Sorcières d'Enfer [Théo]

De quitter Théo sur un check me laisse pensive, durant tout le trajet de retour mon esprit se vautre dans des fantasmes d’implants synergologiques, capable d’interpréter la moindre hormone, le moindre geste pour comprendre ce qu’il se passe dans la tête des autres, et plus spécialement dans la tête de Théo. C’est ainsi qu’au lieu de dormir ou m’avancer sur mes tâches administratives, je commençais à étaler et détailler le concept d’implant, à rédiger un cahier des charges et les différentes preuves de concept nécessaire à une commercialisation d’un tel implant. Comme à mon habitude, j’envoyais mon travail à mon gestionnaire qui s’occupait des affaires de propriété intellectuelle, de royalties et surtout, toutes les démarches de communication avec Fushi.

De retour sur Hope, je me rends à la clinique où quelques consultation m’attendent, une heureuse distraction qui m’évite de penser constamment à la retrouvaille avec Théo, mais pas une distraction totale, ni continue.

Quand enfin arrive le moment de se voir, je commande une livraison de quelques trucs à grignoter et à boire, puis envoie les coordonnées de la clinique à Théo. Je comptais la recevoir dans le salon de la clinique, comme ça on sera posées et tranquilles, mais ce ne sera pas aussi ‘‘intime’’ que si je l’avais invitée chez moi, dans mon appartement.

Habillée d’un haut en nylon vert pomme sans manche, d’une mini-jupe en froufrou avec un leggin aux imprimés tribaux en dessous, j’accueille Théo à l’entrée de la clinique, la saluant d’un check.

L'quarante-huit heures passent ben vite. J'pas l'temps d'me poser, mais seul'ment d'bouger mon cul pour faire mon boulot, mes entraîn'ments quotidiens, avant d'décoller pour Hope. J'me prépare avant l'heure du rendez-vous, et j'ai même fait des efforts. Genre j'ai pris une douche. J'me suis habillée cool aussi. Un haut noir qui découv' mes épaules, avec les manches qui tombent jusqu'à mes poignets, un soutien gorge à peu près normal qui compresse pas trop ma poitrine pour une fois, et un pantalon noir en cuir. C'confortable comme ça, mais ça fait genre habillée. Bon, j'ai gardé mes chaussures du boulot. Mais j'crois pas qu'ça rende trop mal et au pire j'l'emmerde, nan ? Pff. Bref, j'arrive, on s'check. C'moins chelou que quand on s'est quittées l'aut' soir, mais bon. J'suis prise d'une genre d'envie et j'la serre dans mes bras. C'bref, mais l'geste y est. Quand j'me décolle, j'la r'garde. Elle est pleine d'couleurs, c'lui va bien.

- 'lut Max. T'es colorée aujourd'hui.

J'rentre et j'regarde la clinique. C'moderne, c'est plutôt beau, même.

- Sympa ta piaule. On s'met bien, à c'que j'vois.

J'lui souris. J'suis contente d'êt' là, sans trop savoir pourquoi. C'pas habituel, c'p't'êt' pour ça. Pas qu'j'aime pas la routine, mais c'fait d'bien d'sortir d'ses habitudes parfois.

- Comment qu'tu vas, Max ?

Je me sens un peu prise au dépourvu quand Théo me prend dans ses bras, c’est une bien agréable surprise que je lui rends.

- J’ai une garde-robe plutôt funky ouais ! Merci. Dis-je, souriante, Elle te va bien ta tenue aussi, t’es abonnée au noir toi, non ? Ajoutais-je en la faisant entrer.

- Ouais ! T’as vu ! C’est ici que je travaille, une petite clinique automatisée et plutôt mignonne. Je me retiens de me mordre les lèvres ou tortiller les doigts, mais suis un peu nerveuse. En tout cas la soirée promet d’être sympa !

- J’vais bien, suis contente que tu sois venue. Après un instant de réflexion, j’ajoute : Je dois t’avouer un truc, c’est que… hum… J’espère qu’elle va pas me prendre pour une conne ou me rejeter… Max c’est mon nom underground, c’est pas comme ça que je m’appelle au quotidien. J’me sens vraiment trop bête, j’aurai dû lui dire avant, même si c’était pas vraiment possible vu qu’on était sur Hell.

- Mon prénom c’est Alexis, mais tu peux continuer à m’appeler Max, ça me va très bien. Je vais nous chercher deux bières, j’en lance une à Théo avant de m’asseoir. J’voulais juste que tu saches. Je peux pas m’empêcher d’ajouter. Tu dois m’prendre pour une meuf un peu chelou du coup… Je me concentre ensuite sur ma canette, redoutant une réponse positive.

J'me mate vite fait quand elle m'dit qu'j'suis abonnée au noir.

- Ouais. Nan. J'sais pas, c'tait c'que j'avais d'plus propre à m'fout' sur l'dos.

J'regarde partout et j'ai un peu envie d'toucher à plein d'trucs, mais j'essaie d'me concentrer sur les trucs qu'elle m'dit. Max m'avoue qu'elle s'appelle pas Max mais Alexis. J'choppe la bière qu'elle m'lance et j'm'jette sur un fauteuil avant d'ouvrir la cannette. Ca déborde bien sûr, j'm'en fous d'jà partout sur mes vêtements mais j'm'en branle. J'bois une gorgée avant d'r'garder Max, nan, Alexis avec tout l'sérieux d'ce putain d'monde.

- Ouais, j'te trouve chelou.

J'bois une aut' gorgée.

- C'pour ça qu'on est là, nan ? Ent' meufs cheloues, on s'comprend.

J'lui fais un clin d'oeil et j'me penche légèrement en avant pour lui fout' un p'tit coup pas fort sur l'bras.

- T'inquiètes Alex, j'vois des trucs bien pire dans mon boulot t'sais. Alors, ça fait longtemps qu't'as c'te clinique là ?

Mon cœur semble s’arrêter quand elle me répond par l’affirmative, mais je n’ai que le temps de phaser avant qu’elle enchaine. Je me retiens de souffler mon soulagement, j’ai terminé ma canette sans m’en rendre compte. La petite tape qu’elle me donne sur le bras me remet d’aplomb, d’un coup ça va mieux.

- J’imagine oui. On se comprend, en tout cas on est bien plus sur la même longueur d’onde qu’avec les autres.

- Nope, quelques mois, ça fait vraiment pas longtemps que j’ai débarqué en Dorado, mais j’ai déjà vu pas mal de monde passer par ici. Je travaille pour Fushi, Dorado manquait d’expertes en cybernétique, alors me v’la. C’est aussi que Fushi arrivait pas à gérer, suis pas du genre à entrer facilement dans une case. Un sourire malicieux j’ajoute : Tu vois ce que j’veux dire Agrémenté d’un clin d’oeil.

- Et toi ? Tu bosses pour qui ? Curiosité maladive, j’avais peur d’entendre la réponse, parce qu’il y avait de grande chance qu’elle bosse chez les FFUC... j’peux tellement pas les saquer...

Faut qu'elle s'détende t'sais, j'vais pas la bouffer et j'fais pas si peur qu'ça, c'clair qu'nan p'tain. Mais j'fais pas d'r'marque, j'suis un peu coincée du cul aujourd'hui aussi j'crois, j'sais pas trop comment qu'ça s'fait mais j'suis pas trop sûre nan plus qu'faut trouver une réponse à tout t'sais.

- Ah ouais, t'es toute nouvelle par là tiens. Et ça t'plait Dorado ? C'plutôt moisi comme coin.

P't'êt qu'c'est juste qu'elle pue la merde dans son métier, mais ça r'ssemb' pas à ça vu la gueule d'sa clinique. Quoi qu'tu m'diras, y a des tas d'meufs qu'sont bonnes d'fou et qu'en fait, c'des pourritures quand tu creuses à l'intérieur. Ca peut êt' pareil là, une jolie clinique mais d'la merde d'dans. Mais j'd'mande pas ça encore, j'attends d'voir pa'c'q p't'êt qu'l'a ses raisons personnelles quoi.

J'me r'dresse sur l'fauteuil quand elle d'mande c'que j'fous dans la vie. J'suis fière d'mon boulot, ça c'clair.

- Moi, j'suis adjudant-chef dans les forces spéciales d'l'armée d'terre d'l'UC. On m'paye pour péter des bouches et des fions, pour faire des infiltrations ou pour effectuer toutes les missions dang'reuses quoi.

- Vrai que ça n’a rien avoir avec nos beaux systèmes corporatistes, mais c’est aussi une sorte de terre des possibles, contrairement à ailleurs, il reste encore beaucoup à faire, beaucoup à inventer. Pour ça qu’entre sorcière, il ne faudra pas chômer une fois lancées !

Quand elle me donne son métier et son affectation, j’éclate de rire, mais j’me reprends rapidement :
- T’es sérieuse meuf ? Genre on te donne des ordres et toi tu les exécutes sans rien y redire ? Ca me file pas la gerbe, mais pas loin. Que même une meuf pareille puisse se faire embrigader chez les FFUC, ça me fout les boules.

- Et si demain on te donne l’ordre de zigouiller l’une d’entre nous, une des sorcières, tu f’ras quoi ? Qui choisiras-tu de trahir ? Là je rigole plus du tout par contre, parce que selon la réponse quelle me donne, elle ne pourra peut-être pas faire partie des nôtres, on va quand même pas facilité le taf d’une potentielle bourreau.

- C'clair qu'on a du boulot si on veut qu'c'monde marche un peu droit !

J'aime bien son explication. Ca m'fait penser qu'elle est pas merdique dans son métier. Elle sait juste c'qu'elle veut, c'tout. J'suis un peu vexée par contre, quand elle s'marre d'vant mon métier. Ca m'ferme un peu, et j'fronce les sourcils.

- Tu m'prends pour qui ? T'crois qu'j'me laisse faire sans rien dire ? Nan, j'suis une grande gueule même dans l'armée, et c'pour ça qu'j'vais jamais êt' plus haut gradée qu'ça. J'peux pas m'la fermer, et j'peux t'dire qu'j'fais rien qui m'déplaît. C'con mais l'armée ça a été ma seule famille pendant longtemps. Quand j'tais gamine, seule et qu'tout l'monde s'en branlait d'moi, bah l'armée c'est occupée d'moi et m'a appris des tas d'trucs. Mais j'reste moi comme tu m'connais et mes convictions persos dépassent l'reste.

J'suis un peu agressive j'crois, mais ça m'gonfle qu'on m'critique sur ça, alors qu'c'est tout c'que j'ai dans ma putain d'vie.

J'croise mes bras sur ma poitrine et me rejette au fond de mon fauteuil. Merde, j'men veux de lui avoir posé c'te question, mais en même temps c'est important et ça a l'air de grave la toucher.

- J'te prends pour personne meuf, on s'connait à peine j'te rappelle ! C'est cool que l'armée se soit occupée d'toi quand t'en avais besoin, j'le pense vraiment, mais c'était hier, moi j'te parle de demain ! Je lui réponds avec autant d'énergie qu'elle, finalement je décroise mes bras et me penche vers elle, tout en restant assise. Parce que si tu leur réponds non à cet ordre, elle va se passer quoi à ton avis ? D'une elles vont envoyer quelqu'un d'autre le faire à ta place, de deux tu vas te retrouver avec de sales emmerdes.

- Faut être plus malignes que ça. J'taime bien Théo, j'aimerai pas qu'elle t'arrive des merdes, juste parce qu'on a pas anticipé un truc aussi prévisible que ça. J'suis vraiment à bout, j'me sens plus trimballée par mes émotions que l'inverse, me v'la quasi avec le cafard rien qu'à imaginer les conséquences pour Théo.

Faut juste que, que je me calme. Trop d'émotions trop vite.

Ni une, ni deux j'me lève pour me reprendre un truc à boire, j'regarde Théo en passant à côté d'elle.

Quand elle passe d'vant moi, j'me r'dresse et j'fous ma main d'vant elle pour l'arrêter et qu'e'm'r'garde.

- Alors t'veux qu'j'fasse quoi, hein ? T'façon, y z'ont aut' chose à fout' que d'se battre contre un groupe d'gonz un peu vénères, crois moi. Ces connards là, y laissent crever les gars dans des coins r'culer d'la galaxie sans s'mouiller. C'pas la même qu'la police si tu fous l'bordel dans une d'leur ville, mais on va pas faire n'imp p'tain, on est pas des putains d'débutantes d'merde !

J'suis sérieuse là, j'connais l'armée comme personne.

- Si jamais ça chauffe pour nous, j'aurais trente coups d'avance sur eux, et j'sais les conneries à pas foutre pour arriver à nos fins, alors pense pas qu'j'sois pas une alliée à la hauteur, parce qu'j'veux arracher des queues et casser des gueules plus qu'personne !

Théo m'arrête en tendant un bras, j'la regarde, j'ai le sang qui me bat dans les tempes. Je crois comprendre c'qu'elle veut dire, j'lui fait confiance, elle à l'air de savoir c'qu'elle dit.

- Toi p'têtre, mais moi si, ch'uis une fucking noobie ! J'me rapproche d'elle, ch'uis pas énervée, ni remontée, mais j'me sens pleine d'énergie et je la laisse un peu sortir. T'sais, je hacke, je cybernétise, je boxe, mais j'attaque pas les gens dans la rue. Toi pt'être, mais moi pas, et sans doute les aut'meufs.

Je sens l'adrénaline dans mon sang, mais mes bras ne tremblent pas, mes yeux restent normaux, ne tremblent ni ne rougissent.

- On s'ressemble pas mal Théo, mais on a plein de différence. Du genre que c't'opération, elle m'fait crever de trouille en vrai. Faut la faire, c'est important et j'en ai envie, mais jamais j'me suis attaquée à quelqu'un comme ça. Mon quotidien c'est de soigner avec le consentement de mes patientes, là c'est tout l'inverse !

J'ai envie de faire un pas, d'être plus proche d'elle encore, mais je pense qu'elle le prendrait mal alors je reste à cette distance là. Oh hé merde ! J'le fait quand même ce pas, peut-être un peu plus petit, histoire de...

- T'aura trente coups d'avance, ouais, mais moi je sais même pas c'est quoi l'premier ! Je parle en mouvements aussi, sans jamais la toucher toutefois.

J'l'écoute. J'baille même pas. J'me fais même pas chier. C'pas normal c'qui s'passe, mais c'pas si nul.

- T'as p't'êt la trouille, mais t'as eu les ovaires d'lancer c'projet-là, et rien qu'pour ça, t'peux êt' d'jà ben fière d'toi. C'parc'qu'on a des différences et pis des spé' différentes qu'on s'complète si bien et qu'ça va bien s'passer. On va leur péter les couilles à ces connards, et on va jamais s'faire chopper, parce qu'on forme une équipe d'dingo, avec tous nos trucs d'experts qu'on sait faire. J'sais qu'tu vas pas t'démonter, et j'me démont'rai pas, et pour une fois, c'nous qu'on va tous les baiser.

Elle est proche là, nan ? Genre hyper dans mon espace vital ! Et merde, c'quand qu'j'lui ai pris la main en fait ? C'quoi c'bordel encore ? P'tain j'me sens rougir maint'nant, c'n'import'quoi... C'n'imp... J'la r'garde et j'soutiens son r'gard comme ça sans bouger, et même pas j'lâche sa main.

Les mots de Théo me vont droit au cœur. Vrai que j’ai fais tout ça, vrai que je peux être fière, mais à quoi bon si on ne va pas au bout ? J’imagine les autres meufs qui doivent être dans mon état, sans avoir Théo pour en parler, pour être rassurée.

Quand je sens sa main glisser dans la mienne, j’ai comme un électrochoc. La boule que j’avais au ventre explosa en une nuée de papillon. Son regard plongé dans le mien, le mien dans le sien. Elle me surplombe de quelques centimètres.

- Je… J’arrive plus à penser, tout fuse dans tous les sens.

Gardant ma main dans la sienne, je me ramène contre elle et glisse mon autre main dans son dos.

- Merci de me rassurer Théo. Murmurais-je, avant de lui voler un baiser. Un baiser léger car incertain, craintif d’être mal reçu.

J'sais pas c'qui s'passe. P'tain d'bordel d'merde j'sais pas c'qui s'passe et j'sais pas c'que j'dois faire nan, j'sais pas. J'ai jamais connu c'genre d'trucs, pas avec une nana. J'suis pas une p'tain d'gouinasse d'merde, et puis j'pense à Xander et ça fait chier. Bordel, ça fait chier. C'fait chier qu'j'bouge pas et qu'j'sente des trucs dans mon p'tain d'ventre et qu'quand elle s'approche y a mon coeur qu'accélère comme d'la merde p'tain. Et quand elle m'embrasse là, c'pas long mais ça m'fait un truc et j'me sens faible et j'oublie même où qu'j'suis. J'reste conne, j'sais pas comment qu'j'dois réagir bordel, j'sais pas c'qu'je'dois faire putain. Putain ça fait chier. Putain, putain, putain d'chatte d'merde d'bordel d'cul.

Alors j'la r'garde, j'arrive même plus à bouger et encore moins qu'j'arrive à penser. C'est l'pire truc ça, j'me sens complètement paumée, et j'arrive pas à pas la r'garder, et à m'dire qu'elle est quand même ben mignonne mais p'tain, j'suis pas gouine. J'ouv' la bouche, j'mets mille ans avant d'causer.

- J'suis pas gouine.

Et puis j'peux plus rien contrôler, mon corps m'répond plus, et j'me r'trouve à l'embrasser comme j'ai pu embrasser personne d'puis Xander. Mais c'différent d'avec un gars. C'plus doux, c'différent, j'sais pas. Merde, merde, merde.

J'vois bien qu'il se passe un milliard de choses dans la tête de Théo, elle a l'air d'être là et ailleurs. Je sens son cœur battre la chamade. J'vois son regard à la fois hésitant et passionné à la fois. J'ai pas envie de trop prendre d'initiative, alors je la laisse faire, j'écoute ce qu'elle a à dire.

A son affirmation, je réponds seulement par un doux sourire, je comprends un peu mieux ce qui lui arrive et le chamboulement qui doit se faire dans ses perceptions du monde et de ses valeurs.

Surprise par son baisé, j'y réponds avec d'autant plus de fougue qu'il me procure un grand soulagement et beaucoup de plaisir. J'saurais pas dire s'il a été court ou long, mais il était vraiment chargé en émotion. Alors que nos lèvres se séparent, je passe mes bras derrière son cou, sourire aux lèvres, et me penche un peu en arrière pour bien voir son visage et immortaliser cet instant en ma mémoire.

- T'inquiète, j'comprends, c'est juste toi et moi. Dis-je en me forçant de prendre une voix normale. J'me doute qu'elle me repoussera si je me montre trop douce avec elle, pour le moment tout du moins.

Après quelques seconde, j'ajoute avec une voix aguicheuse : On continue ? J'adorerai qu'elle me dise oui, mais en même temps ce doit-être la guerre dans sa tête, alors ça ne m'étonnerait pas qu'elle veuille temporiser un peu. En tous les cas, j'ai pas envie de la laisser partir.

Pis en plus, elle m'r'pousse pas l'aut', et j'sais pas c'que j'fous. C'juste toi et moi qu'e' m'dit. Et j'sens c'te chaleur là dans ma poitrine pis dans tout mon corps et j'sais pas c'que j'dois fout' d'ça. Bordel d'pipes à queues, j'déteste ça quand j'sais pas c'qui s'passe. Et el'm'd'mande si j'veux qu'on continue. Qu'est-ce j'en sais moi. Merde, qu'est-ce j'en sais. En plus, c'qu'elle attend qu'j'lui réponde. Et puis en plus d'c'te putain d'chaleur d'mes couilles dans ma poitrine, c'est qu'j'arrive plus à réfléchir à qu'dalle.

- J'suis pas gouine, que j'répète.

Et j'me r'trouve encore avec ses putains d'lèvres collées aux miennes, avec mon souff' qu's'accélère et j'peux faire qu'dalle, tout mon corps tremb' comme jamais il a tremblé. Mes mains veulent la toucher, explorer c'corps-là et j'peux pas plus s'l'contrôler, j'sais pas c'qui s'passe, j'sais plus qu'dalle.

- Chhhut Lui glissais-je doucement à l'oreille en me collant doucement à elle, contre elle. Doucement je l'embrasse de nouveau, puis le plus tendrement possible je lui glisse :
- Je crois que je t'aime bien Théo. Avant de reculer mes épaules, bras dans son dos pour me retenir, la regardant de mes yeux bleus électriques. T'es une chouette meuf, c'est pour ça. Et que t'as un corps de ouf aussi.

J'suis déchirée entre lui arracher ses vêtements, ou lui laisser du temps pour accuser le choc. J'en ai la tête qui tourne. Tu veux bien me prendre dans tes bras ? Merde… c'est pas vraiment ça que je voulais dire, que j'aurai dû dire, que je…

- Quoi ?

J'lâche un truc qui r'ssemble à un soupire et un rire à la fois, j'sais pas trop c'qu'elle veut d'moi et j'sais pas trop pourquoi mon coeur y bat comme ça. Y bat super fort, ça m'fait mal bordel. J'passe une main sur ma nuque, j'suis un peu gênée.

- Heu... Bon... Ok...

J'la prends dans mes bras et j'la soulève du sol, t'sais comme les princes qui soulèvent leur putains d'princesses dans les films. Pi mon coeur bat toujours aussi fort et j'r'garde Alexis...

- Ok, panique pas hein, mais j'crois ben qu'j'suis en train d'faire une putain d'crise cardiaque.

J'me sens super bien dans ses bras, j'apprécie sa dureté, sa force et ses hésitations la rende très mignonne. Je passe mes bras chromés autour d'elle, pose une main sur sa nuque, l'autre dans son dos et ferme les yeux.

J'me retiens de rire quand elle dit faire un arrêt cardiaque, je sens son cœur battre contre moi, rien qui indique quoi que ce soit de pathologique.

- T'inquiète pas, c'est juste l'adrénaline et l'excitation, tu vas bien, tu peux me croire. Lui dis-je doucement.

Je mets quelques secondes à formuler ma phrase avant d'ouvrir la bouche : Faut juste trouver un moyen de dépenser tout ça. Avant de poser mon menton sur son épaule.

J'me sens p'tain d'bizarre et d'bien à la fois. Ca m'fait tout drôle dans l'ventre et partout en fait. J'pense toujours qu'j'fais une crise cardiaque, parce que j'me souviens pas d'quand mon coeur y a battu comme ça pour la dernière fois, t'sais, quand j'tais pas en train d'faire d'l'exo physique.

- Ah ? Ok, s'tu l'dis... J'm'sens... Bizarre. Pas mal, mais bizarre. C'bizarre.

Et pourtant, j'ai aucune foutue envie d'la lâcher, là maint'nant tout d'suite. Au contraire, j'voudrais bien qu'on reste comme ça encore un peu... Beaucoup. Pi j'sais pas trop quoi penser d'sa phrase d'après. J'm'retrouve à rien savoir du tout alors qu'j'suis la pro qu'a la situation en main d'habitude.

- Qu'est-ce t'entends par là ? T'veux qu'on fasse du sport ? Qu'on parte en mission ? J'suis prête pour d'l'action, ouais !