Au milieu des écueils, trouver le port

Salem devrait ressembler à Paradis - deux villes trinitaires sur le sol de Renaissance, différentes par la taille simplement. Pourtant, quand Selvh'ën sort de la navette, il lui semble que l'atmosphère même des lieux a changé subtilement. Il ne saurait dire si l'impression lui vient de la certitude d'avoir entamé un voyage vers l'inconnu ou si ce sont les attitudes des gens et autres indices presque imperceptibles qui, mis bout à bout, contribuent à créer ce dépaysement, mais la nouveauté semble s'attacher à ses pas.

Il ne laisse cependant pas la sensation l'arrêter. Déterminé, apaisé par les offrandes faites à la Dame avant son départ, le gamin s'engage dans les rues, l'oeil d'autant plus vigilant dans ces lieux qu'il ne connaît pas. À défaut de savoir exactement où il va, il sait qui il cherche : Enguerrand. Et Enguerrand, lui, a un navire pour repartir, il l'a mentionné. Armé de cet indice, le fugueur s'enfonce dans les rues, prenant l'air juste assez occupé pour suggérer qu'il sait ce qu'il fait et à le droit le faire.

C'est du côté du port qu'il commence son enquête discrète, sous couvert de discussions sages avec qui veut bien tendre l'oreille pour parler de tout et de rien – mais si possible, surtout de la ville et des gens qui y font escale, de ses coins tranquilles et de prothèses, entre un flot d'autres sujets qui ne servent jamais que de diversion.

Et, patiemment, de mensonge inconséquent en renseignement sur les tavernes discrètes autour du port, le fugueur se lance sur la trace d'Enguerrand, armé de petits prétextes sous forme de messages à porter et de service à rendre sur les docks où il a le plus de chances de retrouver la piste du combattant.

Enguerrand est posé dans la taverne du port, enfin l'une des tavernes. Mais il a choisi une qui accepte les doublons en guise de paiement. C'est discret mais ça coute moins cher de payer en doublon qu'en crédit et il n'y a pas de petite économie. L'autre avantage c'est que les taverniers qui se tiennent toujours au courant de tous le reconnaissent. Donc ils calment leurs clients habituels par anticipation, ce qui évite à Enguerrand de le faire lui même.

"Le petite bateau" est un endroit petit et tranquille. Coincé entre deux boutiques d'achat de marchandise. Aucun des deux ne faisant un commerce bien légal. Le cadre est paisible et pas tape à l'oeil. Propre mais c'est bien tout. Le sol est usé et le mobilier commencent à donner de sérieux signes de faiblesses. Pourtant la clientèle semble parfaitement s'en accommoder. Enguerrand est devant un verre de vin, sans doute le dernier avant le départ et il le savoure en se demandant si le gamin allait parvenir à le retrouver. C'est pas comme s'il était invisible... loin de là. Les pirates doivent déjà savoir où le trouver. Il a son éternel cigare à la bouche et espère que le gamin montrera rapidement le bout de son nez. Sinon tant pis, une occasion de manquée.

Un message porté à un gars pas du tout suspicieux avec un tricorne un peu plus loin, une discussion et le gamin repart vers une petite taverne en bord de port où on lui a suggéré qu'il trouverait probablement le combattant - en conseillant de ne pas l'embêter.

Et de fait, Enguerrand est sur place quand Selvh'ën passe la porte - toujours stoïque, un cigare et un verre de vin à portée. Le pas léger, sans s'en cacher, le fugueur esquive une serveuse et se perche d'un léger bond sur un siège proche de celui du guerrier.

"Trouvé."

Le mot a beau être sobre, la satisfaction du défi relevé illumine les iris du mo'at.

Le gamin entre et vient le rejoindre. Débrouillard donc, c'est une bonne nouvelle. Mais il parle pour ne rien dire puisqu'il est évident qu'il l'a trouvé. Pas la peine de le signifier.

Visiblement. répond le pirate en lui faisant signe de s'assoir.

Il prend ensuite le temps de le dévisager et de vérifier qu'il est en bon état. Au moins physiquement. Le reste n'étant définitivement pas sa tasse de thé. La question suivante que se pose l'ancien est de savoir si le gamin à les tripes. D'un autre coté il semble intéressé par la navigation. Une école longue par contre mais qui baigne moins dans le sang.

Le fugueur se tient bien droit sous le regard du combattant, en une pose sage volée à l'attitude de quelqu'un d'autre. Ni écorchures ni douleurs ne sont apparues depuis leur dernière rencontre. Seul ajout notable, une plume dépasse d'une des poches de la veste du gamin. Selvh' finit par incliner la tête sur le côté, lorsqu'il lui semble que l'examen touche à sa fin.

"C'est quoi l'étape suivante ?"

Il pourrait demander comment s'est passé le voyage du combattant, s'il aime Salem... mais Enguerrand n'a pas l'air du genre à aimer les banalités, plutôt à aller droit au but.

Le pirate constate que le gamin s'adapte vite. C'est bien c'est une preuve de grande intelligence. Enfin d'un grand sens pratique et d'une bonne flexibilité.

- Savoir si tu as les tripes pour ça. dit Enguerrand.

La vie de pirate n'est pas toute rose. Et parfois la violence est omniprésente. Est-ce que le gamin supportera ? C'est une bonne question. Enguerrand se lève, toujours vêtu de son éternel trenchcoat noir cachant moult armement et ses bras cybernétiques.

Le gamin retourne l'information pour tenter d'en déduire la suite... et ne tombe que sur la conclusion qu'il y aura probablement un nouveau défi dans l'équation, une mise à l'épreuve d'une sorte ou d'une autre.

"Comment on fait le test ?" demande-t-il donc.

Au mieux, il saura à quoi s'attendre. Au pire, il saura par où commencer, si le contenu même dudit test doit rester secret.

Comment on fait le test ? C'est une très bonne question comme toujours. Certains pirates t'embringuent dans une soirée de pirate. Chanson, alcool, bagarre et mort. C'est un peu limitatif comme initiation. D'autres ne font rien de spécial parce qu'ils savent.

- Suis moi dit simplement Enguerrand.

Ils sortent de la taverne et s'engagent dans des ruelles du port moins en vue. De véritables coupe-gorges en puissance, mais le pirate ne semble pas s'en émouvoir.

Sans rien ajouter, le gamin emboîte le pas au combattant. À ce stade, il lui semble que les questions seraient inutiles, voire nuisibles. Alors qu'ils laissent derrière eux la taverne pour s'enfoncer dans les ruelles moins passantes de la ville, il ouvre l'oeil, vigilant par habitude autant que par curiosité.

Autour d'eux l'ambiance évolue alors que la crasse se fait plus présente. Les fenêtres sont noires et ne doivent pas souvent être ouvertes. La pollution s'accroche aux murs et l'humidité laisse des traces noirâtres. Ils croisent aussi des gens dans ses rues dangereuses. Ils sont posés ça et là entrain de fumer ou de se droguer. Des allures de pirates mais rincés par les années ou par la vie.

Finalement ils débouchent sur un petite place intérieur et là il y a un peu de soleil qui parvient à se frayer un chemin pour illuminé l'intérieur. Une taverne est ouverte, des sons de musiques et de voix fortes en sorte. "Le Cormoran". Enguerrand regard à droite et à gauche. Il y a des hommes à la mine patibulaire qui semble surveiller les lieux. Mais visiblement la présence du pirate ne les dérange pas et ils saluent même de la tête le Passeur.

Ce dernier se dirige finalement vers la taverne et pousse la porte. Il y a de l'ambiance et des pirates partout où le petit peu poser les yeux. Des serveuses et des filles de joies se mélangent pour servir ce que les pirates désirent. La tavernière une rousse flamboyante regarde ça d'un oeil vif. Des regards se tournent vers les nouveaux venus mais se détournent rapidement. Visiblement on ne fixe jamais longtemps le compagnon du gamin.

Les odeurs s'accrochent à ses mèches rebelles. Elles sentent la fumée d'échappement et de drogue, le danger malheureux qui noircit les vitres et les coeurs. Ce n'est pas exactement nouveau, encore que plus nuancé de risque que les rues que le fugueur fréquentait à Paradis. La piraterie a posé sa marque de façon plus visible, ici, la criminalité aussi.

Il n'hésite pourtant pas un instant à s'engager à la suite d'Enguerrand quand il passe le seuil de la taverne. Pirates et filles plus ou moins couvertes valsent entre les tables dans un ballet infernal qui sent l'alcool et le tabac. Les regards fusent, les interpellations aussi. L'oeil attentif, Selvh'ën se fond dans le sillage du combattant, profitant de cette forme d'invisibilité que confère le guerrier à force de faire se détourner les iris. De plus en plus intrigué, cependant, il n'en tente pas moins de deviner la destination de son compagnon.

Enguerrand cherche un peu et finit par repérer une table et s'y dirige. Elle est pleine d'homme à la mine revêche et aux regards dangereux. Eux ne détournent pas le regard quand le nouvel arrivant s'approche. Au contraire ils semblent se mettre sur leur garde on ne sait jamais. C'est un homme couturés de cicatrices, la cinquantaine et visiblement au centre de gravité de la petite troupe qui finit par calmer le jeu de ses camarades en leur faisant signe de se détendre.

Passeur ? Quel vent t'amène ici ? demande l'ancien.

Enguerrand fait un signe de tête et se pose à la table.

- une vielle dette que tu me dois. répond-t-il froid comme un iceberg alors que son regard fait le tour de la troupe.

Personne ne semble surpris de son surnom et ils ont l'air de le connaitre de nom en tout cas. Et ils n'ont pas peur. Sans doute de vrais durs à cuire.

Les regards se détournent et le gamin se demande : si les yeux sont les fenêtres de l'âme, que disent ceux-là ? Que disent ceux qui refusent de voir la misère ? Et ceux qui voient les pirates derrière les ennemis et les inconnus ? Ceux du groupe vers lequel se dirige le combattant sont plus clairs. Eux portent des balafres à l'âme comme des prises de guerre, qui font un cuir assez épais pour se protéger de la peur et de la réputation d'Enguerrand.

L'oeil attentif alors qu'il reste assez en retrait pour, estime-t-il, ne pas attirer plus que de raison les attentions focalisées sur son compagnon, le fugueur sonde le petit groupe. Il cherche des indices de ce qu'ils sont, des emblèmes, des tatouages pour dire leurs histoires. Des armes et des signes de danger, aussi, pour être prêt. Mais tant que son heure n'est pas venue, il patiente et engrange.

Les hommes à la table sont différents des autres. Plus de petites cicatrices et ils ont tous un morceau d'étoffe bleue attachée quelque part sur leur tenue. Les muscles sont solides et les regards acérés. Une équipe d'abordage ? Ou simplement des vrais durs qui naviguent régulièrement.

Le vieil homme regarde Enguerrand, et blanchit légèrement.

- Je t'ai dis que je paierais pas en argent je suis généralement plus fauché que toi. rétorque le bonhomme.

A coté de lui la fine équipe pose leurs mains sur leurs armes. Ce qui a le don d'énervé le vieux qui se met à râler.

- Arrêtez vos conneries les gars ! Lâchez vos armes avant de me l'énerver et de tous nous faire tuer. qu'il râle pas vraiment content de faire ce genre d'aveux.

Les hommes sont limites choqués mais obéissent. Pendant tout ce temps Enguerrand n'a pas bougé. Ses mains en évidence posées sur la table.

- J'avais compris la première fois que tu me l'as dit. finit par lâcher Enguerrand d'une voix sépulcrale charriant autant des glaçons de la taille d'un iceberg.

Il fait ensuite signe au petit de s'avancer.

- Je veux juste que tu discutes avec le gosse. ajoute finalement le pirate de noir vêtu.

Le vieux quartier maître soupire de soulagement. Il aime sa vie et même s'il est vieux il n'a pas prévu de mourir dans une taverne de la main d'un autre pirate et encore moins de celui là.

Une dette pour parler avec lui. Sous son expression maîtrisée, le fugueur décide qu'il devra à son tour une faveur au combattant, puisqu'il utilise l'une des siennes pour cette discussion - car s'il n'aime pas être en dette, il aime encore moins l'idée de ne pas remercier.

En attendant, il s'avance sur le signe d'Enguerrand, tout de pas souple et de vigilance sous-jacente. Après tout, ce groupe-là bouge avec un esprit de groupe dont il pourrait presque embarquer un bout dans sa poche tant il est palpable. Il s'immobilise face à l'ancien, circonspect autant que curieux.

"Bonjour."

Le léger coup d'oeil élargit le salut du quartier-maître central aux autres présents. D'un sourire calme, le fugueur tente de désamorcer la tension qu'il lui semble sentir, ouvre au bonhomme inconnu une marge de manoeuvre, des fois que cela puisse aider :

"Vous voulez parler de quelque chose en particulier, du coup, quitte à discuter ?"

Le vieux quartier-maître hausse un sourcils et comprend rapidement où veut en venir Enguerrand alors il reporte toute son attention sur le jeune homme pendant que les hommes à la table restent entièrement focalisés sur le dangereux pirate.

- alors petit, si tu es là c'est que le Toor'kraan pense que tu pourrais être de la graine de pirate. Il étudie le gamin un moment. Tu es mo'at et certainement un esclave en fuite.... alors que recherches-tu petit ?

Les réponses seront importantes, mais le vieil homme sait aussi que les émotions derrière sont primordiales. Et la lecture des émotions ce n'est certainement pas le fort du pirate en noir.

Le gamin retourne son examen à ce nouvel inconnu, curieux et prudent. Les autres autour bougent comme les groupes constitués et s'ils sont focalisés sur Enguerrand pour l'instant, Selvh'ën préfère rester vigilant - d'autant qu'il est esclave et en fuite, dans des terres sous coupe trinitaire.

"La liberté." La réponse est comme une évidence. "Pas que la mienne."

C'est une évidence aussi pour lui, toute de détermination et d'outrage, mais il la précise tout de même, parce que c'est important. Sa liberté à lui, il la retrouverait avec l'aide de la Dame si elle devait lui être retiée, il n'en doute pas. Mais tous les siens n'ont pas cette chance, tous les opprimés n'ont pas la clé de leurs propres chaînes.

"Vous êtes de ces gens qui voient si on a l'âme pirate ?"

Sous la politesse d'années de servitude, la curiosité brille en éclats discrets.

Le quartier maitre se fend d'un grand sourire.

- Pas du tout. Je suis du genre à avoir croisé tellement de pirate que je devine. Mais je vois pas. Son rare ceux qui savent. répond le quartier maitre.

Il prend son temps pour réfléchir à la prochaine question.

- Tu es au courant que les pirates attaquent aussi des navires marchand pour faire de l'argent ? Et qu'accessoirement en effet ils libèrent les mo'at de temps à autres. Bref tu es prêt à massacrer du marchand pour t'enrichir ? demande le pirate.

Encore un Mo'at qui veut libérer son peuple. Sur que c'est pas le premier, et ça sera pas le dernier. On les prend souvent dans les rangs pirates. Mais il faut généralement qu'ils s'endurcissent, trop romantiques ces gars.

Pas de regard-qui-voit-l'âme mais un sourire, auquel le gamin répond. Deviner peut être amusant, aussi, et lui s'intrigue déjà de comment on devine un pirate si ce n'est au tricorne.

Quand la question suivante vient, il y répond d'un haussement d'épaules pas choqué le moins du monde, sa résolution nullement entamée, discrète et solide sous l'habitude de la dissimuler aux yeux qui pourraient s'avérer hostiles. Il faut bien vivre, et ce n'est pas lui qui ira faire des discours moraux sur le vol comme façon de gagner sa vie. Puis c'est de notoriété publique : les marchands marchandent, les pirates piratent. Les rencontres de ces volontés contraires font des morts mais ainsi va la vie, et ce n'est pas comme si tous les gens impliqués ne connaissaient pas les risques.

"Je sais. Et je sais pas encore combattre mais je peux apprendre."

Apprendre, vivre et lutter, sous une forme nouvelle et, espère-t-il, plus efficace - avec des armes, avec de l'argent gagné, qu'importe. Lutter dans les étoiles, aussi, dans l'espace où bien des coups sont permis.

Le quartier maitre est sceptique à cette dernière réponse. Il jauge une fois de plus le gamin de son œil expert. Sur que les gamins pensent que se mettre à apprendre le combat c'est simple. Sauf qu'il sent pas le petit dans cette voie.

- il n'y a pas que des combattants parmi les pirates mais faut savoir manier le sabre de toute manière. Hein les gars ? qu'il demande de manière rhétorique à ses compagnons.

Les gars acquiescent en ricanant.

- Tu veux faire quoi à bord petit ?

S'il faut savoir manier le sabre, il apprendra - lentement, laborieusement peut-être, mais les obstacles le découragent rarement. Il hésite un peu plus sur la question de ce qu'il veut faire - pas parce qu'il n'a pas la réponse mais parce que le réflexe maladif de ce qu'il peut faire tend à le parasiter encore, entre besoin de se rendre utile et considérations pragmatiques sur le fait qu'il commencera probablement plus humblement que ce qu'il vise à long terme.

"De la navigation, ça me plairait bien" qu'il avoue un rien plus bas, comme prudent dans ce dévoilement de ce qu'il désire. "Mais je ne connais pas tous les postes. Vous me verriez faire quoi, vous ?"

Le quartier maitre semble hésiter.

- généralement les petits nouveaux nettoient les ponts et la coque.

Ça fait marrer les gars autour du vieil homme. Sauf que l'ancien à l'air très sérieux.

- Tu as quel âge ? demande-t-il ensuite. Parce que la navigation implique du pilotage et ça prend plusieurs années petits, je sais pas si un capitaine investira autant de temps pour ça. Maintenant si tu parles à la Dame ça change tout.

Un léger sourire s'invite sur les lèvres du gamin qui laisse les rires lui glisser dessus sans le froisser. L'hilarité n'est après tout pas un danger.

"La bonne nouvelle, c'est que nettoyer des trucs, je sais et je peux faire."

La mention de la Dame lui fait jeter un coup d'oeil vers Enguerrand - le même qui lui a conseillé, s'il devait s'avérer capable d'entendre la Déesse et de lui faire parvenir ses prières, de le taire quelques temps. Le regard ne dure pas, se reporte déjà sur son vis-à-vis.

"On comptait pas trop les années, là d'où je viens... 16 ou 17, probablement" estime-t-il. "C'est que de la pratique, naviguer, ou ça peut s'apprendre dans les livres au moins au début ? Et c'est pas plutôt qu'Elle entende et qu'Elle réponde, l'important ?"

Il aime à croire qu'Elle entend tous ses enfants. De là à savoir si elle répondrait, cependant...

Il a de l'humour le petit.

- Ouais c'est ce qu'on veut savoir. Si la Dame te répond ? Pour le reste tu es jeune et tu pourras apprendre. La mécanique, l'abordage, la navigation même s'il va falloir trouver un capitaine motivé pour ça... surtout si la Dame te répond pas. explique le vieux. Tu sais lire et écrire ? Parce qu'il existe plein de cours en holovid, mais faut savoir lire quand même.

"Je ne sais pas si elle répond. Jamais testé."

C'est vrai - même s'il doit admettre que cette vérité l'arrange par son flou. Il ne demande pas, Selvh'ën, jusque là, pas à la Dame. Il prie, il offre des petits larcins, il la remercie des opportunités et des chances qu'elle jette sur son chemin. Mais il ne demande pas, ça semblerait présomptueux.

"Compter, lire et écrire" confirme-t-il avec un sérieux mêlé d'une discrète étincelle de fierté satisfaite face aux compétences grappillées envers et contre toute sa condition. "Et j'ai l'habitude de me débrouiller sans être dans les pattes des gens."