Capitaines & Rhum

Conrad écoute l'énumération et reste stoïque. Pourtant intérieurement il est surpris par la connaissance des actions du Némésis. Un homme organisé et pragmatique, c'est toujours utile d'avoir un tel homme dans ses associés.

- je vois.... toujours des manquements en rapport avec sa soeur je paris... mais des manquements quand même. Notons qu'elle respecte le code malgré tout. Il a bien conscience que ce n'est pas suffisant.

Pour travailler avec quelqu'un il faut plus qu'un état d'esprit, il faut avoir confiance et c'est une chose difficile à donner entre pirate. Chacun ayant ces ambitions personnels et étant très peu intéressé par une cause supérieure. Il soupire doucement et caresse machinalement Caly qui ronronne.

Ainsi, il était au courant de l'histoire entre les Alvarez. Le fait étant de notoriété publique, il n'est pas surpris des connaissances de Conrad mais plus du fait qu'il n'ait pas cherché à en savoir plus. Peut-être lui-même n'y est aussi sensible que parce qu'il avait servi sur de mauvais vaisseaux qui prétextaient d'Ezsrebeth pour n'avoir ni foi ni loi...

« Souvent. » Il est honnête et n'a pas de problème à avouer son bias. « Pas toujours cependant. Le vieil homme avait fait une remarque sur l'âge du Capitaine et il y a des rapports ne mentionnant qu'une simple mauvaise humeur. » Il hausse les épaules et l'on peut sentir un léger mépris. Mettre en danger son équipage pour des histoires d'humeur, c'est vraiment quelque chose qu'il ne comprendra jamais.

« Capitaine Stackborn, le Code régit nos deux vies, j'en suis conscient mais dites vous bien que c'est uniquement grâce à lui que le Capitaine Alvarez a toujours son vaisseau. Si son équipage avait une once de bon sens, il lui en oterait le commandement avant qu'elle ne le rompe sur un coup de sang et qu'il ne se fasse exterminer par tous les ambitieux du système. » Il met sa main autour de son verre, sans le soulever, le faire tourner ni le boire.

« Je n'ai rien contre m'allier avec vous et un troisième navire pour une prise intéressante. Mais « elle suit le Code » ne me suffit pas. Je préférerais faire équipe avec un Capitaine qui sait aussi suivre un plan. »

La démonstration du capitaine n'est pas entièrement juste ... trop pétris de sa vie d'avant et des valeurs associées. Mais elle n'est pas totalement fausse non plus.

- Un équipage pirate veut des prises, et ne pas être maltraité pour rien. Ce qu'elle leur donne. Et le Némésis est un vieux bâtiment qui a toujours résisté à l'humeur parfois difficile de ses capitaines. Tu confonds les capitaines pirates et ceux des navires militaires. Les pirates ont souvent des coups de sang et règlent aussi des affaires personnelles parfois. Parce qu'ils le peuvent, ce n'est pas un supérieur qui leur a confié le navire... c'est l'équipage. Les capitaines font donc ce que leur équipage leur permet de faire. En l’occurrence son équipage doit être ancré dans la tradition familiale et pleinement se satisfaire de l'argent et de la réputation qu'offre le fait d'être sur le Némésis. axplique simplement Conrad.

Il soupire un peu néanmoins.

- Par contre je t'accorde que mon argument sur le Code n'est pas pertinent dans le cadre d'une entreprise à trois navires. de ce coté là Jaziel a raison malheureusement. Conrad est prêt à prendre le risque parce que travailler avec le Némésis apporte du panache... mais le risque associé est peut-être trop élevé.

Des prises et ne pas être maltraité pour rien. Et bien, son équipage à lui avait plus d'ambitions que ça et c'était tant mieux. Il repense à Valmont et son besoin de chatouiller les étoiles. Seik'el et son vent dévastateur contre les ennemis de Renaissance, gonflant son ego de liberté. Ichabod c'est plus compliqué. Il y a, certes, une ambition à faire d'un équipage sa famille, sa faction, son foyer.

« Et c'est pour cela que je considère l'équipage du Nemesis co-responsable des agissements de son Capitaine. »

Et pour cela qu'il ne voulait pas mélanger son propre équipage avec des gens dégénérés qui, contre la promesse d'une vie vaguement confortable et de la réputation qui va de pair avec une vieille famille pirate, mettent de côté l'Honneur qui fait d'eux des hommes. Ce n'est pas seulement du Capitaine Alvarez qu'il se méfie mais de tous ceux que ce navire maudit a touché de son aura de folie vengeresse. Lui le sait. La vengeance, les raisons personnelles et les coups de sang, sont les cimetières de la raison. Sans ajouter davantage, il écoute la suite, soulagé que, pour cette fois, ils tombent d'accord.

« Qu'est ce qui te fait t'intéresser à cet équipage entre tous ? »

Sans doute, encore, une histoire de Flamme et des superstitions associées.

Conrad hausse les épaules. Il n'est pas aussi catégorique que son comparse qui n'est pas totalement un pirate dans sa manière de penser parfois. Mais force est de constater qu'il y a des éléments gênant.

- sa renommée, le fait que le Némésis n'ait jamais été pris. explique Conrad. Ce sont des éléments factuels faisant d'elle une pirate efficace. Mais pas forcement en équipe... il a l'air pensif.

Est-ce qu'il veut faire un test et risquer son équipage, est-ce que ce test sera révélateur d'un comportement erratique susceptible d'arriver à tout moment. Il soupire de plus bel et sa créature se remet à le câliner.

- Il faut que j'empêche les deux sœurs de s’entretuer et pour ça tisser des liens avec elles dans un premier temps m’apparaît être une bonne idée. finit par expliquer Conrad.

Il continue à la défendre. Soit. Jaziel n'est pas de ceux qui cherchent à tout prix à imposer son avis aux autres. Il est sûr du sien, cela lui suffit. S'il avait voulu régner sur le monde, il aurait fait de la politique. Il se serait dressé contre l'Empereur. Il aurait tenté de venger sa famille. Ce n'est pas du tout ce qu'il veut devenir. Peut-être est-ce qui le différencie des autres pirates. Sa liberté est dans son inidividualité. Il ne cherche pas à ressembler aux autres. Il ne cherche pas à changer un état de fait. Ses ambitions sont autres. Bien au delà de s'enrichir et de dominer.

« Pourquoi faut-il que tu empêches les deux sœurs de s'entre-tuer ? »

Il veut bien aider, à la rigueur, un camarade comme le Capitaine du Liberty. Après tout, on ne sait jamais. Mais se mêler des guérillas familiales...c'est encore plus dangereux que de s'allier au Nemesis. Les gens qui se combattent depuis des générations ne veulent pas la paix. Jamais. S'en mêler...c'est tendre le bâton pour se faire battre. On ne le fait pas sans une (très) bonne raison.

Conrad n'a qu'une réponse à cette question. Simple.

- Leur père était mon ami, il ne voudrait pas que l'une meure de la main de l'autre. Hanna est mon amie. lâche tranquillement Conrad.

Il caresse doucement Caly, ce qui est rare en fait. Et la créature semble aux anges.

Jaziel laisse échapper un soupir qui n'est pas vraiment ce qu'il ressent mais qui exprime sa profonde lassitude. Les promesses faites à un ami mort. Ce sont les pires. Jamais un père n'aurait du mêler un étranger à ces histoires. Laissant doucement ses paupières recouvrir ses iris pâles, il réfléchit. Silencieux. Ce n'est pas une question facile.

« On ne peut pas réconcilier de force deux camps qui s'y refusent. Conrad, tu vas te faire deux ennemies. Aucune des deux ne te pardonnera jamais. Qu'elles se réconcilient ou non c'est... »

...casse-gueule au mieux. Politiquement, c'est un cauchemars.

« Je suppose que la certitude que si elles voulaient vraiment s'entre-tuer elles l'auraient déjà fait ne suffit pas à ton honneur ? »

On ne sait jamais, après tout.

Honneur... qu'est-ce que ce truc vient faire dans cette conversation. Encore un concept de noble inutile, démodé et sans intérêt autre que de pouvoir mieux manipuler les capitaines militaires en ayant.

Jaziel... j'ai pas d'honneur au sens où tu l'entends. Il y a des choses que je ne fais pas ...juste parce que c'est pas mon genre mais certainement pas pour sauvegarder mon Honneur. commence Conrad. J'ai juste pas envie que l'une d'entre elle tue l'autre. Parce que je comme ça.

Conrad réfléchit un peu.

Jaziel, c'est pas parce que j'ai de l'honneur que tu peux compter sur moi. C'est parce que je suis un type bien et que nos intérêts sont convergents. Tu te fais une trop haute opinion des pirates en général je crois. dit le capitaine du Liberty. Ou tu es trop élitiste dans ce que tu ranges dans la catégorie bon pirate.

Jaziel laisse un léger étonnement se dessiner sur son visage habituellement neutre. Emotion qui ne va pas jusqu'à ses yeux mais tente de faire passer une incompréhension réelle. Il prend le temps de réfléchir à ces nouvelles données. Soit il le fait parce qu'il a envie, et c'est parce qu'il veut s'en mêler de lui-même mais alors pourquoi parler du père mort, soit il le fait par loyauté envers son ami et un sens de responsabilité par rapport à ses filles et c'est une version de l'honneur. A moins qu'ils n'aient pas la même définition du concept. Ou qu'il se refuse à s'admettre honorable ce qui est très curieux. Certes, tout le monde n'accorde pas l'importance de l'Imperium à l'honneur mais quand même.

« Je te fais confiance parce que tu ne m'as encore jamais trahi et que je n'ai pas de raison de penser que tu le feras un jour. Si cela arrive, je reverrais ma position, si tant est que je sois encore en vie pour le faire. »

Il n'oubliait jamais que la mort pouvait frapper à n'importe quel moment. Il n'oublierait jamais sa mort officielle. Et, paradoxalement, cela lui avait enlevé toute peur de mourir. Il ne cherchait pas les ennuis. Il ne les évitait pas non plus.

« Ce que tu fais avec les sœurs Alvarez te regarde, bien entendu. Je ne faisais que te donner un conseil. Penses-tu avoir assez d'influence pour contrôler la Capitaine du Nemesis assez longtemps pour éviter des catastrophes lors d'une action concertée ? »

Je ne trahis pas les capitaines pirates qui suivent le Code. dit simplement Conrad. Jamais.

Sûr que de ce coté là l'honneur de l'impérial est un avantage. Il suivra le Code dans l'ensemble, il peut compter là dessus. D'autres sont un peu moins regardant et c'est tolérable... mais il n'aime pas ça pour autant.

Franchement... non. Personne n'a ce genre d'influence sur le capitaine Jezabel Alvarez. il soupire. Sa sœur passera avant tout et surtout avant son engagement envers ses alliés dans le cadre d'un raid. Enfin c'est une forte probabilité au vu de ce que tu me dis et de ce que je connais personnellement de son caractère

Conrad sait être parfois arrogant, ça fait partie de son panache. Mais il n'est pas stupide non plus.

Et ça dit ne pas avoir d'honneur. Vraiment curieux. Peut-être est-ce une façade pour faire plus pirate. Il n'en voit pas l’intérêt pour sa part. Son arrivée dans la piraterie est presque un hasard quelque part même s'il aime se sentir libre de gérer son monde à sa façon et d'apprendre ainsi à diriger une population. Il hoche la tête, réfléchissant toujours.

« Si ce n'était que moi, je pourrais mettre mon antipathie entre parenthèse pour aider un allié. Mais là, c'est la sécurité de mon équipage qui est en jeu. Je ne peux pas me le permettre »

L'Iceberg, ce n'étaient pas les morceaux de tôle qui leur servait d'habitation. C'étaient les gens dedans. Leur synergie, l'alliage complexe des compétences et des caractères de chacun. C'était un équilibre subtil qui devait fonctionner sans le moindre accroc. Et il commençait juste à le sentir bien. Il continue à mouliner tranquillement, tournant son rhum dans son verre pour en développer les arômes.

« Parle moi plus en détail de ton idée d'opération. »

Venant de Jaziel, ce n'est pas un piège. Il ne cherche pas à déjouer, trahir ou doubler. Il veut voir s'il y a une solution qui peut être trouvée et, pour cela, son esprit rationnel a besoin de données.

Conrad écoute le capitaine en face de lui. Il comprend le concept parce qu'il y adhère en partie.

- je comprends. Même si je ne suis pas autant accroché à la sécurité de mon équipage que toi. Ce sont des pirates et ils savent que parfois il faut prendre des risques. Je sens bien que de ton coté il y a plus. C'est bien pour eux... et pour toi sans doute. dit Conrad tranquillement

Le coté noble et militaire de Jaziel. Les hommes en premier, surtout quand il n'y a plus de devoir à accomplir envers l'empereur. Libre de s'occuper de ce qui l'intéresse le plus. Et visiblement ce n'est pas l'argent.

- Il est temps de secouer un peu le système et surtout certains seigneurs pirates. commence Conrad. Je ne suis pas spécialement impressionné par leurs actions. Il y a des choses à faire... sans pour autant tomber dans la démesure dangereuse. Comme attaquer un transfert de Durillium.

Ah. Il a son attention. Seigneurs pirates et secousse du système sont des mots qui lui parlent clairement. Il arrête de remuer son rhum, le repose sur la table et devient plus immobile encore. Concentré. Ses yeux clairs oublient de ciller alors qu'ils fixent sans animosité aucune mais avec une concentration certaine le capitaine près de lui. Il boit ses mots. Et son langage non verbal. Imperceptiblement, ses sourcils clairs se froncent. Signe qu'il réfléchit. L'offre est tentante. Alléchante. Et pas seulement pour le Durilium.

« Ah. » Il y a beaucoup de choses dans cette simple onomatopée prononcée sans intonation particulière. Il y a beaucoup de choses aussi dans le court silence qui s'ensuit. Il détourne la tête, prenant soudain conscience de la fixité curieuse de son regard. Il doit réprimer l'envie d'attraper sa tablette et de commencer immédiatement la planification. Plusieurs points lui viennent en tête qu'il garde dans un coin de son esprit. Pour plus tard.

« Quel rôle pensiez-vous donner à l'Iceberg et au Nemesis ? Ne craignez-vous pas que la recherche de sa sœur ne conduise des renforts à un moment clef ? » A moins qu'ils n'utilisent leur aînée en tant qu’appât. C'était possible. Déontologiquement très limite cependant. Le fier Conrad avait-il pensé à cette configuration ?

Conrad sourit une seconde.

Je répartis pas les rôles... je produis juste un plan d'action en adéquation avec nos capacités respectives. précise Conrad.

C'est une tournure de phrase qu'il aime et lui permet de rappeler qu'il est pas le chef de qui que ce soit. Non pas que Jaziel se considère comme subalterne de Conrad. C'est juste un homme pragmatique et qui reconnait des compétences quand il en croise. Et Conrad sait comment mener une bataille spatiale.

En fait le mieux serait de profiter de sa soeur. Mais pour ça il faut que les relations entre l'UC et la Trinité dérivent vers une petite guerre. Comme ça la corsaire reprendra son activité principale.... attaquer les route commerciale de l'ennemi. explique Conrad

Il sourit avec un air carnassier. Sûr que l'idée est bonne. Sauf que la guerre n'est pas encore là.

Jaziel laisse passer la première remarque. Ils sont sur la même longueur d'onde. En effet, Conrad n'est pas supérieur aux deux autres mais dans le cadre d'une opération concertée, il est normal que celui qui ait eu l'idée de la manœuvre explique comment il l'a imaginée. Ensuite, ils discutent et le plan se construit autour des forces et des faiblesses des différents bâtiments, prenant en compte les différents aspects tactiques et les méthodes de chacun. Pour le moment donc, il se tait. Il écoute ce qui va suivre. Réfléchit.

« Les trinitaires sont ceux qui souffrent le plus de la piraterie, principalement à cause de leur position sur l'esclavage. Leur détresse, surtout si elle est accentuée par des raids ciblés, peut les pousser à chercher des minéraux de façon moins commerciale et plus violente. L'UC pourrait alors vouloir se venger mais cela va prendre beaucoup de temps, je ne sais pas quand passe le cargot que tu avais dans le viseur. Il doit y avoir plus simple. »

Il hésite, réfléchit encore, se lance.

« Il y aurait peut-être d'autres façons de pousser la corsaire à se trouver où on veut quand on veut. Surtout si nous avons des contacts avec sa sœur. »

Conrad réfléchit à ce que vient de dire le capitaine Jaziel mais ça ne lui plait pas.

Je veux pas la pousser par une quelconque manipulation. Je veux lui proposer un deal en la regardant droit dans les yeux. Je veux voir sa Flamme briller explique Conrad Qui a enflammer les relations entre l'UC et la Trinité.

Parce que les factions ne sont que des oppresseurs, soit en usant de spiritualité et d'ignorance, soit en usant de l'appât du gain et du bien être pour tous. La seconde situation étant préférable à la première à ces yeux, mais elle n'a rien de parfaite non plus. une chaîne reste une chaîne. Même dorée.

C'est une transport régulier à des dates irrégulière pour plus de sûreté. Mais il y a quand même une forme de routine. Je dois consolider les renseignements cependant. J'ai une mission de prévu pour ça. J'irais personnellement.

Dans ce cas-là, la collaboration proposée reste de longue haleine car attiser des conflits lorsqu’il y a des relations diplomatiques et commerciales, ça n’a rien de facile. Tout ça pour une Flamme qui ressemble fort à une religion dans la bouche du Capitaine. Jaziel ne fait pas de remarque. Chacun ses croyances et ses motivations. Lui ne mettait pas la Flamme sur un tel piedestal.

« Si cela vous est possible il me faudrait également le modèle exact du gallion de transport ainsi que des vedettes d’accompagnement. »

Il laisse passer un silence et vide finalement son second verre de rhum. C’est sa limite, il ne boit pas au-delà en journée.

« Attiser les relations entre UC et Trinité n’est pas impossible, évidemment mais combien de temps estimez-vous que nous avons avant l’opération prévue ? Cela se chiffre-t-il en jours, en semaines, en mois ? »

Conrad avait déjà dans l'idée de fournir une liste de renseignement exhaustif à son camarade. Juste ce n'est pas encore clair dans son esprit. Il doit s'approcher de se transport et il pense que ça va arriver dans pas très longtemps. Il patientera donc, en planque.

Je te fournirais tout ce que je vais trouver sur le transport et son escorteur. confirme Conrad. Et je sais que ce n'est pas facile. On parle d'un projet en mois. Mais si je trouve une autre option d'attaque moins contraignante alors on ira plus tôt sans doute. explique le capitaine.

Sauf qu'il espère quand même mutualiser ses objectifs dans une seule et même opération d'envergure. C'est aussi ça entrer dans la légende. Il sourit tranquillement à cette idée.

Pas facile, c'est peu dire. Ce n'est pas tellement la partie attaque qui l'ennuie que la partie « instaurons un conflit armé entre deux factions pour pouvoir manipuler un corsaire sans lui mentir trop afin que sa Flamme brûle ». Oh, et le Nemesis aussi. Ils n'en parlent plus mais Jaziel n'est pas assez naïf pour croire que Conrad a renoncé.

« Je ferais mon possible pour tendre les relations entre Corporatistes et Trinitaires d'ici un mois, donc. »

C'est Seik'el qui allait être ravie d'attaquer des esclavagistes. Elle allait pouvoir se défouler sur ses anciens ennemis avec la rage qui lui était coutumière. D'autres dans l'équipage avaient des comptes à régler avec la méritocratie de l'UC, bref, cela ne le dérangeait pas si ce n'était les longues heures de planification que ce travail allait demander. Pour une reconnaissance finale qu'il devinait peu élevée. Le Durallium et les liens alors tissés étaient de toute façon une récompense suffisante.

« Tu vois autre chose ? »

Parfait il semble adhérer. C'est tout ce qu'il fallait pour continuer. Reste ensuite à stabiliser Jezabel... ça c'est pas gagné par contre. Dans le pire des cas il passera du bon temps avec elle. La dernière fois a été mémorable.

Parfait je ferais de même. confirme Conrad. Enfin qu'en j'en aurais terminé avec ma reconnaissance.

Il sourit tranquillement et lève son verre bien rempli.

A l'or... et à la liberté. dit-il en guise de toast avant d'avaler le contenu de son verre. Caly semble s'être endormi contre le capitaine. Il a les yeux fermés et ne s'agite plus.

Tant qu'on ne lui mettait pas les Alvarez dans les pattes pour cette partie du plan, il n'allait pas se plaindre. Il avait trop à faire. Il allait falloir étudier de près la diplomatie entre les trois factions pour déceler les zones de tension et donner de subtils coups sur les fissures déjà existantes afin de réveiller les animosités sans se faire repérer. Du travail d'orfèvre bien dans la manière du Capitaine de l'Iceberg. Après tout, s'il réussissait plutôt bien à rester discret depuis tant d'années c'était parce qu'il calculait précisément l'impact de chaque cible. Il se resservit un petit fond de rhum, juste pour trinquer et leva son verre à son tour.

« A l'avenir. »

L'or pourquoi pas, la liberté il l'a déjà souhaitée à l'ouverture de la discussion et il se demande toujours à quel point Conrad se rend compte qu'il incite les gens à boire à son propre vaisseau. Difficile de savoir avec le pirate ce qui est spontanée et ce qui l'est moins. Il vide ce qu'il reste d'alcool d'une gorgée et jette un coup d'oeil sur l'animal immobile et donc inintéressant. Déjà, lorsqu'il bougeait, il n'était pas d'un intérêt fabuleux, à part pour l'étude des superstitions mo'at. Il n'avait jamais été très attiré par les animaux.