Perdu. [Conrad]

Le Liberty à Tortuga, 23 Encer 111 ADD.


Ta clope à peine finie, t’en calles une s’conde entre tes lèvres, l’allumant alors qu’tu regardes la dernière boîte être monté sur la pass’relle.

T’as l’impression d’flotter alors même qu’tes complètement sobre. T’as beaucoup pleuré quand tu les as trouvés, sans pouvoir t’retenir, alors qu’la douleur t’bouffait d’l’intérieure. Puis plus du tout ensuite.

Oh, la douleur est là. La culpabilité aussi. T’as pas vraiment d’moyen d’les chasser, alors tu les laisses là. Et tout c’qui t’évite d’te renfermer et d’crouler sous tout ça, c’est le Liberty. Son équipage éploré et blessé qui a besoin d’toi plus qu’jamais.

Tu tires lentement sur l’bâtonnet d’mort, puis laisses une volute d’fumée monté vers l’ciel.

T’as fini ici, alors tu montes sur la passerelle pour retrouver l’intérieur du vaisseau et oublier un peu la dévastation là dehors.
Toute cette montagne de destruction qui empeste encore le sang et la mort. Tu pourrais presque te d’mander si un jour Tortuga s’ra à nouveau la même, mais faut arrêter ces conneries. Le train-train r’prendra vite, les débris seront retirés, les bâtiments reconstruit et un de ces quatre, quand des regards qui n’savent pas se r’poseront sur Tortuga, ils ne devineront rien d’l’horreur du vingt-et-un Encer 111.

C’est bien, dans un sens. Mais ceux qui étaient là sauront et pourront y repenser. Toi, tu sais déjà que tu n’pourras plus poser ton regard sur la ville pirate sans avoir une pensée pour tout ça.

Tu soupires, saluts deux hommes qui sortent du vaisseau et continues ton chemin, n’hésitant même pas alors qu’tes pas t’guident vers l’bureau d’ton Capitaine. C’n’est pas la meilleure année d’Conrad Stackborn et si certains peuvent l’ignorer, faut s’lever très tôt pour qu’toi, tu n’captes rien. Voir pas du tout s’coucher. Et puis l’attaque à été rude, entre l’Capitaine dans les rues d’Tortuga à risquer sa vie, Ni’oh courant tout autant l’danger en plus d’bien d’autres, qui contrairement aux deux premiers, n’sont plus en état d’en parler, reposant en ce moment même dans les entrailles du Liberty en attentes de leurs cérémonies d’adieux. Comme Lud et Constantin.

Tu déglutis. T’es en train de dériver.

Tu veux juste voir ton Capitaine, échanger quelques mots, voir la flamme au fond d’son regard. Tu toques à la porte d’sa cabine, attendant qu'on t'réponde.

T’es là pour prendre l’pouls d’l’équipage, certes, mais ça n’exclus pas d’veiller un peu sur Conrad.

C’est même primordial.

On frappe à la porte de la cabine. Ni'oh est endormie, la convalescence commence à peine et son corps est fatigué par le travail de reconstruction. Conrad se lève de son bureau et se rend vers la porte qu'il ouvre. Dans le même mouvement il fait un signe en mettant son doigt devant ses lèvres. Silence. Et il sort de la cabine en refermant la porte avec douceur et précaution.

Le capitaine est dans ses habits noirs et rouges comme souvent. Pour le coup il a l'air plus fatigué que d'habitude mais son haleine n'est pas spécialement chargées en alcool. C'est donc le manque de sommeil ou les soucis. Peut-être un peu des deux, difficile de savoir.

- Salut Tad. dit le capitaine de sa voix toujours chaude et hypnotisante même lorsqu'il est fatigué. Tu as récupéré ta famille ? Tout c'est bien passé ?

Il est inquiet pour son quartier-maître. L'homme n'a jamais été un bon père, mais c'est quand même un père aimant. Et perdre sa femme et son fils demeure aussi douloureux qu'un coup de couteau dans les côtes, sans doute plus en fait. Il sait de quoi il parle pour la perte d'une femme. Des enfants il n'a pas eu le temps d'en faire. Mais c'est souvent considéré comme pire par toutes les personnes ayant un instinct parental puissant. Chez les pirates c'est vraiment relatif à la personne.

La porte s'ouvre et devant l'geste qu'exécute ton Capitaine, tu n'dis rien, reculant pour lui permettre d'sortir. Oh, tu t'doutes qu'une certaine mystique soit en train d'se reposer à l'intérieur, mais tu n'commentes pas. Si ça permet d'les raccommoder, ça s'rait au mieux pour tout l'monde sur le Liberty.

Tu le regardes, intérieurement soucieux. Il a l'air fatigué et pas d'la même façon qu'il peut l'être habituellement.

- Salut, Cap'taine.

Il y a toujours cette flamme remarquable au fond de son regard comme de sa voix qui dévore une partie d'ta lassitude. Les questions te tirent un vague sourire qui n'a rien d'heureux, même si l'attention est appréciée.

- Oui, merci. Lud et Constantin sont à bord. Ça été compliqué d'les sortir d'la maison, mais ça été. Les gars ont fini d'embarquer toutes les boîtes. Ils ont été exemplaires.

Tu tires sur ta clope, trouvant important d'le préciser. C't'un bon équipage, qu'vous avez là.

- Et vous, Cap'taine, vous allez bien ? J'sais qu'il y a beaucoup d'travail et d'soucis.

T'ouvres la porte, voir s'il vient y mettre l'pied. T'es pas là pour forcer, mais t'as toujours été une oreille attentive et c'est à l'homme devant toi d'en faire c'qu'il veut.

Le capitaine regarde son compagnon d'arme et vient doucement poser une main sur son épaule. Il lui montre le chemin qui mène au petit bar des officiers. C'est une pièce vraiment pas grande et à côté de la cabine du capitaine. Elle offre une vue magnifique sur l'espace, pour le coup sur le vide intersidéral et la surface désolé de l'astéroïde. On ne voit pas la ville, c'est tant mieux pour le coup.

L'après midi touche à sa fin et le capitaine n'a pas beaucoup bu pour le coup. Il boit moins quand Ni'oh est dans les environs, c'est inconscient, mais c'est un fait. Conrad attrape une bouteille de rhum du Kraken, mais celui produit à Providence par des hommes libres. D'un geste expert il sert deux verres et pousse celui de Tad dans sa direction.

- beaucoup de travail. La carte est pas simple à comprendre. Il me faudrait un gars avec des compétences en archéologie.. mais pour le moment on a pas ça à bord. N'est-ce pas ? commence le capitaine. Ensuite il faut gérer les pertes, donc une cérémonie de plus... celle-là sera dure pour l'équipage et surtout pour toi. Donc va falloir tenir tout le monde à l'oeil. Entre les mecs qui s'en foutent et ceux qui souffrent il risque d'y avoir du grabuge.

Les pirates ne sont pas des enfants de cœur et certains d'entre eux ont oublié d'avoir de l'empathie. Il ne leur jette pas la pierre, la vie de pirate est pleine de sang et de mort.

Malgré sa taille impressionnante, la main du cap'taine s'pose avec douceur sur ton épaule, t'dirigeant vers l'bar des officiers. C'est pas une surprise et tu y rentres sans hésiter, pour t'asseoir, ton r'gard sombre glissant une seconde sur l'paysage avant d'revenir sur Conrad qui pousse vers toi un verre de kraken en provenance de Providence. Définitivement l'meilleur, c'qui n'est pas étranger au fait qu'aucun esclave y ait mit d'sa sueur.

Tu attrapes l'verre, hochant légèrement d'la tête pour remercier, avant d'le lever légèrement dans les airs et d'prendre une gorgée.

Archéologie. Nan. Personne avec ces compétences à ta connaissance, mais tu réfléchis déjà à qui pourrait faire l'affaire parmi les gens qu'tu connais, plus ou moins. Autant dire qu'en-dehors de Tech12, c'pas la mer à boire.

- Non, personne d'l'équipage à mon souvenir. J'peux quand même m'informer, sait-on jamais.

Tu frottes machinalement ton bouc avant d'tirer cendrier vers toi pour y taper ta cendre. Cérémonie dure surtout pour toi. Oui, probablement. Certain'ment. Mais tu comptes pas t'laisser bouffer, ou laisser l'grabuge s'installer, pirates ou non. S'il doit bien y avoir un truc qu'on respecte, c'est l'décès d'ses compagnons d'équipages.

- Ça s'rait dommage, vu les évén'ments et j'dis pas particulièrement ça parc'que j'suis concerné. Tu marques un léger silence avec d'continuer. Mais oui, faut veiller là-d'ssus. L'équipage à pas besoin d'ce genre d'tensions.

Et puis va falloir penser à se réapprovisionner et combler les nouveaux manquements de l'équipage.

- On reste encore longtemps à Tortuga, Cap'taine ?

Conrad fait confiance à son quartier maître pour gérer la situation. Mais comme cette fois Tad est aussi concerné intimement par le deuil il va personnellement faire attention à ce que tout se passe bien. Enfin si Ni'oh va mieux.

- on reste le temps nécessaire pour charger les derniers corps et quelques nouvelles recrues. L'attaque a donné envie de combattre ou de fuir l'astéroïde à certains pirates. Ils sont nombreux à vouloir remonter sur un navire. explique Conrad.

Il a déjà une liste de gars à rencontrer. Personne n'est recruté sans qu'il ait jeté un oeil au gars. Pas de taupe des factions à son bord. Sans doute des taupes d'autres pirates, comme les seigneurs qui ont parfois tendance à mettre leur nez là où il ne faut pas. C'est pour ça qu'il ne donne pas de détail sur la carte et qu'il la conserve toujours sur lui.

Nouvelle gorgée d'kraken avant d’acquiescer d'un p'tit geste. Au moins, les pirates n'se terrent pas dans leur trou. C'bien, mais tu n'peux que t'montré légèrement sceptique face au type d'motivation qui peut animer c'genre d'candidature. Boah. Si ça n'fait pas, ils auront vite fait d'débarquer à une escale et en attendant, ça vous f'ra du monde pour faire fonctionner c'vaisseau.

- En espérant qu'il y ait quelques têtes prometteuses.

Ton regard glisse vers l'paysage désertique, là-dehors, puis revient sur ton Capitaine.

- Comment s'porte Ni'oh ? J'espère qu'elle n's'en veut pas pour l'décès d'Jude.

Une triste perte -mais n'le sont-elles pas toutes ?-, certes, mais les seuls responsables étaient les mutants, pas Ni'oh, John, un des membres d'l'Iceberg ou qu'importe. C'qui n'empêchait pas qu'Ni'oh comme John pouvaient prendre l'parti d'sens sentir coupable.

Conrad hausse les épaules. S'ils ont la Flamme c'est le principal, le reste n'a jamais eu beaucoup d'importance à ces yeux. Les pirates vont et viennent, seul un noyau dur reste et ça lui convient.

- il y a toujours des têtes prometteuses, faut juste prendre le temps de les trouver. dit simplement Conrad.

C'est pas de lui. Il cite souvent le quartier maître du Léviathan. Sans donner sa source évidemment. Et puis le sujet tombe sur Ni'oh.

- si elle s'en veut. c'est naturel d'un autre côté. Comme toi pour ta famille, alors que dans les faits tu pouvais rien. Mais c'est humain. Con, mais humain.

Il prend son verre et s’envoie le Kraken derrière me gosier. L'alcool brûle, mais il a l'habitude. Un peu moins depuis que Ni'oh est dans sa cabine.

- si elle était pas aussi bornée... elle prendrait un implant pour ses yeux et combattrait beaucoup mieux. râle Conrad.

Tu hoches du chef à la véracité de c'que ton capitaine dit et tu souhaites que ça s'valide dans les prochaines recrues du Liberty. Reste qu'à attendre qu'elles y mettent les pieds. Tu tires sur ta clope et l'écoutant te répondre avant de cligner des yeux... Et de finalement laisser tomber un petit rire sans humour. Décidément, Conrad parvient toujours à t'surprendre.

Con, mais humain. Ouais. Et ça grignote, grignote. Ça pour autant qu'tu vas pas chercher à faire passer ça chez les autres, à défaut d'y parv'nir avec toi.

- Aveugle ou pas, elle aurait pas nécessair'ment pu faire quoi qu'ce soit. C'pas toujours possible d'réagir, d'combler la distance, d'être assez rapide. Après c'clair qu'elle s'garde un gros désavantage en persistant à n'pas vouloir d'implant. Elle est têtue, la Ni'oh.

Conrad sourit.

- toi aussi tu as remarqué. dit-il amusé.

Comment peut-on vivre pas loin de la mo'at et ne pas se rendre compte que dans certains domaines la petite est têtue comme une mule.

- je te promets qu'on va leur botter les fesses quand on les rencontrera à nouveau. Ça ramènera personne, mais ça nous défoulera un peu. lâche le capitaine au sujet des mutants.

Son regard a pris une teinte mauvaise et sa voix un ton menaçant, la Flamme en lui se rebelle face à l'agression des mutants. Ni'ao est blessée et ça le met en rogne. Généralement il est tranquille comme capitaine. Mais là il a perdu son côté carpe diem.

Tu partages l'sourire d'ton capitaine en hochant du chef.

- Dur à rater quand on prend l'temps d'la connaître un minimum.

La suite te tire un léger froncement des sourcils et t’acquiesces un brin sèchement.

- Pour sûr. Ils vont regretter d's'en être prit d'la sorte aux gens de Dorado. C'est quelqu'chose d's'attaquer aux installations militaires ou aux esclavagistes, voir directement à des vaisseaux pirates, mais s'abattre sur les civils... Se s'ront pas fait d'alliés, ça non.

Tu termines ton verre, il claque quand tu l'reposes.

- L'premier qu'j'vois l'ouvre en deux. Ça ramèn'ra personne, mais j'leur f'rai passer l'envie d'recommencent.

Conrad hoche la tête.

- c'est l'esprit. il a un sourire cruel.

Son sourire de pirate, celui que la Flamme rend très dangereux. Les gens qui ne sont pas de son équipage ont appris que ce sourire n'est jamais une bonne chose et que quelqu'un va avoir des ennuis. Pas que le capitaine du Liberty soit spécialement rancunier ou se genre de truc. Non. C'est simplement qu'il a parfois quelqu'un dans le pif et que c'est pas une place plaisante quelque soit la raison derrière.

- je me demande quel était le but de leur attaque. Ils savaient qu'en dispersant leur troupe ça passeraient pas. Pourquoi ils ne se sont pas concentrés sur un endroit ? se questionne le capitaine.

C'est un spécialiste des combats dans l'espace et il peut penser aisément au niveau stratégique.

T'as jamais eu quoi qu'ce soit à craindre du sourire d'ton Capitaine, mais plusieurs fois eu l'opportunité d'voir c'qu'il pouvait provoquer chez les concernés... Et tu peux difficil'ment n'pas être content d'jamais y avoir eu affaire. Là, t'es plutôt satisfait. Vous êtes sur la même longueur d'onde, même si faut dire qu'le contraire aurait été étonnant. Ces mutants devraient avoir l'mérite d'faire créer quelques alliances, du moins temporairement, dans la galaxie.

Les questionnements du capitaine t'poussent à réfléchir quand bien même l'plus à même d'répondre à c'genre de question... C'est Conrad, lui-même.

- Peut-être un message. Peut-être pour cacher une cible précise sous l'reste. En tout cas, on peut dire qu'les têtes pensantes s'foutent d'envoyer ces créatures à la mort.

Tu finis par récupérer la bouteille d'kraken pour t'servir un autre verre, offrant la même à Conrad.

Conrad tend son verre pour un second tour de rhum. Il ne dit que rarement non à du bon rhum cela dit.

- c'est ce que je me disais aussi, mais j'arrive pas à comprendre quoi. Faudra que je demande si l'Albatros à des informations intéressantes. grogne Conrad dans sa barbe.

Le Liberty est nul en infiltration et en réseau d'information. Surtout depuis que Mod est partie. Et Conrad, même s'il n'est pas adepte des concepts, reconnait que ça manque parfois.

- faudrait vraiment recruter des spécialistes pour ça un jour. grommelle le capitaine qui n'est pas forcement convaincu. Il déteste les spécialistes du renseignement, c'est les premiers à te trahir. Sauf Beth. Mais elle c'est pas pareil, et elle peut malheureusement pas garantir la loyauté de ses hommes.

Tu remplis l'verre d'ton capitaine avant d'poser la bouteille. Tu r'penses à tout ça, au message sur la fréquence d'secours.

- Ils savaient en partant qu'ils seraient r'poussé. Peu importe l'message ou l'but, ils nous ont permis de découvrir d'quoi était faites ces créatures, d'prendre conscience d'la menace et d'nous organiser. Ça semble pas très... Stratégique, just'ment.

Tu prends une gorgée d'rhum après avoir écrasé ta cigarette consumée dans l'cendrier.

- Hm. C'est certain qu'c'est pratique et qu'ça manque un peu au Liberty.

Vous croisez pas l'Albatros aux deux s'maines pour vous informer d'les informations qu'ils pourraient vous fournir. D'longs mois peuvent passer et à votre détriment.

Conrad lors de ses réflexions au chevet de Ni'oh a pensé la même chose.

- je vois deux possibilités, soit c'était une diversion. Soit c'est une stratégie contre les pirates. Parce que les faction ne vont pas rester les bras croisés. L'espace va encore être sillonné de vaisseau des Factions en quête de vengeance. Et même si nous ne sommes pas leur cible prioritaire ils n'hésiteront pas une seconde. explique Conrad.

- C'est déjà la deuxième fois que les pirates sont les plus touchés par les mutants au final. grogne Conrad.

Il va falloir se rendre sur Providence et discuter avec des gens importants. Mais avant il doit gérer cette foutue carte.

Tu prends l'temps d'réfléchir à c'que Conrad en comprend, d'voir un peu son idée sur c'bordel.

- Qu'est-c'qu'ils auraient bien pu faire à côté si c'tait une diversion, hm ? Et si c'tait contre les pirates, ils vont avoir atteint leur objectif, on va encore s'retrouver avec la galaxie bourrée d'vaisseaux d'guerre.

Tu prends une gorgée d'rhum en secouant légèrement la tête. Oui, ça s'ra la deuxième fois. Chaque période sombre pour la pirat'rie s'marque d'nombreux drames pour ceux qui embrassent la flamme d'la Liberté, mais tu sais qu'elle n'en brillera qu'plus fort ensuite.

- Quelle s'ra l'optique du Liberty, pour les prochains mois, dans tout ça ?

Conrad hausse les épaules à la question.

- on va ses faire tout petit, déchiffrer cette putain de carte et aller chercher mon trésor. affirme le pirate plein de confiance. Il a l'air passionné par cette quête et sa flamme devient d'autant plus flamboyante quand il imagine les répercussions.

Par contre ce qui est surprenant c'est qu'il soit possessif avec le fameux trésor. Conrad n'a jamais couru après la fortune, les bijoux ou quoique ce soit d'autre en fait. Les possessions sont des chaînes qu'il a toujours refusé. Étonnant revirement de situation pour ceux qui le connaisse bien. La question qui viendrait à l'esprit de tout quartier-maître c'est "que va gagner l'équipage dans tout ça."

- ensuite on ira a Providence. J'ai des choses à traiter là bas. il a un sourire carnassier l'espace d'un instant.

Son trésor... s'il est à la hauteur de ce qu'il a déniché durant ses longues années de fouille... alors ses rêves seront enfin accessibles.

Tu bats des paupières, observant ton capitaine avec une certaine perplexité. Ce n'est pas tout à fait l'homme dont tu as l'habitude, ce qui t'amène à te poser plus d'une question. Tu prends quelques secondes à choisir ton approche avant de prendre la parole.

- Si j'peux m'permettre. D'quel genre d'trésor il s'agit ? Ça semble être autrement plus intéressant qu'un chargement d'durilium à voir vot' r'gard, Cap'taine.

Et un chargement d'durilium, c'est pas rien, loin d'là ! Et pourtant, en regardant Conrad, tu l'sens bien qu'ça lubie, avec sa carte, là, c'est pas d'la gnognotte. Pas qu'tu crois l'capitaine du genre à s'accrocher à des riens, mais l'ampleur d'cette histoire dépasse peut-être c'que tu pourrais imaginer.

Conrad sourit. Quel genre de trésor. Comme s'il allait en parler à qui que ce soit. Les pirates sont dans gens avides par nature et même s'il apprécie particulièrement son quartier maître il ne compte pas lui donner de détail dans ce domaine.

- quelque chose qui fera de nous un équipage impossible à ignorer. dit-il flamboyant.

Le Liberty va devenir un vaisseau parmi les plus puissants de Dorado. Un équipage très entraîné, des officiers particulièrement doués et un capitaine disposant de pouvoir hors du commun.

- fait moi confiance. Tu seras pas déçu. affirme Conrad sûr de lui. Le seul truc compliqué c'est que je ne sais pas s'il y aura des choses à distribuer en plus de ce que je cherche. Et j'ai dépensé toute ma fortune pour acquérir ma carte.

Et il a mis de l'argent de côté depuis longtemps. Donc la somme d'argent dépensée est tout sauf petite.

Dès qu'il sourit, tu sais déjà que t'auras pas rien d'vraiment tangible à t'mettre sous la dent. Tant pis, t'auras essayé, en espérant qu'tous trouveront leur compte dans cette quête qu'mène Conrad.

Un équipage impossible à ignorer... C'est alléchant, mais tu peux qu'te d'mander comment ça serait possible. Comment l'trésor qu'cherche ton Capitaine pourrait vous donner une telle notoriété. Tu l'observes, à la fois attentif... Et perplexe.

- J'vous fais confiance et vous n'm'avez jamais déçu, Cap'taine.

T'essais d'comprendre c'qui s'cache derrière ses mots, mais autant dire qu'tes pas plus avancés après quelques secondes d'réfexion.

- D'autres coûts à débourser ?

- non... de toutes façon j'ai plus un doublon. dit Conrad tranquillement.

Ce n'est pas exactement vrai mais par rapport à ce qu'il a dépensé pour cette carte et l'assurance qu'elle le guiderait dans un lieu de pouvoir... il ne lui reste plus grand chose.

- le plus dur sera d'emmener les gars. Je sais pas ce qu'on va affronter et je sais pas comment les payer. explique le capitaine.

C'est sûr que c'est son problème du moment. Sa flamme peut l'aider à convaincre bien évidemment, mais il faudra sans doute plus pour satisfaire son équipage.

Tu t'calles légèrement dans ta chaise, prends l'temps d'réfléchir au problème. C'est certains qu'les gens s'font pas pirates pour du bénévolat. Pour l'plaisir d'l'aventure sans rétribution. Après, ça empêche pas d'jouer d'façon à convaincre...

- J'suis d'avis que quelques bons abordages avant d'se lancer dans cette quête s'rait pas d'trop. Vous avez c'quelque chose qui fait qu'les gars vous suivent, Cap'taine. C'pas rien, mais ça veut pas dire qu'ça prendra qu'ça pour convaincre l'plus grand nombre. Ils voudront quelques explications, pas avancer à l'aveuglette sans savoir un minimum après c'qu'on court. Vous pensez pas ?

T'prends une petite gorgée d'rhum.

- Pas b'soin d'savoir c'est quoi. Mais savoir qu'après l'avoir m'né à terme, c'te quête, ben, il y aura des bonnes retombés pour le Liberty.

Conrad sourit avec son sourire malicieux et avide.

- ça il y aura de bonnes retombées après ça. On gagnera autant que les seigneurs pirates... et on pourra même leur parler face à face. confirme Conrad.

Oui, c'est son objectif. Faire en sorte d'être suffisamment puissant pour faire fermer sa gueule à un seigneur pirate si nécessaire.

L'ampleur d'l'ambition d'Conrad Stackborn t'fait sourire et fait briller ton r'gard d'intérêt. Ni plus ni moins qu'égaler les seigneurs pirates ? En en devenant un lui-même... Ou autre chose ? T'peux difficilement n'pas t'demander quoi, mais tu n'formules pas tes questions.

- Disons qu'ça devrait être plutôt attractif comme proposition.

L'appât du gain est puissant chez les pirates, va savoir s'il l'est assez ou trop pour faire patienter l'équipage jusq'à mettre la main sur c'que recherche Conrad. Tu t'sais du voyage, t'raterais ça pour rien au monde, mais t'peux difficilement affirmer pour les autres.

- On a les moyens d'faire une telle quête ?

C'est important d'le savoir. Important d'veiller à c'que ce soit réalisable. Ça serre a rien d'mettre la main sur pareil trésor pour ensuite crever d'faim.