Sport Mécanique [Wulf]

Une nouveauté aujourd’hui : je n’ai pas de client, pas de rendez-vous et j’ai terminé ma paperasse. Je prends un peu de temps pour m'occuper de moi : je me rends à un institut de la zone commerciale d'Hope. Nouvelle coupe, masque visage et cheveux, bain relaxant, je rigole bien quand on me propose une manucure. Sauf que je ne tiens pas en place et fini bien vite par tout envoyer bouler.

Le visage encore couvert de leur étrange pâte, les cheveux boueux je sors des bains avant l'heure, prends une douche rapide et part après avoir payé. Agacée, je rentre chez moi en courant : ce monde avance bien trop lentement pour moi, trop fade, trop mou, il m’en faut plus !

Tout en me changeant chez moi, je cherche un lieu où me défouler, passer ce trop plein d’énergie et être sûre de rentrer lessivée ce soir.

Cheveux tirés en queue de cheval couleur jaune poussin, une tenue de sport bleue électrique en licra, je m’en vais courir jusqu’à un club de boxe qui ne m’a pas l’air trop naze. Il est bien noté sur TripDorado, sans trop savoir si ce site est fiable…

Arrivée là-bas, un peu en nage, des cheveux collés sur le front et le souffle rapide, je me présente à l’accueil dudit club. J’étais plutôt contente jusque là, jusqu’à ce que j’arrive dans la salle : que des personnes gonflées aux stéroïdes, du muscle protéiné et des os friables en mouvement. Pas un cyberware, pas de grincement métallique, d'effort de piston ou travail de servomoteurs. Moi qui pensais pouvoir me rincer l’œil tout en m'entrainant, c’était raté…

Vous connaissez cette impression quand, dans un restaurant, vous commandez votre dessert préféré et qu’après quelques minutes d’attente, le serveur revient avec ceux de vos amis et vous annonce qu’il va falloir prendre autre chose. Vous savez que les autres desserts sont délicieux, mais ce n’est pas vraiment le meilleur. Eh ben c’est un peu l’effet que me fit cet homme qui entra un peu après moi, avec un bras cyber certes, mais un modèle antique et dans un état… *frissonne*

Toutefois je lui fais signe, son bras a peut-être une histoire incroyable…

Le Runny est en creux, comme toujours à cette heure. Le midi est passé, c'est pas encore l'apéro, il ne reste que les piliers de bar qui, tant qu'ils ont de l'alcool, se fichent bien de savoir s'il est là ou pas. Il a laissé son bar à Sarrazin avec un clin d'oeil, le coeur toujours battant lorsqu'il le regarde depuis leur baiser de la dernière fois et sort un moment. Hope est toujours Hope. Il sent comme une énergie lui venir de l'intérieur. Trop longtempsq u'il n'a pas vu Nabé peut-être ? Ou pas ? Il a envie de se dépenser. Envie de corps en sueur. Son corps. Envie de péter des rotules. Il a cette colère en lui qu'il ne sait pas gérer et qui le prend par accès. Alors, il tourne à droite vers cette salle de sport pas chère ou il peut briser des crétins stéroidés qui croient que la baston est un sport noble que l'on entraine en soulevant de la fonte. Genre. J'soulève des caisses de bouteilles pleines à longueur de journée. Je me baisse, je fous des crétins dehors, je distribue des coups de poings et de pied, de chair et de métal. J'ai envie de faire ravaler ses sourires à ce blond là bas que je vois sur le ring. Il allait se le faire quand une jolie femme lui fit un signe de la main. Changeant de course, il se dirigea vers la table et s'assit.

"J'peux faire quequ'chose M'zelle ?"

S’il peut faire quelque chose, sûr qu’il peut !

- Ouais, je suis venue ici pour voir de belles machines à l’œuvre, mais y’a que de la viande ici, à part toi. Regardant le bras malmené du mec, je me demande ce qui a bien put me conduire à en arriver là. Je hausse les épaules mentalement.

- Ça te dirait de passer un moment ensemble ici, si ton vieux machin en est capable. Dis-je, à demi moqueuse. Le distinguo entre son bras et les miens étaient toutefois tellement énorme que c’était carrément légitime.

Lui tendant une main, je dis simplement :
- Alexis, je viens d’arriver dans le coin.

"Mon vieux machin comme tu dis, il peut te faire passer tous les bons moments que tu veux." réplique le rouquin sur un ton grognon qui n'enlève pas le double sens de sa réponse mais hey, c'est elle qui a commencé d'abord. On peut de toute façon voir ses yeux verts pétiller d'amusement. Il lui sert la main de celle de chair, par habitude. L'autre déconne un peu trop en ce moment. Il devrait la re-régler mais le prêtre docteur il vient plus et il a vraiment pas une thune à perdre dans quelque chose d'aussi inutile qu'un bras. "Cathwulf mais on dit Wulf ou Le Patron, parce que c'est plus facile à prononcer. J'suis le gérant du Runny Amber, une taverne un peu plus loin. Qu'est ce qui t'a ammenée dans le meilleur astroport de Dorado ? La viande ou les machines ?"

Je ne peux retenir un rire à sa réplique grivoise. Toutefois je me permettais de douter que, vu son état, le moment serait bon.
- Tu dis ça, mais même le vibro de ma grand-mère à meilleure mine. Et vlan ! Dans tes dents le mec ! Au moins il a bon humour, on va bien s’entendre j’ai l’impression.

- Tavernier ? C’est cool, tu dois voir du beau monde passer. Je passerai à l’occasion. Dis-je sincère.
- Le meilleur astroport ? Vraiment ? Dis-je avec l’inquiétude qu’il soit sérieux. C’est mignon, mais riquiqui ici.

- Ben, je suis venue pour les deux en fait, je vire la chair et j’y fous des machines à la place. Mais suis pas venue pour parler boulot, j’ai ma clinique pour ça, l’espèce de dôme étrange et tout neuf qui s’est installé il y a peu.

Sourire aux lèvres, je forme une garde devant moi en sautillant de façon exagérée :
- Tu te défoules à la boxe ou en levant de la fonte ? Lever la fonte, je le faisais avec mes jambes, histoire de les garder bien musclées, mais j’avoue espérer l’entendre répondre ‘boxe’ ! J’étais curieuse de voir ce qu’il pouvait bien valoir.

Hey ! Elle a de la répartie ! Il aime ça et sourit plus franchement sans chercher cette fois à faire dans la surenchère puisqu'elle continue à parler.

"Ah c'est toi le dôme. On se demandait ce que ça pouvait être. Tu vas avoir de la clientèle, y a pas mal de cassés qui passent par là. Comme c'est un carrefour des trois factions, t'auras même la chance d'avoir une autre faune que celle de Tech12." Et même peut-être des mo'at même si, en bon métisse, il comprend la réticence de la plupart à se faire installer du cyberware. Il sourit.

"Boxe. J'ai toute la muscu dont j'ai besoin en soulevant mes caisses d'alcool, pas besoin de payer. Mais pour taper, comme je le fais pas sur les employés, j'cherche des volontaires. Pourquoi, tu te sens à la hauteur ?" Il se redresse de son mètre 96 et toise la jeune femme, un sourire de défi aux lèvres.

Quand il parle de ‘cassés’, j’ai envie de lui répondre obviously, mais on a déjà discuté du sujet et j’ai pas envie de parler patientèle. Puis il fait le coq, se la jouant musclé, homme vigoureux en sueur et travailleur, il s’imagine quoi ? Que je me lustre les cyberwares à longueur de journée ? Quand il se gonfle se faisant fier et grand, je ne peux m’empêcher d’éclater de rire :

- Tu te prends pour pénis en pleine érection ou quoi ? Tu vois une minette et tu te sens obliger de gonfler et grandir ? Suis bien fière de ma blague, et je m’étouffe presque quand je l’imagine en phallus géant coiffé d'un scalp roux. J'essaie de lui mimer ce que j’ai en tête, mais mes talents d’actrices ne sont pas à la hauteur de mon imaginaire, pourtant pas bien élevé.

- Je suis pas bonne en combat de coq, mais à la boxe, je te challenge de ouf ouais ! Par contre, faut un enjeux, sinon c'est pas la peine ! Je suis complètement sérieuse sur ce dernier point, s'il y a quelque chose que je ne comprends pas, c’est l'anti-compétition, ou les ‘rencontres amicales’, le sport n'est pas sport sans gain ni perte, sans l’essence de la compétition.

L'image le fait sourire. Il a conscience de son ridicule, l'assume, c'est sa façon à lui de ne pas penser. S'il ne se prend pas au sérieux, personne ne peut le blesser. Et puis il aime les filles avec du répondant qui n'ont pas peur des mots. Les intellos qui hésitent et font genre des périphrases, ça le gonfle.Par contre, les défis, ça c'est sa cam.

"Si tu gagnes, je t'offre un repas complet dans mon boui boui, alcool inclu jusqu'à trois verres. Et toi, tu me donnes quoi si je te montre que je n'ai pas QUE de la gueule en perruque rousse ?"

Il se démonte pas le roux, je suis sûr qu'on va bien s'entendre, surtout s'il est bon boxeur, encore plus si la bouffe qu'il sert est bonne.

- Je te fais faire un tour du propriétaire si tu l'emportes Dis-je simplement, avec un clin d’œil. Je lui laissais comprendre ce qu'il voulait, on verra bien comment il se débrouille.

Sans plus attendre, je commence à m'approcher du ring.

"Ca me va." Il monte à son tour, se met en garde. La marche l'a échauffé un peu même s'il aurait aimé pouvoir se dérouiller un peu avant de filer ladite dérouillée aux autres mais pas grave, il a l'habitude de passer du repos au combat en quelques secondes. Comme toujours sur le ring, son coeur s'accélère. Il est prêt à esquiver, parer, rétorquer. "Honneur aux dames."

Alors qu’on est sur le ring, on se tourne un peu autour, observant nos jeux de jambe respectifs. Alors que je lance ma première attaque sur invitation de Wulf, un mec de la salle me siffle et me qualifie de nénette. Ça me casse dans mon élan et Wulf évite très facilement mon coup, qu’il doit prendre pour une feinte.

Rouge de colère envers l’imbécile qui m’a provoqué, je m’apprête à me retourner pour lui gueuler dessus quand je me prends un coup de Wulf, en plein dans l’estomac.

Le souffle court et le ventre douloureux, j’aurai les larmes aux yeux qui j’avais encore des glandes lacrymales. C’est les dents serrées, mais en riant à demi que je lance à Wulf, le regardant de biais :
- Je prends ma revanche, mais d’abord je reprends mon souffle et ensuite je défonce le connard là-bas.

Dis-je en pointant du doigt le mec bodybuildé, en train de se marrer comme une baleine. J’allais lui passer l’envie de rire, pour un sacré moment, un savon dont il se souviendra toute sa vie, mais avant fallait que se calme cette douleur qui me déchirait le bide.

Ca présume bien. Elle observe, elle ne fonce pas sans réfléchir mais il a de la bouteille et ne se laisse pas avoir par le temps qui passe. Il est concentré, amusé aussi mais son sourire disparait lorsqu'un crétin se mêle de leur combat. Oh, il riposte quand même, il était bien parti mais ça l'empêche pas de siffler SA partenaire et les yeux clairs du barman deviennent noirs, remplis d'éclairs.

"Le casse pas trop, j'm'en mangerais bien une tranche aussi." Non mais oh. C'est SA nénette de combat et il va pas la laisser se faire insulter même s'il connait assez bien les lieux pour savoir qu'il doit se contenir et la laisser elle se défendre au lieu de le faire à sa place. Il est assez corporatiste pour ne pas se faire de soucis et, au besoin, et bien il est pas loin. "Va, j't'attends." Et pour bien montrer qu'il ne se bat pas contre des fillettes, il s'adosse aux cordes du ring.

Bien sûr, qu’on parle de lui comme ça, le gros béta se vexe et s’approche du ring. Prenant sur moi, je ravale ma douleur et m’efforce de reprendre mon souffle. Je fais un clin d’oeil à Wulf, un sourire complice aux lèvres, avant de sauter par-dessus les cordes.

- Alors comme ça tu me déconcentres en plein combat ?! Je lance au débile musclé, avant de lui lancer un de mes gants dans ma tronche. Bah alors, t’attends quoi ? T’as quand même pas peur d’une nénette ? Je lui balance mon second gant dans l’entrejambe, histoire de finir de bien l’énervé.

Il en faut pas plus pour qu’il me fonce dessus, lourd comme il est, j’ai juste à m’écarter et lui crocher le pied pour l’étaler. Un sourire amusé je renchéris :

- Tu vas quand même pas te prendre une correction devant tes potes ? Si ? Il se relève et hésite, du coup je viens à lui et lui envoie un revers magistral. Le chrome claque sévère, il a la joue très rouge, la lèvre fendue, peut-être même une dent pétée. Il reste comme un con, une main sur sa joue, avec le regard d’un gamin de 5 ans.

Sans un mot de plus, je retourne chercher mes gants et regarde Wulf sur le ring, le rouge au joue, toute excitée :

- Tu le finis ou on s’y remet ? Je lui lance, ne sachant pas bien ce qui des deux me ferait le plus triper.

Demandé comme ça, il va le finir hein. S'aidant de sa main de chair, il saute souplement au dessus des cordes, attrape le gars par le collet et la ceinture et le fout dehors, manu-militari. C'est dommage qu'Hope soit sous cloche parce qu'il aurait kiffé l'envoyer dans une flaque de boue. On voit quand même que c'est un geste d'habitude. Les crétins, dans les bars, y en a pas mal. Il revient en se frappant les mains d'un air théâtral. "C'est bon, on peut s'y remettre. Tu veux deux secondes pour reprendre ton souffle ou c'est bon, t'es échauffée ?" Je remonte sur le ring, prêt à lui répondre, une nouvelle fois.

Voyant Wulf soulevé l’idiot, j’éclate de rire. Y’en a qui auraient mieux fait de pas se lever, ou de la fermer. Je ne pensais pas que venir au club de boxe pouvait être drôle, mais faut dire que Wulf y était pour beaucoup.

Quand Wulf revient en se tapant dans les mains, je me dis que j’aurais pu faire de même, si j’avais été plus grande, car ce n’était pas la force ou l’agilité qui me faisait défaut.

Alors qu’il remonte sur le ring, j’ai déjà remis mes gants et me tiens prête.

- Yep ! Et sans plus de cérémonie je me lance.

Il est grand, fort, mais un peu lent. Trop lent. Malgré sa technique, j’arrive à passer entre ses coups, a en encaisser quelques-uns dans mes gants et je le lui rend bien. Finalement il laisse une ouverture, petite, rapide, mais suffisante :

Lui donnant un coup sous l’aisselle, il est déstabilisé une demi-seconde de trop, me laissant le temps de passer sous son bras, je lui donne trois coups dans le flanc, pas trop fort, avant de me reculer d’un bond, un sourire victorieux aux lèvres.

- T’es bon boxeur, suis impressionnée, mais t’es encore un peu trop lent. M’assurant être hors de portée de Wulf, je baisse ma garde. Tu peux me montrer comment t’as fait ton coup, là ? Celui qui a failli m’envoyer mon propre poing dans la figure ! Demandais-je en riant, avant de me rapprocher de lui.

Ils dansent. La vraie danse, la dangereuse, pas celle où il a emmené Ni'oh quelques jours plus tôt. Et il s'amuse bien. La petite est douée, agile, à peu près du même niveau que lui. Il est plus grand, plus fort, elle est plus rapide, plus souple. Et finalement, c'est à son tour de s'en prendre une. Il se recule, un peu estomaqué mais souriant, presque bon joueur. Presque.

"Je te le montrerais quand on aura eu la belle. Un partout pour le moment, hors de question que je me désarme en plein combat. Tiens toi prête !" Et il reprend de plus belle, bien décidé à gagner la "guerre".

Je pensais pouvoir m’arrêter sur une victoire, manifestement Wulf n’en a pas assez et revient vite à la charge.

Il prend de la place, me force à céder du terrain, il m’empêche de bouger comme je veux et malgré mes assauts il tient bon et fait plus attention à sa garde. Je lui place un méchant coup, mais il me le rend bien aussi vite.

J’évite l’un de ses coups en reculant, mais me retrouve alors dans les cordes. Merde Ai-je le temps de penser avant de me retrouver prise de court et m’avouée vaincue après un cinquième coup qui brise ma garde.

Haletante, je me laisse glisser sur le tapis, assise, un sourire satisfait aux lèvres. J’enlève et pose mes gants à côté de moi avant de chopper une bouteille d’eau, en boire la moitié et me verser la fin sur la tête.

- Ca faisait un moment que je m’étais pas battue comme ça. T’es un sacré bon coup ! Dis-je en riant, me passant mes mains sur le visage pour me débarrasser des gouttes d’eau.

- Bon alors M’sieur Wulf, c’est quoi la suite du programme ? Lançais-je en lui tendant la main, pour qu’il m’aide à me relever.

Bien idiot celui que se laisse prendre deux fois de suite au même piège ! Et Wulf n'est pas à moitié aussi bête qu'on pourrait le croire. Il a observé et sa revanche est plus adroite. Petit à petit, il la piège dans les cordes, l'achève sans merci d'un enchainement de toute beauté jusqu'à ce qu'elle demande grâce. C'est alors qu'il lui tend la main, content au fond de lui d'avoir remporté la belle, mais aussi d'avoir trouvé un adversaire non pas à sa taille mais à sa mesure.

"C'est ce qu'elle disent toutes" fait-il, trop amusé pour être honteux de ses vantardises. "T'as l'air fatiguée. J'peux te proposer un verre. Ou te montrer cet enchaînement qui t'intéressait. Pis tu me dois le tour du propriétaire. J'oublie jamais une dette."

Lorsqu’il sort sa remarque à la con, je le regarde genre… blasée, une moue vraiment pas amusée, mais il passe à autre chose alors moi aussi, même s’il vient de perdre quelques points.

- Nan, pas fatiguée, juste besoin d’une pause. Je saute par-dessus les cordes du ring à la fin de ma phrase.

- Mais je suis pas contre un verre ! Dis-je en souriant.

Attrapant une serviette, je la passe derrière ma nuque, agrippant une extrémité de chaque main. D’un signe de tête, je lui indique de se mettre en marche.

- Où t’as appris à te battre comme ça ? Juste en sortant des clients ou t’as eu un mentor, un entrainement ? Lui lançais-je avant de commencer à marcher en direction du point d’eau de la salle. Au bout de quelques pas, je jette un œil voir s’il me suit ou s’il fait planton sur le ring.

Rho, elle l'a pas bien pris. Bah, tant pis hein, il changera pour personne. Il est ce qu'il est et le reste, osef. Il la regarde sauter par dessus la corde, m'a-tu-vu et fait exactement pareil à sa suite. Je la laisse se sécher et on se met en marche vers le point d'eau. S'hydrater c'est mega important. Sur le Roar, on nous lâchait jamais la grappe avec ça et c'est vrai que c'est pas le rhum qui éloigne les courbatures.

"Quand j'étais ado, j'étais un peu dans la merde financièrement alors j'avais pris l'habitude de traîner dans des lieux pas vraiment légaux. Dans ces milieux, si tu veux survivre, t'apprends vite et faut croire que j'étais naturellement doué." C'pas Wynn qui aurait appris quoi que ce soit dans ce genre d'endroit, et encore moins gagné des combats souterrains. "J'pariais des pièces de mécanique, j'avais une pote avec laquelle on construisait un speeder de course. Rouge. Après on a gagné pas mal de courses avec notre engin et cette fois c'était pour garder notre blé qu'on se battait." Et puis ensuite j'avais été sur le Roar et le Quartier Maître, la mère de Minipouce m'avait donné la théorie qui me manquait c'est vrai. "Et toi ?"

Wow, c'est pas super joyeux comme histoire, je me sens un peu con d'avoir posé la question du coup, parce qu'on est vraiment pas du même monde. D'un autre côté c'est évident, s'il a vécu en Dorado, c'était littéralement pas le même monde. Je profite que ce soit lui qui parle pour boire et me rafraîchir. Puis je fais un pas de côté pour lui laisser ma place à la fontaine à eau.

- Wow, c'est pas banal ton histoire, t'as fait un bout de chemin ! Moi j'ai juste prit des cours de boxe avec d'autres meufs à Valenos et j'ai continué à m'entraîner après. J'avais envie de me défouler après les cours, du coup on faisait ça. C'était cool. Dis-je un léger sourire aux lèvres en ressassant les quelques souvenir de l'époque.

- J'ai eu une vie plutôt privilégiée, carrément privilégiée même. J'ai jamais eu de galère de thune et toujours obtenue ce que je voulais. J'y ai mit du mien hein ! Mais globalement, c'est surtout de la chance. Chance d'être née dans la bonne famille, au bon endroit, au bon moment.

- J'ai ce que j'ose appeler un mini-bar à la clinique, sinon on peut aller boire un verre par chez toi. Dis-je en souriant. C'est comme tu veux.

"Y a pas de honte à avoir eu une enfance confortable." Lui-même en avait profité jusqu'à l'accident du père, fallait pas croire. Il prit un verre d'eau, le vida. "J'aurais pas aimé ça, j'aurais trouvé autre chose. Je ne crois pas à ces histoires de pas avoir le choix. On en a toujours un. L'important c'est d'être droit dans ses bottes, honnête avec soi-même, travailler dur et se donner les moyens de ce qu'on veut. Quand on a ça, on a tout." Malheureusement, les petits avaient du mal avec ce genre de notions. Toujours à se trouver des excuses soit pour pas affronter les problèmes (Wynn) soit pour ne pas travailler (Sunny) soit pour ne pas avoir à prendre de décision (Niaw). Il s'essuya avec une serviette, réfléchissant. "Chez moi. J't'offre ton premier cocktail comme ça" Ca lui coûtera moins cher que de devoir aller chez la concurrence. Et puis les mélanges revenaient moins cher que l'alcool pur, c'était dessus qu'il faisait sa plus grande marge.

Je suis un peu abasourdie par le discours de Wulf, je pensais pas entendre ça en Dorado, la croyance en une forme de mérite, que le travail suffît a obtenir ce que l’on veut, malgré les trois machines à broyer les mal-nés que sont l'UC, l’Imperium et la Trinité. Suis certaine que c’est aussi vrai chez les Pirates. Je ne veux pas plomber l'ambiance alors je ferme ma mouille, je garde ça pour plus tard.

- Et ce bras, c’est plus côté travailler dur ou côté se donner les moyens ? Dis-je en désignant la ruine qui lui servait de bras. Bien que le model soit antique, ça me faisait vraiment mal au cœur de voir un cyberware aussi mal entretenu.

- Par chez toi, j’imagine que tu parles du Runny Amber... Parce que bon, je vais pas chez les gens comme ça, surtout ceux que je ne connais pas même depuis une heure.

- Bon eh bah, je vais me doucher, à toute ! Lançais-je avant d’aller chercher mon sac et prendre la direction des vestiaires.

Il y croit et tous les bâtons qu'on lui met dans les pattes ne sont que des défis supplémentaires. Il donnera à ses cadets la vie qu'ils méritent, celles qu'ils auraient eu sans l'accident qu'ils le veuillent ou non. Et si pour ça il doit devenir millionnaire et tout leur reverser il s'en fiche. Il le doit à leur père. Une promesse secrète qu'il a fait d'un regard. Ne t'en fait pas, papa, je suis un homme, je prendrais soin d'eux. Ils ne lui rendent pas la tâche facile mais il s'en fiche.

"Il me sert, c'est tout ce que je lui demande." répond-il bougon. Ils croient quoi tout ceux qui font des remarques ? La maintenance ça coute cher. Un bras dernier cri ça coute cher. Il n'est plus mécano, il n'a plus besoin d'une grande dextérité. Il fait des cocktails et il sert des gens. Il hausse les épaules, va se doucher à son tour et ressort propre et habillé, passant sa main dans sa tignasse rousse pour lui redonner du volume.

"Et évidemment que je parle du Runny. Ma mère m'a bien élevé, j'emmène pas de filles chez moi dès le premier combat." Et puis il est en couple. Enfin sort of...

"Bon tu viens ou tu fais ta fille ?"

Visiblement, il prend mal que je lui pose des questions sur son bras. Peut-être qu’à l’instar de Jean, il ne l’aime pas, mais plutôt que le détruire, il le laisse se dégrader. M’enfin, c’est pas mes affaires.

Propre et fraiche, je le rejoins vêtue d’un legging vert fluo et symboles cyberpunk noirs, ainsi qu’un t-shirt rouge foncé trop grand.

Sa remarque me fait hausser un sourcil, visiblement il n’imagine pas pouvoir faire entrer une femme chez lui sans coucher avec, une ouverture d’esprit qui a pour effet de me rebuter quelque peu.

Son dernier éclat d’esprit fini d’éroder ma patience, alors je le regarde et lui fout un doigt d’honneur sous le pif :

- Finalement je vais rentrer, j’ai autre chose à foutre que perdre mon temps avec un relou macho. Merci pour le combat. Dis-je en tournant les talons.