Un homme entra dans ce qui semblait être une cabine. Celui-ci était un véritable colosse, il s’assit sur sa couchette et resta là quelques minutes sans broncher, avant de finalement lâcher un soupir, il se releva ensuite et se dirigea vers son bureau, il redressa alors un cadre photo, photo qui avait été prise il y a de nombreuses années maintenant...
- Photo:
L’homme s’attarda sur la photo, alors ce fut comme si un voile blanc s’était abattu devant ses yeux et qui devenait de plus en plus opaque, sauf pour la photo. Des voix éthérées surgirent alors dans son esprit alors que de lointains souvenirs revenaient à lui. La première voix était celle d’une petite fille de 8 ans.
-Papa ! Ouhou Papa je suis là ! La petite avait un ton joyeux, une autre voix lui répondit, celle-ci était d’une femme plus âgée, celle-ci avait 26 ans.
-Lisa ! Descends de là et rejoins-nous !-Haha ! C’est bien ma chérie, mais écoute ta mère et viens donc par ici ! Que je te fasse un gros câlin ! Cette fois-ci, c’était la voix d’un homme, celui qui tenait actuellement le cadre photo.
Bruit de pas et rires de la petite fille et de l’homme.
-Dit papa, pourquoi on ne peut pas se voir tout le temps ? Pourquoi on ne te voit pas très souvent ? Pourquoi maman elle a pleuré après qu’elle ait reçu un appel et que toi tu reviens avec un bras en métal ? Le ton de la petite fille était plus triste.
…
-Heinrich...-Il serait peut-être temps de lui en parler tu ne crois pas Éva ?-Oui… Il est peut-être temps.-Papa ? Maman ? Quelque chose ne va pas ?-Ne t’inquiète pas ma puce, il n’y a pas de soucis. Viens d’asseoir là s’il te plaît… Bien. Pour pouvoir répondre à ta question, il va falloir qu’on t’explique tout depuis le début. On ne t’en a pas parlé plus tôt, car on te trouvait trop jeune, mais je pense que tu es assez grande maintenant.
Alors, ta mère et moi sommes orphelins, nous n’avons pas connu nos parents, le hasard a fait que nous étions dans le même orphelinat, bien sûr, les filles et les garçons étaient séparés et ne vivaient pas dans le même bâtiment. Au final, nous nous sommes rencontrés plusieurs années après, les sœurs qui s’occupaient de l’orphelinat formaient ta mère pour quelle sache faire les premiers soins, j’ai été son cobaye ! Pourquoi ? Ben… Disons que j’étais assez turbulent et violent… -Tu te servais plus de tes poings qu’aucune autre partie de ton corps faut dire ! Tu y as goutté assez souvent au martinet !-Chérie… Elle n’a pas besoin de savoir ça.-Hé ! C’est toi qui as décidé qu’il était temps de tout lui dire !-Ok ok… Enfin bref.-Et c’est là que vous vous êtes mariés ?-Hahaha… Non ma puce, nous étions encore bien trop jeunes, nous devions avoir quoi… 12 - 13 ans ? Nous ne sommes pas mariés à ce moment-là, mais nous nous sommes revu plusieurs fois après ça, on a même commencé à faire les 400 coups ensemble, enfin, quand nous arrivions à nous retrouver, vu que les garçons et les filles étaient séparés, au final, vers nos 16-17 ans nous nous sommes enfuis de l’orphelinat. Ils ne nous ont même pas cherchés, ils ont juste signalé notre disparition pour la forme et on a pu continuer notre vie, bien sûr, on est partie dans une autre ville pour ne pas être embêté, puis vers une autre planète. On enchaînait les petits boulots pour avoir de quoi vivre plus ou moins convenablement.
Lorsque nous avons eu 18 ans, nous nous sommes mariés, l’année suivante tu voyais le jour et deux ans plus tard, nous partions des systèmes trinitaires pour ceux de l’UC.-Pourquoi vous être partis ?-Hum… Comment dire… -On a eu quelques problèmes avec les adeptes de Saint Odat. Ton père s’était adouci à ta naissance, il faisait beaucoup moins de vagues, malheureusement, lui et moi n’avions jamais été très… Croyant, malgré l’éducation très religieuse des sœurs de l’orphelinat, il faut croire que nous étions de forte tête. Alors, on a fini par devoir partir parce que nous commencions à recevoir des menaces et les autorités religieuses nous surveillaient de plus en plus, alors nous n’avons pas voulu prendre de risque et nous sommes partis.-Le problème, c’est que nous ne pouvions pas obtenir la citoyenneté de l’Union comme ça, alors j’ai rejoint la Légion, après 10 ans de service on nous donnera la citoyenneté, il m’en reste encore 4 à faire. Le truc, c’est que je risque ma vie à la Légion. Et pour mon bras… Je l’ai perdu là bas. Heureusement, je suis assez costaud et j’apprends très bien tout seul, ça m’aide pas mal.-Mais… Tu n’as pas trop peur ?-Si, j’ai peur de ne pas vous revoir ta mère et toi, j’ai peur des perdre des camarades aussi, mais il faut que je continue, pour vous, comme pour eux. Il me faut être fort.- Et bien moi, je serai aussi forte que toi papa quand je serai plus grande !-Ça, je n’en doute pas ma chérie.Heinrich reprit ses esprits et dans un soupir, il reposa le cadre à sa place et mis un peu de musique, pas bien fort, il ne fallait pas déranger les autres occupants du vaisseau, puis il retourna se coucher sur la couchette. Son esprit vogua vers d’autres souvenirs et les voix revinrent alors. C’était celle de Éva.
-Heinrich ! Stop ! Ça fait 12 ans maintenant ! 12 ans que tu es dans la Légion, nous l’avons obtenue notre citoyenneté ! Tu n’es plus obligé de continuer !-Éva, ils comptent sur moi, je ne peux pas les abandonner !-Et Lisa ? Et moi ? Heinrich, tu vois dans quel état tu m’es revenu cette fois ! Les médecins n’étaient même pas sûrs que tu allais survivre ! Au total, tu as perdu tes deux bras, tes yeux, tu as même été défiguré ! Heureusement que les chirurgiens ont réussi à t’arranger et je ne compte pas toutes les autres blessures que tu as reçu ! Mais la prochaine fois est-ce que tu vas seulement revenir ? Ils se trouveront bien quelqu’un d’autre pour te remplacer ! … S’il te plaît chéri… Je ne veux pas te perdre.…
-D’accord. Je vais préparer ma lettre de démission, je la remettrai au colonel dans la semaine.La vision s’estompa, mais une autre prit sa place, c’était un an plus tard…
-Dorado ? Pourquoi aller là-bas ?-Pour changer d’horizon et puis, il paraît que tout est possible là bas ! Enfin, c’est surtout que ta mère y trouvera du travail, niveau médecin, comparé à ici, ce n’est la joie de ce que j’ai vu lors de mes passages là bas, ta mère n’aura donc aucun mal à se trouver une clientèle et puis moi je trouverai très probablement du travail aussi. Par contre, je suis désolé, mais tu ne verras plus tes amis.-Ce n’est pas bien grave.-Quoi ?[color=#FF0000-Ben oui quoi, je m’en ferrai de nouveaux et puis, je veux resté avec vous ![/color]
Cette vision fut alors remplacée par une autre.
-Éva… Je peux te parler 5 min ?-Oui bien sûr, qu’est-ce qu’il y a ?-Hé bien… Je voulais te dire…-Tu veux retourner te battre ?…
-Comment tu as deviné ?-Je te connais très bien ! Et puis… Ces dernières années je m’en suis rendu compte avec toutes les activités que te prenait à côté de ton boulot, tu es un homme qui a besoin d’action, tu te sens à ta place aux côtés de ''frères d’armes''… Je te remercie d’avoir réussi à mettre ça de côté pendant 5 ans… Mais même si je reste inquiète pour toi, je ne t’en empêcherai pas…-Éva… Merci… Je t’aime…-Moi aussi… Par contre, promets-moi de toujours revenir !-Je ne peux pas te le promettre et tu le sais bien, mais je ferrai de mon mieux.-Tu rejoins qui ?-La Vanguardia, c’est un navire corsaire de l’Impérium, ça sera un cadre un peu plus adapté pour moi, j’aimais bien la Légion, sa discipline ne me dérangeait pas, je trouve que ça m’a même aidé à gagner en maturité, mais quelque chose de plus souple me conviendrait parfaitement.Heinrich émit un grognement et se redressa, c’était foutu, tant qu’il n’arriverait pas à se retirer ça de la tête, il n’arriverait pas à dormir. Il en profita alors pour inspecter ses deux cyberwares qui remplaçaient ses bras, le droit était le plus ancien, il l’avait perdu fasse à quelqu’un qui maniait l’épée monofilament bien mieux que lui. Il l’avait fait remplacer par un bras cybernétique possédant une garde monofilament, comme ça, il pouvait toujours se battre aux points s’il n’y arrivait pas au sabre, ok, c’était peut-être moins efficace, mais lui s’en sortait bien mieux ainsi. Après cet événement, il avait reçu une promotion avait ainsi dû apprendre à donner des ordres, étrangement (ou pas), il avait tout de suite accroché.
Il avait perdu le reste dans une explosion, celle-ci avait été provoquée par une bombe artisanale qu’il avait lui-même fabriquée, lui et son groupe s’étaient éloignés pour la faire exploser, mais la bombe ne répondait pas au détonateur, Heinrich avait donc commencé à retourné vers la bombe quand celle-ci avec finalement explosé. Les médecins qui l’avaient sauvé pensaient que s’il avait parcouru quelques mètres de plus avant l’explosion, il y serait resté. Malgré tout, Heinrich ne regrettait rien, il avait peut-être pas mal souffert durant son service au sein de la Légion, mais il en gardait un excellent souvenir. Repenser à ses erreurs lui tira même un sourire.
Finalement, Heinrich pensait avoir réussi à se vider un peu la tête, mais il vit alors la veste de sa femme, accroché à un porte-manteau dans un coin. Il lui revint alors des événements qu’il n’avait pas oubliés et qui étaient très récents et… très douloureux. C’était le jour de la fête du sommeil...
Ce jour-là, il était en permission sur Renaissance et plus précisément à Vanguard, il profitait de la fête avec sa famille, ils étaient dans la rue lorsque la frégate s’était écrasée. Le premier réflexe d’Heinrich avait été de tenté de mettre sa famille à l’abri, néanmoins la poussière dégagée par l’impact et le choc provoqué par celui-ci les avaient immobilisés quelques instants, finalement, Heinrich tenta d’amené sa famille dans un lieu dégagé, une place par exemple, il y aurait plus de chance d’y trouver de l’aide… Mauvaise idée… Les mutants étaient arrivés peu après, ils avaient alors été attaqués, Heinrich avait dit à sa famille de courir pendant qu’il retenait une créature, néanmoins une seconde l’attaqua dans le dos, mais celle-ci fut gênée par l’intervention d’Éva qui refusa de laisser son mari.
Éva avait jeté sa veste sur la tête du monstre, qui, la vue obstruée loupa sa cible et percuta un mur, celui-ci fou de rage jeta le manteau à terre et se rua sur Éva, mais Heinrich avec assommé son adversaire et s’interposa, malheureusement un coup le toucha au visage, la blessure, faite par une griffe avec détruit son œil droit et laissé une grande balafre. Heinrich vint tout de même à bout du monstre, mais il avait reçu plusieurs coups et fini par mettre un genou à terre, sa blessure au visage le faisait souffrir. Éva s’approcha alors de lui…
-Je vais tenter de trouver de l’aide ou au moins de quoi faire les premiers secours ! Je reviens tout de suite.-Non Éva attend ! Éva !!! Mais elle ne s’arrêta pas. Alors qu’elle continuait sa course, elle sortit du champ de vision d’Heinrich et tout à coup une explosion retentit.
-ÉVA !Rassemblant toutes ses forces il attrapa la veste qui lui avait sauvé la vie, pourquoi ? Aujourd’hui encore il ne savait pas pourquoi et courut vers l’endroit où avait eu lieu l’explosion, priant, alors qu’il ne croyait pas en Saint Odat, mais s’il y avait bien un moment où il devait exister c’était maintenant. Malheureusement, il trouva le corps de sa femme, inerte… Il s’écroula à genou à côté d’elle et tenta de prendre son pouls… Rien… Il tenta plusieurs choses, mais en vain… Qu’est-ce qui avait explosé ? Et pourquoi ? Ça, il n’en savait rien. Tout ce qui lui importait, c’était sa famille et sa femme était morte et sa fille qui avait fui avec d’autres personnes présentes ce jour-là, avait disparu… Aujourd’hui encore il ne sait pas ce qui lui est arrivé.
Heinrich grogna et décida que le mieux était encore de faire quelque chose de son temps libre plutôt que de remuer le passé, il sortit alors de sa cabine, il avait l’intention d’aller faire un peu d’exercice, après tout, il fallait entretenir sa carrure et son savoir-faire avec ses poings non ? Et puis, il en profiterait pour en remuer certains, ça ne leur ferra pas de mal. Néanmoins, il vit un jeune mousse se diriger vers lui.
-Le capitaine veut vous voir quartier-maître.-Très bien, j’arrive.Sa femme était morte et sa fille disparue, mais La Vanguardia et son équipage étaient toujours là, il devait continuer d’avancer, ne pas se laisser abattre, ses camarades et sa capitaine comptait sur lui. Du moins, c’est ce qu’il pense et l’aide à avancer.
Comme vous l’aurez compris, Heinrich ne savait pas ce qui était arrivé à sa famille et même s’il gardait espoir, il ne se faisait pas d’illusions, il y avait de grandes chances qu’elle y soit restée, néanmoins il se trompait. Quelques mois avant ce jour tragique Lisa s’était éprise d’un jeune homme de son âge, le problème c’est que celui-ci était un pirate, c’est pourquoi elle n’en a jamais parlé à ses parents, d’autant plus que son père était un corsaire. Elle s’était enfin décidée à leur en parler et même à le leur présenter le jour de la fête du sommeil, bien sûr sans mentionner qu’il était un pirate. Néanmoins, avec l’attaque des mutants ses plans ont changé et dans sa fuite, elle n’a pas remarqué que ses parents n’avaient pas suivi et se retrouvait alors seule avec quelques parfaits inconnus. Cependant, dans le chaos elle a réussi à retrouver son amant et celui-ci l’a convaincu de venir avec lui, la situation l’aidant très probablement à la convaincre. Plus tard, il était trop tard, la corvette pirate, une fois le maximum de ses membres récupérés a décollé sans demander son reste, embarquant avec lui Lisa qui avait pu intégrer l’équipage au moins temporairement grâce à son amant.
Honteuse, elle n’a pas eu le courage de contacter ses parents, elle ne sait même pas s’ils sont vivants. Elle est aujourd’hui assistante à l’infirmerie d’un navire pirate.
Chronologie : 70 : naissance de Heinrich Geier
88 : mariage avec Éva
89 : Naissance de la petite Lisa
91 : départ des systèmes trinitaires pour ceux de l’UC est entré dans la Légion de Heinrich
97 : Perte d’un bras, remplacement par une prothèse. Il obtient une promotion quelques mois après.
103 : Heinrich reçoit de nouvelles blessures le privant de son second bras et de ses yeux qui sont remplacés par des prothèses, quelques mois après il quitte la Légion.
104 : départ pour Dorado
108 : Heinrich intègre l’équipage de La Vanguardia
112 : Attaque des mutants. Mort de Éva et disparition de Lisa. Perte et remplacement du cyberware de l’œil droit.