When God and Devils hate you

Quelque chose d'étrange se passe chez Conrad. Son ami lui semble... ailleurs? Caly semble ressentir quelque chose d'anormal également et s'agite,faisant se redresser Rey par la même occasion. Elle ne comprend pas réellement ce que le regard du capitaine du Liberty exprime, n'étant pas des plus doués pour décoder les autres, mais il ne lui semble pas particulièrement heureux. La blonde fronce les sourcils, l'interrogeant du regard, mais étant elle même très privée, elle ne pose aucune question.

Il redevient rapidement lui même - que ce soit sincère ou un masque - et Beth détourne le regard pour scanner une nouvelle fois la taverne et les membres de son équipage. Tout semble toujours tranquille et sous contrôle. Bien. Un sourire espiègle étire le coin de ses lèvres à la mention de surveiller ses fesses en permanence.

"J'espère bien, sinon les gens vont se mettre à parler. Faudrait pas qu'on pense que tu fréquente une Corsaire, ça peut faire mal à ta réputation."

Elle boit une gorgée d'alcool, cachant ainsi son rire. Elle plaisante bien sur, sachant pertinemment que ce genre de chose n'arrêterait pas Conrad de faire quelque chose qu'il veut vraiment, mais l'occasion était trop belle pour la rater. La blonde à bien droit de sortir son humour de merde de temps à autre, non? Et puis, plaisanter de bon coeur signifie aussi qu'elle a déjà oublié son ressentiment et sa frustration, ce qui est une bonne nouvelle.

Il prend un air outré.

Tout mais pas ça. Une Corsaire et moi ? ensemble ? il prend un air pseudo paniqué. Que vont dire les gens ? c'est horrible.

Visiblement l'idée l'amuse beaucoup. Surtout qu'ils auraient très bien pu se fréquenter en plus. Sauf qu'elle n'a visiblement pas d'attirance pour lui et n'a donc jamais fait le moindre mouvement vers lui. Et il ne fait plus de mouvement vers les femmes depuis Emilie. Même si dernièrement il se pose un peu des questions à ce sujet.

Il se sert un verre et commence à le siroter lentement. Il est tranquille ici au Runny Amber, même s'il est entouré d'un équipage de Corsaire qui devrait le capturer pour aller vendre sa tête contre la prime associée. Après il n'est pas très célèbre... mais c'est un capitaine et les capitaines rapportent toujours de l'argent.

Ah! Voilà le Conrad qu'elle connait bien. Il lui avait manqué, tient, cela lui fait du bien de le retrouver. La blonde rejette légèrement la tête vers l'arrière pour rire et ce geste adoucit ses traits, la faisant très probablement encore plus ressembler aux femmes de sa famille. Elle n'a pas hérité de leur beauté légendaire, certes, ressemblant plus à son père, mais elle ne pourra jamais nier leurs liens de parenté.

L'idée de fréquenter Conrad parait absolument insensée à Hannabeth, comme pour qui que ce soit d'autre d'ailleurs. Entre les cicatrices de son enfance et la marque au fer rouge de Lloyd Colt, l'idée du couple lui est intolérable. Bien qu'elle ne l'avouera jamais, elle est terrorisée par la perspective de ses propres sentiments dans le domaine. Sa stratégie est donc des plus simples : tout balancé par la fenêtre. Elle et Conrad feraient une belle paire pourtant, mais puisqu'elle n'envisage même pas une nuit sans lendemain avec qui que ce soit qu'elle soupçonne de pouvoir développer des sentiments ou elle même s'attacher, son nom est barré d'un grand X rouge.

"J'voudrais pas te faire c'te honte, franchement."

Elle hausse un sourcil en sa direction, toujours aussi espiègle, et pour quelques instants, elle parait être un peu redevenue l'adolescente de temps de leurs premières rencontres.

"Quoique je serais curieuse d'voir si j'rendrais quelqu'une jalouse?"

Traduction : Balance tout, Stackborn, on est autour d'une bonne bouteille d'alcool, personne nous écoute et j'veux des détails.

Il hausse un sourcil. Genre elle veut des détails. Elle est drôle la petite.

Rendre quelqu'un jalouse.... je crois pas non. Je traîne avec ma compagnonne habituelle, et deux trois autres femmes. Mais rien de sérieux donc elles ne seront pas jalouses. dit avec simplicité Conrad.

Non il voit pas. Quoique la frangine est pas un modèle de stabilité et sait-on jamais ce qui lui passerait par la tête. Et il veut pas aborder le sujet il sait pas s'il est de nature à faire perdre sa bonne humeur à la petite. Une fois dans la soirée ça suffit pour lui. Il a beau réfléchir et il voit personne d'autre. Sûr qu'il mate un peu trop souvent sa petite mystique à son goût ... mais bon elle de son côté a toujours été très sage en sa présence. Pas sur qu'elle soit le moins du monde motivée.

Je suis pas doué en plus pour ce genre de chose. Si la femme me saute pas dessus je vois rien. rappelle Conrad qui est très insensible aux manœuvres féminines subtiles et totalement faible face aux filles rentre dedans.

Beth pose son verre sur la table, s'y accoude d'un bras et dépose son menton dans sa paume pour mieux le regarder avec une lueur de malice, mais de complicité au fond de ses yeux clairs. On vous a déjà dit que "désinvolture" est son deuxième prénom?

"Mmm. J'te proposerais bien de l'aide ou des conseils, mais tu sais très bien que j'suis pas une sommité en la matière non plus."

Et même très loin de l'être, pour être entièrement honnête, ce que Conrad n'est pas sans ignorer. Il est au courant pour sa relation il y a une dizaine d'années avec Lloyd, comme celle-ci n'était pas secrète et bien que Beth n'en ait jamais reparlé après leur rupture abrupte, et il doit très certainement savoir qu'elle n'a eu personne d'autre après. Ils ne se voient plus beaucoup depuis la mort de son père, mais s'il garde un oeil sur elle de temps à autre comme il le prétend, et s'il se renseigne au minimum comme elle se renseigne sur lui, ce n'est pas un mystère.

De sa main libre, elle attrape la bouteille et remplis de nouveau leurs deux verres.

"Tant que t'es bien dans ta situation, c'est tout c'qui compte de toute façon. Et puis c'est souvent moins compliqué comme ça. Mais dans l'cas contraire, t'avises pas d'te marier sans m'inviter à la cérémonie sinon j'vais mal le prendre. Et LÀ j'me fou de savoir si mon statut de Corsaire ferait mal à ta réputation."

Il garde son sourire.... le moment difficile est déjà passé. Mais la douleur resurgit malgré tout. Serais tant de lui en parler à la petite. Sinon elle va continuer à faire boulette sur boulette. Et un autre jour il sera saoul ... enfin plus que là. Et ça sera pas beau à voir.

Désolé petite... je suis déjà marié. Avant qu'on se rencontre. dit-il simplement. Ton neutre mais attitude très sérieuse.

Hannabeth a une drôle de façon de dire aux gens qu'elle les apprécie. Si de l'extérieur menacer ainsi Conrad de mal le prendre s'il ne l'invite pas à un événement aussi important de sa vie peut avoir l'air d'une blague ou vaguement insensible, pour elle, c'est pratiquement une confession.

Elle joue de nouveau à faire tourner le liquide au fond de son verre lorsque la réponse de son ami tombe. Aussitôt, sa main s'immobilise et son expression se fige.

"Quoi? T'es sérieux?"

Les mots lui ont échappés, mais quelque chose dans l'attitude trop sérieuse du pirate lui dit déjà qu'il ne plaisante pas. Son premier instinct est de vouloir gueuler, lui demander pourquoi il ne lui en a jamais parlé, et aller fouiller jusqu'aux tréfonds du Liberty pour aller rencontrer la belle de Conrad si nécessaire. Encore heureux qu'elle n'ait pas l’impulsivité du côté maternel de sa famille, puisqu'elle réalise rapidement qu'il ne peut effectivement pas lui avoir caché quelque chose d'aussi gros. S'il est déjà marié et qu'elle n'a jamais vu ni entendu parlé la moitié de son ami, c'est que leur relation c'est mal terminé... ou qu'elle n'est plus.

Surprise et prise de court, elle sonde son regard sans parvenir à y trouver de réponse. Puis, sur un ton plus doux, étrange chez elle, et plus sérieux, elle demande :

"T'as envie d'en parler?"

Il hausse les épaules. Depuis longtemps déjà il n'en parle plus. Personne ne sait à part certaine personne de Providence et ami ayant vécu un drame encore pire. Mais il se mêle des affaires d'hanna alors il lui doit bien de répondre a ces questions.

- Techniquement on était pas marié. Trop jeune et trop pauvre. Mais je l'ai rencontré alors que mon navire était a quai. J'étais déjà un pirate... Je suis né pirate. J'avais déjà une flamboyance exceptionnelle, pourtant du jour de notre rencontré je ne suis jamais remonté a bord de mon navire. Naturellement ils sont partis sans moi. J'ai vécu 3 ans avec elle, j'étais tellement fou d'elle que ma flamme était quasiment éteinte. Et puis elle est morte, un stupide accident de shuttle. la voix de Conrad s'éteint un peu. Il soupire. Une partie de moi est morte se jour là. Jamais je ne pourrais aimer autant a nouveau.

Sans doute qu'il a eu trop mal. Sans doute qu'il ne fera pas de nouveau le sacrifice de sa Flamme.

Fuck. Bordel, pourquoi il a encore fallu qu'elle fonce dans un mur sans le voir? Certes, Hannabeth ne pouvait pas savoir, mais l'impression d'avoir mis les pieds dans les plats - et d'avoir carrément dansé dedans - lui noue la gorge. Un nouveau moment de silence passe ou la jeune Corsaire tente de trouver comment répondre à une telle révélation, mais conclut rapidement qu'il n'y a absolument rien de bien à dire dans ce genre de situation.

"Damn, Conrad, j'suis désolé, je savais pas."

Elle n'est pas douée avec les conversations émotives, ni pour réconforter les gens, et bien que Conrad le sache depuis longtemps, la blonde ne peut s’empêcher de se entier inutile et désarmé. Si on fait du mal aux gens qu'elle aime, Hannabeth provoque un ouragan, mais contre un bête accident de shuttle, elle n'a personne à engueuler ou vers qui pointer les canons de l'Albatros. Aussi, dans un geste qui ne lui est pas particulièrement familier, mais dans lequel elle espère pouvoir transmettre ce qu'elle ne peut formuler en mot, elle pose la main sur l'avant bras de son ami, un peu à la manière des poignées de mains officielles entre capitaines, puis le serre un bref instant avant de le relâcher pour remplir le verre de l'homme de nouveau. Beth ne lui en veut pas d'avoir gardé cette histoire secrète, comprend beaucoup trop le désir de vie privée pour envisager du ressentiment.

"Comment elle s'appelait?"

Il hausse doucement les épaules. Par contre apprécie son geste tactile. Conrad aime les contacts même s'il les force que rarement. Un petit sourire rassurant s'étend sur son visage. Il aime beaucoup Hanna et la voir faire preuve d'empathie lui réchauffe le cœur.

Je n'en parle pas. Alors tu ne pouvais pas savoir. commence le pirate. Émilie. Elle s'appelait Émilie et c'était la plus belle femme du monde à mes yeux. Je suis devenu un citoyen modèle pour elle. J'ai tout lâché sans hésitation. Ce fut des années courtes mais fantastique. L'amour que nous éprouvions l'un pour l'autre n'avait pas eu le temps de perdre son intensité. Quand elle a perdu le contrôle de son véhicule... le choc a été terrible.

Sûr que le chagrin l'avait frappé de plein fouet. Il était devenu une épave... Se laissant nourrir a petit feu. Caly sent encore la tristesse de son compagnon de route et se met a câliner de plus bel. Conrad lui rend les caresses pour le plus grand plaisir de la créature puisque le capitaine ne lui rend que rarement la pareille.

La blonde sourit doucement en entendant le nom de l'amoureuse de Conrad. Il est clair qu'il ne raconte pas n'importe quoi, qu'il en était vraiment fou amoureux. Le coeur de Beth se serre en pensant à ce qu'il a dû vivre après l'accident, se remémorant elle même les nombreuses pertes de proches qu'elle a dû traverser.

"Je peux imaginer."

Pour un bref instant, le regard de la Corsaire se perd dans le vide, aspirée par ses souvenirs. Si elle n'avait pas eu l'Albatros et son équipage, elle se serait probablement perdue elle-même après la mort de son père. Il avait toujours été son univers, son ancre, la seule personne au monde en qui elle ne doutait pas lorsqu'il lui disait qu'il l'aimait. Le décès de sa mère, un an plus tard, avait lui aussi manqué de peu de lui faire perdre pied, pour des raisons bien différentes, et encore une fois ses responsabilités envers son équipage avaient été ce qui l'avait sauvé.

Moins sensible - et très probablement plus idiot, mais quel idiot adorable - que Caly, Rey ne remarque pas le trouble de sa maîtresse. Néanmoins, remotivé par les gestes du Caly'uaykai, le chien se remet à battre de la queue et émet quelques jappements pour tenter d’attirer son attention. Au moins, son comportement a vite fait de ramener la blonde à la réalité et elle chasse rapidement ses souvenirs afin de reprendre une expression contrôlée.

"Est-ce que mon père savait?"

Visiblement elle se perd aussi un peu. Conrad se recentre doucement, toujours avec un peu d'alcool. C'est une drogue dangereuse pour lui parce qu'elle a failli le tuer. Mais il ne peut pas arrêter... aujourd'hui encore la douleur peut se montrer traîtresse et virulente.

C'est une des rares personnes qui savait oui dit doucement Conrad. Pourquoi ?

La blonde hausse simplement les épaules, gardant les yeux sur son verre pour éviter que Conrad ne perçoit les émotions qu'elle ne pourrait pas répriment dans son regard.

"Vous étiez proches tous les deux. Tu sais beaucoup de choses sur lui, et lui en savait beaucoup sur toi. J'ai... J'en sais rien. Je crois qu'il me manque."

Elle est maladroite et, orgueilleuse, a prononcé ces derniers mots comme s'ils lui brûlaient la langue. Par ses paroles, elle souhaite simplement lui dire qu'elle comprend, au moins un peu, et qu'elle partage sa peine aussi. Son père aurait su quoi dire à Conrad, après une telle révélation. Antonio Di Rozas savait toujours quoi dire, et malheureusement, il n'a pas su transmettre son don des mots à sa fille. Hannabeth voudrait dire à son ami qu'elle n'est pas son père, qu'elle ne remplacera pas la relation qu'il avait avec lui, mais qu'elle est là. Bon sang qu'elle aimerait que son père soit là...

Conrad fait son petit sourire habituel.

Il manque à tout le monde petite... un grand homme.. un grand capitaine. affirme d'une voix grave le capitaine pirate. Et je sais de quoi je parle hein.

Sûr que le père était un gars qu'il fallait connaitre. Mais ces filles aussi... même si sa relation avec Hanna est bien supérieure à celle qu'il a avec Jezabel. Néanmoins force est de reconnaître que cette dernière sait comment satisfaire un homme.... dommage qu'elle manque de stabilité. Vraiment dommage. Hanna est étrange ce soir mais il a du mal à saisir ce qui le trouble avant d'identifier finalement ce qui cloche. Elle a l'air un peu vulnérable... ce qui lui va bien.

Hannabeth force un sourire en coin alors qu'elle pouffe doucement d'un rire un peu amer. Oui, son père était un grand homme et un grand capitaine. Elle le crie elle même au monde entier et cognerait le nez du premier venu pour lui dire le contraire. Néanmoins, malgré toutes ces années, entendre parler d'Antonio Di Rozas au passé lui laisse encore un gout désagréable sur la langue. Elle donnerait n'importe quoi, absolument n'importe quoi pour que son père soit toujours vivant.

"Ouai... Je sais. Merci, ça veut dire beaucoup pour moi."

Elle inspire un bon coup et se secoue, détestant l'idée d’apparaître faible ou sentimentale. De toute facon, ils ne parlaient pas d'elle ou de son père, mais bien de Conrad. La blonde ignore néanmoins comment revenir sur le sujet de manière diplomate, ou si seulement elle devrait le ramener sur la table. S'il ne lui avait pas parlé d'Émilie avant, c'est surement car il n'aime pas partager ses souvenirs, ou simplement se rappeler. Elle choisis donc simplement d'y aller franchement, quitte à manqué de tact elle sera au moins sincère, comme pour à peu près tout ce qu'elle fait dans la vie.

"Elle devait être exceptionnelle, ton Émilie, pour te faire quitter la piraterie. J'aurais aimé la rencontrer."

La petite est toujours bousculée quand on parle de son père ... c'est mignon. Lui ne parle jamais d'Emilie ou presque. C'est trop dur. Le souvenir est toujours là brûlant et seul l'alcool aide à ne pas se laisser submerger. L'alcool et le feu sacré qui brûle en lui.

- C'était la plus belle femme du monde à mes yeux de très jeune homme. Je ne connaissais rien au monde en dehors de ma vie misérable à bord. Mon capitaine était jaloux de ma Flamme, alors il me menait la vie dure. Quand je l'ai rencontré ... je me suis senti moi-même. Plus besoin de courir l'espace, plus d'envie de gloire et de défi... juste elle et moi. explique Conrad. On était jeune hein... qu'il précise pour expliquer un peu l'état d'esprit de l'époque.

Jeune et plein de projet. Jeune et amoureux. Jeune et pauvre aussi. Mais pas à la rue non plus. Une vie simple. Il débouche sa flasque et boit une longue lampée.

Hannabeth sourit un peu plus, sincère cette fois, aux mots "on était jeunes". Elle lui manque, c'est évident. La blonde sait que Conard aime être pirate, être capitaine aussi, mais cela ne l'empêche surement pas de regretter la disparition d'Émilie. Aussi, Conrad n'a probablement pas besoin de se faire rassurer sur la légitimité de ses sentiments, mais Beth lui rétorque tout de même avec un petit sourire :

"Pas besoin d'être jeune pour vivre ce genre de choses, hein."

Oh, pas elle, bien sur. Néanmoins, Beth a vu suffisamment d'amoureux dans sa vie pour ne pas être cynique au point de croire que l'amour n'existe pas pour les autres. Ses parent ont été ses premiers exemples, car malgré tout ce qui c'est passé entre eux notamment à cause d'elle, elle sait qu'ils n'ont jamais cessés de s'aimer.

"Qu'est-ce qu'elle faisait dans la vie?"

Elle est prudent avec ses questions et tente d'analyser son ami afin de ne pas le pousser trop loin, mais tant qu'il répond elle s'autorise à poursuivre sur le sujet. Après tout, ils se connaissent suffisamment pour savoir que si l'un ou l'autre n'a pas envie de parler, ils n'ont qu'à grogner pour signifier leur agacement. Le capitaine du Liberty boit beaucoup de sa flasque, d'ailleurs, mais... il s'agit de Conrad, et boire fait parti du personnage, si elle peut s'exprimer ainsi.

Conrad hausse les épaules. Il n'est pas d'accord.

- Si.... jeune tu crois encore dans la beauté de l'amour et de la vie. Plus vieux tu crois plus à tout ça. dit Conrad. Je me vois mal mélanger la passion que j'avais pour elle et un amour aussi fou et absolu. Je suis trop vieux pour les trucs absolus. Je sais que le monde n'est ni noir ni blanc mais gris.

Sur que le monde est pas un endroit où l'amour qu'il avait pour Emilie pourrait se reproduire. Parce qu'il sait comment est le monde. Sale dangereux et plein de profiteur sans foi ni loi.

- Mais je suis curieux de savoir quand tu vas vivre ce grand amour toi ? il a entendu parler de l'histoire mais il n'a pas les détails. Par contre il ne l'a jamais vu avec un homme après ça.

La blonde tire une grimace face au réalisme de son ami. Yeah, life is shit. Il ne lui apprend rien à elle-même avec sa théorie d'un monde sans noir et blanc, elle le comprend donc parfaitement. Néanmoins, quelque part au fond d'elle, Hannabeth croit encore en une certaine forme de beauté de la vie. Son père rendait tout plus lumineux après tout, et l'existence de sa nièce a elle seule lui confirme qu'il y a encore de belles choses dans cet univers de merde. Pour une fois que Conrad se montre plus pessimiste que la têtue et caractérielle capitaine de l'Albatros... Cette dernière en rirait presque s'ils parlaient d'un autre sujet. À la place, elle prend une longue gorgée de son verre en gardant ses réflexions pour elle. À la place, elle lui glisse une brève remarque ironique dans l'espoir de détendre un peu l'atmosphère.

"M'la joue pas "vieux sage", Stackborn, j'te rappel qu'on à à peine 6 ans de différence d'age. Mais, ouai, j'vois c'que tu veux dire."

Elle prend une nouvelle gorgée puis manque de s'étouffer puis de tout recracher lorsqu'il lui pose sa question. Elle parvient à avaler, non sans avoir attiré l'attention curieuse de quelques uns de ses membres d'équipage, puis rejette la tête vers l'arrière avant d'éclater d'un rire franc.

"Jamais? C'est pas quelque chose que j'ai déjà eu ou que j'aurais, ca."

Elle redevient sérieuse et hésite un bref instant avant de sourire doucement.

"Malgré tout... t'as eu de la chance, tu sais?"

Conrad écoute la petite une fois de plus. Diantre qu'elle est têtue dans tout ce qu'elle entreprend.

- Je suis vieux mais si j'étais sage je serais pas pirate... donc pas de risque que je la joue vieux sage. Et donc l'amour c'est pas pour toi ? Diantre que tu peux être tête de mule. Parfois malgré nos six années ET DEMI d'écart je te donnerais bien une fessée. dit le capitaine amusé.

Sûr que s'il voulait il pourrait. Elle est pas de taille avec ses petites bras et son corps tout fin.

- J'ai eu la chance de vivre dans le bonheur, la vie sans est d'autant plus ennuyeuse par contraste. Heureusement que je suis capitaine pirate... ça met de l'ambiance. dit-il en buvant encore.

- L'alcool aide un peu .. même si mon navigateur grogne en permanence et que mon maître artilleur me gueule dessus à ce sujet.

Hannabeth fait une moue peu impressionnée et penche la tête de côté.

"J'aimerais bien te voir essayer, le vieux."

Conrad fait deux fois sa taille, mais elle sait de par leurs entraînements ensemble qu'ils sont au moins de même niveau au sabre. S'il en vient aux mains, il aura l'avantage, certes, mais Beth est une véritable furie qui s'acharnera à lui arracher la tête de ses dents aussi longtemps qu'il le faudra s'il se met en tête de véritablement lui donner une fessée, ou mourir d'épuisement en essayant. Son sourire redevient sérieux aux paroles suivantes de son ami, et la blonde attrape de nouveau la bouteille de rhum pour remplir leurs verres.

"L'alcool aide pour à peu près tout, alors faisons chier un peu ton navigateur et ton maître artilleur. S'ils grognent trop fort, tu m'les enverras en disant qu'c'est de ma faute."

Beth lui offre un clin d'oeil puis lui lève son verre.

"À ceux qu'on a perdus, et à ce que ta vie de Capitaine ne manque jamais d'ambiance.

C'est qu'elle se sent pleine de force la petite. Elle le défie en plus. Comme si elle avait la moindre chance. Contrairement à beaucoup de capitaine il ne limite pas son entraînement au seul sabre.  Si jamais il rencontré un adversaire équivalent a lui dans ce domaine il le sèche a grand coup de poings de pieds ou même de tête. Il maîtrise de nombreuse technique sait allier les deux types de combat qui sont complémentaires.

- Tu devrais pas me défier dans ce domaine. Tu manques cruellement d'entraînement. annonce simplement Conrad. et je ne suis pas vieux. Alors que factuellement tu es petite en taille.

Elle change de langage et use de celui qui importe. Le langage du rhum. Ça il connaît et maîtrise.  En plus il ne dit jamais non. C'est donc avec plaisir qu'il s'empare de son verre pour trinquer. Et boire.

- à nous

La blonde lève les yeux au ciel, toujours aussi peu impressionné; c'est qu'il ne se prend pas pour de la merde, Stackborn.

"J'suis peut-être petite, mais tu devrais savoir que c'pas une bonne idée de me fâcher"

Beth lui offre un sourire, à la fois amusée, complice et fière, se chamailler un peu est de bonne guerre dans leur amitié, après tout. Ensuite, elle frappe son verre contre le sien pour trinquer puis de le vider d'une traite. Définitivement, l'alcool est un remède à bien des choses.

Rey, qui n'a plus lâché Caly des yeux depuis tout à l'heure, se lève de nouveau sur ses pattes arrière afin de poser celle de devant sur les genoux de Conrad. Il laisse échapper un jappement puis, langue pendante et queue battante, tente de réclamer l'affection du capitaine du Liberty ou l'attention de la Caly'uaykai. Beth ne fait que hausser un sourcil amusé vers son chien, sans un geste pour le retenir. Rey fait à peu près tout ce qu'il veut à bord de l'Albatros, ce ne sera pas différent à terre.

"Si tu lui donnes pas un peu d'amour maintenant, il va te faire chier jusqu'à c'que tu retournes sur ton vaisseau."

Conrad sourit paisiblement et vient caresser doucement la tête du chien. Caly regarde ça avec beaucoup d'attention et rapidement fait preuve de jalousie. Il feule en direction de Rey et se colle à son compagnon de route. Ce qui fait rire doucement Conrad dans sa barbe.

Conrad a l'air de réfléchir tranquillement et finalement il sort un doublon de sa poche. Une face représente Calypso et l'autre un crâne. C'est un des premiers doublons de providence, d'autres moins voyant son désormais frappés, mais les anciens sont toujours en circulation et très prisés par les pirates. Il pose la pièce sur la table et la pousse vers Hannabeth.

Si c'est crâne... tu sors un soir avec un homme de mon choix. Si c'est Calyspo c'est moi qui sors un soir avec une fille de ton choix. propose Conrad un sourire aux lèvres.

C'est pas une proposition, elle résistera pas ... impossible. Elle voudra jouer, il la connait trop bien.

Rey, satisfait, mais un brin effrayé par l'attitude hostile de Caly, retombe sur ses quartes pattes puis se couche au pied de l'homme, appuyant son museau sur les bottes de celui-ci et bavant joyeusement dessus. Hannabeth, de son côté, remarque à peine que Conrad sort un doublon de sa poche, trop occupée à sonder de nouveau la salle. Aussi, lorsqu'il lui propose son défi, elle se fige et le dévisage. Oh, le sale fils de... il sait très bien qu'elle ne refuse jamais un gage! Malgré son outrage de prime abord, elle ne peut néanmoins s'empêcher de lui sourire en grand, espiègle.

"Tu vis dangereusement, Stackborn."

Elle attrape le doublon tout en balançant ses pieds en bas de la table, puis fait tourner la pièce habilement entre ses doigts. Son changement d'attitude fait tourner la tête de plusieurs membres de son équipage vers leurs tables, qui savent trop bien que ce genre de moments est des plus intéressant avec elle. Hannabeth plante ses yeux clairs dans ceux de Conrad d'un air de défi. Si elle perd, elle est dans la merde, mais elle est beaucoup trop curieuse de voir le résultat, et a beaucoup trop envie de gagner. D'un coup du pouce, elle envoie le doublon tourner dans les airs puis le rattrape sur le dos de sa main. C'est le moment de vérité, elle retire sa main et... Crane. Fuck.

Conrad sourit tranquillement quand le crâne sort.

- La Dame est souvent de mon coté petite. dit-il paisiblement.

Il se tourne vers le comptoir et montre un homme qui vient à peine d'arriver.

- Lui c'est Valmont... chef mécanicien sur l'Iceberg. Pas le genre à s'attacher mais hautement respectable de mon point de vue. explique Conrad.

Un sourire carnassier orne le visage du pirate alors qu'il s'enfile un autre verre.

- C'est toujours mieux qu'une fessée qu'il ajoute taquin.