I've got nothing to prove but it's just who I am [Theo]

Il n'avait jamais rien connu de plus frustrant depuis... depuis le combat qui lui avait valu la perte de son bras.

Et c'était justement son bras qui se retrouvait être la cause de sa frustration et de la douleur fulgurante qui venait de lui frapper la tête.

Tout se passait bien. Une soirée tranquille, avec quelques potes, dans un bar. Il sait qu'il est de quart le lendemain et de toute façon, il ne compte pas passer la nuit sous une table donc quitte le groupe avant le couvre feu imaginaire qu'il s'était posé. Une fois sur le perron du bar, il s'était allumé une cigarette. Une vraie cigarette. Normale. La drogue, il la laisse pour des endroits bien plus discrets. Il est à Vanguard ici. Il doit faire profil bas. Pas d'arme. Pas de vagues. Une capuche sur la tête quand il se balade en ville pour faire un peu plus discret...

Il n'a cependant pas eu le temps de remettre la capuche de son sweat. Sa main de métal en poche, l'autre s'occupait de sa cigarette et il appréciait, pendant une seconde, l'air frais et pur de Renaissance dans une nuit fraiche mais tranquille de cette fin d'hiver.

Ce n'est pas qu'il ne les avait pas entendu arriver.
Ce n'est pas qu'il était trop bourré pour réagir à temps.
Ses réflexes câblés étaient prêts. Et il avait sa technique de combat à mains nues pour lui.

Mais alors qu'il levait son bras droit pour parer le coup qui fusait tout à coup vers sa tête sous la forme d'une vieille bouteille de bière, ... Le foutu morceau de métal avait soudainement refusé de bouger. Et il avait regarder la bouteille fracasser son front au ralenti.

Il s'était plié sous la douleur, incapable de faire autre chose que de lâcher un grognement alors qu'une main lui saisissait une épaule pour l'écarter de la rue principale. Il fut pris dans l'élan, mais sa cigarette atterri bientôt sur la main d'un de ses agresseurs qui finit par le lâcher. Et il finit lui même sa course le mur de la ruelle en essayant de reprendre ses esprits, de voir à travers le sang qui maculait son visage, et de déterminer quelle ombre était son ennemi et quelle autre était simplement une grosse benne à ordure.

Non pas qu'il y ait de grande différence entre les deux.

Je suis pas une putain d'nounou. J'dois m'répéter c'te foutue phrase à la con au moins dix fois par jours, j'vous jure qu'ça m'épuise. Mais voilà. J'suis en uniforme d'l'armée. Ca veut dire qu'j'suis en service. Et en service, on m'a d'mandé d'm'assurer d'la sécurité d'la ville, ce soir. J'devrais pas être seule, mais l'gars qu'j'avais avec moi est tombé malade d'un coup. J'allais pas lui dire d'rester. J'suis pas un monstre. En plus c't'un coup à nous foutre en danger tous les deux. Bref, c'pas super légal mais j'ai envoyé un message pour un remplacement y a déjà plus d'vingt putain d'minutes et toujours rien. Et là j'entends du grabuge juste à l'angle d'la rue. J'vais pas désobéir aux ordres juste parce qu'l'autre enculé met mille ans à v'nir, hein.

Bref, y a quatre types. Un qu'y est pas super bien, l'a du sang sur la gueule. Et les trois autres ont l'air d'être des brigands d'bas étage. Rien d'bien dang'reux quand on fait gaffe. Mais l'gars blessé doit être con ou inconscient. J'même pas b'soin d'sortir mon arme d'service. J'me racle la gorge quand j'arrive juste derrière eux.

- Messieurs. Armée d'terre d'l'UC. Si j'étais vous, j'coopérerais gentiment. Et si vous voulez pas, faudra pas v'nir chialer parce qu'vous êtes prév'nus.

Ils s'retournent, plutôt surpris. Evidemment, y coopèrent pas. J'suis une femme seule, mais j'ai l'uniforme hein. Bande d'abrutis. Y en a qui m'balance son poing. Ils sont lents et ils ont bu. J'lui choppe l'bras, j'le pète.

Ils sont détournés de leur cible qui lentement reprend ses esprits. Une femme. Armée. UC. Seule. Idiote sans doute ? Trop zélée pour son jeune âge ? Trop confiante ? Il ne prend pas le temps de l'étudier. Son instinct de protection prend le dessus et lui file le coup d'adrénaline dont il a besoin alors pour lancer son pied dans le genou de l'un et son coude dans le nez de l'autre avant qu'ils aient le temps de suivre leur copain.

Donc le bras émet soudainement un craquement qui prouve que la donzelle militaire n'est pas si inoffensive que ça.

Mais lui se bat avec uniquement un bras. Et pas son meilleur bras. Il ne peut pas sortir d'arme face à une militaire de l'UC... Mais son niveau reste suffisant pour garder les deux connards en respect. Pas pour réussir à les mettre KO, cependant.

Mon coup d'pouce a l'air d'fonctionner pa'ce qu'l'aut' type s'réveille et s'met à s'défend' aussi. L'truc c'est qu'j'risque moins qu'lui à frapper les tarlouzes bourrées, mais manqu'rait plus qu'y ait pas d'couilles alors qu'j'lui sauve la mise. L'type hurle alors qu'son bras fait un angle bizarre, et j'ai qu'à balancer mon pied dans sa gueule pour qu'y tombe comme une merde sur l'sol. Ca m'fait marrer tellement c'nul. L'aut' hésite un peu, mais j'lui laisse pas l'temps d'trop réfléchir à lui. J'lui choppe l'bras aussi, j'l'attire, et j'lui fauche les jambes. Y s'retrouve par terre sans rien comprendre à sa vie d'connard. J'garde son bras et j'le tords, ma botte sur sa nuque. J'pourrais bien l'écraser là, si j'voulais.

- Alors mon gros, on fait moins l'malin ?

J'appuie plus quand y essaie d'causer. J'continuerai bien comme ça mais faut qu'j'aille filer un coup d'main au blessé, histoire qu'y m'claque pas ent' les doigts. J'qu'à appuyer sur un endroit bien particulier d'sa nuque, et l'gars d'vient tout mou. J'le lâche et j'm'approche d'reste du combat.

- Eh, l'connard.

Y s'retourne l'premier et j'lui balance mon poing en pleine gueule, d'toutes mes forces.

Y a aucune chance qu'il lui claque entre les doigts. C'est un combattant. Même s'il essaye de le montrer le moins possible ce soir. Il s'est pris un mauvais coup, il a un bras mort le long de son corps, et pourtant, sa main de métal vient frapper, emportée par l'élan de son corps, la gueule de son adversaire. Le poids suffit à faire gronder le mec trop aviné.

Il évite le bras trop lourd de l'autre qui essayait de lui choper la tête et d'un coup d'épaule, il le renvoie du côté de la dame alors que celui qui s'est pris une méchante gifle revient à la charge. Sans avoir le temps de vérifier que la femme s'en sort mais sans trop d'inquiétudes vis à vis du niveau qu'il a pu entrevoir, il se tourne vers l'autre connard, comme elle dit si bien, et accueille sa course d'un coup de pied bien senti dans le genou. L'pauvre gars manque de trébucher, mais il se rattrape à la benne à ordure contre laquelle ils voulaient le tabasser avant de se relancer dans la direction du pirate.

Le poing est évité tranquillement, et il répliquera d'un coup de coude dans les côtes.
Il sera achevé par le coup de poing bien senti de la militaire alors que le pirate se contentait d'éviter la plupart des coups.

" Merci ... "

On les couche en deux temps trois mouv'ments c'connards d'merde. J'supporte pas l'cons dans c'genre, ça m'gonfle p'tain d'bordel d'merde. Et l'aut' qui m'remercie en plus. J'l'ignore et j'tapote sur mon h-com pour qu'les autorités viennent gauler les que'ques connards qu'sont au sol. Et puis j'me tourne vers l'gars amoché.

- J'peux savoir c'que c'était c'bordel là dans ma ville ? T'es qui et qu'est-ce qu'y t'voulaient ces types ?

Pour faire bonne mesure, il recule d'un pas ou deux pour retrouver le soutien du mur dans son dos. Son bras gauche est un poids assez lourd lorsqu'il n'est pas mobile, et il pend contre son corps d'une façon peu agréable. Mais pour l'heure, il a une militaire face à lui et il ne peut pas se permettre de se faire distraire.

Il finit par lever la main mobile qui lui reste pour faire signe qu'il n'a pas d'arme et pas l'intention de l'attaquer. Elle n'a pas l'air commode.

Il pourrait aussi lui répondre l'évidence... Mais vu son air patibulaire, il suppose que ce n'est pas une bonne idée.

" Ichabod Baker, m'dame. Et aucune idée de c'qu'ils me voulaient ces gars. Ils ont pas pris la peine de se présenter avant de m'éclater la tête avec une bouteille. "

Il garde son air tranquille. Parce qu'il n'a rien fait de mal pour le coup, et il a ses faux papiers sur lui donc elle n'a pas de raison de l'arrêter.

L'gars a la bonne idée d'me répondre sans m'faire poireauter d'trop, parc'qu'j'suis un peu soulée par c't'histoire là. Mes collègues d'vraient arriver pour les boucler, et j'ai pas d'preuves qu'le type dit pas des bobards et qu'y était bien pour rien dans c't'histoire. Bon, y aurait été con d's'en prend' à tous ces gars en étant seul, c'vrai. Et c'pas comme si qu'c'était rare qu'des gars bourrés s'prennent la tête avec d'aut' gars.

- T'es bourré, Baker ? J'peux voir tes papiers ?

Ouais, l'gars est éclaté, faudrait qu'j'vérifie s'tout va bien.

- Si t'sens qu'tu vas perd' connaissance, dis le moi. J'ai pas super envie d'd'voir m'jeter sous toi pour amortir ta putain d'chute.

Elle a beau avoir un parlé de chien, elle fait son job la militaire, malgré l'absence de renforts... Mais il a rien à se reprocher et elle ne le met pas mal à l'aise. Ses yeux couleur tempête restent fixés tranquillement sur elle, se demandant intérieurement pourquoi elle a l'air autant énervée... Tout en contenant sa propre colère.

Si son bras avait fonctionné...
Peut-être serait-il en plus mauvaise posture que maintenant.

Il galère néanmoins à récupérer ses papiers dans la poche arrière de son jean avec une seule main.

" Pas bourré, m'dame. Pas sobre non plus " Qu'il ajouté honnêtement dans un haussement d'épaule avant de réussir enfin à sortir ses papiers de son portefeuille et de les lui tendre.

Sa main tenant à la fois le portefeuille et la petite carte prouvant son identité, elle a le choix de prendre les deux pour vérifier. Mais il n'est pas fou au point de prendre ses vrais papiers avec lui à terre.

" Promis, si j'vois des étoiles, vous s'rez la première au courant "

L'est honnête c'con, c'déjà ça. C'qu'ça aurait pas arrangé son cas sinon t'sais. J'suis pas d'humeur à faire c'genre d'cadeaux si on m'emmerde, et là on m'emmerde clair'ment. J'lui arrache les papiers des mains et j'les r'garde. J'remarque aussi qu'son bras est un peu chelou et qu'y bouge pas ben.

- Y a quoi vot' bras ?

J'préfère ignorer sa réflexion sur les étoiles là, parce qu'c'est pas l'genre d'humour qui m'fait beaucoup marrer, surtout quand c'est une heure pareille et qu'on m'dérange pour d'la merde. Les papiers sont en règle donc j'peux rien lui dire du tout au type, et j'suis obligée d'rester là et d'faire la nounou tant qu'mes collègues sont pas arrivés. D'ailleurs, y foutent quoi là ?

Dire qu'il est tout à fait serein alors qu'elle examine ses papiers serait mentir, mais il a assez d'expérience pour rester calme et au moins avoir l'air serein... Bien que l'air qu'il doit avoir n'est ni serein ni stressé. Il est en réalité aussi gavé qu'elle et commence à avoir un foutu mal de crâne. Un passage chez le doc' serait pas de trop une fois rendu sur le navire. Pour le moment, il tient le coup.

" S'est pris un sale coup lorsque les créatures ont attaqué. Il déconne depuis. J'crois bien qu'il est fichu. "

Il est pas mécano mais à voir la tête de ceux à qui il a demandé un rafistolage ces derniers temps, son bras était clairement destiné à une fin tragique.

Fallait qu'elle tombe aujourd'hui.

"  On dirait qu'ils s'font désirer vos collègues... " Qu'il note en sortant son paquet de cigarettes. Il a pas pu fumer tranquillement juste avant. Assez habile avec un seul bras malgré tout. Et il lui en propose une ensuite. " Z'en voulez une ? "

- Ces p'tains d'créatures d'merde là. T'as du cul qu'ce soit juste ton bras d'métal qu'ait douillé mon gars. J'en ai vu avec des bras d'chair écrabouillés ou arrachés.

Ou pire qu'ça même, mais bon. Y m'rappelle qu'mes collègues sont pas là ces connards d'merde.

- C'même pas mon foutu boulot d'faire ça p'tain. Ces connards doivent boire dans un bar à tous les coups. C'ben des mecs bordel. Ca s'touche la queue pendant qu'les gonz bossent. Moi aussi j'me branl'rai bien la chatte là, si j'avais pu rentrer chez moi sans qu'des connards d'machos d'merde m'foutent encore dans la merde.

Y m'tend une clope. J'ai les miennes dans ma poche mais j'fume pas trop. C'pas bon pour les poumons et donc pour mes perf en sport. Mais merde, pour c'soir ça ira.

- Ouais.

J'choppe la clope genre j'lui arrache des mains et j'cherche mon briquet avant d'l'allumer.

C'pas tellement d'la chance, mais bon, il peut pas lui dire franchement sans casser sa couverture. Il grogne juste à son commentaire un " Ouais, t'peux l'dire " parce qu'il en a aussi vu bien assez pour savoir qu'il s'en est bien sorti dans l'histoire. Mais c'était pas dû uniquement à la chance.

Son regard exprime aimablement toute sa colère alors que le souvenir traverse son esprit. Mais il en est rapidement détourné par les propos de la militaire. Elle pourrait faire rougir pas mal de mecs avec ses paroles plus crues que certains marins d'l'espace qui se tardent d'être des machos inébranlables. Mais elle le prend lui surtout tellement au dépourvu qu'il se retrouve con à l'observer de haut en bas en arquant un sourcil, comme s'il cherchait à savoir de quel sexe elle est en fait.

C'qui est d'autant plus con que ses paroles le clament totalement.
Et elle vient lui voler une clope des mains comme s'il était prêt à retirer son offre dans la seconde.
Alors qu'il tourne la tête vers les mecs qui gisent au sol.

" Ils ont pas l'air prêts à se réveiller, si vous voulez les leur laisser en paquet cadeau " Qu'il note, comme si ça se faisait dans l'milieu militaire de laisser des suspects dans cet état pour ceux qui viendront nettoyer.

- Un peu mon n'veu qu'j'peux l'dire. C'pas n'importe quoi ces salop'ries, j'tais en première ligne, j'tout vu. Et même des braves filles et braves gars qu'savaient s'batt' à peu près conv'nabl'ment, y s'sont fait niquer la gueule.

C'tait pas joli à voir ces conneries, encore moins qu'la gueule des gars qui pioncent comme des putains d'merde sur l'sol.

- Ouais, j'peux aussi attend' qu'les éboueurs passent pour ramasser les déchets sur l'trottoir, ça f'ra des fils d'putes en moins dans c'putain d'monde.

J'crache sur les gars, j'suis énervée et ça m'gonfle d'êt' bloquée là avec eux alors qu'j'pourrais faire aut' chose là.

- J'fais mon boulot, j'dois surveiller qu'y fassent pas d'mal. Y s'passe quoi si on les laisse s'barrer et qu'demain y butte une gonz' insouciante, hein ? Bah j'l'ai dans l'cul, pa'ce qu'mon gars, j'vais m'faire enculer comme jamais si c'ma faute, t'entends. Et si y arrive ça et qu'c'était ton idée, j'te r'trouve et c'moi qui t'encule personnellement t'entends. J'ai ton nom et ta gueule, et ça j'oublie pas, nan j'oublie pas.

C'quelle cause celle là. Heureusement, ton boulot c'est d'écouter des gars se plaindre en permanence et que du coup, tu sourcilles même pas. C'pas crédible de lui dire que toi aussi tu t'es tapé la première ligne de cette bataille de merde, que t'as laissé crever une mère, et que t'as pas réussi à prendre l'orpheline en charge à cause de ta foutue culpabilité... T'es pas un soldat, mais un pirate. Et ça, faut pas qu'elle l'apprenne, sinon t'es cuic.

Donc tu restes sage, t'as l'air même un peu impressionné. En fait, ouais, vu sa carrure, c'est impressionnant compte tenu des sacrées bestioles. Mais tu l'as vue se battre y a cinq minute donc l'impression est plus ténue. Mais quand elle menace de te péter la gueule parce qu'elle aurait pris une mauvaise décision, tu peux pas t'empêcher un rictus tout en taffant sur ta cigarette.

" Hey, c'pas mon boulot de protéger la population, m'dame. J'vous force à rien, et pi' j'suis d'accord avec vous " V'la que tu hausses les épaules pour faire genre tu t'en fous. " Ca m'ferait chier d'avoir ça sur la conscience... Plus que de m'faire en culer par vous, d'ailleurs. "

Intrieurement, tu te marres mais c'était peut être pas la chose à dire ? Bah, d'toute façon, quoi que tu dises, t'as déjà l'impression qu'elle part sur le délire qu'elle veut. En attendant, t'es pas sobre non plus et l'adrénaline retombe doucement. Perds pas les pédales, Cook. Enfin, Baker.

- Fais gaffe à c'que tu dis, Baker. M'fais pas des avances s't'as pas d'couilles. Mais c'quoi ton boulot d'ailleurs, hein ? T'es là, j'sais pas trop pourquoi, j'sais pas trop c'qu'tu veux, et puis ça fout la merde dans mon secteur en plus. C'devrait être nickel par là, t'entends. C'toujours p'tain d'nickel là où j'passe, j'fais bien mon boulot moi. J'fais pas n'importe quoi, j'suis pas comme tous ces p'tains d'branleurs d'merde qui font qu'ça, s'branler et brasser d'la merde à pleine main ! T'as d'jà vu ça, Baker ? La merde qu'ça fout quand on doit r'masser des cadavres dégueulasses partout dans nos rues, hein ? J'te cause pas au sens figuré ou j'sais pas quoi là. J'te parle sérieus'ment parce qu'j'sais qu'tu piges ça toi, j'suis sûre qu'tu piges d'quoi j'cause. C'pas pour rien qu'on les appelle des fouteurs d'merde, hein.

J'dis ça en lui envoyant mon coude dans l'côtes. Faut ben qu'on s'marre un peu en attendant les trous du cul qu'prennent leurs p'tains d'vie pour arriver, bordel d'merde.

En fait, non, t'es pas sûr de piger d'quoi elle cause. Mais t'es là, adossé, avec ta clope, à la regarder. Un peu plus petite que toi, t'as vaguement l'impression que dans ton état, elle te mettrait la misère et t'as pas envie de traîner ta gueule dans la merde, comme elle dit. Mais elle parle et ça a l'air de la calmer. En tout cas, elle ne te crache pas dessus. Elle se contente d'un coup de coude que tu prends, avec un sourire en coin et une trop légère douleur dans les côtes pour que tu t'y attardes.

" J'suis contractant sur un navire marchant d'l'UC, le Narval. L'est à quai pour deux jours au moins et j'voulais rien d'plus qu'une soirée pénard à profiter d'ma paie. C'est putain de chiant les voyages sur ce genre de vaisseau. Y a rien à faire que d'regarder les gens brasser d'la merde, comme vous dites. Tant que ces connards de pirate n'attaquent pas, j'ai pas grand chose à foutre. Puis si vous voulez mon avis, c'est mieux qu'ils attaquent pas, parce que c'est pas ma pauvre carcasse avec mon bras d'occas' qui va les faire faire demi tour, hein. Alors j'sais pas pourquoi ces connards cherchaient la merde. P'tet qu'ils ont cru que j'étais plein aux as parce que j'ai gagné une partie de carte. Mais c't'à peine assez pour m'payer une nuit dans un hôtel pas trop crade. C'est con, j'aurais aimé pas y passer la nuit tout seul. "

Y m'parle d'son navire là et c'vrai qu'j'crois ben qu'j'déjà entendu parler d'ça. Pi d'ces connards d'pirate là, et pi j'lui donne une tape sur l'épaule.

- J'crois ben qu'tu t'inquiètes trop pour les pirates là. C'que des gros cons qui s'croient meilleurs qu'tout alors qu'y ont pas d'couilles, pas d'ovaires. J't'jure qu'si j'en croise un d'ces fils d'putains, j'leur déchire leurs gueules d'croupions avec les dents.

Y m'dit qu'y aurait aimé passé la nuit pas tout seule et j'sais pas comment qu'j'dois l'prendre. J'r'nifle bruyamment et j'r'garde les gars au sol. J'entends enfin les troupes qu'arrivent en renfort, alors j'r'garde l'Baker.

- Allez, ramène toi, on va aller boire un verre.