May the stars light up your way, my son [Enguerrand & Jezabel]

La conversation semble close, sur le sujet tout du moins. Il n'aura rien à faire ; je m'en chargerai. Et, s'il me faut abattre mon enfant avant de m'ôter la vie, je le ferai. Bien entendu, je ne laisserai jamais la situation en arriver à ce stade tout à fait dramatique ; voilà pourquoi je compte faire appel à ma jeune sœur dès qu'il me sera possible de demeurer debout.

Cependant, je suis tirée de mes pensées par un inusuel mouvement de la part d'Enguerrand. L'ai-je réellement vu... Sourire ? Est-ce mon imagination qui me jouait des tours ? Suis-je donc en train de perdre l'esprit ? Cela ne serait guère étonnant ; bien moins, en sommes, que de voir Enguerrand de Cassagnac sourire. Cependant, je ne fais pas la moindre réflexion à ce propos. Si l'enfant inspire réellement de telles réactions à l'homme dénué de toute émotion, et bien cela me va tout à fait ; ainsi, il s'occupera de son fils, et ce quoi qu'il advienne. De notre fils.

- Alors, que penses-tu de notre fis ?

Enguerrand soupire.

- que je ne sais pas changer les couches… et que je ne compte pas le faire. dit-il avec un brin d'humour.

Il ne fait de l'humour qu'avec les personnes avec qui il est à l'aise. Donc rarement.

- il est en bonne santé, c'est tout ce qui compte. ajoute-il alors. Quels sont les projets futurs ?

Parce qu'il ne s'intéresse pas vraiment à là vie du Némésis. Mais il faut qu'il en apprenne un minimum quand même désormais.

Suis-je en train de rêver ? Voilà désormais qu'Enguerrand de Cassagnac se met à l'humour ? Il est étonnant de voir quel effet peut avoir un enfant, y compris sur les hommes réputés pour être les plus durs et les plus aguerris. Je ne cherche en rien à dissimuler un léger sourire rieur.

- Eh bien voyons. Moi qui songeais qu'en offrant un père à mon fils, je serai débarrassée de ces malodorantes corvées.

La conversation change du tout au tout lorsqu'il me questionne à propos des projets futurs pour le Némésis.

- Je crains fort qu'il ne me faille encore deux ou trois jours de repos avant de pouvoir être au meilleur de ma forme ; cela fait plusieurs mois déjà que nous recueillons des informations à propos d'un vaisseau trinitaire esclavagiste ; rien de particulièrement exceptionnel, cependant, cela nous permettra de nous remettre dans le bain avant d'autres aventures encore plus captivantes. Cela fait trop longtemps que nous n'avons rien fait d'intéressant. Il est grand temps d'éveiller nos troupes.

Elle explique qu'ils veulent commencer avec des esclavagistes, sans doute un moyen de booster le moral des troupes qui n'apprécient que rarement les esclavagistes. De son côté il n'a jamais aimé massacrer du Trinitaire. Pour beaucoup d'entre eux c'est juste une éducation bien orientée qui est la cause de leur mauvaise décision. Tout est fait pour les garder dans le giron de la religion et du clergé. C'est ce qui l'a fait partir. Il était différent et ne parvenait pas à comprendre "la foi".

- ça semble être un bon départ. dit Enguerrand. Il faut que je fasse un saut sur l'Albatros un de ses jours. Je dois vérifier quelque chose. ajoute le combattant.

Lorsqu'il évoque l'Albatros, je lui lance un regard surpris. Je ne m'attendais en rien à ce qu'il évoque le vaisseau de ma jeune sœur. Bien entendu, lui comme moi ne nous devons strictement rien, sauf en ce qui concerne notre fils, désormais. Aussi, son désir ou non de m'en dire davantage est à sa seule convenance. Puisqu'Hannabeth et moi ne sommes plus ennemies, il faudra bien que nous l'annoncions progressivement ; il s'agit, après tout, que le monde entier le sache et tremble lorsqu'il songe à s'en prendre à l'une de nous, ou bien à notre famille.

- L'Albatros ? Et bien soit. Nous serons amarrés en un même moment au Crust, d'ici la fin de la semaine. Je compte y rejoindre ma jeune sœur, afin de lui présenter son neveu. J'imagine que vous disposerez de tout le temps nécessaire à vérifier ce qu'il vous faut vérifier. N'est-ce pas ?

Il hausse un sourcil surpris.

- c'est une bonne nouvelle. dit-il tranquillement Tu pourras me faciliter l'accès à bord ? C'est pour rencontrer quelqu'un que j'apprécie. S'il est à bord.

Il ne sait pas ce qu'a fait Law au final. Mais il compte bien le vérifier de visu. Et discuter avec la capitaine rapidement au passage. C'est pas une démarche courante de sa part. Mais c'est la fille du Vieux en plus du fait qu'il l'apprécie.

Je souris, et d'une main, j'effleure mon ventre. Une habitude que je mettrais certainement quelques jours à perdre. Il est réellement étonnant de voir Enguerrand si expressif.

- Cela ne devrait point poser de problèmes, en effet. Nous resterons certainement amarrés au Crust quelques jours durant ; ainsi tu auras même l'opportunité de choisir le moment qui te semble adéquat. Je préviendrai ma jeune soeur quant à tes intentions.

Enguerrand est satisfait, tout cela simplifie la situation.

- j'emmènerais aussi mon fils. précise-t-il afin de ne pas prendre la capitaine par surpris plus tard.

Notons que malgré son ton neutre et l'absence d'émotion il est aisé de comprendre que ce n'est pas une demande ou une proposition. Il a dit ça comme un fait. Quelque chose qui arrivera.

Sur l'instant, le ton d'Enguerrand me dérange. Cependant, je suis suffisamment lucide pour savoir qu'il va me falloir faire quelques efforts si je souhaite que tout se passe au mieux. Je n'ai point été habituée à élever un enfant avec un tiers. Il ne s'agit point d'un véritable tiers, puisqu'il est le père de Jaeven, et puisqu'il est ici parce que je suis l'instigatrice de la demande, à l'origine. Il me faudra simplement le temps de m'habituer à la situation ; néanmoins, cela ne devrait pas être si compliqué. Le bonheur et le bien-être de mon fils sont en jeu, et je suis prête à faire tout ce que je puis pour lui.

- Notre fils, rectifiai-je. Sache simplement qu'il sera avec moi lorsque nous accosterons. Je compte le présenter à ma jeune soeur, et il me faut également entretenir une discussion importante avec elle. Lorsque nous en aurons terminé, libre à toi de le prendre, bien entendu. Je suis heureuse de voir que tu t'impliques d'ores et déjà pour lui.

- Notre fils. se reprend Enguerrand.

Elle a raison il faut qu'il fasse attention à ce genre de chose qu'en il parle avec elle. Il a tendance à la sortir naturellement de l'équation sauf que c'est une erreur. Elle va l'emmener à bord pour le présenter à sa sœur. Tant mieux elle le portera donc sur le trajet. Moins longtemps il le porte mieux il se porte.

- parfait, ça sera l'occasion de me présenter aussi à la capitaine et je pourrais aussi lui poser ma question directement. explique le guerrier. Enfin si ça te convient. pour le coup il n'y a pas d'obligation et son ton est interrogatif.

Je suis fort satisfaite qu'il ne discute en rien ce point-ci. Jaeven doit avoir deux parents. Un père, une mère. Il sera choyé et aimé tout autant par le reste de l'équipage et ceux qu'il rencontrera. Il est déjà un petit garçon sublime et adorable.

- Il me faut m'entretenir seule à seule avec elle ; cependant, je ne vois aucun inconvénient à te la présenter en personne. Lorsque nous aurons terminé de nous entretenir, je pourrai t'envoyer un message sur ton h-com afin que tu nous rejoignes. A cet instant, tu pourras suivre ma jeune sœur sur son navire, accompagné de notre Jaeven.

- Bien. Je chercherais mon amie sur le navire pendant ce temps là. Ensuite si je la trouve je viendrais récupérer Jaeven pour lui présenter. dit-il tranquillement. Je ferais vite de toute façon. Si je n'ai pas trouvé mon amie j'aurais quelques questions à poser à ta sœur par contre.

Il sait se montrer bref et discret lorsque c'est nécessaire.

"Parfait alors." répond simplement Enguerrand.

Il reporte ensuite son attention sur son fils et s'assure que ce dernier se trouve bien contre lui. Le reste est finalement sans importance. A part sans doute l'enfant qu'il a laissé derrière lui. Il y pense de plus en plus souvent maintenant qu'il est père et qu'il tient son fils dans ses bras.

Inutile d'ajouter quoi que ce soit. Nous avons un accord, et nous avons convenu de tout cela avec une simplicité qui n'est en rien pour me déplaire. Dans un ensemble parfait, nous reposons nos regards sur le petit corps de notre fils. Il semble étrangement bien installé contre le torse chaud de son père ; si bien qu'il plonge progressivement dans le monde merveilleux des rêves. Je ne puis détacher mon regard de l'enfant, et de la complicité surprenante qui semble naître entre lui et son père. Complicité qui, je l'espère, ne saura que croître au fil du temps.