Caractère
Rosalinde n'est pas tendre. Rosalinde est sûre d'elle, ambitieuse, déterminée, audacieuse. Rosalinde n'est pas bienveillante. Ni empathique, ni même affectueuse. Elevée dans l'optique de poursuivre la tradition familiale, l'amour, la tendresse, le partage n'ont pas été au centre de son éducation. L'amour ? Le romantisme ? Des boulets encombrants. Se lier à un être n'est pour elle que l'affaire d'une nuit, sans lendemain. L'amour la rend froide, distante, abrupte. Les sentiments tendres ne sont pour elle que des distractions inutiles. Rosalinde est ardente, passionnée, enflammée. Mais en aucun cas amoureuse.
Combative, compétitive, intransigeante, Rosalinde s'est toujours donnée pour être la meilleure. Ne se pardonnant pas le moindre écart, pas la moindre imperfection. Sa mère s'en est assurée. Au fil des années, la part de rébellion qui sommeille en elle s'est éveillée, la sortant de l'emprise qu'avait sa mère sur elle. Rosalinde reste rigoureuse dans ses actes alors qu'elle se libère, découvre la vie hors des murs de la grande maison familiale. Rosalinde reste l'une des meilleures de ses classes, malgré ses nouvelles occupations.
Loyale, Rosalinde n'a qu'une parole. Ses capitaines n'ont que d'éloges à son propos. Brave, courageuse, tenace. Des termes qu'ils usent souvent à son sujet. Rusée et débrouillarde, elle fait vite parler d'elle dans l'équipe d'abordage. Elle semble sans peurs, indestructible, mais tout un chacun possède des faiblesses. Bien qu'elle les dissimule du mieux qu'elle peut, elles sont réelles. Elle est directe, réaliste. Et bien souvent, se retrouve à blesser les gens autour d'elle, car beaucoup trop sincère. Sa tare ? Être rancunière. Rosalinde n'oublie jamais, Rosalinde ne pardonne jamais.
Rosalinde ne sait pas ressentir. Ses émotions, parfois, elle ne les distingue pas. Il est difficile pour elle de comprendre la subtilité des sentiments doux, amoureux, attendris. C'est un terrain glissant qu'elle n'a jamais exploré, dont elle a peur. Pour elle, il est inutile. Un frein à ses ambitions. Et pour cette raison, elle peut parfois être dure. Et dépasser les limites sociales, blessant quiconque se trouverait sur sa route.
Que pense-t-elle des pirates ? Une tare à pourchasser. Le système Dorado ? Rosalinde y voit un potentiel, bien qu'elle sache que ce système soit mal vu de tous. Les gens ici sont combatifs, forts, têtus. Elle pense qu'il a du potentiel. Pourtant, elle n'a pas la volonté d'en faire quoique ce soit. Ses seules aspirations actuelles sont de s'éloigner des griffes de sa mère.
Histoire
Père d'origine trinitaire ayant fuit la trinité pour trouver refuge dans la Légion de l'Union Corporatiste.
Mère originaire de Valenos à l'impressionnante carrière en tant qu'officier de la Légion. Capitaine de l'Aconit. Venue en Dorado pour exterminer la vermine.
Comment aurais-je pu me soustraire à un avenir militaire ? Mes parents sont durs. Exigeants. Intransigeants. Et ne m'ont jamais laissé le choix. Fille unique, j'ai ressenti cette pression de l'excellence très tôt sur mes épaules.
Mon père a passé plus d'une dizaine d'années dans la Légion, il y a rencontré ma mère. Si belle, voluptueuse, enivrante. Exaspérante. Comment en est-il tombé raide dingue ? Regardez-la. Son regard hurle la perfection. Admirée, courtisée. Son choix s'est porté sur mon père. Il est comme elle. Rigoureux, coriace, audacieux. Dès qu'il a obtenu sa citoyenneté, le mariage a été célébré. Quelques années plus tard, un enfant.
Me voilà. Enfant désiré.
Je n'ai jamais été le fruit de l'amour, je le sais. Et je m'en fous. Jeune déjà, je devais filer droit, obéir aux consignes. Aux ordres. Ne vous fiez pas aux apparences ni aux dires, mes parents ne sont pas cruels. Mes parents ne sont pas insensibles. Leur enfant, ils l'aiment, à leur manière, et veulent le meilleur pour lui. Mon père a toujours été plus doux que ma mère. Je n'ai pas été un accident de parcours, ils me désiraient. Un seul enfant. Une légère déception quand à mon sexe, mais peu importe. Ils sont au-dessus de ça, ils m'aiment malgré leurs maladresses. J'ai décidé très tôt de les rendre fiers. Le regard d'un parent, pour cet enfant, est tout ce qui compte. Comptait. Tout est bien différent, aujourd'hui.
Je vivais à Hope, avec mon père. Ma mère, capitaine de l'Aconit, prenait soin de souvent poser pied à terre pour revenir à la maison. J'ai passé de nombreuses heures avec mon précepteur, un homme froid et exigeant. J'étais constamment observée, remise à ma place à la moindre erreur. Je me devais d'être parfaite, digne successeur de ma mère.
Je suis destinée à reprendre sa place.
Jusqu'alors, j'étais une petite boule de nerf et de pression. Ce n'est que lorsque mon père m'a tendu ce violon, un soir au centre du grand salon, que j'ai ressenti autre chose que les attentes familiales. Entre mes mains, je ne parvenais pas à comprendre la nature de cette chose. Ses mots furent bien plus pour moi qu'il ne l'imagine encore aujourd'hui. « Ma fille, un guerrier ne se doit pas seulement d'être dur comme la roche, il se doit d'arborer toutes les humeurs. La tendresse en fait partie. » Mon professeur a été doux, avec moi. Patient. Et plus j'en jouais, plus je ressentais ces toutes nouvelles passions dévorer mon âme. Hors mes exigeants apprentissages, la musique seule parvenait à calmer mon coeur ardent.
Lorsque j'ai eu l'âge requis, mes parents m'ont envoyé à l'école militaire. Et j'ai dû rompre tous mes liens extérieurs, j'ai perdu ces enfants qui furent autrefois mes amis. Selon les désirs de mes parents. Je me devais, moi, héritière de leur lignée, de donner de mon âme à l'honneur familial, de ne posséder qu'un but. L'excellence.
Quinze ans, lycée militaire. Mes parents m'y envoient, de grands espoirs en moi. Les regards des professeurs fixés sur moi, étant la fille de la célèbre Dame Rouge. Un surnom acquis par ma mère durant sa longue carrière militaire. Je sentis cette pression s'accentuer sur mes épaules, celle-ci même qui ne m'a jamais quittée du plus loin que je m'en souvienne. Trois longues années de travail acharné, je suis diplômée.
Dix-huit ans, je ne m'arrête pas. L'honneur de la famille, la dynastie de Villiers. J'entre en classe d'officier militaire. Ici encore, les regards se tournent vers moi, les attentes se font plus fortes encore. De mon nom, mes professeurs mettent la barre plus haute. Mes gênes me précèdent, ils voient en moi ma mère. Plus prometteuse encore. Deux longues années de travail acharné, je suis diplômée.
La passion me dévore, je ne vis que pour l'excellence et l'honneur familial. Le combat seul compte. Vingt ans. J'entre en spécialisation pilotage et combat spatial. Cette fois-ci, mon propre nom me vaut des regards appuyés. Je sors de l'ombre de ma mère, je ne suis plus qu'uniquement “la fille de“. Je suis Rosalinde. En trois ans, je deviens plus forte. Plus indépendante. Je muris, je grandis et je comprend. Je suis diplômée. J'obtiens mon grade de lieutenante. Avec l'excellence. Première en tous points.
Carrière : pilote tacticien.
J'entre en service sur le vaisseau de la Dame Rouge. L’Aconit. Fille du capitaine, je ne suis pas épargnée. Elle me malmène, plus que quiconque. Je ne m'attendais à aucune tendresse, je me suis engagée pour l'honneur seul. La fierté familiale. Et je commence en tant que pilote, elle ne me fait aucune faveur. Je dois gagner ma place. De moi, elle attend le meilleur. De moi, elle attend la perfection. Je dois me surpasser, c'est alors ce que je fais. Je veux la rendre fière. Lui rendre l'excellence.
Les années s'écoulent, j'obtiens ce pourquoi je me suis toujours battue. Nous pourchassions un navire pirate depuis des semaines, sans succès. L'Aconit écumait l'espace en vain. Et nous l'avons eu. La bataille fit rage, les morts se succédèrent. Des deux camps. Le maître d'abordage est blessé, il n'est plus en mesure de prendre la tête. Sans réfléchir, j'ai pris les devants, donné des ordres. Nous avons vaincu les pirates.
Je monte en grade, deviens maître navigateur de l'Aconit. Dans le regard de ma mère, je ne vois qu'un capitaine satisfait. Aucune fierté, pas la moindre émotion maternelle. Il m'en faut plus. Je me débat alors, chaque jour. N'en dors plus. L'honneur compte, mais plus que tout encore, la fierté de ma mère. Je veux la rendre fière. Être digne d'elle, de sa grandeur. Et plus tard, un autre éclat me démarque lors d'un ultime assaut contre notre ennemi le plus dangereux. Il échappe à ma mère depuis toujours. Et la rage de ma mère n'est pas sans raisons... Le capitaine du vaisseau pirate a éliminé son frère, devant ses yeux.
La victoire est nôtre, et devant ma mère, en plein combat, je me suis jetée sur le capitaine maudit. A bout de souffle, l'homme, d'une cinquantaine d'années, ne tenait plus la distance. Je l'ai eu à l'usure. Mort de ma propre main.
Mère me fait seconde de l'Aconit. Et dans son regard, je ne perçois rien. Elle me tend la main, la serre. Comme elle l'aurait fait d'un inconnu. Pas la moindre trace de fierté...
Tout s'écroule. L'enfant fasciné de sa mère comprend, l'enfant au épaules trop petites pour sa mère comprend. Parce qu'enfin, je vois clair, pour la première fois de ma vie, tout m'est évident. J'ouvre les yeux. Sur ce que je suis, mais plus que tout, sur ce qu'est ma mère. Jamais, jamais elle ne sera satisfaite. Jamais je ne la rendrai fière. Elle a voulu me façonner, à son image. Elle a voulu faire de moi le reflet de son miroir, au visage bien plus jeune. Identique au sien. Elle ne désirait qu'une copie d'elle-même.
J'ai vingt-neuf ans, je reste à son service en tant que seconde pendant deux longues années. C'en est trop. Son dédain, cette façon hautaine qu'elle a de m'observer. Aucune fierté, aucune considération. Je ne suis rien de plus pour elle qu'un soldat. Un membre de son équipage...
Je pose une demande de mutation. Nous sommes descendus sur Hope, tout est terminé. En plein milieu du réfectoire, devant l'équipage. Face à ma mère, sac sur le dos, je lui claque la porte au nez. Son regard fut pour moi la meilleure des récompenses, plus encore que les éclats de voix qui s'ensuivirent. Une dispute entre mère et fille. La première véritable relation familiale que nous échangeons. Rien n'y change, je pars.
S'ensuit une longue année où je m'engage sur un autre vaisseau. Je rentre souvent à la maison, aux côtés de mon père, chanceuse d'être en poste sur un vaisseau faisant beaucoup de haltes sur Hope. En colère, perdue, déçue, je me perd dans le streetfight à chaque descente. Jusqu'au jour où ma mère le découvre alors que nous ne nous sommes plus revues depuis cette dernière altercation. Elle m'a suivie, nous nous sommes chauffées. Battues. Bien sûr, elle a gagné.
Je désire m'éloigner plus encore, m'engage sur le Flare. Je ne veux plus être sa copie, quitte cette carrière identique à la sienne. J'ai trente-deux ans. J'entre sur le Flare en tant que membre d'abordage, je ne cherche pas plus que me battre pour me défouler. Pour ne pas frapper sur elle. Je refuse de trouver un poste plus haut gradé, bien que mon passé pourrait me le permettre. Je veux m'éloigner de ma mère. Ne surtout pas lui ressembler. Sauf que mes supérieurs en décident autrement, vous voyez, l’UC vénère l’argent plus que tout. La rentabilité et l’efficience sont des valeurs importantes. Donc ne jetons pas l'argent par les fenêtres, comme on dirait... Ils me font sous-officier, directement sous les ordres du maître d'abordage.
Pourquoi abordage ? Pour faire rager ma mère. Et parce que je me suis toujours entrainée, du plus loin que je m'en souvienne. Tenir mon corps en forme. Je ne me fis pas aux autres, je dois savoir me battre. Alors depuis toujours, je me suis entrainée. Quand je le pouvais. Je garde tout de même une dernière rancoeur envers ma mère... J'aimais ma carrière. Et elle a tout gâché.
Je ne m'implique pas, me contente de faire ce pour quoi l'on me paye. Je ne veux surtout pas attirer l'attention, bien que mon nom ne l'ait pas empêché. Celui de ma famille. J'ai eu beau l'en changer, l'on me reconnait. Je suis identique à ma mère. J'ai vu l'Albatros s'échapper des griffes du Flare pour redevenir pirate. J'étais présente à Vanguard lors de l'attaque mené par ces mutants, nous avons défendu la ville. J'ai assisté à la descente de Charley lorsque son second a pris sa place, après son échec évident. Mais jamais, jamais, je ne tente de briller. Ou de prendre un grade. Je refuse de devenir comme ma mère, de suivre sa voie. Je refuse d'être son successeur...
Je change de nom, prend celui de mon père. Chose rare par chez nous. Pour que l'on ne m'associe plus à ma mère. Que l'on attende plus de moi d'être son sosie.
Pour l'instant.