te l'souhaite, dans tous les cas."

J'pioche dans mon assiette sans réelle envie, mais faut bien se nourrir. Et jamais, JAMAIS, j'me laisserais crever de faim. C'est pas pour rien qu'la bouffe est à égalité avec le sexe dans mon top de trucs préférés. C'est vraiment pas si mal une fois qu'on s'y met en plus, et qu'on s'habitue un peu à cette texture particulière.

"Ouai, ma famille est d'Vanguard, donc j'y suis né et j'y ai grandi. Dorado est loin d'être une idyle, mais c'chez moi et j'l'aime bien ce système paumé. C'est aussi celui d'mon fils alors... y a de ça."

J'hausse les épaules avec un sourire avant de changer de sujet. J'peux alors pas m'empêcher de faire faire un retour à mon sourire charmeur alors que j'poursuis. J'crois que c'est dans mes gènes de pas en rater une. Theo m'donnerait surement une baffe, là, si elle me voyait. Ou n'importe qui qui m'connait, d'ailleurs.

"Dommage qu'tu doives repartir, on a toujours besoin d'personnel doué, et d'c'que j'ai pu comprendre, tu ne laisses définitivement pas ta place avec des outils dans les mains."

Bonjour les sous-entendus, j'pourrais presque me faire facepalmer moi-même.

"Si c'pas trop indiscret, quand tu parles d'obligations, j'imagine qu'c'est d'ordre familial?"

Il a donc un fils, notes-tu avec une curiosité émoussée par ta politesse. Tu te demandes simplement à quoi ressemble son enfant, puis qui peut bien être la personne avec qui il l’élève -s’il y en a une, l’exemple de ta mère t’as bien appris à ne pas présupposer ce genre de choses.
Et tu laisses tomber ces questionnements pour prendre un air mutin et agiter tes doigts l’air de rien, prouver qu’ils sont effectivement longs, dextres, et souples. Que tu comprends très bien les sous-entendus.

- C’est donc ce qui se dit ?

Y a-t-il des rumeurs sur les utilisations plus récréatives de tes mains ? Ce serait amusant de le savoir, plus que de parler de ce qui te retient comme une laisse de l’autre côté de la galaxie, dans une entreprise dont tu ne veux pas plus que ça et aux ordres d’une mère absente.

- Je suis l’héritier supposé d’une place à la tête d’une entreprise, expliques-tu tout de même à Alexander. Mon service fini, je devrais revenir à la maison et devenir l’assistant de ma mère jusqu’au moment où elle estimera que je peux la remplacer. Après quoi je devrais me trouver un mari, adopter un enfant, et reproduire le cycle.

Il n’y a pas d’amertume dans tes mots. Tu es beaucoup trop bien dressé pour déraper.

- Est-ce que vous comptez ça comme une obligation familiale ?

Il bouge ses doigts avec une tête à jurer qu'il a capté les sous-entendus et en rajoute... et j'sais plus quoi faire d'ma peau. J'apprécie un peu trop à quel point il est décontracté, à l'aise et confiant. Ça m'aide pas. Du tout. Au moins on parle de trucs qui portent pas à dériver facilement, parce que j'sais pas c'que j'ferais sinon - quoi que j'note très bien qu'il parle d'être potentiellement en couple avec un mec et pas une femme. Entre mon envie d'continuer à draguer, d'me lancer tête première dans c'jeu là, et les peurs irrationnelles qui m'prennent aux tripes quand j'y pense, j'sais pas qui gagnerait. J'sais pas qui J'VOUDRAIS comme gagnant non plus. Fuck. Au moins c'pas la place ni l'moment, et ca, pour l'peu qu'ca m'apporte, aide. J'me concentre donc sur la dite conversation et grimace quand il est question d'son héritage, manquant pas d'capter son absence totale d'enthousiasme.

"Mmphmf. Ouais, ca compte."

J'hésite un peu, puis envoie la prudence balader. J'fais potentiellement beaucoup trop ca dans ma vie d'tout les jours - heureusement pas dans mon boulot, vous m'direz - mais tant pis.

"J'voudrais pas présumer de rien... mais ca doit pas être facile à porter tous les jours, j'compatis."

J'sais qu'les seules attentes d'mon père a mon égard ont pesées lourd sur mes épaules pendant des années, et qu'encore aujourd'hui elles me pourrissent la vie même si j'ai pratiquement plus d'contacte avec lui, mais c'qu'il m'raconte là, c'est vachement pire.

Oh, mais ce n’est pourtant pas difficile à porter, les attentes de ta mère. Tu y arrives très bien avec tes épaules osseuses, c’est que ça ne doit pas plus peser que ça. Tu en lèves donc une avec fatalisme.

- J’ai l’habitude. J’ai eu plus de mal à porter mes paquetages à l’école militaire que ça.

Tu te penches un peu en avant, vers Alexander, comme pour partager un secret.
Ses yeux ressemblent à des puits d’or en fusion, vu d’où tu es. Tu songes que tu pourrais écrire des dizaines de chanson sur le sujet et ça te fait souffler un rire étouffé.

- Je pense qu’être Chef Navigateur d’un vaisseau est plus difficile à vivre chaque jour qu’avoir une carrière qui m’attend à l’autre bout de la galaxie. Ici personne ne me connaît. Je ne suis qu’un mécanicien inintéressant. Je peux faire ce que je veux avec qui je veux.

Tu bouges encore tes doigts, plus par provocation gratuite qu’autre chose, pour voir si tu peux provoquer des choses dans les yeux ambrés.

- Alors que vous êtes sous le feu des projecteurs... C’est moi qui devrais compatir. Vous ne devez pas avoir un moment à vous...

Ça a duré quoi, dix secondes à tout cassé, comme résolution? Parce qu'il s'penche vers moi et m'regarde d'une telle façon que... bon sang j'arrive plus à réfléchir. J'ai envie d'me pencher aussi, m'rapprocher d'lui. J'me retiens, mais mon envie d'continuer d'déraper sur la pente d'la drague est tellement violente que j'crois pas pouvoir m'contenir. Alors j'souris et émet un petit rire incrédule à ses mots. Hell, j'fais vraiment ca, là, moi?

"Oh crois moi, y a rien d'inintéressant chez toi."

Ok, j'ai envie d'hurler. J'sais pas d'quoi par contre. Contre moi même, déjà. Parce que clairement j'lui plais et il m'drague aussi, et ca m'fait putain d'plaisir. La confiance momentanée qu'mon habitude de drague m'a donné s'effrite néanmoins quand j'le vois bouger d'nouveau ses doigts et face à ses sous-entendus. Je... fuck, j'crois que j'rougis. C'pas sérieux. À l'aide, quoi.

"Hem... tu..."

FUCKING HELL, WALSH, C'QUOI CA?! J'me racle la gorge et sourit pour tenter d'cacher mon trouble.

"Bha, on s'y fait, en vrai. C'est beaucoup d'responsabilités et ca prend beaucoup d'temps, oui, mais l'tout c'est d'trouver une balance. Par contre ouais, j'peux tout à fais voir l'intérêt d'pouvoir faire c'que tu veux avec qui tu veux. Après, j'adore c'que j'fais, mon boulot c'est une passion, et l'travail d'officier s'fait bien comme j'ai la meilleure équipe d'navigation qui soit. Mêler travail et divertissement peut s'faire aussi. On s'fait souvent des soirées, avec l'équipe et quelques autres d'l'équipage. Tu t'joindras à nous, la prochaine fois, si t'es pas occupé."

Ah, il peut donc rougir pour si peu ?
Ce n'est pas vraiment assorti à sa couleur de cheveux, remarques-tu sans le dire, mais ses tâches de rousseur sont bien plus mises en valeur. Tu te demandes sans vraiment le vouloir si elles pourraient avoir un goût de caramel, puis tu te concentres sur ses mots, ignorant soudain tout le reste. Le réfectoire, votre proximité, la couleur des joues d'Alexander… Tout disparaît. Ses mots restent.

- Je serais ravi de venir.

C'est vrai, tu ne peux pas nier qu'être entouré de mécaniciens et de droïdes chaque jour finit par être légèrement lassant. Peut-être que les fêtes des navigateurs n'impliquent pas autant de concours de lancer de clés de 12 que celles de l'équipe dont tu fais partie. Tu te surprends à l'espérer.

- Est-ce que vous mêlez souvent le travail et le divertissement ?

Ton air innocent et très sérieux est parfaitement sincère cette fois. La réponse t’intéresse plus qu’on pourrait le croire.

- Comment est-ce que vous faites ? Est-ce que je peux, et petit à petit ton sérieux s'effrite, tes dents se montrent légèrement dans un irrépressible sourire, vous embaucher comme consultant disons… D'équilibre de vie, lorsque mon service se finira ?

J'suis un rouquin, j'rougis pour un rien. Mais en plus là, j'sais pas c'qu'il m'fait c'mec, mais ca fonctionne. Au moins la conversation est bien là, et ca m'fait étrangement plaisir qu'il dise qu'il aimerait venir. Puis sa question suivante m'fait rire franchement, c'qui m'détend aussi.

"Quand s'faire s'peut, ouais. Et tant qu'ca empiète pas sur mon professionnalisme ou mon travail en tant qu'tel. Mettre un peu d'musique dans l'poste d'pilotage, sortir avec les collègues après l'boulot... ca a jamais tué personne."

J'hausse les épaules. Okay, bon, j'fais un peu plus qu'ca, notamment danser et chanter à tue tête sur la dite musique, mais bon. J'suis plus détendu maintenant, mais la suite, surtout l'sourire qui vient avec, m'arrache un haussement d'sourcil, surprit, amusé et suggestif, avant même que j'puisse penser à m'retenir. Pareil pour les mots qui sortent d'ma bouche après et l'sourire tout aussi amusé et plein d'sous-entendus qu'lui.

"J'sais pas à quel point c'est une bonne idée d'écouter mes conseils en la matière, mais j'suis clairement disposé à envisager l'emplois."

Okay, j'drague carrément un mec. Ça devrais pas m'faire m'sentir toujours sur la limite d'la crise d'angoisse, j'le sais, mais c'plus fort qu'moi. J'sais qu'j'ai toujours été... attiré par les hommes, mais j'ai jamais osé agir là dessus. Jamais. Et j'suis devenu vachement doué à m'réprimé intérieurement. Mais là? Pff. Y a tous mes mécanismes d'protection internes qui déconnent. Et l'pire, j'crois qu'c'est qu'j'adore ca.