Conneries Cybernétiques. [Roosevelt]

Il te raconte fort probablement de la merde.
T’en est même certain.

Il te prend pour un complet néophyte, et si t’en est pas bien loin, t’es quand même mécanicien et il y a des choses que tu comprends, des fonctionnements logiques que tu appliques normalement, mettant à jour son petit manège à tes yeux. Donc, il tente de t’embrouiller, mais ça ne marche pas trop. Ce que tu ne te sens pas obligé de lui faire comprendre, te contentant d’un sourire léger sourire en coin pendant que tu l’écoutes, cherchant à démêler l’endroit exacte où la connerie déborde sur la vérité.

T’as pas encore trouvé, mais t’y travaille.

T’as profité d’une escale de l’Iceberg sur Hope pour venir à cette convention qui semble toucher un peu tout ce qui est mécanique et cyberware. T’as bien repéré quelques trucs sympas qui pourraient être intéressants pour l’Iceberg -t’en parlera à Valmont plus tard-, mais maintenant…

T’écoutes ce type qui t’as hélé.
Il s'attend à quoi ? Que tu lui achètes une prothèse avant de te couper un membre ?
Bon, t’as pas non plus que ça à faire. Tu t’allumes une clope, t’apprêtant à l’envoyer bouler net.

Aujourd'hui, Roosevelt a décidé de se donner une journée de congé. À force de chercher un travail décent et intéressant (selon ses critères), il perd la tête. Alors quoi de mieux pour se changer les idées qu'une convention sur la cybertechnologie et la mécanique ? Certes, il n'est pas question de droïde, mais au moins, ça touche les cyberwares, et ce domaine est tout aussi passionnant que la robotique.

C'est en errant d'un stand à l'autre qu'il finit par tomber sur un certain personnage ; un charlatent qui ne connaît rien de rien à la cybernétique, si ce n'est peut-être les bases. Et même là, à l'entendre déblatérer, Roosevelt en doute.  Instinctivement, il ne peut s'empêcher de corriger l'homme. Sans réellement prêter attention à son interlocuteur, dont la cigarette indispose quelque peu Roosevelt, il interrompt la discussion.

- Excusez-moi, mais ce que vous venez de dire est erroné. Ces deux types de technologies sont incompatibles, et si vous tentez de les synchroniser dans un même cyberware, cela fera un court-circuit et parfois, ça peut enflammer la prothèse. Si vous le désirez, je peux vous lister une liste de cas, et une liste d'articles à ce sujet.

Son ton, neutre, rappelle celui d'un enseignant plutôt ennuyant, mais au moins, la politesse est de mise. Quoique le visage de l'homme vis-à-vis de lui commence à perdre des couleurs.

Tu t'attendais pas à ce qu'un 3ième larron vous rejoigne. Tu hausses un sourcil en posant les yeux sur lui, le décrivant rapidement de la tête aux pieds alors que tu l'écoutes remettre l'autre à sa place, pire, lui proposer des données attestant des corrections qu'il apporte. Tu mordilles le filtre de ta clope pour ne pas rire, le regard clairement amusé alors que l'homme trouve ça définitivement moins drôle, même qu'il est un peu pâle, d'un coup.

- Je me disais bien, que ça n'avait pas de sens. Vous, par contre, vous vous y connaissez, il me semble ?

Toujours pratique. Et même si tu n'en as pas besoin toi-même, parce que non, tu ne comptes toujours pas remplacer ton auriculaire droit par une prothèse, aussi généralissime soit-elle -c'est que tu t'en fous, de ce petit doigt. Il te servait pas et il ne te manque pas même si l'expérience de sa perte n'a pas été franchement agréable-.
Près de vous, le charlatan cherche ses mots, bégaie, au final peu préparé à faire face à un homme comme celui qui vient de s'immiscer dans votre conversation.

À court de mots, le charlatant ne répond pas, et plutôt, c'est l'autre homme qui commente, attirant l'attention de Roosevelt.

- Ce n'est pas mon domaine de prédilection, mais oui, je m'y connais.

Il s'y connaît même très bien, mais il n'en dit pas plus sur ses compétences dans la matière.

- Ça ne semble toutefois pas être votre cas. Mécanicien ?

La question lui échappe. Si l'homme n'est pas un amoureux des cyberwares, peut-être est-il intéressé par la seconde partie de la convention, celle sur la mécanique. Là-dessus, ses connaissances sont minces, voire limitées, et dans un recoin de sa tête, l'idée de le prendre pour guide le titille. Si les charlatans polluent d'un stand à l'autre, il lui faudra quelqu'un pour rectifier le tir. Il a envie d'apprendre, certes, mais pas n'importe quoi. De préférence, quelque chose d'utile et de véridique.

Pour le coup, il semble avoir définitivement coupé le sifflet du charlatan, ce dont tu ne vas certainement pas te plaindre. Au contraire, ça t'amuse, et tu hoches légèrement du chef quand il te répond.

- Et c'est quoi votre domaine de prédilection ?

Curieux ? Totalement. Faut dire qu'il l'ouvre large, la porte et que t'es pas trop le genre à te gêner d'y mettre le pied.

- Non, pas trop. Je suis mécano, oui.

Tu cherches pas à préciser ton poste ou tes spécialisations, tu le fais jamais à moins qu'on cherche vraiment à savoir et que t'ai envie de t'étendre sur le sujet.

- Ingénierie en droïde.

Ce n'est pas le domaine de prédilection le plus courant, étant, entre autres, limité à l'UC, mais Roosevelt n'en a jamais fait de cas. Il aime parler de ses jouets, même s'il se retrouve à faire un monologue inintelligible pour le commun des mortels. Au moins, ses monologues sont passionnés, vibrant d'une fascination à peine contenue.

- Votre spécialité ?

Puisque l'homme a posé la question en premier, il ne voit pas de problème à la renvoyer. Quoique même si l'homme n'avait pas demandé de précision, lui, il l'aurait quand même fait. Par curiosité. Et pour orienter la ribambelle de questions qui se formait déjà dans son esprit.

Et bien sûr, il a déjà oublié l'existence du charlatant.

Droïdes, hein. Ce type est indiscutablement lié à l'UC. Peut-être même sur un vaisseau militaire ? Boah. Après, ça, tu t'en fou. Vous êtes pas là pour vous prendre la tête sur vos affiliations, quand bien même dans les faits, elles vous poseraient en ennemies.

- Ni plus ni moins. Ça doit être fascinant.

T'en a vu, des droïdes en action, surtout pendant tes années de légionnaires, mais jamais eu la possibilité de regarder de quoi c'était fait à l'intérieur.

- Coques. Et je me démerde pas trop mal avec les systèmes de propulsion. On arrête jamais d'apprendre, n'est-ce pas ?

- Ce l'est.

Il évite toutefois de s'étendre. Non parce qu'il est réservé sur le sujet et qu'il abdique aux règles de l'UC sur la rétention d'informations, comme il aime le penser, mais plutôt parce que s'il se lance, ils ne sont pas sortis de l'auberge.

- En effet. La connaissance n'a pas de limite, qu'il approuve d'un hochement de tête, avant d'inviter l'homme à le suivre d'un mouvement de main, indiquant la section sur la mécanique. Mais je préfère quand ces connaissances sont véridiques. Et pas un amas de bêtises.

Il fait un pas vers la section, lançant un coup d’œil à l'homme :

- Vous me guidez ?

Le sous-entendu dirigé vers le charlatan te fait poser un instant ton regard sur lui avant qu'il ne revienne sur l'homme. Qui n'a toujours pas de patronyme quelconque pour le nommer. Tu rechignes pas à passer un peu de temps avec lui, aussi, tu te diriges à ses côtés vers la section sur la mécanique, sourire aux lèvres à ses questions.

- Pourquoi pas. Je m'appelle Loukian. Et vous ?

Et c'est que ça te tente réellement. Ce type semble plein d'une retenue qui tu reconnais chez toi-même. Celle qui, si elle craque, déversera un flot continue de termes techniques que la majorité ne comprendraient pas.

- Quelque chose qui vous intéresse en particulier ?

Autant dire que t'as pas l'impression que vous puissiez vous arrêter devant tout sans devoir revenir... Demain.

D'autres stands s'étendent à perte de vue, des stands dont les thèmes sont plus ou moins connus pour Roosevelt. S'il en a entendu parlé, ce n'est toujours qu'en surface.

- Roosevelt. Si vous avez des questions sur les cyberwares qu'on vient de passer, n'hésitez pas.

Ça lui fera du bien de passer en revue ses connaissances. Ou plutôt, dès qu'il en a la chance, il aime les passer en revue. Il a beau avoir stocké une montagne d'informations dans sa mémoire cybernétique, il se dit qu'il vaut mieux tout retenir avec sa tête. Si l'implant vient à faire défaut, les données ne seront plus accessibles, d'où le pourquoi il l'utilise davantage pour des chiffres et des données numériques impossibles à ancrer dans sa propre mémoire.

- Tout ?

La réponse sonne comme une question, ça se sent, mais elle est aussi représentative de son état d'esprit. Il a envie de tout connaître, c'est un de ses principaux défauts. Et si en prime, il a un bon guide, c'est perdu d'avance. Une journée ne sera jamais assez.

- J'hésiterai pas, alors. Mais si tout vous intéresse, autant s'y mettre maintenant. D'ailleurs, on peut se tutoyer ?

Tu t'approches d'un stand qui expose de grandes plaques, en soulève une avec l'accord du type derrière.

- C'est une plaque standard de recouvrement pour vaisseau. Elles sont plutôt légères, ceux-là. C'est solide, mais l'idée, c'est surtout d'absorber un maximum les chocs pour moins risquer d'endommager la coque. Tu en as déjà soulevé une ?

Tu la lui tends, continuant de lui expliquer dans les moindres détails l'utilité de cette première couche, des possibilités et choix à faire quand on battit ou change l'intégralité du recouvrement d'un vaisseau -chose beaucoup plus rare, mais pas impossible-.

- Chaque voyage dans l'espace l'endommage. Pas besoin d'essuyer un tir, suffit déjà de quelques petits débris pour cabosser la surface et créer des faiblesses qui pourraient devenir problématiques si on laisse trop traîner. C'est des vérification de routine, voir de la documentation si on veut tenir un suivit serré.

Il a l'air passionné, intense, comme type. Vous êtes probablement bien tombé tous les deux. Enfin, c'est ce que tu te dis alors que tu continues de discuter de ton bordel, un sourire se glissant sur tes lèvres. T'es content de l'occasion, tu t'en cacheras pas.

- Oui, pas de problème.

Tutoiement, vouvoiement, l’un ou l’autre, ça n’a pas d’importance. Quoique, le tutoiement, c’est moins long et il gaspille moins de salive.

Après coup, Roosevelt ne lâche plus son guide et écoute attentivement ses explications. L’intérêt se peint rapidement sur son visage, et ses sourcils froncés démontrent qu’il tente de tout saisir.

- Non, jamais.

Et il soulève la plaque, appréciant la texture et la pesanteur.

- Ça semble rigide. Même un peu trop.

Il n’en dit pas plus, se disant qu’il comprend son point de vue. Quand c’est trop rigide, ce n’est pas plus avantageux ; il faut une certaine souplesse pour résister au changement de pression. Enfin, si ça mémoire ne lui joue pas de tour.

- Et une seule plaque est suffisante pour supporter ces dommages quotidiens ? Il n’y a pas plusieurs couches ?

Et il lui rend son air passionné, réellement intéressé par le sujet.

Tutoiement. Parfait. Tu le laisses soupeser la plaque avant de la reposer sur son présentoir, ta passion trouvant un écho dans la sienne.

- Faut que ça puisse résister à la pression quand on entre dans l'atmosphère. Ça demande une certaine rigidité pour ne pas tout simplement se déformer. Ceux-là sont un bon compromis, mais c'est clairement un point qui pourrait encore être amélioré...

Et tu continues. Vous voyez pas le temps filer, il pose des questions, tu réponds, sans lésiner sur les détails parce que t'as vite fait de comprendre qu'en plus de pas le gêner, il les voulaient, ces petites informations, les petites exceptions, irrégularités.

Quand on vous signale gentiment que l'événement ferme pour la nuit, vous avez pourtant pas le choix d'arrêter votre tour et après une petite hésitation, tu lui proposes d'aller manger un morceau. C'est ainsi que vous finissez à la table d'un resto du coin. Par l'Unique, tu te souviens pas de la dernière fois où t'as autant parlé.

- C'est rare que je croise des gens qui se laissent pas déborder par toute la théorie sans qu'ils soient eux même dans le domaine.

Roosevelt enfile les questions, et les réponses lui sont retournées. Il ne voit pas le temps passer et lorsqu’on lui annonce que la convention ferme et qu’il est l’heure de quitter les lieux, il reste un moment bouche bée. Retenant de justesse un soupir, il consent à quitter les lieux. Il prévoit repasser le lendemain, seulement, retomber sur un si bon guide qui ne l'envoie pas bouler après l'énième question n'est pas garanti.

Alors, quand Loukian lui propose d’aller manger, il accepte de bon gré. En prime, son estomac se rappelle à lui. Certes, avec son système digestif à moitié cybernétique, il mange moins qu’une personne ordinaire, mais il doit tout de même se sustenter à un moment ou à un autre. Il le suit donc jusqu'au restaurant, ne connaissant pas trop le coin.

- Et c’est rare que quelqu’un ne se lasse pas de mes questions et qu'il réponde à chacune d’elle. D’habitude, les gens ont tendance à me fuir dès la première heure passée.

Tu ricanes à sa réponse.

- J'ai pas l'impression d'y avoir passé une heure. Et pourtant, hein. C'était vraiment bien.

Un serveur passe prendre vos commandes et après un rapide coup d'œil du côté du menu, tu lui demandes tout simplement le plat du jour et une bière avant que ton attention ne revienne sur Roosevelt une fois qu'il en a fait de même.

- Tu as étudié en dehors de Dorado, non ? Doit pas y avoir ingénierie de droïdes dans ce coin de l'Univers. Ça doit pas mal être concentré dans le coin de Valenos.

- Et moi donc, admet-il d'un discret sourire, le premier qu'il craque depuis le début de la journée - les rosettes, c'est chose rare chez lui.

Lorsque le serveur passe, il commande un plat dont la proportion n'est pas très grande. Trop et il ne mangera pas tout ou terminera la soirée avec un ventre gonflée. Il imite aussi son compère et prend une bière au passage ; il n'en boit pas souvent, car il n'en achète pas si c'est pour boire seul dans son coin, mais là, ils sont deux et il se gâte.

- À Valenos, en effet. Le programme d'ingénierie ne court pas les rues et reste confiné à la belle planète mère, dit-il avec un certain sarcasme qui détonne avec son visage de marbre et son attitude détachée. Et toi, la mécanique ?

Tu notes l'info dans un coin de ta tête, avant de ricaner quand il te demande ce qu'il en est pour toi. Tu souris en coin, hausses les épaules.

- Pas d'école. J'ai appris sur le tas dans les vaisseaux jusqu'à ce que mon expérience soit assez conséquente pour qu'on se foute des diplômes. Ça fait une dizaine d'années que j'ai commencé, faut croire que je me débrouille pas mal.

Assez pour que Jaziel de Nieves te confie le bon soin de son vaisseau et tu sais que c'est pas rien. Autant dire que ça fait plaisir après tout le travail fait.

- Je pense que c'est la meilleure façon d'apprendre. J'ai fait la même chose avant d'aller à l'école, avec les cyberwares défectueux sur lesquels travaillait ma mère à la maison. Tristement, mon père ne pouvait pas ramener son travail au bercail. Ils sont plus strictes avec tout ce qui touche les droïdes ; ça en frôle la paranoïa, avoue-t-il, se remémorant toutes ces heures passées à tourner et à retourner dans tous les sens des pièces détachées de cyberwares.

Aucun sourire n'étire ses lèvres, mais une étincelle brille dans le fond de ses prunelles. Il est né là-dedans, et ça a fait de lui l'ingénieur qu'il est aujourd'hui.

- Les manuels sont pertinents, certes, mais ils ont tendances à tout condenser et oublier l'essentiel. Il y a des choses qui ne peuvent être apprises qu'en les essayant, ajoute-t-il en haussant les épaules.

S'il a aimé l'école, et qu'il a dévoré tous les livres dits intéressants lui étant tombés sous la main, il a d'avantage appris par lui-même ou au côté de son paternel. À ses yeux, Loukian est un aussi bon mécanicien, voire meilleur, qu'un autre dont l'arrière-train aurait traîné sur les bancs d'école. Il accorde peu d'importance et de crédit aux diplômes. Au bout du compte, ce ne sont que des bouts de papier.

T'apprécies que son regard ne se remplisse pas de supériorité alors que tu lui fais par de ton parcours quelque peu informel. Chez d'autres, tu sens derechef que tu viens de te diminuer toi-même à leurs yeux. Enfin, c'est plus rare chez les pirates qui plus souvent qu'autrement, apprennent sur le tas directement sur les vaisseaux, mais ça t'es déjà arrivé quelques fois et c'est toujours profondément désagréable. Pas que t'ai quoi que ce soit à leur prouver, mais tu aimes ces discussions autour de la mécanique.

- Et c'est pourtant vers les droïdes que tu t'es tourné et principalement spécialisé. C'est le côté un peu interdit qui t'y a fait te pencher ?

T'es curieux, t'as déjà vu des droïdes à l'œuvre et autant dire que l'UC dispose à travers eux d'un avantage plus qu'intéressant. Tu hoches légèrement de la tête à ses paroles avant de répondre.

- J'aime bien en lire pour compléter ce que je sais, ça m'a pas empêcher d'y apprendre beaucoup, ou alors de mieux comprendre des choses que je savais, sans vraiment connaître pour autant les détails et ce qui va autour, mais en tant que tel, ça serait terriblement fastidieux de commencer par les manuels, se farcir tout les termes... Et ne pas trop savoir ce que c'est en vrai. C'est le genre de discipline qu'il vaut mieux aborder directement en pratique, à mon sens.