Tordre l'temps. [Hannabeth]

L’Albatros à Tortuga, Natcer 95 ADD.


Comme souvent, lorsque vos vaisseaux s’croisent dans un astroport, tu quittes la cabine d’Antonio Di Rozas après quelques heures arrachées au temps. Des heures à siroter un bon rhum, échanger les dernières histoires, confronter quelques avis et surtout, parler d’un passé qui pouvait plus qu’peupler vos souv’nirs.

Tu n’te souviens même plus du jour où tu as rencontré l’homme qui bien qu’plus âgé d’une bonne décennie qu’toi, n’en reste pas moins qu’un ami cher. Et puis franchement, à vos âges, l’temps, c’est une bien drôle de chose qu’vous pouvez ben tordre un peu dans tous les sens pour vous entendre.

Songeant presque à retourner tout l’Albatros pour la trouver, tu manques pas d’te d’mander où est la petiote qui semble pousser à chaque fois qu’tu la croises. À c’t’âge, c’est intenable, elle peut tout aussi bien être entrain d’écumer Tortuga à la recherche d’toutes les bonnes et moins bonnes choses qu’on peut en extraire.

Quoiqu’les responsabilités doivent bien la rattraper un peu, la Hannabeth, vu son tout nouveau poste.

Tu secoues légèrement la tête, sourire en coin aux lèvres avant d’y caller une cigarette et d’l’allumer, projetant un instant d’étranges ombres sur ton visage. L’zippo glisse dans une des poches d’ta veste et tu remontes légèrement ta besace sur ton épaule avant d’voir une silhouette qu’tu manques pas d’reconnaître. Ton sourire s’étire, dévoile des dents alors qu’un éclat d’satisfaction brille dans ton regard avant de se transformer en un mélange d’affection et de malice.

- Heeey ! Sunshine ! C’est moi où t’as encore grandi ? Continues et faudra r’lever les plafonds du vaisseau !

Tu la rejoins, fouilles ta besace pour en sortir flasque orné d’l’ombre d’un oiseau marin fort reconnaissable qu’tu lui tends avec bonne humeur.

- Joyeux anniversaire et félicitation en r’tard, Sunshine. J’ai failli la confier à ton père, mais j’espérais encore t’croiser. J’y ai mis un excellent rhum, vu qu’t’es enfin en droit d’te désaltérer conv’nablement.

Clin d’œil. T’es pas fou, si Hannabeth à jamais picolé avant sa majorité, tu veux bien n’plus jamais avaler une seule goutte de rhum de ta vie !

Plusieurs disent qu'elle est trop jeune pour occuper le poste qu'elle vient d'obtenir à bord du vaisseau et de l'organisation de son père. D'autres mauvaises langues disent qu'elle n'a eu ce poste que parce qu'elle est la fille de Di Rozas. Mais Hannabeth a l'habitude des mauvaises langues et des messes basses à son sujet. C'est la putain d'histoire de sa vie. Alors elle les emmerde ouvertement et leur prouve de par ses actions qu'elle mérite son grade de seconde.

Aussi, depuis sa promotion, Hannabeth travaille encore plus fort qu'avant. Elle ne s'accorde presque aucun moment de répit, sinon pour dormir et manger un minimum. C'est donc avec le nez dans son HCom qu'elle avance dans les couloirs de l'Albatros lorsqu'une voix qu'elle reconnaîtrait entre mille l’interpelle. Elle sourit avant même d'avoir relevé la tête, grimaçant juste ce qu'il faut au surnom "Sunshine".

"T'es sur que c'pas toi qui rapetisses, Tad? Avec l'âge, toussa..."

Délaissant son HCom, elle rejoint l'ami de son père, sincèrement heureuse de le voir. Il lui tend alors une flasque particulièrement jolie et la blonde fronce les sourcils. Lorsqu'elle comprend qu'il s'agit d'un cadeau, elle cache mal sa surprise, n'ayant pas l'habitude de ce genre de gestes à son égard.

"Oh, hem... merci."

Pour qu'il ne voie pas à quel point elle est touchée, elle répond à son clin d'oeil par un sourire complice et entendu, puis ouvre la flasque et hume le parfum de l'alcool.

"C'est du rhum épicé, si j'me trompe pas?"

Ton rire est franc à la réponse qu'la petite blonde t'offre.

- Ah non, j'arrive toujours à atteindre les tablettes les plus hautes. J'dois pas trop perdre.

Elle met du temps à comprendre qu'c'est un cadeau, mais quand c'est l'cas, tu vois bien sa surprise qui te tire un sourire plus large. L'sien t'fait plaisir, t'sais qu'ton cadeau est apprécié et tu d'mandais rien d'plus.

- Ça m'fait plaisir.

Elle l'ouvre déjà, en hume l'contenu. Elle a l'nez fin, l'Hannabeth, pas d'doute là-dessus.

- Bingo ! C'est du Kraken Black Spiced. T'vas voir, c'est délicieux, tu pourras plus t'en passer.

Et t'as aucun remord à lancer la blondinette sur la voie d'l'alcool, au contraire !

- Et puis, m'zelle seconde. T'aimes ton nouveau poste ? Tonio m'dit qu't'arrêtes plus d'trimer. Nous fait pas un burnout à 18 ans, ça s'rait pas malin.

Ton ton reste léger, sourire en coin aux lèvres. Oh, tu l'sais bien qu'une jeunesse comme Sunshine va bien s'contre foutre des avis d'un vieux pirate, mais ça t'empêche pas d'la mettre en garde !

Devant la confirmation de son assomption, la jeune blonde sourit un peu plus.

"J'connais pas, mais j'aime bien l'nom et l'parfum. J'ai hate d'essayer ca."

Nouveau regard complice qui en dit long sur la débauche qu'elle se prévoit déjà pour faire honneur au cadeau de l'ami de son père. Et le sien? Ouai, peut-être. Elle apprécie bien l'idée de le considèrer ainsi en tout cas, même si l'idée lui est toujorus un peu étrange en générale, mais elle ignore ce que lui en pense. Thaddeus la questionne ensuite sur son nouveau poste et une lueure de fierté vive s'allume dans ses yeux clairs alors même qu'elle redresse instinctivement les épaules.

"T'en fait pas pour moi. J'suis prête pour ca d'puis longtemps, et puis l'Albatros est toute ma vie alors..."

Elle hausse les épaules comme si cela allait de soi, comme si c'était la chose la plus naturelle pour elle, et quelque part ca l'est. Son destin avorté dès la naissance à bord du Némésis a repris vit avec le nouvel équipage de son père. Elle n'a aucune intention de laisser cette chance passer ou de donner raison à ceux qui ont tant douter d'elle.

"Et toi, t'fais quoi ces temps-ci? Toujours dans l'même équipage?"

Oh elle dit ca en toute innocence, bien sur. Absolument pas pour tenter une nouvelle fois de l'attirer sur l'Albatros, comme son père le fait souvent. Elle n'aimerait définitivement pas avoir l'une des rare personne en qui elle a confiance à bord, quelle drôle d'idée!

- J'le sais qu'ça va t'plaire.

Impossible de douter. Dans c'te flasque, y'a une sacrée valeur sur. T'réponds à son r'gard complice, sourire aux coins des lèvres, simplement heureux qu'le cadeau soit apprécié. Avant d'observer avec bienveillance la fierté qui s’insinue dans l'regard d'Hannabeth lorsque l'sujet glisse sur son nouveau poste.

- Que quelque chose soit toute ta vie t'oblige pas à t'épuiser, Sunshine. Alors fais juste attention à toi.

T'compte pas t'éterniser sur l'sujet davantage, t'es pas là non plus pour la faire chier et si elle est seconde, c'est qu'elle peut voir à comment elle veut gérer l'tout. Ça t'empêch'ra pas d'te faire du soucis quand Antonio t'dit qu'elle travaille énormément pour autant.

La question t'fait sourire en coin. T'sais qu'elle est autrement plus innocente qu'lorsque formulé par son paternel.

- Toujours l'même équipage. Ça va bien, et l'équipe d'artillerie est toujours aussi douée. On r'part dans quelques jours, ça m'laisse l'temps d'voir Lud et les p'tits, pis d'faire l'tour d'mon monde.

Et d'te prendre la tête un coup avec Lud. Pas juste un coup, même. Mais c'est comme ça qu'ça tourne, c'est pas un fait caché.

Hannabeth hausse les épaules de nouveau, mais lui offre un demi-sourire, cachant plus ou moins bien son malaise devant l'insistance de Thaddeus pour son bien-être.

"Ouai, j'ferais attention."

Elle n'a pas l'habitude qu'on s'en fasse pour elle. C'est plutôt tout le contraire, en fait.

Hannabeth, tu ne travailles pas assez fort... Ce n'est pas comme ça que tu deviendras une véritable Alvarez... Comment j'ai pu mettre au monde une fille aussi indigne..? Tu n'arriveras jamais à rien.... Tu ne vaux rien... Fainéante. Incapable. Idiote. Pas assez ci, pas assez ça... Elle ferait mieux de disparaître pour notre bien à tous.

La jeune femme s'arrache à ses souvenirs et à la voix de sa mère avant d'être entraîné dans leur tourbillon et que Thaddeus le remarque. Certes, il y a son père qui a toujours pris soin d'elle, qui s'inquiète réellement pour son bien-être et sa santé, mais il a toujours été le seul et bien que ce ne soit pas de sa faute, est toujours trop occupé ailleurs avec des choses plus importantes pour lui dire ce genre de choses régulièrement.

Elle répond plutôt au sourire en coin de son ami par un nouveau sourire entendu avant d’enchaîner :

"C'tes gamins qui doivent être contents, alors. Ça fait une éternité qu'j'les ai vu d'ailleurs, ils doivent avoir grandi d'pas mal d'puis la dernière fois. Margot va avoir quoi déjà, là? Sept ans?"

P'tite blondinette qu'est pas à l'aise qu'tu l'emmerdes pour qu'elle fasse attention à elle. Parfois, t'aurais envie d's'couer des gens, les grands responsables notamment, mais grand ben leur fasse, sont morts et flottant quelqu'part dans l'espace intersidéral. Encore heureux qu'ils r'viennent pas à la vie, parc'que parole de Thaddeus Scherrer qu'ils r'gretteraient leur retour.

Elle a un léger moment d'absence qu'tu lui laisses avant qu'elle r'vienne au présent et qu'tu lui adresses un sourire qu'elle t'rend, complice. Et ses paroles te tirent un rire.

- Sept ans d'jà, ouep. Elle grandit vite, la puce, et casse-gueule comme dix vu comment elle a qu'des frères pour l'entraîner dans leurs conn'ries.

T'dis ça, avec d'la fierté plein l'fond d'la voix. T'es fier d'chacun d'entre eux, même si parfois, tout c'bordel, c'pas évident. Qu'tu r'grettes qu'Lud ait pas voulu rester a élever la marmaille dans l'espace.

- Certain, qu'sont content, hésites pas à passer quand t'as l'temps. Pas de doute qu'ça f'ra plaisir.

Un sourire amusé et teinté d'affection étire les lèvres d'Hannabeth alors que Thaddeus lui raconte le caractère de sa fille. Elle aime bien voir la fierté briller dans le regard du pirate tout comme savoir que les gamins sont heureux. Elle ne les voit pas assez souvent à son gout, Tad' comme ses enfants, mais elle se dit que cela fait parti du jeu, du prix de la liberté, mais aussi que c'est surement mieux ainsi pour elle même. S'attacher est... conflictuel pour elle, même maintenant, plusieurs années après être partie du Némésis. Ou peut-être à cause de son départ, plutôt. Elle n'en sait rien et n'aime de toute façon pas y penser.

"J'ferais la prochaine fois qu'on s'ra à Tortuga. J'tenterais peut-être bien d'tirer mes cordes d'influences auprès du Capitaine en tant qu'Seconde pour y faire escale plus rapidement qu'prévu."

Elle lui offre un clin d'oeil, toujours aussi complice. Car malgré toutes ses barrières et précautions, il est difficile pour elle de ne pas tomber rapidement dans la complicité avec cet ami de son père qu'elle connait depuis toujours.

T'es p't'être pas souvent avec tes gosses, mais t'es clair'ment gâteau, c'est c'que tu lis dans l'sourire d'la blonde d'vant toi. C'pas qu'qu'chose qu't'ignores en même temps, suffit d'te faire lancer su'l'sujet, malgré tout l'bordel qu'il peut y avoir avec Lud et tes absences. T'peux pas t'changer à c'point pour elle sans t'renier. Tu peux pas renier Thaddeus Scherrer, fils d'Gustave Scherrer et d'Octavia Rojas, même pour la femme qu't'aime. Elle réalise juste pas qu'si tu l'faisais, tu s'rais pu l'homme qu'elle aime.

Alors vous vous engueulez. Et tu r'viens toujours.

- C'est Tortuga, pas Vanguard. C'pas mal l'escale la plus régulière des vaisseaux pirates, j'doute pas qu'tu trouv'ras l'temps un d'ces quat'.

Enfin, trouver l'temps. La miss a l'air de pas s'trouver vraiment d'temps pour elle-même, dans tout c'bordel et c'besoin d'être à la hauteur. Elle est déjà à la hauteur, larg'ment, t'en doute même pas.

- T'es tu en train d'essayer d'me faire croire qu'ça aura prit ton poste d'seconde pour avoir des cordes d'influences sur ton Cap'taine, Sunshine ?

T'lui adresses un sourire taquin, cherchant clairement à l'embêter.

"Mmphm. L'temps est une drôle d'commodité, comme on dit."

Mais elle en trouvera pour la famille de Tad'. Peu importe ses barrières et ses raisons, elle a trop besoin des rares liens sincèrement positifs dans sa vie pour les ignorer, qu'elle le reconnaisse ou non. Et puis, des gamins, ca grandit beaucoup trop vite, alors si elle ne veut pas complètement tout rater, elle doit bouger sa visite plus haut sur sa liste de priorités.

La boutade de l'ami de son père su sujet de son pouvoir d'influence sur son dit paternel lui tire un sourire en coin amusé. Elle croise néanmoins les bras et hausse un sourcil avant de répondre.

"Parce que tu crois qu'le Capitaine Di Rozas s'est déjà plié en quatre pour les caprices d'une gamine?"

La réponse est bien évidement non. Antonio a mit un point d'honneur è traiter sa fille comme digne membre d'équipage, soit avec rigueur mais justesse, afin qu'elle apprenne la vie comme ceux qu'elle commanderait un jour. Elle sait qu'il l'aime et la voyait comme plus qu'une simple matelot, bien qu'il le montrait peu. Car en vérité, il a fait bien plus que cela. Il a quitté le Némésis, la femme qu'il aime et sa fille aînée pour elle, pour lui offrir une vie meilleure et lui sauver la vie. Et pour ca, jamais elle ne saurait lui être suffisamment reconnaissante.

T'laisses tomber un p'tit ricanement en l'entendant. Une drôle d'comodité, hein. Pour sûr, il file vite le bougre, tu pourrais en dire long là-d'ssus. La suite peut qu'faire perdurer l'sourire sur tes lèvres, alors qu'tu l'observes, malicieux.

- Roh, comment qu'tu présentes ça aussi. Et puis qu'est-c'que tu racontes, aussi ? Toi, faire des caprices ? Tu laisses passer un p'tit silence, juste pour donner un p'tit peu plus d'poids à tes mots avant d'continuer. J'dis pas qu'le cap'taine Di Rozas cède aux caprices des gamines, mais qui doit pas avoir attendu qu'tu sois s'conde pour écouter deux secondes c'que tu pouvais dire.

D'même qu'il devait pas faire la sourde oreille aux avis qu'pouvaient avoir son équipage sur certains sujets. Contrair'ment à c'que certains pouvaient p't'être imaginer, être cap'taine, c'tait pas juste mettre la main sur un vaisseau et en prendre l'command'ment. Fallait savoir garder l'contrôler, s'imposer, faire en sorte qu'les membres d'l'équipage soient un minimum satisfait du train qu'ils menaient, d'leur poste, aussi. Et ça pouvait se révéler particulièr'ment ardu, même si t'avais aucune inquiétude pour c'qui était d'Antonio. C'était un cap'taine qui avait prouvé sa valeur et su obtenir l'respect d'ses pairs.

La jeune blonde lève les yeux au ciel avec amusement. Elle n'a effectivement jamais été du genre à faire des caprices, gamine ou non, bien qu'elle ait longtemps cherché désespérément de l'attention. La suite des paroles de Tad' lui laisse une étrange double impression, néanmoins.

D'un côté, il a raison sur le fait que son père a toujours écouté ce qu'elle avait à dire et elle en est fière, tout comme elle est fière que Thaddeus l'ait remarqué. Néanmoins, de l'autre côté, si son père a une bonne oreille pour ses suggestions, elle n'a que depuis récemment l'influence et la reconnaissance dont elle peut être fière. Avant... elle s'était souvent demandé si son père ne regrettait pas d'avoir quitté le Némésis pour elle et si, lui aussi, allait finir par la considérer comme une disgrâce à son nom. Et même avec son nouveau poste qui devrait prouver irrévocablement le contraire, elle craint encore que ce soit le cas, de le laisser tomber. Pas étonnant alors qu'elle travaille comme une force née.

Hannabeth passe néanmoins ces doutes et craintes sous silence, choisissant plutôt un sourire fier.

"Ouai, l'Capitaine a toujours écouté c'que l'équipage avait à dire. J'crois qu'c'est essentiel pour le bon fonctionnement d'un vaisseau, et un équipage fort et soudé. Les dictatures de fous bornés et imbus d'eux mêmes... ça t'revient dans la gueule un jour ou l'autre. J'aurais pas pu avoir meilleur modèle. C'est un honneur qu'il m'fait en m'faisant confiance pour c'poste."

Il y a comme un moment de flott'ment, d'doute, qu'tu sens flotter autour d'Hannabeth. Pourtant, elle s'reprend vite, r'prend la paroles, sourire fier aux lèvres. T'aimes mieux ça.

- Pour sûr. Ça promet pour l'jour où t's'ras capitaine.

T'dis ça, taquin, loin d'croire qu'ça va arriver si vite. D'croire qu'l'vaisseau qu'tu foules du pied va finir aux mains d'l'UC, s'faire corsaire pour survivre pendant qu'ton ami s'ra exécuté.

- Tu peux être fière d'ton parcours, Sunshine. Il y a c'qui faut dans tes yeux et ton cœur, j'ai aucun doute là-d'ssus.

T'lui adresse un sourire assuré. Faut écouter c'que racontent les vieux pirates, Hannabeth peut pas ignorer ça.

- J'vais t'laisser à tes occupations, S'conde Alvarez. J'dois r'joindre mon propre bâtiment aussi.

T'lui tend la main, attendant qu'elle la serre, légèrement amusé.

Hannabeth sourit à l'idée d'être capitaine, mais plus par réflexe qu'autre chose. Cette succession, bien qu'elle l'emplit de fierté, a néanmoins le goût amer de la perte. Elle ne sait que trop bien que dans leur univers, les capitaines ne cèdent pas leur vaisseau en prenant leur retraite, mais bien après leur mort aux mains de leurs ennemis. L'idée de perdre son père, peu importe le rôle auquel cela l'élèvera, prouvant ainsi à sa mère et tous ceux qui ont douté d'elle ou lui ont marché dessus qu'elle a réussi et qu'elle ne vaut pas rien, n'en est pas une à laquelle elle aime penser.

"Merci, Tad."

Ses paroles lui font du bien malgré tout. Les gens qui croient en elle sont plutôt rares, et elle n'a pas entendu souvent les mots qu'il lui offre. Elle les garde précieusement en elle, dans un coin de sa tête et de son coeur, bien qu'elle se garde de montrer à quel point ils la touchent, par fierté comme par habitude de le devoir. Hannabeth lui sourit plutôt plus franchement et attrape sa main tendue d'une poigne ferme et volontaire.

"J'te retiens pas plus longtemps, alors. C'était bien d'te revoir. Et merci encore pour la flasque, j'vais en prendre soin."

Elle lève son cadeau qu'elle tient toujours en main avec un sourire complice et un clin d'oeil, puis fait un pas de côté pour le laisser passer et continuer son chemin.

Ton sourire s'agrandit à son remerciement, à sa poigne ferme et volontaire à laquelle tu réponds sans hésiter, avant d'aviser la flasque.

- J'te fais confiance, qu'tu répliques avec un rire.

Elle t'libère l'chemin et après un dernier hoch'ment d'tête t'continues ton ch'min, sortant bientôt d'Albatros en saluant les pirates qui montent la garde à l'entrée. Après un dernier r'gard pour l'bâtiment, tu t'dirige vers l'tien, t'as fort à faire à l'instar d'la jeune femme, même s'il n'y a clairement pas la même pression sur vos épaules respectives. T'peux malheureus'ment rien faire pour la jeune femme qui s'y entête.

Ni pour c'qui l'attend, même si t'en sais rien encore.