Fastes frimousses et boules de neige [Suu & Mam']

Maman est officiellement la meilleure personne qui existe sur la surface de cette planète. Juste parce qu’elle a des allumettes, oui. Il prend les instruments de destruction de matériel avec beaucoup de joie et commence tranquillement à craquer une allumette comme si c’était son droit de mettre feu à la mascotte puante.
Ce qui ne semble pas être l’avis du superviseur. Hurlant, suant, gras, il se précipite vers eux en beuglant des choses sur la destruction de propriété et la police et… Il n’est pas drôle. Du tout.

- M’man, tu le retiens ?

Bien sûr, que je le retiens. On ne va pas laisser une telle horreur continuer à exister sans rien faire, c'est certain. Je me mets donc entre mon fils et l'homme sans grâce qui rampe presque en notre direction, et je prends mon meilleur air de maman fâchée. Je sors bien évidemment ma poêle, et je ne manque pas de faire de grands gestes menaçants avec.

- Mais enfin ! Est-ce que c'est des manières que d'insulter et de menacer une vieille dame et son fils handicapé ? Allez-y, appelez la police, qu'on puisse leur dire comment vous nous avez traités depuis que nous sommes arrivés ici ! Bande de petits vauriens ! Voyous ! Malotrus !

S'il s'approche trop près, il va tâter de la poêle de Mam', et il m'en dira des nouvelles !

Magnifique. Avec m’man comme première ligne, Suu a le champ libre pour ses idioties. L’écureuil rose à odeur de charogne brûlera comme une offrande aux dieux miséricordieux de… Non. Stop. C’est idiot.
Il va juste cramer.

Ou en tout cas, c’est ce qui est supposé arriver. La réalité est assez différente : l’allumette traîtresse lui saute de la main au pire moment. Allumée, elle tombe sur les chaussures du pilote qui balance la tête de mascotte dans ce qui ne peut être qualifié que de glapissement outré.

- Aaaaah bor- !

Et bien sûr, son stupide pantalon commence à fumer. Bien sûr. Et il ne peut pas vraiment atteindre ses pieds.

- Sa mère le prêtre unijambiste de m- !

Au moins j’ai pas de nerfs pour me sentir brûler, suggère son cerveau.

- Pas l’moment ! M’man !

Le vieil homme furibond reste en retrait, visiblement peu désireux de tâter de ma poêle. Une odeur de cramé et les jurons du petit bonhomme en fauteuil roulant me font froncer les sourcils.

- Mais enfin, reste pol...

Je me fige en me retournant, devant le spectacle affligeant du pantalon qui fume et l'air plus surpris que paniqué du pilote.

- Bon sang de... Merde, tu n'avais qu'une mission, mon garçon !

Pas le temps de tergiverser plus que ça, je me dirige vers lui et tente d'éloigner l'allumette et d'étouffer le feu avec la première chose qui me passe sous la main, c'est-à-dire ma poêle. Ca ne fonctionne pas vraiment, à l'inverse même. J'avise les imbéciles plantés devant nous qui ne font rien.

- MAIS ENFIN, FAITES QUELQUE CHOSE, MON FILS VA FINIR EN RÔTI ! ALORS BOUGEZ MOI DE LÀ ET ALLEZ CHERCHER UN PUTAIN D'EXTINCTEUR.

- Me frappe pas !

Elle lève la poêle, Suu lève le ton en sachant parfaitement que ça ne servira à rien. Il ne sent même pas vraiment le choc, c’est plus pour le principe de ne pas se faire taper dessus qu’autre chose qu’il meugle. C’est presque pire que d’avoir le pantalon qui brûle. Presque.
Au moins le personnel de la piste de glace semble se mettre en mouvement et… Non. Ils courent tous partout comme des poules sans tête. Et maman crie. Et c’est un chaos sans nom qui l’ennuie plus qu’il ne lui fait peur, parce que s’il n’y a pas un seul cerveau en état de marche pour l’asperger d’eau, il peut s’occuper lui-même de se sauver.

- M’man ! La piste, pas les coups ! Balance-moi sur la glace !

Les nigauds qui tiennent cet endroit ne savent donc rien faire ! Mon fils semble être celui qui a le plus de raison, alors qu'il est aussi celui qui se transforme progressivement en torche vivante.

- Moi, te jeter sur la glace ? Mais enfin mon garçon, est-ce que tu m'as bien regardée ?

J'alpague un jeune homme qui passe par là, aussi ahuri que les autres.

- VOUS LÀ ! JETEZ MON FILS SUR LA GLACE.

- C’est pas l’moment de se disputer !

Non, vraiment pas. Il a quand même un bout du pantalon en feu, le Suu, alors les débats sur la force dans les bras et les surprenantes capacités des vieilles dames devront attendre, contrairement à l’aide.
Le jeune houspillé par maman semble faire partie des deux personnes intelligentes travaillant sur place : il attrape le pilote dans ses bras, trottine en ignorant ses sifflements de hyène rageuse et les flammes -ce qui est un exploit- et le balance proprement sur la glace où Suu roule tant bien que mal jusqu’à finir par éteindre le feu en restant immobile. Le ventre contre la surface glacée, le visage dans les bras, il ne bouge presque plus. Il lui faut un peu de temps pour décider s’il veut exploser de rire ou se mettre à menacer d’éventrer le propriétaire des lieux.
Ou faire les deux. Ca semble bien, ça. Un ricanement aigu et un peu éraillé lui sort donc de la gorge lorsqu’il se redresse sur ses bras pour fusiller du regard le gros bonhomme idiot.

- J’vais vous trucider !

Enfin, quelqu'un de pas trop stupide décide de réagir. Il attrape le garçon en feu et le balance purement et simplement contre la glace. Après d'interminables secondes, les flammes s'éteignent. Je ne bouge plus, et les autres autour de moi non plus. Le propriétaire des lieux fait face au garçon sur la glace, qui rit et profère une menace que je trouve tout à fait justifier.

- Eh bien qu'attendez-vous ! Vous là ! Aidez-le à se remettre sur son fauteuil au lieu de le regarder avec de grands yeux amoureux.

J'époussette ma robe, ma poêle toujours en main, jusqu'à me tourner face au gros patron.

- Quant à vous...

Je lui mets un coup de poêle.

- Ça, c'est pour mon fils.

Et un second.

- Et ça, c'est pour l'ascenseur.

Je ronchonne.

- vous êtes assuré que nous saurons faire la publicité de votre enfer glacé.

Il y a quelque chose de très satisfaisant à voir le patron se prendre des coups de poêle. Il lève les bras pour se protéger, glapit, sautille et même depuis les bras du type qui le remet dans son fauteuil, Suu arrive à y trouver quelque chose comme de la poésie. Ca ne lui fait pas totalement perdre l’esprit : il prend quand même le temps de remercier le seul type qui l’a aidé d’une accolade bourrue et d’un pourboire pêché dans ses poches survivantes.
Puis il s’avance vers le gros bonhomme.
Il faut dire que le pilote n’a, d’habitude, pas l’air impressionnant. Il est un fauteuil après tout, il n’a jamais vraiment maîtrisé les arcanes du regard qui tue, il est généralement apathique. Rien de bien intimidant. Mais si on peut se fier à sa tête là maintenant de suite, se brûler les chevilles et finir balancé sur de la glace le met en rogne. En rogne suffisante pour qu’il fasse un peu peur.

- M’man, je peux t’emprunter ton arme ?

Parce que sinon, il va sortir son couteau. Et même emplie de juste et glaciale colère, il a conscience que planter quelqu’un n’est pas légal.

Mam' n'hésite pas bien longtemps avant d'offrir sa poêle à son fils à roulettes. Elle donne un dernier revers parfaitement maîtrisé, et lègue la poêle avec toutes les précautions du monde.

- Tiens mon chou, fais en bon usage.

Elle se frotte les mains, et masque tant bien que mal sa satisfaction derrière son regard courroucé. Elle s'appuie sur sa canne, et sans même réellement regarder la scène, elle se détourne et commence à avancer tout doucement vers la sortie. Elle n'a plus rien à faire ici, et elle sait en revanche ce qu'elle fera une fois sortie. Elle va s'empresser de dire au monde entier à quel point cet endroit doit être boycotté, et elle a quelques moyens de pressions à sa disposition pour parvenir à ses fins.

En revanche, elle reste toute ouïe, histoire d'entendre son fils terminer l'homme avec sa poêle. Elle se sent presque émue, d'ailleurs. Certainement à cause du poids des traditions qui commence à porter ses fruits.

- ‘Sûr m’man.

Oh ouais, il ne va pas se priver pour en faire bon usage. Il a peut-être l’air idiot mais il ne l’est pas. Et il est pas un vétéran juste pour rouler sur les roupettes des propriétaires de la piste de descente, alors il est pouilleux mais il est surtout dangereux et il a une bonne idée d’où frapper pour faire mal sans tuer.
C’est très facile : genoux, gonades, nuque. Dans cet ordre très exactement. Il en fait la démonstration sur le type dodu. Ses gestes sont précis, un peu hachés mais efficaces, presque dignes d’une vidéo d’instruction militaire. 10/10 pour le soldat Galwaïn qui, sage comme une image, se détourne de son punching ball dès qu’il est au sol.
Il n’y a plus rien à faire ici.

Il repart donc à toutes roues derrière sa mère adoptive et lui tend la poêle dès qu’il la rattrape.

- Merci pour l’arme. J’aime beaucoup. Ses genoux ont moins apprécié par contre et je crois qu’ils vont appeler la sécurité.

Ce qui n’a pas l’air de déranger le pilote. Si quelqu’un peut gérer un service de maintien de l’ordre, c’est certainement une vieille dame à grande bouche.

Les coups qu'elle entend - au nombre de trois - lui assure que son fils adoptif est tout à fait prometteur, et qu'il pourra sans soucis reprendre la tradition familiale du coup de poêle. Les cons n'ont qu'à bien se tenir. Mam' récupère sa poêle et prend la peine de la ranger correctement dans son sac avant de passer la porte automatique qui mène vers la sortie.

- Si on se fie à leurs temps de réaction, on a le temps d'être très loin quand ils arriveront. Ils sont incapables de rattraper une vieille femme et un jeune homme handicapé, c'est pour dire !

Elle n'a absolument pas l'air inquiète, et elle n'a pas besoin de faire semblant. Elle n'a aucune confiance ni aucune crainte quant au système de sécurité brinquebalant de ces hommes idiots et mal élevés. Leurs mères n'auraient pas été fières d'eux, elle en est persuadée !

- Toutes ces émotions m'a ouvert l'appétit. Mais il faudrait qu'on vérifie l'état de tes jambes avant.

- Au pire on vole un speeder.

Ou pas, ils sont pas à Tortuga, c’est vrai. Hum. On reprend.

- C’était une blague…

Non mais si pour l’occasion, c’est une blague. Il ne vole jamais de speeders, il est un citoyen tout à fait respectable. Pas du tout un pirate. Il vérifie d’un coup d’oeil sur le côté que maman ne le prend pas au sérieux pour ces histoires de comportement hors la loi, puis il grogne quand elle parle de ses jambes. Il s’en fout.

- Bah, elles sont comme d’habitude, inutiles. C’est pas grave si c’est brûlé.

Dix contre un que Jadis lui éclate le nez si elle le voit rembarquer avec la peau pleine de cloques. Il préfère ne pas y penser.

- Je les sens pas, par contre j’ai faim maintenant que tu m’y fais penser...

Quand il lui propose de voler un speeder, Mam' reste un instant interdite, franchement tentée de le faire mais outrée à la fois. Elle doit bien avouer qu'il y aurait quelque chose d'excitant à faire ça, sans compter que son speeder à elle est trop loin pour qu'elle puisse le conduire et qu'elle aurait pas été contre une petite course. Alors elle réfléchit.

- Voler, toi ? Tu ne peux déjà pas marcher, mon petit. Non, mais nous pouvons tenter de trouver une location. Je ne dirais jamais non à une petite course, d'autant plus lorsque j'ai vraiment mes chances de l'emporter - ou plutôt que toi tu n'as pas la moindre chance de me surpasser. Mais mangeons d'abord, nous verrons ça ensuite.

- HEY. Je peux pas marcher mais je peux te botter le train tout pareil, maman.

Littéralement. Et figurativement aussi, comme il a l’air de vouloir le dire en découvrant son bras sur lequel se trouve son port d’Interface et en l’agitant sous le nez de la vieille dame. Il peut pas marcher, non mais elle va voir, la mémé !

- C’est pas fait pour faire joli.

Sérieusement. Pas marcher. Affreuse mégère. Il fulmine, c’est très visible. C’est une chose de se moquer de sa propre situation, c’en est une autre de se la voir rappelée par quelqu’un dont ce ne sont pas les oignons, de savoir s’il peut voler ou putain de marcher ou pas.

- Tu as qu’à choisir où tu veux manger. Je suis pas regardant.

- Enfin, te vexe pas mon petit. Je ne remettais pas en question ta capacité à voler dans un speeder, mais à voler un speeder.

Mam' trouve les enfants bien trop susceptible. Elle ne fait pas grand cas du système qui est sur son bras. Elle ne peut pas prétendre que les interfaces sont vraiment de la triche, mais elle n'a jamais considéré que le fait d'être interfacé rendait nécessairement les pilotes meilleurs que ceux qui n'en ont pas. La preuve, elle n'en a pas, et pourtant elle fait partie des meilleures pilotes de la galaxie. Et elle le sait.

- Un bouiboui rapide, alors. Je n'ai pas que ça à faire. Surtout si je dois te botter le derrière après.

Et d'un pas assuré, elle prend la direction d'une ruelle.

- Je peux en voler un aussi.

Adorable créature que Galwaïn qui boude, vraiment : il a les sourcils tout froncés et un pli agacé à la bouche, et s’il pouvait mettre des coups de pieds dans des cailloux c’est évident qu’il le ferait.
Mais il suit quand même sa mère adoptive du jour dans la ruelle comme un caneton très ronchon qu’il est. Toute sa mauvaise humeur ne chasse pas la faim ou la vague pensée comme quoi quand ils seront posés, il faudra qu’il mette quelque chose de froid sur ses brûlures sous peine de cuire. Peu importe qu’il déteste ses traîtresses de jambes, il doit vaguement en prendre soin, il le sait bien.

- Ici ?

Le menton de Suu s’avance vers un bouiboui qui semble à peu près accessible et… Pas si sale, disons.

Mam' se contente de lancer un regard très noir à l'homme à roulettes, mécontente qu'il puisse ne serait-ce que penser à voler quelque chose. Bon, elle est une pirate. Elle est mal placée pour dire que le vol c'est mal. Mais tout de même, ce n'est pas la même chose ! Alors elle avance à un rythme honorable pour la vieille dame qu'elle est, jusqu'à ce que son fils adoptif l'arrête devant un endroit plutôt propre où ils peuvent s'arrêter manger.

- Allons-y.

Elle entre à l'intérieur en s'assurant tout de même que son fils pourra la suivre, et elle se dirige à la première table propre qu'elle trouve. Elle inspecte néanmoins longuement la chaise et hèle un des cuisiniers pour qu'il vienne nettoyer l'assise, qu'elle ne juge pas suffisamment propre. Une fois que la propreté lui semble acceptable, elle s'assied et regarde ce qu'elle peut commander. Son regard croise celui de Suu et elle fronce les sourcils, mécontentes.

- Oh voyons, tu ne vas pas faire la tête ! N'en veux pas à ta pauvre mère parce qu'elle se soucie de ton bien-être enfin !

Toujours occupé à métaphoriquement mettre des coups de pieds dans le vide, et -pas si métaphoriquement- grommeler dans ses trois poils de barbe, il laisse la vieille dame choisir la table et ennuyer le personnel pour que ce soit propre, ce qui lui laisse le temps de sortir lui-même la chaise face à lui du milieu pour se poser.

- J’ai trente-cinq ans, maman.

Et il ne va pas arrêter de faire la tête. D’ailleurs il va la faire encore plus, avec les sourcils plus plissés encore… Puis finalement non. Finalement il arrête de faire l’enfant et ressort l’adulte en lui, celui qui a juste l’air absolument las de tout, et il soupire.

- Je sais ce que je sais faire, et je le sais mieux que les gens qui ne sont pas moi. C’est tout. Le monde a juste… Il l’oublie beaucoup, tu vois. Par contre il oublie jamais de voir mes jambes.

Haussement d’épaules très léger.

- Ca fatigue.

Mam' fronce le peu de sourcil que son vieil âge lui laisse, et elle secoue le poing avec véhémence tandis qu'elle reprend la parole.

- Au diable ces gens-là ! Que crois-tu que les autres voient lorsqu'ils me regardent, mmh ? Une vieille femme trop vieille pour faire quoi que ce soit, une ancêtre qui sent mauvais et qui n'a même plus toute sa tête. Est-ce que tu crois que je me laisse faire par ceux-là ? Non, bien sûr que non ! Je suis une vieille croulante et toi, toi mon garçon, tu es handicapé. Et à ce que je sache, on y peut rien, ni toi ni moi. Alors ressaisis-toi un peu, tu veux ! On ne se morfond pas dans la famille. Ce n'est pas comme ça que j'élève mes enfants.

- Je suis pas handicapé.

Il siffle un peu avec une remontée de hargne, la lassitude chassée une seconde de ses épaules. Il n’est pas handicapé. Jamais. Ce serait trop dur à accepter et faux, si faux qu’il refuse le mot en bloc. Le handicap voudrait dire qu’il ne peut plus rien faire. Voudrait dire qu’il serait comme des légumes humains de l'hôpital militaire, immobile et hagard. Ce n’est pas le cas. Ce n’est pas le cas.
Mais il en a quand même marre, Suu. Le ras-le-bol revient pour se mettre sur lui comme un gros manteau et ce n’est pas le discours de la vieille dame qui a l’air de l’avoir adopté qui va changer quoi que ce soit à son état.

- Je suis fatigué.

Encore ce mot. Il est plat. Il est vide de tout, un peu comme les yeux bruns bouffés de givre du pilote.

- Que tout le monde me traite comme un gosse. C’est tout. Comme tu dois être fatiguée que tout le monde te traite comme un bibelot fragile.

- Ah ! Par la barbe de mon père !

Voilà tout ce que la vieille Mam' parvient à articuler devant le ton soudainement hargneux et le discours qu'elle trouve vide de sens de son nouveau fils adoptif. Mam' est loin de ne pas avoir l'intelligence nécessaire à comprendre les états d'âmes de chacun, mais voilà bien longtemps qu'elle a cessé d'avoir peur des mots qui désignent les choses. Oui, Suu est handicapé, qu'il le veuille ou non. Comme elle est une vieille dame. Comme elle est stérile. Comme elle est veuve. Ce ne sont pas des mots qui font plaisir, ce ne sont pas des mots qu'elle aime prononcer, mais ce sont des mots justes qui décrivent objectivement sa situation.

- C'est bien là que tu te trompes, mon petit. Je ne suis pas fatiguée que tes petits camarades me traitent comme un bibelot fragile ; généralement, je ne leur laisse pas le loisir de le penser bien longtemps, parce que ce n'est pas ce que je suis. Mais si je l'étais, eh bien j'imagine que ça me plairait davantage. La vie ne s'arrête pas au regard que les autres portent sur toi, et si tu penses l'inverse, eh bien donne toi la chance de faire prévaloir autre chose que ton handicap, mon petit, parole d'une vieille femme veuve et stérile.