Surprise ! [Ren & Beth]

Quand la Capitaine Alvarez attrape mon poignet, je désactive par réflexe les capteurs sensitifs de mes bras, ça me soulage un peu, mais quand je sens le canon de l'arme pointée sur ma tête, contre mon crâne, je sens ma gorge se serrer et la peur m'écrase l'estomac. Sans mes prothèses, j'aurai sans doute eu les larmes aux yeux. Mon regard coule vers mes pieds, qui ne semble plus m'obéir et avancer malgré moi.

Je me retrouve alors entraînée à travers la navette vers le vaisseau pirate, alors que l'on approche du sas du vaisseau, une pulsion naît en moi, une résistance à cette force qui m'entraîne, me pousse. Une hésitation à la fois male et bienvenue qui me fait redresser la tête, allume un feu dans mes entrailles et ma tête. C'est alors qu'au méprit de la situation, du contexte, de ma position, j'essaie de figer mon pas et parle d'une voix claire et ferme, bien que chevrotante :

- Ça ne va pas, lâchez-moi ! Je fais faire à mon bras captif un mouvement de dégagement inhumain, aux articulations rotatives et inversable. Lâchez-moi ! Ça ne va pas ! Non, ça ne va pas, depuis le temps que je m'imagine aller sur un vaisseau pirate, je ne voulais pas qu'elle soit enregistrée comme traumatique.

J'ai dans l'idée de me dégager de la capitaine et lever immédiatement les mains, juste prouver que je ne veux pas me battre, simplement que je veux marcher seule, de mon plein gré.

Hannabeth hausse un sourcil à l'explosion de la chirurgienne. Au premier coup d'oeil, elle se dit simplement que Calvin y met du sien en terme de théâtralité pour faire réellement croire à un enlèvement, aussi la blonde ne la relâche pas et poursuit son chemin avec elle, insensible à ses protestations. Néanmoins, quelque chose cloche et la fait hésiter. Si elle bluff... c'est franchement convaincant. Mais si justement, elle ne bluffait pas? Fuck, c'est quoi l'idée de lui demander de mettre ca en scène pour finalement paniquer au milieu? Bordel... Il est trop tard pour reculer maintenant, elles sont devant les passagers, aussi Hannabeth la relâche pour la laisser lever les mains en l'air, mais avec agacement et un ton à la fois autoritaire et agressif, sans baisser son arme, lui dit :

"T'la ferme et t'avance. Maintenant."

Elle fait alors signe à Ren de la tête de prendre le bras de la médecin pour la guider rapidement à l'intérieur de l'Albatros. Heureusement, elles ne sont qu'à quelques pas de la passerelle. Rapidement, elle sont sur le vaisseau pirate et hors de porté des oreilles et de la vue des témoins. Hannabeth claque alors de la langue avec agacement et demande, en rangeant son arme :

"C'était quoi c'bordel?"

Il y a quelque chose qui cloche. Le comportement de la femme, même à moitié faussé par ses prothèses, te fait froncer les sourcils et tu ralentis le pas avant de t'arrêter à son éclat. Autant dire que l'attention est rivée sur vous, mais tu ne dis rien, préférant essayer de comprendre la situation.

Elle a peur ?

Sa belle assurance semble avoir volé. Et quelque chose te murmure que ce n'est peut-être pas que mise en scène. Quand ton Capitaine te fait signe, tu viens doucement lui prendre le bras.

- Venez. Ça paraît pire que ça ne l'est, que tu lui chuchotes afin de la rassurer. De toute façon, il t'apparaît à présent clair que rien n'arrivera de mal a cette femme pour la simple raison que si il y a moyen d'aider Croyance, on ira certainement pas se priver d'elle.

Une fois dans le vaisseau, tu la relâches doucement alors que la blonde demande des explications. Ton regard va plutôt sur la femme-médecin, curieuse de voir tes hypothèses se valider, ou alors qu'elle mente pour le paraître, quand bien même tu ne la croirais pas.

J'contiens tant bien que mal mon angoisse, qui menace d'exploser en crise de larme quand je me retrouve face à face avec l'arme que tiens la Capitaine. Quand Ren, la mini-hackeuse, m'attrape le bras, j'ai presque envie de me réfugier dans ses bras. Bien entendu, c'est juste pas possible, alors je me referme comme un coquillage et fait ce que l'on me dit. J'entends ce que la jeunette me glisse à l'oreille, mais suis trop secouée pour en prendre vraiment conscience.

Dès qu'elle me relâche, je me sens comme tomber, mes épaules et ma respiration sont alors secouées de sanglots. Après une longue minute, je m'essuie le nez avec ma manche et relève le visage vers la Capitaine :
- Suis Chirurgienne, pas pirate, merde ! Je savais pas qu'je réagirais comme ça ! Je pose une main encore une peu tremblante sur l'épaule de Ren et la regarde dans les yeux Merci, j'aurai sans doute pas pu traverser sans toi.

J'me passe une main dans les cheveux :
- Merde, mon égo en a prit un coup là. Je coupe mes implants optiques quelques instants, pour me reprendre, puis je reviens à moi une peu plus tranquille. C'est la première fois que je suis confrontée à une arme, pour de vrai, enfin presque…

Je ne m'excuse pas, j'vais pas m'excuser d'avoir paniquée, c'est déjà assez dure à digérer comme ça.

La blonde remercie Ren' d'un hochement de tête, n'ayant pas raté que c'est son intervention qui a permis à la chirurgienne de ne pas complètement paniquer. Hannabeth fronce toujours les sourcils devant la réaction de celle-ci d'ailleurs, mais ne commente pas les sanglots.

"C'vous qui m'avez demandé d'rendre ça réaliste comme prise d'otage, j'sais pas à quoi vous vous attendiez, mais... Si ça peut vous rassurer, l'arme n'a jamais été chargée. Vous avez jamais été en danger, doc. Et vous êtes mon invitée à bord, personne lèvera l'petit doigt contre vous à moins d'en répondre à moi d'abord."

Bon, il y a mieux comme tactique de réconfort, mais Hannabeth ne va décidément pas la prendre dans ses bras ou se répandre en excuses. La blonde inspire un coup, puis leur fait signe de la suivre, les menant vers son bureau. La docteure Calvin pourra peut-être mieux se reprendre et se calmer, se rassurer aussi, une fois hors de la vue et du va et viens des membres d'équipage qui embarquent les caisses du transporteur corporatiste.

"Suivez-moi, toutes les deux, on va à mon bureau, ce sera plus tranquille. Oh et bienvenue sur l'Albatros, doc."

Avec son attitude du début, tu ne t'attendais définitivement pas à ce qu'elle soit autant paniquer. Mais c'est peut-être surestimer le commun des mortels qui sont confrontés aux pirates, même si ce n'est qu'une mise en scène.

Tu laisses la doc poser la main sur ton épaule, hoches légèrement la tête.

- C'est rien, que tu réponds doucement. Tu captes la vague tentative de réconfort d'Hannabeth avant de la suivre vers le bureau. Nul doute qu'elle sera plus à l'aise hors de la vue de l'équipage et si tu ne sais pas pourquoi elle te demande de venir -peut-être parce que tu as su réconforter un peu son invitée?-, tu y vas sans broncher, déjà plus à l'aise et détendu sur l'Albatros. Les caisses seront vite chargé et vous pourrez repartir avant qu'un vaisseau militaire ne vous surprenne la main dans le convoi.

J'sais pas trop comment prendre les paroles d'Hannabeth, sans doute quelque chose entre un ordre, une consolation et une réprimande. Ça m'aide pas des masses, mais c'est moins pire qu'une arme à feu, chargée ou non. D'accord Telle une gamine qui vient de se faire grondée, je ravale mon dernier sanglot je suis le pas dans le vaisseau en me mouchant dans ma manche.

Ma curiosité supplante très vite mes angoisses et mon trouble, si bien qu'en quelques instants tout est revenu dans l'ordre, mes grands yeux bleu électriques parcourant tout ce qui me semblait intéressant, en tâchant de ne pas trop ralentir. J'ai toutefois la gorge encore trop serrée pour demander des explications sur telle ou telle machine. La hackeuse ado vient aussi avec nous, je jette aussi quelques regards vers elle, me demandant comment une gamine peut se retrouver en un pareil endroit.

Je constate que la Capitaine fait évaporer toute question quant à ma présence à bord, même si la question semble être sur quelques lèvres.

Hannabeth inspire un coup et hoche la tête devant la brève réponse de la chirurgienne qui reprend ses émotions en mains. Elle note mentalement de s'assurer que personne ne l'importune pendant son séjour sur l'Albatros et que celui-ci soit des plus agréables et parfait, question de noyer ce mauvais épisode et que la docteure Calvin ne décide pas subitement d'abandonner le projet de chirurgie pour Croyance. Hannabeth a tellement BESOIN que cette femme soit de son côté. Elle le lui cache un peu, ne voulant pas qu'elle en prenne trop avantage, mais la vérité reste qu'elle est son seul et presque unique espoir de sauver sa fille.

Le trajet jusqu'à son bureau se passe rapidement et sans incident. Bien que la présence d'une inconnue à bord attire les regards, comme elle est accompagnée de la Capitaine, personne ne dit rien ou ne fait mine de même la regarder de travers. Parfait. Hannabeth s'assurera que la situation reste ainsi également pour la suite. Elle ouvre la porte de son bureau et fait signe aux deux femmes d'entrer.

"J'peux vous servir un verre, doc? Ren?"

Oui parce que bon, d'un, ça calme les nerfs, et de l'autre, si elle est excitée par l'expérience pirate, celle-ci ne serait pas complète sans un verre de rhum.

Plus vous avancez et plus la femme semble se reprendre et s'intéressé au vaisseau. Tu la comprends pour ça, les vaisseaux sont fascinant et tu ne doutes pas que vu son domaine, "comment fonctionne les choses" doit être dans sa liste de ses intérêts. C'est aussi le cas pour toi.

Tu rentres dans le bureau de ta capitaine, c'est un endroit familier pour toi et hoches légèrement la tête quand elle t'offre un verre.

- S'il te plaît.

Pas question de passer pour une gamine. Quand bien bien même tu en serais une.

On arrive finalement à la cabine d'Hannabeth, je m'assieds automatiquement sur la chaise qu'on me désigne. J'ai le cerveau en plein effervescence, une horreur pour faire le point sur la situation, il me faudrait un processeur sélectif sur les hormones et états émotionnels, pour échapper à cette horreur de sous optimisation de mon process cognitif.

- Je ne suis pas bien sûre que ce soit raisonnable, mais j'accepte volontiers ouais ! Dis-je en prenant un verre. Malgré mon état, ma main ne tremble pas, l’adrénaline n'influant pas sur mes implants et leurs processeurs compensant mes gestes parasites.

- Il me semblait que pour notre second rendez-vous, j'étais supposée rencontrer ma patiente. Et ce n'est manifestement pas elle. Dis-je effrontément à Hannabeth, tout en désignant Ren'. Prenant le temps de respirer un grand coup, j'ajoute ensuite.

- Je suis certaine qu'à froid, je vous serais reconnaissante de m'avoir montré votre vaisseau. C'était une façon assez fine de dire que j'appréciais le geste, mais que j'étais encore un peu trop touchée pour être à mon aise.