La luciole bavarde et le mécano bougon

... À ton pantalon ?! Trop. Petit.

Tu la regardes rire, tirant une bonne tête grognonne, mais vous savez tous les deux que c'est pas sérieux. T'en profite pour finir ton repas sans autres commentaires sur ta futur ligne -courbée- avant de hausser un sourcil quand elle vient ainsi se caller contre toi après avoir viré les plateaux.

Oh, tu ne cherches pas une seconde à l'en empêcher, lui faisant même de la place. Tu laisses ton menton se poser sur son crâne sans pour autant y mettre de poids afin d'éviter de lui faire mal, observant aussi l'espace, là dehors. T'aimes bien quand elle vient ainsi contre toi, sans pour autant le dire. Même si en soi, le fait que tu laisses faire sans protester ou t'agiter est déjà parlant en soi.

Ce qui ne l'empêche pas après un moment de te poser une question qui te fait légèrement grimacer, une lueur d'amusement au fond des yeux.

- Des aventures ? Comme ?

Tu relèves un peu la tête avant de venir poser la joue contre son crâne, attendant sa réponse, vague sourire taquin sur les lèvres. Petite fouine, va.

Loukian pose son menton sur ma tête et ça m'arrache un sourire. Je suis bien comme ça, et si lui aussi, alors je ne me pose pas plus de questions. Mon sourire laisse néanmoins la place à une moue lorsqu'il fait encore semblant de ne pas comprendre ma question.

"Des aventures de chevaliers et de dragons, bien surs, quoi d'autre?"

Mon ironie n'est pas méchante, au contraire, et je ris avec affection pour marquer le coup.

"Non, je veux dire, t'as eu des aventures avec des femmes sympas que t'auras envie de revoir? Ou des hommes? J'te raconte toujours tout, moi."

Et par tout, il parait que parfois c'est trop, aussi. Personnellement, je ne vois vraiment pas le mal dans l'attention aux détails, m'enfin. Le fait est qu'il ne s'est difficilement passé plus de quelques heures entre le moment ou j'ai fait une rencontre intéressante et le moment ou je suis allé le raconter à Loukian. Il est d'ailleurs le seul à savoir pour moi et Ichabod, pour sa simple et bonne raison que je lui avais parlé de mon énorme béguin pour lui avant même qu'il ne se passe quoi que ce soit. Personne n'est censé être au courant, bien sur, mais je fais confiance à Loukian, il ne dira jamais rien.

Chevaliers et dragons, ni plus ni moins. Tu profites qu'elle ne puisse pas te voir pour rouler des yeux avant de faire une petite moue par la suite...

Oui, Aeÿ'gys raconte tout, par moment, ça se surprend encore, même si tu écoutes toujours, invariablement, et avec attention. Elle n'a pas besoin de mijoter tout ça avant de raconter ou que tu lui demandes ou la taquines pour la pousser à en discuter. En vrai, tu aborderais probablement peu ce sujet de toi-même si elle ne venait pas si ouvertement en parler. T'es vachement moins communicatif de ton côté. Et tu restes silencieux un instant avant de hausser doucement les épaules.

- Possible.

Et tu relèves la tête pour mettre soigneusement le bordel dans ses cheveux et adoucir tes mots.

- Mais j'aime pas trop raconter dans les couloirs. On va porter les plateaux ?

Les filles, ça va, les garçons, beaucoup moins pour raconter. Tu caches pourtant pas particulièrement tes intérêts variés tout comme ceux des autres ne te gênent pas, mais en parler comme ça, ça coince. Oh, t'en veux pas à ta luciole, il y a encore un léger sourire sur tes lèvres, tu la gardes encore contre toi. Simplement qu'en-dehors de ta cabine, c'est mort, surtout que c'est déjà difficile, même dans la cabine.

Je me redresse un peu, intriguée et intéressée lorsqu'il me dit qu'il a possiblement des histoires à me raconter, le laissant mettre le bordel dans mes cheveux sans protester, mais ravale mon excitation lorsqu'il se relève et que je vois son expression. Je le connais suffisamment pour savoir qu'il est sérieux et je n'insiste pas pour en savoir plus maintenant.

"Ouai, bonne idée. Puis direction ta cabine avec de la glace ou des chocolats, question d'faire ca sérieusement."

Je lui offre un clin d'oeil suivit d'un sourire encourageant, sachant le sujet délicat, en lui donnant ce que j'ai d'humour pour tenter de l'aider. Je saute donc sur mes pieds, attrape mon plateau vide et reprend la direction de la cantine. Lorsqu'on arrive dans la grande salle, il n'y a déjà presque plus personne et il ne nous faut qu'un instant avant de ressortir les mains vides. On pourrait passer par chez moi pour réellement prendre du chocolat, mais je me doute bien qu'il s'en fou un peu, alors on ne fait pas le détour. On se retrouve donc rapidement dans l'aile des cabines des officiers alors que ma curiosité me ronge de l'intérieur. J'ai ensuite un léger doute et me passe un main dans les cheveux.

"Louk...? Si t'as pas envie d'm'en parler, j't'en voudrais pas pour vrai, tu sais? J'dis beaucoup d'bêtises, parfois."

J'ai un léger rire mi-amusée, mi-inconfortable, mais le sourire que je lui offre est entièrement sincère.

T'Acquiesces à sa réponse. Bon, pas que t'ai envie de glace ou de chocolat, mais ça te gêne pas qu'elle en mange... Même si tu vas probablement te retrouver à nettoyer des traces de chocolat de partout.

Tu réponds à son clin d'oeil et son sourire par une esquisse de sourire avant de te lever et de récupérer ton propre plateau. Ça ne prend guère de temps pour que vous en soyez débarrassé et en route pour ta cabine. T'as pas proposé, trop plongé dans tes pensées, mais Aeÿ n'a pas non plus demandé pour faire un détour et aller chercher du chocolat. D'ailleurs, elle le sent, vu ses paroles... Et tu passes tellement proche de lui dire qu'en fait, non, t'as pas envie d'en parler. Mais ça t'emmerde. T'aimes pas bloquer sur des conneries. C'est pas honteux ou quoi que ce soit et tu devrais pas faire de différence.

Et si t'en parles pas avec Aeÿ, t'en parlera avec personne, alors peut-être simplement commencé par ça ?

- Je sais que tu m'en voudrais pas pour vrai. Si j'en parle, c'est parce que je le veux bien. T'inquiètes pas.

Tu déverrouilles la porte la lui ouvre, la laissant passer avant de refermer derrière toi et de virer tes bottes pour aller t'installer en tailleur sur le lit, dos contre le mur. Tu jettes une seconde un coup d'oeil vers le bureau avec la bouteille de rhum, mais tu abandonnes l'idée pour t'allumer une clope et tirer dessus.

Je me détend un peu lorsqu'il m'assure que je ne lui force pas la main. Puis, comme pour le remercier ou m'excuser un peu plus, j'en sais un peu rien, j'appuie mon épaule puis mon front contre son bras - différence de taille importante, tout ca - pendant quelques secondes avant d'entrer dans sa cabine. Je me dirige ensuite directement vers son lit avec l'habitude de quelqu'un qui connait aussi bien cette chambre que ses propres quartiers, puis m'y installe en tailleur.

J'aime la cabine de Loukian même si, par Calypso, mon ami n'a absolument aucun gout pour la décoration. Un jour, j'en ai fait la promesse à la Déesse il y a longtemps, je finirais par le convaincre de me laisser l'aider avec ca. C'est vachement trop triste ses murs vides et sans couleur, quoi. Mais malgré tout, oui, j'aime être ici. C'est un peu une bulle de sécurité et de familiarité hors du temps. Ici, je me sens bien, chez moi même si je n'y suis pas, et c'est con, mais ca sent Louk'. Un mélange d'huile mécanique, de fumée et la fraîcheur d'un savon. Et cette odeur là pour moi, elle vient avec tout ce que je viens d'énuméré.

Je lui laisse le temps d'allumer sa clope, toujours soucieuse de ne pas le forcer, mais... bon sang j'y tient plus, ma curiosité va me rendre chèvre.

"Aaaaaaaalors. Tu préfère me raconter à ton rythme ou que j'te pose des questions?"

Elle craque. Sa question te tire un petit ricanement et tu secoues la tête. Tu tires sur ta clope, regardes un filet de fumée monter au plafond.

- J'me suis taper un mec. Hum. Voir deux.

Aye. C'est sortie plus sec que tu le croyais. Tu ricanes, te laisses choir sur le dos. Tu tournes un peu la tête pour la regarder.

- C'était bien. Je recommencerai probablement si on se croise et que ça leur dit. C'était pas prise de tête, rien.

Tu hausses les épaules... Tires sur ta clope avant de te redresser pour taper la cendre dans le cendrier. Et tu te sens un peu ridicule. D'avoir tant hésité pour... Juste balancer quelques malheureux mots. Alors même que tu sais très bien qu'Aeÿ s'en fou, que ce soit des hommes ou des femmes. Que ça fait pas de différence à ses yeux. Tu fronces un peu les sourcils, fini par soupirer.

- J'm'sensbête.

Tu ronchonnes, marmonnes dans ta barbe en regardant ta clope, tout à coup beaucoup plus refermé.

Lorsqu'il m'avoue enfin avoir couché avec des hommes, je sens dans son ton tout ce que ca lui coûte de me le dire, et je lui souris doucement. Je sais que ce genre de révélation peut être compliqué, même avec des gens qu'on connait et qu'on sait qu'ils nous accepteront comme on est. J'ai eu cette conversation avec Hush pour moi-même, peu de temps avant qu'on nous revende séparément. Je n'ai jamais pu l'avouer à ma mère.

Lorsqu'il se laisse choir sur le dos, je bouge un peu sur le lit, prend sa tête et la dépose sur mes jambes pour lui servir d'oreiller. Doucement, je passe ensuite mes doigts dans ses mèches noires sans le lâcher des yeux. Je suis vraiment touchée qu'il me fasse cet aveu. Fière de lui aussi. Lui sait depuis toujours que je suis bisexuelle et il m'a toujours accepté telle quelle, et pour ca, je lui suis reconnaissante.

"T'as pas à t'sentir bête, idiot."

Je lui offre un nouveau sourire, plus large celui-là, d'au dessus de lui. J'arrête pas mes caresses dans ses cheveux, d'abord parce que j'adore faire ca, et ensuite parce que j'espère que ca le calme un peu. J'aime pas le voir aussi mal.

"Ils étaient comment?"

Tu abandonnes la clope dans le cendrier, te laisses à nouveau aller sur le dos. Tu bronches pas quand Aeÿ'gis pose ta tête sur ses jambes avant de jouer dans tes cheveux. T'aimes bien quand elle fait ça, alors tu protestes pas, l'observant simplement.

Si tu peux pas te sentir bête, semblerait que tu puisses te sentir idiot. Ça te tire presque un sourire. Presque. Parce que le reste t'embête trop pour passer comme ça à travers. La question te prend d'ailleurs au dépourvu et tu l'observes en haussant les sourcils.

- Euh...

Tu sais pas quoi répondre exactement.

- Tu veux savoir quoi exactement ? C'était des types lambda, sympa et qui faisaient bien ce qu'ils faisaient ?

Par l'Unique. Attire-la sur une autre pente, parce que...

- À Paradis, je serais incriminé pour ça. C'est vraiment pourri.

... Par l'Unique. Ce sujet est pire.

Je continue à glisser mes doigts dans ses cheveux. J'aime cette sensation et voir mes phalanges disparaître dans ses mèches noires. Ça a un effet... apaisant, pour moi. J'espère que c'est la même chose pour lui. J'espère arriver à être un espace de confiance et de réconfort aussi pour Louk', autant qu'il l'est pour moi. Pour l'instant néanmoins, il semblerait que j'ai réussi à le mettre mal à l'aise. Je ris donc doucement pour tenter d'alléger l'atmosphère.

"C'est pas c'que j'voulais dire. J'parlais physiquement, ils avaient l'air de quoi? Grand, ténébreux, regard à faire tomber un Compagnon à la renverse?"

Je veux qu'il voit que je prend la chose avec le même intérêt et de la même façon que s'il me disait avoir rencontré une fille. Qu'il sache qu'au moins avec moi, ca ne fait vraiment aucune différence, que je l'accepte, que c'est normal. La suite me tire néanmoins une grimace, et l'humour quitte ma vois comme mon regard. Je n'en veut pas à Loukian de me rappeler Paradis, bien sur, et je sais que lui aussi a beaucoup de mauvais souvenir qui y sont attachés justement.

"Ouai, moi aussi. Et pas que pour ca."

J'ai un nouveau rire, et bien que je le voulais léger, il sonne faux et triste. À Paradis, je me ferais incriminé en tant qu'esclave en fuite avant même qu'ils n'envisagent ma bisexualité comme un crime potentiel. Je fais tourner une de ses mèches autour de mon doigt.

"Mais on est plus à Paradis, heureusement..."

Alors qu'elle précise sa pensée, t'agrandis lentement les yeux pour mieux la fixer... avant de grimacer parce que t'as clairement tué l'ambiance qu'elle cherchait à instaurer... Tu lèves la main pour ébouriffer ses mèches vertes.

- Ouais, bon Paradis, c'est tout pourri de toute façon, on y met plus les pieds et on les emmerde.

Et va probablement falloir que tu parles du type que tu t'es tapé pour vraiment détourner la conversation sur une pente moins tue-ambiance, parce que là, c'est dur de faire mieux. Alors...

- Euh. Sinon, le type. Il faisait genre ma taille. Peut-être un peu plus grand, ouais, mais pas beaucoup. Châtain, cheveux courts... Par l'Unique, je sais pas, c'est quoi un regard qui fait tomber un compagnon à la renverse, je me souviens même pas de la couleur de ses yeux, c'était juste un mec. J'avais envie, il avait envie, on avait envie, on a baisé.

Et plus ça, va, plus tu marmonnes. Puis un détail te revient en tête.

- Oh, il s'appelait Eirick. Et il avait de la barbe. Et... Bah... T'as pas des questions, rendu là ?

Cette question vient de te condamner. Tu le sais tellement.

Il me regarde à l'envers, avec dans les yeux quelque chose s'approchant du regret, et mon sourire s'adoucit. Mon rire se fait également beaucoup plus sincère lorsqu'il m'ébouriffe les cheveux. Comme si je pouvais lui en vouloir pour si peu, alors qu'il me fait sourire aussi facilement.

Puis, Loukian me décrit son amant et j'appuie l'arrière de ma tète contre le mur en le regardant, rêveuse. C'est sympa de l'imaginer avec un grand, beau et mystérieux inconnu.

"Eirick. J'aime bien comme nom. C'est sexy."

J'aime l'imaginer avec le sourire aux lèvres, charmeur, à apprécier le moment et la compagnie de l'autre, à vivre son attirance sans honte ni gène. La réalité est surement beaucoup plus nuancée, mais j'aime ne rêver que du mieux pour mon meilleur ami. Il n'y a surement pas vraiment de mal là dedans, non?

"Mmm... ouais, beaucoup, mais t'connaissant, tu vas pas aimer mon manque de pudeur."

Je ris de nouveau pour détendre l'atmosphère puis me laisse glisser moi aussi en position couchée sur le lit. On se retrouve avec le visage environ au même niveau, mais avec nos corps dans deux directions opposées. Je peux donc toujours l'observer à l'envers et mon rire laisse place à un silence plus sérieux. Je joue encore un moment dans ses cheveux avant de dire, doucement :

"Je suis heureuse que tu me fasses assez confiance pour m'en parler."

T'hausses légèrement les sourcils quand elle dit que le prénom d'Eirick, c'est sexy. Elle a pas tord et t'en garde un souvenir agréable. L'idée de l'impudeur de ton amie te tire toutefois un rire. Elle a probablement raison, vaut peut-être mieux pas continuer dans cette direction sans risquer de te prendre la tête a chercher comment répondre à ses questions. Elle glisse près de toi, tu renverses un peu la tête pour le voir, croises son regard. Un léger sourire fait frémir tes lippes alors qu'elle parle.

- Avec toi, ça va.

Avec d'autres, non. C'est juste qu'Aeÿ'gis, c'est particulier. Un cheminement d'abord difficile, puis de plus en plus aisé et confortable au fil du temps. T'as pas vraiment remarqué, après avoir réussi a la rassuré un peu sur ton cas, comment ça a juste glissé vers cette relation que vous avez maintenant.

- Et toi, pas de trucs sympas que tu ne m'as pas encore raconté ?

T'avoues que t'es curieux. Tu ne demanderais pas si c'était pas elle, mais pour le coup, elle te le demande et ça te donne des ouvertures.

Je souris un peu en entendant sa réponse, touchée. Je suis vraiment heureuse qu'il me fasse confiance à ce point, soit aussi à l'aise, avec moi. Même si j'ai la voie libre maintenant et que j'ai réellement plusieurs questions en tête, je garde le silence. Je sais pas si c'est réellement nécessaire que je sois plus curieuse, maintenant, en fait. J'en sais rien. J'hésite, pesant le pour et le contre de mener à bien mon interrogatoire plus loin, mais Loukian me devance en me retournant la question... et je rougis instantanément de la tête aux pieds.

"Ah heu... peut-être?"

Je cache mon visage dans mes mains en poussant un fort soupire exagéré. Louk' sait pour Icha, bien sur, mais jusque là, je me suis entêté à lui dire - et à me répéter à moi-même dans l'espoir d'y croire, pour être honnête - que j'étais parfaitement ok avec le fait qu'on ne soit que des amis avec bénéfices. On couche ensemble, on s'éclate, et on s’embarrasse pas de sentiments. Une relation et de l'amour, ce n'est pas ce qu'il veut. Ce qu'ON veut. Quel beau paquet de conneries, oui...

"Ok, tu vas me dire que c'est une TRÈS mauvaise idée, mais hem... urff. Tu sais quand je t'avais dit que j'étais pas amoureuse d'Icha? J'ai peut-être pas été complètement... honnête. Avec toi et avec moi-même..."

Je garde mon visage enfoui dans mes mains, écarlate, mais écarte deux doigts pour pouvoir regarder la réaction de Louk.

Sa réaction est vive, sans appel et tu marques un temps d'arrêt en la regardant avant de te redresser légèrement en haussant les sourcils, intrigués. Ses paroles t'éclairent rapidement et tu hausses d'autant plus les sourcils. Par l'Unique.

Tu te passes une main sur le visage avant de soupirer un coup. Parce que toi, tu sais que ton amie fonce droit dans un mur.

- Donc t'es amoureuse d'Ichabod et tu veux plus avec lui que du sexe.

C'est pas une question, parce que tu vois pas pourquoi elle réagirait de la sorte si ce n'était pas ça. Et l'air de rien, t'es inquiet pour elle et son cœur fragile qui se brise si souvent.

On dirait juste... qu'Aeÿ'gis sait simplement pas choisir les bons partenaires et que son cœur se glisse trop vite dans la partie.

Aïe, c'est pas bon, ca comme réaction. Il approuve pas, je le sens. Et ca me stress d'autant plus.

"Je... oui? J'crois? Bon sang, Louk, j'sais pas quoi faire avec ca..."

J'ai envie que ce soit heureux. J'ai envie que le fait que je sois amoureuse soit quelque chose de joyeux, pour lequel on s'emballe et on fête, pour lequel j'ai le droit d'agir en gamine et me balader avec un sourire ridicule sur le visage. Mais c'est pas ce que j'ai. Bien sur, quand je suis seule - et honnêtement, même quand il y a des gens, j'en échappe parfois - j'ai ce sourire et je me prend à rêver comme une adolescente. Non pas que je sache vraiment ce que c'est qu'être une adolescente normale et amoureuse... mais j'ai vu assez de films pour me faire une idée. Non, là, ce que j'ai, c'est beaucoup d'angoisses, d'incertitude et le sentiment de tout faire foirer.  Et comme je suis avec Louk, y a tout qui commence à sortir, comme si mon aveu était une digue qui vient de céder la place au déluge.

"J'sais que j'devrais pas, vraiment... c'est... pas ce qu'on avait convenu au début, c'est pas ok que j'veuille changer ca, non? Mais j'peux pas m'e empêcher et j'sais pas quoi faire d'autre. Et je... je suis PRESQUE certaine qu'il m'aime pas. Mais parfois... parfois il m'dit des choses et ca m'fait douter et croire que peut-être... juste peut-être... lui aussi? Tu comprend?"

Tu l'observes un moment, te redresses un peu, parce que c'est quand même plus sérieux comme discussion... Enfin, t'es inquiet. Tu veux pas qu'Aeÿ'gis souffre et pourtant t'es certain que c'est ce qui arrivera.

- Je... Peux pas répondre à la place d'Ichabod. Je sais pas ce qu'il pense, ce qu'il ressent encore moins. Tu peux essayer de... De voir avec lui, mais Aeÿ... S'il y a de petites chances que tu ais visé juste... Il y en a aussi pas mal que ça ne soit pas bon et... Fais juste attention à toi, okay ? Et tu peux venir me voir quand tu veux, ma porte t'es ouverte.

Tu la regardes avec un sérieux empreint de... Peut-être un peu de compassion. T'arrives pas à te réjouir de ses sentiments pour l'homme, t'as juste peur qu'elle se casse les dents comme c'est trop souvent arrivé.

J'aimerais prendre ca à la légère, comme une adolescente amoureuse et en parler sans retenue avec Louk, mais c'est pas le cas. Ça peut pas l'être. Parce que c'est sérieux, parce que j'ai un historique assez... lourd, derrière moi, et qu'il me connait encore mieux que j'me connais moi. Il SAIT que je tombe toujours amoureuse des personnes qui faut pas. Il SAIT que j'm'attache trop, comme si j'savais pas m'attacher autrement - et il a peut-être raison? - et que j'me casse donc plus souvent la gueule qu'à mon tour. Il sait même très probablement pourquoi je suis comme ca, qu'est-ce que j'fuis en cherchant à aimer aussi fort et aussi vite. Peut-être.

Alors j'me redresse aussi, ramène mes genoux contre ma poitrine et appuie mon menton dessus. J'serre mes jambes contre moi et torture ma lèvre inférieure des dents avant de répondre, cherchant toujours mes mots :

"J'sais. J'sais, mais... j'saurais pas si j'demande jamais, non? J'ai besoin d'savoir."

J'ose pas lui dire que j'ai besoin d'être aimé comme ca, surtout, et que j'suis prête à prendre beaucoup de risques pour.

"Tu... tu sais que j'suis pas douée avec ca. Faire attention à moi, tout ca? Mais promis j'vais essayer. Et... merci, Louk'. J'sais tellement pas ce que j'ferais sans toi."

J'tend la main vers lui, attrape la sienne et la serre alors que j'me laisse aller un peu contre lui.

Tu hoches légèrement la tête à sa réponse. Certainement. Mais... C'est juste que ça te semble si prévisible. Sauf que tu peux pas le dire comme ça a Aeÿ. Et t'as pas le droit de présumer les sentiments d'Ichabod non plus. Alors il ne te reste plus qu'à regarder l'affaire de loin et récupérer la luciole pour essayer de redresser une aile un peu fêlée.

Elle te promet qu'elle va essayer de faire attention à elle... Et tu sais que c'est le plus qu'elle peut te promettre sans mentir... Et c'est exactement ce que t'attend d'elle. Qu'elle fasse de son mieux, même si elle y arrive pas trop. Qu'elle sache aussi qu'elle pourra venir te rejoindre quand elle aura le cœur lourd.

Tu attrapes sa main qu'elle te tend, la laisse aller contre toi avec un petit soupire.

- Essayes, alors. Et... Je suis irremplaçable, je sais pas ce que tu ferais sans moi, que tu taquines sobrement, à peine l'esquisse d'un sourire aux lèvres.

La tête appuyée sur son épaule, j'ris et lui donne un léger coup de coude dans les côtes avant d'ironiser.

"Je serais surement morte dans un recoin perdu du vaisseau et on me retrouverais seulement des années plus tard, juste un squelette avec les cheveux verts! Et pour la cause du décès, c'est ouvert pour les enchère, allant d'la peine d'amour fatale jusqu'à avoir trébucher mortellement sur mes propres pieds!"

J'ris d'nouveau et pousse un soupire d'aise en retombant de mon élan passionné pour ma connerie. Ça m'enlève un poids d'en avoir enfin parlé à Louk', même si ca règle pas tout, et ca me fait du bien de rire comme ca. Les mots suivants que j'prononce sont un peu plus lourds néanmoins et ma voix plus distante aussi malgré l'humour qui y reste accroché. Avec un peu de chance il relèvera pas.

"J'suis un trainwreck en fait. Tellement... trop."

Je'sais que j'suis beaucoup à gérer. Que j'ai des TAS de problèmes, d'insécurités et de peur. Que j'suis pas simple ni facile à côtoyer intimement quotidiennement. J'sais que c'est pas pour rien si mes relations amoureuses fonctionnent jamais.

Tu grimaces un peu. Parce que... t'aimes pas beaucoup l'idée d'une Aeÿ'gis morte. Et peut-être que l'idée qu'une personne soit aussi... attaché à toi... C'est... Compliqué. Au final, l'amitié que tu as avec la jeune femme, c'est probablement le lien le plus fort que t'ai construit au cours des dernières années. Tu veux pas qu'elle meure, qu'elle disparaisse, qu'elle soit malheureuse.

Autant dire que tu vois pas très bien cette histoire de déclaration, mais t'y peux rien, si c'est ce qu'elle veut, elle va le faire et ça ira comme ça ira.

Mais la suite te fais froncé les sourcils et tu fous le bordel dans ses cheveux.

- T'es... Une personne géniale. C'est juste ton coeur qui a tendance a aller s'attacher un peu trop fort aux mauvaises personnes. Mais te rabaisse pas ou whatever. okay?

J'rougis un peu et baisse les yeux, mais j'souris doucement en coin. Il a dit ça avec tellement... tellement de naturel? Juste tellement assuré aussi? J'le crois quand il me dit ça comme ça, c'est juste pas possible de faire autrement.

"T'es génial aussi."

J'me mords quelques instants la lèvre inférieure, trouvant beaucoup trop de vérité dans le reste de ses mots. Il me connait tellement bien que ça fait presque peur. J'inspire un coup et me force à sourire plus franchement et relever la tête vers lui.

"Okay, ouais, t'as raison, ça sert à rien d'dire des choses comme ça."

J'serre un peu mieux mes genoux contre ma poitrine et, le menton toujours appuyé dessus, j'tourne la tête pour observer Loukian pendant quelques longues secondes, songeuse. Il s'est déjà ouvert à moi une fois aujourd'hui, alors j'hésite à lui poser une nouvelle question qui pourrait impliquer qu'il s'ouvre encore plus, mais...

"T'as pas envie, toi, parfois? D'être avec quelqu'un pour plus qu'une ou deux nuits?"

Ma voix est douce, ni pressante, ni porteuse de jugement. J'ajoute néanmoins avec un petit sourire en coin, comme en écho humoristique à plus tôt :

"T'es pas obligé d'me répondre si j'met encore mon nez ou il faut pas."

T'as réussi à la rassurer un peu sur sa valeur, la raisonner. Et ça te soulage dans un sens parce que tu détestes vraiment quand elle se laisse aller à ce genre de trucs. T'hoches un peu la tête à sa remarque, puis marque un temps d'arrêt en entendant ses questions...

Elle rajoute que t'as pas besoin de répondre.

Tu dis rien pendant un moment songeur, puis hausse lentement les épaules.

- Ça adonne pas. Et puis c'est un peu compliqué d'avoir une relation avec quelqu'un qu'est pas sur le vaisseau. Et en même temps, c'est compliqué d'avoir une relation avec quelqu'un qu'est sur le vaisseau. Et puis... J'suis pas sur que j'ai un assez bon caractère pour que quelqu'un ait envie de s'y essayer, tiens.

Tu te sens pas rabaissé par ça. T'es ronchon et puis c'est ça.

Je l'écoute avec attention, une pointe de tristesse au fond de la poitrine de l'entendre dire que c'est compliqué. Puis j'fronce le nez quand il me dit qu'il a trop mauvais caractère pour qu'on l'aime et le pointe aussitôt du doigt, menaçante.

"Hey, nope. Si j'ai pas le droit de dire que j'suis trop compliquée à gérer pour que quelqu'un s'intéresse à moi, t'as pas le droit de dire que t'es pas assez bien pour qu'on t'aime. De un, c'est pas juste, et de deux, c'est complètement faux."

J'laisse retomber ma main, penche la tête de coté et lui offre un sourire en coin avant d'hausser les épaules et poursuivre doucement.

"Je trouve pas qu't'as trop mauvais caractère, moi. Ouais t'es ronchon, mais ca fait parti de ton charme. Et si les gens voient pas toutes les belles choses que t'es et qu't'as à offrir au delà de ca... bha c'est des idiots qui te méritent pas. Mais toutes les personnes d'la galaxie sont pas des cons aveugles, alors j'suis certaine que quelqu'un va finir par voir ce que j'vois, comprendre la chance d'dingue qu'il ou elle a de te connaitre et juste... jamais te lâcher."

J'ai une grande chaleur dans la poitrine alors que j'conclus sur :

"J'mentais pas tout à l'heure. J'sais franchement pas ce que j'ferais sans toi parce que t'es le seul qui me comprend vraiment, qui m'écoute comme ca, qui partage mes bonnes comme mes mauvaises journées... J'suis chanceuse de t'avoir, vraiment."

Tu te laisses gronder, petit t sourire en coin des lèvres aors qu'elle reproduit ce que tu avais fait à son encontre quelques secondes auparavant. Oui, bon, elle n'a pas tord, mais ça n'empêche pas que tu es toujours tout seul et que t'as pas l'impression que ça va s'achever bientôt.

C'est pas très grave, t'es bien aussi, avec mon mode de vie et ta liberté.

La suite est autrement plus touchante et tu restes un moment à observer ta luciole avant de replacer une de ses mèches folle avec un petit sourire en coin.

Ok, t'as raison. Désolé. Et... Je suis content de t'avoir aussi. C'bien ce que tu mets dans ma vie.

Je le vois sourire après mes paroles, et il tend la main pour replacer une de mes mèches. Je me sens rougir et détourne un peu les yeux, sans pouvoir réprimer mon sourire touché et heureux. Il y a que Loukian pour me faire me sentir comme ca, et ca prouve d'autant plus mes mots précédents.

"J'suis contente alors... Faut seulement qu'tu m'promette une chose, et c'est d'me raconter tout, mais absolument TOUT c'qui va s'passer quand tu vas trouver cette personne spéciale, okay? Sinon j'vais être triste. Et personne veut ca."

J'ris et lui donne un nouveau petit coup d'épaule. J'inspire ensuite un coup ensuite et me secoue pour chasser le rouge de mes joues.

"T'as quelque chose à faire c'soir? J'peux t'l'aisser tranquille s'tu veux récupérer ta chambre."