And the sun still bright [Jillian & Jezabel]

Alegria. Ses couleurs et ses espoirs, ses odeurs et son calme reposant. Cela fait désormais presque deux jours que le Némésis est posé sur le port, que les hommes prennent le repos mérité et que je profite pleinement de mon rôle de mère au près de mon petit garçon. Cependant, mon bonheur sera encore plus grand que prévu. Puisque le hasard fait définitivement bien les choses, j'apprends à l'instant que l'Albatros fait escale à Alegria, lui aussi. Cela signifie que je vais pouvoir retrouver ma fille, ma Jillian. C'est avec cette tenue civile - un pantalon sombre, un chemisier blanc et des bottines de cuir, un chignon haut -, que je quitte le Némésis, avec Jaeven. Je ne sais fort bien où nous allons ; j'ai d'ores et déjà envoyé un message sur le h-com d'Hannabeth, afin qu'elle envoie Jillian dans ce fameux parc où Jaeven et moi avons admiré le lever du soleil, la veille. Il me semble que c'est l'endroit idéal pour que nous nous retrouvions. J'ignore si elle sera tenue au courant de la présence du Némésis ou non ; je ne sais pas davantage dans quel état je vais la trouver. Cela fait si longtemps que nous ne nous sommes point vues... Depuis cinq mois, une semaine et trois jours. Une éternité. Je suis si pressée de la revoir, seigneur !

Son souffle lui brûle les poumons, elle court à un rythme dératé suivant l'itinéraire tracé sur son HCOM. Un peu plus tôt, au moment où l'Albatros s'est posé à l'astroport d'Alegria, Beth lui a dit que sa mère et le Nemesis étaient à quai et qu'elle voulait la voir. Jillian n'a pas hésité plus d'une seconde, l'adolescente aussi voulait voir sa mama et espérait voir son petit frère qu'elle n'avait vu qu'une fois, par la même occasion. Perlant de sueur, dans ses vêtements d'entraînements - Chemise noire ouverte avec manche remonté jusqu'au coude, débardeur gris en dessous, pantalon de type militaire facilitant les mouvements et ses bottes basses en cuirs marrons. La blonde, dont les cheveux ont été coupés récemment en carré long, atteint le parc indiqué et balaye rapidement les environs du regard, à bout de souffle.

- Mamaaa ! hurle-t-elle d'une voix dramatique et chargée d'émotions.

Elle la voit, les voit, même et reprend sa course, poussant son corps encore un peu plus. L'adolescente ne met que quelques instants à rejoindre sa mère la serrant immédiatement dans ses bras en prenant soin de ne pas blesser bébé Jaeven. Des larmes se forment au coin de ses yeux.

- Je suis... elle sanglote un peu manquant de se moucher sur le chemisier de Jezabel Excuse-moi... Je suis si contente de te revoir. Tu m'as tellement manquée...

Les larmes coulent le long de ses joues, des larmes de joies. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi heureuse.

La voilà. Je reconnaîtrais entre mille cette voix qui m'appelle, cette chevelure blanche qui vole, emportée par le vent. Je sens mon cœur cogner plus fort dans ma poitrine. Seigneur, ce qu'elle m'a manqué... Ce qu'elle m'a manqué. Mon fils confortablement installé dans mon bras gauche a posé sa tête sur mon épaule, et désormais, il regarde avec une curiosité certaine sa grande sœur qu'il ne connait pas encore, pour l'heure. Ils se sont bien vus une fois, mais Jaeven avait tout juste une semaine. Mon second bras s'ouvre autant qu'il le peut afin d'accueillir ma Jillian. Lorsqu'elle vient se blottir contre moi, je ne cherche point à retenir les larmes de joies qui s'échappent de mes yeux.

- Mon amour, ô ma Jillian...

Je lui caresse le crâne d'une main, tout en la serrant contre moi, et mêlant Jaeven à cette merveilleuse étreinte. Je dépose des baisers sur son front.

- Tu m'as manquée, chérie... Oh, tu m'as tant manquée...

Après quelques instants, je romps notre étreinte afin de pouvoir l'observer. Je glisse ma main sur sa joue, séchant ses larmes avec une tendresse infinie. Je la quitte un instant du regard afin de m'adresser à mon fils.

- Qui est-ce ? Qui est-ce ? Tu reconnais ta merveilleuse grande sœur, mon chéri ? Tu veux aller lui dire bonjour ? Oui ?

Le petit garçon affiche un sourire rayonnant, aussi, délicatement, je le prends à deux mains.

- Souhaites-tu le prendre, Jillian ?

L'adolescente s'écarte un peu pour reprendre son souffle et finir le travaille que sa mère à commencer en essuyant les dernières larmes du bout de son pouce. Elle se penche ensuite vers son petit frère qu'elle reconnaît à peine et réalise à quel point, il a grandi en seulement quelques mois. Jillian a le sentiment d'avoir raté déjà beaucoup des premiers moments et le regrette un peu, même si son départ était nécessaire à sa situation. Pour la première fois, elle remarque le comportement de sa mère envers son enfant. Était-elle pareil avec elle lorsqu'elle était petite ? Elle ne s'en souvient pas, mais c'est amusant de voir le masque du Capitaine Jezabel Alvarez tomber pendant ces moments.

- Oui avec plai... s'apprête-t-elle à répondre alors que quelque chose attire son attention. Oh non ! Cata !

La jeune Alvarez accourt en direction de sa petite mo'eylan qui l'a suivie en volant jusque-là malgré son rythme effréné. La bête s'effondre au sol devant elle, essoufflée. Jillian pose sa main sur la tête de l'animal et la caresse doucement, Cata se met alors à ronronner vigoureusement et l'adolescente comprend alors qu'il n'y a rien de grave. Elle la prend et la dépose le long de son épaule puis se tourne à nouveau vers Jezabel.

- Et, je vous présente Catalina. C'est tante Hanna qui me l'a offerte. tente-t-elle, attendant une réaction de sa mère qui n'avait jusque-là pas voulu lui confier un animal et lui recommandait d'être patiente.

Fort heureusement pour tous, mon geste ne parvient nullement à dessein ; je conserve Jaeven entre mes mains tandis que Jillian se dérobe, accourant en direction de... D'un animal qui semble encore fort jeune. Mon expression se durcit légèrement ; je songe à mon kihitui qui nous a quitté il y a déjà quelques mois de cela. Je songe également aux responsabilités liées à la garde d'un animal. Peut-être est-ce une bonne occasion pour elle de ne plus songer seulement à ses traumatismes ?

- Eh bien. Nous sommes enchantés, Catalina. J'espère que tu sauras en prendre grand soin, Jillian. Cependant, j'aimerais savoir... Me réserves-tu d'autres surprises offertes par tante Hanna, chérie ?

Qu'il me soit possible d'envisager le pire et de m'y confronter, autant que faire se peut, en toute quiétude. Malgré les changements au sein de nos relations, il me faut bien avouer que nous nous chamaillons toujours parfois, telles deux enfants qui n'ont jamais su grandir. Si Hannabeth peut permettre à Jillian de me rendre plus folle que je ne le suis déjà, elle ne s'en privera guère ; pour autant, je ne suis point décidée à lui faire le plaisir d'entrer dans son jeu.

- Tu as tant changé, mon amour. Plus le temps passe et plus tu deviens une magnifique jeune femme... Viens, viens t'asseoir avec nous sur ce rocher et conte moi donc ton quotidien sur l'Albatros ; plus tard, si tu le souhaites, nous irons boire et manger.

- Hmm... Non... Pas pour l'instant mais elle a en tête la discussion qu'elle a eu avec celle-ci sur les tatouages et son envie d'en faire un aussi. Son sourire jusqu'aux oreilles et son regard confus en revanche en disent long.

- Mais ne lui en veut pas trop s'il te plaît. Elle pensait me l'offrir pour me... elle se racle la gorge, ayant un peu de mal encore à parler de son état d'avant. changer les idées. Ne t'inquiète pas, je saurais me montrer digne de cette responsabilité.

La jeune femme sourit simplement aux compliments de sa mère avec fierté. Heureuse que sa mère la reconnaisse comme une jeune femme. Elle se joint à elle, s'asseyant sur le rocher fasse au soleil dans cette environnement agréable.

- Oh mama, mon séjour sur l'Albatros est très agréable. Hanna a veillé à mes moindres besoins, mais m'a aussi beaucoup sollicité avec le reste de l'équipage du vaisseau. J'ai rencontré tant de gens intéressants et je me suis fait beaucoup de nouveaux amis parmi eux. J'aimerais tellement que tu puisses les rencontrer toi aussi. Et... même si ça n'a pas été facile de m'en sortir, je pense aller mieux grâce à cette expérience. Je le dois à Cata aussi et au fait que je m'entraîne tous les jours maintenant, le matin très tôt, avant le changement de quart. Je te montrerais lorsque nous nous entraînerons la prochaine fois, j'ai quelques nouveaux tours dans mon sac. lâche-t-elle presque d'une seule traite.

Je l'écoute parler avec attention. Elle semble être dans de bien meilleures dispositions, et encore une fois, je songe que la décision de l'envoyer à bord du vaisseau de sa tante fut la meilleure que j'ai pu prendre depuis fort longtemps. Il me semble retrouver l'étincelle de vie dans le regard de ma fille, et rien ne saurait me combler davantage. Dans mes bras, Jaeven observe sa grande sœur avec une curiosité et une admiration qui ne sauront que croître avec le temps.

- Je n'éprouve aucune rancœur en vers ta tante pour la façon dont elle te choie. J'aurais aimé que tu demeures une toute petite fille heureuse et insouciante à tout jamais. Cependant, tu grandis et il est normal que tu souhaites faire tes preuves et connaître de nouvelles responsabilités, mon ange. J'ai bien hâte que tu me montres tous les progrès que tu as fait durant ton séjour sur l'Albatros. Lorsque tu rentreras, je souhaiterai que tu entames officiellement ton apprentissage, afin de reprendre le flambeau familial lorsque je m'éteindrai. Bien évidemment, il est primordial que cela soit également ton souhait. Je ne ferai point l'erreur de t'obliger à te lancer à corps perdu dans une formation que je sais être difficile et prenante.

- Je suis très heureuse que vous ayez réussi à vous réconcilier et que vous fassiez toutes les deux, autant d'effort pour enterrer le passé. elle sourit, caressant Cata.

C'est étrange pour elle d'avoir une famille après tout ce temps passer seulement toutes les deux. Étrange mais très agréable, de savoir qu'on est aimé par d'autres membres de sa famille. Rassurant aussi de se savoir protéger par d'autres et responsabilisant de se dire que l'on doit aussi les protéger. Même si Jillian est encore partiellement affligée par l'accident de l'année passée, elle se sent de nouveau complète, et même plus forte qu'avant.

- Même si je me plais beaucoup sur l'Albatros, avec tante Hanna, je ne te cache pas que je suis impatiente de rentrer à la maison... Tout le monde me manque... J'espère qu'il ne s'est rien passé de trop important pendant que j'étais partie... Enfin, à part... tu vois...

Elle sourit en regardant son petit frère d'un air bienveillant et protecteur. Puis son regard va se perdre dans l'horizon, la vue est magnifique. Elle se sent prête pour les responsabilités, plus qu'avant et plus que jamais, mais le fait d'avoir perdu de vu pendant un temps cet objectif, son objectif, l'a fait douter dernièrement. Peut-être qu'elle n'a pas ce qu'il faut pour être capitaine, en fait, elle ne sait même pas si c'est ce qu'elle veut vraiment parce qu'elle n'a jamais rien vu d'autre.

- Je... Je me sens prête. se contente-t-elle de commenter malgré une hésitation palpable.

Mon sourire s'efface lorsqu'elle évoque les liens qui nous unissaient, ma sœur et moi, par le passé. Il demeure complexe pour moi d'en parler. Nous n'avons point fait table rase du passé, et une partie de ce que nous avons vécu restera très certainement ancré en nous à jamais. J'ignore ce qu'Hannabeth a ou non raconté à Jillian. Je serai certainement curieuse d'en apprendre davantage, seulement, je préfère qu'elle soit l'instigatrice de cette conversation.

- Beaucoup d'éléments sont fort complexes, au cœur de ma relation avec ta tante. Néanmoins, nous sommes une famille, et rien n'est aussi important que la famille.

Il s'agit d'une vérité désormais. Une vérité que le monde entier doit savoir. Provoquer une Alvarez, signifie s'attirer les foudres de toutes les Alvarez. Je caresse tendrement le visage de ma fille, tout en berçant Jaeven contre ma poitrine.

- Tu sais que tu peux rentrer lorsque tu le souhaites. Tu manques énormément à tout le monde, ma chérie. En revanche, il ne te sera point délicat de te mettre à jour quant aux évènements récents. Je t'y aiderai, et puisque tu seras officiellement mon apprentie, tu en apprendras même bien davantage.

Je lui offre un sourire doux, qui se veut réconfortant. J'ai noté son hésitation, cela va de soit. Je sais que, malgré le temps passé, elle n'est guère tout à fait guérie de ses traumatismes passés.

Elle remarque que le sourire s’efface sur le visage de sa mère et décide de ne pas ré-évoquer tout de suite la relation entre sa tante et sa mère. La pente semble encore glissante sur ce sujet, et l'adolescente ne voudrait pas gâcher ses retrouvailles en évoquant un sujet difficile. S'approchant de Jezabel, elle regarde son petit frère avec bienveillance, place son visage juste au-dessus de lui et passe une main dans ses, déjà nombreux, cheveux blonds. Son sourire, ne semble pas pouvoir être éteint à ce moment. Jillian décide de revenir sur le sujet de la famille, pour faire couler son inquiétude quant aux responsabilités, et s'adresse directement à Jaeven.

- Bonjour petit cœur. C'est moi ta grande sœur Jillian. Je t’aimerais toujours quoi qu’il arrive et c’est une promesse. Sa voix est douce et se charge rapidement d’émotion. Sa tête se redresse lentement vers le visage de sa mère. Si la proposition tient toujours, j’aimerais le prendre dans mes bras…

Ça lui ferait très plaisir et se serait la première fois, comme elle ne s’en sentait pas capable la dernière fois. La jeune fille n'attend que l'acquiescement de sa mère pour placer ses bras de manière à prendre le bébé, même si elle ne sait pas vraiment comment s'y prendre et appréhende un peu d'être trop maladroite.

Voilà que je découvre avec beaucoup de tendresse un amour naissant entre ma fille et son petit frère. Amour qui, j'ose le croire, ne fera que croître au fil du temps, sans jamais s'essouffler. Qu'il est difficile d'envisager une relation fraternelle saine et dépourvue de haine ! Mon vécu ne m'a point permis de me préparer à telles merveilles. A quoi ma vie aurait-elle ressemblé, si j'avais tenu de tels propos à l'attention d'Hannabeth ?

- Bien évidemment, mon ange.

Je pose une main sous la tête et la nuque de Jaeven, l'autre sur ses fesses, et je le tends doucement à sa grande sœur. Je sais qu'elle redoute de lui faire mal, et voilà sans nul doute la raison qui l'a poussée à ne point le prendre dans ses bras plus tôt que cela. Ai-je, moi aussi, craint un jour de briser Hannabeth, lorsqu'elle n'était qu'un bébé ?

- Il est important que tu maintiennes sa tête convenablement. Ses muscles ne sont point encore efficients. Si tu fais cela, tout ira bien.

Tout ira bien. Je la regarde faire, concentrée sur les mouvements si délicats, si emplis d'amour... Je me souviens de ces instants si sombres, lorsque maman et moi voulions la mort d'Hannabeth. Lorsqu'elle hurlait de peur et de douleur. Et de cette scène emplie de violence... Cette première gifle échangée entre papa et maman, ces premiers moments de déchirement. Et Seigneur, cette haine qui s'est accrue si longtemps pour ne plus laisser qu'un vague souvenir aujourd'hui...

La jeune femme place, avec le plus grand soin, ses bras autour de son petit frère en suivant les indications de sa mère pour ne pas risquer de lui faire du mal. Son appréhension disparaît bien vite alors que sa concentration est au maximum. Elle parvient à le ramener contre elle avec soin et à caler sa tête sans mal. Son regard bienveillant ne le quitte pas pendant toute la manœuvre, seulement une fois le bébé sécurisé ose-t-elle redressé la tête vers sa mère. Un grand sourire se dessine sur ses lèvres et des larmes de joie menacent de couler le long de ses joues tandis qu'elle le berce tendrement de gauche à droite.

L'instant présent compte parmi les plus beau qu'il m'ait été donné de vivre ces derniers mois - peut-être même ces dernières années. Si je craignais que Jillian n'éprouve quelques difficultés à accepter son petit frère au sein de notre famille, il semblerait que ce soit infondé. Cela me soulage bien davantage que ce que je voudrais bien avouer. Je conserve de mauvais souvenirs de mes années de mésententes avec ma jeune sœur. Aujourd'hui, je réalise avec horreur que j'ignore tout à fait comment maman a pu permettre cela. Si l'un de mes enfants en haïssait un autre, cela me briserait au plus profond de moi. Il suffit de se référer à la douleur que m'a fait ressentir la tentative d'assassinat de ma Jayn sur ma Jillian. Seigneur. Inutile de songer à cela, pour l'heure. Je conserve un sourire d'apparat, tandis que mes doigts effleurent la joue de ma fille, effaçant les larmes qui brillent dans son regard avant même qu'elles ne coulent.

- Tu t'en sors très bien. Je suis certaine que tu vas être la plus merveilleuse des grandes sœurs, Jillian chérie. Les liens fraternels sont puissants et précieux. Jaeven est chanceux de t'avoir, et je prie le ciel pour que vous soyez proches et unis, même au cœur de la diversité. Je n'ai compris que bien tard que le fait de posséder un frère ou une sœur signifie en réalité posséder un allié tout au long de son existence.

La jeune fille sourit, les encouragements de sa mère lui avait manqué. Sur l'Albatros, Hannabeth aussi l'encourage, mais ce ne sont pas les encouragements d'une mère, de sa mère. Ce n'est pas qu'elle en a forcément besoin encore, mais c'est une habitude confortable et qui lui réchauffe le cœur à chaque occurrence alors pourquoi s'en priver. Elle hoche la tête doucement lorsqu'elle lui parle des liens fraternels.

- J'essaierais d'être à la hauteur. Pour lui, pour nous.

Pour les Alvarez. Jillian veut taire le cercle de conflits et de haine qui traîne dans les fratries de sa famille depuis bien trop longtemps. Tout son amour sera donné, sans compter, à Jaeven et elle s'assurera toujours qu'il ne manque de rien quelle que soit la situation. C'est une promesse qu'elle se fait à elle-même. Catalina sur son épaule, curieuse, penche la tête pour mieux voir la petite chose entre les bras de sa maîtresse et ronronne doucement en frottant sa tête contre la joue de la blonde.

Il ne faut parfois qu'un instant pour réaliser que tout s'aligne parfaitement. Ces moments son rare et il faut les apprécier. Son regard se perd dans le vague une nouvelle fois, mais elle maintient parfaitement Jaeven entre ses bras.

- Je suis prête à revenir, mama.

Mon cœur menace d'exploser sous la vision si douce de ma fille et mon fils, créant d'ores et déjà leur premier lien. J'avais l'âge de Jillian lorsque mon premier enfant est né. Cette constatation est fort étrange ; cet enfant pourrait tout aussi bien être celui de ma fille. Oh seigneur. Cependant, je n'ai point le temps d'y songer réellement. Jillian semble réfléchir un instant, avant de prononcer une phrase que j'ai rêvé d'entendre des dizaines et des dizaines de fois. Émue, je caresse sa joue avec une infinie douceur.

- Tu... Tu en es certaine ? Oh, mon amour...Tout le monde sera profondément heureux de te retrouver. Tu nous as manqué, soufflé-je.

Je demeure silencieuse un instant, contenant mon émotion.

- Souhaites-tu que Jaeven et moi t'accompagnions afin de récupérer toutes tes affaires ? Ou peut-être souhaites-tu que nous rentrions directement ? Je pourrais envoyer quelqu'un de confiance chercher tes biens, si tu le désires.

Jillian regarde sa mère d'un air plein de tendresse, après ces mois difficile elle est heureuse de partager un moment juste toutes les deux. Elle prend étrangement conscience qu'en vieillissant ces instants vont sans doute se raréfier et elle veut en profiter au maximum.

- Oui, je le sais depuis quelque temps déjà et j'en serais toute aussi heureuse. Dit-elle alors que son hésitation de tantôt semble totalement s'estomper. La petite blonde renifle et une larme coule le long de sa joue.

Cette dernière année a été très difficile et... Sa voix hésite à le dire.Je pense être guérie.

Pas totalement guérie, elle ne le sera peut-être jamais, mais suffisamment pour ne plus être isolée des gens qu'elle aime. Malgré son incertitude, vis-à-vis des responsabilités que Jezabel veut lui donner elle ne veut pas passer une nuit de plus loin d'eux. Même si cela veut dire qu'elle doit quitter sa tante Hannabeth et ses amis de l'Albatros.

- Je préfèrerais le faire seul, mama. Je voudrais prendre le temps de dire au revoir à mes amis et à tante Hanna. Les remercier comme il se doit aussi.

Et éventuellement faire la fête, mais elle n'est pas obligée de le savoir.

L'entendre me parler ainsi provoque un soulagement tel qu'il me faut m'appuyer à un rocher pour ne point choir. J'ai la sensation de recommencer à respirer après des mois privée d'oxygène. La sensation est enivrante. Cependant, après quelques secondes, je parviens à redevenir maître de moi-même, et je souris à nouveau à ma fille, profondément heureuse.

- Oui, évidemment, cela va de soit. Souhaits-tu que Jaeven et moi te raccompagnons jusqu'à l'Albatros, en ce cas ? Tu pourras ainsi passer ta dernière journée à bord avec tes amis et Hannabeth. Jaeven et moi pouvons attendre encore un jour, s'il s'agit de t'avoir auprès de nous pour les années à venir.

- Non... Je crois que j'ai besoin de m'en occuper seule.

Elle lui lance un regard plein de confiance. Jillian lance un dernier regard attendri à son petit frère et dépose un doux baisé sur son front. Puis se penche vers elle, le transvasant de ses bras à elle dans les bras doux et chaud de sa maman. Avec, comme la première fois, toute l'attention du monde pour ne pas lui faire de mal, soutenant tout particulièrement sa tête. La jeune Alvarez fait un pas en arrière et essuie ses joues.

- Bien, nous avons à faire. Dit-elle en grattouillant le menton de Catalina qui ronronne doucement sur son épaule. Ne t'inquiète pas, je serais sur le Némésis au plus tard demain matin. Je te préviens. Ajoute-t-elle s'éloignant et en montrant son tout nouveau HCOM.

Puis elle part, songeant au vaisseau qu'elle va quitter et à la famille qu'elle va retrouver. Nostalgique mais aussi impatiente des aventures à venir.

Je demeure seule avec Jaeven, tandis que ma Jillian s'éloigne. Mon coeur se serre lorsque je la vois s'effacer à l'horizon. Cependant, je sais désormais qu'elle va me revenir. Je ne réalise point, mais une douce chaleur se répand dans ma poitrine. Enfin, elle rentre à la maison. Aussi, je ne tarde guère à me mettre également en branle. Si elle rentre au plus tard demain matin, cela signifie que nous avons peu de temps pour préparer son accueil comme il se doit. Je sors mon h-com d'une main et entre un numéro. Lorsque l'on répond, je marche d'un pas énergique en direction du Némésis.

"Ici la Capitaine Alvarez. Jillian rentre à la maison ce soir ou demain matin. Réunissez toute votre équipe. Il nous faut faire une réception digne d'elle. Je veux que tout soit grandiose."

J'entends à peine le "Bien, Madame." avant de ranger mon h-com. Demain sera un jour de fête. Ma Jillian rentre chez elle. Enfin.