Sous le soleil exactement

Alegria s'est parée de couleurs de fête aujourd'hui et montre à Renaissance le visage rieur d'une cité de plaisance un jour de festival. Des milliers d'hommes et de femme masqués se promènent dans les rues et des offrandes de pain et de miel se multiplient dans les cimetières ou au coin des rues, devant les prisons et les endroits officiels. La nuit tombe déjà et, bientôt, de grands feux se dresseront dans lesquels les amoureux jetteront des couronnes de fleurs tressées. La mort pour la vie est un rituel que je peux comprendre. Lorsque l'on aime, l'on se jette dans un inconnu qui peut, au choix, éclairer et réchauffer ou brûler et détruire.

En ce jour de Calavera, je me promène dans la grande ville, goûtant aux coutumes qui me sont étrangères, toujours tentant de comprendre ces gens qui sont à la fois si différents et si proches de nous. Mon masque est blanc, immaculé, ne présentant qu'une larme dorée sous l'oeil droit et la Marque du Maître au niveau du menton, soulignant son sourire d'un soupçon d'ironie qu'ils sont bien peu à connaitre. Pour le reste, je suis habillée sobrement, comme toujours, d'une tunique de coton légère d'une couleur assez proche de ma peau et d'un bas blanc. Mes sandales de cuir sont du même brun chaleureux que ma ceinture et ma besace de guérisseuse, celle qui ne me quitte pas. J'ai aussi mon bouclier personnel et, dans ma main, la menotte de Tobias.

Lui aussi est masqué d'un loup de papier mâché peint de mille couleurs. Derrière le loup, un maquillage d'arlequin complète son déguisement; Ainsi la mort ne le reconnaîtra jamais. Il babille joyeusement dans la foule, sans jamais lâcher ma main alors que je lui raconte tranquillement, en mo'at, les histoires que cette foule bigarrée me rappelle.

La journée a été fort belle ; la soirée promet de l'être encore davantage. Comme depuis plusieurs jours désormais, je ne suis plus simplement la capitaine de l'effrayant et redouté Némésis. Je suis également une femme et une mère. Aujourd'hui plus que jamais, je suis consciente qu'une vie n'est guère solide. Je vois celle de mes filles, qui ont défilé si vite qu'elles m'ont échappées ; celle de Jayn puisqu'elle a grandi et vieillit loin de moi ; celle de Jillian puisqu'elle a manqué de mourir, puis de se laisser mourir. Aujourd'hui, après plusieurs mois d'éloignement, elle sort doucement de l'état de léthargie profonde dans lequel elle s'était enfoncée. En ce qui concerne mon Jaeven, je souhaite le voir grandir. Je souhaite admirer les diverses étapes de son développement, pour que, lorsque la Mort, dans son infinie cruauté, viendra me chercher, je n'ai d'autres regrets que ceux dus à la fragilité de l'existence.

Je suis vêtue d'une chemise blanche à manches longues -recouverte d'un par-dessus noir -, ainsi que d'un pantalon noir, qui se perd à l'intérieur de bottes de cuir. Je n'ai pour seules armes qu'une lame dissimulée dans une de mes bottes. Mon bouclier personnel est, quant à lui, accroché à ma ceinture. Mes cheveux sont lâchés, et je porte un masque que j'ai fabriqué moi même, parfaitement assorti à celui de mon fils, qui dans mes bras, semble être un modèle réduit de moi-même. Lui et moi nous dirigeons désormais vers un atelier prévu pour les enfants.

Un atelier pour enfant a été annoncé non loin de là où nos pieds nous on mené. Il s'agit, d'après la publicité, d'habiller, de maquiller et d'utiliser des marionnettes, selon les âges, pour raconter des contes impériaux. Des travaux manuels, cela ne peut qu'amuser le petit Tobias qui a probablement hérité en partie des dons de son père. Et puis fréquenter des enfants de son âge pourrait le stimuler du point de vue du langage. Pour ma part...des contes étrangers. Il n'y a pas grand chose à ajouter. Nous prenons la route, nous mêlant à la foule de parents avec des enfants plus ou moins sages. J'ai pris Tobias dans mes bras pour ne pas le perdre. Hush m'a donné une confiance que je ne veux briser pour rien au monde. Devant moi, une femme aux cheveux blancs, par dessus noir, pantalon noir, bottes. Beaucoup de noir et de blanc. On me pousse, je trébuche un peu, pose ma main sur l'épaule de la femme aux contrastes pour me retenir, légère, avant de la retirer, baissant les yeux, par réflexe, comme on me l'a apprit devant un "Maître" que l'on a offensé.

"Veuillez m'excuser, j'ai trébuché."

Elle brille la dame. Comme un foyer. Comme notre Capitaine.

La foule est dense ; elle se presse et se bouscule. Mes deux bras entourent mon fils, âgé d'à peine cinq mois, afin de le préserver des remous incessants. Cela fonctionne de façon satisfaisante, jusqu'à ce qu'une main se pose sur mon épaule. Surprise, je fais volte face, déjà prête à dégainer mon poignard s'il s'agit d'un danger. Cependant, je découvre une jeune femme de toute beauté, au magnétisme aussi puissant que celui de Conrad. Elle tient son fils entre les bras. Il est plus âgé que Jaeven. Peut-être a-t-il deux ou trois ans. La jeune mère semble visiblement fort gênée par la situation. J'époussette mon haut, vérifiant qu'elle ne l'a point froissé.

- Eh bien. Il n'y a point de mal, Madame. Est-ce que tout va bien, pour vous et votre fils ?

Peut-être aurais-je agi autrement, face à une femme seule et visiblement mal intentionnée ; celle qui me fait face semble suffisamment gênée pour que je ne doute en rien de sa sincérité.

Mon fils ? Je regarde Tobias qui babille dans mes bras, rieur plus que secoué. Il semble avoir hâte et me raconte avec son langage enfantin une anecdote que je ne peux m'empêcher de saluer d'un sourire doux.

"Oui, je vous remercie. Tobias est mon neveu." Le fils de mon frère m'a-t-on appris en standard. Je ne connais pas les mots pour la famille de coeur aussi j'utilise ceux de sang à défaut d'autre chose. J'ai eu peur, au début, que son métissage lui vaille des remarques mais je me rends compte que les envahisseurs le considèrent comme un mo'at. Tant mieux. C'est ce qu'il sera en grandissant. "Vous savez s'il y aura des activités pour tous les âges ?" Parce que si c'est uniquement pour les petits de l'âge du nourrisson dans les bras de la dame aux cheveux blancs, cela ne l'intéressera pas.

Je suis quelque peu surprise que l'enfant ne soit point le fils de la femme sublime et magnétique qui me fait face. Je n'avais pourtant pas le moindre doute sur la nature du lien de parenté.

- Votre neveu ? Oh, oui, bien sûr. Pardonnez-moi. La ressemblance est saisissante.

J'offre un sourire à l'enfant, voyant en lui une part de mon fils, malgré les flagrantes différences physiques. Tobias a la peau halée, de grands yeux marrons, des cheveux châtains. Mon fils a tout d'un Alvarez ; la pâleur, les cheveux si blonds qu'ils semblent blancs, un regard à l'effigie des océans.

- Cet atelier-ci concerne tous les enfants âgés de quelques jours à quatre ou cinq ans, si je me fie aux dires du programme. Il me semble que, de surcroit, nous pourrons être assurée de trouver une certaine tranquillité ; aucun Homme ne nous fera trébucher ou n'osera passer trop violemment, éloignant les risques de blesser les enfants.

"Il n'y a rien à pardonner, l'erreur est tout à fait compréhensible." Je n'ai pas honte de Tobias, pas plus que je n'ai de raison de l'être. Le fils de mon frère est mon fils et je l'aime déjà autant que je peux aimer un enfant. Je suis fière qu'on me prenne pour sa mère, métis ou on. Mais les enfants ont besoin de repères stables aussi je ne pouvais pas non plus ne pas rectifier. J'embrasse doucement le front du petit, inconsciente de la douce tendresse que je dégage alors. "Dans ma tribu, les hommes peuvent s'occuper des enfants autant que les femmes et ils ne sont pas forcément de mauvais substituts quand ils le veulent mais je m'avoue rassurée de savoir que Tobias ne sera pas mis entre les bras de personnes rudes ou violentes." Ni, je l'espère, d'esclavagistes.

Le discours de la femme me laisse pantoise. Je prends quelques instants à réaliser qu'elle avait mal compris mes propos, attribuant un genre à ce qui, dans mon esprit, demeurait neutre.

- Bien sûr, oui. Je parlais des Hommes avec un grand H. Je suis la première à lutter contre les stéréotypes du genre, soyez en assurée. Les pères sont importants dans la vie d'un enfant ; pas davantage, ni moins qu'une mère. D'autres part, les représentants du genre masculins ne sont point les seuls capables de se montrer rudes ou violents, même avec un enfant. Enfin, ce qui importe réellement est l'amour que l'on peut leur porter, après tout. Votre neveu semble tout à fait comblé, de ce point de vue-ci. Cela porte à croire que ses parents ainsi que son entourage proche remplissent formidablement leur rôle.

J'ignorais que la taille de la lettre changeait quoi que ce soit dans cette curieuse langue qui est celle des envahisseurs. Comment entendre des majuscules ? Et pourquoi écrire le parlé ? J'ai déjà du mal à saisir pourquoi écrire tout court si ce ne sont les choses très importantes mais alors écrire l'oral me semble une subtilité nouvelle. On ne m'a pas appris ça sur le chasseur. Je m'incline doucement. "Pardon, ma maîtrise de votre langue n'est pas parfaite, j'avais mal compris." Pour dire le vrai, je ne comprends toujours ps de quoi elle se réjouit. Il y a un monde fou à cette activité, de mon point de vue tout du moins alors dire qu'il n'y a pas d'Hommes, ce doit être quelque chose qui me dépasse. Je laisse couler. Les incompréhensions entre peuples doivent glisser car si elles piquent, elles blessent et créent des gouffres entre les gens. "Tobias est choyé par son père et par notre tribu." Je ne dis prudemment pas "vaisseau", je ne veux pas attirer d'ennuis au Ni'huan. La femme parle trop bien pour être une pirate. "Il n'a plus sa mère mais toutes nous faisons de notre mieux pour qu'il souffre le moins possible de ce manque. Votre fils semble également être bien équilibré. Son père est-il dans les parages ?"

Je me sens d'humeur fort affable, en ce jour. Certainement est-ce dû aux récents évènements, qui mettent mon cœur en joie ; mon fils se porte à merveille, ma fille cadette guérit progressivement, ma fille aînée est en vie. Mon vaisseau connait de bons moments ; je suis... Amoureuse. Voilà qui est difficile à formuler. Cependant, l'effet est bel et bien là. Peu d'évènements pourraient être suffisamment fâcheux pour avoir la moindre chance d'assombrir cette journée passée en compagnie de mon fils.

- Ce n'est rien, Madame. J'ai moi-même une maîtrise tout à fait inexistante de votre langue. Il serait bien mal venu de ma part de vous faire un quelconque reproche à ce sujet.

J'ignore quel effet aura ma piètre tentative d'humour sur la jeune femme, cependant, mon attention se reporte sur nos enfants. Jaeven est éveillé, et il fixe le petit Tobias avec beaucoup d'intérêt.

- Voir un enfant heureux met mon cœur en joie. Son père n'est point un homme très expressif ; cependant, il essaie. Et à votre instar, notre... Tribu, veille à ce que cet enfant ne manque de rien. Et vous, Madame, n'avez-vous donc point d'enfants ?

Je devine à son regard qu'elle attend une réaction de ma part et à mon habitude des étrangers que c'est un sourire, aussi, je m'exécute, tranquillement, même si je ne saisis pas toujours l'humour de ces gens particuliers. Je le fais d'autant plus volontier qu'elle est aimable et que j'apprécie sa compagnie dans la longue file d'attente. Les deux garçons se regardent. Il est amusant de noter à quel point ils sont dissemblables et pourtant identiques. Deux petits humains.

"Je n'ai pas d'enfant de mon sang mais j'ai des enfants de coeur. Tobias en est un. Ce n'est pas le seul. La famille du coeur est, je crois, un concept différent dans votre univers mais de là où je viens, c'est quelque chose de fondamental. Avec eux, je ne me sens pas moins mère que si j'avais donné la vie."

La famille de cœur est certainement un concept fort différent, il est vrai. Cependant, après avoir grandi au sein du même équipage pirate, les liens noués avec mes subordonnés ont tout du lien familial, quoi que nous conservions une distance cordiale due à mon statut. Certain membres du Némésis ont grandi avec moi ; d'autres, encore, ont vu naître ma mère, puis moi-même. La plupart de ceux-là sont si profondément intégré au Némésis qu'ils laisseront un vide certain lorsqu'ils s'éteindront.

Je songe également à Nadya qui, malgré l'absence de lien du sang, considère Jaeven comme étant son fils. Peut-être l'appellera-t-il maman.

- Je comprends tout à fait cela, Madame. Je possède moi-même une très large famille de cœur. Et si parmi eux, tous ne peuvent se targuer d'avoir une place privilégiée en mon cœur, je conserve pour adage que personne ne peut espérer s'en prendre impunément à l'un d'entre eux. Cela demeure néanmoins très différent de vos coutumes, auxquelles je ne suis point tout à fait étrangère.

Il y a, parmi les membres de mon équipage, mo'ats et métisses qui ont parfois eu une vie entière avant de nous rejoindre.

- De plus, je crois tout à fait qu'il ne suffit jamais de donner vie à un enfant pour être mère. Bien qu'il me soit difficile de concevoir qu'on puisse ne point les aimer, il me faut avouer que bien des mères n'en sont point réellement. A l'image d'une famille de sang, qui n'a parfois d'une famille que le nom.

La différence est là. Elle part du principe que personne ne peut s'en prendre à eux, je pars du principe qu'ils ne viendront jamais demander de l'aide en vain. Je suis sur le soutient, elle est sur la vengeance et la protection. Mais à quel point protéger devient emprisonner ? Il est difficile de connaître la fine limite entre inquiétude et censure. Elle ne me parait cependant pas méchante même si j'ai du mal, parfois, à comprendre le vocabulaire qu'elle utilise. Il n'est ni celui des livres, ni ceux d'Esclave ou des membres du Chasseur, ni même des gens du Pengouin. "Dans ma tribu, nous sommes toutes les mères des enfants et ils ont toujours l'amour dont ils ont besoin, malgré les possibles tristesses d'après accouchement. Cela fait partie de notre organisation. Ainsi jamais un enfant ne souffre et tous grandissent dans la chaleur de la tribu."

- Voilà qui est fort honorable de votre part. Vos enfants sont certainement bien plus épanouis que beaucoup des nôtres. Ma propre mère en est un excellent mais terrible exemple. Enfin, j'ignore pourquoi je vous raconte cela. Vous n'êtes certainement guère intéressée par de telles bagatelles. Vos préoccupations sont toutes autres, et sachez que je suis extrêmement sensible aux malheurs qui touchent les vôtres.

Je lui offre un sourire que je souhaite bienveillant.

- Peut-être que les tares de bon nombre d'adultes viennent du modèle dysfonctionnel qui, hélas, est le nôtre.

"Je suis toujours intéressée par les différences de cultures. Ce n'est qu'en nous côtoyant et en échangeant que nous pourrons un jour peut-être nous comprendre." D'autres auraient parlé de cohabiter mais au fond de moi, si je ne souhaitais de mal à personne, je n'avais aucune envie que les envahisseurs restent autour de ma planète, à abîmer les miens comme ils m'avaient abîmés. De mon calvaire cependant était sorti quelque chose de bien. Je pouvais apprendre des autres. Je n'avais pas à craindre d'être contaminé, je l'étais déjà. Et de ce que j'aurais compris, je pourrais peut-être trouver ce qui les fait venir, ce qu'ils cherchent vraiment, en nous, sans le savoir eux-même. "Votre principal soucis, je pense, est que vous êtes trop nombreux. Une tribu ne peut pas agir pour des millions d'êtres comme pour une trentaine."

- Ce que je considère comme étant ma tribu ne compte que deux centaines d'individus en tout et pour tout - certainement moins que cela, en réalité. Cela demeure bien davantage que la trentaine d'êtres qui peuplent la vôtre, j'en conviens.

Je regarde tout autour de moi, m'assurant qu'aucune oreille indiscrète n'a la terrible idée de se perdre entre moi et la jeune femme mo'at.

- Je crains de n'avoir que peu à vous apprendre quant à ma culture tant que nous serons en terres impériales. J'imagine que vous avez su constater par vous-mêmes que le dialogues avec et entre certaines factions peut se montrer fort délicat.

Peut-être devrais-je me montrer méfiante ; cela n'est cependant point dans mes habitudes. Je ne m'inquiète nullement quant aux risques que j'encours en parlant à une jeune femme mo'at au milieu d'une foule sourde et aveugle.

Que deux centaines. C'est au moins le double du rassemblement des clans. Se rend-elle compte qu'il est impossible de connaître par coeur deux cents âmes ou bien les envahisseurs ont-ils une mémoire phénoménale ? Je ne dis rien, je vois bien qu'elle se donne du mal pour tenter d'être à mon niveau, ce qui est à son honneur. Je sens cependant sa réticence à m'en dire plus et je vois bien qu'il s'agit d'une méfiance envers l'environnement plus que moi. "Je comprends. Une autre fois peut-être ?"

- Si l'occasion se présente, j'aurais assurément grand plaisir à converser à ce sujet en votre compagnie.

Il n'y a nullement plus sincère que ces paroles proférées en cet instant. Cette jeune femme semble posséder un savoir certain ; il me plairait de la voir partager cela avec moi. Au creux de mes bras, Jaeven s'agite légèrement, réclamant que je lui offre une attention certaine. Je le gratifie d'un sourire, et caresse son si beau visage. Mon fils sera un homme magnifique, je n'en doute nullement. Devant nous, l'on s'agite, et l'attente disparait.

- Il me semble que notre tour est venu ; je vous en prie, après vous.

"Merci." La foule a avancé et j'ai suivi, comme une marée humaine qui aurait pris contrôle de mon corps. J'ai lu des traités sur ce sujet appelé la conscience de groupe. Mon clan n'était pas assez nombreux pour démontrer ce phénomène et ma tribu pas assez soudée, pas assez... groupale. J'expérimente pour la première fois à quel point mon être animal est proche de moi, au dessus de ma conscience et cela m'interroge. J'y réfléchirais pendant que les enfants s'amusent, ne regardant que de loin le petit Tobias évoluer avec des enfants de son âge. Le Ni'huan est notre maison, certes, mais elle manque de compagnon pour le plus jeune d'entre nous. J'en toucherais deux mots au Capitaine, peut-être aura-t-il une solution. Il en a toujours. Dans la foule, j'ai perdu la blonde et son enfant. Je ne me pose pas de question particulière, elle profite de ce moment avec son enfant à elle. C'est ainsi que ça doit être.

La foule nous emporte ; je perds un instant la jeune et belle femme de vue - peut-être étais-je trop occupée à m'assurer du bien-être de mon fils. Il me semble l'apercevoir plus loin. Cependant, la foule demeure trop compacte pour que je puisse espérer me rapprocher d'elle. Qu'importe. Peut-être aurons-nous l'occasion de nous recroiser ultérieurement. Dans mes bras, mon fils est désormais happé par l'activité tout à fait bien conçue pour les enfants en bas âge ; je l'accompagne dans ce jeu, veillant à demeurer attentive à ce qui nous entoure.

Je songe néanmoins toujours au jeune Tobias. Il serait intéressant pour Jaeven qu'il puisse interagir avec des jeunes enfants de son âge. Les enfants sur le Némésis ne sont guère courants. Lorsque l'activité sera terminée, j'essaierai de partir à la recherche de la jeune femme étincelante et de Tobias. Peut-être pourrons-nous laisser les enfants s'amuser ensemble ?