Née le jour de la fête de Rosalie, Tempérance grandit entourée de ses cinq sœurs et de son frère sur le domaine familial, une vieille ferme nommée Les Lumières aux abords de Port Salem. Quatrième enfant du Père Sage et de Madame Blanche Clairvoyant, la douce enfant passa plutôt inaperçue les quatre premières années de sa vie. Ses géniteurs commencèrent à s'intéresser à elle lors de sa septième année. Ils furent stupéfaits d’apprendre que leur quatrième enfant était l’une des premières de l’école paroissiale Luxfer de Port Salem. La chétive enfant, plus petite que la moyenne, à l’époque, adorait aller à l’école. Ses matières favorites étaient le chant et l’éducation religieuse qu’on lui prodiguait. Son enseignante favorite était Sœur Bellâme, car elle bénéficiait avec elle de quelques petits traitements de faveur, qui pour un enfant discret, venait apporter son petit lot de bonheur les jours où la joie était absente. Bien qu’elle soit souvent humiliée par ses camarades, elle s’estimait tout de même chanceuse d’avoir quelques amies proches, Belle, Ciel et Eden. Toutes quatre étaient en compétition pour réussir leurs classes et trouver un bon époux. Oui, un bon époux… Déjà à cet âge, Tempérance et ses amies rêvaient du sacrement de La Révélation. Elles étaient certaines qu’en étant studieuses, obéissantes et pieuses elles deviendraient plus rapidement des bonnes filles à marier.

En 103, la douce Tempérance commençait à gagner ses formes de femme. Elle était toujours si modérée et bonne, mais sa beauté semblait devenir plus sombre et glaciale. Deux de ses sœurs aînées étaient devenues Sœurs dans les ordres. Une autre attendait son troisième enfant et priait l’Unique de lui donner un fils. L’adolescente, pas plus âgée que ses quinze printemps, hésitaient quant au chemin qu’elle devait emprunter pour son avenir. Devant l’exemple que lui donner ses aînées, elle ne savait pas quoi choisir. D’une part, les grossesses de Constance l'émerveillaient et l’effrayaient terriblement. Porter la vie était un cadeau merveilleux que leur faisait l’Unique, mais sa pauvre sœur avait l’air d’en souffrir énormément. D’autre part, Prudence et Espérance bien qu’elles semblaient heureuses d’être entrées dans les ordres, semblaient avoir des vies très strictes au sein des couvents. Méditative, la jeune femme à en devenir enviait assez son frère, d’un an plus jeune qu’elle, qui n’avait pas de souci à se faire. Il avait devant lui un bel avenir dans de bonnes écoles et une carrière toute tracée… Père Sage avait de grands desseins pour son fils Justice. Afin de se décider, Tempérance finit par faire une année comme noviciat au sein de la Congrégation de Sainte-Ernestina comme lui suggéra son père, le Père Sage, lors de La Discussion de la troisième semaine suivant la fête de Rosalie.

Après un an à œuvrer dans la congrégation caritative, Tempérance voulue renoncer à sa vocation de Sueur en affirmant à ses géniteurs qu’elle voulait aider sa mère à la ferme et fonder un foyer. La petite favorite du Père Sage eut ce qu’elle désira. Elle vécut ses dernières années de célibataire à soigner et nourrir les bêtes du domaine, elle apprit auprès de sa mère la vente de celles-ci et la création de produits dérivés. Elle fit les récoltes de leurs plantations fruitières et tout comme ses amies d’enfance, se prépara à tenir une maison. C’est en 106 que la fille du Père Sage se fit connaître du Clergé avec ses contes et ses comptines à destination des jeunes enfants et des jeunes filles et femmes trinitaires. Si quelques-uns de ses ouvrages furent publiés, ce n’est pas réellement pour cette raison que la belle et actuellement connu et reconnue à Port Salem. Tempérance est l’une des jeunes femmes les plus volontaires de sa génération. C’est à travers les différents événements religieux qu’elle va s’investir corps et âme pour la paroisse de son père. Démarcher des partenaires, organiser, décorer, aider les Sœurs dans leurs tâches en animant des moments de garderies par exemple. Elle et son groupe de suivantes dévouées, sont appelés les depuis quelques années les Servantes de Lumière. Ce groupe de femmes, pour la plupart mariées, sont des modèles de vertus pour les épouses et les jeunes filles trinitaires. Ensemble, elles se retrouvent avec l’accord de leur chef de famille, pour échanger des conseils, apporter des nouvelles, travailler sur leur ouvrage de couture, veiller les enfants et autres conversations bienveillantes, distinguées et typiquement féminines que leur permet leur condition.

La Révélation est annoncée. Tempérance a reçu la bonne nouvelle de son père. Bientôt, elle aura l’honneur d’être une épouse et une mère dévouée. L’Unique lui a choisi un partenaire de vie, du moins, il va renforcer cette alliance prochaine et bénir leur foyer en le rendant fécond. La Belle est prête. Prête à être une épouse fidèle. Prête à servir librement l’Unique et son époux. Prête à donner naissance à l’union de ces chaires. Prête à vouer sa vie entière à son foyer et à rendre celui-ci et sa foi indissolubles. Bien que ce mariage soit arrangé, il enchante secrètement la jeune femme qui a su subtilement soustraire quelques informations à son paternel. La demoiselle, bien heureuse de sa condition, sait par avance qu’elle vivra dans l’un des quartiers populaires et modestes de Port Salem, plus précisément une habitation toute en hauteur dans la rue de la fleur d’Abeba. Elle connaît également l’identité de son époux, Père Vérité D’Ombrétoile, qu’elle s’amuse à murmurer en cachette le soir avant de se coucher. Depuis ces révélations, elle a tenu à le placer dans chacune de ses prières et à remercier l’Unique pour cette union prochaine. Bien que le profil peu chaleureux de cet homme en effraierait plus d’une, Tempérance est plutôt rassurée de savoir qu’il fait partie du Clergé. Enfin, elle connaît également le montant de sa dot et les quelques cadeaux qui l’accompagnent, c’est-à-dire deux Sna'Tanhitsyips dont elle souhaitait justement poursuivre l'élevage. Les multiples activités de Tempérance sont des moments qui forgent sa réputation, elle sait qu’avec une bonne réputation sa vie sera plus douce, alors elle n’hésite pas à se surmener pour réussir ses petits objectifs et faire briller ses talents dans le but de faire rayonner son foyer, plus particulièrement la réputation de son époux, et servir à juste titre l’Unique.