Sila, c’est la fille de Valeria Callaghan. Oh, c’est la mienne aussi, hein, j’ai jamais dit le contraire, mais j’suis pas connu comme l’était ma femme. Elle, c’était une héroïne de guerre, un grand colonel dont les gens parlent encore aujourd’hui. Moi, j’étais qu’un médecin militaire, et même si j’ai sauvé un tas de vie, j’ai jamais reçu de médailles pour ça. La reconnaissance, c’est pas mon truc, vous savez. J’aimais pas les projecteurs comme Valeria. Elle prenait beaucoup plus de place que moi.

Je l’aimais, hein, n’allez pas croire le contraire! C’est pas pour rien qu’on a été mariés pendant quarante et un ans! C’était une femme magnifique et formidable avec un cœur immense, même si elle jetait de l’ombre sur les gens autour d’elle. C’est un peu pour ça que j’ai voulu que les filles portent son nom de famille. Je me disais que ça leur donnerait peut-être un p’tit coup de pouce, que ça les aiderait à faire leur place dans la vie d’être les filles du colonel Callaghan plutôt que celles du docteur Prescott. Que ça les mettrait déjà un peu sur un piédestal. Je peux pas dire que ça ait eu un gros impact sur Freyja. Elle est comme moi, elle préfère laisser les autres briller à sa place. Elle a fait son chemin toute seule, au final, et c’est très bien comme ça. Pour Sila, par contre, c’est une autre histoire. Elle admirait énormément sa mère. Elle lui ressemblait beaucoup, d’ailleurs, son portrait craché! Tout le monde voyait Valeria en elle et elle en était tellement fière. Hum, peut-être un peu trop fière, même, maintenant que j’y pense. J’ai pas vraiment été surpris quand elle nous a annoncé qu’elle deviendrait pilote de chasse. C’est comme ça que Valeria a commencé, après tout.

Malheureusement, je crois que ça lui a mis beaucoup de pression, d’être la fille aînée du Colonel Callaghan, encore plus quand elle a décidé de suivre ses traces. C’est difficile d’avoir toute une réputation à traîner sur les épaules, vous savez. Je suis content qu’elle ait fini par s’en détacher. Je préfère qu’elle suive sa voie à elle plutôt qu’elle s’entête à devenir comme sa mère. Ça lui a déjà coûté très cher et je veux pas la perdre de façon prématurée, elle aussi.

- Alvin Prescott, son père

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Sila Callaghan? Évidemment que j’la connais, j'l’ai côtoyée pas mal au début de ma carrière. On a étudié ensemble, puis on a servi sur le vaisseau de sa mère. Une chic fille si on prenait le temps de la connaître, mais une putain de tête de mule quand elle s’y mettait. J’me souviens qu’elle adorait la cartographie, au lycée. J’ai jamais vraiment compris pourquoi elle avait choisi le combat spatial plutôt que la navigation, surtout quand on voit où ça l’a menée. J’crois qu’elle voulait faire comme sa mère. C’est probablement pour ça qu’elle a été affectée à la flotte du Guardian. Moi, j’étais doué. Elle, elle avait de bons contacts. Chacun son truc pour réussir, hein?

Bon, bon, bon, vous allez me dire que c’est méchant de parler comme ça, hein? Mais j’vais pas vous mentir non plus. Faut voir la réalité en face : y’a une raison pour laquelle elle a pas fini major de promo. Elle avait tout pour réussir, mais elle était pas au bon endroit, et personne allait oser le lui dire. Vous imaginez bien que pas grand-monde avait envie de s’en prendre à cette fille. Même si sa mère lui a jamais fait de traitement de faveur, on pouvait pas vraiment l’embêter, Sila, surtout pas à bord du Guardian. C’était comme une colonel Callaghan miniature, avec le même visage et les mêmes manies. Ça mettait parfois les autres mal à l’aise, même si elle aimait pas qu’on la traite différemment et même si elle parlait jamais à sa mère, à bord. La hiérarchie et tout, voyez. J’sais même pas si elles se voyaient en dehors. J’crois pas me souvenir de les avoir déjà vues ensemble, sauf une fois, au centre de santé, après l’accident de Sila.

Si je l’ai revue récemment? Pas depuis son retour en Dorado. Mais on a discuté un peu il y a quelques années, pendant les retrouvailles de notre promo. Elle avait grave changé, mais elle avait l’air bien.

- Linton Eckhart, un ancien compagnon de classe

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J’étais quartier-maître sur le Guardian quand l’incident du Vigilant a eu lieu. Ça doit faire vingt ans au moins, si je ne m’abuse, pourtant je m’en souviens comme si c’était hier. D’un côté, c’est pas vraiment étonnant; c’était un beau combat et une belle victoire, le genre d’exploit dont on parle longtemps après. Mais je crois que les gens comme moi qui se trouvaient sur le pont du Guardian cette journée-là se souviennent surtout du malaise qui a suivi l’embuscade en bordure de la flotte.

Le colonel avait ordonné l’envoi d’un escadron pour protéger le Vigilant, qui avait subi de lourds dommages en début de combat. Ce que personne ne savait, c’est que la Trinité nous attendait là-bas. Ils ont fait comme les bêtes, ils nous ont pris par surprise et se sont attaqués au plus faible du groupe pendant que les défenses se mettaient en place. Le temps que les renforts arrivent pour les repousser, le Vigilant n’était plus qu’une épave et son escadron de chasseurs avait presque entièrement été abattu. Valeria a sous-estimé leur organisation et la flotte l’a payé cher. Déjà une telle erreur était difficile à accepter, mais c’est devenu pire quand elle a découvert que l’escadron affecté au Vigilant était celui de sa fille.

Je n’ai pas besoin de vous dire que l’ambiance a changé radicalement sur le pont à partir de ce moment. Tout à coup, il n’y avait plus que des chuchotements et des regards dérobés. Je sais qu’elle a mené de nombreux équipages dans sa carrière, mais je pense pouvoir dire sans me tromper que je suis l’un des seuls à ce jour, avec mes hommes, à avoir vu Valeria Callaghan blêmir ou montrer un signe de panique quand elle a demandé à avoir un rapport détaillé des pertes. Je crois même qu’elle a perdu son sang-froid en découvrant que les indicateurs de signes vitaux de Sila fonctionnaient toujours. Le tremblement dans sa voix quand elle a ordonné d’envoyer les navettes de sauvetage sur le Vigilant… J’ai vu des tas de choses terribles dans ma carrière, mais ça… ça m’a brisé le cœur. Mais c’était le protocole : sauver le plus grand nombre, les commandants, le personnel affecté au navire. On ne pouvait pas risquer de perdre un équipage entier en envoyant des secours chercher des survivants parmi les débris des chasseurs. Pourtant, personne ne pensait que le colonel aurait le courage de lancer l’ordre. Vous ne pouvez même pas imaginer la lourdeur du silence qui s’est abattu sur le pont à ce moment-là.

Il a fallu des heures pour que les navettes évacuent le Vigilant, déposent les blessés, passent au ravitaillement et repartent sur les lieux. Pendant tout ce temps, Valeria n’a jamais flanché. Sa victoire a été flamboyante, mais personne n’a osé aller la féliciter au moment où la Trinité s’est repliée. On a attendu que les navettes reviennent et qu’elle disparaisse au chevet de sa fille pour célébrer notre réussite. On ne voulait pas faire ça devant elle. C’était un peu triste, mais c’était mieux comme ça. Je ne crois pas qu’elle avait envie de fêter, après tout ça.

- William Pelham, quartier-maître retraité du Guardian

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Franchement, on a eu de la chance. Je dirais même que c’était presque un miracle que certains d’entre nous s’en sortent. On était trente-cinq pilotes. Trente-cinq, vous vous rendez compte? Et vous savez combien d’entre nous ont survécu?

Six.

Juste six. Sept si on compte Spencer, qui est mort sur le Guardian le lendemain. Ça a été une vraie boucherie. Ils sont arrivés de nulle part pour nous abattre comme des mouches. Pire, ils nous fonçaient dessus quand ils étaient touchés. Même pas fichus de crever tranquilles, ça devait jouer les kamikazes… J’crois que beaucoup plus d’entre nous auraient survécu, sans ça. J’ai été chanceux, mon chasseur a dérivé derrière le Vigilant après qu’ils aient fait péter mon moteur, alors je m’en suis bien tiré. Mais d’autres s’en sont pris plein la gueule. Tenez, Sila Callaghan, par exemple. Je sais pas comment elle a pu survivre après la collision qu’elle a eue. Vous auriez dû voir l’état de son vaisseau... et son état en général quand ils l’ont sortie de là. On a passé trois jours au centre de soin du Guardian avant d’arriver à l’hôpital de la station warp et le colonel est resté à son chevet pendant tout ce temps. J’ai pas pu continuer à lui en vouloir de nous avoir envoyés là-bas. Limite, j’ai même eu pitié d’elle. Vous auriez vu la tête qu’elle faisait…

Ils ont insisté pour nous décorer après ça. Comme si se faire abattre comme des chiens et dériver dans l’espace pendant des heures avant d’être sauvés ça méritait une médaille. Pas beaucoup d’entre nous ont continué leur carrière de pilote après ça et parmi ceux qui l’ont fait j’crois pas en avoir vu beaucoup porter leur médaille. Moi j’la porterais pas, si j’étais eux.

- Ryan Kayne, un ancien membre de son escadron

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Demandez à n’importe qui dans son entourage et il vous dira la même chose que moi : Sila a changé depuis son accident. Quoique je suis pas sûre qu’on puisse appeler ça un accident. Il n’y a pas vraiment de terme approprié pour désigner ce qui lui est arrivé. J’aime pas parler de dommages collatéraux, ça minimise trop tout ce que tout ça a impliqué pour ma sœur et mes parents. Mais c’était pas un accident. La guerre, ça n’a rien d’accidentel, même si personne n’y va dans le but d’y laisser sa peau.

Au début, j’ai eu peur que Sila en veuille à maman. Ça n’aurait pas été son genre, ma sœur n’a jamais été rancunière et a toujours détesté l’idée de se venger de qui que ce soit, mais comme on n’était pas très proches à l’époque je ne savais pas vraiment comment elle allait réagir quand elle se réveillerait de son coma avec la moitié du corps en miettes. J’ai été surprise : pas de crise, pas de colère, pas d’insultes. Je crois que c’est ce que maman redoutait le plus : que Sila lui reproche ses décisions et qu’elle la tienne pour responsable de ce qui lui était arrivé. Je n’irais pas jusqu’à dire que Sila l’a bien pris — c’est même tout le contraire —, mais elle a compris. Elle lui a même pardonné sans hésiter une seule seconde. Ça a fait un bien fou à maman.

Je me suis beaucoup rapprochée de ma soeur pendant sa rééducation. J’étais là et j’avais du temps pour m’occuper d’elle pendant que papa et maman étaient en mission. Forcément, ça a créé des liens et c’était pas pour me déplaire, même si j’aurais préféré que ce soit en d’autres circonstances. C’est comme ça que j’ai découvert qu’elle avait changé. C’était pas énorme; elle restait la même Sila que j’avais toujours connu, mais il y avait avec un petit quelque chose d’anormal que je ne saurais pas expliquer. Le meilleur exemple que je puisse donner c’est cette idée de tatouage qu’elle a sorti de nulle part, un beau matin, pendant que l’infirmière changeait son bandage. J’ai cru qu’elle avait abusé de la morphine et ça l’un peu vexée, mais si vous l’aviez connue avant, vous comprendriez à quel point c’était étrange comme décision venant d’elle. Sila, c’était la parfaite petite militaire : droite, inflexible et même un peu terne, si j’ose dire. C’était pas le genre de personne à se couvrir le bras de fleurs et d’étoiles, vous voyez? Mais l’idée l’emballait tellement que j’ai pas osé critiquer son choix. Je lui ai quand même demandé d’où venait tout ça, ce à quoi elle a répondu qu’elle avait eu beaucoup de temps pour réfléchir, pendant qu’elle dérivait dans l’espace. Je n’ai pas osé la questionner davantage, j’ai bien vu que ça la mettait mal à l’aise. Je crois qu’elle a eu peur de mourir et que ça lui a ouvert les yeux sur quelque chose, même si j’ai jamais su de quoi il s’agissait.

Ça lui a pris un an pour recommencer à marcher et trois pour se remettre complètement. J’étais encore à l'université à l'époque et, après coup, Sila m’a avoué c’est le fait de me voir bosser sur mes devoirs pendant que j’étais à son chevet qui l’a motivée à retourner aux études pendant sa convalescence. Qu'est-ce que ça m'a rendue fière de l'apprendre! J’étais contente qu’elle s’active plutôt que de rester dans sa chambre à se morfondre entre deux séances de rééducation, même si parfois elle s'activait un peu trop. Elle disait que si elle ne pouvait pas bouger comme elle le voulait, elle allait au moins s’occuper l’esprit, alors elle bossait dur, étudiait des nuits entières avec moi quand elle le pouvait. Ça rendait ses médecins un peu dingues, mais Sila aimait tellement ce qu'elle faisait! Je ne crois pas l'avoir vue aussi heureuse avant ça. Sans surprise, elle a gradué avec mention et on a fêté l’évènement en même temps que son rétablissement, en partant faire du camping sur les montagnes flottantes sur Renaissance. Juste nous deux, entre soeurs. Je crois que c'est l'un de mes meilleurs souvenirs avec elle.

— Freyja Callaghan, sa petite sœur

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Si vous me l’aviez demandé il y a vingt ans, je vous aurais ri en pleine face, avant de vous dire que jamais je ne me marierais avec Sila Callaghan. Je ne l’aimais pas et c’était réciproque mais, pour notre défense, on s’est connus au mauvais moment. Elle était en rééducation en même temps que mon frère et ce n’était facile pour personne. Et puis elle avait une copine, à l’époque, alors franchement je n’aurais jamais cru qu’on puisse en arriver à sortir ensemble un jour. Et pourtant…

Il nous a fallu longtemps pour aller l’un vers l’autre, assez pour qu’on se perde de vue et qu’on se retrouve plusieurs années plus tard, affectés au même navire. La vie était plus facile à ce moment là : on allait mieux tous les deux et Sila n’était plus en couple. J’ai l’impression qu’on a sauté sur l’occasion comme on a sauté l’un sur l’autre, un soir de permission, après avoir bu un petit verre de trop. Deux ans plus tard, on se mariait. La même année, j’étais nommé chef ingénieur au chantier du port de Ganesh III. L’année suivante, Sila était promue Maître Navigatrice sur le Borealis. Le moins qu’on puisse dire, c’est que notre début de vie de couple a été couronné de succès.

Notre mariage a tenu neuf ans en tout : la moitié en Dorado, la moitié sur Zircon. On voulait une maison et des enfants, c’est pour ça qu’on s’est rapprochés de Valenos. C’était l’idée de Sila de s’installer à terre et j’ai été le premier surpris par sa proposition. Après tout, elle était fière de son poste, elle adorait ce qu’elle faisait et elle commençait même à avoir une jolie réputation dans les FF.UC, et je ne parle pas de celle de sa mère. Mais il y a des choses qu’on ne contrôle pas. Une horloge biologique, par exemple. Ou un instinct maternel. Sila voulait être là pour nos enfants au lieu de les voir grandir de loin pendant qu’elle parcourait l’espace. Je ne pouvais pas lui refuser ce plaisir, alors je me suis fait à l’usine de mon cousin et Sila a obtenu un poste de professeur dans une école de navigation réputée. C’est là que tout a commencé à aller de travers.

On y a cru tous les deux, mais c’était voué à l’échec. Dès qu’on s’est mis à vivre ensemble, les choses ont dégénéré. On était faits l’un pour l’autre quand nos emplois nous éloignaient, mais se côtoyer tous les jours c’était une autre paire de manches. On n'était jamais d’accord et c’est devenu encore pire quand on a appris qu’on n’aurait jamais d’enfants. Sila était infertile des suites de son accident et elle n’en savait rien. Quinze ans plus tard, ça lui revenait une nouvelle fois en plein visage. Je n’irais pas jusqu’à dire que la nouvelle l’a dévastée, mais elle lui a fait beaucoup de peine. Ça a été la goutte de trop, notre mariage n’a pas survécu. Les traitements de fertilité coûtent une fortune, à Valenos, et on n’avait pas la même opinion au sujet de l’adoption. Sila se serait endettée si elle avait pu, alors que moi j’étais pas prêt à payer aussi cher pour avoir des enfants. Où on les aurait élevés s’il avait fallu vendre la maison? Comment on aurait pu payer leurs études?

Je m’en veux un peu que les choses se soient terminées comme ça. Je l’aimais de tout mon cœur, Sila, et je pense que c’était réciproque. Mais la vie nous a joué un mauvais tour et voilà où ça nous a menés. J’ai pas pu lui reparler depuis son départ pour Dorado, pas même quand je l’ai croisée aux funérailles de Valeria, et ça m’inquiète un peu de ne pas avoir de ses nouvelles. Je sais que la mort de sa mère l’a vraiment secouée, surtout vu les circonstances dans lesquelles ça s’est produit. Franchement, elle ne méritait pas ça. J’espère qu'elle va bien.

- Jacob Meyer, son ex-conjoint

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Une vengeance? Pardon, je ne devrais pas rire, mais ça me fait marrer. J’avoue que d’un œil extérieur ça y ressemble drôlement. Que Sila revienne en Dorado pour veiller sa mère mourante, puis qu’elle s’engage sur un vaisseau reconnu pour traquer la capitaine pirate qui l’aurait tuée, je vous l’accorde, ça sonne comme une tentative de revanche. Maintenant que vous le dites, ça serait presque normal, même, de s’interroger sur ses décisions récentes. Quand ont sait à quel point sa mère et Erszébeth Alvarez se détestaient, et à quel point leurs filles en font de même, ça serait même pas étonnant que Sila veuille lui faire la peau à cette Jezabel. Mais elle le fera pas. Je la connais depuis qu’on est gosses et si je peux vous dire une chose, c’est qu’elle est pas du genre à vouloir faire payer les autres. Même pas celle qui a tué sa mère. C’est pas que ça lui fait rien ; tous ceux qui ont assisté aux funérailles pourront même vous confirmer qu’elle est loin de s’en ficher, mais elle est pas comme ça, Sila. Elle est trop intelligente pour entrer dans ce petit jeu.

Bon, après, je ne dis pas que ça n’a pas influencé sa décision de s’embarquer sur le Flare. Comme tout le monde, elle serait bien heureuse de voir cette garce croupir derrière les barreaux, mais c’est clairement pas sa principale motivation. On a beaucoup discuté ces derniers temps quand elle hésitait à retourner dans l’armée. Elle disait avoir besoin de se vider l’esprit. Devant une classe de futurs navigateurs immatures, c’est pas possible. Aux commandes d'un équipage non plus, mais pas de bol: la majorité des capitaines voulaient avoir la fille de Valeria Callaghan parmi leurs officiers. Au final, il n’y a que Walsh qui lui a offert une chance de faire ce dont elle avait réellement envie : naviguer. C’est pas comme si elle avait eu le choix, mais je crois qu’elle est contente, au final. Elle est à sa place dans l’espace et si en plus de faire ce qu’elle aime elle peut aider à choper cette foutue pirate qui a eu le culot de s’en prendre à Valeria, et bien je crois qu’elle a pris la bonne décision. Sila a toujours su ce qu’elle faisait, après tout.

- Emily Abernathy, une amie de longue date

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Sila? Non, Sila c’pas ma pote. Enfin moi j’la déteste pas et j’crois qu’elle m’endure pas trop mal, mais c’t’un peu compliqué entre nous. On est juste pas compatibles comme personnes, faut croire. C’drôle, parce qu’on bosse hyper bien ensemble, même si j’ai toujours l’impression d’lui tomber sur les nerfs et que j’la trouve barbante, au point d’avoir envie d’m’habiller en beige pour pimenter un peu l’truc, voyez? On passe notre vie à s’embêter, mais dans un poste de pilotage c’t’une toute autre histoire! Z’auriez dû nous voir sur le Borealis, on défonçait les autres factions les doigts dans l’nez! Si elle savait que j’raconte parfois l’coup d’notre looping en plein champ d’astéroïde pour draguer les filles au bar, j’crois qu’elle m’enverrais une claque, haha!

Mais ouais, on fait un bon duo, c’pour ça que j’lui ai proposé de parler d’elle à Charley, quand elle est r’venue en Dorado. Elle voulait reprendre la navigation, moi j’cherchais un second doué et, pour l’avoir eue comme maître navigatrice, j’sais qu’elle se débrouille pas si mal avec une carte. J’pensais jamais qu’elle accepterait mon offre, par contre. Faut croire qu’elle m’déteste pas trop, au final, ou qu’l’enseignement l’a ramollie. C’est marrant, parce que c’est Charley qui a été le plus difficile à convaincre dans c’t’histoire. Même si Sila a une réputation de fou, c’tait pas suffisant. Il avait peur qu’on foute le bordel sur le pont avec nos embrouilles. Comme si c’était notre genre…

… ouais, non, c’clairement notre genre. Oh well.

- Alexander Walsh, maître navigateur du Flare

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CHRONOLOGIE:

69 : Naissance le 23 Tercer, à l’hôpital militaire de Ganesh III, en tant que fille aînée du colonel Valeria Callaghan et du médecin Alvin Prescott.
87 : Formation en combat spatial, après des études au lycée militaire de Vanguard
89 : Début de sa carrière comme pilote de chasse dans la flotte de sa mère
91 : Destruction partielle de son chasseur lors d’une embuscade, la laissant grièvement blessée.
92 : Début de ses études en navigation, alors qu’elle est toujours en rééducation.
96 : Graduation de l’école de navigation avec mention. Début de sa carrière comme navigatrice à bord du Borealis
99 : Mariage avec son conjoint de l’époque, Jacob Meyer
100 : Promotion au titre de maître navigatrice du Borealis
105 : Départ pour la planète Zircon, où Jacob et elles s’installeront pour fonder une famille. Début de sa carrière d’enseignante.
109 : Divorce de Sila et Jacob suite à leurs nombreux désaccords au sujet de la famille qu’ils souhaitent fonder.
110 : Tentative d’assassinat contre Valeria Callaghan, commanditée par Jezabel Alvarez. Retour de Sila en Dorado pour se rendre au chevet de sa mère, qui décèdera quelques semaines plus tard des suites de ses blessures.
111 : Retour dans l’armée et affectation au Flare sur recommandation d’Alexander Walsh, dont elle deviendra la seconde malgré leurs différends.