Who is she ? She's very much like you

La métisse souffla un rire par le nez. Elle considéra le géant de la tête aux pieds, grimaçant exagérément par moments pour lui faire croire à un mauvais diagnostic. Elle s'approcha, plia son index et tapota sur le bras du Quartier Maître, faisant mine d'écouter la résonance, comme elle avait l'habitude de le faire avec ses pièces de métal. Elle se recoiffa d'une main habile, posa ses mains à plat contre ses hanches et continua son petit manège en soupirant lentement. Elle prit un peu de recul, haussa les épaules avec son habituelle décontraction.

"J'sais pas, papi", commença-t-elle. "Tu te trouves vieux, toi ? Parce qu'au final, tu pourrais bien avoir 100 ans, j'en saurai rien. J'pense que t'as pile le bon âge, t'es pas d'accord ? T'as une femme, des gosses, un équipage et tu sonnes pas creux. J'ai connu des gamins de 16 ans qui avaient déjà abandonné l'espoir d'avoir un quart de tout ça alors... Nan, j'te trouve pas vieux."

J'explose de mon rire tonitruant, à en faire trembler les murs. Décidément, j'aime beaucoup cette gamine. Je dépose ma main sur son épaule, tout en riant toujours à gorge déployée. C'est qu'elle est surprenante, elle semble mettre une telle distance avec les autres, de par sa façon d'être, de parler, que ses mots me semblent venir d'ailleurs. Cette gamine est plus mature qu'elle ne veut le laisser transparaître.

- Bien sûr que non, que j'suis pas vieux! La vieillesse, c'est dans la tête!

J'arrête de rire, gardant toujours un large sourire sur mes lèvres.

- Je trouve que tu parles merveilleusement bien, pour une gamine. Et qu't'es loin d'être bête. Et j'en viendrais à dire que si, moi, je ne suis pas vieux, toi tu es loin d'être une gosse. Tu m'épates, demoiselle! Et il en faut, pour m'épater! Continues comme ça et tu iras loin, crois-moi.

Nous avons besoin de ce genre de graines, pour renouveler l'équipage. Des graines épatantes. Et malignes.

- J'pense que t'es tombé au bon endroit.

Peu habituée aux compliments, Noor'hayl piqua un fard - fort heureusement atténué par la teinte de sa peau. Elle rigola, leva les yeux en l'air et secoua la tête comme pour refuser que ces mots ne l'atteignent. En réalité, bien sûr, elle était touchée. Parce que jamais personne, si ce n'était sa mère, n'avait pris un jour le temps de lui dire de telles choses. Parce que jamais un homme ne l'avait traitée de la sorte. Jamais encore elle n'avait pensé à ce qu'aurait pu être sa vie avec un père aimant. Elle masqua son inconfort par un nouveau rire de circonstance.

"J'sais pas. J'espère", finit elle par articuler en haussant les épaules. "J'sais pas encore si j'vais passer ma vie ici. J'ai un truc à régler de mon côté. Dès que y'a une ouverture de ce côté là, j'vous laisserai un temps. Mais j'ai pas mal à faire avant. Notamment continuer à apprendre le pilotage avec Lawrence. Sans ça, je suis dans la merde." Elle hésita, haussa de nouveau les épaules et osa finalement.

"Mais j'suis contente d'savoir que y'a des gens comme toi à bord."

Un sourire déforme mon visage. Serait-elle gênée? Je ne suis qu'à moitié étonné. Mais finalement, incroyablement touché de sa dernière remarque. J'ai toujours mis un point d'honneur à mon travail, ce post n'est pas une chose à prendre à la légère. La confiance que l'on me donne est importante, pour moi. Confiance du capitaine, confiance de l'équipage.
Je la regarde et sourit toujours.

- Ne t'inquiètes pas, tu as ta place dans l'Albatros. Tu feras bien c'que tu veux, on ne séquestre personne.

Mon rire tonitruant résonne dans la pièce, je pose ma grosse paluche sur son épaule.

- En tout cas, si t'as besoin de quoique ce soit, n'hésite pas à venir me voir.

Ils le savent tous, ils peuvent me voir pour n'importe quelle demande. Parce que je suis quartier-maître, ce lien entre le capitaine et l'équipage, mais parce que, bien plus encore, je tiens à la cohésion de l'équipage, à leur bien-être. La gamine ne fera pas exception.