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Modestie Profitendieu
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Modestie Profitendieu
Membre d'équipage de l'Albatros

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Âge24 ans

GénétiqueHumain

SexeFéminin

CultureTrinité

AffiliationPirates

PlanèteTortuga

MétierMembre d'équipage

Modestie Profitendieu
"Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?"
"J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… les merveilleux nuages !"
Description
J’suis posée à une table. C’est encore tôt, y a pas foule. J’fais signe au serveur et je joue avec un pan de ma robe en attendant qu’il s’occupe de moi. Dentelles, soies multicolores, un peu de satin, ça fait un mélange hétéroclite mais moi j’aime. C’est haut en couleurs, flashy, brillant. Cher aussi. Enfin quand on l’aide pas à tomber de la navette.

Le serveur arrive, J’veux de l’alcool. Du rhum. Le rhum a un goût de liberté et d’Ailleurs. J’suis dans un bar fréquentable, ça a ses avantages mais aussi ses inconvénients : pas d’alcool pour les mineurs, qu’y dit.

J’me redresse un peu, tout sourire, et j’arrange une mèche blonde derrière mon oreille. Je sais qu’ça met un peu plus mon décolleté en valeur. Faut bien c’genre d’arguments pour compenser la p’tite silhouette menue, les yeux immenses, violets, et l’air angélique que je fais aucun effort pour atténuer.

"J’ai vingt-quatre ans." je réponds, de ma plus belle voix flûtée.

Totalement crédible. Il veut quand même une pièce d’identité. J’la tenais déjà prête. Tellement prévisibles, les gens… Sans cesser de sourire, je lui tends. Maud Eugénie Lesage, date de naissance 20/01/87. La carte a deux-trois ans et la photo aurait pu être prise hier.

Cinq minutes plus tard, je sirote mon Kraken. Evidemment, c’est pas ma vraie identité, c’est celle dont tout le monde se fout à part ceux qui réclament mes papiers. Modestie Prudence Profitendieu, ça fait longtemps qu’elle a disparu des radars. Par contre, elle est bien de 87. Du 20 Natcer. Tout l’monde l’appelle Mod. Et tout l’monde la connaît sur Tortuga.

Style vestimentaire : J’passe pas vraiment inaperçue faut dire. J’aime les couleurs vives, ce qui pète, ce qu’on voit de loin. Les couleurs pastel aussi, lavande assorti à mes yeux, rose poudré assorti à mes cheveux blonds, les tons de vert et les dentelles, les motifs, les paillettes… ou tout blanc, tout tout blanc tout partout, quand j’ai envie de jouer à la petite fille modèle. Ou besoin. Le reste du temps, couleurs, couleurs, couleurs. Selon les jours et mon humeur ça me donne des airs de fashionista, de lolita ou de daltonienne. Une fois on m’a même sorti que j’avais un style épileptique. J’ai pris ça comme un compliment, tu penses bien.

A bord je garde ça pratique, T-shirt ou chemise et pantalon plein d’poches, ceinture utilitaire, les ceintures pour mes armes évidemment… A terre, souvent j’me fais plaisir avec des robes plus ou moins amples, plus ou moins longues. Et des chapeaux. J’a-dore les chapeaux. Les tricornes évidemment, les fédoras, les bibis, les bonnets, les chapeaux de paille quand je veux passer pour une touriste en goguette… les capelines, j’adooore les capelines. Et plein de plumes et de fleurs en tissu pour les assortir à ma tenue du jour. Et des rubans. Et des dentelles. Et des bijoux à accrocher dessus. J’ai gardé un léger côté princesse, il paraît. Après, j’sais être discrète aussi, cuir noir ou bonne toile solide et sans vraie couleur… mais à choisir j’préfère vraiment les couleurs. Chaussures plates en toute circonstance par contre. Une jupe ça se retrousse, des talons c’est juste chiant.

Signes particuliers : Et puis sans parler de mon style un peu tapageur – si peu, j’t’assure –, j’ai vraiment, honnêtement, l’air d’avoir presque dix ans de moins. J’fais rarement le moindre effort pour changer ça d’ailleurs, ça a ses avantages. Pis j’ai une voix de merde, super aiguë, à croire qu’elle a pas bougé depuis qu’j’avais huit ans. Heureusement, j’arrive à la contrefaire pour qu’elle soit un peu moins stridente, un peu plus grave. C’est devenu presque systématique d’ailleurs, au bout d’un moment même moi j’avais envie d’me filer des claques.
Caractère
Nan, j’rigole. T’sais qu’la vérité et moi on est pas copines hein ? Comme la plupart des vertus trinitaires. Modestie Prudence quoi, sérieux. Ils croyaient quoi mes vieux, qu’ça allait finir par me déteindre dessus ? Z’ont pas tiré l’bon numéro, houlà, rien que par esprit de contradiction j’risquais pas de coller. J’suis modeste ni au sens courant, ni au sens de "décente" si cher aux brouteurs d’abeba, et la prudence c’est pas toujours mieux. D’ailleurs les gens à qui j’dis que j’m’appelle Modestie me croient jamais, c’est tellement gros que tout l’monde prend ça pour un mensonge.

Le plus gros mensonge que j’puisse fournir ça reste quand même mon physique. J’suis un mensonge sur pattes. Un adorable petit mensonge blond, innocent, angélique, menu et délicat. Qui pourrait te planter dix fois une lame entre les côtes parce que qui se méfie des petites choses blondes ? Se faire passer pour une gamine inoffensive ça a parfois ses avantages. Eh, relax, j’le f’rai pas. Promis. J’suis pas l’genre à tuer pour s’amuser. J’aime pas tuer. Tuer c’est détruire des rêves, les perdre dans l’espace. Quand on tue quelqu’un c’est un soleil qu’on éteint. Et tes potes ont aucune raison d’mériter ça, hm ? Quoi, qu’est-ce que j’ai glandé sur un vaisseau pirate pendant douze ans si j’suis pas foutue de tuer quelqu’un ? J’suis très foutue de tuer. J’ai juste pas envie. Quand j’ai l’choix, j’préfère ruser. Mentir. Esquiver. Laisser les autres faire le sale boulot. Quand j’ai pas l’choix, j’ai toujours un couteau. Souvent une épée. Et crois-moi, j’sais m’en servir et si on me menace j’hésiterai pas.

Tu vois, y a des choses sur lesquelles je mens pas. Plein, même. Par exemple j’aime la liberté, le rhum, les choses mignonnes et les chatons. Et les hommes. Et les femmes des fois. Et les câlins en général. J’suis très tactile d’ailleurs, bavarde j’dois dire aussi, j’crois qu’les gens m’aiment bien en général. Enfin ceux qui s’barrent pas après trente secondes parce qu’ils aiment pas ma voix ou ma façon d’parler. J’ai pas tant traîné qu’ça avec Aliénor pourtant… Pas grave, ils peuvent pas supporter ma dive présence, tant pis pour eux, j’vais pas pleurer hein. Tout l’contraire en fait. J’suis l’genre joyeux, souriant, sautillant, espiègle, pas méchant – pas gratuitement. Pas trop. P’tite chose mignonne, j’te dis !

J’aime pas les codes par contre. Le Code... c’est pas pareil. C’est plutôt une sorte de guide. Quelques règles logiques et pétries de bon sens, qui empêchent notre noble profession de basculer dans l’anarchie, la violence gratuite, le chaos et le… ouais bon d’accord, c’est aussi le truc qu’il faut respecter sinon couic. J’l’ai longtemps vu comme ça. Mais en fin d'compte, ce Code-là c’est plus d’avantages que d’inconvénients. Puis soyons réalistes, à part les règles essentielles que tout l’monde connaît personne en applique le quart de la moitié. Ce genre de Code, ça m’va très bien.

En fait d’une façon générale, j’aime pas les poids qu’on met sur les épaules des gens. Les contraintes, les obligations, les responsabilités, tout ça c’est pas pour moi. Pas encore ptet. J’vois bien qu’certains les vivent très bien, les responsabilités, ça les empêche pas d’être des bouts de liberté sur pattes, mais… j’sais pas. Après douze ans sur le Liberty, j’ai toujours pas intégré comment il fait le capitaine pour concilier les deux. J’me vois pas faire pareil. Après paraît qu’les gens changent, genre des fois j’me dis qu’ça s’rait sympa de faire quelque chose de plus grand, de moins égoïste de ma vie. Puis j’rigole et j’rebois un verre parce que eh, faut pas déconner non plus.

J’veux dire, ça m’arrive d’aider des gens, de ramasser des chatons orphelins dans la rue – ou même des humains orphelins, si si – et de laisser Bigoudi me faire tomber en public à force de coups de boule affectueux dans les rotules, mais c’est pas pour ça que j’suis la soupe populaire. Ca m’arrive aussi de me payer la gueule des gens, de leur faire les poches ou de profiter de mon doux minois pour gagner leur confiance et mieux leur faire des coups de pute ensuite. Pas avec l’équipage cela dit… c’est pas formellement interdit par le Code, mais à terme c’est plus d’emmerdes qu’autre chose. La vie pour moi c’est clair, c’est ma gueule en premier et les autres seulement si ça pose pas de problème pour ma gueule.

On m’a déjà dit que j’étais immorale. J’pense plutôt que j’suis amorale. La morale au fond, c’est quoi ? Qui a décidé c’qu’était bien ou mal ? Me parle pas d’l’Unique ou tu t’en prends une. Calypso c’est pas mieux, elle change d’avis toutes les cinq minutes – enfin elle au moins elle existe et elle nous aime bien, j’lui rends bien d’ailleurs justement parce qu’elle s’emmerde pas avec ces conneries de bien et de mal. Le bien c’est c’qu’est bien pour moi, le mal c’est c’qu’est mal pour moi, c’est tout. Alors l’honneur, l’altruisme et toutes ces conneries, tu m’as comprise. J’dis pas hein, ça peut être bien pour la réputation, le prestige, le panache – ce cher Panache –, et j’crache pas sur ces choses-là, difficile en ayant grandi sur le Liberty… mais pour moi c’est des moyens, pas des fins. La fin, c’est moi. Si ça m’permet d’me sentir bien, d’me sentir mieux après, alors c’est bien. Si les risques potentiels sont plus importants que le gain espéré pour ma gueule, alors c’est mal. D’ailleurs raisonner comme ça, ça élimine pas mal de scrupules. La fin justifie les moyens, tout ça, t’sais. On dort mieux la nuit quand on s’demande pas si on a bien fait ou pas. Après on est pas à l’abri d’une décision ridicule du type "sauter au milieu d’une maison en flammes pour récupérer le chaton de la famille", ça arrive à tout l’monde d’avoir des élans suicidaires. Non ? Ah bon. Oublie ça alors.

…t’sais… des fois j’me dis qu’on cherche tous la même chose, au fond. De l’attention. De l’affection. J’en ai eu davantage sur le Liberty que chez les Profitendieu. Tellement davantage. Mais c’est jamais assez. Oh, j’suis pas stupide, les papillonnages et les étreintes éphémères à chaque escale c’est pas que pour le cul. Beaucoup hein, on va pas s’leurrer, mais pas que. J’ai besoin qu’on me regarde, qu’on me voie, qu’on pense à moi. Qu’on m’aime. Pas seulement qu’on m’aime, qu’on aime que moi. Qu’on ait que moi dans sa vie. J’ai b’soin d’être le soleil de quelqu’un, le soleil de tout l’monde. Seulement s’attacher et la liberté, t’sais, c’est un peu contradictoire. A moins d’être sur le même vaisseau quoi, et encore. C’est compliqué, quand on s’attache. Ptet que j’cours après une chimère. Ou que j’suis juste horrible à vouloir qu’on s’attache à moi sans vouloir m’attacher. …ouais, on va r’prendre un verre hein, ça aidera à oublier ces conneries.

Ca fait trop mal quand on perd son soleil.
Histoire
Quoi, pourquoi j’dis ça ? Utilise ta tête mon p’tit. Hmpf.

…quoi encore ? Tu veux en savoir plus ? Oh, j’peux te raconter un tissu brodé de jolis mensonges, si y a qu’ça pour avoir la paix. J’brode encore très bien.



…remarque, vu que d’puis tout à l’heure j’monologue dans ma tête en fixant un verre de rhum à moitié vide, j’peux bien continuer encore un peu… c’est pas comme si quelqu’un allait m’entendre.

Bon, alors. J’commence par quoi, le début ou le milieu ? Il est chiant le début hein, j’te préviens.

J’suis née à Port Salem y a vingt-quatre ans. Déjà, ça annonce la couleur. Famille plutôt pauvre j’crois, pas riche en tout cas. Pis on était une chiée. J’suis la deuxième de la fratrie. Ma mère en pondait un tous les ans quasiment. Le grand c’était Jean, comme Jean de Beaupré le type qu’a découvert Dorado, ensuite moi, Modestie Prudence Profitendieu la si mal nommée. Ensuite Douce, Léon, Finaude – j’te jure qu’ils l’ont appelée Finaude –, Martin, Philippe, Charité, Alexandre et Prévoyance les jumeaux, et elle était encore enceinte la dernière fois que j’l’ai vue. Si c’était un garçon il devait s’appeler Louis, sinon Modération. La pauvre. J’serais pas étonnée qu’y en ait dix de plus depuis, des gamins. Honnêtement. Et j’suis sûrement tata de tous les côtés. Je m’demande comment ils vont faire quand ils auront épuisé le calendrier, tiens.

T’sais, y a un truc moche quand tu pisses pas debout dans la Trinité, c’est que basiquement t’existes pas. C’est un peu le drame de ma vie. C’était Jean qui avait toute l’attention, tous les câlins, tous les jouets évidemment, tout l’amour et les espoirs. Moi j’étais un poids. Rien de plus. Y a qu’à voir, les garçons ont eu des noms de saints, de papes, de cardinaux, et les filles des noms de vertus. Publicité mensongère en plus.

Parce que ouais, dès qu’j’ai compris c’que Modestie et Prudence voulaient dire, j’me suis dépêchée de faire l’inverse. Pas fait exprès. Je crois. J’en sais rien tiens. Je sais juste que dès que j’ai su marcher, j’ai couru partout et surtout dans la boue, déchiré mes habits, cassé tout ce qui me passait entre les mains, joué avec les garçons – t’imagines ça toi, une petite de six ans qui joue avec des garçons d’au moins, je sais pas, quatre ans ? Ce scandale ! Ce dévergondage ! –, désobéi, répondu, chipé des trucs au marché, lancé de la boue sur les statues des saints aux carrefours, grimpé aux murets puis aux murs, piqué des crises de colère à faire trembler les vitres, et même parlé à des Mo’ats. Pas forcément dans cet ordre, mais avec entrain.

Ma bêtise préférée, c’était d’aller sur les quais. Ca remuait, c’était vivant, c’était plein de gens venus d’ailleurs qui puaient un peu et qui avaient des têtes à faire peur, mais qui avaient l’air vivants, tellement plus vivants que les gens du quartier coincés avec leurs prières, leur dévotion aveugle et la crainte de l’Inquisition. Y en avait même qui brillaient. Une espèce de lumière intérieure, quelque chose dans leurs yeux, leur attitude… j’sais pas comment expliquer. Ils brillaient, comme on imagine briller Saint Odat quand on est gamin ou très con. J’regardais les cargaisons qu’on chargeait et qu’on déchargeait aussi, les bestioles bizarres qui suivaient les gens, des fois je faisais un tour dans les bouis-bouis et je chipais des drôles de machins dorés et ronds tombés par terre. C’était joli. Une fois j’en ai montré un à la maison, ça a été la catastrophe. On voulait savoir où je l’avais eu, quand, comment, pourquoi, qu’est-ce que j’avais fait pour qu’on me le donne. J’ai dit que c’était une belle dame dans la rue qui me l’avait donné pour que j’m’achète des bonbons. Totalement pas vrai évidemment, mais va savoir pourquoi, c’est passé. Sûrement parce que n’importe quelle explication foireuse valait mieux que "not’fille traîne avec des gens assez louches pour utiliser des doublons"… s’ils avaient su, les pauvres. Evidemment on me l’a confisqué, alors les suivants j’les ai montrés à personne. Pas folle, la guêpe. Et j’ai réfléchi à de meilleurs mensonges à servir à mes vieux, au cas où.

Bon, évidemment, comme j’étais pas exactement c’qu’on attendait de moi, j’ai aussi pris des gifles, des raclées au bâton ou au martinet, été privée de repas, cloîtrée dans la chambre de plus en plus petite au fil des naissances des filles, obligée de réciter des prières pendant des heures pour expier mes péchés, mais bizarrement ça a pas marché. Au contraire. La phrase qu’on m’a le plus répétée pendant douze ans, c’est sûrement "mais qu’est-ce qu’on va faire de toi ma fille ?". Pas une potiche en tout cas, c’est clair.

Seulement une fille turbulente, c’est une fille qu’on pourra pas marier comme on veut, une bouche à nourrir qu’on va se trimballer toute la vie pour rien – si elle finit pas par se perdre. Derrière cette jolie expression de "fille perdue", chez les Profitendieu, on range un peu tout c’qu’est pas une jolie petite poule pondeuse bien sage, pas juste les prostituées. De toute façon c’est bien connu que tout c’qu’est pas au moins aussi parfait que môman, c’est une pute en devenir. Les garçons c’est pas pareil. A leur décharge, ils ont été bien servis avec leurs autres gamins. Jean surtout a toujours été studieux. Sérieux. Pieux. Docile. Désespérément trinitaire. Il a fait l’E-cole d’ailleurs, mais pas moi. Moi j’avais trois ou quatre ans que j’devais déjà m’occuper de Douce et Léon pendant que Môssieur il allait se faire bourrer le crâne, sortir, voir des gens et apprendre à lire et à écrire.

J’sais pas si c’est un prêtre qui lui a soufflé un jour où il aurait parlé de sa vilaine petite sœur turbulente ou s’il a eu l’idée tout seul, mais il m’a appris. C’était le seul moment de la journée où j’me tenais à peu près tranquille. Jean, ça a toujours été le seul qui arrivait à quelque chose avec moi. Le seul qui s’occupait un peu de moi. Le seul à avoir compris que c’était pas avec des coups et des cris qu’on me ferait obéir. Le seul dont les regards déçus auraient pu me faire rentrer dans leur droit chemin. Une heure ou deux. Pas plus, faut pas déconner quand même. Bref, j’ai appris à lire dans l’Eleutherius, le seul livre de la maison. J’le revois encore ce bouquin tout corné, usé à la trame, qui était à mon père et à son père avant et qui venait paraît-il de très loin, hors du système Dorado. Jean l’emmenait à l’E-cole pour apprendre dessus, il le tenait toujours comme si c’était une relique de Saint Odat en personne.

Pfff.

Plus l’temps passait, moins j’avais le droit de parler aux p’tits. Surtout aux filles. Soi-disant que j’étais une "mauvaise influence", j’te laisse deviner pourquoi. Pour changer les couches par contre là elle était pas gênante ma mauvaise influence. J’multipliais les conneries, les baffes pleuvaient – mon père a jamais été très concerné par sa progéniture, à part pour la semer et la cogner quand ça filait pas assez droit pour son humeur du moment. Il était menuisier mon père, j’peux te dire que les baffes elles faisaient mal. J’ai passé des heures et des jours enfermée dans la chambre où on dormait toutes, les filles, pour plus faire chier le monde – oups, pardon, pour "réfléchir". J’traînais de plus en plus sur les quais. J’ai vu des grands pas tellement plus vieux que moi, douze-treize ans peut-être, qui sortaient des vaisseaux, avec les habituels types patibulaires. Même des filles. Ils avaient l’air crevé souvent, mais heureux. J’ai parlé avec certains, des fois c’est bien passé et ils m’ont parlé de leur boulot, du ménage surtout apparemment, mais dans l’espace, et faire la bonniche dans l’espace ça a quand même vachement plus de gueule que faire la bonniche dans une bicoque surpeuplée. D’autres fois ils ont rigolé, ils ont dit que tant que j’étais trop p’tite pour boire du rhum on m’embarquerait pas. J’ai pas souvenir d’avoir dit que j’voulais embarquer, jamais. On s’est un peu battus, j’ai perdu évidemment – c’est pas en changeant des couches et en faisant la popotte qu’on apprend à cogner – et ma mère a poussé les hauts cris en voyant mes bleus. Pas grave. J’m’étais pris les pieds dans ma jupe et j’étais tombée dans un escalier. Ca arrive à tout l’monde.

Quand ils en ont eu marre de me gueuler dessus parce que je faisais la grève des couches et que c’était Douce qui se farcissait le sale boulot – c’est l’cas d’le dire –, mes vieux se sont dit que ptet on pouvait me mettre à un travail solitaire et qui apporterait quelque chose à la famille, genre des crédits à défaut d’autre chose. Du coup comme il s’est trouvé qu’j’y étais pas trop mauvaise surtout pour mon âge, j’suis passée du changeage de couches intensif à la broderie au kilomètre. Mes cinquante premières fleurs étaient hideuses, les cinquante suivantes vaguement potables, après les deux cents suivantes j’avais des ampoules jusqu’au coude mais ma mère était enfin contente. J’avais dix ans, Jean douze ou treize je sais plus, et ma mère était enfin contente de moi pour quelque chose. Faut fêter ça avec du rhum quoi sérieux.

« Garçon ! »

Où j’en étais ? Ah ouais, la broderie. Après les galons ma mère m’a mise aux rubans. La broderie au ruban, de soie idéalement, c’est surtout pour faire des fleurs. On en fait des tableaux à vendre, ou on décore des p’tits objets avec. C’est joli, vraiment joli. Chiant, compliqué, mais joli. Puis ça faisait rentrer des sous, c’était bien. On me parlait moins de morale gnagnagna, on m’foutait la paix tant que ça permettait de faire des parts un peu plus grosses pour la fratrie. On m’enfermait moins souvent dans la chambre. J’avais moins l’temps d’sortir balader sur les quais, même si évidemment j’le faisais toujours. Quand j’le faisais pas, j’avais l’impression d’étouffer. J’ai jamais été claustrophobe, mais j’avais besoin d’les voir, ces vaisseaux, ces gens. Besoin, vraiment. J’m’imaginais, des fois, partir dessus avec ces gens qui brillaient. Et puis j’regardais comment ils étaient attifés, et j’me disais, nan, c’est pas sérieux comme plan. Une fois ou deux y en a bien qu’ont essayé d’me parler, j’ai répondu parce que voilà parler ça a jamais tué personne en soi, pis quand ils ont commencé à m’demander si j’avais pas envie d’voir du pays, j’ai dit non et j’me suis carapatée. J’ai jamais suivi aveuglément les conseils de mes parents, au contraire, mais pas s’laisser embarquer dans la camionnette blanche ça m’semblait quand même pas complètement débile. Pis y avait quand même la fratrie, mes parents, Jean. Surtout Jean en fait.

Il était content que j’rentre enfin un peu dans l’rang Jean, tellement content. Il m’a demandé de lui broder un protège-livre à abebas pour l’Eleutherius. Pour lui, j’ai accepté de broder ces horreurs. Au ruban. Il avait l’air tellement content de les avoir, alors j’étais contente aussi. C’est pour lui aussi que j’ai continué à broder alors que c’est chiant, mais d’un chiant intergalactique. J’étais contente qu’il soit content. Par contre j’aurais dû commencer à me méfier quand mes parents ont commencé à me parler de mon trousseau. Mais eh, j’avais douze ans, j’avais la vie devant moi pour y penser, à mon trousseau ! Et puis personne voudrait de moi avec la réputation que j’me tapais, toujours à courir, à faire des bêtises, à traîner avec les garçons, tout ça.

Sauf qu’en fait, bah ils ont réussi à me vendre à un type encore plus attardé qu’eux. ‘fin me vendre, on s’comprend. Un peu après ces histoires de trousseau, mon frère a ramené un pote à lui à la maison, on a échangé trois mots et hop, terminé. J’étais l’aînée, j’avais jamais vu comment ça se passait dans le coin, on parlait pas de ces choses-là dans la famille et Jean s’est bien gardé de m’expliquer que son taré de pote voulait poser une option sur mon cul. Taré, ouais. Sans déconner, mes parents c’étaient des libres-penseurs à côté de lui ! Et donc trois jours après juste avant le repas ils ont rassemblé toute la famille dans la salle à manger et ma mère m’a quasiment sauté dessus, radieuse, pour me dire que j’étais fiancée.

Fiancée.

Moi.

La blague.

J’m’entends encore hurler. J’ai oublié les mots. J’ai retenu les gifles, le coup de pied au cul qui m’a fait voler dans la chambre, la porte qui claque et la clé qui tourne. Le regard fou de mon père, ma mère choquée derrière lui, les petits qui comprenaient pas tous, pas tout, et Jean. Jean qui rentrait de l’E-cole quand il s’est fait attraper par ma mère pour la Grande Annonce, la broderie d’abebas encore serrée contre lui, et son regard perdu. Enfermée avec mes aiguilles, mes rubans et ma toile jusqu’à ce que j’demande pardon.

J’ai jamais demandé pardon.

Le fond de l’affaire, j’l’ai appris là. C’est Jean qui m’a expliqué, à travers la porte. J’le voyais presque se dandiner d’un pied sur l’autre comme il faisait quand il se sentait merdeux. Le type venait d’une famille assez aisée pour avoir un Mo’at à la maison, donc bon c’était pas non plus le pape mais c’était un beau parti pour des pouilleux comme nous. Il avait l’âge de Jean, un poil plus peut-être, se voyait déjà prêtre et le serait certainement. Il a vu ma broderie d’abebas pour l’Eleutherius de la famille. Ca lui a plu. Il a dû croire en voyant mon boulot que j’m’appelais Dévotion Foi Profitendieu ou je sais pas quelle connerie, parce qu’il a voulu me voir moi. Si j’avais su pourquoi Jean l’avait ramené j’aurais tout fait, mais vraiment tout fait pour qu’il s’enfuie en courant. Je savais pas. J’ai été naïve. J’me suis pas méfiée d’mon frère, et mon frère m’a trahie.

J’ai plus rien dit pendant des jours, plus rien brodé non plus. C’était pas bon pour les affaires, j’m’en suis vite rendu compte parce que ma part de bouffe est passée d’une demi-barre de nutrisoja à une petite bouchée. Enfin quoi, ils devaient bien être contents que la chieuse la boucle enfin, non ? Bah non. Jean venait me voir tous les soirs, me parler, me promettre d’essayer d’arrondir les angles, de faire quelque chose. J’ai jamais répondu. S’il avait voulu faire quelque chose, il l’aurait fait avant de ramener le taré à la maison. Il lui aurait dit que sa sœur était moche, vérolée, ou juste totalement infréquentable. Je sais pas. Un truc.

J’avais plus rien à attendre ici. De personne. Le problème c’est qu’j’avais pas vraiment d’autre endroit où aller. Et puis j’en avais marre d’être enfermée, de plus voir le ciel que par ma fenêtre. J’étouffais. Pas littéralement, mais le genre d’étouffement qui te tue à l’intérieur et qui te laisse comme une coquille vide à la fin, un mort qui marche, sans âme et sans lumière. J’me suis rendu compte que ça faisait des années qu’j’étouffais, et qu’j’étouffais encore plus depuis qu’j’avais commencé à broder. A moins sortir. A rester sage. Je voulais pas me marier, et je voulais pas m’éteindre.

Alors un jour, pendant l’repas du soir – seul moment où j’étais certaine d’être seule –, j’ai trié mes affaires. J’avais une trentaine de doublons cousus dans mon oreiller, j’ai vite cousu une p’tite bourse avec ma toile de lin et j’les ai foutus dedans. J’ai rassemblé tous les machins que j’avais chipés au fil des ans, un briquet, un collier de pacotille, d’autres p’tits trucs que j’ai oubliés, et hop dans la bourse aussi. Mes affaires de broderie évidemment, surtout les ciseaux. Ca a l’air con, oui, je sais, mais mon raisonnement c’était : d’une, ça pouvait toujours me faire gagner trois sous ; deux, comme j’avais pas de couteau dans ma chambre, les ciseaux c’était c’que j’avais d’mieux en cas d’besoin. Et puis merde, c’était à moi. J’ai mis ma ceinture, la bourse à ma ceinture, et j’me suis barrée par la fenêtre. Les rez-de-chaussée ont ça de pratique que si on s’casse la gueule, on meurt pas.

J’dirais bien qu’j’ai pas hésité, qu’j’ai sauté par la f’nêtre sans un r’gard en arrière, en rigolant et en sachant parfaitement c’que j’faisais, mais… non. Pas du tout. C’est la version officielle, mais toi et moi on sait qu’avant de coudre cette bourse j’ai passé des jours à tourner et tourner encore en me disant qu’c’était la plus grosse connerie d’ma vie. Que j’pouvais pas faire ça. Oh bien sûr c’était pas la première fois qu’j’y pensais, mais les fois d’avant c’était juste en passant, comme ça… y avait rien qui me pressait. Personne m’avait filée au premier venu pour se débarrasser d’moi. J’aurais pu attendre ptet. Comme disait Jean, le mariage c’était pas pour tout d’suite, et y pouvait s’passer bien des choses en quelques années. Mais attendre ça aurait été m’éteindre, m’éteindre complètement. Je voulais pas m’éteindre, et si j’voulais pas m’éteindre y avait pas d’autre solution. Ou si y en avait une, j’la voyais pas. Alors j’ai pleuré, en silence, un peu, et puis j’ai serré les dents, j’ai pris ma bourse, j’ai vérifié qu’y avait personne dans la rue, et j’suis sortie.

Et puis une fois dehors… l’air avait un drôle de goût. Le goût de quand tu sais qu’il s’passe un truc pas normal, un genre de tournant t’sais, ou d’croisement. Un croisement plutôt ouais. A gauche tu vas chez mémé Michaud manger du nutrisoja goût chou bouilli et te faire chier, à droite c’est la jungle de Renaissance pleine de trucs prêts à t’bouffer, mais putain qu’elle est belle cette jungle qui brille dans l’noir.

J’ai pris à droite. ‘fin, métaphoriquement. J’ai tracé vers les quais. J’avais peur qu’on m’ait entendue, qu’on m’cherche, qu’on m’retrouve. J’ai pas couru pour pas faire de bruit, mais j’ai marché très, très vite, en essayant de pas m’remettre à chialer. J’avais pas beaucoup de temps avant qu’ils s’en rendent compte, le moindre appel de voix pour moi c’était mon père qui prenait sa trique – non pas celle-là, roh – pour me refaire le portrait. Alors que bon… c’est grand, Salem.

J’me suis vite rendu compte d’un truc très con, c’est qu’la nuit ça tombe vite mine de rien, et qu’j’étais jamais allée sur les quais la nuit. Et que la nuit, houlà, ils sont pas calmes les quais, mais alors pas calmes du tout. Pires que l’jour, d’une certaine façon. C’étaient les mêmes gens, mais différents. Pas les mêmes cris, pas les mêmes rires. Y avait vraiment beaucoup trop d’alcool dans tout ça. Beaucoup moins d’gens "fréquentables" donc. Deuxième moment de gros, gros doute. Plus j’avançais, moins j’étais sûre de mon coup. J’pouvais encore rentrer et changer d’avis. Pis j’pensais à la suite, au trousseau, au mariage, à la raclée qu’j’allais m’prendre en rentrant accessoirement, et j’me disais qu’ça pouvait pas être pire ici t’façon. Alors j’continuais, j’passais la tête par l’ouverture des tavernes, mais les types qui brillaient j’les voyais pas. A croire qu’y sortaient que l’jour, et encore pas à chaque fois. D’un côté, c’est pas si courant t’sais.

Pis j’me suis rendu compte d’un autre truc très con, c’est qu’les gamines de douze ans, même en robe moche et couvrante, ça attire d’autres gens qu’les gens-qui-brillent. Le genre qu’à moins d’avoir l’instinct d’survie d’une moule, t’auras jamais envie d’leur parler pour tous les doublons du monde. ‘fin… j’le savais déjà, par contre j’ai découvert qu’la nuit, comme y a beaucoup moins d’patrouilles, ils s’en foutent un peu qu’t’aies envie ou pas d’les suivre. Donc bon, troisième moment de gros gros doute de la soirée. On va dire qu’j’ai pas mal couru ? Ouais, on va dire ça. J’ai galopé loin des fauves de la jungle de Renaissance, jusqu’au moment où j’ai tapé dans quelqu’un qui s’est cassé la gueule avec moi et m’a attrapée aussi sec. J’me voyais déjà m’faire bouffer, pour continuer la métaphore poétique. J’ai gigoté, gueulé dans des octaves indécentes, mais bon ça a pas suffi pour empêcher le type de m’rentrer dans la taverne à deux pas.

Pis j’me suis r’trouvée l’cul sur une chaise et il m’a lâchée en grognant que merde, fallait être conne pour traîner toute seule dans l’coin à c’t’heure, allez tiens bois ça ça va t’faire du bien, et il m’a poussé un verre sous l’nez, et après on t’ramène à ton équipage qu’il a dit. Il était vieux, il avait au moins je sais pas, dix-sept ans, pis les dents toutes de travers, l’air fâché mais pas méchant. Pis un autre qu’était encore plus vieux, une bonne vingtaine j’pense, a ramené ma bourse toute gonflée en s’foutant d’ma gueule comme quoi si j’l’avais lâchée j’aurais couru plus vite, franchement, t’as foutu quoi là d’dans, pis il me l’a rendue et il s’est assis.

J’avoue, j’ai rien compris. J’étais tétanisée, ma bourse sur les genoux qu’j’ai aussitôt serrée dans mes mains comme si c’était… j’sais pas, un truc super précieux. Dans un sens oui, c’était l’seul truc rassurant autour de moi. Pis c’était quoi c’verre d’abord, il sortait d’où ? J’ai r’gardé les gens à la table. Y avait le gars aux dents de travers, son pote qui m’avait rendu ma bourse, pis d’autres gens d’leur âge ou plus vieux et un peu patibulaires aussi. Y en avait qui rigolaient, d’autres qui souriaient plus gentiment et d’autres avec un air un peu bizarre mais pas l’air de vouloir me bouffer. J’en menais pas très large, pour pas dire que j’me pissais d’ssus, mais j’ai voulu crâner. Bluffer. Montrer qu’c’était pas parce que j’étais une gamine à moitié traumatisée que j’étais totalement débile et démunie tu vois ? J’ai serré les mains sur ma bourse, j’me suis un peu redressée. J’avais qu’une envie c’était l’ouvrir et sortir mes ciseaux. J’ai commencé à l’ouvrir d’ailleurs, juste au cas où. Oh on est d’accord, tu vas pas loin pour te défendre avec des ciseaux à broder, surtout quand t’as jamais coupé autre chose que du fil avec et surtout quand t’es une gamine de douze piges toute seule dans une taverne pleine de types baraqués, puants et vieux. T’as déjà vu des ciseaux à broder ? C’est minuscule, même pas dix centimètres, alors oui c’est super pointu mais c’est bien tout. J’savais pas quoi dire par contre, alors forcément j’ai dit la pire ânerie possible : la vérité. "Je dois voir quelqu’un qui brille", j’ai dit, avec mon p’tit accent encore très comme il faut.

Ils se sont foutus de ma gueule encore, comme quoi la jungle et les trucs qui brillent c’était d’l’autre côté de Salem, mais pas comme au début. Ils savaient. Y en a un qu’a grogné qu’les colombes ça d’vait rentrer au nid l’soir, parce que j’bouffais pas encore les mots sûrement et qu’entre ça, la course-poursuite et tout l’reste, on voyait bien qu’j’étais une fille d’la ville. J’ai assumé, j’ai levé l’nez, j’ai répété que j’voulais voir quelqu’un qui brille, quelqu’un avec ce quelque chose qu’on voit que sur les quais. Un des types d’une trentaine d’années, un de ceux qui se marraient pas trop fort, m’a dit qu’j’étais au bon endroit. Il avait quelque chose ouais, mais lui, il brillait pas. Un bon sourire, le genre qui met même les gamines paumées en confiance. J’l’ai fixé sans rien dire, puis j’ai r’gardé mon verre. Ca puait l’alcool. J’avais presque sorti mes ciseaux. J’ai r’gardé les gens à table. Personne qui brillait. Personne qu’avait l’air de vouloir me bouffer non plus. Ca voulait rien dire mais à choisir, j’préférais les croire eux plutôt que les types dehors. Le type qui avait parlé me fixait toujours, tranquille, comme s’il attendait un truc. Presque sérieux.

Alors j’ai mieux regardé. A table. Autour. Et puis j’l’ai vu et j’ai su. J’suis allée pour m’lever, et hop hop hop, t’oublies un truc miss, il a dit en me tendant le verre, t’en auras b’soin pour papoter avec le cap’taine, qu’il a dit, et là les autres ont pas moufté. Ah, c’est les capitaines alors les gens qui brillent, j’me suis dit en m’levant. Ciseaux trop petits dans une main, verre trop grand dans l’autre, j’ai forcé un p’tit sourire au gars et j’suis allée vers la Flamme. J’ai juste entendu Dents-de-Travers gémir que c’était son verre et qu’ça lui apprendrait à sauver des princesses, tiens. Ca les a fait marrer.

On a papoté avec "le cap’taine", et pis j’ai bu l’verre qui m’a fait cracher mes tripes, et pis il a dit qu’on embarquait à l’aube, pas forcément dans c’t’ordre d’ailleurs, et j’ai un peu des trous sur la soirée j’avoue. Emotions fortes, premier verre d’alcool, tout ça.

Voilà. 99 ADD. C’est la fin du début. Là on arrive à la partie intéressante. Qui va être beaucoup plus courte parce que tout l’monde la connaît, c’est super courant comme histoire.

Quand j’me suis réveillée, j’étais sur un lit super étroit et pas confortable, j’avais la tête comme un tambour, ça vibrait partout autour de moi, et clairement j’étais pas à la maison. J’te dis pas la panique. Ca a réveillé quelqu’un qui m’a grogné qu’on avait embarqué ouais, prochaine escale on sait pas quand, on sait pas où, maintenant ta gueule et laisse le quart de nuit dormir, tu veux ? Nan j’voulais pas, mais j’voulais pas non plus me faire encastrer dans l’mur alors j’suis sortie et j’ai marché un peu au pif en m’disant que j’trouverais bien quelqu’un.

Ca marchait, ça courait, ça criait dans les couloirs. Personne faisait attention à moi à part pour me bousculer en grognant qu’j’étais au milieu. Et toujours ces vibrations, ce bruit sourd. J’aurais jamais cru qu’ça pouvait être aussi bruyant, un vaisseau. J’m’étais jamais posé la question faut dire. C’est presque organique comme impression.

J’ai fini par tomber sur quelqu’un qui m’a demandé qui j’étais et c’que j’foutais là, alors j’ai commencé à parler du cap’taine et pis il a grogné et il m’a expliqué – réexpliqué en fait il paraît, mais l’alcool, l’émotion, tu t’souviens ? Bah soit on m’avait rien expliqué, soit j’avais tout zappé. Donc il m’a réexpliqué qu’c’était une frégate pirate, qu’on était des gens libres et que donc personne nous aimait hors de not’noble confrérie, qu’y avait un Code à respecter si on voulait garder la tête en place, pis que comme je savais rien faire et qu’j’étais encore une morveuse, c’était balai-serpillère jusqu’à nouvel ordre, hop. Pis c’est là que j’me suis rendu compte que j’avais encore ma bourse, mais plus mes doublons. La barbe. C’était l’autre qui m’les avait piqués avant d’me rendre la bourse, obligé. O-bli-gé. J’avais une poignée de cailloux à la place. J’me suis vengée, mais plus tard. Beaucoup plus tard. A terre évidemment. Disons que j’me suis remboursée, avec quelques intérêts. On me vole pas mes doublons.

Alors j’ai fait l’ménage. Beaucoup. Le métal, ça s’nettoie pas comme le bois. Les claviers non plus, quand on m’a laissée y toucher. J’ai beaucoup, beaucoup ronchonné que si c’était juste pour faire la bonniche, autant l’faire à terre sans risquer ma tête à chaque escale. Jamais sérieusement. Jamais vraiment. Jamais trop fort, surtout… j’avais vraiment pas envie qu’on m’débarque. J’vais pas aller jusqu’à dire que le Liberty c’était une immense famille où, pour une fois, c’était pas moi l’aînée, mais… y avait un peu de ça. Une grande famille de buveurs d’alcool avec un paternel qui embaume le rhum à longueur de journée, mais qui cogne pas quand ça file pas assez droit. ‘fin. J’crois pas avoir cherché à vérifier par moi-même comment il réagit quand ça file pas assez droit. J’lui d’vais bien ça. Dire qu’à mon âge, si j’étais restée là-bas, j’aurais déjà quatre ou cinq gamins avec le taré… brrr.

J’ai suivi l’Code, j’ai fait l’ménage jusqu’à plus soif, j’ai vu des gens partir, vivants à terre ou morts dans l’espace, d’autres les remplacer. J’ai appris à laisser un trou, un tout petit trou d’aiguille où ils étaient passés, et à rebroder le reste avec les nouveaux venus. J’ai appris à tenir une épée, un couteau, un flingue, j’ai appris à m’en servir. Indispensable. Vital. Mais ça m’plaisait tellement pas qu’on a vite préféré m’envoyer ailleurs où j’étais plus motivée, plus utile, surtout à terre. Ecouter aux portes. Chiper des trucs souvent, ou faire boire un peu trop des types qui avaient des infos qu’on voulait. Une si mignonne et innocente petite chose, qui s’en méfie, pas vrai ? Une fois ou deux, sur des coups bien préparés à l’avance, j’me suis fait engager sur des vaisseaux trinitaires – faire la bonniche, t’sais ? Ils ont moins rigolé quand ils ont réalisé que quelqu’un avait bidouillé les alarmes, saboté les comms, et crocheté certaines portes cruciales en plein abordage.

J’ai vu les mystiques, les choses que pouvait faire cette Calypso qu’au départ je croyais être une autre chimère. J’ai vu Ni’oh, son visage brûlé et son opiniâtreté, et les choses qu’elle pouvait obtenir de sa déesse. J’ai vu Tortuga, j’ai même vu Providence, j’ai vu toutes les planètes et ptet tous les astroports. Et Giancarlo flotter derrière les hublots.

Quoi, qui c’est Giancarlo ? Ah. Merde. C’était… pfff. Comment j’vais raconter ça, moi. L’était déjà là quand j’suis arrivée. Mécano coque. Dix bonnes piges de plus que moi et un sourire à tomber par terre. Un crush. Un amour de gamine. C’est ptet ridicule, mais j’en ai jamais démordu. C’est pour lui qu’j’ai travaillé sur ma voix, pour qu’elle soit moins aiguë, plus agréable. Pour lui qu’j’ai travaillé si dur, plus que pour le capitaine ou même pour moi. Il a fini par me voir. J’ai fini par l’avoir. On s’est aimés. Beaucoup, je crois. C’était mon Giancarlo. Oh bien sûr, on avait not’vie, chacun d’son côté. On a pas fui les carcans de la Trinité et l’honneur de l’Imperium pour s’enchaîner à la première belle gueule venue, faut pas déconner. Mais on s’retrouvait toujours, on en parlait, on comparait, on rigolait, et on repartait. Et puis un jour, y a pas si longtemps d’ailleurs, un tir perdu.

J’suis morte un peu moi aussi.

Oh, il en faut plus pour m’éteindre, mais ça m’a bien mouchée. Très fort. J’ai récupéré Bigoudi. Bigoudi c’était son lapin-mouton, il l’avait ramassé l’jour où Caly a décidé de passer l’restant d’ses jours à faire des mamours au cap’taine. On en rigolait en disant qu’c’était not’premier gamin. Ouais… L’a été bon prince, m’a laissé lui chialer dans la laine tout c’que j’pouvais pas hurler en public. Mais j’suis r’partie. J’suis même r’partie un peu trop fort en fait. Un jour, un peu après l’gros coup qu’on a fait avec trois autres vaisseaux sur un cargo de durilium en fait, j’me suis rendu compte que tout l’monde autour de moi brillait. Pas juste le capitaine. Tout l’monde sur le Liberty. Pis j’crois qu’on m’regardait plus tout à fait comme avant non plus. J’ai un peu flairé les emmerdes, mais le jour où Caly m’a collée pendant bien une heure j’me suis dit c’est bon, y a une couille. Ca a pas manqué, quand il s’est remis j’ai eu droit à une convo du capitaine, et hop, petite discussion tranquille entre Flammes Exaltées. Ouais, rien qu’ça. Y avait eu assez de signes avant-coureurs pour que j’m’en doute un peu, mais quand même il a fallu l’digérer. Il m’a pas jetée dehors hein, y a pas l’feu au lac comme on dit. On a juste papoté. Un moment. Long moment. Mais ouais, j’ai bien compris qu’à terme j’pouvais pas rester sur le Liberty. Pas avec lui en tout cas.

Et pourquoi c’était lui ou moi ? Bah c’est simple coco, une Flamme Exaltée ça cohabite pas avec ses semblables. Ou pas longtemps. C’est juste pas tenable. C’est comme, je sais pas, deux soleils dans l’ciel – en toute Modestie. Deux soleils dans l’ciel au même moment, au même endroit, ça marche pas. Y en a toujours un qui va bouffer l’autre. Oh, pour l’instant, oui, j’suis pas une menace, j’vis très bien d’avoir personne sous mes ordres, tout ça, et il est quand même assez à l’abri avec son palmarès. Mais c’est pas pour ça qu’ça changera pas un jour. Et ce jour-là, ça pourrait avoir des conséquences pour un capitaine déjà en place. Même pour Conrad Stackborn. J’ai pas débarqué tout d’suite parce qu’il savait qu’il risquait rien dans l’immédiat, et parce qu’il voulait pas m’lâcher au milieu d’nulle part. Ptet parce qu’il avait des plans, aussi. Il m’a parlé de vaisseaux qui pourraient m’aller, du Rheingold, de l’Albatros, de la Salamandra, de bonnes raisons d’y aller. J’ai pas décidé. Ca sera sûrement au caprice du moment… au premier que j’vois, si j’trouve pas mieux avant, et au feeling avec le capitaine.

Donc voilà. Ca fait quelques temps qu’on a eu cette discussion, et ça y est, c’est décidé. Prochaine escale à Tortuga, j’débarque. Comme avec ma Flamme Exaltée j’peux m’payer le luxe de choisir ma prochaine maison volante, en attendant l’Occasion, j’me prendrai un peu des vacances.

Mais j’vais pas traîner longtemps à terre.

J’veux pas m’éteindre.
Caractéristiques
20 PA - 3000 PE
Flamme Pirate : Exaltée

Talent : Broderie

J’ai passé tellement de temps avec un tambour à broder dans les mains que même après douze ans sans y toucher ou presque j’serais encore capable de te faire des fleurs au ruban de soie. C’est long, chiant, et super joli. Mais ça sert à rien.

Désavantage : Loi de Murphy

Avantages :

• Flamme Exaltée (5 PA)
• Charismatique (5 PA)
• Versatile (5 PA)
• Animal de compagnie (0 PA) - Bigoudi, sna’tanhìtsyìp


Domaines d'expertise :

• Mensonge - Initié
• Combats au corps à corps : armes blanches - Initié
• Acrobatie - Initié
• Séduction - Habile
• Vigilance - Habile
• Larcin - Habile
• Furtivité - Habile
• Théâtre - Habile
• Sécurité - Habile
Le joueur
Mod - 26 ans
• Double compte ? Si oui, listez les comptes précédents : Seik'el Iyeywi - Wynnstan Searuweard

• Comment avez-vous connu le forum ? Il paraît qu’une paire de zyeux en plus ça fait jamais de mal...

• A quel rythme répondez-vous généralement ? Ca peut aller de trois fois par jour et par topic à une fois par mois en tout. Random.org c'est moi, vous voilà prévenus face

• Si vous aviez un changement à proposer sur le forum, ce serait lequel ? Calypsooo ! dehors

• Si vous quittez le forum un jour, vous préférez que votre personnage... disparaisse des radars et se trouve un nyamoureux avec lequel couler des jours heureux dans l'espaaace ! houray
Hannabeth Alvarez
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Hannabeth Alvarez
Capitaine de l'Albatros

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Corrections

Now some have died and some are alive. And others sail on sea with the keys to the cage, and the Devil to pay we lay to Fiddler's Green.

À modifier

Tout d'abord, bienvenue encore à ta nouvelle petite! Je t'ai déjà dit tout le bien que j'en pensais, ta fiche m'a fait rire autant qu'avoir une montagne russe d'émotions, sans parler de ton style d'écriture que j'adore. Bref, un grand bravo.

Maintenant, pour les petites corrections! Il n'y a qu'un point qu'on doit revoir avec toi, soit sa relation avec le Code de piraterie. Pour le petit rappel :
Flamme pirate a écrit:La flamme pirate est l'incarnation de l'essence de la piraterie qui veille au fond de chacun. Les valeurs associées à cette Flamme en Dorado sont : la liberté ; le Code ; l’argent.

Les Flammes exaltées sont donc l’apogée de ces trois principes. Ils ne sont pas nécessairement de fervents défenseurs du Code, mais ils le défendent un minimum et l'appliquent par idéologie. Pour être Flamme exaltée, Mod devra donc suivre le Code plus qu'uniquement par intérêt. Actuellement, la nuance que tu donnes nous semble un peu trop faible. Une simple reformulation devrait régler rapidement le problème^^

N'hésite pas à demander des précisions ou à poser tes questions si tu en as, nous sommes là pour ça !
Bon courage pour les modifications et n'oublie pas de nous signaler lorsque tu as terminé.  heart
Modestie Profitendieu
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Modestie Profitendieu
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Moh, j'suis super contente qu'elle t'ait autant plu et émotionnée redheart deadlyhug

Par de souci pour le Code, j'ai mis ça du coup :

J’aime pas les codes par contre. Le Code... c’est pas pareil. C’est plutôt une sorte de guide. Quelques règles logiques et pétries de bon sens, qui empêchent notre noble profession de basculer dans l’anarchie, la violence gratuite, le chaos et le… ouais bon d’accord, c’est aussi le truc qu’il faut respecter sinon couic. J’l’ai longtemps vu comme ça. Mais en fin d'compte, ce Code-là c’est plus d’avantages que d’inconvénients. Puis soyons réalistes, à part les règles essentielles que tout l’monde connaît personne en applique le quart de la moitié. Ce genre de Code, ça m’va très bien.

J'espère que ça ira bouhou
Gaël Diaz
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Gaël Diaz
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The seas be ours and by the powers, where we will we'll roam.

Je déclare cette fiche officiellement VALIDÉE !

Les modifs sont parfaite, alors va, petite chose mignonne et innocente :3

La prochaine étape, avant de pouvoir te lancer dans le RP, est d'aller créer tes sujets dans la gestion de personnages. Premièrement, tu dois poster ton Journal de bord. Ensuite, si tu es le créateur d'un vaisseau spatial, tu dois également aller poster ta Fiche d'équipage.

Si tu le souhaite, tu peux également venir poster une Petite Annonce pour trouver un partenaire de RP. Finalement, n'hésite pas à venir jeter un oeil aux Quêtes et animations en cours.

Toute l'équipe du staff restera toujours disponible pour toi si tu as des problèmes demandes ou questions, alors n'hésite jamais à nous contacter. Bref, bravo pour ta fiche et bienvenue encore parmi nous.

De la part de toute l'équipe, nous te souhaitons bon jeu !
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