Élève particulière cherche partenaire particulière [Ft Sixtine Pearson]

Une semaine s'était écoulée depuis qu'Abygaël était venue au centre de recherche pour recevoir une carte d'accès et un rendez-vous avec une chercheuse. Mademoiselle Pearson allait être sa Maîtresse, autrement dit l'une des personnes qui déciderait si l'adolescente serait apte à réussir son année ou non. Soucieuse de faire bonne impression, l'élève avait confectionné chez elle quelques biscuits secs aux pépites de chocolats.

Dernière vérification devant le miroir avant de partir, Abygaël avait la fâcheuse tendance, en état d'excitation comme présentement, d'oublier de mettre une chaussure ou une chaussette ou encore un pantalon... Cette fois-ci l'académicienne était vêtue de vêtements trop grands pour elle, risibles étaient ses chaussures rouges aux lacets noirs défaits et ses chaussettes faites mains par Laylia. Puis, il y avait son Jean qui moulait ses fesses ainsi qu'un pull bleu foncé également tricoter qui flottait le long de ses côtes. Remarquant l'oublie de son collier qui tenait une bague très importante à ses yeux, la nouvelle petite chercheuse l'enfila, puis elle embrassa sa mère et sa grand-mère et parti pour le centre de recherche.

Sept heure tapante et pas une minute de retard, la fille se présentait à l’accueil avec toute sa bonne humeur, ensuite elle reprit ses deux cartes.

- Bonjour. Pourriez-vous dire à mademoiselle Pearson, si elle est disponible, que Abygaël Mercè est arrivée pour son rendez-vous ?

- Puis-je voir votre carte d'accès et votre carte de rendez-vous ? Répondait l'hôtesse d’accueil en pianotant sur son ordinateur.

- Bien sûr Rétorqua sobrement Abygaël sans cligner des yeux, lui donnant un air profondément antipathique et glacial, malgré l'énergie qui se dégageait de sa petite personne. - Voici ! Tendait-elle les deux cartes en direction de la femme derrière son bureau.

- Très bien, je l'appelle, veuillez attendre au sixième étage, département écologique. L’ascenseur est au fond sur votre droite. Bonne journée.

La Mercè se mit à lire sur la petite étiquette de l'hôtesse puis gratifia celle-ci d'une petite révérence.

- Je vous remercie Mademoiselle Verso.

Abygaël récupéra un cookie dans son sac qu'elle mit en bouche en appelant l’ascenseur. Au sixième étage, elle demanda son chemin, et s'assit simplement devant le bureau de la chercheuse Pearson. En attente de sa destinée, celle-ci faisait vagabonder ses mains dans sa courte tignasse bleue, jouant de ses mèches autour de son index.

Outrepassés le barrage de sécurité, le petit sourire de la réceptionniste et les saluts d’une main encore molle de sommeil, mes pas me mènent toujours au même ascenseur, au même étage, au même bureau. Les stores se dissipent, les rayons de l’aube nouvelle inondent mes murs. Mon mug perso laisse s’échapper un volute de fumée réconfortant. Je m’installe devant mon ordinateur. Avant toute activité, je check mes mails.

Réglés comme le papier à musique, les matins de mes jours ouvrés ne souffrent guère d’excentricité.

Mais pas aujourd’hui.

Vous tâcherez de l’évaluer et de lui apporter tout votre soutien qu’ils m’ont dit. Je goûte aux premières déconvenues du monde du travail : se retrouver un beau matin avec une charge qu’on n’avait pas prévu. En l’occurrence une surdouée qu’Anthema compte fermement attirer dans son giron. Les jeunes talents ne doivent en aucun cas fuiter vers la concurrence.
Qu’importe, je suis de nature enthousiaste. Je vais m’occuper de cette jeune fille, no souci… Je n’ai aucune compétence pédagogique. Il va falloir improviser.

Je regarde l’heure sur mon écran. J’ai, proche de mon clavier, un dossier peu épais. Le sien. J’ai pris le temps de le lire, soigneusement, la veille. Je soulève distraitement la couverture cartonnée, relit une énième fois ses nom et prénom. Dernière gorgée, je pose ma tasse, prend une profonde inspiration et me lève. Allez.

J’ouvre la porte. Elle est là. Je lui souris.

« Mademoiselle Mercè. »

Sans attendre je lui tends la main.

« Mademoiselle Pearson. Entrez. »

Parfaitement stoïque et calme, l’étudiante ne renvoyait pas l’image d’une jeune femme voulant faire bonne impression, elle ne représentait pas le stress qu’avaient habituellement ceux qui entraient en stage. Ses deux pupilles étaient profondément bleues foncés, les paupières légèrement basse lui donnaient un air nonchalant alors qu’il subsistait tout de même quelque chose de grave et de perçant dans son regard. Abygaël fixait Madamoiselle Paerson dans les yeux sans aucunes craintes, un léger sourire venait simplement s’élargir sur ses joues tout en creusant deux petites fossettes. En soit, l’adolescente était une très belle jeune fille qui dégageait un certain charme.

La Mercè entrait dans le bureau de sa Maîtresse de stage en dégageant un discret remerciement de l’intérieur de sa bouche, après avoir serré la main tendue vers elle. La femme plus âgée refermait la porte derrière, Abygaël au courant des politesses, attendait que sa supérieure lui autorise à prendre place et s’asseoir. Acceptant l’invitation, elle posait ses fesses sur un siège à cet instant et Abygaël posait ses deux mains sur ses jambes ; déclarait après avoir inspiré puis expiré.

- « Merci de me laisser une chance lors de cet entretien. Normalement vous avez dû recevoir un dossier sur moi, je ne sais pas s’il vous convient en l’état ? De toute façon, je répondrai à vos questions dans la mesure du possible. »