Toi, moche et sauvée

Si tu ne comptes pas répliquer, tu n'en reste pas moins sur ton avis. Les étoiles pourraient bien avoir le meilleur foutu goût du monde, en leur qualité de boule de feu, personne irait se crasher dessus pour les bouffer. Sauf les suicidaires. Et encore.

Par l'Unique, c'est quoi ce sujet ?

Et c'est que ça l'énerve, en plus, la Doc ! Elle en tape le poing sur la table alors que tu l'observes, sourcils haussés... Mais ce petit éclat semble la gêner alors qu'elle laisse tomber un rire.

- Vous ne me ferez pas changer d'avis pour ce coup, mais il est certain que ces courses ont été une véritable catastrophe pour ce système. Dorado n'en avait vachement pas besoin.

Tu ne te sens pas comme un envahisseur en soit. T'es né ici, fruit de plusieurs générations de colons. Dorado, c'est chez toi et tu n'as même jamais mis le pied à l'extérieur de ce système. Ça ne t'intéresse même pas.

Tu l'écoutes te parler des plantes qu'elle compare tout bonnement à des gosses... En espérant quand même que ces derniers crèvent moins facilement quand même.

- Possible, mais pas idéal. Et Renaissance, faut se méfier un peu des plantes et des animaux, c'est dans ce sens-là. Vaux mieux pas trop s'y perdre sans bien connaître. Les autres planètes... Faut surtout des dispositifs précis pour y aller sans crever.

Et la piraterie est ce qu'elle est, on se voilera pas la face!

Je lui fais un petit sourire gênouillé. Je me suis peut-être un peu emportée, ah ça oui... C'est que, j'ai bien vu ce qu'ils font à la belle Renaissance, avec leur technologie et leurs bâtiments, et leur béton. Mais je sais bien que Monsieur Loukian n'y est pour rien du tout, ah ça non !

- Ca dépend, ça oui. C'est aussi ben comme nos petits compagnons à poils ou à plumes qui vivouillent à bord de vaisseaux dans l'espace galactique. Ils viennent de la terre ferme, de Renaissance ou bien d'ailleurs, mais sapristouille, avec de l'amour et des soins, ils sont carafouetouillement bien là où ils sont !

Moi, je rigolouille un peu.

- J'pense pas bien qu'il faille se méfier des plantes et des animaux, vous savez. On se méfie des autres parce qu'on ne les connait pas, ça oui. Y en a ben qui sont dangereux, mais les hommes, les pirates, les autres, ils sont aussi dangereux, ça oui. Même plus parfois, parce qu'ils sont souvent plus agressifs que nos amis des forêts de Renaissance, ah ça oui ! Il faut bien apprendre à connaître son environnement, et être gentillou avec ce qui nous entoure !

Tu hausses légèrement les épaules alors qu'elle t'offre un sourire qui semble un brin gêné. Boah, elle peut bien s'emporter si elle veut, c'est pas toi qui vas le lui reprocher. T'étais quand même en train de te battre contre des cons il y a pas si longtemps.

- Vaux mieux bien traité dans un vaisseau que maltraité sur une planète.

Et l'Unique seul sait ô combien il y a de bestioles ou de gosses qui ont vachement pas eu de chance à ce niveau.

- Vous soulevez le point : Faut connaître. Hors, c'est pas tout le monde qui connaît et qui se passionne pour les plantes et les bestioles de Renaissance. Et à ce moment, vaut mieux se méfier que de bouffer n'importe quoi ou d'approcher n'importe quel animal au risque d'avoir de mauvaises surprises.

Tu te passes machinalement la main contre la nuque.

- Et pour le coup, c'est probablement pas si mal que certains hésitent à aller mettre les pieds dans les forêts de Renaissance.

- Tout le monde n'est pas bien traitouillé dans tous les vaisseaux, ah ça non ! On en a ben vu, des vaisseaux avec des dizaines et des dizaines d'esclaves à l'intérieur... Mais je crois que vous avez bien raison, ah ça oui ! L'important, c'est de bien être là où on est, et puis... De rester vivants ? Oh, oui ! C'est bien ça, de rester vivant !

J'hoche la tête, convaincue par mes parolinettes, et souriante.

- Il y a déjà des tours touristiquinets dans les forêts, mais heureusement, ils vont pas encore bien bien loin ! Mais suffisamment pour qu'on sache bien qu'ils sont là, ah ça oui ! J'imagine bien que ces forêts sont la même chose que les salles des machines dans un vaisseau ! Pour quelqu'un qui s'y connait, ça se passe très bien, mais il vaut mieux pas s'y aventurer sinon !

Tu grimaces légèrement en l'entendant. Ah ça, oui, t'es pas à ton premier vaisseau esclavagiste abordé. C'est même plutôt malaisant, en sachant que ce sont ceux de ta faction d'origine qui perpétue de tels actes. En même temps, ça t'aide d'autant plus à te détacher de la trinité, et même de façon encore plus marquée qu'après tes cinq ans pour l'UC. Quant à rester vivant. C'est une base, même si tu vois bien que les pirates ne font pas toujours de vieux os, loin de là. Pour le moment tu t'en tires bien, à voir si ça continue comme ça.

- Les esclavagistes méritent bien de se faire aborder, si vous voulez mon avis. On joue pas avec la liberté humaine, ça ne le fait pas. Et là-dessus, t'es ferme et convaincu. J'imagine que le concept de garder en vie régie pas mal de vos interventions, l'air de rien. Les abordages peuvent être vraiment meurtriés.

Quant aux touristes...

- C'est peut-être pas si mal, les petits tours touristiques pour informer un peu les gens. Après si ça donne l'impression qu'ils le font en bulldozer...

Oh bah ça, c'est bien intéressant ! Nous on sait bien que les pirates de l'espace sauvent bien des gentinous qui sont esclavagisés, ah ça oui !

- Oh bah oui, on est bien d'accordinou avec vous, ah ça oui ! Mais... Dodu et moi, on aime pas bien la violence. Peut-être ben que notre plus grand problèminet, c'est bien que Dodu et moi, on voudrait pouvoir sauver tout le monde, ah ça oui. Une vie est une vie, et on pense pas bien que des hommes ou des femmes méritent de vivre plus que d'autres hommes ou d'autres femmes. C'est bien compliqué, quand on est censinés être dans un campou, et qu'on ne doit pas sauver nos "ennemis". Parce que Dodu et moi, on est les ennemis de personne, ah ça non non non !

Moi j'hochouille la tête. Ca me brisette le coeurinet, à chaque fois que je ne peux pas sauver quelqu'un, ah ça oui !

- Quant à vos p'tits tourinets touristiquounets, oh bah oui, ça peut être bien, pour apprendre à nos petits jeunes à respecter la forêt et les animaux, et les plantinettes ! Mais bien souvent, on a des accidentinous, et je ne crois pas que ça ait réduit le nombre d'attaque sur les habitants de la forêt, et ça, ça m'embêtouille. Je sais bien que les trinitaires ne sont pas bien méchants, ah ça non !

- J'pense que c'est une façon de penser normale pour un doc.

Que tu ne partages pas, mais elle doit s'en douter. T'as pas l'impression que tout le monde mérite vraiment de vivre, vu les actions de certains, mais tu ne tiens pas à t'engager sur cette pente glissante avec Billy. Tu hausses un sourcil devant ses paroles, quant aux trinitaires pas bien méchants, ricane légèrement.

- Les trinitaires sont généralement aveuglé par leur foi. Pas méchants, mais manipulés et fanatisés. Et c'est dangereux.

Et tu ne peux pas ignorer ton sors peu enviable si jamais la trinité te mettait la main dessus.

Moi je hochouille la tête.

- Oh, ça oui que c'est dangereux, la trinité. Oui, oui, oui, bien sûr... Mais pas tous, pas les enfants. Pas les femmes, parfois, et... Pas certains messieurs.

On en a bien vu, des hommes charmants et altruistes, on en a vu... C'est bien ce qu'on se répète, même si on en a vu des horreurs, on en a bien vu... Je sens que ma jambinette trop courte commence à s'engourdir un poilinet.

- Dites Monsieur Loukian, que diriez-vous d'aller marchouiller un petit poil en compagnie d'une médecin et de son assistant ?

Ca va nous faire du bien, ah ça c'est sûr ! Je massouille ma jambe, et puis en attendant qu'il répondouille, je réfléchis aussi, et puis je relève la tête, finalement.

- Vous savez Monsieur Loukian, Dodu et moi, on a soigné quelques fois dans des couvents et puis dans des officines sacrément pauvrounettes. Là où y a bien toute la misère du monde, ah ça oui ! Vous avez déjà regardé la misère du monde dans les yeux, Monsieur Loukian ?

Moi je le regarde dans les yeux, je suis vraiment curieusinette de connaître sa réponse.

Tu hoches légèrement du chef à son affirmation, qui bien qu’un brin hésitante, n’en est pas moins vrai à tes yeux. Tu es né et as grandit à Paradis, t’es bien placé pour savoir que tous ne sont pas à mettre dans le même panier. Mais quand bien même, trop de choses se produisent.

Tu vas pour lui répondre, mais sa proposition te prend au dépourvu même si tu n’hésites guère avant d’accepter.
… Du moment que les poils sont pas au menu.

- Oui, bien sûr. Pourquoi pas. Vous avez un endroit en tête ? Et ne m’appelez pas Monsieur. Loukian, c’est très bien.

Sa jambe semble douloureuse, vue comment elle la masse et tu prends le parti de te lever pour partir, ayant déjà réglé tes consommations au fur et à mesure.

Enfin, c’était ton attention jusqu’à ce qu’elle vienne chercher ton regard pour te poser pareille question. Tu marques un net temps d’arrêt, sans te détourner d’elle. Fronce légèrement les sourcils. Tu te rappelles un petit esclave décharné au regard si différent du tien croisé dans une ruelle quand tu étais toi-même enfant. Tu te rappelles aussi certains mendiants quémandant la moindre miette de pain. Tu te rappelles ces esclaves qui pensent ne plus jamais s’appartenir récupérés dans des fonds de calles immondes. Et d’autres. Parce que ta vie, même si tu t’y plais et y trouves ton bonheur, louvoie au travers des malheurs de d’autres.

- Je pense ne l’avoir vu que de loin.

Je réfléchinouille à l'endroit où on pourrait bien aller, Monsieur Loukian et moi. C'est que, je connais pas bien Tortuga non plus, et puis je m'éloigne pas bien du port, d'habitude. Alors je lui souris, et puis je me lève, avec Dodu et nos sacs.

- Mmmh... Non, je connais pas bien tout ce qui nous entourouille. Mais peut-être qu'on peut aller dans des quartiers un peu moins visitouillés ?

Et puis je souris un peu plus tristouillement, quand il dit qu'il a vu la misèrounette que de loin. Je commence à marchouiller vers la sortie.

- De loin, la misérounette est laide et pas bien agréable à regarder. Mais de près... De près c'est bien pire, encore. Tout ces bidulounets qu'on peut voir, sont bien dérangeant et parfois, c'est pas facilou de pas fuir en courant quand on voit certaines chosinettes. Et sauvouiller ces gens, c'est très importantinet, à nos yeux. Tous ceux que les autres médecins regardouillent pas forcément, parce qu'ils ont pas bien de quoi être payés, et que soigner, ça peut coûter bien cher parfois, ah ça oui...

J'hochouille la tête, un peu sombrinette.

- Est-ce que vous tueriez une famillette qui paraît pas très gentille, mais qui souffre de cette misère là ?

- Ok. On va se trouver quelque chose, alors. C'est pas un soucis.

Tu l'accompagnes en l'écoutant, silencieux. Faut dire que ça demande de l'effort par moment de suivre avec les mots qu'elle déforme à qui mieux mieux. Et la question te fait grimacer un coup. Punaise, c'est que la Doc, elle est bien décider à te déchiqueter le cerveau en réflexions et dilemmes complexes ! Vous avancez dans la rue quelques mètres avant de soupirer.

- Dis comme ça, non. Sauf qu'en vrai, ça dépend de la situation, de qui est impliqué. La misère, ça peut pousser à pleins de trucs. Après, de là à tuer toute une famille, je vois pas trop comment ça pourrait arriver. Je suis un pirate, pas un meurtrier sadique.

Tu grimaces, t'allumes une clope sur laquelle tu tires, peu soucieux des tiraillement que ça provoque sur les points à ta lèvre.

- Vous avez de sacrées questions, Billy. Et vous avez l'air d'être une sacrée bonne doc. Le genre qui soigne n'importe qui. Tiens, vous soigneriez quelqu'un qui aurait fait du mal à Dodu ?

Oh, faut bien que tu lui relances un peu la balle, tu vas pas être le seul à te triturer les neurones.

Nous sortouillons et nous commençons à marcher dans les rues. Moi je souris bien.

- Je suis bien d'accordinou, ah ça oui ! Dodu et moi, on est des pirates de l'espace, mais on ferait pas de mal à une mouchinette ! Et je suis bien contente que les pirates ne soient pas forcément des fous sanguinaires, ah ça oui !

Moi je suis un peu surprisounette par la question, et je réfléchouille quelques instants avant de répondre, en regardounant Dodu. Je finis par sourire et hocher la tête.

- Oui, je le soignerais. Vous savez, il y a deux Billy Jenkins. Il y a la personnette, celle qui vous parlouille en ce moment, et il y a la médecin. Quand on fait un métier comme le mien, on est bien obligeounets de faire une séparation entre les deux. On voit bien trop de chosinettes horriblounettes. Oui, horriblounettes, ah ça oui ! Moi en tant que personnette, je serai bien triste qu'il ait fait du mal à Dodu, et en colère, ah ça oui ! Mais est-ce que ma colèrinette justifie que je le laisse mourir ou souffrir ? Ah ça non. Non, non, non.

Tu t'es pas engagé dans la piraterie pour tuer, même si c'est indubitablement quelque chose que tu te retrouves à faire lors des abordages. Ça serait bête pour l'équipage de se priver de tes capacités lorsque t'as une épée à la main, mais ton truc à toi, c'est la mécanique. Tu pourrais très bien t'en contenter. Oh, pas que tu n'apprécies pas l'ivresse du combat, l'adrénaline qui bouillonne dans les veines alors que tu partages quelques échanges avec un adversaire, mais ton plaisir n'a rien à voir avec le décès de l'autre.

Tu fais ce qu'il faut, ce qu'on t'ordonne et tu veilles à préserver ta vie.

C'est la liberté qui t'a mené jusqu'aux terribles vaisseaux pirates et tu ne te verrais guère dans un bâtiment marchand, ou pire, militaire.

Tu continues d'avancer avec Billy et Dodu en les écoutant, les guidant au passage vers une rue plus tranquille où tu sais qu'il y a plusieurs établissements sympas pour se restaurer.

- Je suis pas comme ça. Si une personne faisait du mal à une autre auquel je tiens, je le laisserais se démerder tout seul. C'est pas plus mal que je sois pas doc.

Je l'écoutouille et je dois bien avouer que je rigolouille un peu. C'est bien vrai que tout le monde ne peut pas être médecin, ah ça oui que c'est vrai !

- Vous savez, tous les médecininets ne sont pas bien aussi prêts à faire ce genre de chosinettes, ah ça non. Il y en a bien qui sont aussi attirouillés que par l'argentinet, ou bien qui ne veulouillent pas vraiment sauver les autres, ah ça oui ! Il y a des mauvais praticiens partout, ah ça oui !

Je ne sais pas bien où on va, mais Monsieur Loukian semble savoir, et ça me suffit, ah ça oui.


- Moi je pensouille bien que Dodu et moi, on pourrait pas bien être mécaniciens, ni rien de tout ça, ah ça non ! Même si on s'intéressouille beaucoup à la mécaniquounette pour les prothésinettes, ah ça oui ! Mais c'est bien des vocations, on fait pas tout ça par hasard, pas vrai ? Comment est-ce que vous êtes devenus mécanicien, dites ?

Ça à le mérite de la faire rire. Tu l'écoutes, sans avoir de mal à croire ce qu'elle t'explique. Un sourire en coin se glisse sur ses lèvres quand elle te dit qu'elle pense pas qu'elle pourrait être mécanicienne avec Dodu. Oh, la théorie comme la pratique, ça s'apprend. L'envie et la volonté de soigner les gens peu importe qui et ce qu'ils font, c'est une autre paire de manche.

- Comme il y a de mauvais mécano, de mauvais pilotes et de mauvais capitaines, oui.

Tu marques un temps d'arrêt avant de répondre, déjà parce que tu lui ouvres la porte d'un établissement déjà plus tranquille que celui d'avant où une bonne odeur de nourriture vient déjà vous effleurer le nez.

- Après vous.

Tu les laisses passer avant de refermer la porte derrière toi pour aller vous poser à une table vide, attirant l'attention d'une serveuse qui s'approche déjà.

- Quand j'étais petit, je voulais travailler sur les chantiers navals pour participer à la construction des vaisseaux. Finalement, je me suis retrouvé à m'engager dans un équipage pirate et comprendre comment les vaisseaux fonctionnaient, ça m'a intéressé directement. Surtout ce qui a trait à la mécanique. J'ai assez traîné de ce côté-là pour qu'on veule bien me faire participer et m'apprendre. J'ai encore énormément de chemin à faire, mais ça ne me lasse pas. Et vous ? La médecine, ça vient d'où ?

On finit par arrivouiller dans une taverne qui a l'air bien tranquillounette, et avec une délicieuuuuuse odeurinette qui fait couler de la bave de la bouche de Dodu. Moi aussi, ça me met bien l'eau à la bouchinette, ah ça oui ! Olalaaaaa, ça a l'air bien boooon ! On remercie Monsieur Loukian avant de rentrer, et puis on va s'asseoir à une table. L'endroit est tranquille et proprinet. Et puis on l'écoutouille nous parler de sa vocation, et de son parcours.

- Woaaaah ! C'est bien les vaisseaux qui vous passionnent depuis toujours ! Je trouve ça bien beau ces intérêts là, ah ça oui ! C'est bien beau qu'on ait toujours des trucinous à apprendre. Si on pense qu'on sait tout, on arrête de progressouiller, et c'est bien tristounet, pas vrai Dodu ?

Et puis je souris bien quand il me demande d'où vient ma passionnette pour la médecine.

- Je ne sais pas bien d'où ça vient... J'ai toujours voulu aider les autres et pouvoir sauver des vies, ah ça oui ! Et puis j'ai eu bien de la chance de pouvoir apprendre la médecine ailleurs qu'en Dorado, et je suis revenue ici quand mon papa est tombé malade. C'est après que j'ai rencontrouillé Dodu et que j'ai commencé à me faire une petite réputation en Dorado. Et je suis là aujourd'hui !

- Les vaisseaux sont fascinants. C'est dingue que des masses si lourdes contenant autant de gens, de vives, de matériel, puisse décoller du sol pour rejoindre l'espace et le parcourir. Le tout est possible grâce à une technologie tel qu'il y a matière à se demander à quel moment quelqu'un a bien pu penser à ne serait-ce qu'inventer tout ça. Et puis il y a des vaisseaux, surtout pirates, qui semblent tellement incapables de décoller. Et pourtant, ils le font, encore et encore !

T'es en train de t'emballer, même que tu mets quelques instants à le remarquer, ricanant en frottant le bord de ta mâchoire avec tes jointures.

- C'est louable de vouloir aider et sauver des vies. J'en suis jamais sortie, c'est comment en dehors de Dorado ? Et j'espère que votre père se porte mieux.

La serveuse sort son calepin et son crayon, attendant votre commande. Tu te contentes du menu du jour qui vu l'odeur qui traîne, devrait fort bien te convenir.

- Oh que oui, je trouve bien ça impressionnant, moi aussi, oh que oui ! J'ai bien souvent fait l'anologeouillie entre un vaisseau et un corps ! Je trouve bien ça impressionouillant tout ce qu'on peut faire avec nos corpinous, oh ça oui ! C'est comme des petits vaisseaux aux engrenages bien huilés, huhuhu !

Moi je souris bien, et je souris encore à sa question. Mais avant de lui répondrouille, je commande comme lui, deux plats du jour, un pour moi et un pour Dodu.

- En dehors de Dorado c'est... Différouillant, je dirais. C'est bien plus riche, et bien moins misérouilleux, mais les gens ne sont pas tous plus gentinous, ah ça non ! J'ai bien aimé, mais j'étais aussi bien contentinette de revenir ici, ah ça oui ! Mon père s'est remis de sa maladie, ah ça oui ! Aujourd'hui, il est encore en pleine forme, et c'était y a déjà plus de douze ans tout ça, oh ça oui !

L'analogie entre les vaisseaux et les corps est plus que pertinente, quand bien même tu n'y avais pas pensé. Tu l'écoutes avec intérêt avant de t'intéresser d'autant plus à ce qu'elle te raconte ce qu'il y a en dehors de Dorado. Moins de misère, mais pas plus de gentils. Comme quoi.

T'as pas non plus vraiment envie de sortir de Dorado. C'est chez toi, ici, et l'air de rien, ça te semble déjà fort vaste. Et de ce qu'il paraît, il ferait pas bon être pirate en dehors d'ici. Tu risques déjà la corde ici, tu vas pas aller te pointer dans un coin où tu y seras presque automatiquement pendu.

- Je vois. C'est intriguant, mais je pense pas un jour découvrir tout ça. Dorado occupe déjà pas mal. Tant mieux pour votre père. Il s'est bien remis.

La serveuse passe porter des verres d'eau et t'en profites pour commander une bière, laissant tes compagnons de table voir à leurs propres consommations. En attendant, tu prends une gorgée d'eau qui à le mérite d'être fraîche.

- Vous êtes ici pour longtemps, ou votre escale tire sur sa fin ?

T'as hâte de retourner dans l'espace. Si t'avais plus trop espoir de trouver un environnement potable, le Courant semble porteur de meilleurs augures, mais tu restes encore sur tes gardes. T'as connu trop de ratés et t'en sors lassé. Qui sait, c'est peut-être le bon, avec ce capitaine qui semble n'avoir de pirate que le nom.

- Oh oui, c'est bien intrigouillant, je suis bien d'accord ! J'avais de la famillette là-bas mais... Vous savez, les enfants et les adolescents sont méchants entre eux, ah ça oui. Avec mon apparençounette physiquounette, j'ai eu bien des soucis... Mais ça m'a permis de faire la connaissouillance du meilleur chirurgien de là-bas, alors vous savez ! Y a plein d'opportunités partout dans la vie... Et puis au final, je suis revenue ici, parce que Dorado a un petit côté spécialinet qu'on peut pas bien nier, ah ça non. On s'y attache à tout ça, au mode de vie, aux gens, à l'espacinet, à Tortuga et au restinou... A Renaissance, aussi et surtout. Oui, c'est bien difficilinet de faire comme si ça n'existouillait plus.

Et puis je souris bien.

- On devrait repartir bientôt, ah ça oui ! J'espère que notre prochaine escalette sera sur Renaissance. J'ai bien des chosinettes à y faire, oh ça oui... J'ai une maison là-bas, vous savez. Dans la junglinette. C'est là-bas que j'habitais, avant que Dodu et moi on devienne des piratounets de l'espace. Vous avez une maison en dehors de votre vaissounet, vous ?

Pas besoin de sortir de Dorado pour que Billy se fasse embêter sur son physique, t'en a déjà eu la preuve, mais tu imagines sans mal les soucis qu'elle a pu avoir face à des plus jeunes. Sans parler que tu comprends fort bien l'attachement qu'elle peut avoir pour cette galaxie, tu l'as toi aussi et rien ne semble assez bien en dehors pour t'y pousser.

- Je comprend. Je vous le souhaite, pour Renaissance. Je n'ai pas de maison par terre ou quoi que ce soit. Je vois pas tant l'intérêt alors que j'y vivrais si peu. Ça vous inquiète pas qu'il puisse arriver quelque chose quand vous n'êtes pas là ? Genre qu'on la saccage, qu'elle brûle, ou autre ? Perso, ma cabine partagée me convient très bien, j'ai pas besoin de plus pour le peu de temps que j'y passe.

J'haussouille les épaules.

- Oh bah ça non ! J'ai rien de trop précieusiné dans ma maison, à part mes plantinettes qui poussent bien toutes seules dans leur milieu naturellinet, ah ça oui. Ca fait bientôt quinze annéeninettes que je l'ai, cette petite maison. Et puis si elle venait à être détruitounette, eh bah ce serait comme ça, et puis tant pis ! On n'y peut pas grand chose, alors ça sert bien à rien de s'en inquiéter, ah ça oui !

Et puis je souris bien.

- Vous devez être un bon travailleurinet, alors ! Je crois bien que les capitainous aiment pas trop qu'on passe beaucoup de temps dans sa cabinette, ah ça non ! Dodu et moi, on a une cabine à côté de notre infirmerie, à bord du vaisseau. Alors on y passe beaucoup de temps, sauf quand on est à terre. L'important c'est bien qu'on ait pas besoin de nous chercher si jamais il y a une catastrophette !

C'est à ton tour de hausser les épaules devant ses dires... Avant de sourire en coin et de rire légèrement en l'entendant estimer que t'es un bon travailleur.

- Je sais pas, si j'avais une maison, je pense que ça m'emmerderait grave qu'elle soit détériorée ou que quelqu'un rentre même si j'aurais rien de particulièrement précieux dedans. Et j'aime vraiment mon travail, donc ça me gêne pas d'y passer un max de temps. J'apprends de nouveaux trucs et c'est génial.

La serveuse revient vers vous en posant des assiettes fumantes devant vous, en plus d'une bière pour toi, tu la remercies avec un léger sourire auquel elle répond avant de retourner au travail. Tu prends le temps de prendre une bouchée, brûlant, mais délicieux.

- Hmm. L'odeur mentait pas. Et c'est sûr qu'il faut pouvoir vous trouver facilement s'il arrive un accident.

Je souris bien aux parolinettes de Monsieur Loukian.

- Oh bah ça, je comprends bien ! C'est que, c'est bien vrai que j'ai passé du temps à construire tout ça ! C'est pas bien grandinou, mais c'est mon chez moi. Mais j'ai bien confiance quand même. Elle est dans un endroinou où elle est bien protégeouillée.

J'hochouille la tête.

- C'est bien le plus importouillant, d'aimer son travaillinet et de pouvoir y passer beaucoup de temps sans en souffrir, ah ça oui ! Dodu et moi, on adore apprendre aussi dans notre domaininet. En ce momentinou, on voudrait bien apprendre plus sur la réparation cybernétiquounette. C'est un peu de la mécaniquinette aussi, même si ça doit être très différentinet de ce que vous faites ?

Et puis on nous apportouille nos platinets, et l'odeur sent bien bon, oh ça oui ! Je flairouille la bonne odeur.

- Mmmmh ! Ca a l'air bien bon, pas vrai Dodu ?

Un long filet de bavinette coule de la bouche de Dodu. Moi ça me fait bien rire.

- Bon appétit Monsieur Loukian ! On a bien mérité ce petit repanou, ah ça oui !

- Ça aide, alors. Si c'est pas dans un coin trop à risque.

Tu hausses un sourcil. Ah bah ça, t'y connais vachement pas grand chose en prothèses cybernétiques même si le sujet à le mérite d'être fort intéressant.

- Ouais, c'est plutôt différent. C'est mécanique, mais le fait que ça soit connecté sur une personne, ça change pas mal de trucs. Pour le coup, j'y connais pas grand chose, mais de nos jours, c'est une technologie vachement pertinente. C'est un avantage de s'y connaître vu comment les gens perdent des bouts à droite et à gauche.

Dodu à l'air de trouver ça bon, ça oui. Tu bronches pas, mais tu tiens pas à le regarder baver partout pendant tout ton repas. Tu te concentres à nouveau sur Billy. Pas que le spectacle soit plus agréable, mais tu perçois une gentille femme derrière son faciès ravagé et elle est de discussions intéressantes contrairement à son acolyte que tu ne comprends absolument pas.

- Bonne appétit !

Tu manges, bois de temps en temps une gorgée de bière.

- Vous voulez apprendre la cybernétique dans les livres, ou vous comptez vous trouver un expert en la matière ?

On mangeouille Dodu et moi. Il a l'air de bien trouver ça bon, ah ça oui ! Et il avait très faim, je crois bien. J'écoute bien monsieur Loukian qui me parle de la différencinette entre la mécaniquounette qu'il fait lui et puis la réparation cybernétique, et j'hochouille la tête.

- Oh bah ça oui ! C'est bien frustrounant, quand je dois soigner quelqu'un qui a des prothèses cybernétiques et que je sais un peu comment y touchouiller mais pas vraiment, ah ça oui ! J'ai déjà quelques connaissouillances de basinette, à force de voir des monsieurs et des madames avec des bouts en moins, comme vous ditounes. Mais j'aime bien vraiment savoir ce que je fais, ah ça oui ! Les erreurs médicalounettes, c'est pas bien possiblou.

Et puis je souris bien.

- Je veux devenir la meilleure médecinette possible, pour pouvoir aidouiller les gens autant que possible. Alors j'espère bien pouvoir apprendre avec un vrai professeur. Je connais plusieurs prothésistounets, qui peuvent bien m'apporter plein de connaissancinettes. Et de mon côté, je vais continouiller à lire des livrounets pour apprendre. Mais je crois bien que vous serez d'accordinou avec moi si je vous dis que le meilleur moyen d'apprendrouille ces chosinettes-là, c'est bien de pratiquer, ah ça oui !